vendredi 29 juin 2012

Si j’étais séparatiste québécois, je voterais pour Harper

Il n’y a pas de meilleur propagandiste pour la cause de la séparation du Québec du Canada que le premier ministre du Canada, Stephen Harper. Jamais n’ai-je vu un parti fédéral, le parti conservateur (PC), voter autant de lois qui vont à l’encontre des désirs des Québécois. C’est comme s’il « faisait exprès » pour nous narguer.

J’ai été membre actif du parti progressiste-conservateur du Canada (PPC) durant une longue période sous des chefs comme Diefenbaker, Stanfield, Clark, Mulroney, Campbell et Mackay. Jamais, un de ces leaders n’a posé de gestes allant si délibérément contre les opinions exprimées par les Québécois. Lorsque Mackay a fusionné notre parti avec le Reform party, parti droite-de-la-droite, dirigé par Harper et qui, par opportunisme électoral, avait changé son nom pour Alliance Canadienne, j’ai compris que je ne pouvais plus appuyer cette formation politique et j’ai quitté avec regret la barque PPC. Tout comme plusieurs autres membres de mon parti en commençant par Joe Clark, Lowell Murray, Flora Macdonald et des centaines d’autres…

Depuis 2005, j’ai écrit 32 billets de mon blog sur les politiques d’Harper et celles de son gouvernement conservateur.

Le soir de sa victoire électorale du 2 mai 2011, lorsqu’Harper a obtenu la majorité absolue des sièges à la Chambre des Communes et cela malgré qu’il n’ait gagné que cinq des 75 comtés du Québec, il affirma vouloir gouverner le Canada dans l’intérêt de tous les Canadiens et il s’adressa particulièrement aux Québécois pour les assurer qu’il ferait tout pour regagner leur faveur. À ce jour, le contraire est la vérité.

Son bilan en rapport avec les Québécois est largement négatif malgré le protocole d’entente sur l'harmonisation des taxes de vente du Canada et du Québec par lequel le gouvernement du Québec a reçu 2,2 milliards de $. Le Québec a empoché, toute proportion gardée, la même chose que les autres provinces canadiennes.

Environnement, sables bitumineux, pipeline, justice, criminalité des jeunes, registre des armes, Afghanistan, militarisme, patronage, bilinguisme, nominations d’unilingues, financement des partis, carte électorale, valeurs mobilières, rencontres fédérale-provinciale, monarchie, dette, financement santé, avortement, et encore… sont tous des sujets où Harper a agi sans vraiment tenir compte de l’opinion québécoise. Jamais depuis le PM Robert Borden avec sa loi concernant le service militaire qui mena à la crise de la conscription de 1917, a-t-on vu un premier ministre canadien se foutre si systématiquement des Québécois.

Et voilà, que soudainement, à l’occasion de la fête nationale des Québécois et Québécoises du 24 juin dernier, Harper a fait son apparition au Québec avec 19 de ses ministres, dont les plus influents. Il a choisi pour ce faire le petit village de Saint-Narcisse-de-Beaurivage, près de Québec, qui compte 1 100 habitants et qui se situe dans un des rares comtés représentés par un député conservateur. Jamais un village canadien n’a reçu la visite d’autant de dirigeants canadiens importants en même temps ! Un record ! « C’est pour faire comprendre aux Québécois qu’on les aime » affirma le ministre Christian Paradis, lieutenant du Québec pour le PC.

C’est quoi cette mise en scène, cette comédie, cette mascarade, cette pantalonnade ? Il a peur de qui le PM pour ne vouloir rencontrer que quelques Québécois alors que tous sont en liesse et débordants de joie ? Pourquoi cette réunion a-t-elle été si microscopique, si contrôlée, si cachée et annoncée à la dernière minute comme s’il visitait un territoire ennemi ? Pourquoi le PM n’a-t-il pas voulu, avec son extraordinaire contingent ministériel, célébrer la fête nationale, à quelques kilomètres de là, en compagnie de centaines de milliers de Québécois réunis dans la capitale. Où encore à Montréal où il y en avait encore plus ? Ou en régions comme à Chicoutimi, à Rimouski, à Sherbrooke ou ailleurs ?

