vendredi 31 août 2012

Et pourquoi pas Legault et la CAQ ?

Il a fondé Air Transat, il a été ministre de la santé et ministre de l’éducation du Québec, il a démissionné du Parti Québécois (PQ) et a créé un nouveau parti politique : la Coalition Avenir Québec (CAQ), il réussi à convaincre le parti de l’Action Démocratique (ADQ) de se faire hara-kiri et de joindre sa coalition, il a convaincu des péquistes et des libéraux à s’unir à lui. Voilà quelques grandes lignes du cheminement de François Legault, chef de la CAQ, et aspirant premier ministre du Québec.

Un très grand nombre de Québécois et de Québécoises furent impressionnés par lui. Durant des mois, il occupa la place d’honneur dans les sondages et son parti semblait assuré de la victoire, s’il y avait élection. Normalement, je n’aime pas les vires-capot sauf ceux qui bougent sur des questions de principes. Je me méfie des opportunistes politiques. Je crois en la sincérité de ceux qui oeuvrent pour un parti politique.

Puis, les choses ont changé. L’image de Legault devint moins enivrante et il s’exprimait mal. J’ai cru qu’il était politiquement terrassé. J’ai eu tort. L’élection a été déclenchée et il a présenté un programme politique audacieux de 94 engagements précis, une « bouffée d’air frais » qui s’adresse aux vrais problèmes du Québec et à son avenir. Son équipe de candidats a beaucoup de classe. Depuis, le vrai Legault se dévoile et il surprend tous les jours.

Excellent lors des « débats des chefs », Legault grimpe à nouveau dans l’opinion publique. À ce jour, il est deuxième et la première place est à sa portée. Sa franchise perce l’écran et son approche est pragmatique et rafraîchissante.

En rapport avec les finances publiques, Legault veut récupérer de l’argent en améliorant l’efficacité dans la santé, l’éducation et l’Hydro-Québec (HQ) qui représentent 90% des dépenses gouvernementales. Il veut aussi que cesse cette habitude de politiciens de dire « oui » à tout le monde et d’utiliser « la carte de crédit des enfants » pour payer la réalisation de promesses électorales qui ne sont pas prioritaires pour le bien du Québec.

Profitant des retraites de fonctionnaires pour les cinq prochaines années, Legault ne veut remplacer que 12 000 des 15 000 qui quitteront le gouvernement et 2 000 des 6 000 à l’HQ. Il veut aussi faire « bouger les structures » du gouvernement pour s’adapter au temps présent comme le fit avec succès le gouvernement canadien. Pour justifier ces changements, il applique la méthodologie du « benchmarking » qui consiste à comparer statistiquement nos ministères et nos sociétés publiques avec d’autres semblables dans le monde.. « C’est en regardant ce qui se fait ailleurs qu’on peut comprendre que nous sommes inefficaces dans plusieurs domaines » dit Legault. C’est le cas d’Hydro-Québec vis-à-vis BC Hydro de la Colombie Britannique.

Il veut assurer que chaque Québécois ait enfin un médecin de famille. Alors qu’en Allemagne et au Royaume-Uni la moyenne annuelle des patients par médecin est de 1 600, elle n’est que de 700 au Québec. Pour atteindre son objectif, Legault propose de fixer le seuil de patients par médecin à 1 000 et d’augmenter les rémunérations des omnipraticiens pour les motiver à travailler plus pour gagner plus. De son côté, le Dr. F-P. Gladu, président de l’Association des Jeunes Médecins du Québec, confirme clairement son accord en ajoutant « il ne manque pas de médecins au Québec ».

Legault propose d’éliminer les 72 Commissions Scolaires (69 francophones et trois anglophones) qui assurent les services éducatifs au primaire, au secondaire, en formation professionnelle et à l’éducation des adultes et de les remplacer par trente-neuf « Centre des Services » pour subvenir aux besoins des écoles. Pour l’ACQ, c’est à l’école et à son maître de décider et de prendre les décisions en rapport avec l’éducation de ses élèves, avec les budgets qu’on lui alloue. Il veut diminuer le roulement des enseignants dans les écoles, actuellement de 40%, en imposant des contrats de 3-5 ans à la même école afin qu’ils demeurent dans la même institution. Il réclame des écoles autonomes comme celles qui fonctionnent très bien en Europe et veut qu’elles soient évaluées sur la base de leurs résultats et de leur performance comme on fait en France. De même pour les hôpitaux et les sociétés d’État dont l’HQ.

Legault déplore qu’au Québec le décrochage soit de plus de 20%, alors que pour les écoles juives du Québec et de nombreux autres établissements scolaires dans le monde, seul 1% d’étudiants lâchent leurs études. C’est un drame pour notre société et Legault dit avoir la solution. Il veut inculquer à notre jeunesse des valeurs de base comme viser la meilleure éducation possible, l’effort et le dépassement de soi afin qu’elles deviennent son mode de vie.

