jeudi 29 novembre 2012

La commissaire France Charbonneau a atteint son niveau d’incompétence et doit partir

La commissaire France Charbonneau qui dirige la commission d’enquête sur la construction devrait quitter son poste. Elle vient de confirmer, durant la dernière semaine, qu’elle n’a pas la capacité nécessaire pour mener à bien l’important mandat que le gouvernement lui a confié.

Dans sa conférence de Presse d’aujourd’hui, elle a répété ce qu’elle disait le premier jour de sa nomination à l’effet qu’elle protégerait les témoins et les réputations des Québécois qui seraient visés malencontreusement par les enquêteurs. De plus, elle disait vouloir inviter ceux qui se sentiraient injustement touchés par les déclarations devant la commission à venir s’expliquer.

Les deux derniers interrogatoires ont vu un enquêteur-policier venir énumérer à la demande de la juge, les noms d’une centaine personnes qui ont déjeuné ou dîné ensemble depuis une dizaine d’années dans un club privé de Montréal. Dès qu’il a complété sa déposition, l’avocat du parti libéral dans un court contre-interrogatoire est venu démontrer le ridicule et le danger de la situation. Puis, la commissaire a ajourné l’enquête publique au 21 janvier 2013. Les individus nommés et sur qui a été semé le doute à l’effet qu’ils font partie du système de collusion des entrepreneurs, n’ont pu réagir et venir s’expliquer. La commissaire Charbonneau n’a pas protégé la réputation des gens nommés.

Le maire Gérald Tremblay a quitté son poste suite à des accusations faites par un individu, Martin Dumont, dont la crédibilité sur quelques uns de ses avancés a été démolie par un contre-interrogatoire à la fin de son témoignage. Pour toute réponse, devant l’évidence, ce dernier a simplement répondu : « Eh bien si vous le dites , je me suis trompé…! » Pourtant il était sous serment. Quant au maire, il a voulu venir s’expliquer, mais la commissaire Charbonneau ne lui a pas répondu. Devant la rumeur publique grandissante, il a démissionné. Et aujourd’hui, encore, elle promet d’accueillir ceux qui veulent s’expliquer, mais seulement quand elle le jugera à propos.

Aujourd’hui, on a vu deux des personnes dont les noms on été mentionnés par l’enquêteur, l’ex-ministre Beauchamp et un dirigeant de l’ATM, faire le tour des medias pour pouvoir s’expliquer publiquement et se défendre. Et leurs explications sont très plausibles et on peut croire qu’elles n’ont rien à voir avec les insinuations mensongères du procureur de la commission. Combien d’autres sont victimes comme eux ? C’est intolérable !

D’autre part, les avocats des corps publics et des corps intermédiaires, se plaignent avec raison que les documents en rapport avec les dépositions des témoins ne leur sont remis que quelques heures avant les audiences. Ils affirment n’avoir pas le temps de se préparer pour réagir efficacement en contre-interrogatoire dans l’intérêt de ceux qu’ils représentent. Il est même arrivé, lorsqu’ils ont fait leurs demandes, que la commissaire leur a fait de « gros yeux » et a élevé la voix comme si elle était une maîtresse d’école… alors qu’elle avait de toute évidence tort. Pour la troisième fois, aujourd’hui, la Commissaire Charbonneau a promis de les satisfaire.

Ce n’est pas sérieux. Qui peut la croire !

Depuis deux semaines, la commission Charbonneau « tourne en rond », selon Le Devoir et plusieurs observateurs de radio et de télé. Je suis d’accord avec eux. Pour répondre à cette observation pertinente, la commissaire Charbonneau s’est défendue en rappelant que le procureur-chef de la commission a quitté le 16 octobre et que son adjoint a claqué la porte quelques jours plus tard. Depuis, deux avocats qui sont restés ont été promus, mais les places vides n’ont pas été comblées. Qu’attend-elle, elle qui se plaint de tout le travail à accomplir et justifie ainsi le fait qu’il n’y avait plus de témoins à présenter cette semaine ?

