mardi 29 mars 2011

Un vote stratégique ?

Des partis politiques peu emballants, un premier ministre peu emballant et une opposition peu emballante ne peuvent que déboucher sur une élection peu emballante. Pour la quatrième fois en huit ans, les Canadiens se retrouvent en élection générale. Et, on est surpris de la diminution de l’intérêt et du niveau de participation qui approche les 50%.

Pour la première fois, une élection fédérale m’intéresse peu. J’ai toujours été un mordu de ces élections et j’y ai participé à tous les niveaux dont celui d’organisateur-en-chef du parti progressiste-conservateur (PPC) et même de candidat. Mais les choses ont tellement changé que la motivation n’existe plus.

Le nouveau parti conservateur (PC) de Stephen Harper gère bien nos sous mais s’imbrique mal dans le genre de vie recherché par une vaste majorité de Canadiens. Il est issu d’un parti d’idéologues et se campe à droite de la droite. Par moment, il fait peur ! De plus, on a pu constater, avec le temps, la faiblesse de ses ministres, dont plusieurs manquent d’envergure et de compréhension de ce qu’est la société canadienne.

Depuis qu’il s’est enfargé dans le scandale des commandites, le parti libéral n’a pu retrouver sa vitesse de croisière de leader de la politique canadienne. Il avait choisi un chef venant du Québec, Stéphane Dion, mais l’a vite remplacé suite à la dernière défaite électorale. Je continue à croire que ce fut une grave erreur de limoger cet intellectuel brillant, motivé, sincère, au sens pratique. On ne lui a pas donné suffisamment de temps pour bien s’adapter à son rôle de chef de parti. Il a été vite remplacé par un autre intellectuel Michel Ignatieff qui, malgré ses efforts, n’a pas su, à ce jour, définir clairement ses positions politiques ni attirer au sein de son parti suffisamment d’hommes et de femmes de valeur comme l’a toujours fait ce grand parti national.

Le Nouveau Parti Démocratique continue à jouer le rôle de défenseur des droits des travailleurs. Sous la direction de Jack Layton, il a su attirer un grand nombre d’électeurs, à cause du manque d’intérêt pour les autres partis. Mais le chef relève d’une maladie et on se demande s’il saura maintenir le rythme endiablé qu’exige une campagne électorale nationale à travers notre grand pays. De toute façon, ce tiers parti ne peut espérer prendre le pouvoir.

Puis il y a le Bloc Québécois, un parti dédié à la séparation du Québec du reste du Canada. Son chef Gilles Duceppe est un leader charismatique et je le respecte. Il ferait un excellent chef du Parti Québécois. Avec son prédécesseur Lucien Bouchard, il a fait élire une majorité de députés du Bloc à chaque élection, depuis sa création en 1991. Le parti dit œuvrer exclusivement aux intérêts du Québec. Membres perpétuels de l’opposition, ses députés n’ont cependant aucun pouvoir et leurs paroles se résument à parler dans le vide. Noircir le plus possible le Canada pour aider le Québec, voilà le sens de leurs actions. Le malheur c’est que le Bloc avec son discours à faveur très nationaliste attire beaucoup trop de Québécois et évide, par conséquent, les autres partis fédéraux d’une représentation québécoise essentielle. En somme, rien de positif.

La campagne électorale a débuté avec l’accusation du PM que l’opposition planifie en secret la création d’une coalition, si Harper est encore minoritaire, pour prendre le pouvoir, puisqu’elle sait qu’elle ne gagnera pas cette élection. Alors que normalement le gouverneur général demande au chef du parti ayant gagné le plus de sièges de former le prochain gouvernement, Harper, élu par 35% de la population, prétend que l’opposition veut se regrouper pour offrir au gouverneur un gouvernement de coalition (représentant près de 65% de l’électorat). Harper s’offusque et qualifie cette manœuvre d’antidémocratique. Pourtant, la Grande-Bretagne, mère de notre système parlementaire, est actuellement dirigée par un gouvernement de coalition. La position du PM est ridicule.

Mais le problème réside dans la participation du Bloc dans cette coalition. Comment un parti fédéral peut-il faire confiance à ces députés séparatistes? En fait, la seule coalition possible est celle du parti libéral et du NDP, deux partis vraiment fédéraux de centre-gauche, à la condition qu’ensemble ils obtiennent plus de 50% des votes et représentent une majorité de députés au parlement. Ce qui est peu probable.

Une autre alternative s’offre aux Québécois. Aujourd’hui, les sondages indiquent que le PC gagnera cette élection avec peu de députés du Québec. Cela placera le Québec dans une position d’autant plus difficile que certaines indications pointent vers une défaite de quelques uns des députés conservateurs actuels de la région de Québec. Cela veut dire que nous nous réveillerons le soir des élections avec moins de 10 députés conservateurs québécois sur 155 au pouvoir et peu d’influence dans le caucus conservateur et le prochain gouvernement. Je crois que beaucoup de Québécois craignent cette éventuelle situation.

L’exemple de 1958 avec le chef unilingue du PPC, John Diefenbaker, peut être une voie de solution. Diefenbaker avait peu de chances de remporter plusieurs comtés au Québec. En fin de campagne, les Québécois, dont le nez politique a toujours été fin, voyant la victoire de Diefenbaker se confirmer, ont opté pour un vote stratégique. Les candidats de Diefenbaker remportèrent 50 comtés et le Québec se retrouva fortement représenté au sein du parti majoritaire à Ottawa. Par la suite, une des décisions importantes prises par Diefenbaker fut de choisir Montréal comme site de l’Expo67 au lieu de Toronto !

Si, en fin de campagne, les sondages prédisent un PC définitivement majoritaire, je ne serais pas surpris d’un tel vote stratégique cette année. Il sera d’autant plus important que pour contrebalancer le pouvoir des réformistes de droite au sein du PC et du gouvernement, il y ait, à côté d’eux, une délégation imposante de députés conservateurs du Québec. Les Québécois sont assez astucieux pour poser un tel geste et forcer ainsi le PM Harper à recentrer son gouvernement.

Claude Dupras

vendredi 25 mars 2011

Le coût de la langue française

Au Québec, on parle le français! Plus qu’avant, mieux qu’avant. La langue française est prédominante partout, même à Montréal où vivent plus de citoyens de langue anglaise.

Avant la loi 101, statuée en 1977, c’était un free for all. Par exemple, au début de ma carrière d’ingénieur-conseil en 1958, la très grande majorité des grands entrepreneurs en plomberie, chauffage, ventilation et électricité était de langue anglaise. Lors de soumissions publiques pour la construction d’écoles, ils étaient presque toujours bas soumissionnaires au détriment des entreprises francophones qui souffraient d’une carence de personnel expérimenté et de moyens financiers. Un autre cas fut la construction du siège social de l’Hydro Québec, inauguré en 1962. Pour ce projet important entrepris par le gouvernement du Québec, les plans et devis d’architecture, de mécanique et d’électricité furent préparés uniquement en langue anglaise, et cela par des firmes-conseils francophones. Ces exemples démontrent bien que les droits linguistiques des Québécois et Québécoises étaient mal définis malgré qu’on affirmait alors que le Québec était la seule province du Canada à pratiquer le bilinguisme anglais-français au niveau institutionnel.