Legault réclame un nouveau contrat social au Québec. Il veut que nous ayons les meilleures écoles, les meilleurs enseignants, etc. En somme, il refuse le dicton « né pour un petit pain ». Comprenant les raisons de notre courte tradition d’affaires, il veut valoriser l’entrepreneurship et les créateurs. Il souligne que les jeunes Ontariens sont deux fois plus nombreux que les jeunes Québécois à être attirés par l’entrepreneurship. Il propose des cours d’entrepreneurship, avec des mentors venant du monde des affaires et du capital de risque disponible.

Legault croit que l’HQ peut réduire ses dépenses de 600 millions et cite le rapport de l’homme d’affaires montréalais Claude Garcia qui a évalué que des coupures d’un milliard six cent millions de dollars sont possibles. Legault considère, avec raison, que l’Hydro vit les problèmes d’un monopole. Il cite, par exemple, le dépassement de 26% des budgets de construction des barrages établis sur la base des plans et devis. Il s’assurera que l’HQ soit plus efficace.

Legault veut établir une enquête sur la vente par l’HQ des droits pétroliers sur les gisements sous l’ile d’Anticosti. De plus, il souligne que Terre-Neuve s’apprête à pomper le pétrole de l’important gisement « Old Harry » qui est à cheval sur le Québec et Terre-Neuve dans le golfe du Saint-Laurent. Il décrie le « tournage en rond » au Québec et blâme les individus au ton et aux arguments dogmatiques qui s’opposent à ce projet. Alors que le Québec a une dette de 350 milliards, ces mêmes personnes s’opposent à tout développement qui pourrait nous permettre de la rembourser.

En rapport avec les redevances perçues par le Québec sur le développement minier ou pétrolier, Legault est réaliste et affirme qu’un niveau de redevances trop haut éloignera les investisseurs. Il préconise des participations du Québec dans le capital-actions des compagnies minières pour les grands projets, car il reconnaît que « le gouvernement n’a pas d’expertise pour exploiter les ressources naturelles ».

Face au départ du Québec de 20% des sièges sociaux, durant les dix dernières années, Legault veut agir pour arrêter ce fléau. Il déplore la perte des emplois à bons salaires que ces sièges sociaux généraient. Il souligne les conséquences néfastes du départ des départements d’achats de ces compagnies puisqu’ils ne sont plus à proximité des sous-entrepreneurs ou fournisseurs québécois à qui ils donnaient des contrats ou de qui ils achetaient des produits.

Legault veut diminuer la dette du Québec de 13 milliards en cinq ans en lui attribuant toutes ses redevances minières. Il veut rétablir l’écart de richesse des Québécois qui est passé du quatrième au neuvième rang au Canada.

Le lendemain de son élection, il veut voter la « loi 1 sur l’Intégrité » et propose d’installer un « triumvirat d’incorruptibles », pour assurer que la collusion et la corruption ne prennent pas prise dans le futur. Il sera composé de Jacques Duchesneau, l’ex-chef de police de Montréal, de la députée Sylvie Roy et de Maud Cohen l’ex-présidente de l’Ordre des Ingénieurs. Pour Legault, l’élimination de la corruption est un préalable essentiel à tout développement.

Legault refusera à ses députés et ministres tout contact personnel avec ceux qui veulent oeuvrer pour le gouvernement et leur rappellera que « le bon jugement » est meilleur qu’une loi.

Pour Legault, les dix prochaines années doivent être dédiées à « faire le grand ménage » dans la structure gouvernementale et à relancer l’économie. Pour lui, il n’y a pas de place pour des débats stériles sur l’indépendance du Québec, ni sur la signature de la constitution canadienne pour corriger l’erreur de 1982. « Point final » dit-il, en ajoutant « On n’a pas de temps à perdre ! ». Les problèmes qui confrontent le Québec et ceux des jeunes sont trop importants et nécessitent tous les efforts.

Si le PQ gagne, Legault affirme qu’il fera tout pour combattre l’imposition d’un référendum. Il affirme que ce référendum serait la pire chose autant pour les fédéralistes que pour les séparatistes puisque les Québécois perdraient leur temps dans des débats stériles. Il veut garder un horizon ouvert pour permettre au Québec de se développer. Il dénonce les « purs et durs » séparatistes (les caribous) qui veulent, grâce à la formule du référendum d’initiative populaire déclencher un référendum sur la séparation du Québec.

