jeudi 29 mars 2012

Une manifestation étudiante pas comme les autres

La récente manifestation des étudiants et étudiantes universitaires québécois, à Montréal, a été fort réussie. Le cortège imposant par son nombre, plus de 100 000 personnes, a bien démontré comment ses participants sont unis contre la décision du gouvernement du Québec d’augmenter les frais universitaires de 325 $ par année durant les cinq prochaines années pour rattraper quelque peu les frais demandés dans les autres universités canadiennes qui sont de deux à quatre fois ceux du Québec, à une exception près.

Cette augmentation a été motivée par le manifeste « Pour un Québec lucide » publié en 2005 par un groupe de 12 personnages, sous le leadership de l’ex-premier ministre québécois Lucien Bouchard. Inquiet de l’avenir du Québec au sein de l’Amérique du Nord, le groupe a proposé une série de mesures radicales pour rechausser les finances du Québec pour le préparer à faire face à la musique que lui réservent son prévisible déclin démographique et l’active croissance de la concurrence mondiale asiatique.

L’intention était bonne et plusieurs recommandations l’étaient comme celles de réduire la dette québécoise, d’investir dans l’éducation, de promouvoir la maîtrise de plusieurs langues, d’augmenter les taxes sur la consommation, d’établir un revenu minimum garanti et d’aider le secteur privé à grossir. D’autres par contre, étaient fort discutables comme l’augmentation des taux d’électricité et des frais de scolarité. Malheureusement, les propositions n’ont pas reçues l’analyse objective qu’elles méritaient car les proposants ont été victimes de procès d’intentions, une façon de faire déplorable et beaucoup trop répandue au Québec, qui ont détourné l’attention des Québécois de l’importance de réfléchir sur leur avenir. Il s’agissait de notre futur et non de fédéralisme ou de séparatisme car ni l’un ni l’autre ne nous garantient une saine économie québécoise à long terme.

Les manifestations publiques sont importantes puisqu’elles représentent, jusqu’à un certain point, l’opinion d’une frange de la société. Les élus se doivent d’écouter mais ne pas plier simplement pour avoir la paix ou gagner des points de popularité. Un bon exemple est le grand nombre de manifestations en France, l’an dernier, contestant l’augmentation de l’âge des retraites de 60 à 62 ans. Elles ont littéralement bloqué les grandes villes et jusqu’à un certain point le pays, durant des semaines, et devenaient de plus en plus grosses et importantes. Il aurait été facile pour le président Sarkozy d’accepter l’opinion des manifestants pour éviter, un an avant les élections, tous les sentiments négatifs à son égard émis et répétés sur sa personne durant cette période. Mais il ne le pouvait pas, puisque le système de pensions n’aurait pas éventuellement résisté au statu quo. Il a agi comme un homme politique responsable.

L’augmentation des frais de scolarité universitaires n’est pas de la même nature que la solution au problème des pensions. Certes, ces frais sont plus bas qu’ailleurs et c’est en ne considérant que cet aspect que plusieurs politiciens et observateurs concluent qu’il serait normal de les ajuster à ceux des autres. Mais nous ne sommes pas les autres.

Nous sommes un peuple francophone qui va se retrouver dans cinquante ans à 8 millions d’individus dans une mer nord américaine de 1,2 milliards de personnes de langues anglaise et espagnole. C’est très peu ! Si on ajoute le million de francophones canadiens vivants hors Québec, nous serons 0.0075% de la population totale. Une poussière… Je crois que c’est par la compétence que nous survivrons et pourrons prendre notre place dans cet ensemble gigantesque. C’est la raison principale pour laquelle, j’estime que nos universités et nos centres de formation doivent être facilement accessibles à tous.

Le gouvernement québécois peut trouver ailleurs les fonds nécessaires aux universités. Qu’il cesse d’investir et de dépenser, à gauche et a droite, dans des projets où il n’a pas à se montrer le nez, comme l’amphithéâtre de Québec pour sports professionnels qui va avaler à lui seul 200 millions de nos taxes et impôts. Il est essentiel que notre gouvernement se ressaisisse et impose ses contraintes budgétaires où il peut reduire. Un autre exemple est l’accord France-Québec grâce auquel les étudiants des deux pays étudient dans leurs universités respectives. En France, les frais des facultés équivalentes aux nôtres se situent entre 7 000 et 12 000 euros (9 000 $ et 15 600$) $ alors que plus de 10 000 étudiants français étudient chez nous en 2012 et payent $2 168. Ces derniers profitent de cette entente et on peut comprendre pourquoi le nombre croît d’année en année alors qu’au même moment, seulement un peu plus d’un millier de Québécois, de moins en moins, vont étudier là bas. Le coût net est plus de 90 millions $ de « subventions données par année à la France, qui n’est pas, comme on sait, un pays du tiers monde » a écrit récemment Alain Dubuc de La Presse. L’entente doit être revue.

Les dons des anciens diplômés sont une aussi source de revenus pour nos universités. Malheureusement, nous sommes loin de donner ce que les diplômés des universités canadiennes anglaises et américaines versent à leur alma mater. Nous ne sommes pas très généreux. Pourtant, l’École Polytechnique de Montréal nous donne un bel exemple. Elle est devenue, grâce aux dons de ses anciens et de ses dirigeants ingénieurs, une des meilleures écoles de génie au monde. Grâce à elle et aux facultés de génie de McGill, ETS et Laval, Québec devient le centre du génie conseil du monde. Et cela a débordé sur des écoles d’infographie avancée, de technologies informatiques nouvelles et d’autres spécialités nouvelles. L’épopée polytechnicienne est le modèle parfait dont devraient s’inspirer toutes nos facultés universitaires.