Avec la loi 101, quasi constitutionnelle, la langue de la majorité, le français, est devenue la langue officielle de l’État.

Le Québec a aussitôt changé, puisque ses objectifs nous donnaient le droit de communiquer en français avec le gouvernement, les ordres professionnels, les associations d’employés et les entreprises québécoises établis au Québec. De même, dans les assemblées délibérantes. Nos travailleurs pouvaient exercer leurs activités en français, les consommateurs être informés et servis en français, et les personnes aptes à l’enseignement le recevoir en français. C’était simple et normal.

Cette loi arriva au moment où le Québec commençait à former des individus techniquement capables d’entreprendre, de gérer des entreprises et même de prendre des risques financiers. En effet, les écoles scientifiques et commerciales bénéficiant de nouveaux bâtiments, lancés par Maurice Duplessis, pour l’université de Sherbrooke en 1954, l’École Polytechnique en 1956, la faculté des sciences à Québec inaugurée en 1962 et les HEC de Montréal, produisaient enfin un nombre grandissant de diplômés. L’atmosphère de la révolution tranquille ajoutait à l’enthousiasme et on vit germer partout sur le territoire de nouvelles entreprises de toutes catégories, propriétés de francophones. Plusieurs acquéraient des entreprises anglaises.

La peur de la loi 101 a cependant créé un tort appréciable au Québec, dit « le brain drain ». La société anglophone devint inquiète de son avenir. Ses familles les plus enracinées demeurèrent au Québec, mais un très grand nombre de leurs jeunes hommes et femmes d’affaires, diplômés universitaires, jeunes et moins jeunes, crurent bon de se réinstaller hors Québec. De 788 000 membres, la communauté anglaise diminua à 600 000 en 1971. De plus, depuis 1971, près de 20% des anglophones nés au Québec, bilingues et possédant des doctorats, continuent à nous quitter pour gagner ailleurs leur vie. Nous avons perdu une richesse de talents incroyables et j’ai mal en imaginant ce que seraient Montréal et le Québec si toutes ces personnes, qui nous connaissaient bien, étaient demeurées ici avec leurs descendants (qui aujourd’hui seraient bilingues).

Et il y a l’immigration. Un débat s’élève sur le critère de la connaissance et de l’apprentissage du français dans la grille québécoise de sélection des nouveaux immigrants. L’an dernier, le Québec a accueilli 53 000 nouveaux arrivants dont 33 000 travailleurs qualifiés et 2 000 gens d’affaires. 68 % maitrisaient bien le français. La majorité venait d’Afrique, particulièrement du Maghreb. Malheureusement, cette immigration s'est avérée insuffisante pour répondre à la demande des employeurs québécois pour des travailleurs de haute technicité.

En Ontario, et particulièrement à Toronto, les immigrants sont d’Asie. Ils sont plus riches, plus nombreux et plus techniquement qualifiés que ceux qui viennent au Québec. D’ailleurs, ça se répercute par le boom immobilier que Toronto connaît actuellement. Par exemple, une des nombreuses nouvelles tours à condos en construction est un édifice de 65 étages dont l’appartement le moins cher se vend environ 600 000$. Le promoteur est le montréalais Jonathan Weiner qui affirme avoir vendu en quelques semaines plus de 50% des condos. « On se bousculait pour les acheter et les acquéreurs sont de nouveaux arrivants asiatiques hautement instruits et compétents ». En général, ces derniers ne parlent que l’anglais comme langue seconde et Toronto est plus facilement accessible pour eux que le Québec comme porte d’entrée au Canada.

Voilà pourquoi Toronto a enlevé à Montréal, le titre de la grande ville canadienne qui compte le plus de sociétés nationales et internationales de haut niveau.

La question que plusieurs se posent maintenant est la suivante : « Doit-on, au Québec, davantage tenir compte des besoins des employeurs et accorder moins d’importance à la maîtrise initiale de la langue française ? ». En somme, doit-on favoriser l’immigration économique ? Cela ajouterait un nombre d’immigrants plus riches et plus éduqués à l’économie québécoise qui serait ainsi mieux soutenue.

Les indépendantistes québécois par la bouche du député péquiste Pierre Curzi répondent : « …le français est menacé, particulièrement dans la région de Montréal, il est tout à fait inadmissible de chercher à supprimer le critère de la langue française dans la sélection des nouveaux arrivants ». Leurs opposants diront que les nouveaux arrivants qui contrôlent moins bien le français devront de toute façon faire éduquer leurs descendants dans les écoles françaises du Québec et ceux-ci deviendront éventuellement des parlant français. Entretemps, l’économie québécoise aura profité de leur apport et sera plus forte pour tout le monde.

Comment calculer le coût de la langue française pour les Québécois ?

Au point de vue des objectifs de la loi 101 pour l’individu et sa langue, des nouvelles générations d’entrepreneurs francophones, du visage français de Montréal et de l’amélioration de la langue parlée et écrite, ce fut un gros gain.

Au point de vue de l’économie de Montréal et du Québec suite au « brain drain », au déménagement des entreprises à Toronto et de la constance depuis dans l’apport supérieur des immigrants à l’économie de la Ville-reine, ce fut une perte pour Montréal qui a été évidée de sa vigueur économique.

Doit-on modifier la loi 101 pour favoriser l’économie québécoise ? C’est la question actuelle. Pas facile à trancher…

Claude Dupras

lundi 21 mars 2011

Avec peu de Québécois à la tête du pays, peu se fait !

Il est possible que le gouvernement minoritaire conservateur du PM Stephen Harper soit renversé cette semaine par un vote à la Chambre des communes canadienne. Le pays sera alors projeté dans une élection générale.

L’heure est donc à l’analyse du bilan du gouvernement Harper. Et pour l’évaluer à sa juste valeur, j’ai pensé comparer ses actions à celles des premiers ministres qui l’ont précédé, soient Louis Saint-Laurent, Pierre-Eliott Trudeau, Jean Chrétien, Brian Mulroney et Paul Martin.

Le gouvernement Harper n’a pas en son sein de Québécois à la hauteur des responsabilités gouvernementales à Ottawa. La dizaine de députés conservateurs actuels est incapable d’imposer ses idées à Harper. Les ministres québécois choisis ont été nommés parce que le PM Harper n’avait pas de choix. Peu font le poids et aucun n’est vraiment partie de la tête dirigeante du pays.