On peut d’ailleurs trouver sur internet les opinions de ces caribous qui suggèrent aux souverainistes de se rallier momentanément à Pauline Marois pour faire élire le Parti Québécois, ajoutant qu’ils pourront après l’élection « reprendre leur liberté de manœuvre » afin d’imposer leurs points de vue au nouveau gouvernement et forcer un référendum.

Après l’avoir écouté attentivement et lu son programme qui touche toutes les facettes de la politique québécoise et que l’on peut retrouver sur internet, je crois que François Legault a bien fait ses devoirs puisqu’il propose des solutions originales pour aider le Québec à devenir plus efficace. Avec lui, un effort est requis de tous. Ses explications ont du sens. Legault veut, avant tout, que les jeunes Québécois soient prêts à prendre leur place dans un Québec vraiment renouvelé.

Son approche d’''homme d'affaires'' enchante et plait à la communauté d'affaires mais est-ce une philosophie efficace lorsqu'il est question de bien diriger le Québec ? Gérer un état et gérer une ''business'', ce sont deux « animaux » complètement différents. C’est vrai. Mais, il faut reconnaître que François Legault est pragmatique et réformateur. Il est un homme d’affaires doublé d’un homme politique (comme ministre) qui vise des résultats tangibles et positifs, osant même des propositions bien ciblées. Il a démontré qu’il est sensible à la realpolitik. S’il accède au pouvoir, on peut s’attendre à un grand coup de balai au Québec.

Plusieurs des adversaires de Legault estiment que son approche est irréaliste et inapplicable à cause du refus des syndicats de fonctionnaires qui voudront protéger leurs acquis. Il est certain que si on laisse tomber les bras, rien ne se fera alors que tout doit être fait. On ne peut sûrement pas laisser les syndicats décider de l’avenir du Québec. Contrairement à ses opposants qui émettent de tels arguments pour minimiser son enthousiasme et son réalisme dans l’opinion publique, je crois que les dirigeants syndicalistes sauront reconnaître que le Québec a de graves problèmes et qu’il doit évoluer rapidement. C’est dans l’intérêt de tous les Québécois et Québécoises, dont eux.

Comme dirigeant politique, j’aime ceux qui ont la foi et qui ont réussi dans la vie. En disant « Oui, on est capable », Legault est logique avec lui-même et offre aux Québécois, un avenir plein de lueurs d’espoir.

Est-il le bon choix dans les circonstances actuelles ?

Claude Dupras

mercredi 22 août 2012

Charest à 35%. Et s’il gagnait…

Depuis les sondages de CROP et de Léger Marketing, la rumeur veut que le Parti Québécois remporte la prochaine élection, majoritaire ou minoritaire. Tous les commentateurs radios et télévisions ont embarqué dans la même charrette et agissent comme si c’était un fait accompli.

Je suis un de ceux qui pensent que le Parti Québécois (PQ) va gagner cette élection et je l’ai écrit, mais ce n’est pas suite aux sondages que j’ai fait mon analyse. C’est surtout à cause du « temps au pouvoir » qui use normalement un gouvernement et de la campagne anti-charestiste, entreprise il y a quelques années, qui a peint Jean Charest comme un homme corrompu à la tête d’un gouvernement corrompu. Combien de blogueurs, journalistes, commentateurs et analystes ont laissé entendre que c’était la vérité, sans vraiment posséder de preuves concrètes ?

Jean Charest a agi concrètement pour dénicher les coupables de corruption et de collusion dans la construction afin de les punir, qu’ils soient ministres, députés, ou membres de son parti. Il a aussi fait voter des lois anti-corruption, mis en place une unité policière UPAC qui apporte des résultats impressionnants et il a créé la commission Charbonneau qui entreprend une large enquête sur toutes les spirales d’allégations dans le domaine de la construction.

Jusqu’aux débats, la campagne de Pauline Marois, chef du PQ, se déroulait bien. Son image est parfaite. Elle a l’air d’un premier ministre. Elle est bien coachée par ses « faiseurs» d’images. Elle a un « plan de match » et l’a suivi religieusement, jusqu’au débat. Tout allait bien dans le meilleur des mondes.

Mais le débats sont arrivés. Et là, elle a fait des faux pas. Certes, Jean Charest, malgré son expérience comme « debatter » a eu l’air par moment arrogant, énervé, mais il a frappé sans cesse le clou sur la tête et Marois est tombée dans le panneau.

Pauline Marois a affirmé sans détour qu’elle veut un référendum pour séparer le Québec du Canada. Elle fera tout, dit-elle, pour en avoir un. Erreur… Elle a oublié momentanément que la grande majorité des Québécoises et des Québécois ne veulent pas de référendum et veulent demeurer canadiens.

