dimanche 31 janvier 2010

À Harper : « BRAVO ! » et « CHOU ! »

Les décisions du PM Stephen Harper en rapport avec l’aide de notre pays à Haïti sont remarquables. Le Canada est le plus généreux de tous les pays du monde sur la base du per capita.

Cet intérêt du PM pour Haïti a commencé bien avant le tremblement de terre qui a ravagé la nation haïtienne. Est-ce l’influence du gouverneur général, la canadienne-haïtienne Michaëlle Jean ? Probablement, car cette dernière a toujours été très dévouée pour aider ce pauvre pays, le plus mal-en-point de notre hémisphère.

Le PM Harper veut faire encore plus. Il a comme ambition de persuader le G8 d’aider les femmes et les enfants de pays en développement. Il a affirmé que les pays du G8 et les organisations internationales devraient viser à obtenir des résultats plutôt que de faire des promesses. Au sommet économique de Davos, il a, entre autres, insisté sur ce sujet.

Cette année, le Canada est l’hôte du G8 et du G20. M. Harper sera président du premier sommet et co-président du 2ième. Il sera donc bien placé pour faire valoir ses propositions et obtenir des résultats concrets. De plus, Il peut compter sur l’appui du président français Nicolas Sarkozy qui professe une politique similaire d’aide aux pays pauvres et qui pourra poursuivre dans la même direction puisque les deux sommets se tiendront en France en 2011.

Les nouvelles positions du PM Harper sont surprenantes puisque depuis sa venue au pouvoir, le Canada a annulé son aide aux pays Africains. Il semble que le désastre d’Haïti l’ait bouleversé et l’ait amené à de meilleurs sentiments. Comme Bill Clinton et Bill Gates qui ont salué la nouvelle politique canadienne, je crois que nous nous devons de dire au PM Harper : « Bravo ! ».

Est-ce strictement pour des fins politiques que le PM Harper a mis l’accent sur ce créneau ? Plusieurs personnes, dont le soussigné, demeurent sceptiques. L’opposition à la Chambre des communes n’y croit pas. Je leur dis « donnons la chance au coureur, nous aurons tout le temps éventuellement pour faire les mises au point, si elles s’avèrent nécessaires».

Par contre, sur la question du réchauffement climatique de la planète, ce n’est pas fort ! Le ministre de l’environnement vient d’annoncer que le Canada réduira ses gaz à effets de serre (GES) d’un pourcentage égal à ce que vient d’annoncer les USA, soit 17% sur la base des niveaux de 1995.

Le Ministre se « pète les bretelles » en affirmant que le Canada a été vite à réagir sur ce sujet en annonçant si tôt ses objectifs qu’il affirme être conformes à l’accord de Copenhague. De toute façon, il était tenu de le faire avant le 31 janvier pour répondre à la demande des Nations-Unies.

Le Canada a fait son annonce un jour après celle des USA et a simplement copié l’objectif fixé par les Américains. On n’a pas besoin d’un ministre de l’environnement pour faire cela. Ça sert à quoi un ministère de l’environnement si, sur un sujet capital comme celui de la réduction des GES, on ne fait qu’accepter un document préparé par les Américains, pour les Américains, et qui n’a rien à voir avec l’intérêt à long terme du Canada.

Notre PM agit comme si le protocole de Kyoto n’avait pas été signé par un des ses prédécesseurs, l’ancien PM canadien Jean Chrétien. Sur ce sujet, Greenpeace souligne que « la nouvelle cible correspond à une augmentation de 2,5% des émissions, d’ici 2020, au-dessus de 1990 » fixée à Kyoto comme base de comparaison.

Dans son annonce, le ministre Jim Prentice n’a pas abordé le sujet de l’exploitation des sables bitumineux. « Plus tard » a-t-il dit.

Alors que l’objectif des pétrolières est de multiplier par quatre le nombre de barils de pétrole extraits par jour de ces sables d'ici 10 ans, le ministre laisse penser que les réductions de GES devront se faire ailleurs.

Le Canada est devenu, toute proportion gardée, l’un des pays les plus polluants de la planète. Même si les sables bitumineux sont une source incroyable de richesse pour les Canadiens, je crois que devrions cesser d’en accélérer l’exploitation tant que nous n’aurons pas trouvé une manière propre d’en extraire le pétrole. Notre planète passe avant notre richesse immédiate. Les générations futures de Canadiens pourront en profiter pleinement puisque l’exploitation des sables bitumineux prendra au moins 150 ans. L’argent n’est pas perdu, il ira à nos descendants.

Je dis « CHOU ! » au PM Harper pour son manque de responsabilité et le tort qu’il continue de faire à la réputation de notre pays dans le monde sur la question du réchauffement climatique de la planète.

Claude Dupras

jeudi 28 janvier 2010

Obama : « Je ne suis pas un lâcheur »

Je viens d’écouter le discours « State of the Union » du président américain Barack Obama et celui du gouverneur Robert F. McDonnell de Virginie, qui donna la réplique du parti républicain. Obama a fait un bon discours, à point et a démontré une détermination nouvelle pour mener à bien ses objectifs.

Suite à l’élection d’un républicain comme sénateur du Massachussetts, pour remplacer Ted Kennedy, la presse de droite s’est déchaînée contre Obama prétendant qu’il est devenu ineffectif et ne pourra dorénavant faire voter ses propositions de réforme. OBAMA passe un mauvais quart d’heure. Le niveau de sa popularité est passé de 63%, le soir de son élection il y a un an, à 51%, aujourd’hui. Ses adversaires affirment qu’il a perdu la confiance du peuple américain. Et si Obama avait le 35% de confiance du PM canadien Stephen Harper, que diraient-ils ?

Ce ne sont pas les actions d’Obama qui ont affecté les sondages, mais plutôt les campagnes insidieuses de l’extrême-droite américaine envers lui. Elle l’a sali, calomnié, traité de « socialiste » et même de « communiste » sachant que de tels mots font peur à plusieurs. Il a été caricaturé au point qu’un grand nombre d’Américains, peu familiers avec la politique de leur pays et pensant plus à leur situation personnelle qu’à celle de leur voisin, se sont mis à l’haïr et à le blâmer pour tout ce qui va mal dans le pays. Et ça continue, comme nous en avons été témoins hier…..

