vendredi 30 septembre 2011

La primaire socialiste française : un succès ?

Le parti socialiste français (PS) organise des primaires pour le choix de son candidat présidentiel pour 2012.

Les six candidats font évidemment campagne sur tout le territoire français car le vote est ouvert à tous les Français de gauche quel que soit leur parti. Mais ce qui est plus important pour eux, pour le parti et pour le peuple français, ce sont leurs débats télévisés. À ce jour, les deux premiers de trois débats ont eu lieu et l’audience a atteint des chiffres record. Ce ne peut qu’être bon pour le parti et la preuve vient d’en être faite lors des élections sénatoriales de la semaine dernière. Pour la première fois depuis que la Vème république existe, plus de 60 ans, la gauche a obtenu la majorité absolue au Sénat, reléguant ainsi la droite à l’opposition. Pour la politique française, c’est un moment historique.

Et pendant ce temps, la cote de popularité du président Nicolas Sarkozy, qui depuis un an montrait une tendance à la haute, dégringole à nouveau.

Cette situation est surprenante ? Non, je ne le crois pas car la politique est un commerce d’images et d’illusions et la primaire socialiste en est un autre exemple. Le fait que les médias rapportent pleinement tous les évènements et tous les discours rattachés à cette primaire, donne au PS une notoriété retrouvée et lui assure une présence constante dans l’esprit français. Plusieurs en concluent à l’inévitable fin du règne Sarkozy. Ils ne réalisent pas que la remontée actuelle du PS découle en grande partie de la publicité massive, positive et gratuite générée par la primaire.

Du ce point de vue là, la primaire socialiste est une grande réussite. Les candidats se respectent, sont photogéniques, intelligents… L’image projetée est parfaite. Nous, Nordaméricains, connaissons bien la popularité gagnée par les partis politiques suite aux élections primaires des partis américains, à leurs congrès républicain et démocrate pour ratifier le choix de leur candidat présidentiel, aux courses de leadership des partis politiques canadiens. À chaque occasion, le parti remonte rapidement dans les sondages. C’est inévitable. Puis, après quelques mois, les choses se tassent et l’opinion publique revient à ses positions initiales, à moins qu’un candidat exceptionnel comme un Barak Obama ou un Pierre-Elliot Trudeau devienne le candidat du parti.

Parallèlement à la bonne presse dont jouit le PS, le président Sarkozy est victime d’une campagne de « salissage » éhontée. Chaque jour apporte de nouvelles révélations qui portent sur des évènements vieux de quinze à vingt ans. Certains de ses adversaires déterrent de pseudo-scandales à propos d’individus, toujours qualifiés de « proches de Sarkozy », du temps où il faisait partie de l’organisation de la campagne d’Edouard Balladur en 1995. Ils tournent autour de vente d’armements par la France à des pays lointains et de retro commissions qui auraient été versées pour financer cette campagne. Sarkozy n’était alors qu’un des porte-paroles du candidat, mais aujourd’hui on veut en faire le porte-valise de billets de francs versés illégalement au comité Balladur. Il est clair que ce ne sont que des insinuations mensongères qui visent à miner la réputation du président. C’est fort malhonnête car Sarkozy ne bénéficie d’aucune présomption d’innocence. C’est écrit, donc c’est vrai ! « A beau mentir qui vient de loin ».

Ses « vrais » proches ont beau venir sur la place publique expliquer qu’il ne peut être impliqué dans ces accusations, rien n’y fait. Pendant ce temps-là, le président Sarkozy travaille fort à résoudre l’impensable crise monétaire qui nous pend au bout du nez et qui risque de tout jeter par terre, parcoure le monde, s’occupe de la Lybie, de l’Afghanistan, de l’ONU, dirige le G8, le G20, vend des produits français de haute technologie, continue ses réformes, etc… représente bien la France et est apprécié dans le monde entier.

Le premier « débat » fut mal planifié et devint vite ennuyeux et soporifique. Le deuxième a adopté la formule de débat ouvert entre les candidats et s’annonçait plus intéressant.