De plus, Marois a parlé de la langue française au Québec. Elle a affirmé, que nonobstant qu’il y ait 800 000 anglophones au Québec, elle refuse de participer à un débat politique en langue anglaise parce que, dit-elle, la langue officielle au Québec est le français. De plus, elle a affirmé qu’elle changera les lois sur la langue forçant tout Québécois voulant devenir candidat à un poste électif au Québec, même le plus petit, à prouver qu’il maîtrise la langue française. Elle a ainsi disqualifié des centaines de milliers de Québécois qui ne parlent que l’anglais ou une autre langue. De plus, elle a ajouté que cela inclus les autochtones, dont un très grand nombre ne parle ni le français ni l’anglais. Donc, un Québécois anglophone ne pourra devenir commissaire du Protestant School Board de sa municipalité et un autochtone du village nordique québécois Kuujjuaq ne pourra être conseiller municipal, et cela même si leurs commettants veulent l’élire à ce poste. Quelle belle démocratie Pauline Marois nous prépare ! Je suis certain qu’une large majorité de Québécois n’approuve pas une telle étroitesse d’esprit.

Quant à la section du débat touchant la corruption, celle où Jean Charest devait se faire accabler, Pauline Marois a déçu avec son argumentation basée seulement sur des allégations non prouvées. Jean Charest s’en est relativement bien sorti, selon les commentateurs politiques.

Le vrai visage de Pauline Marois a été dévoilé durant les débats et cela lui fera inévitablement mal. Je crois que les Québécois ont l’esprit plus ouvert que Pauline Marois ne le pense. Elle en a désappointé plus d’un avec ses positions électorales sur le référendum, la langue et la corruption.

Un premier signe des réactions au débat a été donné ce matin par la firme Forum Research (FR) d’Alberta. Le sondage annonce une grande surprise, un revirement spectaculaire des sondages précédents. Il place Le parti libéral à 35%, le PQ à 29%, la Coalition Avenir Québec (CAQ) à 24% Québec solidaire (QS) à 9%. J’ai peine à y croire, même si j’estimais que la prestation de Pauline Marois aux débats lui coûterait des votes.
Quelques uns diront que ce sondage ne vaut rien puisqu’il vient d’Alberta, hors du
Québec, au pays des fédéralistes et de la province de Stephen Harper, le PM canadien.

Le « Forum Poll” est un sondage de l’opinion publique canadienne et reconnu comme le plus fiable du pays. Il s’intéresse au pouls des canadiens en rapport avec la politique fédérale, provinciale ou municipale. Il a prédit précisément plusieurs élections passées incluant les récentes de l’Alberta, de l’Ontario et de la Saskatchewan. L’équipe de programmeurs et d’analystes du « Forum Poll » est dirigée par Lorne Bozinoff Ph.D. qui s’occupe de sondage depuis les trente dernières années dont six à la tête du « Gallup Poll. Il a été un des premiers à prédire la montée de Jack Layton.

Il ne faut pas prendre ce dernier sondage avec un grain de sel. Si j’étais organisateur de Pauline Marois, j’en analyserais toutes les données sérieusement.

Claude Dupras

samedi 18 août 2012

Un gouvernement péquiste …. la surprise Marois

Bon, c’est fait ! 100% des collégiens ont décidé de mettre fin à leur grève contre la hausse des frais de scolarité et de reprendre leur semestre perdu. Même ceux des collèges du Vieux Montréal et de Maisonneuve, dont une poignée de collégiens qui avaient voté pour la continuation lors d’un premier scrutin, ont repris cette votation pour se déclarer prêts à reprendre leurs cours.

Il reste une vingtaine de mille étudiants universitaires qui ont à décider s’ils veulent être diplômés cette année ou lors d’années futures.

Ce fut tout un évènement que cette grève étudiante qui a non seulement ébranlé le gouvernement mais qui aura permis à plusieurs Québécoises et Québécois de mieux saisir l’ensemble des problèmes qui confrontent leur société et son avenir.

Durant toute cette période difficile, je considère que Jean Charest et son gouvernement du Québec ont réagi de façon responsable devant l’insouciance des dirigeants étudiants. Dans un premier temps, ils ont proposé un changement important à leurs propositions originales qui visait à diminuer appréciablement le fardeau financier scolaire des étudiants issus de familles moins nanties afin de faciliter à tous l’accès à l’université. Il a été refusé.

Face à la violence que la grève a suscitée, Jean Charest a dû imposer la loi 78 pour punir ceux qui l’engendraient et pour faciliter la légalité des manifestations. Avec son ministre de l’Éducation, il a vu à la réorganisation des cours du semestre printanier avec ceux de l’automne afin que les grévistes puissent reprendre leur semestre dès le milieu d’août. Il a aussi fait valoir que ceux qui n’acceptaient pas de rentrer en classe perdraient leur semestre.