Il est clair que nos universités et nos écoles de formation doivent avoir tous les moyens pour être encouragées à devenir les meilleures au monde avec les professeurs les plus chevronnés. En étant au top, les professeurs étrangers les plus qualifiés voudront y venir. C’est possible et Poly le démontre. C’est par de hautes connaissances et un know how élevé que les Québécois pourront jouer avec les meilleurs du monde. Voilà, à mon avis, la vraie façon de faire grandir notre peuple et notre culture.

Nous, les francophones, non seulement du Québec, devrions être solidaires pour planifier et concentrer tous nos efforts sur la qualité de l’éducation et de la formation de nos jeunes afin qu’ils puissent prendre les premières places dans le monde de demain.

Tout change si vite. L’évolution rapide de la technologie et la complexité grandissante du monde des affaires nous démontrent de plus en plus que nos enfants auront besoin, dans l’avenir, de plus d’un diplôme pour pouvoir aller au bout de leur potentiel. Par exemple, il devient nécessaire pour un ingénieur d’en obtenir un second dans un domaine affilié à sa spécialité ou dans les affaires. C’est comme çà en médecine depuis longtemps. C’est un nouveau must qui se généralise pour les autres professions et métiers.

Voilà pourquoi il nous faut éliminer tout obstacle qui peut empêcher un de nos jeunes d’aller au bout de ses possibilités. L’augmentation des frais de scolarité universitaire en est un et c’est la raison pour laquelle je partage l’opinion des étudiants universitaires dans leur combat.

Que ce serait bon si le Québec de 2062 devenait le centre de la formation de la compétence de l’Amérique ! Un rêve ? Pourtant Polytechnique y est presque, aujourd’hui.

Claude Dupras

dimanche 25 mars 2012

Le défi de Mulcair

Le québécois Thomas Mulcair a finalement été élu, au quatrième tour de votation, chef du Nouveau Parti Démocratique (NPD) du Canada. Bravo pour les membres du parti et bravo pour tous les Canadiens. Je crois qu’il fera un excellent chef politique pour le pays et que son leadership sera salutaire pour le Québec.

Ce qui était remarquable au congrès d’hier, c’est que les Québécois représentaient à peine plus de 10% des 128 351 membres éligibles à voter. Mulcair a donc été élu par des Canadiens de toutes les provinces malgré que son adversaire principal, le torontois Brian Topp né au Québec et parfaitement bilingue, ait obtenu l’appui ouvert de l’establishment du parti. Ces bonzes n’approuvent pas la proposition de Mulcair de recentrer politiquement le parti, idée qu’il a lancée pour attirer un plus grand nombre d’électeurs au NPD afin de lui permettre, pour une première fois, de prendre le pouvoir et de gouverner le Canada. Dans son discours d’acceptation, le nouveau chef du NPD a réitéré officiellement son vœu d’attirer tous les progressistes canadiens à sa formation politique.

Ce congrès a permis de mettre en évidence neuf candidats de grande valeur, méconnus par l’ensemble des Canadiens. Sous Mulcair, ils deviendront les piliers de la députation néo-démocrate à la Chambre des communes et l’opposition officielle sera transformée, solide et efficace. Il est temps que le premier ministre Stephen Harper et son parti conservateur (PC) trouvent chaussures à leurs pieds.

La difficulté principale qu’aura Mulcair pour atteindre son objectif plane à l’horizon. En effet, le Parti Libéral du Canada (PLC) organise, lui aussi, une course au leadership pour remplacer son chef démissionnaire, Mikael Ignatieff. S’il déniche un bon leader, le parti prendra la place qui lui revient sur l’échiquier politique canadien. Il y a donc un risque que le vote anti-conservateur soit divisé entre le NPD et le PLC. Avec trois partis forts, on peut prévoir qu’à la prochaine élection, le parti avec la pluralité des sièges formera un gouvernement minoritaire. Il reste à espérer que ce ne soit pas encore le PC puisque cela permettrait à celui-qui-va-à-contre-sens-des-québécois, Stephen Harper, de se maintenir au pouvoir. Thomas Mulcair aura donc beaucoup à faire pour y accéder.

Dans un premier temps, il devra chercher à solidifier sa base québécoise. Les 58 députés néo-démocrates du Québec ont tous été élus pour un premier mandat alors que la très grande majorité d’entre eux n’était absolument pas prête à devenir député. La tâche de faire réélire ces élus à la prochaine élection générale est gigantesque. C’est celle de Mulcair. Ce dernier qui n’a pas le charme du « bon Jack » devra compenser la confiance que ce dernier générait par un leadership entraînant. Chaque député devra durant les trois prochaines années se donner à plein pour bien connaître son travail, définir les vrais besoins de ses électeurs, les aider et les rencontrer le plus possible. Grâce aux politiques sociale-démocrates du NPD et les qualités « d’homme de principe » que Mulcair a démontrées aux Québécois alors qu’il était ministre à l’Assemblée Nationale, le parti a toutes les chances de conserver la sympathie de l’électorat de sa province.

Mulcair devra aussi concentrer ses efforts sur les trois provinces du centre du pays, de la frontière ouest de l’Ontario à celle de la Colombie Britannique. Le NPD n’a que trois des 56 députés de ce territoire qui lui est normalement sympathique grâce au fait que le parti a été créé dans ce coin du pays par de grands leaders politiques comme Tommy Douglas, le père du programme canadien d’assurance pour les soins de santé. Au niveau provincial, le Manitoba a un gouvernement NPD et la Saskatchewan a déjà eu jusqu’à récemment de tels gouvernements. Au fédéral, ce sont les conservateurs qui y règnent en rois et maîtres. Tout siège enlevé au PC devient un gros plus pour le NPD. C’est un potentiel réel qui exigera un travail colossal !