Louis Saint-Laurent fut PM du Canada de 1948 à 1957. Entouré de ministres prestigieux du Québec, il entreprit la route transcanadienne, lança la voie maritime du Saint-Laurent, construisit l’oléoduc canadien, nomma un premier gouverneur-général né au pays, participa à la fondation de l’OTAN, instaura les paiements de péréquation aux provinces, accepta de réduire l’impôt fédéral suite à l’instauration d’un impôt personnel au Québec, apporta des modifications importantes aux pensions de vieillesse et à l’assurance maladie, fit de Terre-Neuve une nouvelle province canadienne et encore…

Pierre Elliott Trudeau fut PM du Canada de 1968 à 1979 et de 1980 à 1984. Il avait joint le cabinet du PM Lester Pearson avec Jean Marchand et Gérard Pelletier. Il légalisa l’avortement, le divorce et l’homosexualité. Devenu PM, il adopta la loi sur les langues officielles faisant du Canada un pays bilingue, il décréta la loi sur les mesures de guerre à la crise d’octobre 1970, abolit la peine capitale, rapatria la constitution canadienne de Londres, signa la nouvelle constitution canadienne et y intégra une nouvelle charte des droits et libertés. Il fit adopter le programme énergétique national, et encore…

Brian Mulroney fut PM du Canada de 1984 à 1993. Son équipe ministérielle comprenait des Québécois de grande qualité. Il réalisa le traité de libre-échange avec les USA et le Mexique; instaura la TPS pour régler les problèmes de dette du pays; fit tout pour obtenir une reconnaissance officielle du Québec par l’accord du Lac Meech, rejeté par deux provinces, et l’accord de Charlottetown rejeté par référendum; enchâssât les droits linguistiques des Acadiens du Nouveau-Brunswick dans la constitution. De plus, il privatisa 23 sociétés d’État dont Air Canada et Petro-Canada, créa un nouveau territoire du Nord-Ouest nommé Nanuvut, s’opposa à l’apartheid en Afrique du sud malgré les pressions des USA, collabora à la guerre du golfe de 1991, signa l’accord sur les pluies acides avec les USA, s’opposa à l’invasion du Nicaragua par les Américains, et encore…

Jean Chrétien fut PM du Canada de 1993 à 2003. Son équipe ministérielle comprenait plusieurs québécois de valeur. Il fut ministre sous Lester Pearson et Pierre Elliot Trudeau. En tant que PM, il participa aux référendums de 1995 sur la séparation du Québec, ratifia l’Accord de Kyoto, refusa de participer à la guerre en Irak. Avec son ministre des finances, Paul Martin, il élimina les déficits de plus 42 milliards $, enregistra cinq surplus, remboursa 36 milliards $ sur la dette nationale et réduisit les impôts des particuliers et des entreprises de 100 milliards $ sur 5 ans, la plus grande réduction d'impôt de l'histoire, et encore...

Paul Martin fut PM du Canada de 2003 à 2006. Il avait aussi une équipe de ministres québécois compétents. Il entreprit d’améliorer les relations avec les USA; de répartir une partie des excédents fédéraux pour aider les provinces; accepta, une première canadienne, que l’argent remis au Québec puisse être dépensé ailleurs qu’à la santé où le dictait le fédéral (le PM Charest l’attribua à l’impôt personnel pour rendre le taux fiscal québécois plus compétitif). Il suggéra d’augmenter le G8 à G20, établit de meilleures relations avec la Chine qui accepta son accord de partenaire stratégique, et nomma une Québécoise d’origine haïtienne gouverneur-générale du Canada. Et encore…

Voilà un bilan bien succinct des actions prises par les PM qui ont précédé Stephen Harper. On peut être en désaccord avec certaines de leurs actions, mais on ne peut que reconnaitre que les Québécois étaient à la tête du Canada, jouaient un rôle décisionnel et que de grandes décisions étaient prises.

Stephen Harper est PM depuis janvier 2006, toujours minoritaire. Qu’a-t-il fait ? Sa première action fut de s’opposer à l’accord de Kyoto et de défendre bec et ongles l’exploitation des sables bitumineux d’Alberta, sa province. Puis, il se mit à mimer GWBush, calquant même ses lois aux américaines. Il fit accepter une résolution reconnaissant la nation québécoise, voter la loi sur la responsabilité réduisant les influences et instaurer le principe des élections à date fixe. Il changea notre politique de neutralité au Moyen-Orient en plaçant le Canada unilatéralement en faveur d’Israël. Il joignit la guerre en Afghanistan et dépense des milliards $ pour ce faire et pour moderniser les équipements militaires. Il a renouvelé l'accord de NORAD avec les USA, le rendant permanent et y ajoutant la défense maritime au détriment de la souveraineté canadienne. Il a boudé les Jeux Olympiques de Beijing et essaie depuis de retisser les liens avec la Chine. Il a réglé le conflit du bois d'œuvre sans récolter le remboursement total des 5 milliards $ payés inutilement par les producteurs canadiens en tarifs douaniers. Il a hérité d’un budget à surplus mais gouverne depuis avec des déficits qu’il a accentués en diminuant la TPS de 2% pour fins électorales. Il a organisé un programme de financement d’infrastructures pour contrevenir aux effets de la crise.

En comparaison avec ses prédécesseurs, je place Stephen Harper au bas de la liste. Son gouvernement manque d’imagination, de courage politique, de vision et ne pense qu’à satisfaire sa base d’à droite de la droite. Je n’ai jamais manifesté un patriotisme excessif, mais il me semble clair que c’est un gouvernement à un son de cloche. Il lui manque celui du Québec pour avoir vraiment une âme canadienne d’un océan à l’autre à l’autre.

Comme le Parti Conservateur qui n’aide pas le Québec en ne recrutant pas des candidats de grande valeur, le Bloc Québécois n’aide pas le pays et n’aide pas le Québec à Ottawa. En prêchant un nationalisme mal pensé, le Bloc vide les rangs de Québécois des partis fédéraux et empêchent ces partis d’être vraiment la réflexion de ce qu’est le pays. Les Québécois sont à la base des grandes transformations politiques du pays. La marque importante qu’ils ont laissée à Ottawa doit se poursuivre. Le pays doit cesser de végéter.

A nous de voter bientôt pour accroître la représentation du Québec dans les rangs des partis fédéraux.

Claude Dupras

samedi 19 mars 2011

Deux poids, deux mesures pour l’Arabie : la fin du printemps arabe ?

L'évolution des événements en Arabie Saoudite, au Bahreïn et au Yémen me donnent envie de vomir quand je vois la réaction qu’elle engendre de la part de la Maison Blanche, de la France, du Royaume–Uni et du Canada qui se disent champions des droits de l'homme où qu'il soit.

Je ne suis pas contre la pression internationale d'arrêter la folie de Kadhafi, bien au contraire, mais je dénonce l'hypocrisie de plusieurs pays occidentaux qui gardent un silence criminel face à tout ce qui se passe actuellement en Arabie saoudite, comme si ce fameux pays était le berceau de la démocratie à travers le monde arabe.