J’ai écouté attentivement ces deux débats. A mon avis, il ne s’est dit pas grand-chose d’important. Les candidats sont divisés sur les modalités du programme PS et on ne peut savoir ce qu’il en adviendra. Ils ne s’entendent pas sur l’emploi des jeunes, n’expliquent pas le financement des 300 000 nouveaux emplois promis, promettent d’engager 60 000 nouveaux instituteurs, d’ajouter 15 000 nouveaux policiers, de bloquer les prix de l’essence et des produits de première nécessité, de ramener l’âge de retraite à 60 ans, d’abolir les lois sarkozystes votées pour corriger l’erreur magistrale que fut celle des 35 heures, d’interdire les licenciements dans les entreprises qui sont profitables, et encore… Ils proposent des idées comme si la crise économique de 2008 n’avait pas existé, que le difficile contexte économique actuel n’existe pas et qu’il n’y a pas menace d’une nouvelle crise d’une dimension catastrophique à l’horizon. C’est irréel.

Lors du deuxième débat, je fus surpris de constater qu’ils n’ont même pas parlé de l’Europe, des problèmes de ses banques, du désastre humain que peut entraîner la faillite de la Grèce, du danger qui menace le système capitaliste mondial, de la menace à l’épargne des Français et Françaises, du danger pour la croissance de l’économie française, déjà en difficulté. Seuls Arnaud Montebourg et Ségolène Royal ont effleuré brièvement le sujet. C’était la veille de la grande victoire surprenante de la chancelière allemande Angela Merkel qui a réussi à faire voter au Bundestag allemand le plan d’aide à la Grèce alors que tout l’Occident attendait ce vote important. Où sont les socialistes français devant le vrai problème qui nous confronte tous, Européens comme Nordaméricains ?

Ces candidats veulent diriger la France mais ne proposent pas de plans réalistes pour relancer la production industrielle dans leur pays, comme celle qui rend l’Allemagne riche. Au contraire, ils suggèrent des menaces monétaires contre les grandes entreprises pour les forcer à faire ceci ou cela. Des suggestions de toute évidence improductives. Ils se sentent incapables de proposer la méthode allemande de réunir entreprises et syndicats afin que tous travaillent ensemble à créer de bons produits qui peuvent se vendre dans le monde.

Pourquoi la France ne peut-elle pas produire des autos de haut de gamme comme les Mercedes, les Audis, les BMW, les Porche qui se vendent partout sur la planète à gros prix et qui sont tous fabriqués sur le territoire allemand. Il en est de même pour une longue liste de produits industriels, d’équipements lourds et d'outillages qui sont recherchés par les meilleures entreprises. Où sont les socialistes pour s’offusquer de cette carence française et proposer une voie pour en sortir ? C’est toute l’économie française et l’emploi qui pourraient largement en bénéficier.

Les socialistes rêvent de prendre l’Élysée. Pour en faire quoi ? Pour changer les choses ? Changer quoi ? À les entendre parler, ils me donnent l’impression de ne pas connaître les vraies priorités de la France pour faire face à tout ce qui s’en vient et en sortir la tête haute. Ils risquent, par leur primaire, de démontrer clairement leur incapacité à diriger la France dans le monde d’aujourd’hui.

Claude Dupras

mercredi 21 septembre 2011

Une commission d’enquête sur la construction au Québec : Oui ou Non ?

Le 13 mai 2009, j’ai réclamé dans mon blog une enquête sur les augmentations vertigineuses des prix de la construction dans les projets publics au Québec. Mon billet intitulé : « Des prix de fous! » faisait état de « la flambée des prix de la construction de l’extension du métro à Laval, du projet de l’autoroute Ville-Marie, du contrat des compteurs d’eau de la ville de Montréal, des prévisions budgétaires pour les garages et les centres d’entretien pour l’Agence métropolitaine de transport (AMT), du Centre hospitalier universitaire de Montréal (CHUM) pour ne mentionner que ceux-là car il y en a des dizaines d’autres ».

Comme ingénieur qui a œuvré dans le domaine de la construction durant plus de 40 ans, je ne pouvais m’expliquer les augmentations aussi considérables et je voulais les souligner à mes lecteurs. En conclusion, j’en étais arrivé à proposer « la mise sur pied par le gouvernement du Québec d’une commission d’enquête sur les coûts de construction » et j’ajoutais « Il est urgent de bien comprendre ce qui se passe afin de faire les corrections nécessaires car le Québec va entreprendre dans les cinq prochaines années plus de 45 milliards $ de travaux d’infrastructures ».