De plus, il y a le milieu ouvrier canadien qui appuie fortement le NPD et sans lequel, à ce jour, le parti n’aurait probablement pas survécu durant les années difficiles. Lorsque Mulcair tentera de recentrer politiquement le NPD, il devra le faire avec l’aval des syndicats. Il ne peut mettre en jeu ce support précieux qui a été, souventes fois, l’élément motivateur pour l’adoption des politiques NPD, particulières aux domaines social et du travail. Mulcair pourra rassembler les progressistes, mais il devra le faire sans bousculer les syndicalistes.

Un autre aspect important sera la solidarité de tous les membres du parti envers le chef et ses politiques. Je crains que Mulcair rencontre quelques difficultés de ce côté-là. Lui, qui a quitté le parti libéral du Québec parce qu’il n’était pas d’accord avec certaines prises de position du cabinet des ministres où il siégeait et avec lequel il se devait d’être solidaire, n’a pas ainsi donné un bon exemple. Il risque de se voir confronter par des députés qui seront en désaccord avec lui comme sur le débat de l’évolution du parti vers le centre. Il sera intéressant de voir sa réaction dans un tel cas.

Thomas Mulcair a donc un défi d’envergure. Ses qualités de persuasion et son expérience politique seront bientôt mises durement à l’épreuve. Je lui souhaite bonne chance.

Claude Dupras

dimanche 18 mars 2012

Puerto Rico, le prochain État américain ?

Ce n’est pas d’hier que je suis les primaires américaines. La première qui attira mon intérêt fut celle de 1956 où le démocrate Adlai Stevenson fut rechoisi (il l’avait été en 1952) candidat démocrate pour faire face au général Eisenhower. Je me suis alors intéressé à ce processus électoral des USA. C’est toujours une période captivante et intéressante pour celui ou celle qui aime la politique.

Les candidats se livrent des batailles sans merci. Cependant, il y a une limite dans les critiques soit celles qui pourraient éventuellement nuire au parti lors de l’élection présidentielle. Qu’on se rappelle la fameuse primaire Obama-Hillary Clinton qui dura jusqu’à la veille de la convention de 2008. Elle fut mémorable, longue, serrée, difficile et à la limite du respect mutuel. Victorieux, Barack Obama pu, heureusement, profiter de l’appui d’Hillary pour vaincre John McCain. Dans la présente lutte, la limite a été souventes fois franchie et le parti républicain risque d’en subir les mauvaises conséquences en novembre.

Cette année, tout est une question d’argent. Beaucoup d’argent. Des centaines de millions. Pour la première fois, la Cour suprême a permis à des groupes ou des individus de financer des campagnes publicitaires parallèles en faveur ou contre un candidat. Ces campagnes ont été grandement négatives pour salir et détruire le candidat visé. Elles ont surtout été à l’avantage de Mitt Romney et ont littéralement écrasé ses adversaires d’insinuations mensongères.

Vendredi, le 16 mars 2012, les candidats de la primaire républicaine étaient à Puerto Rico, où je séjourne actuellement. Elle est fixée pour aujourd’hui dimanche le 18, alors que 350 000 personnes auront droit de vote.

Puerto Rico a une association de type Commonwealth avec les USA. Les Portoricains ont la nationalité américaine, leurs jeunes sont enrôlés par l’armée américaine, le dollar est la monnaie, les frontières sont américaines, les lois fédérales américaines s’appliquent. La loi est un mélange de droit civil et du common law. Les Portoricains sont 3,5 millions et ne participent pas au suffrage universel pour l’élection du président même s’ils ont droit de vote aux conventions nationales des partis américains (26 délégués du côté des républicains). Par contre, ceux qui vivent aux USA, et ils sont plus nombreux que dans l’île, ont tous les droits.

Il y a ici un mouvement important pour que Puerto Rico devienne un État américain. Des référendums eurent lieu, à cet effet, en 1967, 1993 et 1998. Le résultat du dernier: statu quo : 50,3 % des voix ; État américain : 46,5 % ; Indépendance : 2,5 %. Le mouvement pour l’indépendance est petit mais fait beaucoup de bruit. Il veut que Puerto Rico devienne comme Cuba. J’en connais quelques dirigeants et ce sont des personnes de qualité et très engagées, dont des médecins, ingénieurs, botanistes…

On se rappellera que ces deux îles furent séparées de l’Espagne le même jour, en 1898, après la guerre hispano-américaine lorsque leurs territoires devinrent possessions américaines. Les Cubains contribuèrent grandement à cette guerre sous la direction de José Marti qui fut tué en 1895. Mais Cuba insista pour obtenir son indépendance totale et l’obtint finalement des USA en 1902. Quant à Puerto Rico, il fut annexé aux USA et ce n’est qu’en 1952, qu’il obtint sa constitution et des élections démocratiques, mais la Cour suprême américaine décréta que Puerto Rico est « un territoire rattaché et appartenant aux États-Unis mais non une partie des États-Unis ». Si Puerto Rico devient un État américain, il en sera le plus pauvre, après le Mississipi.

Avant hier, j’ai aperçu le candidat Rick Santorum qui cabalait dans les rues du vieux San Juan. Reconnu pas la masse de croisiéristes américains qui visitent cette vieille ville dans une étape de leur voyage en navire, il donnait l’image d’un candidat populaire. Pourtant quelques heures avant, il créa une polémique à son arrivée lorsqu’il affirma que Puerto Rico ne pourra devenir un État Américain que si l’anglais devient sa seule langue officielle. Actuellement, plus de 85% des portoricains ne parlent que l’espagnol même si avec l’anglais ce sont les langues officielles. Pour se justifier, Santorum invoqua une loi constitutionnelle américaine qui, a-t-il dit, « rend obligatoire la langue anglaise ». Or, il n’y a pas de telle loi. Les observateurs ont interprété la position de Santorum comme ayant été prise pour satisfaire les conservateurs et les teapartyers américains qui n’apprécient pas la croissance de la langue espagnole aux USA. Le lendemain, devant une montée de boucliers dans les médias de Puerto Rico, Santorum changea sa position et affirma que si les Portoricains décidaient de joindre les USA, il serait d’accord. Lequel est le vrai Santorum ?