Pour contrer la révolte grandissante dans son pays, l’Arabie Saoudite défend toute manifestation. Son roi arrogant et ses scheiks royaux ne sont que des dictateurs qui se sont accaparés les richesses pétrolifères de leur pays et qui ont toujours agi envers leur peuple, particulièrement leurs femmes, avec une arrogance cruelle.

Ces rois maudits qui se sont auto déclarés gardiens de la mythique race arabe et de l’islam véritable font la pluie et le beau temps grâce à leur argent.

Pour contrer la révolte qui s’est manifestée malgré l’interdit, le roi saoudien a entrepris d’acheter la paix en augmentant le salaire minimum, en promettant la construction de milliers de nouveaux logements et la création de 75 000 nouveaux emplois. Si cette démarche ne débouche pas sur le calme et la fin de la révolte, il n’hésitera pas à utiliser son armée pour mettre à bas les révolutionnaires. La preuve vient d’être faite, puisqu’il a dépêché plus de 1 000 de ses soldats et des centaines de tanks pour soi-disant défendre l'indépendance de Bahreïn, contre les révolutionnaires Bahreinis eux mêmes.

A ce jour, le président Obama, le PM anglais Cameron, le président français Sarkozy et le PM canadien Harper n'ont aucune difficulté à garder un silence continu face aux massacres des manifestants bahreinis. Ils protègent ainsi l'émir de Bahreïn, leur allié de toujours. Ils agissent de même avec les Yéménites. Aujourd'hui même, un ami m’affirme avoir vu à la télé que les forces de répression du régime du Yémen viennent d'assassiner plus de 30 manifestants et d’autres images qui montraient que l'émir de Bahreïn n'hésite plus à tirer à bout portant sur les pauvres Bahreïnis. Les révolutionnaires de ces deux pays sont sans armes et c’est dans le calme et la sérénité qu’ils ont manifesté jusqu’à ce jour dans l’espoir de démocratiser leur coin du monde.

Le silence des USA, de l'Europe et du Canada indique qu’ils n'ont aucun problème avec des interventions militaires futures par les dictateurs des autres émirats du golfe Persique pour contenir les révoltes chez eux. Ils agissent comme si la seule tragédie internationale qui nous obsède aujourd’hui est la guerre civile en Lybie. En réalité, ce silence de l’Occident a plus à voir avec la production mondiale de pétrole et le fait que ces dictateurs sont ses alliés fidèles depuis longtemps.

Dernièrement, la chaîne de télévision arabe El Djazeera retransmettait les déclarations d'un citoyen de Bahreïn qui disait en gros qu'il était dégoûté du comportement du monde occidental qui soit disant sympathisait avec le sort des martyrs de Lybie et qu’apparemment le sang des pauvres civils tués par les forces de répression à Bahreïn n'était pas aussi important que le sang des martyrs Libyens.

Pourquoi toute cette hypocrisie du monde occidental vis à vis les différentes sociétés arabes et leurs souffrances ? Est-ce que le renouveau du monde arabe va se terminer à cause des armes et le support tacite des USA, de l’UK, de la France et du Canada aux dictateurs-amis qui les utilisent contre ceux qui se révoltent contre eux ?

Heureusement, un nouvel espoir existe, l’ONU. La récente décision de son conseil de sécurité en rapport avec la Lybie démontre enfin que l’organisme international fonctionne. Pour une fois, c’est elle qui a décidé d’intervenir militairement là où il y a un problème des droits de l’homme. De plus, avec l’appui de la ligue arabe, elle émet un signal à la rue arabe que le monde est maintenant avec eux, que le chemin est libre et que l’ONU peut dorénavant s’interposer pour aider des rebelles injustement pilonnés par les dictateurs qu’ils combattent. C’est aussi un avertissement important à ces derniers qu’ils ne peuvent plus agir à leur guise puisqu’ils risquent une opération militaire internationale.

En rapport avec la décision des Nations Unies, le ministre des affaires étrangères de France, Alain Juppé, écrivait dans son dernier blog ce qui suit : « Il est souvent arrivé dans notre histoire contemporaine que la faiblesse des démocraties laisse le champ libre aux dictatures. Il n'est pas encore trop tard pour faire mentir cette règle. Ce sera l'honneur de la France d'avoir tout tenté pour y parvenir ».

Est-ce suffisant pour convaincre les dictateurs du golfe et ceux de la Syrie, de l’Algérie, de la Jordanie, du Maroc et les autres de laisser les manifestations populaires antigouvernementales se dérouler dans la paix ? Je l’espère.

Si non, je crains que ce soit la fin du printemps arabe.

Claude Dupras

mercredi 16 mars 2011

Bienvenue à la droite québécoise

Depuis quelque temps, la droite québécoise s’organise. Sous l’impulsion de personnages dynamiques et intelligents comme Joanne Marcotte et Éric Duhaime, la droite cherche à réunir tous les citoyens dont l’idéal correspond à une philosophie politique qui se situe à la droite du centre de l’échiquier politique. Ils ont formé un organisme sans but lucratif qui se présente sous le vocable Réseau Liberté Québec (RLQ). Il vise le respect des traditions et des valeurs du peuple québécois.

Une première réunion à Québec, le 23 octobre dernier, fut un succès autant par le nombre de participants que par le niveau des discussions sur la liberté et la responsabilité individuelle des individus dans la société qui y furent tenues. L’impact média de cette rencontre fut fort encourageant pour les organisateurs. Ils reviennent maintenant à la charge à Montréal avec une grande réunion, le 16 avril prochain, à laquelle sont invités tous ceux qui aimeraient partager leurs idées et collaborer à la formation d'un mouvement de masse de droite capable d’être en mesure d’influencer la classe politique, les élites médiatiques et intellectuelles et le peuple québécois.

Le RLQ veut regrouper tous les gens de droite qu’ils soient : libertarien, conservateur fiscal, centre-droit, nationaliste de droite, conservateur moral/social ou libéral classique. C’est un défi difficile, car ailleurs ces différents groupes combattent pour défendre leurs idées respectives. Mais au Québec où de telles convictions sont moins profondément enracinées, il me semble possible pour ceux qui penchent à droite de se réunir et ensemble définir une position commune.

Et ce n’est pas du luxe dans l’état actuel de la politique québécoise, car j’estime que la tendance actuelle devient malsaine pour notre économie. Les politiciens, les individus et les syndicats qui se qualifient de gauche veulent tout du gouvernement et s’acharnent à dénigrer l’entreprise privée faisant croire qu’elle est l’ennemi des citoyens et que c’est l’État qui doit tout prendre en main.