En 2010, l’opposition à l’Assemblée Nationale a finalement ressenti ce qui se passait dans le domaine de la construction et a réclamé sans relâche une enquête du domaine de la construction et ses effets sur le financement des partis politiques. Malheureusement, les attaques du PQ étaient trop teintées de partisannerie pour avoir les effets qu’elles méritaient. Mais, heureusement, de nombreux groupes et individus se sont levés pour dénoncer la situation et le PM Jean Charest, en bon politicien et après de longues hésitations, a finalement décidé d’agir. Il a donné le mandat à Jacques Duchesneau, ex-chef de police de Montréal, de diriger l’Unité Anti-collusion du ministère des Transports et de faire rapport sur la situation. De plus, il a créé l'Unité Permanente Anti-Corruption (UPAC) avec pouvoirs d’enquête et recommandation.

Même si depuis 2009, j’avais alimenté mon blog de plusieurs billets pour insister et démontrer la nécessité de la mise sur pied d’une enquête publique, j’en étais venu à la conclusion que finalement ces nouveaux organismes gouvernementux, mis-sur-pied par le gouvernement, pouvaient faire la lumière sur ce que je dénonçais comme un scandale extraordinaire de corruption. J’en concluais que la commission d’enquête publique serait longue, coûteuse, avec des témoins protégés par la loi, et n’aboutirait pas aussi rapidement que la police pour mettre fin au scandale. En somme, il me semblait que l’on pouvait atteindre les mêmes résultats plus facilement et rapidement avec les Unités. Depuis, comme tous les Québécois et Québécoises, j'ai attendu. Peu de résultats ont émané des responsables de ces Unités.

Et, comme je commençais à désespérer, voilà, il y a une semaine, que Jacques Duchesneau a présenté son rapport à son ministre. Ce document est accablant et résume une situation dans la construction qui frise le crime organisé, où la vraie concurrence n’existe pas, où les prix sont fixés... et où les partis politiques semblent être récipiendaires d’une partie de ces fonds pour leurs besoins électoraux. Dans un premier temps, le PM Charest a pris le tout comme un grain de sel et a recommandé aux Québécois de ne pas croire toutes « les allégations » du rapport car il n’est pas truffé de preuves. Il est difficile de croire que Duchesneau, dont la carrière policière et la réputation sont sans tache, se soit amusé à produire un rapport simplement pour écrire des mots. La conclusion est simple : Duchesneau a frappé le clou sur la tête et ça fait mal…. Il a raison. Et le gouvernement le sait.

Le PM veut remettre le rapport Duchesneau à l’UPAC pour continuer l’enquête et porter les accusations qui s’imposent. Que Jean Charest le fasse, s’il le veut, mais qu’il sache que face à une telle situation, unique dans son genre, qui sent mauvais et qui porte les soupçons d’un scandale d’une envergure jamais connue au Québec, la vraie solution est d’assurer que les Québécois soient totalement renseignés et sensibilisés sur tous les aspects de cette situation. Nous devons connaitre les vrais coupables qu’ils soient de la pègre, du gouvernement, de la fonction publique, d’entreprises de construction, de fournisseurs de matériaux, de firmes d’ingénieurs, etc…. La seule façon de tout découvrir et de tout comprendre est une enquête publique. La démocratie l’exige. Le scandale des commandites nous l’a bien démontré.

Ce sont les Québécois qui payent…Ce sont eux qui sont les dindons de la farce… Et avec les besoins grandissants de notre population, ça suffit le vol de nos deniers.

M. Charest, je ne vous blâme pas de cette situation. Je crois vraiment que nous nous sommes tous fait avoir par ces bandits. Mais, dans les circonstances actuelles, vous n’avez pas d’autre alternative. Si non, vous semblerez être un complice de ce système pourri qui mine davantage, de jour en jour, notre société.

Claude Dupras

jeudi 15 septembre 2011

Obama : président d’un mandat ?

Le sondage américain Gallup de ce matin, compte 40% d’Américains favorables au travail du président Barack Obama et 52% non favorables. Il y a près d’un an, le score était l’inverse. Ça va mal à la « shop » de la Maison Blanche !