Intéressé par la participation de Mitt Romney à l’évènement que le Nouveau Parti Progressiste (PNP) portoricain tenait devant le Capitole, où siège le gouvernement de Puerto Rico, je me suis rendu pour l’écouter à cet endroit enchanteur, situé sur la mer, à l’entrée du vieux San Juan.

Jamais n’ai-je vu un tel cirque apparenté plus à un spectacle de Madonna qu’à une réunion politique. C’est devant plus de 2 000 personnes que Mitt Romney et son épouse montèrent sur la scène, accueillis de bruits insoutenables aux airs d’une musique salsa. Campée sous une immense structure de projecteurs, une estrade de plusieurs niveaux était installée sur la scène et réunissait une centaine de politiciens locaux. Puis, les discours commencèrent et les orateurs qui se succédèrent parlaient en criant plus fort l’un que l’autre de leurs voix tonitruantes. Les microphones les captaient et elles étaient amplifiées par dix, au point que je me suis demandé combien de personnes sortiraient de cette assemblée le tympan perforé. Tous parlèrent en espagnol sauf pour quelques phrases dites en langue anglaise pour saluer Romney. En fait, la foule réagissait peu. C’est le régisseur du son qui ajoutait, au bon moment, des applaudissements électroniques accompagnés d’un roulement croissant d’une musique entraînante de plus en plus forte. Et cela se répéta sans cesse lorsque les orateurs, dont la présidente de la Chambre, le président du Sénat et le gouverneur de Puerto Rico, montaient de plus en plus le ton de leur voix à la fin d’un paragraphe pour susciter des applaudissements. On avait l’impression que la foule était en délire, mais il n’en était rien car tout était fabriqué. En fait peu applaudissaient. Un vrai faux rock show !

Il y avait peu de pancartes au nom de Romney. Parsemés de quelques drapeaux américains, les drapeaux portoricains et PNP étaient à l’honneur. Les discours durèrent plus de deux heures et traitaient des réalisations du parti et du nouveau référendum de l’automne prochain sur la possibilité que Puerto Rico devienne un État américain. Le PNP est favorable à l’union et hier soir la plupart des discours roulaient dans ce sens.

Puis, Romney s’approcha enfin du micro après que le gouverneur Fortuno l’ait présenté. Un déferlement inouï du système de son l’accompagna. Romney se montra réjoui d’avoir pu constater la culture portoricaine (sic) et aborda la question de la langue. Alors que la veille, au Mississipi, il avait affirmé que la création d’un nouvel État portoricain était attaché à l’obligation que la langue anglaise soit la langue officielle, le voilà qu’il affirme maintenant que le principe de deux langues officielles serait acceptable. Il justifia la langue anglaise en prétextant qu’elle est officielle depuis 100 ans dans l’île. Or c’est faux, puisqu’avant 1993 seule l’espagnole était officielle. Encore une fois, il citait des faits inexacts et ne prenait position que pour satisfaire la galerie. Lequel est le vrai Romney ?

En terminant, je rappelle le commentaire récent de Barbara Bush, l’épouse du premier président Bush, lorsqu’elle qualifia la présente primaire républicaine de « laide » et de « la pire dont j’ai été témoin ». « Que doivent penser tous les peuples qui nous regardent ? ». En ajoutant « Que faisons-nous ? ». Le passage des deux candidats à Puerto Rico est le plus récent exemple de la mauvaise foi de candidats qui disent n’importe quoi pour gagner des votes. Une vraie honte !

Quant aux Portoricains, ils demeurent divisés sur leur avenir et surtout incertains d’obtenir l’appui de Santorum ou de Romney pour que leur coin du monde devienne le prochain État américain, si l’un deux devait devenir président des États-Unis,

Claude Dupras

mercredi 14 mars 2012

Un chef politique pour le Canada : Thomas Mulcair

On sait rarement si un candidat à la chefferie de son parti pourra devenir un leader politique capable de gagner une élection et de bien diriger le pays. Ayant assisté à quelques congrès de leadership, j’ai constaté qu’un très grand nombre de délégués avaient tendance à se baser, pour faire leur choix, sur des critères politiques, laissant de côté l’image projetée par les candidats. Parmi les chefs choisis, politiquement compétents mais sans charisme, rares sont ceux qui ont pu se faire accepter par l’électorat. Parmi eux, on retrouve Robert Stanfield du Parti Progressiste Conservateur du Canada, Stéphane Dion et Michael Ignatieff du Parti Libéral canadien qui subirent des défaites électorales retentissantes et durent démissionner. Par contre, des Pierre Elliott Trudeau et des Brian Mulroney allièrent les deux facettes, politique et charisme, et devinrent de grands premiers ministres réélus maintes fois. La réalité est que la politique est aussi un commerce d’images et d’illusions. La clef du succès d’un parti est là.

Voilà le défi des 140 000 membres-votants du Nouveau Parti Démocratique du Canada (NPD), qui doivent élire un nouveau chef le 24 mars prochain pour remplacer le « bon Jack » Layton décédé prématurément quelques mois après l’élection générale fédérale de mai dernier. Ce ne sera pas une mince tâche pour ces membres de trouver le bon successeur puisque sept candidats briguent les rangs et plusieurs d’entre eux sont reconnus pour leur compétence.

Pour ce choix, aux facteurs politique et image doit s’ajouter celui du bilinguisme. En effet, il est primordial que le prochain chef possède bien la langue française puisque le Canada est officiellement bilingue et qu’une majorité des députés néo-démocrates sont québécois.