Il devient de plus en plus clair que la juge France Charbonneau a atteint son niveau d’incompétence. Elle a eu une bonne carrière juridique, mais bien mener une commission d’enquête publique est une tâche d’une hauteur différente. On n’a qu’à se rappeler le travail du juge Cliche et du juge Gomery, lors d’enquêtes précédentes, pour comprendre qu’elle n’a pas le sens de gouvernance requis pour diriger une machine aussi importante.

Claude Dupras

jeudi 22 novembre 2012

La Droite qui boite

L’UMP (Union pour un Mouvement Populaire), qui est le parti politique de Nicolas Sarkozy, vient de se tirer une balle dans le pied. La Droite forte, la Droite sociale, la Droite sécuritaire, la Droite libérale ont été remplacées par la Droite qui boite.

Le résultat de la récente élection à la présidence du parti a été vivement disputé. Il en résulte une querelle qui le blesse profondément et peut être mortelle. Alors que les socialistes ne cessent de dégringoler l’échelle de la popularité et que leur leader et président François Hollande peine à 36% dans les sondages, voilà que l’opposition de droite se déchire sur la place publique sur une question de principe et de morale.

Il en fut de même pour les socialistes lorsqu’ils choisirent Martine Aubry pour devenir la première secrétaire du parti devant Ségolène Royal. Les accusations de vols d’élection et de tricheries furent lancées dans la direction d’Aubry. Heureusement pour le parti, Royal se rallia finalement et la paix fut retrouvée et les malheureux incidents électoraux disparurent petit à petit de la mémoire collective.

Une chose est claire, c’est que l’on joue dur en France quant il s’agit de politique et de pouvoir futur. La morale et l’éthique, connait pas !

Le comité de l’élection de l’UMP a fait une erreur magistrale en déclarant Jean-François Copé officiellement élu. Il a omis de compter les votes de trois de ses fédérations outre-mer. L’organisation de François Fillon en vérifiant les documents a remarqué l’erreur qui sans elle aurait permis à son candidat de remporter la palme. Pour ajouter à l’insulte, le comité refuse de corriger sa décision prétextant qu’il est trop tard.

Cet imbroglio fait suite à une campagne électorale durement combattue. En tout temps, les sondages plaçaient Fillon hautement en avance. Pour gagner, Copé a fait une campagne électorale à la Romney. Sachant qu’un très grand nombre des membres du parti sont très à droite, il a pris des positions discutables qui frisaient celles du Front National. Romney, pour gagner, a flirté avec les teapartyers, les évangélistes, les anti-avortements, les porteurs d’armes, etc.. il a tout dit pour se rallier les délégués de la convention républicaine et il a réussi. Par contre, durant l’élection, il a changé son fusil d’épaule allant même contre ce qu’il avait dit lors des primaires. Cela ne lui a pas été profitable car les Américains ont la mémoire longue. Ce sera ainsi en France. Copé peut chercher à maintenir le poste de président de l’UMP mais il n’ira pas plus loin et risque de constater la décomposition de son parti par la migration de milliers de ses adhérents vers d’autres horizons.

Dans toute organisation démocratique et surtout politique, il est essentiel que tous les dirigeants soient élus légitimement. C’est pourquoi, je ne peux accepter la solution, proposée par plusieurs dirigeants de la Droite français, d’oublier l’élection et de choisir Alain Juppé pour diriger l’UMP avec l’aide de membres des deux factions Copé et Fillon et assurer ainsi la paix de la droite. Pour favoriser cette option, Fillon a annoncé qu’il n’est plus intéressé par la présidence de l’UMP. Ça, c’est de la petite politique au mauvais moment. Cela ne l’aide pas et il serait sage qu’il se ravise, car l’apport de Juppé ne peut être que provisoire. La démocratie l’exige.