Le « slogan » de campagne de Mme Michelle Bauchman, candidate à l’investiture pour le choix du candidat républicain à l’élection de novembre 2012, est « Obama, président d’un mandat ». Chaque fois qu’elle le crie à une foule, une ovation d’un enthousiasme débordant répond.

Je suis de près cette élection primaire républicaine qui est triste à regarder. Les attitudes, les opinions et la qualité des candidats en lice ne sont pas à la hauteur d’un grand parti comme celui des républicains. Un seul, à mon avis, devrait être président, c’est Mitch Romney, l’ex gouverneur de l’état du Massachusetts. Les autres semblent venir d’un autre temps.

Celui qui est actuellement le favori pour l’emporter est le gouverneur du Texas, Rick Perry. Il est comme un illuminé charismatique avec des airs de « preacher ». Mais il présente un bon bilan à la tête du Texas. En août, voulant imiter Abraham Lincoln durant la guerre civile américaine, il a organisé, au grand stade d’Houston, une journée (sept heures) de prière et de jeûne pour demander pardon à Dieu pour les péchés du peuple américain et le supplier d’aider l’Amérique à se sortir de la crise économique… 30 000 personnes répondirent. Pourtant, Perry devrait comprendre les limites de la prière puisqu’en avril il a organisé une vigile de trois jours de prière pour que Dieu envoie la pluie sur le Texas à cause de la pire sécheresse depuis 1895. Aucune goutte d’eau n’est tombée depuis. Ces gestes « religieux » ont conquis la droite évangéliste américaine. Perry est aussi le préféré des teapartyers car il promet de couper sans réserve les dépenses gouvernementales. Ce sont ces appuis qui le placent aujourd’hui à la tête des candidats.

Hier avait lieu, dans le 9ième district de New York, l’élection partielle d’un représentant au Congrès américain qui en compte 435. Actuellement ce sont les républicains qui ont la majorité de cette chambre législative très importante de la politique américaine. Le sortant-de-charge était un démocrate qui fut pris dans un scandale. La population de ce district à 40% juive est de tradition démocrate. Bill Clinton et l’ex-gouverneur de NY Cuomo ont fait campagne pour le candidat démocrate qui est juif. À la grande surprise des observateurs, c’est le candidat républicain, novice de la politique, catholique, qui a gagné. L’ancien maire Koch de NY, démocrate et juif, a « viré son capot » et a fait campagne pour le républicain, tout comme les rabbins de New York car ils n’aiment pas la politique d’Obama envers Israël en rapport avec sa décision d’utiliser les frontières de 1967 entre la Palestine et Israël comme base de discussion pour une entente entre les deux parties.

On comprend mieux qu’Obama ait décidé de voter contre la création de l’État de la Palestine par le conseil de sécurité des Nations Unies. Ce n’est que pour garder ou récupérer sa base électorale juive. C’est de l’opportunisme politique. Que les droits des Palestiniens soient brimés…

L’autre aspect important dans ce district, et dans un autre au Nevada où il y avait aussi élection ce même jour, a été la stratégie républicaine de faire campagne sur les enjeux nationaux alors que normalement les batailles électorales dans les districts se font sur des enjeux locaux. En réussissant à centrer les critiques sur Obama, en faisant un genre de référendum sur le président, les républicains ont gagné les deux districts.

Les républicains ont appris à contrôler et dicter le message politique. Pour eux « éduqué » devient « élitiste », « riche » devient « créateur d’emplois », « stimulus » devient politiquement un mot sale…. au point qu’Obama ne l’utilise plus. Ils répètent sans cesse que le « stimulus » de 800 milliards $, d’il y a deux ans, proposé par Obama et adopté par le congrès à majorité démocrate, n’a rien donné. Ce qui est faux, mais un nombre grandissant d’américains le croient malgré l’avis des économistes qui affirment que le stimulus a mis fin à la dépression. Les républicains connaissent bien le proverbe : Mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose…

Ils s’opposent avec les mêmes arguments au nouveau programme de stimulus de 450 milliards $ proposé par Obama pour créer de nouveaux emplois immédiatement pour contrer la nouvelle crise. Comme les républicains sont maintenant majoritaires à la chambre des représentants, ils veulent tout arrêter car, disent-ils, ce n’est que de l’argent dépensé inutilement. Perry est un de ceux qui critiquent le plus le nouveau stimulus, mais, hypocritement, il oublie de dire qu’il a utilisé 6 milliards $ du premier stimulus pour balancer son budget texan. Avec de tels hommes politiques, les USA ne sont pas sortis du bois !