Le débat sur le gaz de schiste est un bon exemple. Dans ce dossier, comme pour l’hydroélectricité, les péquistes et les gauchistes veulent une implication à 100% du gouvernement. La chef du parti Québécois a accusé, à l’Assemblée Nationale, le PM Charest de favoriser l’entreprise privée au lieu de diminuer les taxes des Québécois avec les profits que le gouvernement pourrait engranger s’il faisait tout lui-même. Elle oublie l’expertise des intervenants privés que le gouvernement n’a pas et le risque financier qu’ils sont prêts à prendre.

Tant qu’à y être, pour suivre le raisonnement de Mme Marois, pourquoi ne pas remplacer les marchés d’alimentation comme Métro, Loblaws.. par des marchés du gouvernement ? L’agriculture ne relève-t-elle pas de ce dernier ? Ainsi tous les profits que font des grandes entreprises reviendraient au gouvernement et seraient appliquer à baisser les taxes de ses citoyens. C’est de toute évidence, ridicule ! Ce genre de raisonnement nuit au Québec où on doit favoriser l’effort, le talent et l’initiative des entrepreneurs pour qu’ils créent, lancent, organisent et dirigent de grandes entreprises créatrices d’emplois. On doit favoriser la concurrence pour obtenir les meilleurs prix.

Pourquoi ne pas faire tout l’engineering in-house et cesser de donner des contrats gouvernementaux pour les infrastructures et autres à des firmes de génie privées, comme vient de le proposer le PQ pour les études environnementales EES sur la question du gaz de schiste. Avec un tel raisonnement irréaliste, une firme comme SNC-Lavalin, qui a 26 000 employés, n’existerait pas car elle n’aurait pu dans le passé acquérir une vaste expertise, grâce à des contrats gouvernementaux, et être en mesure aujourd’hui de vendre ses services professionnels dans le monde entier. Et elle n’est pas seule.

Il est temps que le dérapage verbal anti-entreprise privée auquel nous assistons prenne fin. Les syndicats, le PQ, les gauchistes ont droit au chapitre mais pas à toute la place dans le débat public.

Voilà pourquoi je favorise l’organisation et la montée de la droite québécoise afin qu’elle apporte un autre son de cloche. Ainsi, les Québécois et les Québécoises seront mieux renseignés pour prendre les bonnes décisions quant à leur avenir et à celui des leurs enfants.

Il faut aussi cesser d’examiner la politique au Québec avec une jumelle formée de deux lunettes non identiques : la séparatiste et la fédéraliste. Le débat est envenimé au point que l’on n’y voit plus clair car il porte sur des sujets qui n’ont rien à voir avec le fond des choses et le bien-être de chaque citoyen.

Bonne chance au Réseau Liberté Québec.

Claude Dupras

Ps. On m’a invité à joindre le RLQ, mais j’ai refusé car je veux garder ma liberté d’expression dans mon blog.

dimanche 13 mars 2011

Les « hockey moms » ont peur

Depuis la blessure au cerveau de Sydney Crosby, le jeune joueur professionnel par excellence du hockey sur glace, au potentiel de devenir le plus grand joueur de tous les temps, et le récent accident au jeune Max Pacioretty du Canadien de Montréal, aussi touché au cerveau, les « hockey moms » ont peur.

Ce sont elles, les mamans, et leurs maris qui encouragent leurs jeunes enfants à joindre les rangs de clubs d’hockey dès l’âge de huit ans. Les enfants y apprennent tous les rudiments du jeu avec des entraîneurs en affrontant leurs copains dans des matchs réguliers de ligues. C’est fort intéressant de les voir progresser d’année en année, se motiver pour améliorer leur coup de patins et devenir des joueurs de plus en plus habiles et complets. Ils progressent de la ligue Atome à PeeWee à Bantam à Midget et enfin à Junior AA.

Cela peut durer de 10 à 12 ans. Pour les parents, ce n’est pas une mince tâche car ils doivent se lever tôt, voyager sur de longues distances jusqu’aux arénas tout en s’occupant des autres membres de leur famille. Et cela, sans compter les frais très onéreux pour les costumes, les patins, les bâtons, les casques, etc… Plusieurs s’imposent de gros sacrifices pour assurer que leurs petits puissent rivaliser avec leurs amis.

Puis vient le rêve… A voir évoluer leurs jeunes de mieux en mieux d’année en année, les parents se mettent à projeter et à rêvasser. Ils les voient se rendre jusqu’au hockey professionnel, à la ligue Nationale (LNH), où les millions $ les attendent. Cela les motive, les encourage à persister, à investir davantage de temps et d’argent, à voyager plus loin car avec le temps les matchs sont régionaux, interrégionaux et provinciaux.

Mais à 15 ans, le jeu change. Dorénavant, ce sera le hockey de contact. Le jeu est plus dur, plus dangereux, les blessures plus nombreuses. Les parents croient que tous les équipements modernes, qu’ils achètent à gros prix, protègent bien le corps de leurs fils. Malheureusement, ce n’est pas exact.

Cette année on estime à 75 le nombre de joueurs de la LNH qui subiront une commotion cérébrale. Les causes sont accidentelles ou suite à des coups vicieux de la part de l’adversaire. Quelque soit la raison, c’est inacceptable ! Le malheur, c’est que cela n’émeut pas les dirigeants de la ligue. Pour ces derniers, c’est le marché américain qui réclame un jeu rude pour remplir les estrades. Pourtant leur jeu national, le baseball, n’est pas rude et attire plus de spectateurs que tous les autres sports professionnels. Il est d’une finesse et d’une rapidité étonnantes.

Pour les propriétaires d’équipes, modifier l’allure actuelle des matchs est un risque financier. La santé des joueurs… ils s’en foutent !

Seul, le président du Canadien de Montréal, Geoff Molson, s’est élevé contre la récente décision du commissaire du hockey de ne rien faire suite aux blessures à Pacioretty, mais il s’est vite fait rabrouer par ses collègues.

La Presse rapporte les propos du joueur-étoile du Canadien Michael Cammalleri: « Il faut changer la culture, le hockey est plus rapide, les joueurs plus gros et le résultat des traumatismes plus prononcés qu’avant. Avant, une mise en échec causait une épaule endolorie, aujourd’hui une déchirure. Les commotions cérébrales sont plus nombreuses ». Et il ajoute : « en ne suspendant pas Chara (celui qui a blessé Pacioretty) la ligue semble dire : c’est correct de tuer un gars si c’est à l’intérieur de nos règlements! ». C’est la loi de la jungle.

La LNH doit changer. Les arguments de ses dirigeants ne tiennent plus. Les mentalités doivent évoluer. On ne peut continuer à risquer la qualité de vie future des joueurs. La stupidité a ses limites.

Pour réconforter les « hockey moms », les règles du jeu doivent être revues pour rendre celui-ci moins violent (par exemple, « interdire les coups par derrière, les placages contre la bande et les coups à la tête »).. et les équipements améliorés. Mais, il faut savoir que des médecins renommés affirment que les casques protègent contre les fractures du crâne mais estiment impossible de concevoir un casque protecteur pour éviter les commotions cérébrales.

