vendredi 11 septembre 2009

Les « vigilantes » américains de retour ?

Quelle saloperie que cette campagne républicaine contre le projet de loi sur l’assurance- santé proposé par le président américain Barack Obama ! Depuis son élection, le parti républicain s’oppose systématiquement à tout ce que propose Obama. Les stratèges de ce parti veulent démontrer que, même majoritaire, Obama ne sait comment gérer le pays et est incapable de faire approuver les lois qu’il propose pour répondre à ses promesses électorales, puisque, disent-ils, il n’a pas les qualités nécessaires pour négocier avec l’opposition afin d’atteindre ses objectifs. Quelle hypocrisie ! Quel manque de responsabilité !

Que l’enjeu soit de faire accéder 45 millions d’Américains au régime d’assurance-santé ou en rapport avec la crise économique, l’éducation, le budget, l’environnement et autres sujets d’importance pour l’avenir américain, cela n’a aucune importance pour les Républicains ! Seul le pouvoir compte pour eux. À défaut d’avoir un chef de la trempe et de l’intellect d’Obama, ils ont choisi de nier à ce dernier tout succès, de le salir et de lui faire une obstruction systématique. On a même vu un représentant républicain se lever, tout énervé, au congrès américain, réuni pour la récente adresse d’Obama à la nation, et traiter le président de menteur. Le lendemain, il a retiré cette insulte, en s’excusant.

Même la campagne électorale présidentielle, qui a vu Obama porté au pouvoir, n'a pas été aussi imbibée de racisme et de démagogie politique que ce qu’on observe aux USA depuis le début du débat sur la réforme de l'assurance-santé et l'expansion des soins à tous les Américains.

Malgré qu’Obama ait été élu légitimement avec une grande majorité, il demeure un noir pour beaucoup d’Américains et cela malgré qu’il ne soit pas tout noir puisque sa mère était blanche. À lire et à écouter tout ce qui se dit aujourd’hui chez nos voisins du sud, on a vraiment l’impression que l’Amérique est au bord d'une véritable guerre civile. La virulence verbale de la part de l'extrême-droite américaine en particulier et aussi de la grande majorité du parti républicain d'aujourd'hui est fort surprenante et révoltante.

Par exemple, en Louisiane où deux tiers de la population (depuis l’ouragan Katrina) sont blancs et où 22% des citoyens (surtout des noirs) n’ont pas d’assurance-santé, je lisais récemment dans le NY Times que la mention du seul nom Obama fait sauter les fusibles chez les blancs. Même les cajuns (fils de nos Acadiens exportés) qui étaient dans le passé voués au parti démocrate se détournent vers le parti républicain.

Depuis le lancement de son intention de réformer le système de santé de son pays, Obama est accusé d'être tout d'abord un usurpateur de la présidence prétendant qu'il n'est pas réellement un citoyen américain. Ensuite, on l'accuse tout d'abord d'être un socialiste, comme si c’était un gros péché, et même mieux encore de fasciste et encore plus, de communiste. Maintenant la droite américaine, qu'elle soit de l'extrême phalange chrétienne ou même de républicains relativement logiques comme le sénateur Mc Cain, est déterminée à empêcher Obama de mettre en œuvre son programme de réforme du système de la santé. Ce qui est tragique c’est que cette campagne de désinformation et de « salissage » porte ses fruits puisque la popularité d’Obama baisse sensiblement dans les sondages.

Mais le réel et grand danger dans cette stratégie politique agressive est que le parti républicain américain semble encourager une véritable révolte, même si elle mène vers la violence. Quand on nous montre, à la télévision, la violence verbale exprimée par les participants aux réunions dites « town hall », ou encore des individus se promener avec des armes de guerre au milieu d'un débat sur la santé, nous pouvons nous demander jusqu’où tout cela mènera et si l’extrême-droite appuyée inconsciemment par le parti républicain américain n'a pas adopté la stratégie des chemises noires et des chemises grises en Italie et en Allemagne avant la prise de pouvoir des fascistes dans ces deux pays juste avant la 2ième guerre mondiale.

Si le parti républicain ne met pas ses culottes et ne cesse d’alimenter avec des ragots cette folie politique et ne dénonce l’extrême-droite, je me demande combien de temps nous allons encore attendre avant de voir des organisations « vigilantes » pousser comme des champignons à travers les USA.

Claude Dupras

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