Parmi les candidats, on retrouve Thomas Mulcair.

Né en Ontario d’une mère francophone, descendant d’Honoré Mercier, élevé au Québec, étudiant des Sciences sociales à Montréal, diplômé en droit de McGill, il a enseigné au campus du collège Champlain et à l’université du Québec à Trois-Rivières, présidé l’Office des professions du Québec et le conseil scolaire catholique anglophone. Comme avocat, il s’est spécialisé dans les causes linguistiques.

En 1994, il joint les rangs du parti libéral du Québec. Il est élu député de Chomedey à l’Assemblée nationale du Québec et réélu en 1998 et 2003. Porte-parole en matière de justice et de commerce, il devient leader-adjoint de l’opposition officielle et laisse sa marque. En 2003, nommé ministre du développement durable, de l’environnement et des parcs, il propose une politique environnementale moderne et appuie le protocole de Kyoto, mais s’oppose au projet d’une nouvelle centrale thermique au gaz naturel d’Hydro-Québec et à la privatisation du parc national Mont-Orford, projets appuyés par le gouvernement. Certains affirment qu’il démontre alors un manque de solidarité avec ses collègues, qu’il est un loose canon. Pourtant, il a toujours été loyal. Il démissionne de son poste de ministre en 2006, refuse d’être candidat libéral à l’élection de 2007 et quitte la politique provinciale. C’est la réponse à ses détracteurs qui démontre ainsi qu’il est en fait un homme de principes.

Mulcair est aussitôt approché par les partis fédéraux qui l’invitent à se joindre à eux. Sa sensibilité politique, compatible avec celle du NPD, le pousse dans cette direction. Il joint le parti et devient candidat à une élection partielle qui se tient dans le comté d’Outremont. Tous les observateurs qualifient sa candidature de « mission impossible » car le comté Outremont a toujours été fortement libéral. Surprise, Mulcair est élu avec une avance de 20 % et devient le seul député NPD au Québec. Jack Layton le nomme chef-adjoint du parti et son lieutenant au Québec. Il est réélu à l’élection de 2008, toujours seul député de son parti. En 2011, avec le « bon Jack » ils créent une vague exceptionnelle au Québec où le NDP fait élire 59 députés. Du jamais vu !

Il a 57 ans lorsque le « bon Jack » meurt. Sa vie politique comprend, à ce moment-là, treize ans comme député à Québec et cinq ans à Ottawa. Il a été leader-adjoint de l’opposition officielle libérale, ministre à Québec et chef-adjoint du NPD à Ottawa.

Sa longue expérience, sa bonne réputation et son approche de progressiste le poussent à être candidat pour devenir le nouveau chef du NPD. Nous en sommes-là !

Thomas Mulcair est éloquent, impressionnant, convaincant, a une physionomie ouverte et possède un charisme naturel. Il est parfaitement bilingue, excellent communicateur et démontre une compréhension des enjeux. Certains de ses collègues le qualifient de visionnaire. C’est un homme de famille avec deux enfants. Son image publique est bonne. Il passe bien la rampe, est bon à la télé et s’exprime clairement et précisément. C’est un homme de vérité qui peut devenir parfois un peu tranchant mais qui est généralement charmant et attrayant.

Bon debater, il est toujours bien préparé et sait reconnaître le nœud de chaque question. Sensible aux problèmes de chacun et aux revendications de la population, il estime que la démocratie sociale est une bonne voie pour agir. Pragmatique, il aime l’action pratique et sait reconnaître une bonne idée sans nécessairement considérer si elle est de droite ou de gauche. Pour lui, ce qui est vrai réussit. Il se retrouve souventes fois plus près du centre du spectre politique, un peu désaxé par rapport à la position normale centre-gauche du NPD qu’il espère faire bouger afin qu’il soit en mesure d’attirer plus d’électeurs. Son ambition est de faire du NPD un parti moderne et moins dogmatique pouvant assurer une bonne gouvernance du Canada. Il sait, pour ce faire, qu’il devra « frapper le clou sur la tête » en proposant des idées, des politiques qui collent à la réalité et être en mesure de les faire accepter par une majorité d’électeurs.

C’est un leader. Un vrai. Et cela, il l’a démontré par son travail au Québec. Je ne veux pas ici lui donner tout le crédit de l’impressionnante victoire québécoise du NDP de mai dernier. Au contraire, car cet évènement extraordinaire a été réalisé par Jack Layton et le mérite lui revient. Mais Thomas Mulcair a su bien l’appuyer, le conseiller, planifier, recruter… De plus, il a su motiver une nouvelle génération de Canadiens à participer aux affaires publiques. Jamais, comme député québécois, il a désappointé, fait une erreur tactique ou prononcé des paroles qui auraient pu nuire au parti. Au contraire, chacune de ses sorties, à la Chambre des Communes et à l’extérieur, a été bien rapportée et reçue positivement par l’opinion publique. Travaillant dans l’ombre du « bon jack », si on peut dire cela, il a su préparer le terrain pour son chef.

Aujourd’hui, Thomas Mulcair est, de toute évidence, prêt à diriger le NPD. Je suis convaincu qu’il sera un chef solide capable de redynamiser le parti et lui redonner un nouvel élan dans la trace laissée par son prédécesseur. Il saura diriger l’opposition officielle à la Chambre des Communes pour qu’elle soit à la hauteur de l’intérêt supérieur du pays en exécutant son rôle de critique, de façon efficace, honnête, positive et inlassable sur les agissements des Conservateurs et des lois présentées par leur gouvernement.

J’ai le sentiment qu'il saura persuader les Canadiens et les Canadiennes de le suivre et d’élire des députés NPD. Ils découvriront un homme politique sérieux avec une profonde connaissance de la politique canadienne, un charisme entraînant et le potentiel de devenir un bon Premier Ministre canadien.