Nous sommes témoins de la bataille de deux leaders politiques importants qui s’entredéchirent. Cela doit cesser sinon tout va exploser. Copé doit se ressaisir. Comment peut-il penser faire oublier une telle situation ? Pourquoi, simplement, ne pas accepter un recomptage complet des votes fait à la satisfaction des deux candidats afin que le vrai gagnant soit déclaré. Que ce soit lui ou Fillon ! Ainsi, par la suite, si c’est lui, il aura la crédibilité nécessaire pour parler politique aux Français et chercher, entre autres, à leur faire oublier les propos à la Romney qu’il a tenus durant la campagne. Sans cela qui va l’écouter ? Est-il suicidaire au point qu’il ne voit pas l’implosion possible de son parti, d’autant plus que les sondages indiquent, depuis plusieurs mois, qu’il n’est pas le favori des Français et traîne de la patte loin derrière Sarkozy et Fillon. Qui va vouloir se rassembler autour de lui dans une telle condition ?

Avant d’être politique, juridique ou un « putsh », cette situation est surtout une question de chiffres. Il faut simplement faire une bonne addition de tous les votes exprimés. Quand même !

J’écoutais Copé hier sur France 2 et il disait accepter que la contestation soit soumise à la Commission des recours de l’UMP. Par contre, Fillon s’y objecte car il n’a pas confiance dans cet organisme dont les membres ont été nommés par Copé en tant que secrétaire-général du parti depuis le temps de Sarkozy. Contrairement à ce qu’il avait dit précédemment, Fillon vient d’affirmer qu’il ne saisira pas la justice. C’est mieux. Maintenant, qu’il se plie devant les statuts du parti qui fixent la voie pour régler les contestations. Cependant, il devrait exiger que les deux candidats soient bien représentés auprès de cette Commission afin d’être témoins des délibérations et de l’examen de la totalité des résultats des bureaux de votes, le tout dans le calme et la sérénité. Ainsi, tout le monde sera assuré que le déroulement est normal. C’est la moindre des choses pour un parti qui a de l’honneur et qui a besoin d’un début d’apaisement pour régler de façon satisfaisante ce conflit majeur.

Fillon a parlé de fracture dans le parti et cela devient malheureusement évident. Un parti divisé qui porte sa guerre dans les médias ne peut gagner. Il faut que cette situation pitoyable se règle bien et bientôt car les élections municipales qui approchent verront à nouveau le rejet de la droite à cause de cette chicane de famille intolérable.

Que Jean François Copé et François Fillon fassent preuve de responsabilité et démontrent qu’ils œuvrent dans l’intérêt général. Sinon le désastre les attend et cela peut vouloir dire l’éclatement de l’UMP.

Claude Dupras

lundi 19 novembre 2012

Était-ce du vin italien ?

Lors de sa nomination à la Commission Charbonneau, chargée par le gouvernement du Québec d’enquêter sur l'octroi et la gestion des contrats publics dans l'industrie de la construction, plusieurs médias et blogueurs ont souligné ce que disait, quelques mois avant, l’avocat Roderick Macdonald sur une commission publique. Maintenant que plusieurs témoins ont été interrogés, il me semble utile de le rappeler : "Les commissions publiques les plus désastreuses ont été celles qui examinaient le passé pour enquêter sur des crimes allégués. Une bonne enquête policière peut dévoiler des faits d'une manière bien plus efficace qu'une commission. En fait, les commissions publiques ont souvent l'effet de compromettre la preuve qui aurait été nécessaire pour assurer l'assise d'une accusation criminelle. Par ailleurs, une commission n'a pas le pouvoir de condamner un malfaiteur. Sans parler du cirque médiatique qui peut en découler. Nos commissions ressemblent davantage à des chasses aux sorcières qu'à des enquêtes ayant comme objectifs de renouveler nos politiques publiques: bon spectacle, mauvais résultat !"

A ce jour, le siège du sous-commissaire Macdonald est vide. On ne le voit pas. On ne l’entend pas. Il a une bonne raison. Me Macdonald a dû subir une opération chirurgicale et est en convalescence. A voir et à entendre ce qui se passe à la Commission, je dis bien humblement qu’il est urgent qu’il apparaisse pour la réorienter.