Cela démontre bien jusqu’à quel point Stephen Harper ressent l’impact de son impopularité, générée par sa façon de gouverner comme si le Québec n’existait pas. Il dit maintenant vouloir se rapprocher des Québécois, mieux les comprendre et agir avec eux. Quels commentaires hypocrites ! Maintenant qu’il a fait tous ses mauvais coups ! Maintenant qu’il a détruit le registre des armes, renié Kyoto, imposé le bâillon pour son bill omnibus sur la justice criminelle et autres, nommé tous ses amis unilingues anglais à de hauts postes gouvernementaux qui ont toujours nécessité des personnes bilingues, choisi comme porte-paroles francophones du gouvernement deux députés anglophones de l’Alberta qui sont bilingues, etc.. etc… voilà qu’il dit vouloir dorénavant nous écouter. Pour qui nous prend-t-il ? Il dit reconnaître la nation québécoise mais il agit comme si elle n’existait pas.

Le seul bon point que j’accorde à Harper c’est la façon avec laquelle il gère notre économie. Il a investi au bon moment pour contrer la crise de 2008 et, aujourd’hui, il sait serrer la ceinture pour retrouver un budget balancé. C’est important pour notre avenir, mais est-ce suffisant pour les Québécois ? Je ne le crois pas. Ces derniers reconnaissent qu’il a démontré un certain leadership dans ce domaine, mais ils savent qu’il est incapable de tenir compte de leurs sensibilités politiques particulières. En somme, Harper n’est le premier ministre que d’une partie des Canadiens puisqu’il a démontré ne pas être celui de la nation québécoise.

Harper se doit de trouver des Québécois d’envergure pour aider son gouvernement et pour remonter la côte au Québec. Entre temps, il devrait reconnaître que Maxime Bernier est un député populaire, bien éduqué, qui a de l’étoffe et qui sait se tenir debout. Lorsque ce dernier est apparu sur la scène politique, j’avais dans un billet prédit qu’il serait un jour PM du Canada. Depuis, je le suis, l’analyse, lis ses discours dans le Hansard et ailleurs et je crois encore dans ma prédiction. Certes il a fait des erreurs, il était jeune, responsable d’un gros ministère malgré son peu d’expérience politique. Un grand nombre de bons politiciens ont fait des erreurs mais sont revenus plus forts. Car ce qui compte, c’est leur caractère, leur sincérité, leur engagement, leurs idées, leur capacité de parler et de se faire comprendre, leur qualité de leadership… Bernier a tout cela. Harper devrait le nommer son lieutenant du Québec et remplacer Paradis, qui « ne fait pas la job ». Bernier, bien appuyé, pourrait devenir un grand politicien et aider le parti conservateur à se ressaisir face au Québec. On le dit trop à droite, je le vois migrer peu à peu vers le centre-droit où se sont situés les partis progressistes-conservateurs du passé.

La situation politique au Québec est particulière, comme toujours. L’annonce du déclenchement prématuré d’une élection générale est dans l’air. Elle peut arriver dans les prochains mois. À ce jour, il est difficile d’en prédire le résultat. Mais il y a des indices qui sont inquiétants pour le premier ministre Jean Charest et son parti libéral. En effet, la récente élection complémentaire d’Argenteuil a résulté, contre toute attente, dans l’élection du candidat du parti Québécois. Ce comté, qui depuis près de 50 ans était libéral, vient de basculer dans le camp des péquistes. C’est une surprise révélatrice !

On sait aussi que les électeurs votent généralement « contre », surtout après de longues années de pouvoir d’un parti. Ils veulent du changement. C’est pourquoi, même si Pauline Marois, cheffe du parti Québécois, est impopulaire, il est fort possible, dans les circonstances actuelles, qu’elle devienne premier ministre et forme le prochain gouvernement. Les séparatiste-indépendantistes-souverainistes seraient alors au pouvoir et cela pourrait vouloir dire qu’il est possible qu’en 2015, un nouveau référendum sur la séparation du Québec du Canada soit déclenché par ce gouvernement péquiste.

Et qui défendra la position Canada lors de ce référendum ? Dans le passé ce fut deux premiers ministres de grande envergure, Pierre Elliot Trudeau et Jean Chrétien. En 2015, ce sera Stephen Harper. Oh !