L’héritage que lui a laissé son prédécesseur n’était pas riche : deux guerres, une réputation des USA minée dans le monde, une crise immobilière domestique et devenue mondiale par laquelle des centaines de milliers de familles américaines ont perdu leur maison, une bourse effondrée, des scandales financiers au niveau bancaire dont la faillite d’une des plus grandes banques et qui risquaient de tuer le système monétaire du pays, etc…

Les positions politiques de Barack Obama ont réjoui le monde entier et les Américains y ont retrouvé une popularité renouvelée. Malgré cela, les Républicains lui reprochent le contenu de ses grands discours internationaux qu’ils qualifient de faiblesse. Le président américain n’a pas à s’excuser des politiques passées de son pays, disent-ils, car l’Amérique doit être crainte dans le monde.

J’ai suivi de près Barack Obama durant sa première année. Une fois élu, il a vite réagi . Il a très bien fait. Il a travaillé très fort et s’est engagé dans d’innombrables projets de réforme. Peut-être trop, calculent certains observateurs qui ont peut-être raison, car son engagement personnel intense dans chaque dossier lui a fait oublier de bien expliquer aux Américains les objectifs des grands changements qu’il proposait et de les engager avec lui dans ce travail important. Son slogan « Yes, we can » est devenu « Yes, I can » et ce fut son erreur. Mais, l’élection du sénateur républicain Scott Brown l’a secoué et il a compris.

La crise s’est arrêtée, mais le taux de chômage n’a pas diminué aussi vite qu’Obama avait prévu car il semble n’avoir pas réalisé que l’inertie de projets d’infrastructures est une réalité implacable. Les emplois ne sont-là qu’au moment où les projets atteignent leur vitesse de croisière. Hier soir, encore, les Républicains ont critiqué vertement le programme d’Obama d’investissements dans les infrastructures (et on sait, si on visite les USA, combien ces travaux sont nécessaires) les qualifiant d’argent dépensé inutilement qui ne font que grossir l’appareil gouvernemental et accentuent d’avantage la dette. Au Canada, particulièrement au Québec, nous savons que l’ensemble de nos programmes de financement de travaux d’infrastructures a réussi à casser la crise et à redonner une nouvelle vigueur à notre pays. Nous comprenons que ce n’est que grâce à une économie florissante que nous diminuerons la dette nationale.

Le chômage reste le tendon d’Achille du président Obama. On le blâme du taux actuel de 10% de chômeurs aux USA. Cette accusation est de toute évidence injuste, à ce moment-ci. Mais, les Républicains s’en foutent car leur motivation n’est que politicienne. Ils font fi de la vérité, de la réalité et mettent tout le blâme sur le dos d’Obama, oubliant volontairement le désastre GWBush. Ils le boycottent depuis le début, sur tout et rien, croyant que c’est la seule stratégie capable de le renverser. Ils sont contre, contre, contre… Cette attitude est en fait la preuve de la mauvaise foi des Républicains.

Ce fut encore évident hier lors du discours du porte-parole républicain. Il a affirmé que les Républicains sont favorables à des réformes sur la santé, l’éducation et l’environnement mais pas à celles d’Obama qui sont, disent-ils, trop à gauche. Comme si permettre à 35 millions d’Américains d’être protégés contre la maladie, par un système de santé privé, était une politique inacceptable. Les Républicains proposent, par exemple, de recommencer à zéro le débat sur la santé (il dure depuis près de dix mois) alors qu’il est évident que ce n’est qu’un manège pour empêcher l’adoption de la loi qu’Obama propose.

Hier soir, le président Obama a proposé, entre autres, une approche pour atteindre les demandes de la nation en rapport avec la création d’emplois. L’unité de la classe politique à Washington est nécessaire pour mener à bien ces mesures essentielles. Je crains que le parti républicain continue son boycott des propositions du président Obama et refuse de l’appuyer. Si c’est le cas, ce sera tragique car l’histoire nous enseigne que jamais, dans le passé, les grandes lois sociales et de droits civils américains ont été votées par un seul parti. Toujours, c’est la réunion d’élus de bonne volonté des deux grands partis politiques qui a permis l’adoption de ces lois qui ont fait des USA une terre accueillante pour tous.

Si les Républicains modérés ne se libèrent pas de l’influence grandissante des conservateurs de l’extrême-droite, de celle des « preachers » et de celle des grandes compagnies qui ne pensent qu’à leurs intérêts, ils perdront définitivement les rênes de leur parti. J’espère qu’ils réagiront avant qu’il ne soit trop tard. Les Américains méritent mieux !

Les élus doivent servir la nation et non leurs ambitions a rappelé hier le président Barack Obama.

Claude Dupras

jeudi 21 janvier 2010

L’Amérique infectée

Quelle surprise ! Un républicain élu pour remplacer le sénateur Ted Kennedy, champion de l’assurance-santé pour tous les Américains. Surprise encore plus grande puisque ce nouveau sénateur, Scott Brown, a fait campagne en promettant de s’opposer au projet du président Barack Obama sur les soins de santé aux Américains dont l’objectif est de corriger les déficiences du programme de santé actuel et de permettre à 35 millions d’individus, à ce jour non-assurés, d’être protégés contre la maladie.

Le Sénat américain et la Chambre des représentants ont chacun voté leur version du projet. Il reste à fondre ces deux documents en un et à le faire voter, à majorité simple, par les deux groupes pour que le projet devienne loi. Le vote final doit avoir lieu d’ici un an sinon le projet sera enlevé du feuilleton du Sénat. Les démocrates, majoritaires, voulaient voter ce mois-ci.

L’élection de Brown augmente le nombre de sénateurs républicains à 41 vis-à-vis les 59 démocrates. Et ce chiffre de 41 change tout puisqu’il dépasse le chiffre 40 qui est le seuil fixé par les règles de procédure parlementaire du Sénat et qui empêchaient les républicains de filibuster (faire un débat sans fin). Dorénavant, les républicains peuvent le faire et c’est le nouveau dilemme d’Obama. Tiendra-t-il son bout en maintenant son projet tel quel et en risquant que les sénateurs républicains décident de filibuster ou le modifiera-t-il en réduisant sa portée afin d’obtenir l’accord des républicains ?