Le jeu que pratiquent les joueurs aujourd’hui, ils l’ont appris avant d’arriver à la LNH. Il est temps que tous les responsables du hockey amateur et les « hockey moms » soient bien informés sur les dangers du hockey. Les futurs joueurs doivent être mieux éduqués. Ils doivent apprendre à mieux respecter leur corps et leur cerveau et ceux de leurs adversaires. Leurs entraîneurs doivent revoir leur enseignement. La culture doit changer.

Enfin, tous les intervenants de notre sport national et nos gouvernements doivent concerter leurs pressions sur la LHN pour faire changer les règlements. J’estime que non seulement cela protégera les jeunes mais que cela rendra le jeu encore plus rapide, plus intéressant et mettra davantage en vedette l’habileté réelle de chaque joueur. Le hockey olympique est un bon exemple. Le hockey féminin aussi.

Si rien n’est fait par la LNH, je crois que les « hockey moms » et leurs maris, qui aujourd’hui ont peur, se doivent de remettre en question une carrière possible de hockey professionnel pour leurs enfants dès le moment où le hockey pour leurs jeunes devient un jeu de contact. Les millions de $ n’en valent pas la chandelle !

Claude Dupras

mercredi 9 mars 2011

Le BAPE et le gaz de schiste : un excellent rapport

Il y a des jours où je ne comprends pas le premier ministre du Québec, Jean Charest. Hier c’en fut un, suite au dépôt du rapport sur la question de l’exploitation du gaz de schiste par le Bureau des Audiences Publiques sur l’environnement (BAPE) du Québec, après six mois d’enquête. Ce dernier conclut ne pouvoir se prononcer scientifiquement avant d’avoir fait une évaluation environnementale stratégique (EES). Il la suggère sur le modèle de celle qui a statué contre l'exploitation pétrolière et gazière dans l'estuaire du Saint-Laurent. Le gouvernement a accepté sur le champ le rapport qui contient une centaine de recommandations.

Durant le temps de l’enquête et des audiences, la peur a saisi une majorité de Québécois et Québécoises. Au lieu de réagir politiquement, Jean Charest n’a fait que répéter que son gouvernement suivrait les recommandations du BAPE pour régulariser le développement du gaz de schiste. Il refusa les nombreuses demandes de moratoire qui fusaient de partout.

Pourtant, nous, les ingénieurs du Québec, lui avons suggéré d’élargir le mandat du BAPE afin d’inclure une évaluation EES, visant à intégrer les facteurs environnementaux à l’élaboration de politiques, de plans et de programmes publics pour l’exploration et l’exploitation du gaz de schiste. J’ai dédié quatre billets de mon blog à ce sujet depuis le premier le 8 octobre 2010 dans lequel j’écrivais « le BAPE se voit confié un mandat très limité et dispose de trop peu de temps pour faire le travail… ». Je suis revenu à la charge le 23 novembre 2010 : « le mandat actuel du BAPE ne couvre pas toutes les questions à analyser…. » ; puis, le 20 janvier 2011 : « j'ai réclamé un mandat plus étendu pour le BAPE » ; et finalement le 26 février 2011 : « le mandat du BAPE n'est pas suffisamment large pour vraiment étudier cette question difficile… ».

Après avoir vu à la télé des images de robinets de cuisine débitant de l’eau enflammée, venant de la Pennsylvanie où se fait l’extraction des gaz de schiste, le peuple québécois a pris peur et s’est massivement opposé au projet. Le Parti Québécois, favorable au début, a vite viré son capot de bord pour enfourcher ce nouveau cheval de bataille contre le projet et réclamer un moratoire sans condition. Certains affirmaient que le BAPE était « une affaire arrangée » et ne croyaient pas en son objectivité. D’autres, comme les artistes, toujours très (trop) influents auprès des Québécois, ont créé un collectif pour témoigner dans les medias contre le projet malgré leur ignorance totale de ce sujet complexe. Les environnementalistes, nonobstant leurs exagérations coutumières, ont su s’exprimer précisément contre le projet. Ce concert d’opposition, ajouté à d’autres aspects politiques, a fait en sorte que la popularité de Charest est passée de 51% il y a plus d’un an à 18% aujourd’hui.

Quant au moratoire demandé même s’il n’est pas accordé c’est tout comme, puisque le temps de préparation de l’évaluation EES sera d’un peu plus d’un an, soit une « pause » suffisamment longue pour calmer les esprits et permettre à chacun d’examiner le projet et d’être bien informé pour mieux le comprendre. J’avais suggéré dans mon dernier billet un moratoire d’une année. Je suis maintenant très confortable avec la nouvelle approche qui permettra au projet d’être mieux accepté socialement.

Même si le PM Charest n’est pas un expert dans le développement des gaz de schiste, il avait à sa disposition ceux des ministères des ressources, de l’environnement et de plusieurs autres dans le gouvernement. Il pouvait sûrement, au moment où il a confié l’enquête au BAPE, savoir la possibilité que celui-ci allait réclamer éventuellement une évaluation EES. Pourquoi ne l’a-t-il pas fait ? Par après, lorsque la suggestion est venue de corps professionnels comme l’Ordre des Ingénieurs, pourquoi s’est-il obstiné pour ne pas élargir le mandat du BAPE en l’incluant ? Même si le PM a dit, dans les derniers temps, que « le projet se fera correctement ou ne sera pas fait du tout et qu’il n’y aurait aucun compromis sur la santé et l’environnement », cela n’explique pas une telle erreur de jugement politique. C’est beau d’avoir confiance dans ses capacités électorales, mais il ne faut quand même pas jouer avec le feu. C’est comme si Charest avait établi un plan d’autodestruction et qu’il le suit à la lettre.

En tout cas, avec cette « pause » sur la question du gaz de schiste qui équivaut à un moratoire et la création de l’« escouade permanente anticorruption » qui rend la demande d’une enquête sur la construction inutile, Jean Charest devrait pouvoir respirer un peu mieux. Ceux de ses adversaires qui continueront à réclamer soit un moratoire ou soit l’enquête sur la construction ne parleront que pour parler et ne seront pas crédibles.

L’exploitation de gaz de schiste peut être un atout très important pour les Québécois, si on en découvre suffisamment. Et pour le savoir, il faut explorer. On ne peut simplement et bêtement s’opposer à une telle opération lorsqu’on importe autant de pétrole polluant et qu’on peut le remplacer par du gaz naturel propre produit chez nous. Mais on ne peut non plus prendre cela à la légère, se laisser emporter par des arguments monétaires et mettre en danger nos nappes phréatiques. Il faut agir avec rigueur. Ailleurs dans le monde, on exploite ce gaz avec prudence et succès. C’est ce que nous devons viser chez nous.