Les séparatistes auront aussi un problème de porte-paroles. Il n’y a pas parmi eux actuellement de Jacques Parizeau ou de tribun de la force de Lucien Bouchard qui à lui seul est venu près de convaincre les Québécois de faire le grand saut lors du référendum de 1995. Quant à Pauline Marois, elle n’a ni le charisme ni le pouvoir d’entrainement pour assurer une victoire référendaire à son clan. Mais l’effet négatif de Harper sera tellement dévastateur pour la cause fédéraliste que cela aidera la cause des séparatistes-indépendantistes-souverainistes, que Marois soit convaincante ou non.

Si j’étais organisateur séparatiste, je ferais campagne pour garder Harper au pouvoir. C’est une stratégie qui aiderait ma cause.

Claude Dupras

jeudi 21 juin 2012

Où en sera la France dans cinq ans ?

Depuis son accession à la présidence de la France, François Hollande s’applique à devenir ce qu’il qualifie de président normal. Ce qui est nécessaire pour la France et l’Europe c’est qu’il soit un « bon » président. Bon dans le sens du leadership, de la compétence, de l’efficacité et du réalisme.

Avec son parti socialiste qui vient d’obtenir une grande victoire électorale qui lui assure une majorité absolue à l’assemblée nationale et un sénat qui est aussi majoritaire pour lui, le président Hollande a tous les atouts pour agir et faire en sorte que la France et l’Europe puissent sortir de la crise de l’euro et de la crise économique qui déferlent sur le continent. La période de l’électoralisme est terminée et l’heure de vérité est arrivée.

Pour avoir une première idée où va Hollande, on peut analyser les quelques mesures, les positions et les orientations politiques qu’il a prises à ce jour en rapport avec les intérêts stratégiques à long terme de la France et de l’Europe.

Le premier décret voté par le conseil des ministres fut le retour de la retraite à 60 ans. Il ne touche qu’un peu plus de 125 000 personnes mais coûtera selon le Conseil d’Analyse Économique (CAE) français près de 5,5 milliards d’euros. Cette décision va à l’encontre des recommandations du FMI, de l’OCDE et de la Commission européenne et a été prise pour rencontrer une des promesses électorales du candidat Hollande.

L’ex-président Nicolas Sarkozy avait eu le courage politique d’augmenter l’âge de la retraite de 60 à 62 ans, nonobstant d’immenses manifestations d’opposition dans les villes de France. Il en a payé le prix à l’élection, malgré qu’il ait agi pour le bien des Français.

De plus, Hollande va annuler la « TVA sociale » adoptée par l’ancien gouvernement pour stimuler la compétitivité des industries et la création d’emplois, comme ce fut le cas dans plusieurs pays européens. La TVA devait être augmentée pour compenser la baisse de 13 milliards des charges de cotisations sociales, alors que le « coût du travail » diminuerait de 5%. Dans un billet précédent, j’ai expliqué mon appui avec cette politique car je sais combien elle stimulera l’engagement de nouveaux employés par les petits entrepreneurs et commerçants, aux prises avec des charges exorbitantes. C’est grâce à une mesure semblable que l’Allemagne a connu un rebond économique. Son initiateur, l’ex-chancelier Gerhard Schröder, fut battu aux élections qui suivirent mais le nouveau gouvernement d’Angela Merkel n’annula pas cette réforme qui s’avéra très efficace.

L’autre challenge important est la nécessité de diminuer les dépenses gouvernementales. Hollande a diminué les salaires des ministres de 30% et cherche à avoir un train de vie de président plus bas que celui de son prédécesseur. Ce ne sont que des « peanuts », comme on dit au Québec. Mais, comme Hollande veut appliquer intégralement son programme électoral, il est clair que cela se traduira par une augmentation importante des dépenses gouvernementales.

La France a déjà les dépenses publiques les plus élevées d’Europe et c’est cela qui nuit à la compétitivité fiscale de ses entreprises. Le déficit doit disparaître peu à peu. Pour ce faire, Hollande a deux choix : couper massivement dans le budget ou augmenter drastiquement les impôts et taxes. Il annonce vouloir opter pour la deuxième option en mettant l’accès sur les riches et les sociétés. Si son nouveau gouvernement va de l’avant avec cette approche, la CAE estime, qu’aujourd’hui à 2013, près de 300 000 emplois devront être supprimés.

Le premier ministre britannique David Cameron, voyant venir les augmentations imposantes de taxes en France vient d’inviter les entreprises françaises et leurs dirigeants à s’établir au Royaume-Uni où le taux d’imposition privé vient d’être diminué et où celui des sociétés sera de 22% par rapport au 34% actuel de la France.