La victoire du candidat démocrate dans l’État du Massachusetts s’explique par plusieurs raisons. La première, est Scott Brown. Il a été un candidat exceptionnel. Photogénique, chaleureux, belle famille, bon orateur, bonne expérience politique dans son État, excellente organisation, il a mené une campagne électorale parfaite. Déjà sénateur du gouvernement du Massachussetts, il en était à sa dixième campagne électorale et n’a jamais perdu. Son adversaire, Martha Coakley, attorney general de l’État avant de devenir la candidate démocrate, a mené une campagne qui ne l’a pas avantagée. Calme, sereine, peu dynamique, elle n’a reçu que peu d’appuis de son parti qui la considérait victorieuse. Obama ne s’est déplacé que le dernier jour pour faire une vite incursion dans l’État pour l’appuyer. Malgré ces différences entre l’image et la vigueur des deux candidats, elles n’étaient pas, à mon avis, suffisantes pour que Mme Coakley perde car le Massachusetts a toujours été profondément démocrate. Il y a beaucoup plus.

Le conservatisme prend des galons en Amérique, particulièrement aux USA. Une chaîne de cable de télévision, Fox News TV, s’est dédiée à le promouvoir, tout comme des milliers de postes de radio des USA. Intéressant pour le téléspectateur, Fox est devenu le poste le plus regardé. Il dépasse CNN. Ces conservateurs d’extrême-droite ne faisaient pas de vague du temps de l’ex-président Georges W. Bush mais ils se sont revivifiés suite à l’élection d’Obama. Leurs grands apôtres sont Rush Limbaugh (radio), Sean Hannity (TV), Glen Beck (TV) et des centaines d’autres animateurs de télé et de radio à travers le pays.

Ces promoteurs répandent sur le peuple leurs arguments trop souvent démagogiques et infectieux. Ils affirment ne pas être des républicains comme ceux de Bush mais, en réalité, ils l’appuyaient et appuient toujours ce parti mais visent à le changer profondément. Ils prêchent que l’entreprise est le moteur principal qui assure la qualité de vie des Américains et non le gouvernement. Ils critiquent le niveau de la dette, veulent baisser les taxes et amenuiser la présence du gouvernement dans la vie des américains. Pour eux, les USA doivent avoir la plus forte armée du monde; le complexe militaro-industriel du pays doit être appuyer sans aucune restriction; leur pays est supérieur aux autres et doit s’imposer nonobstant les circonstances et les lois; la torture de terroristes d’Al-Qaeda n’est pas de la vraie torture; les chercheurs scientifiques se trompent et le réchauffement climatique n’est pas de main d’homme; les pauvres sont des fainéants et des paresseux; et, aujourd’hui, je les ai entendu critiquer l’aide apportée aux Haïtiens par Obama prétextant que c’est pour garder le vote noir en sa faveur qu’il a agi. Ils s’opposent aussi au plan d’assurance-santé d’Obama et ne veulent absolument pas de rôle gouvernemental dans la santé.

Pour mousser leurs idées, ils organisent des mouvements populaires, tels les « tea parties », à travers les USA qui réunissent des milliers d’Américains dans leur milieu respectif pour protester, dénoncer, critiquer tout ce qui n’est pas de droite. Et ça marche, puisque les sondages leur donnent un appui de 40% d’Américains, ce qui est plus qu’au parti démocrate et encore plus qu’au parti républicain. Ils trouvent des appuis importants auprès de plusieurs grands patrons, de la chambre de commerce américaine, etc… Ils ont supporté ardemment Scott Brown.

Souventes fois, les propos des vendeurs du conservatisme gênent le parti républicain et ses élus. Leur influence devient si importante partout au pays (comme on vient de le constater au Massachusetts, l’État le plus démocrate des USA) que plusieurs sénateurs et représentants républicains, pensant à leur réélection, pilent sur leurs principes, ne disent rien et flirtent même avec ces conservateurs qui sont beaucoup plus à droite qu’eux. C’est ce qui explique la tactique invraisemblable du parti républicain envers Obama et son administration qui se résume à ne rien proposer, tout critiquer et toujours voter contre. À ce jour, je suis surpris que cela les ait bien servis.

De plus, Scott Brown a bénéficié de l’argent des grands lobbyistes et de nombreuses campagnes publicitaires bien montées et payées par les compagnies qui se sentent bousculées par Obama à cause de ses politiques touchant la santé, le bien-être, le contrôle du système bancaire, l’environnement, etc… Ce fut un déluge de pubs négatives et souvent mensongères qui, jour après jours, a fait son œuvre. La forte avance de Mme Coakley rétrécissait comme une peau de chagrin.

Le président Obama et les démocrates ont un grand défi à relever. Ils doivent se rapprocher davantage du peuple américain et mieux expliquer leurs idées, leurs programmes et leurs politiques afin de contrecarrer les insinuations, les mensonges et les attaques vicieuses dont ils sont la cible.

Quant au conservatisme, il prend de l’ampleur à cause de la crise économique et des investissements majeurs qu’elle a suscités, des déficits qui en découlent et des dettes qui s’empilent. Le terrain est fertile pour la critique à outrance. Je crains qu’un très grand nombre de nos voisins du sud soient infectés par ces « vendeurs de tapis » et glissent vers leurs idées politiques insensées qui peuvent sembler logiques, pour plusieurs, mais qui à long terme freinent le progrès des sociétés et deviennent des obstacles à une certaine répartition de la richesse.

L’élection du Massachusetts nous indique ce qui peut venir.

Claude Dupras

mardi 19 janvier 2010

Immigration haïtienne : Oui ou non ?

Un drame épouvantable. Des souffrances atroces. Un pays tout cassé sans gouvernance. Du jamais vu. Des images qui nous brisent le cœur. Tout le monde veut aider. Une diaspora qui s’inquiète et qui cherche par tous les moyens à sauver le plus grand nombre possible de ses concitoyens de l’enfer qu’est devenu Haïti.

Le Canada a bougé. Soldats, nourriture, médecins, infirmières… à ce jour on ne peut reprocher à notre pays de ne pas avoir fait son possible. Mais ce n’est que le début et pour plusieurs c’est l’avenir qui inquiète.