Le parti républicain réunit de plus en plus de monde de tous les niveaux de la société. Alors qu’avant il était reconnu comme le parti des « riches », il est devenu le repaire de tous ceux qui s’opposent aux dépenses gouvernementales et d’une large partie de la classe moyenne qui en a assez de la politique. Le nouveau parti républicain, et je crois qu’un peut le qualifier ainsi, est redevenu une force politique importante.

Barack Obama et les démocrates ne peuvent qu’être inquiets. L’élection d’hier à New York n’indique rien de bon. Celle du Nevada non plus. Et les sondages encore moins.

Les observateurs qui s’y connaissent prédisent maintenant que le candidat républicain remportera la présidence en 2012. Dans tout cela, Il ne faut pas oublier que ce n’est pas le suffrage universel qui compte aux USA pour l’élection du président mais le collège électoral. Et lorsqu’on constate l'évolution politique d'un État comme celui de New York qui a toujours voté du côté démocrate au collège électoral, c’est significatif.

Je crains de plus en plus que le président Barack Obama ne soit le président que d’un mandat. Et dire que GWBush en a eu deux.

Claude Dupras

samedi 10 septembre 2011

Sarkozy : Le moindre mal

Depuis le jour de son élection en 2007, l’opposition et principalement le parti socialiste français (PS) n’ont cessé de critiquer le président Nicolas Sarkozy. Le PS ne se gêne pas pour dire n’importe quoi de négatif, même sur des lois de première importance pour le développement positif de la France. De plus, il amplifie les erreurs les plus insignifiantes du président, et qui n’en fait pas, et les dénonce honteusement sachant que les médias rapporteront ses inexactitudes en boucle 24h/24. Alors qu’il accuse Sarkozy de ne pas être présidentiable, le PS ne montre, par ses agissements, aucun respect pour la position de président de la France. Il est même près à affirmer que si la pluie tombe, c’est la faute de Sarkozy. J’exagère évidemment par cette dernière affirmation, mais le PS le fait aussi et depuis les premiers jours.

Sarkozy achève une longue traversée du désert en ce qui touche sa popularité, mais peu à peu les sondages indiquent une remontée favorable pour lui dans l’opinion publique.

Une chose est certaine, l’Europe et le monde entier reconnaissent l’excellent travail que le président français Sarkozy a fait comme président de l’Europe et continue de faire comme président du G8 et comme président du G20. Les hommes et les femmes politiques de ces haut-niveaux admirent son leadership, sa capacité de travail et l’aplomb de son argumentation. Personne ne peut nier cela et il le démontre encore aujourd’hui, et clairement, dans la situation lybienne.

Comme président de la France, Nicolas Sarkozy se veut un président dédié à régler les vrais problèmes de son pays, ceux qui ont rapport au travail, à la sécurité et au social. Dans chacun de ces domaines, il a engagé un très grand nombre de réformes et il a généralement réussi. Certes la conjoncture économique change et certaines de ses décisions auraient dû être quelque peu différentes, mais lui, comme nous, ne pouvait anticiper la crise économique de 2008 ni celle qui nous envahit actuellement. Suite à la gravité et l’importance de ces crises, où en serait la France si Sarkozy n’avait pas fait tout ce qu’il a fait ?

Nicolas Sarkozy n’est pas un président du même genre que ceux qui ont succédé à De gaulle. Ces derniers s’appliquaient à bien remplir leur poste de président en étant présidentiable mais en évitant de s’ingérer dans les problèmes profonds qui s’annonçaient déjà. Ils aimaient bâtir pour marquer leur période. Quant à Sarkozy, il est un réformateur qui s’inquiète de la situation actuelle de la France et de son avenir. Il cherche et propose des solutions. Pas nécessairement les plus faciles ou les plus populaires, mais celles qui doivent être appliquées pour relancer le pays. Ce n’est pas un De gaulle puisque ce dernier était unique, mais il est animé du même souffle de réformateur que le grand Charles.