Le président Hollande dit vouloir activer la croissance par la consommation. Pour financer cela, il propose de surtaxer davantage la production. Il «veut aligner les taux de fiscalité de l’épargne sur ceux du travail même si déjà les revenus de l’impôt sur le capital en France, qui touchent le secteur de la production et les personnes les plus productives, sont trois fois plus élevés qu’en Allemagne». Il a annoncé qu’il allait taxer les dividendes des entreprises. Sur ce dernier point, l’économiste Christian Saint-Étienne rappelle « …quand on investit en actions ou en obligations, on supporte un risque en capital important. On va fiscaliser les gains sans compenser les pertes ».

Le paradoxe, c’est qu’Hollande promet d’une part de sauver les compagnies en faillite en créant un ministère à cet effet, alors que de l’autre, il s’apprête à surtaxer celles qui fonctionnent bien. Certains malins disent que c’est préparer les faillites de demain.

En proposant de faire le contraire de ce qui doit être fait, le président Hollande semble ignorer la réalité économique de la France. Il est évident que ce qu’il propose ajoutera à la crise de compétitivité du pays en limitant le développement des entreprises, le travail des entrepreneurs et celui des créateurs au moment où le France traverse un violent ouragan de compétitions économique, fiscale et sociale.

Le président Hollande changera-t-il d’approche ? En homme intelligent, il doit comprendre, sûrement, qu’il ne peut respecter toutes ses promesses électorales simplement pour pouvoir dire qu’il l’a fait. C’est beau promettre toutes sortes de choses alléchantes pour obtenir des votes mais la responsabilité présidentielle dicte qu’une fois au pouvoir, le président doit agir avant tout dans l’intérêt supérieur de la nation.

En dirigeant politique responsable, il doit à ses électeurs d’écouter les voix des économistes français ou autres experts qui conseillent le gouvernement. Il ne peut se laisser impressionner par des questions de droite ou de gauche mais plutôt par le bon sens économique et pratique. Nonobstant les difficultés politiques qui accompagnent les décisions qui s’imposent, le président Hollande doit agir avec courage et les faire adopter. L’avenir de la France en dépend. Celui de l’Europe aussi. Agira-t-il comme un grand homme politique !

Sinon, on peut se demander dès aujourd’hui jusqu’à quel point seront affectés négativement la production industrielle et le système social de la France, à la fin du quinquennat Hollande ?

Claude Dupras

dimanche 3 juin 2012

L'utilisateur-payeur et la prochaine élection québécoise

Les représentants des étudiants québécois en grève ne veulent rien « savoir » ! Encore une fois, ils l’ont démontré lors des récentes sessions de négociations avec le gouvernement du Québec. Pour eux, c’est tout ou rien. Le gouvernement a beau proposer d’atténuer l’impact financier de l’augmentation des frais de scolarité, rien n’y fait.

Dans mes billets précédents, j’ai appuyé la position des étudiants. Comme eux, je ne suis pas d’accord avec cette hausse puisqu’elle va à l’encontre du principe de « l’accessibilité pour tous » à l’éducation universitaire.

Mais ce n’est pas l’opinion d’une majorité de Québécois et surtout ce n’est pas celle du gouvernement élu par notre peuple. Je l’ai vite réalisé suite aux messages de désapprobation que j’ai reçus après la publication de mes billets. En outre, malgré que les nombreuses manifestations publiques d’appui aux étudiants soient impressionnantes, elles ne peuvent être obligatoirement l’élément-déclencheur d’un changement de direction de la politique gouvernementale.

Je comprends bien les responsabilités du premier ministre Jean Charest et du ministre des finances qui doivent assurer que les finances québécoises soient équilibrées et saines. Nous avons trop dépensé depuis 1960. Au point qu’aujourd’hui, si le Québec devenait indépendant il serait le cinquième pays le plus endetté de la planète. Voir, ci-contre, le tableau 2008 de l’OCDE (réf. S. Taylor).
La réalité économique nous a rejoints. Nous devons dorénavant chercher et trouver des moyens différents et originaux pour générer l’argent nécessaire au maintien de nos programmes sociaux suite aux baisses importantes d’impôts que les gouvernements péquistes et libéraux ont accordées durant les 10 dernières années.