Pour sauver le plus d’individus possible, la diaspora québécoise propose au gouvernement canadien de relaxer ses lois pour ouvrir sur-le-champ notre pays à une plus grande immigration. Elle veut que les parents immédiats des Haïtiens immigrés légalement au Canada et vivant en Haïti (frères, sœurs, oncles, tantes, etc..) soient acceptés comme nouveaux immigrés canadiens sans trop de formalités puisque la plupart ont perdu leurs papiers d’identité lors du désastre du tremblement de terre. Le gouvernement du Québec se montre d’accord si le nombre permet de bien les intégrer dans la société québécoise. Plusieurs organismes d’aide supportent l’idée et blâment même le Canada de ne pas réagir.

Du côté du Canada, on ne dit pas non, mais on ne dit pas oui. Quelques membres du gouvernement aiment cette idée de la réunification des familles et se montrent favorables.

D'autres, par contre, et non les moindres prétendent que le pays sera inondé de demandes si on entrouvre la porte. Ils soulignent que tous les prisonniers de la geôle de Port-au-Prince, environ 4 000, se sont évadés et que plusieurs de ceux-ci risquent de se retrouver parmi les demandeurs. Ils se questionnent sur le fait que le Canada accepterait des Haïtiens et non des individus du Darfour ou d’autres régions du monde où les populations souffrent autant. Ils soulignent que notre système d’immigration est aligné sur nos priorités et que nous faisons exception pour des réfugiés politiques tout en affirmant que les Haïtiens ne sont pas dans ce cas. Ils rappellent qu’aucune loi canadienne ne prévoit l’acceptation d’étrangers sur la base que leur nation est pauvre, non fonctionnelle ou même affligée par une tragédie. Il estime que, si c’était le cas, des milliers d’individus d’Afrique et d’Asie auraient droit d’entrer au Canada. Ils sont favorables pour que le Canada fasse tout pour aider les Haïtiens mais refusent la demande de la diaspora car, prétendent-ils, elle ne respecte pas nos lois. Par contre, ils suggèrent au gouvernement à la lumière de la « grande catastrophe » haïtienne qu’il réexamine ses lois et que s’il croit raisonnable de les modifier, qu’elles deviennent applicables dans l’avenir à tous les individus qui vivront des crises similaires dans tous les pays du monde. Le gouvernement du Canada ne doit pas se laisser influencer par tous les reportages journalistiques qui traitent actuellement intensément de la situation affreuse en Haïti. Réagir en de telles circonstances, disent-ils, peut créer des lois qui ne sont pas raisonnables à long terme.

Même si les arguments précédents semblent bien logiques, je ne partage pas cette opinion car la crise actuelle en Haïti est unique. C'est la plus grande que les Nations-Unies aient eu à gérer, selon son secrétaire général, depuis qu’elle a été créée. À mon avis, il faut aider le plus possible les Haïtiens. L’immigration additionnelle de quelques milliers d’individus est un geste positif dans ce sens et elle ne nuira pas à l’économie canadienne.

Il y a aussi les orphelins haïtiens qui se dénombraient avant la « grande catastrophe » à près de 400,000. Aujourd’hui, ce chiffre a sûrement augmenté considérablement. On ne peut laisser ces enfants là-bas au moment où chaque individu doit se battre pour conserver sa vie. Déjà les USA, en ont récupéré 80. Mais les autres ? Je crois que les Nations-Unies devraient en prendre immédiatement l’entière responsabilité et trouver, dans les plus brefs délais, des adultes, dans les pays du monde, prêts à devenir des parents adoptifs. Cela peut se faire très vite et ainsi des milliers de vies seront sauvées.

La situation de la nation haïtienne est extrêmement grave. Il faut tout faire pour aider. L’accélération de l’immigration vers plusieurs pays, dont le Canada, et l’adoption massive des orphelins contribueront à soulager ceux qui souffrent et qui ne peuvent quitter ce pays.

Claude Dupras

vendredi 15 janvier 2010

Haïti : plus qu’un « plan Marshall »

En 1947, le président américain Harry Truman acceptait la proposition de son secrétaire d’état, le général Georges Marshall, pour aider à la reconstruction de l’Europe. Le plan visait à aider financièrement les États dévastés par la deuxième guerre mondiale pour qu’ils entreprennent, le plus vite possible, de rebâtir leur pays, solidifier leur économie, relancer leur agriculture, etc… Ce fut un très grand succès, au point que depuis on n’hésite pas à proposer « un plan Marshall » pour solutionner les grands problèmes de la terre, comme l’a fait Al Gore, récemment, en ce qui a trait au réchauffement climatique. Depuis le tremblement de terre de Port-au-Prince, plusieurs observateurs, journalistes et blogueurs proposent « un plan Marshall » pour aider les Haïtiens dans cet affreux drame qui encore une fois les accable.

J’ai visité Haïti quatre fois dans ma vie. Ma curiosité pour ce pays me venait de mon temps de collège où mon meilleur ami était Haïtien. Pensionnaire comme moi, il devait cependant rester au collège les weekends car sa famille demeurait à Port-au-Prince. Ce fut le premier noir que je connus. Il avait été très heureux lorsque le président Haïtien, Élie Lescot, de passage à Montréal, rendit visite au collège Notre-Dame. Ce fut la première fois que je voyais un président de pays et je n’oubliai jamais la prestance, la douceur et la bonté qui émanaient de cet homme. Il me donna le goût de son pays.

Ma première visite fut en 1961 du temps de « Papadoc » Duvalier. Le pays était beau et intéressant, les touristes nombreux, les Haïtiens agréables, respectueux, fiers de leur pays. Hommes proprement habillés, femmes très coquettes, ils étaient beaux et semblaient heureux malgré leur pauvreté évidente. Je découvris le merveilleux art haïtien d’artistes-peintres et de sculpteurs de grand talent et achetai quelques belles pièces que j’ai toujours. L’année suivante, j’y retournai et y passai, avec des amis, un très bon temps. Je visitai alors des écoles financées et dirigées par la communauté des Frères des Écoles Chrétiennes et celle des Frères Sainte-Croix.