Plusieurs prétendants rêvent de le remplacer. Au PS, six candidats contestent la primaire, mais seulement trois peuvent prétendre à la victoire : Ségolène Royal, Martine Aubry, et François Hollande. Ségolène Royal a changé et montre un visage différent. Malheureusement pour elle, personne n’écoute. On peut prédire qu’elle ne sera pas élue candidate du PS. De son côté, Martine Aubry porte le boulet de l’adoption de la loi des 35 heures qu’elle a proposée en tant que ministre, même si, aujourd’hui, elle veut réécrire l’histoire en affirmant que c’est l’ex-PM Jospin qui voulait cela. Ce fut une des grandes erreurs politiques des dernières décennies en France. François Hollande, a dirigé un PS qui perdit deux présidentielles et a laissé un parti désorganisé. De plus, il préside la Corrèze et il s’avère que sa région est une des plus endettées de France. Quant à son programme politique pour la présidentielle, on constate de plus en plus qu’il ne résiste pas à la critique comme dans l’affaire des 70 000 emplois à l’éducation. De tels points, parmi plusieurs autres, sont importants et minent la confiance des électeurs surtout lorsque la France a besoin d’un leadership solide pour les prochaines années qui de toute évidence seront difficiles.

Au centre du spectre politique, il y a François Bayrou et Jean Louis Borloo. Bayrou est président du Modem, et après avoir traversé une mauvaise période politique revient à la charge pour se faire élire président de la France. Il n’a aucune chance dans les circonstances actuelles. Borloo est l’ancien ministre de l’environnement de Sarkozy et a quitté le cabinet avec dépit lorsque le président ne l’avait pas choisi premier ministre. Il se voyait dans ce poste et le choc a été dur. Il est revenu à son parti politique d’origine et parle fortement de devenir aussi un candidat présidentiel du centre. S’il le fait, Bayrou et lui diviseront ces votes et s’élimineront eux-mêmes de la course.

Malgré ses qualités, Marine Le Pen, chef du front National de droite de la droite, dirige un parti encore honni par une très grande partie de l’électorat français. Elle a été la cible d’insinuations mensongères depuis qu’elle a fait de bons scores dans les sondages. Ces attaques ont eu leurs effets et son appui a diminué, quelque peu, même s’il demeure important. Tout ce qu’elle peut espérer, c’est la deuxième place au premier tour afin d’être éligible au dernier tour.

Il y a aussi Eva Joly qui est la candidate d’« Europe Ecologie – Les Verts ». C’est une personne de fort calibre qui a obtenu la confiance des environnementalistes. Elle mérite d’être écoutée. Même si son score peut dépasser les 10%, si tout va bien, elle ne peut espérer d’être élue.

Puis, il y a le candidat du Front de Gauche, Jean-Luc Mélenchon, qui bénéficie de l’appui du parti communiste et du fait qu’il est un excellent tribun. Il ne récoltera que 5-9% des suffrages.

Donc, le deuxième tour se tiendra entre Sarkozy et le candidat du PS ou celui du Front National. Si c’est Marine Le Pen, Sarkozy gagnera aisément à cause de l’appui d’une très grande partie des socialistes, tout comme ce fut le cas pour Jacques Chirac en 2002. Et contre le candidat du PS, j’ai la nette impression que Nicolas Sarkozy sera réélu, nonobstant les sondages qui favorisent actuellement Hollande ou Aubry.

Malgré tous les reproches que le président a subis, dont plusieurs étaient mérités, l’électorat français aura à choisir entre lui et le candidat du PS. Après y avoir bien réfléchi et comparé les candidats, je crois que plusieurs électeurs qui, en début de campagne, auront l’intention de voter contre Sarkozy se résigneront à voter pour lui. La brillance de Sarkozy et ses actions sur le plan international feront la différence. Il sera devenu, pour eux, le candidat du moindre mal.

Claude Dupras

jeudi 8 septembre 2011

Le premier ministre de SA Majesté

Le Canada redevient-il une colonie de l’Angleterre ? Si on en juge par les actions récentes du premier ministre canadien Stephen Harper, on pourrait le croire.

Après avoir enlevé du hall d’entrée du ministère des Affaires étrangères, à Ottawa, les deux tableaux historiques du célèbre peintre québécois Alfred Pellan représentant le pays, il a renommé ce mur, « le mur des Souverains », pour commémorer la visite du prince William et de son épouse Kate, aussi connus maintenant comme le duc et la duchesse de Cambridge, et a décidé de suspendre un tableau géant du portrait de la reine Élizabeth II pour remplacer les tableaux.