Tout cela a finalement fait comprendre le bon sens aux étudiants et a éloigné leur désir de grève, comme vient de l’admettre un dirigeant du mouvement radical étudiant LA CLASSE.

On a accusé Charest de vouloir empêcher les manifestations en exigeant, par la nouvelle loi, qu’elles et leur parcours soient connus huit heures d’avance. Pourtant dans les grandes villes du monde, comme Paris, c’est deux, trois ou quatre semaines avant l’évènement que la demande d’autorisation de manifester doit être déposée. Ces accusations ridicules et tellement d’autres ont ajouté au anti-charestisme qui a été entrepris, il y a plus de deux ans, à l’Assemblée Nationale du Québec par le Parti Québécois (PQ) lors d’une des plus déplorables sessions parlementaires que le Québec ait connue.

On se rappellera que Pauline Marois qui occupait, à ce moment-là, la place d’honneur dans les sondages a vu s'effriter l’opinion publique la supportant. Son leadership a alors été longuement et fortement discuté et mis-en-danger. Les démissions de députés importants ont suivi. Mais « la madame » est forte, expérimentée et elle a réussi, à l’encontre de ce que pensaient les observateurs avertis, à se maintenir à la tête du parti et même à renforcer sa position. Impressionnant !

Normalement, la reprise des cours par les étudiants suite au plan Charest devrait lui bénéficier électoralement. Mais les sondages d’hier, même s’ils n’ont pas tenu compte de la fin de la grève, nous indiquent que ce ne sera probablement pas le cas puisque les réponses des sondés démontrent que le temps et les arguments anti-charestistes font de l’effet. Neuf ans de pouvoir pour un chef politique au Québec, c’est long… Surtout pour un politicien québécois dont la personne a été et est toujours si salie par ses adversaires. On le traite de corrompu alors qu’il est un honnête homme; de méchant néolibéral alors qu’il a implanté des lois sociales importantes pour les familles, les jeunes et les personnes âgées; de traître à la nation, à cause de son opinion fédéraliste, alors qu’il s’est dédié au Québec et a porté le message et l’image du Québec comme pas un dans le Canada et dans le monde. Et… je pourrais continuer cette liste de récriminations injustes envers lui.

À ce jour, la campagne électorale est surprenante. François Legault, chef du nouveau parti Coalition Avenir Québec (CAQ) a connu un bon départ grâce à la présentation d’une équipe de candidats composée de femmes et d’hommes qui ont fait leur marque dans la société. Le PQ a fait de même avec une équipe de candidats impressionnants et prêts à servir. Le parti Libéral suit dans la même ligne. Il est fort satisfaisant de constater le grand nombre d’individus qui se lèvent pour servir les Québécoises et les Québécois. Depuis l’« équipe du tonnerre » de Jean Lesage et l’équipe extraordinaire de René Lévesque, je ne me rappelle pas d’un si grand nombre d’individus de qualité qui s’offre dans une élection générale pour diriger notre société. Rafraîchissant !

Évidemment, tout n’est pas encore joué, puisque les débats n’ont pas encore eu lieu. Mais il devient apparent, par les derniers sondages, que le PQ consolide ses positions à la tête du peloton autour de 34% avec une intention de votes chez les francophones de 39%.

Si la tendance se maintient, le PQ peut gagner le plus grand nombre de comtés et diriger un gouvernement majoritaire. Cela ressemblera étrangement à la situation du gouvernement Conservateur (PC) à Ottawa qui avec 39,6% de suffrages a gagné sa majorité, à la Chambre des communes, tant critiquée par les péquistes et autres sous prétexte qu’elle ne représente pas le Québec. Ce bas pourcentage d’appuis qui permet de former un gouvernement majoritaire est le fruit du régime parlementaire britannique qui est le nôtre. C'est un système politique pratique puisqu’il assure normalement qu’un parti peut gouverner. Si nous avions la représentation proportionnelle, réclamée par plusieurs, le partage des députés se feraient selon le pourcentage de votes obtenus par chaque parti. Avec un tel système, le Canada et le Québec auraient eu dans le passé, plus souvent qu’autrement, des gouvernements minoritaires avec toutes les disputes et l’inefficacité qu’ils engendrent.