Vingt ans plus tard, du temps de « Bébédoc » Duvalier, les affaires m’appelèrent là-bas. C’est là que je compris le niveau de corruption qui régnait dans les hautes sphères d’affaires. Je visitai alors plusieurs entreprises manufacturières où se fabriquaient toutes sortes d’articles comme les balles de baseball des ligues professionnelles américaines, des spirales en plastique pour les cahiers, etc… Je fus surpris du mauvais traitement que réservaient les industriels riches à leurs employés qui travaillaient dans les pires conditions. De leur côté, les serviteurs et servantes de la famille qui m’invitait à Pétionville étaient traités sans égard ni compassion. Je revins au Canada, dégoûté, et ne recherchai plus de mandat d’ingénierie dans ce pays.

Enfin, il y a quelques années, toujours curieux de revoir la situation là-bas, je retournai pour une dernière visite. Il y avait alors peu de touristes, plusieurs entreprises manufacturières fermées, le club Med aussi, les religieux partis, leurs écoles fermées, Port-au-Prince en décadence, la ville moins propre, les pauvres plus pauvres mais toujours proprement habillés avec un air fier qui en disait long sur leur résistance au malheur. Et lorsque je leur disais que j’aimais Haïti, un grand sourire apparaissait sur leur visage. Plus grave encore, un très grand nombre d’individus de la classe moyenne étaient partis vivre à l’étranger, poussés par le désespoir et la violence qui s’amplifiait chez les jeunes. Conséquence de la corruption, plusieurs Fondations de charité étrangères avaient dû leur couper les vivres parce que leurs dons ne se rendaient pas à ceux qui en avaient vraiment besoin. Je revins découragé pour les Haïtiens.

Je repris confiance lorsque Aristide fut élu président. Prêtre, il avait été vicaire à Montréal et je le voyais intègre. L’armée corrompue eut vite raison de lui et il dût se réfugier dans un autre pays. Il revint au pouvoir avec l’aide des USA mais fut chassé à nouveau.

Il y a quelques mois, Bill Clinton était nommé envoyé spécial des Nations-Unies pour Haïti. Ma confiance reprit. Sur place, la présence de l’ONU s’accrut ainsi que celle de représentants de groupements charitables venant de plusieurs pays du monde, comme « Médecins Sans Frontières ». Un peu de progrès commençait à se montrer le nez mais les Haïtiens portaient toujours la guigne et le pays après avoir été balayé, durant les dernières années, par des ouragans extrêmement dévastateurs, vient de subir la « grande catastrophe ». Un tremblement de terre, de force 7,0 à l’échelle Richter, qui en quelques minutes détruisit tout la capitale de Port-au Prince. Palais présidentiel, édifices gouvernementaux, cathédrale, hôpitaux, écoles, bâtiments de l’ONU, maisons en hauteur, maisons privées, magasins, grandes surfaces, réseau électrique, etc… Tout s’écroula comme un château de cartes. Morts par dizaine de milliers, blessés par centaines de milliers, un bilan horrible se révèle.

Les pays du monde se mobilisent pour venir en aide à cette population, les dons individuels affluent. Tout à coup, le monde entier est sensible au sort des Haïtiens. Mais demain ? Comment faire pour sortir les Haïtiens de leur misère éternelle, une fois pour toutes ? Comment permettre aux jeunes d’obtenir une bonne éducation, aux parents des emplois, aux familles une vie meilleure, une bonne qualité de vie et de l’espoir pour l’avenir ?

Je crois que la « grande catastrophe » est l’opportunité qui peut permettre aux Haïtiens de s’en sortir définitivement ? Le monde entier veut aider, surtout les gens de notre hémisphère qui souffrent mal, par remords surtout, la présence dans leur milieu d’un des pays les plus pauvres de la planète.

Une aide financière à la « plan Marshall » n’est pas suffisante car le pays n’a pas les entreprises ni les hommes ni les femmes capables d’entreprendre la reconstruction totale d’Haïti. Il n’a pas, non plus, les politiciens pour gérer une telle entreprise en toute efficacité et probité. Le pays doit être mis en tutelle par l’ONU. Celle-ci pourrait mandater un groupe de pays de former un consortium pour le rebâtir complètement aux standards modernes. Il ne s’agit pas seulement de refaire les bâtiments, les infrastructures et la reforestation mais aussi de fournir les formateurs, les enseignants, le personnel médical et les spécialistes de tous domaines pour appuyer ceux qui existent, pour en entraîner de nouveaux et bien les intégrer dans la société haïtienne. Déjà ce travail se fait dans certains domaines comme celui de la police. Il s’agit de l’étendre à l’ensemble des professions et métiers. Puis, avec le temps, les lois et des règlements actuels pourront être amendés pour assurer qu’une telle catastrophe n’ait pas les mêmes conséquences dans l’avenir. La reconstruction générale du pays créera des milliers d’emplois pour les Haïtiens qui ne demandent pas mieux. Travailler avec un salaire raisonnable pour subvenir aux besoins de leur famille ne peut que les motiver. Petit à petit, le gouvernement retrouvera sa légitimité.

Dans cette situation, je suis certain qu’une grande partie de la diaspora haïtienne reviendra au pays à cause des opportunités nouvelles et de la qualité de vie qu’il offrira. Qui ne préfère pas le soleil des Caraïbes au froid canadien ?

Il est certain qu’une telle entreprise sera gigantesque et sa réalisation longue, mais elle en vaudra la peine car un peuple entier sera sauvé et pourra vivre normalement.

Claude Dupras

mercredi 13 janvier 2010

Le savon de Charest à Harper : une erreur

Autant je ne suis pas en accord avec les politiques environnementales du PM canadien Stephen Harper, autant je suis en désaccord avec le « savon » qu’a repassé hier, en public, le PM québécois Jean Charest au premier ministre du Canada. J’ai trouvé cette scène télévisée disgracieuse et injustifiée.

Cette confrontation a eu lieu hier lors de la rencontre conjointe des premiers ministres avec la presse qui suivait une cérémonie officielle où les deux gouvernements annonçaient un premier projet conjoint de production de méthane à partir de déchets organiques, visant à réduire les gaz à effets de serre.

À son retour de Copenhague, le PM Harper avait sermonné le PM Charest, et le PM d’Ontario, pour n’avoir pas accepté le principe que le Canada à l’étranger ne parle que d’une voix. Le PM Charest a cru bon revenir sur le différent, entre lui et Harper, qui a éclaté au grand jour lors de la conférence internationale sur le climat. Dans une réponse à une question d’un journaliste, il a martelé à nouveau son désaccord et répété avec force et avec un ton teinté d’agressivité que le Québec a droit d’exprimer ses positions où il le veut. Face à l’éclat de Charest, Harper a maintenu son sang froid et n’a pas bronché.