Les Ardéchois et d’autres Français vivent les mêmes peurs que les Québécois. Notre effort, s’il réussit, et je crois que nous réussirons, pourra non seulement nous être profitable (on parle de dizaines de billions $ et de plus de 6 000 emplois) mais devenir en plus un exemple pour d’autres pays.

Claude Dupras

lundi 7 mars 2011

Jusqu’au dernier dictateur arabe….

Les intellectuels arabes comme l’écrivain algérien Boualem Sansal et les scientifiques arabes ne sont pas très écoutés en Arabie. Pourtant dans le passé, ils ont maintes fois donné des signaux d’alerte à leurs concitoyens pour chercher à les faire réagir. Malheureusement, les gouvernements de la Ligue arabe s’assuraient toujours que leurs opinions n’aient pas d’échos. Même en Occident, elles étaient volontairement ignorées.

Un exemple frappant est le rapport des Nations Unies de 2002 traitant du développement humain chez les arabes. Il a été préparé et rédigé par un groupe d’intellectuels arabes sous la direction d’un statisticien de renommée internationale, l’égyptien Nader Fergany. Les constatations de ces chercheurs ont démontré combien il sera difficile pour les Arabes de s’adapter à la démocratie.

Le rapport conclut que le monde arabe en comparaison avec l’Occident a trois grands manques : en éducation, dans le respect de la liberté et dans l’accès des femmes au travail.

Les statistiques démontrent le triste retard du monde arabe. Le produit domestique brut total des 330 millions d’Arabes est moindre que celui des 47 millions d’Espagnols. Per capita, les dépenses en éducation dans les pays arabes ont été de 20% dans les années ’80 et de 10% dans les années ’90, de celles des pays industrialisés. Les documents scientifiques émis dans ces pays (par million de personnes) ont été près de 2% de ceux des pays industrialisés. Le monde arabe a traduit 330 bouquins par année, soit le cinquième de ce qui s’est fait en Grèce. Au point de vue de la liberté individuelle, les pays arabes sont les derniers sur les échelles de comparaison. A l’aube du 21ième siècle, il y avait plus de 60 millions d’adultes illettrés en Arabie, dont la majorité sont des femmes. On prédit que dans 10 ans, le Yemen sera le premier pays du monde à manquer d’eau. Et encore….

Ce bilan désastreux est celui des dictatures des pays arabes. Voilà ce que les despotes qui les dirigent qualifient de « stabilité ». En réalité, cela ressemble plus à des sociétés prises dans un sable mouvant.

Nos gouvernements occidentaux portent aussi le blâme pour ces chiffres honteux. Au lieu de favoriser la transformation des sociétés arabes pour les aider à sortir leurs habitants de la misère, nos leaders politiques ont flatté et cajolé leurs dirigeants-oppresseurs, n’agissant ainsi que pour assurer et protéger l’alimentation en pétrole de nos pays respectifs. Que les peuples arabes n’aient pas de droits fondamentaux, que la corruption soit généralisée au vu et au su de tous, que leurs femmes soient illettrées et non respectées, que leurs familles demeurent dans la misère, que leurs jeunes n’aient pas l’éducation nécessaire pour obtenir des emplois motivants, que l’intolérance soit prêchée dans les mosquées, etc… rien de tout cela n’était important car seule l’alimentation en pétrole comptait et… compte toujours.

Aujourd’hui, les jeunes arabes n’en peuvent plus. Ils se soulèvent et crient leur faim de liberté et leur besoin d’accès au monde moderne. S’ils réussissent à obtenir une vraie démocratie pour leur pays, ils en seront les premiers bénéficiaires et le monde se portera mieux. Mais soyons réalistes, ce ne sera pas facile. Il y aura beaucoup de soubresauts, mais le temps fait bien les choses et finalement ils prévaudront et réussiront à s’adapter. Ce n’est pas une mince tâche qui les attend. C’est le prix de la liberté.

Ils devront être vigilants pour empêcher que de nouveaux tyrans viennent les tromper, reprennent le pouvoir et confisquent leur nouvelle démocratie, comme ce fut le cas pour les jeunes algériens de 1990 qui après avoir réussi leur révolte ont vu les généraux ressaisir le pouvoir suite aux élections démocratiques de 1992 et le conserver jusqu’à ce jour.

Appuyons ces révolutionnaires qui vont changer non seulement leur monde mais aussi le nôtre. Appuyons-les aujourd’hui, demain et après-demain car ils sont sérieux. En effet, les jeunes Égyptiens et les jeunes Tunisiens nous le démontrent encore chaque jour. Ils n’acceptent pas n’importe quoi de ceux qui les dirigent temporairement et restent dans la rue pour exiger des changements réels, profonds et durables.

Les autres contestataires de Lybie, de Bahreïn, d’Oman et du Yémen combattent toujours. Ce matin, les dépêches nous rapportent que l’Arabie Saoudite défend toute manifestation dans le pays et que l’armée de Bouteflika apeure les jeunes et les empêche de manifester à Alger et à Oran. N’est-ce pas là la démonstration que la liberté n’existe pas dans ces pays ? Ces actions irraisonnables auront à la longue un effet boomerang qui fera en sorte que ceux qui, à ce jour, demeurent supporteurs des régimes actuels, se retourneront à leur tour contre les autocrates qui les persécutent.

Supportons-les. Que nos dirigeants politiques collaborent avec eux, et avec les autres qui s’ajouteront dans les mois prochains, pour assurer que le grand chambardement de tout le monde arabe devienne une réalité. Faisons en sorte que ce peuple arabe qui a déjà été grand, puisse se débarrasser des parasites qui l’ont entraîné dans les entrailles de l’enfer où il se trouve, et qu’il ait les instruments pour le redevenir.

L’objectif final de cette lutte sera atteint, comme l’a écrit Sansal : « … lorsque tombera le dernier dictateur et que sera brisé ce machin absurde, l’Arabie Saoudite, club de faux princes arrogants et cruels, qui se pose en gardien de la mythique race arabe et du véritable islam, et que disparaîtra la Ligue arabe, club fantoche mais combien pernicieux avec sa vision raciale et raciste du monde ».

C’est possible !

Claude Dupras

samedi 5 mars 2011

L’Algérie va-t-elle rater le coche ?

Après la Tunisie, l'Égypte et la Lybie, le Yémen et Bahrein qui vacillent, la liberté appelle les Algériens. L'Algérie, pays que j'aime beaucoup, m'inquiète. Je crains qu'il manque le train. J'étais à écrire un billet sur ce sujet lorsqu'un texte de l'écrivain algérien Boualem Sansal m'est tombé sous la main. Il résume très bien la situation actuelle du monde arabe, de l'Occident face aux révoltes, de l'évolution en Algérie et du pourquoi de l'hésitation des jeunes Algériens et Algériennes à faire leur propre révolution. J'ai pensé le reproduire ici, à la suite, étant donné sa qualité et sa pertinence.