Le premier ministre Jean Charest a affirmé, lors de sa dernière rencontre avec les médias que la question de la hausse des frais scolarités pourra être décidé lors de la prochaine élection générale du Québec, d’ici dix-huit mois. A mon avis, c’est plus que cela qu’il faut discuter. Le débat devra porter sur la politique de l’utilisateur-payeur qui consiste à « faire payer par le consommateur le coût réel de l’utilisation d’un bien ou d’un service gouvernemental ». Le gouvernement québécois la généralise de plus en plus et l’applique maintenant sur les autoroutes, les ponts, les entrées dans les parcs nationaux, la contribution à la santé, etc.. La hausse des frais de scolarité n’est qu’un autre exemple puisque les étudiants sont appelés à payer davantage pour leur éducation. Et cela, malgré que ce principe d’utilisateur-payeur n’ait pas été pleinement discuté sur la place publique.

A première vue, pour plusieurs citoyens, cette nouvelle politique de taxation semble juste et équitable. Mais l’est-elle ? Vu son importance et les effets négatifs qu’elle peut avoir pour les moins nantis et de façon plus large sur le concept de ce que plusieurs se font de la société, j’estime que le temps est venu de se fixer sur cette question et le bon moment d’en débattre sera durant la prochaine élection générale. Le concept de pollueur-payeur, différent d’utilisateur-payeur, pourrait aussi faire partie de la discussion afin que nous puissions tous nous prononcer sur le principe de ces taxes relativement nouvelles.

Je n’approuve pas les étudiants dans la poursuite irraisonnée de leurs manifestations puisque les conséquences sont trop déplaisantes et négatives pour Montréal et sa population. Il est temps qu’ils se calment et agissent aussi comme des citoyens responsables. Ils doivent obéir aux lois, même à la loi 78, et aux règlements municipaux, même à celui des « masques ». Dans une démocratie basée sur le droit, la désobéissance civile est intolérable et ceux qui cherchent à la mousser ont tort et doivent être convaincus d’arrêter.

J’estime que les étudiants et ceux qui s’opposent à la politique utilisateur-payeur n’auront pas à attendre longtemps pour faire valoir leur point. Il me semble évident que l’élection aura lieu bien avant 18 mois, soit en septembre ou en octobre 2012. La probabilité est grande que les révélations de la Commission Charbonneau, qui vient de commencer ses enquêtes sur l'octroi et la gestion des contrats publics dans l'industrie de la construction québécoise, fassent mal aux partis politiques, et particulièrement au parti libéral. Comme la Commission ajournera au 17 septembre ses audiences publiques après l’interrogation du premier témoin, l’ex-chef de police de Montréal, je crois que le PM Charest déclenchera l’élection à une date plus rapprochée afin que lui et son parti ne soient pas empêtrés dans les rumeurs et les déclarations intempestives qui sortiront des audiences.

De plus, la grève des étudiants nous a dévoilé et fait comprendre, jour après jour, la mutation profonde de notre société qui se réveille, conteste, réclame et qui en a assez de tout ce qu’elle entend et constate, que ce soit vrai ou faux. Elle n’en peut plus d’être abreuvée, presque quotidiennement, par les sottises et les attitudes mesquines de politiciens, les scandales ou les pseudo-scandales, les attaques personnelles, les dépenses exagérées de toutes sortes, les salaires trop élevés des principaux dirigeants, les injustices, le jeu de l’influence, les manigances, le non-respect des lois et des règlements, les discours mensongers, les médias qui amplifient exagérément la réalité pour fins d’audience et encore, encore….

Tout çà est très malsain pour les Québécois et Québécoises puisque leur confiance dans leur l’État est minée et affecte négativement la paix sociale. Seule, à ce moment-ci, une élection générale permettra de faire la part des choses et de s’entendre non seulement sur la question de l’utilisateur-payeur mais aussi d’éliminer la gangrène qui nous ronge.

Alors que le Parti Libéral veut stimuler le développement économique en réduisant les impôts grâce à l’utilisation accentuée du principe de l’utilisateur-payeur, le Parti Québécois propose de le ralentir ou même de stopper le mouvement. Il veut, entre autres, annuler la contribution santé, suspendre la hausse des frais de scolarité, « réduire certains avantages fiscaux et augmenter l’impôt des plus riches ». Enfin, un vrai débat en perspective sur cette question capitale.

Le plus vite possible serait mieux.



Claude Dupras