Les Québécois et les autres Canadiens sont au courant des positions de chacun et se rappellent les suites de Copenhague. Il ne servait à rien hier de reprendre ce débat puisque cela ne change rien. De plus, ce n’était pas l’endroit pour le faire. D’abord, le projet est destiné à réduire les GES. Il est financé presqu’également par les deux gouvernements et ce n’est que le premier de plusieurs (on en prévoit près d’une quarantaine d’autres). Il est situé dans un comté qui au provincial est détenu par les Libéraux et au fédéral par les Conservateurs. Ce qui est remarquable, c’est que le député conservateur l’a remporté, à la surprise générale, lors d’une récente élection partielle alors que les politiques du PM Harper étaient connues. Donc les électeurs québécois de ce comté ont voté pour Harper nonobstant ou à cause de ses positions environnementales. Qui sait ?

Charest n’avait pas à ressasser tout cela. Il est important que le PM du Québec maintienne de bonnes relations avec le PM du Canada. Ce dernier est un politicien tout-puissant. Un genre de dictateur démocratique. Il décide de tout, seul. Actuellement, le PM Harper est minoritaire au parlement et a besoin de l’opposition pour faire voter ses projets de lois. Mais le jour où il sera majoritaire, et ce jour n’est peut être pas loin, il fera ce qu’il voudra car son caucus le suit fidèlement. C’était ainsi sous Trudeau, Mulroney, Chrétien et les autres.

Ce pouvoir du PM du Canada lui permet d’acquiescer, à son gré, aux demandes nombreuses qui lui parviennent des provinces, des entreprises et de la population. Il peut prendre des décisions importantes pour le Québec comme l’a fait l’ex-PM canadien Paul Martin, et c’était une première canadienne, lorsque ce dernier a accepté que le Québec soit libre de dépenser à sa guise les argents fédéraux dédiés à la santé. Charest a pris l’argent et a opté pour des baisses d’impôts aux particuliers. J’ai toujours pensé que Martin avait alors fait un grand pas politique en rapport avec le droit de dépenser du gouvernement fédéral, qui lui est conféré par la constitution. Ce droit est l’instrument d’influence du gouvernement fédéral dans les affaires qui relèvent des provinces et le PM Martin a été le premier a accepté que l’argent prévu pour le programme de santé canadien puisse être dépensé autrement au Québec. C’est un bel exemple du pouvoir discrétionnaire du PM du Canada. Ce jour-là, Martin a rendu une grande faveur aux Québécois.

En brusquant publiquement le PM canadien, Charest a fait une erreur de tactique. Ce fut un geste inutile. Il se peut que les Québécois dont le sentiment nationaliste est à fleur de peau soient heureux du « show » de Charest, mais il nuira éventuellement au Québec. De son côté, le PM Harper eu une réaction parfaite en affirmant : « même si les gouvernements sont en désaccord de temps en temps, on ne cesse jamais de travailler ensemble ». Ma réaction à cette affirmation fut: " Oh yea ! ". Belle déclaration pour la galerie mais malheureusement la politique ne fonctionne pas ainsi. À mon avis, Harper n’est plus motivé pour aider Charest et les projets qu’il acceptera de financer dans l’avenir au Québec, le seront s’ils sont à l’avantage de son parti ou du Canada. L’erreur de Charest risque de nous coûter cher!

Claude Dupras

lundi 11 janvier 2010

La politique politicienne canadienne

Le parti libéral du Canada vient d’entreprendre une campagne publicitaire négative contre le PM Stephen Harper sur les ondes de la télévision et le la radio. Il cherche à le diminuer dans l’opinion publique afin de reprendre du poil de la bête dans les sondages. Il imite ainsi le Parti Conservateur du Canada d’Harper qui par deux fois a fait de telles campagnes. Dans un premier temps, pour salir la réputation de l’ex-chef libéral Stéphane Dion et récemment, pour dénigrer le chef actuel Michel Ignatieff. Dans les deux cas, ces campagnes ont apporté leurs fruits puisque les deux chefs visés ont plongé dans les sondages quelque temps après.

J’avais alors dénoncé ce type de publicité et je le fais encore aujourd’hui. Comment avoir confiance dans nos hommes et femmes politiques s’ils s’adonnent à de telles pratiques d’insinuations mensongères qui n’ont rien à voir avec les problèmes qui nous confrontent ? C’est la raison pour laquelle les citoyens s’intéressent de moins en moins à la politique.

Cette tactique politique de salir impunément l’adversaire nous vient des campagnes électorales américaines où elle est utilisée abondamment par les républicains américains. Ce sont les Conservateurs actuels qui ont initié les Canadiens à cette propagande. Les Libéraux l’avaient alors dénoncée fortement avec raison et décriée sur tous les toits. Dion, un homme d’une intégrité absolue, avait rejeté les suggestions venant de son parti pour répliquer de la même façon car il refusait absolument d’abaisser le débat politique à ce niveau de ruelle. Malheureusement, Ignatieff vient de décider d’imiter Harper et cherche à salir son adversaire. Ce n’est pas à son honneur.

Michel Ignatieff est un bon homme. Il a l’intellect et la préparation pour bien diriger le Canada. Son malheur c’est qu’il ne démontre pas qu’il a le sens politique capable de rallier les Canadiens à sa pensée. Il est loin d’être un Trudeau, un Chrétien, un Diefenbaker ou un Mulroney, pour ne mentionner que ceux-là. Il donne l’impression qu’il n’y a pas dans son entourage des personnes capables de l’aider à gravir les marches du pouvoir.