Puis, il a renommé les forces militaires canadiennes en ajoutant le mot royal dans leurs noms.

Lors du décès du chef du NDP, Harper l’a qualifié, dans le message de sympathie qu’il a envoyé aux Canadiens et Canadiennes, du « chef de la loyale opposition de SA Majesté », alors que depuis des décennies les prédécesseurs de Layton et lui-même se nommaient « le chef de l’opposition officielle du gouvernement canadien ».

Tous les contrats du fédéral avec les entreprises privées sont faits entre Sa Majesté et les entreprises ou les individus.

Et ce n’est pas fini… Le PM Harper vient de décider que le portrait de la reine Élizabeth II doit être dorénavant affiché dans toutes les ambassades, dans tous les consulats et les bureaux des Haut-Commissaires canadiens du monde puisqu’elle est « le chef d’État du Canada ». J’imagine ce que pense un malaysien, un russe, un algérien, un chinois, un français et tout autre individu entrant dans une ambassade du Canada pour s’informer des lois d’immigrations canadiennes. Il doit ressortir vite pensant qu’il s’est trompé d’adresse et se retrouve dans l’ambassade anglaise. Qui dans le monde peut comprendre cet accent royaliste que notre gouvernement canadien, élu par seulement 39% des canadiens, nous impose ? Comme symbole de colonialisme, c’est fort et triste.

Enfin, la rumeur taquine… veut que Stephen Harper ait accroché le portrait de la SA Majesté au dessus du lit de la chambre de leur couple et il rêve que les Canadiens fassent comme lui.

Il semble que le premier ministre Harper fait tout pour écœurer les Québécois qui s’opposent à cela puisqu’ils veulent que leur pays soit vraiment indépendant non seulement par ses lois mais aussi par ses symboles.

L’aplat-ventrisme de notre gouvernement conservateur devant la couronne britannique a assez duré. C’est choquant et incompréhensible et n’aide pas l’unité canadienne.

Vive la premier ministre d’Australie, qui cherche à se départir totalement de la couronne britannique.

Claude Dupras

vendredi 2 septembre 2011

Vous voulez un nouveau pont, alors, la prochaine fois, votez pour Harper…

Dans les années ’50, les gens de Shawinigan réclamaient sans succès du premier ministre québécois Maurice Duplessis un nouveau pont sur la rivière Saint-Maurice. Le problème : leur député était rouge alors que les bleus étaient au pouvoir. Dans la campagne de 1956, dans un discours à Shawinigan, Duplessis a dit crûment à la foule « vous voulez un pont, alors votez Union Nationale ». Nonobstant cette proposition alléchante mais menaçante, ils votèrent, à nouveau, libéral, et n’eurent pas de pont. Dans ce temps-là, ça marchait comme ca ! Autant sous les gouvernements de l’Union Nationale que sous ceux des libéraux.

Aujourd’hui, plus de cinquante ans plus tard, le journal anglophone Montréal Gazette estime que les Québécois ont brûlé le political bridge (pont politique) avec Ottawa, en votant massivement NDP le 2 mai dernier. Voilà, nous sommes revenus à la case de départ, si on en croit l’éditorialiste du journal montréalais. Étant donné que nous n’avons pas voté pour le gouvernement conservateur, nous nous retrouvons sur la liste noire et nos demandes ne sont pas écoutées et même boycottées par Ottawa.

Examinons quelques prises de position depuis l’élection du 2 mai du gouvernement conservateur et qui touchent le Québec :

. Celui-ci veut que la réalisation d’un nouveau pont Champlain sur le fleuve Saint-Laurent, entre Montréal et la Rive-Sud, devienne la responsabilité du gouvernement du Québec et de la ville de Montréal alors que l’actuel pont qui doit être remplacé appartient au fédéral.

. Il a annoncé une loi omnibus pour son agenda de lois pour combattre le crime même si au Québec nous nous opposons au contenu de ces lois, qui sonnent fascistes, puisque nous favorisons une approche basée sur la réhabilitation et que les statistiques montrent que le crime diminue.