Jean Charest a fait beaucoup pour le Québec et à cause de ses propositions actuelles mérite une réélection. Par contre, j’entends de plus en plus de Québécois qui me disent : « je suis "tanné" des chicanes et d’entendre parler de corruption, il faut remplacer Charest… ». Ils n’ont rien de vraiment grave à lui reprocher. Plusieurs l’aiment, mais c’est comme çà. Et, ils ajoutent : « Un gouvernement péquiste ce n’est pas si pire que l’on dit ! ». Il y a du vrai dans cette dernière affirmation si on se rappelle toutes les années pendant lesquelles le PQ a été au pouvoir. À l’exception de la période de Lucien Bouchard et celle de Bernard Landry avec son immense scandale de la Gaspesia, je crois que l’on peut dire que les gouvernements péquistes ont été bons. Quant à Bouchard, il a tout détruit en coupant sauvagement dans les budgets sans considérer les conséquences : santé, municipalités, transports, fonctionnaires…

Pauline Marois au pouvoir va proposer la « gouvernance souverainiste ». Elle veut exiger du gouvernement d’Harper un transfert important de responsabilités gouvernementales, d’Ottawa à Québec. En somme, elle veut tout pour que le Québec devienne un pays, dans le Canada. « Nous allons repousser à sa limite le carcan constitutionnel canadien. Nous allons exiger de nouveaux pouvoirs, le rapatriement d'espaces fiscaux, les budgets dans des domaines comme la langue, l'environnement, la culture, le développement économique, l'immigration ». Elle veut l'adoption d'une constitution et d'une citoyenneté québécoises et également réclamer les pouvoirs de l’assurance-emplois, les budgets pour le développement international, le droit de représenter et de parler au nom du Québec dans les organismes internationaux, etc.

Marois sait que le Canada ne cédera presque rien parce qu’il ne peut céder puisqu’il est une fédération. « Et ce sera là », dit-elle, « la démonstration que le Québec doit devenir indépendant et être un vrai pays ». La stratégie référendaire de Marois est cousue de fils blancs et n’annonce que de grandes batailles politiques stériles et beaucoup de « tiraillages » à l’horizon ! Pas très bon pour l’économie !

Quel Québécois conservateur à Ottawa parlera au nom du fédéralisme canadien et de ce qu’il apporte aux Québécois ? Malheureusement, le PC a peu à offrir comme porte-parole… sauf peut être un Beauceron… mais son temps n’est pas venu.

On voit bien toute l’importance de cette élection de 2012.

Claude Dupras

samedi 11 août 2012

Élection québécoise : Le fonds des choses

C’est un départ électoral qui annonce une vraie surprise. Bien malin aujourd’hui est celui qui peut prédire le résultat de l’élection générale au Québec. D’autant plus que depuis les cinq dernières années, les Québécois sont devenus des électeurs imprévisibles comme ils l’ont démontré avec Mario Dumont, Jack Layton et Gilles Duceppe.

Dumont, chef de l’Action Démocratique du Québec (ADQ), parti qu’il avait fondé quelques années auparavant, est venu à un cheveu d’être premier ministre du Québec à l’élection de 2007 mais il a dû se contenter d’être chef de l’opposition officielle avec 41 députés (le PM Jean Charest en avait obtenu 48). En l’élection de 2008, il se retrouva avec 7 députés. Le « bon Jack » Layton, en 2011, fit élire 59 députés NPD alors que le parti n’en n’avait jamais eu plus d’un. De son côté, Duceppe qui devait augmenter le nombre de ses 47 députés du Bloc Québécois à la Chambre des communes se réveilla avec quatre députés. Tout ou rien, pas de milieu.

La médiatisation à outrance et les réseaux sociaux qui mettent en relief toutes les opinions, toutes les critiques, mêmes mensongères, ajoutent à la confusion de l’électeur. Ce dernier peine à s’identifier vraiment avec sa classe politique malgré qu’en bon démocrate, il continue de voter. De leur côté, les habiles stratèges politiques profitent de la période électorale pour tout faire pour l’influencer momentanément afin qu’il s’oriente vers leurs poulains. Malheureusement, trop souvent, il est victime de chimères et les lendemains lui font comprendre que tout n’était que le fruit de vaines imaginations et d’illusions. À la longue, cela génère une insatisfaction profonde et un mépris envers la politique et ses joueurs.

Voilà pourquoi, il doit doubler d’attention, bien jauger ce qui se dit et les commentaires qui en résultent, ne pas se laisser influencer trop vite et attendre à la fin de la campagne électorale pour prendre sa décision après avoir tout bien pesé, comparé, analysé et ressenti.

J’ai cru, et je crois encore, que la question de la loi et de l’ordre est un sujet important de cette élection. Suite à la démission du jeune leader étudiant du mouvement radical la CLASSE, Gabriel Nadeau-Dubois (GND), plusieurs observateurs ont jugé bon de l’encenser pour ses grandes qualités, nonobstant qu’il ait prêché et dirigé la désobéissance civile contre la loi 78 (devenu loi 12) qui a résulté dans des violences et des intimidations inouïes envers les étudiants et les enseignants qui voulaient retourner en classe. Ils ont aussi conclu que cela n’aidera pas électoralement Jean Charest prétextant qu’il y avait en GND le symbole du non-respect de la loi et de l’ordre et que ce dernier n’étant plus là, ses arguments ne colleraient plus. Je ne partage pas cet avis car j’estime que Charest ne peut sortir que gagnant-gagnant de la contestation estudiantine.