À ce jour, il a fait une campagne au leadership positive et sans attaques contre les autres candidats. Ses propositions politiques ont été précises et le caractérisent bien. Ces dernières lui ont apporté le support d’un très grand nombre de néo-démocrates importants des autres provinces.

C’est une belle opportunité pour les électeurs NPD de donner au Canada un vrai chef politique.

Claude Dupras

jeudi 8 mars 2012

Sarkozy et ses cadeaux aux riches

Depuis deux ans, je défends la thèse que Nicolas Sarkozy n’a pas fait de cadeaux aux riches. Voilà qu’à l’émission récente, de la télé française, « des paroles et des actes… », il a formellement nié cette affirmation malicieuse qui lui pèse sur la tête depuis le début de son quinquennat. Et les faits indiquent qu’il dit vrai.

Le président a été victime d’une chasse à l'homme organisée par les médias roulant pour la gauche (70 % de la profession de journaliste) qui ont cherché comment taper sur Sarkozy par tous les moyens (mensonges, déformation des faits, exagérations…). La soirée du Fouquet’s et le repos des premiers jours suivant son élection sur le yacht de Bolloré leur ont donné le filon « cadeaux aux riches » et ils sont parvenus à convaincre un très grand nombre de Français de leur fantasme antisarkozyste. La Presse s'est en fait associée avec les porte-flingues du Parti socialiste (PS) pour salir Sarkozy. Je n’ai jamais vu un tel déferlement de haine envers un seul homme politique. Ce sont ces mêmes gens qui affirment respecter le poste de Président de la France. Mon œil ! Ce fut un spectacle pitoyable et regrettable.

Heureusement qu’à l’étranger les opinions sur la gouvernance Sarkozy et sur sa personne sont généralement bonnes. Il est évident que pour les Français ce n’est pas aussi rose qu’il avait promis en 2007, mais ça, c’était avant l’épouvantable crise de 2008, qui a balayé l’Europe, les USA, le Canada et a affaibli considérablement tout ce beau monde. Malgré cela, la situation des travailleurs français par rapport à celles des Espagnols, des Italiens et des Anglais, est supérieure. Le désarroi de ces derniers est vraiment triste. Il est temps que les Français, qui chialent, s’arrêtent et retroussent leurs manches pour faire leur part pour leur pays. Çà, ce serait du vrai patriotisme !

Un récent sondage indique que 65 % des Français et Françaises trouvent inintéressante leur campagne présidentielle. Je les comprends car les reportages, les discours et les commentaires sont à sens unique. Tout ce qu’a fait Nicolas Sarkozy est bon pour les gens de droite et décrié par la gauche. Tout ce que propose François Hollande est supérieur pour la gauche et ridiculisé par la droite. On ne fait pas la part des choses.

Le 6 mars dernier, la Une du journal Libération s’intitulait : Sarkozy et les riches : les vrais chiffres. En voyant ce titre tendancieux, j’ai vite lu le journal pour enfin connaître ces chiffres pour chacune des réformes de Sarkozy afin de pouvoir les comparer avec les données que j’avais en main. En général, les conclusions de l’article étaient trompeuses, les arguments tronqués afin de laisser croire que toutes les mesures sarkoziennes ont été faites dans le seul but d’aider les riches, sans retour pour l’État. À sa face même, un tel argument ne tient pas.

On ne me fera pas croire qu’un homme politique qui a finalement atteint le poste important de Président de son pays va sciemment n’aider qu’une partie du peuple qui l’a élu. C’est farfelu d’affirmer sans cesse cela et une insulte à l’intelligence de la population française ! La France n’est quand même pas une république de bananes.

Libération rapporte que les entreprises ont le plus bénéficié de la redistribution financière durant le quinquennat Sarkozy. Au total, elles ont obtenu 49,9 milliards. La réforme de la taxe professionnelle a réduit la facture fiscale des industries et des PME. Le grand emprunt a été instauré pour faciliter la recherche et le développement des entreprises. La TVA restauration a permis aux restaurateurs de traverser la crise et de créer 37 000 emplois. La refonte du crédit d’impôt recherché a incité 15 800 autres entreprises à faire de la recherche et du développement. Ces réformes importantes et coûteuses ont été adoptées pour aider les entreprises françaises à se développer et à être concurrentielles en Europe et dans le monde.

Les Français, comme individus, ont aussi été aidés. Sarkozy a allégé les droits de succession et de donation afin qu’ils puissent transmettre une vie de travail à leurs descendants. Il a établi un crédit d’impôt sur les intérêts d’emprunt immobilier afin de bâtir une France de propriétaires. Il a réformé l’impôt de solidarité sur la fortune pour la lier aux investissements dans les PME. Il a adopté le bouclier fiscal qui a non seulement arrêté la croissance de l’exil fiscal de riches mais a diminué de 15% par an le nombre de ceux qui visaient à déménager hors-France. Il a favorisé ceux qui voulaient travailler davantage en instaurant le régime des heures supplémentaires défiscalisées par lequel leurs heures de travail étaient exonérées des cotisations sociales et d’impôt laissant ainsi à ces travailleurs un montant de plus de 14 milliards dans leur poche. Il a encouragé le retour à l’emploi des plus démunis en mettant en place le RSA dans lequel il a investi 3,65 milliards et qui a aidé plus de 2 millions de personnes.

Voilà les réformes économiques principales de Sarkozy. Où sont les cadeaux pour les riches que prétendent ses opposants. ? Où sont les largesses injustifiées ? En réalité, ce fut un effort audacieux pour aider tous les Français et la France.