Claude Dupras

L’Algérie va-t-elle rater le coche ?

"Le monde arabe de papa est mort, on se félicite chaudement. Soyons modestes, disons qu’il se meurt. Il sera fini lorsque tombera le dernier dictateur et que sera brisé ce machin absurde, l’Arabie Saoudite, club de faux princes arrogants et cruels, qui se pose en gardien de la mythique race arabe et du véritable islam, et que disparaîtra la Ligue arabe, club fantoche mais combien pernicieux avec sa vision raciale et raciste du monde. A ce stade l’affaire sera réglée, on aura arraché la racine, on tournera la page et on tentera de rattraper le temps perdu et d’échapper définitivement aux travers de ce monde : le passéisme, la folie des certitudes et l’imprécation. Et on aidera pour que meure cet autre monde, celui des ayatollahs et des talibans, là-bas en Asie. On balaie partout, ou ce n’est pas la peine.

Mais en vrai rien ne sera réglé tant que la question arabe, mélange d’islam, d’islamisme, de nationalisme, de panarabisme, de terrorisme, d’émigration, et autres ombres au tableau, hante les arrière-pensées des Occidentaux. Il faudrait aussi qu’ils cessent de penser que la démocratie et le droit leur appartiennent et qu’il leur revient de les dicter, agissant ainsi comme les princes et dictateurs arabes qui se sont convaincus que tout, la langue arabe, l’islam, son prophète, les peuples et les terres arabes, le pétrole et l’avenir du monde leur appartiennent et qu’il leur revient de convertir les mécréants ou de les tuer.

La question se pose : si le monde arabe de papa tombe, le monde arabe que les Occidentaux portent dans la tête va-t-il tomber aussi ou vont-ils le garder pour les besoins de leur vision du monde ? Le monde arabe peut-il se transformer de lui-même et échapper au scénario écrit par l’Occident ? Lui-même verra-t-il l’Occident autrement que comme un monde de mécréance et de manipulation ? Moi, je ne sais pas répondre à ces questions, sauf à dire qu’il faut en finir avec tous ces mondes qui se regardent en chiens de faïence, qui finalement n’existent que dans et par le regard méprisant de l’autre et l’échange de mauvais procédés. Ce sont des questions pour les philosophes, ils pourraient se démener et nous dire si les choses existent par elles-mêmes ou si elles ne sont que des arguments de vente qui naissent de la confrontation d’idées fausses. Il faut des philosophes courageux qui ne craignent ni les tyrans ni les fous qui mènent le monde au crash. S’il faut par exemple parler de la place de l’islam dans l’Etat et la société, ils devront le faire en toute clarté et simplicité. Y en a-t-il dans l’avion ? Il y a urgence car le diable ne dort jamais longtemps et les révolutions se dévoient comme rien. La fin des dictatures soulève des montagnes de questions existentielles.

Parlons un peu de l’Algérie. Je sais qu’on se demande ce qui se passe. L’Algérie est un pays révolutionnaire prompt à bondir, or voilà qu’il ne bouge pas. Les Algériens sont-ils déjà morts, tués préventivement ? Pourquoi ce silence, alors que de Nouakchott à Manama la bataille fait rage et que les tyrans capitulent l’un après l’autre. Même la police n’en revient pas : les 12, 19 et 26 février, jours de marches organisées par l’opposition, elle avait sorti 35 000 hommes, les meilleurs, suréquipés, gonflés à bloc, car s’attendant à un tsunami de hooligans. Et qu’a-t-elle vu ? Rien d’effrayant, un petit groupe de personnes d’âge mûr, bien mis, polis, les matraques leur en sont tombées des mains. Il faut dire que le vieux Bouteflika avait pris les devants. Cela faisait des semaines, depuis la fuite de Ben Ali, qu’il arrosait à tout-va. Ce sont des millions de dollars qui coulent du robinet jour après jour. Si on ne s’enrichit pas en ce moment avec papa Bouteflika, on ne s’enrichira jamais, c’est l’astuce du jour, elle brille au fronton des administrations, ouvertes en priorité aux jeunes, aux diplômés chômeurs, aux sans-logis, à tous les mécontents. Il a écrasé son orgueil de chef d’Etat et s’est pris d’amour fou pour ces fainéants, comme il les appelait hier. Il ne travaille que pour eux, les annonces budgétaires se succèdent à feu roulant. Le bonheur revient, la révolution recule. Le prix du pétrole grimpe, ça va, le pays ne sera pas ruiné tout de suite même si l’inflation accourt.

Est-ce tout ? Qu’en pense Toufik (1), le grand patron de l’Algérie ? Va-t-il laisser faire ? Est-il derrière les marches d’avertissement à Bouteflika ? Va-t-il le garder comme bouclier, chiffon rouge, attendre que son cancer l’emporte, qu’il démissionne ? Qu’en pense la DST en France, alliée stratégique du DRS (2), a-t-elle encore besoin de M. Bouteflika et sa concorde foireuse ? Si oui, pourquoi le terrorisme, s’étant déplacé au Sahel, ne sévit-il plus en Algérie que sur commande, comme piqûre de rappel ? Et M. Sarkozy, pourquoi le soutient-il encore (3), puisqu’il vient de dire que l’hypothèse islamiste a vécu et la Françafrique aussi ? Ne voit-il pas que l’homme est une potiche qu’on laisse jouer au dictateur pour cacher les vrais pouvoirs, les vrais enjeux ? On sait qu’Obama déteste Bouteflika et Sarkozy, mais ira-t-il jusqu’à actionner l’ANP (4), l’autre grand patron de l’Algérie, pour les sortir du jeu ?

Qui va gagner ? C’est opaque, le jeune Algérien veut savoir avant d’aller mourir dans les rues d’Alger. D’un autre côté, Tunis, Le Caire, Benghazi, Manama, Sanaa, le font rêver, les jeunes s’y battent comme des lions, il fait corps avec eux, via Al-Jezira. La révolution c’est beau, les peuples n’ont qu’elle pour exister, mais la révolution, comme les trains, n’attend pas. De ceux qui ratent la chance de leur vie, on dit ici : «Bobby les a mangés.» Bobby, c’est le chien de garde.

(1) et (2) Le général major Toufik est le patron du Département du renseignement et de la sécurité (DRS), les services secrets, cœur battant du système politique algérien.

(3) Sarkozy avait déclaré durant la présidentielle algérienne de 2008 : «Je préfère Bouteflika aux talibans à Alger.» Il s’adressait évidemment aux généraux algériens, les faiseurs de rois, lesquels s’exécutèrent, après accord de confirmation de la CIA. Bouteflika eut son 3e mandat, avec un score de 94%.

(4) L’Armée nationale populaire, autre cœur battant du système politique algérien."