Plusieurs collégiens ont déjà voté majoritairement pour le retour aux études dans leur collège respectif. D’autres, pour la continuation de la grève. La votation continue… malgré que la démocratie étudiante ne soit pas vaillante puisque le nombre de ceux qui s’expriment par vote est ridiculement bas. Si, malgré tout, les contestataires empêchent, le 15 août, les étudiants de rentrer en classe, Charest gagnera des points politiques. Si la rentrée se fait dans l’ordre, Charest gagnera encore plus de points car il pourra affirmer, avec raison, que sa loi a réglé le problème de la contestation étudiante et qu’il a su réorganiser les cours afin que les grévistes puissent reprendre leur semestre perdu.

La venue de l’ex-chef de police de Montréal, Jacques Duchesneau, comme candidat de la Coalition Avenir Québec (CAQ) m’a surpris. N’avait-il pas affirmé clairement que ses actions et son rapport sur la corruption au Québec n’étaient pas motivés par la politique et que de toute façon, il ne serait pas candidat ? Tout le monde peut changer d’idée et je ne lui en tiens pas rigueur. On a besoin de bonnes personnes en politique et Duchesneau en est une.

Sa candidature met davantage en évidence la question de la corruption dans le domaine de la construction au Québec. Il est important que ce sujet soit bien discuté lors de la présente campagne électorale. On critique beaucoup Charest et le parti libéral sur leur façon de récolter des fonds et d’octroyer les contrats aux professionnels. Mais on oublie que Duchesneau a démontré clairement que le Parti Québécois (PQ) et l’ADQ ont agi de la même façon au pouvoir et dans l’opposition, que le PQ continue de le faire, en récoltant les contributions maximales de 3 000$, permises par la loi, de plusieurs membres d’une même compagnie qu’elle soit d’ingénieurs, de comptables ou d’avocats.

Seul René Lévesque avait établi une méthode d’octroyer les contrats sans favoritisme, par catégories d’expertises, de capacité de réalisation des firmes québécoises, tout en assurant que toutes obtiendraient des contrats à leur portée. Robert Bourassa a changé cette méthode et a implanté la donne actuelle. Quant à Bouchard, comme je l’ai expliqué dans un billet précédent, il a foutu le bordel dans le contrôle des projets en éliminant des milliers de fonctionnaires, ingénieurs et techniciens, dédiés à la réalisation des projets de construction du gouvernement. Le système doit être changé et Duchesneau est un de ceux qui ont contribué à cette perception grandissante chez monsieur et madame-tout-le-monde. Je l’applaudis.

Les chefs des partis ont commencé à proposer des initiatives à court et à long terme pour assurer le développement économique du Québec. J’aimerais bien que ce sujet devienne le plus important de cette élection. Bien objectivement, je ne crois pas que ce sera ainsi, mais on peut toujours espérer. Les vraies questions pour les Québécois sont : comment assurer que le niveau d’emplois persiste, que de nouveaux emplois de qualité prennent jour, que le déficit soit contrôlé et que la dette diminue, tout en maintenant notre qualité de vie ? On devrait discuter de toute la question énergétique : eau, gaz, pétrole, vent, soleil. Par qui, pour qui, au profit de qui ? Comment ? De la question du financement : gouvernemental, privé et/ou mixte. De la question de la main d’œuvre professionnelle et autre.

Nous n’avons pas besoin de discours irréalistes teintés de nationalisme comme ceux qui cherchent à nous faire croire que toutes nos ressources naturelles sont bradées. On doit nous entretenir sur nos capacités réelles de développement, de financement et de la nécessité de réunir des entreprises capables et motivées pour nous aider à développer nos richesses, dans un bon ordre et dans notre intérêt futur. Le Plan Nord est-il un des vecteurs importants de l’avenir économique du Québec ? On le dit immense et prometteur. Quelle est la position réelle de chacun des partis politiques sur ce projet ? Nous devons le savoir.

J’espère que les animateurs et les participants des débats des chefs susciteront la discussion sur ces sujets de première importance.

Quant à nous, électeurs, ne nous attardons pas sur les réparties flamboyantes ou piquantes des candidats mais plutôt sur le fonds des choses qui seront discutées. Ainsi, nous serons en mesure de mieux décider.