Un bon exemple est la prorogation du parlement par le PM Harper. Voilà un geste inique. Certes Ignatieff a réagi et a attaqué cette décision de son adversaire mais sa parole s’envole et ne laisse pas de trace. Ce sont les éditorialistes et les intellectuels du Canada qui font la bataille. Ce sont eux qui soulèvent les citoyens contre cet affront à la démocratie canadienne. Certes le sujet est difficile à comprendre et c’est justement pourquoi c’est à Ignatieff que revient la responsabilité de bien l’expliquer aux Canadiens afin qu’ils reconnaissent l’ampleur de la faute. Ils doivent comprendre que la prorogation est une mesure exceptionnelle pour temps de crise ou pour relancer un gouvernement qui a complété l'essentiel de son programme législatif et non un moyen pour servir les intérêts du parti au pouvoir, que la décision du PM est une tentative de mettre fin à la controverse des détenus afghans et le désir de prendre le contrôle total des comités du Sénat grâce aux cinq nouveaux sénateurs qu’il nommera bientôt et qui lui donneront une majorité conservatrice à la chambre rouge, pour la première fois.

De l’ouest à l’est, comme vient de le souligner Le Devoir, on peut lire des analyses solides dans les éditoriaux des journaux pour contrer les raisons invoquées par le PM pour justifier la fermeture du parlement pour trois mois.

Dans l’ouest, où le PC est fortement majoritaire, le Calgary Herald qualifie la décision de «coup politique cynique» et de «calcul politique brut». L’Edmonton Journal, d’« une manoeuvre politique évidente» qui «est répréhensible et déshonorante». Le Regina Leader-Post parle « d’un premier ministre canadien qui manipule le système pour accommoder ses intérêts politiques » et d'un « mépris jamais vu pour les principes démocratiques ». Le Winnipeg Free Press souligne que « les politiciens devraient se rappeler que les causes nobles ne font pas fi des principes, elles s'appuient sur eux ».

En Ontario, l’Hamilton Spectator affirme que cela « n'a rien à voir avec ce qui est bon pour le Canada, la démocratie ou les Olympiques, mais avec ce que Harper croit bon pour les conservateurs fédéraux » et qu’ « il s'agit d'un abus effrayant du processus démocratique, ce qui n'était pas l'intention derrière le mécanisme de la prorogation ». L’Ottawa Citizen parle de « l'arrogance » du PM et souligne qu’il ne rate pas une occasion « d'être cynique, secret et radicalement partisan, même quand cela n'est pas nécessaire » et conclut « cela est devenu une bien laide habitude ». Le Globe and Mail de Toronto explique « ces gestes sont une insulte à l'endroit du Parlement, y compris à l'endroit de la gouverneure générale Michaëlle Jean, et ne servent qu'à rabaisser les institutions nationales du Canada ».

Quant à l’éditorialiste montréalais de La Presse, André Pratte, il écrit « Stephen Harper est arrogant? Oui. Partisan? À l'excès. Ce n'est pas une raison pour décrire la prorogation comme s'il s'agissait d'un coup d'État ». Je n’ai entendu personne qualifier ainsi la prorogation.

Michel Ignatieff ne semble pas capable de saisir la balle au bond. Au lieu d’engager une campagne négative contre la personne de Stephen Harper, c’est sur le sujet de la prorogation que devrait porter ses « spots » publicitaires avec des arguments qui sont réels, tels : que notre pays est en guerre, qu’un débat sur notre politique de défense devient nécessaire, que le parlement est la seule institution capable de demander des comptes au gouvernement, que la prorogation prend sa vraie dimension dans l’examen de tout le comportement de ce gouvernement, que les comités de la chambre des commune et du sénat sont en pleine action, que 106 projets de lois sont au feuilleton, etc.

Le PM Harper s’avère être un expert de la politique politicienne. Il sera difficile à déloger de son poste de PM car, comme sa machine électorale qui est bien rôdée et financée, il est prêt à tout faire pour gagner. Il sait que les élections sont un commerce d’images et d’illusions. Il n’hésite pas à abuser des traditions parlementaires, avec une arrogance autocratique, pour ses propres fins. C’est là la dimension du défi de l’opposition et particulièrement du parti libéral du Canada. Michel Ignatieff doit trouver d’ici la prochaine élection le moyen de s’imposer dans l’opinion publique. Il ne peut constamment changer de position ou utiliser des arguments qui ne frappent pas le clou sur la tête. Il ne doit pas s’abaisser au niveau des tactiques de son adversaire pour gagner. S’il continue sur la voie actuelle, il est foutu et son parti aussi. Il doit être perçu comme un grand homme, solide, convaincu et prêt à être le leader du pays. Il doit être suffisamment habile et un pédagogue convaincant pour secouer l’opinion publique et la sortir de sa torpeur. En est-il capable ? J’en doute.

Claude Dupras

vendredi 8 janvier 2010

Une réforme parlementaire pour le Canada ?

Pour la deuxième fois en un an, le PM Stephen Harper vient de proroger le parlement canadien alors que le gouvernement a d’importants dossiers à discuter dont celui du scandale de la torture des prisonniers Afghans aux mains de soldats canadiens.

Lorsque j’ai entendu la nouvelle, il y a quelques jours, j’ai sursauté. Je ne croyais pas que le PM aurait l’audace d’agir ainsi, puisque même si son parti est minoritaire il n’y avait aucun danger qu’il soit renversé. De plus, les débats étaient chauds pour le parti conservateur et importants à la Chambre des Communes et aux comités parlementaires. Ce n’était pas un temps propice pour les bâillonner. Malgré que la rumeur de la fermeture du parlement circulait dans la presse, depuis plusieurs semaines, elle me semblait impensable pour un PM qui se vante d’être démocrate et qui a fait ses dernières élections sur l’importance de respecter le parlement. C’est quand même hors du commun dans une démocratie qu’un homme, même s’il est un premier ministre tout-puissant, puisse décider seul de fermer le parlement pour trois mois. Le système parlementaire britannique qui nous gouverne n’a sûrement pas été mis en place pour favoriser une telle situation honteuse. Cela n’est pas possible aux USA, ni en France mais ce l’est dans les républiques bananières d’Afrique et d’ailleurs où règnent des dictateurs.

Je viens de voir et d’écouter le PM Stephen Harper dans une interview télévisée et c’est du revers de la main qu’il a rejeté la question pertinente d’un journaliste sur ce sujet. Il prétend que les Canadiens ne sont pas intéressés par cette question qui, dit-il, « n’est pas une priorité pour la population ». Il laisse croire que sa décision est normale. Or, un sondage, qui sort à l’instant où j’écris ce texte, montre que 58% des Canadiens ne sont pas d’accord avec cette décision et seuls 20% l’appuient. Ils veulent un bon gouvernement qui travaille fort. En quelques jours plus de 100,000 internautes se sont enregistrés sur un site Facebook pour critiquer la décision, et le nombre croit à vue d’œil. Le PM se trompe dans son analyse et l’arrogance qu’il démontre depuis un certain temps ajoutée à son imperméabilité aux critiques, affectent, de plus en plus négativement, sa popularité comme le démontre le sondage qui indique aussi que l’avance des Conservateurs sur les Libéraux a fondu de la moitié.