Les gouvernements occidentaux ont posé des gestes similaires à ceux du président Sarkozy pour aider leur pays à traverser la crise pour en sortir le mieux possible. Plusieurs ont réussi et la France est dans le groupe. En général, Sarkozy a motivé les entreprises et les plus riches à aider le pays, à investir et à créer des emplois. Ensemble, ils ont participé à la croissance qui, même si elle fut maigre, a été positive malgré tout. Lorsqu’un pays est frappé par une crise économique dune envergure de celle de 2008, le peuple peut vraiment en souffrir si le gouvernement ne bouge pas rapidement et efficacement. Sarkozy l’a fait et les Français devraient lui en être reconnaissants.

Il est temps que cesse l’anti-sarkozysme qui n’est basé sur rien de solide et n’est alimenté que par une propagande négative des opposants du pouvoir. Sarkozy a travaillé pour la France et je crois que cela est clair. Le temps est venu pour les Français de se rappeler que leur pays est sorti d’une crise économique importante et se ressaisit actuellement suite à la crise financière et monétaire qui a suivit et qui l’harcèle toujours.

À la prochaine élection, j’espère que les Français sauront se concentrer sur l’essentiel, soit choisir le meilleur président pour les cinq prochaines années. Ils se doivent de garder à l’esprit le contexte des dernières années et se demander « qui est le meilleur capitaine capable de bien naviguer le bateau vers le port ? ». Çà, c’est la seule question importante.

À ceux qui se sont bien défoulés durant le quinquennat de Sarkozy en ne cessant de l’invectiver, pensez sérieusement aux cinq ans à venir qui ne seront pas de toute évidence roses. Si vous éliminez Sarkozy, n’oubliez pas que les problèmes seront encore là. Réfléchissez avant de mettre votre bulletin dans l'urne présidentielle. Pensez à l’expérience de Sarkozy et comment il a su manœuvrer la France malgré la mer fortement houleuse dans laquelle elle s’est retrouvée depuis 2008.

Vous savez plus que quiconque que l’argument des « cadeaux aux riches », inventé pour abaisser le président Sarkozy, n’est que de la foutaise ! Alors, ne vous trompez pas vous-même !


Claude Dupras

vendredi 2 mars 2012

Le 75% d’Hollande, un mauvais calcul

Dans un récent billet intitulé « la campagne électorale de la vérité » j’écrivais : « Dès sa rentrée au pouvoir, Sarkozy a fait adopter « le bouclier fiscal » qui limitait l’impôt à 50% (aux USA, elle est près de 35%) Cette loi visait à permettre à la France de devenir fiscalement concurrentielle avec les autres pays européens. Trop de Français allaient déposer leurs fonds ailleurs et y trouvaient résidence pour payer moins d’impôts. La France se devait de redevenir attractive. Les critiques ferment les yeux devant le fait que ce sont avec le talent des meilleurs et les investissements des plus riches qu’un très grand nombre d’entreprises voient le jour et que de nouveaux emplois sont créés. De plus, l’impôt payé ailleurs n’est pas payé en France ». Ça demandait du courage politique pour implanter une telle mesure.

Le parti socialiste et son candidat François Hollande n’ont cessé de dénigrer le président Sarkozy depuis l’adoption de ce « bouclier fiscal » qu’ils savaient de toute évidence impopulaire. L’antisarkozysme est né à ce moment-là et il s’est amplifié malgré que cette politique ait diminué de 15% par an le nombre d’exilés fiscaux. En fin de mandat, Sarkozy l’a abolie pour calmer les esprits. A mon avis, ce fut là son erreur parce que la fiscalité d’un pays doit être stable pour que les gens y investissent pour le long terme. Si Sarkozy perd son poste, ce sera principalement à cause du bouclier.

En début de campagne, Hollande, en bon socialiste, à déclaré « la finance est mon vrai adversaire ». Il vient de promettre d’ajouter une tranche de 75% pour le calcul des impôts personnels de ceux qui feront un revenu de plus d’un million d’euros par an (en plus, d’avoir déjà promis, une autre tranche additionnelle de 45% pour les revenus supérieurs à 150 000 euros).

La France est au troisième rang mondial en termes de millionnaires. À mon point de vue, Hollande s’apprête à faire une erreur magistrale de la même nature que celle des 35 heures de Martine Aubry. Il pousse même l’effronterie jusqu’à qualifier son 75% d’un « message de cohésion sociale et un acte de patriotisme ». Il ne le demande pas, il l’impose aux ultra-riches en posant un geste électoraliste, purement symbolique et démagogique. De prime abord, il est clair que ce 75% générera un nombre croissant et fort important de nouveaux exilés fiscaux et qu’il rapportera peu à l’État par rapport à ce qu’il lui fera perdre. Hollande lui-même a confirmé que le 75% ajoutera « zéro » au budget. Même cette affirmation est erronée puisque ce sera pire, comme je vais le démontrer ci-après.

Un vrai message de cohésion sociale aurait été de demander à tous les Français et Françaises de poser un acte de patriotisme en acceptant, par leur vote, des contraintes de dépenses gouvernementales pour faire face à la réalité économique actuelle. Là, Hollande aurait été courageux !

Comme il est facile de faire une promesse électorale de 75% qui affecte monétairement peu de gens! De telles promesses viennent normalement de la bouche de petits politiciens qui ne pensent qu’à gagner des votes au détriment même de l’intérêt de l’État. Pour réussir, ces derniers comptent sur les sentiments de jalousie ou d’envie envers ceux qui ont réussi et qui ont plus de revenus.