Claude Dupras

dimanche 5 août 2012

Pour oublier la politique et ses malheurs

Vous aimez la bonne vie, le théâtre, l’opéra, la chaleur, la bonne chère, l’histoire, la mer, je vous suggère d’inscrire dans vos projets de vacances futurs, un beau quinze jours dans la région d’Avignon et d’Orange en France en fin de juillet et début août. Rien de mieux pour changer le mal de place.

Où loger ? Internet vous permettra de dénicher un pied-à-terre dans un des nombreux beaux et vieux villages situés près d’Avignon, bien desservis par deux autoroutes qui mènent à Marseille ou à Barcelone.

Dans un premier temps, il y a la ville d’Avignon et son Palais des Papes, qui au XIVe siècle fut le siège de la chrétienté avec six papes et est la plus grande des constructions gothiques du Moyen Âge, son légendaire pont datant de 1184 où « on y danse » et son réputé festival de théâtre, le « in » et le « off ». Le premier est l’officiel et le second est le parallèle, que je recommande, qui réunit plus de 1 000 troupes d’artistes qui jouent quotidiennement plus de 500 pièces présentées dans toutes sortes d’enceintes plus originales les unes que les autres. Le choix est extrêmement varié, du classique au moderne en passant par le comique, et ça commence à 10h00 le matin non-stop jusqu’à minuit. On sort d’un théâtre pour entrer dans un autre et à ce rythme on peut voir facilement quatre bonnes pièces par jour, même plus, à prix très abordables. Les rues d’Avignon « intra-muros » sont spectaculairement animées par les innombrables troupes d’acteurs qui s’évertuent à attirer les spectateurs vers eux. La ville historique est belle et intéressante. La « bouffe » à la hauteur de la réputation française.

Cette année, le festival d’Avignon s’est terminé le 28 juillet. Puis, il y a le plus ancien festival français, les Chorégies d’Orange à vocation lyrique et musicale, qui présente dans l’antique théâtre romain d’Orange (à quelques km d’Avignon) des spectacles de grande envergure, de très grande qualité et forts impressionnants. Par exemple, les 28 et 31 juillet dernier on y jouait l’opéra inachevé de Puccini, le « conte chinois » Turandot.

Le Théâtre antique extérieur, témoignage de l'époque romaine devenu un des plus beaux monuments français, accueille 8 600 personnes dans son hémicycle. C'est le seul édifice du genre ayant conservé son mur à l’acoustique exceptionnelle et aux dimensions imposantes : 103 mètres de long, 37 mètres de haut avec sa scène de près de 72 mètres de long et une profondeur de 16 mètres. Suite à la chute de l'Empire Romain, le monument fut abandonné comme lieu de spectacle. Devenu un refuge pour la population, il fut restauré au début du XIXe siècle.

Turandot fut joué avec plus de 500 participants dont la soprano Lise Lindstorm, le grand ténor Roberto Alagna, Michel Plasson et son orchestre National de France, les chœurs des Opéra d’Avignon, de Nice, de Toulon, de Tours et l’ensemble vocal des Chorégies d’Orange.

Ce soir-là, la température était chaude, la lune pleine. Ce fut un spectacle inoubliable qui me donna envie d’écrire ce billet pour rappeler à mes lecteurs ces endroits merveilleux de Provence.

Puis, il y en a toutes sortes d’autres qui deviennent des activités intéressantes pour toute la famille, comme les uniques marchés de Provence dont celui du jeudi à Villeneuve-lès-Avignons et d’Uzès le samedi, les dimanches de l’Isle-sur-la-Sorgues avec sa brocante et ses antiquités, les spectaculaires défilés des carreto ramado dédiés soient à Saint-Eloi, Saint-Roch ou Saint-Jean qui honorent non seulement le cheval de trait mais rendent hommage aux récoltes agricoles de chaque commune du terroir des Bouches-du-Rhône, la maison de Frédéric Mistral à Maillane, les paillotes dont la « Bamboo » de la Grande Motte sur la Méditerranée pour profiter de la plage et du soleil (à une heure de route), les activités des manades de taureaux de la Camargue, les concours de « raseteurs » des courses camarguaises dans les villages, la visite des caves de vins des côtes du Rhône dont celles de Chateauneuf-du-Pape et de moins prétentieuses mais au bon vin comme celle du Domaine de la Rouette à Rochefort du Gard, la belle région du Lubéron décrite par l’écrivain anglais Peter Mayle dans « Une année en Provence », les villes romaines comme Nîmes et son arène, l’extraordinaire pont du Gard et ses 2 000 ans, la phocéenne Marseille et son marché matinal de poissons (à une heure de route), et encore et encore.

Oui, deux semaines de vacances durant ce temps de l’année dans ce coin de la Provence sont exceptionnelles, culturelles, distrayantes et instructives. C’est bon d’oublier la politique et ses malheurs.

Claude Dupras