L’important magazine anglais « the economist » vient de critiquer aussi cette décision et affirme que le PM Harper ne pense qu’à « ses propres intérêts ». L’éditeur est surpris et ridiculise l’argument du PM à l’effet qu’il ne peut gérer l’économie, assister aux Jeux Olympiques de Vancouver et sièger au parlement, en même temps. Plusieurs diront : « il ne peut marcher et mâcher en même temps ».

Un tel geste ne fait que corroder davantage la confiance que les Canadiens ont dans leurs institutions politiques. Ne démontre-t-il pas, encore une fois, qu’une réforme en profondeur de notre système parlementaire devient de plus en plus nécessaire pour assurer que les principes de base de la démocratie soient respectés au Canada ?

Claude Dupras

mardi 5 janvier 2010

L’entente Hydro-Québec / Power NB, un nouveau Meech ?

Les premiers ministres du Québec et de sa province voisine, le Nouveau-Brunswick (NB), viennent de signer un accord important en vue de l’achat par Hydro-Québec (HQ) de tous les biens de la société Power NB. Cette entente du 29 octobre dernier doit se concrétiser par une loi de l’assemblée législative du NB avant le 31 mars 2010, suite à une consultation populaire. L’HQ vise le marché d’électricité américain qui croît sans cesse et veut renforcer sa position de fournisseur d’énergie propre aux américains du nord-est.

Les conditions de cette acquisition par HQ en font une très bonne affaire pour le Québec et pour le NB. Mais elle comporte un danger politique qui a été souligné récemment par l’ex-ministre péquiste Richard Le Hir dans le journal « le Devoir ». Il craint que « tout ce que le pays compte de démagogues et de pêcheurs en eaux troubles va se mobiliser pour fustiger une opération qui accroît sensiblement l’emprise de l’Hydro-Québec sur le marché de l’électricité dans le nord-est du continent ». Le Hir va plus loin et ajoute que le débat qui commence « risque de devenir le déversoir de tous les préjugés anti-Québécois qui prolifèrent et pestilencent au Canada ». En somme, pense-t-il, un nouveau débat à la « Lac Meech » nous guette.

Déjà les PM de Terreneuve et de Nouvelle Écosse regimbent.

L’entente HQ-NB est une première au Canada car c’est la première fois qu’une province veut prendre le contrôle et la gérance d’une société de la couronne appartenant à une autre province. NB Power doit devenir une société subsidiaire de HQ. Le sénateur canadien Lowell Murray, un des fiers artisans de l’entente du lac Meech, souligne, dans un document qu’il a préparé récemment, que le parlement canadien a des intérêts dans ce dossier et ne peut rester indifférent ne serait-ce qu’à cause de l’avenir du centre nucléaire de Point Lepreau qui fait partie de l’entente puisque le Canada a juridiction sur l’énergie atomique. Il y a plus, puisque l’entente touche d’autres juridictions fédérales comme le commerce interprovincial, le commerce international et le sujet du transfert d’une juridiction législative à une autre province.

La raison des critiques de Terreneuve et la Nouvelle-Ecosse est qu’ils craignent que des barrières soient élevées par HQ en rapport avec le transport de leur électricité vers les USA. Selon l’entente, l’opérateur actuel indépendant, qui assure le transport de l’électricité au travers du territoire du NB, sera acquis par HQ qui assumera ce rôle puisqu’elle détiendra toutes les interconnections du système intégré de transport d’électricité actuelles et futures au NB. On peut comprendre les craintes exprimées par les compétiteurs de HQ, qui, ne sentent pas rassurés et s’inquiètent malgré que la constitution canadienne prévoie que le parlement canadien peut intervenir et corriger une situation d’abus par une province en rapport avec l’énergie.

Ces provinces ne sont pas les seules qui se posent des questions. Il y a aussi les États américains de la Nouvelle-Angleterre et de New York. Comme importateurs et acheteurs, leurs intérêts résident dans la fourniture d’électricité par plusieurs sources à prix compétitifs. Déjà le PM du Québec, Jean Charest, a été convoqué par certains gouverneurs de ces États pour discuter des effets de l’entente sur leurs marchés futurs et réclamer des garanties d’HQ. Ces gouverneurs ne se montrent pas entièrement satisfaits et comptent sur le Canada pour assurer que l’entente HQ-NB réaffirmera les principes historiques et les pratiques passées des échanges commerciaux entre les deux pays.

En rapport avec l’autorité législative du NB, l’entente spécifie clairement que la souveraineté du NB demeure intacte exceptée dans le cas de la génération, de la transmission et de la distribution de l’électricité. Sur ce sujet, le NB a cédé ses droits, pour toujours.

Il est clair que le gouvernement du Canada doit intervenir avant que la législation soit présentée. Il ne peut oublier ses responsabilités pour des raisons politiques comme il semble tenté de le faire. Le temps est venu. Il doit jouer son rôle et, sans remettre l’entente en jeu, répondre de façon satisfaisante aux frustrations des provinces qui contestent l’entente et agir pour amenuiser les craintes des gouvernements des états américains du nord-est. Cela permettra d’éviter des poursuites judiciaires, sur un ou plusieurs des aspects de l’entente, qui pourraient en remettre l’application ad vitam aeternam.

De son côté, le gouvernement du Québec doit reconnaître l’importance des oppositions qui s’élèvent et tout faire pour les calmer et les accommoder.

En agissant promptement, nos gouvernements faciliteront la concrétisation de l’entente et la préparation de la législation dans le temps prévu. Ils nous feront éviter aussi un débat politique acrimonieux qui aura plus à faire avec le passé que le futur, et qui, comme écrit Le Hir, « ne pourra se solder que par la défaite des uns et des autres avec les risques politiques que cela comporte pour l’avenir du Québec et du Canada ».

Claude Dupras