. Il refuse toute concession en rapport avec la diminution de la représentation québécoise à la Chambre des communes découlant de la décroissance démographique au Québec par rapport au reste du Canada. Pourtant, le parlement avait reconnu unanimement, lors de l’accord du Lac Meech, que le Québec ait toujours 25% du nombre des députés, puisqu’il est une des nations fondatrices du pays avec une culture et une langue à protéger en Amérique du Nord. La nouvelle proposition du gouvernement la diminuerait à 22,2%.

. Malgré la forte opposition du Québec, Harper a accepté de signer la garantie d’un prêt fédéral à taux réduit pour la réalisation du projet hydroélectrique Bas-Churchill au Labrador. Le Québec a toujours financé lui-même ses projets hydroélectriques et estime, avec raison, que le geste du gouvernement fédéral fausse la concurrence.

. Il veut fermer le registre canadien des armes à feux, malgré la forte opposition des Québécois. Le PM Jean Charest a proposé d’en instaurer un nouveau pour le Québec. Les conservateurs l’ont avisé qu’il ne recevra aucun argent ni aucune des données contenues dans le registre canadien.

. Sur la question de l’environnement, le Québec contrairement à Ottawa respecte l’accord de Kyoto et s’exprime pour un contrôle environnemental de l’exploitation des sables bitumineux de l’Alberta. Le PM ne répond même plus aux doléances du Québec sur ces questions.

Si la représentation conservatrice au Québec a diminué lors des deux dernières élections, le PM Harper doit faire son propre « mea culpa ». Gouvernement sortant-de-charge, son parti a mené une campagne électorale minable au Québec, sans thème et sans programme politique particulier alors qu’ailleurs, il a promis des mesures qui heurtaient de front l’opinion publique québécoise. Le financement des candidats dans les comtés a été insatisfaisant et un très grand nombre d’entre eux n’ont pu faire une campagne adéquate, le parti prétextant qu’ils n’avaient aucune chance de gagner. Le résultat : Harper s’est réveillé avec 5 députés alors qu’il en avait 11 et un pourcentage du votes amoindri pour la deuxième élection générale consécutive.

Le but des conservateurs était d’obtenir une majorité parlementaire sans le Québec. Ils ont réussi un évènement très rare et quasi impossible, un tour de force. Les circonstances ont voulu que les Québécois en aient ras-le-bol des partis traditionnels et du Bloc Québécois et, le 2 mai dernier, ils se sont tous tournés ensemble vers le NDP, à la surprise générale. Les Québécois qui sont majoritairement fédéralistes, sont maintenant éloignés du pouvoir et Harper donne l’impression qu’il administre le Canada comme si le Québec n’existait pas. Veut-il les punir de leur vote contre lui ?

Au lieu d’agir comme il le fait, une meilleure stratégie, pour le futur, serait de traiter le Québec comme par le passé. Une telle attitude laisserait une bonne impression chez les Québécois à l’effet qu’Harper est un chef politique ouvert qui pense à l’intérêt général. Il y va aussi de son propre intérêt puisque rien ne lui garantit qu’il puisse retrouver une majorité au Canada anglais lors de la prochaine élection canadienne. Avec plusieurs députés au Québec, il pourrait la maintenir. S’il continue sur la voie actuelle, il ne les aura sûrement pas. C’est surprenant de la part du « grand stratège » comme le surnomme le Canada anglais.

Le pont Champlain est une bonne occasion pour le PM Harper de renverser la mauvaise perception envers lui qui s’implante au Québec. Dans un premier temps, il s’agit du pont le plus utilisé du Canada et les Québécois n’en peuvent plus d’être pris dans les bouchons qui créent des attentes interminables. Un consortium d’ingénieurs a présenté un rapport détaillé et il semble que le pont doit être remplacé. Les ponts qui traversent le Saint Laurent ont toujours été de responsabilité fédérale. Alors pourquoi attendre ? Pourquoi jouer ce jeu irréel de vouloir transférer cette lourde responsabilité financière au Québec ? N’est-ce pas une attitude qui peut nuire à long terme aux bonnes relations des Québécois avec leur gouvernement fédéral ? Allons-nous revenir au temps passé, où il fallait voter du bon bord si on voulait obtenir des investissements du gouvernement ?

Allez, allez, premier ministre Harper, montrez votre ouverture d’esprit…

Claude Dupras