Qu’est-il en fait cet intérêt de l’État, si ce n’est d’assurer une société où chacun peut bien vivre, s’épanouir, élever et éduquer sa famille dans les meilleures conditions possibles et être heureux ? Pour ce faire le gouvernement doit assurer à chaque individu une vie démocratique saine et libre, la possibilité de travailler, de développer ses talents, d’atteindre son épanouissement personnel maximal et de protéger les plus pauvres et les moins nantis. Pour atteindre son but, le gouvernement a besoin d’aide car ce n’est pas lui qui crée tous les emplois nécessaires au développement de la société. En réalité, il en crée peu. Le gouvernement a besoin de l’effort, de l’intelligence, de la capacité de développement et de l’effort financier du secteur privé pour assurer que son économie réponde à sa mission.

Nulle part en Europe, il n’existe une tranche d’impôt à 75%. Elle est normalement à 50% et moins. Au Canada, elle est à 48,2 % et je considère que notre taux est bien balancé par rapport aux besoins de l’État et aux services qu’il nous offre. Aux USA, elle est à 35%. Mitt Romney, le candidat favori à la « primaire » républicaine, qui veut assurer le financement privé de son élection, propose, en désespoir de cause, de la diminuer à 28%. Il exagère dans le sens inverse d’Hollande mais pour le même motif : il ne pense qu’à son élection. Face à ces chiffres, la France ne sera plus attractive et deviendra vitement non concurrentielle.

En réaction, François Bayrou, candidat du centre à la présidentielle française a déclaré "Le déconnomètre marche à plein tube", ajoutant « ces gens vont aller se faire payer à l'étranger. Ils ont tous des filières multiples et variées, des moyens de délocaliser leurs salaires », a-t-il estimé. L’impôt qui devrait être versé en France sera payé ailleurs. De plus, les sièges sociaux d’entreprises industrielles françaises pourront aller indifféremment en France, à Bruxelles, à Londres ou ailleurs car la fiscalité compte dans la prise d’une telle décision. Les riches ont les moyens de se payer les services de conseillers en optimisation fiscale.

David Douillet, le judoka médaillé d’or aux Olympiques et ministre des sports de la France vient de préciser un des aspects négatifs du 75% d’Hollande. « Il va tuer le sport français", a-t-il dit et estime que « 120 à 125 joueurs de football de la ligue 1 sont touchés », « Les joueurs partiront instantanément de France, ils en ont les moyens", a prédit le ministre. "Cela veut dire aussi que les 600 millions d'euros qui proviennent de la fiscalité du foot français vont disparaître, que les 5% des droits TV du foot reversés aux autres sports disparaîtront aussi puisqu'il n'y aura plus de droits télé ». Avec les pertes que subiront les stades français. « Nous en sommes à déjà 1 milliard de pertes », a-t-il ajouté. Et vlan !

Il est de même pour les artistes du cinéma comme Jean duJardin, le récent récipiendaire de l’oscar du meilleur acteur dans le film l’Artiste. Demeurera-t-il en France ?

Il est clair que le 75% d’Hollande est un super-impôt spoliateur unique qui nie les réalités du monde d’aujourd’hui.

L’argent qui sera pris par l’État ne sera plus disponible pour le financement de nouvelles entreprises. Les riches ne laissent pas leur argent dans des sacs pour l’admirer. Ils cherchent les meilleurs placements pour les faire croître. Et parmi ceux-là, il y a le capital de risque qui permet à de jeunes entrepreneurs de concrétiser leurs idées et de lancer leurs affaires. Apple, Facebook, Google, Ubisoft et tant d’autres aux USA et en France sont devenus des compagnies mondiales importantes grâce aux investissements de personnes riches qui ont cru dans les talents de leurs créateurs. Ces investissements devenant moins disponibles, la création d’emplois en France en souffrira.

Depuis toujours, les socialistes reprochent aux riches de s’amuser avec leurs bijoux : yachts démesurés, maisons-châteaux, vignobles, avions personnels, produits haut-de-gamme, etc…Or beaucoup de ces choses sont construites et réalisées par des ouvriers et des professionnels français. Que le riche ait un gros yacht, je m’en foute royalement. Tant mieux pour lui. Ce que je vois, c’est l’entreprise qui a construit le yacht, la marina qui le protège, les marins et le personnel qui le dirigent, etc.. toute la chaîne des activités économiques qu’il génère et attire. Ce n’est pas le gouvernement qui peut faire cela.

Hollande justifie son 75% en rappelant les années difficiles en Amérique durant lesquelles les impôts des riches ont touché 80%. Mais c’était durant la guerre mondiale et l’après guerre, où tout l’argent des Américains fut en grande partie réquisitionné pour vaincre les nazis, remonter leur pays et aider l’Europe, via le Plan Marshall, à se rebâtir. De plus, il donne l’exemple récent de l’américain Warren Buffet, l'un des hommes les plus riches du monde, qui s’est indigné du fait qu'il paye un taux d'imposition inférieur à celui de sa secrétaire. Elle paie 30% d’impôt alors que son taux est à peine 15%. Cela n’a rien à voir avec le 75% d’Hollande. De faux arguments pour une politique fausse à sa base. Avec 75% Buffett n’aurait pas eu les moyens de sauver les centaines d’entreprises dans lesquelles il a investi massivement.

Le 75% est le résultat de l’antisarkozysme. Plusieurs Français semblent avoir gobé, depuis 2007, les sornettes démagogiques et répétées des socialistes sans vraiment chercher à comprendre le pourquoi des mesures du président sortant. Aujourd’hui, on leur propose une mesure fiscale qui va nuire considérablement à la France et les mêmes applaudissent. Que les riches s’exilent et paient leurs impôts ailleurs, que les jeunes de talent aient moins d’investisseurs, que d’innombrables nouveaux emplois ne se réalisent pas, que le « foot » s’efface, qu’ils y aient moins de production et de construction de bâtiments et de produits haut de gamme, que la France perde de son attrait financier et devienne moins concurrentielle, etc.. on applaudit.

Si on est riche, il faudra être héroïque pour rester contribuable en France, si Hollande gagne.

Claude Dupras