« Inquisition ou Commission», est le titre qui coiffait l’article du journal Le Devoir qui traitait de la position de Me Macdonald sur la valeur d’une commission d’enquête. Le mot inquisition est sûrement trop fort, mais aujourd’hui il souligne le malaise que plusieurs, comme moi, ressentent de l’allure de certaines interrogations des avocats de la Commission.

D’autre part, il devient évident, de jour en jour, que les frappes de l’escouade policière Marteau et les perquisitions de l’UPAC (Unité permanente anticorruption) à ville Laval et dans d’autres villes, sont percutantes. Enfin, nous saurons ce qui en est de l’odeur nauséabond que dégage le pouvoir politique municipal depuis trop longtemps dans trop d’endroits. Marteau et l’UPAC, qui ont été mises en place avant la Commission, nourrissent cette dernière de dossiers composés de preuves solides et de noms de personnages à interroger. Il devient clair qu’une bonne enquête policière peut dévoiler des faits d'une manière bien plus efficace qu'une commission.

Les témoins devant la Commission ont l’immunité judiciaire. Ils ne seront donc pas traduits devant la justice pour tout ce qu’ils diront d’incriminant devant les commissaires. Donc, un bandit comme Lino Zambito, qui a utilisé la mafia pour obtenir des contrats et qui a été une machine à corrompre de fonctionnaires, pendant de longues années, ne pourra se voir accuser suite à ses nombreuses révélations à la Commission. Heureusement, la justice le poursuit déjà pour d’autres méfaits du même genre. De plus, il est présumé que sa déposition, ayant été donnée sous serment, n’est que vérité. Il est de même pour tous les autres témoins. Or, à ce jour, quatre témoins (Dumont, Vézina, Thémens, Thériault) ont nié catégoriquement les affirmations de Zambito.

Qui dit vrai ? Qui croire ? Les médias, eux, n’ont pas de problème avec de telles questions. Ils choisissent les dires les plus frappants. Par exemple, les deux derniers témoins, surveillants de chantiers, sont d’humbles techniciens qui œuvrent à la ville de Montréal depuis plus de vingt ans. Ils ont affirmé n’avoir jamais été soudoyés par de l’argent d’entrepreneurs. Pourtant, dans l’heure qui suivit, un invité, enquêteur de son métier, est venu affirmer à l’émission télévisée de Mario Dumont, qu’après avoir entendu ces surveillants "il était convaincu qu’ils avaient perçu des « enveloppes brunes »". Affirmation sensationnaliste, gratuite et injuste qui fait de la bonne télé, mais c’est tout !

Personnellement, connaissant bien la construction et comprenant leur travail de surveillance de chantier, je suis convaincu qu’ils ont dit vrai. Le cirque médiatique qui découla des affirmations non prouvées de Zambito fit en sorte que ces techniciens virent leur emploi suspendu sans solde par la ville. Cette situation demeure malgré leurs témoignages. Est-ce correct d’agir ainsi ? Où est la présomption d’innocence ?

D’autre part, leurs interrogatoires furent un vrai bal de bouteilles de vins, de billets d’hockey et de parties de golf. Ils ont admis, dès le début, avoir reçu des bouteilles de vins comme cadeaux de Noël, d’avoir accepté des billets d’hockey pour les matchs des Canadiens et d’avoir joué dans des foursome payés par les entrepreneurs lors de tournois de golf. Cela une, deux ou trois fois par an. Ils se sont défendus en invoquant le fait que c’était une coutume reconnue à la ville et qu’ils ne croyaient pas qu’il était mal d’accepter ces cadeaux. Pour eux, cela n’a pas influencé leur travail et leurs décisions. Malgré ces admissions et ces explications, les avocats de la Commission n’ont cessé, durant deux heures, de les harceler avec les mêmes insinuations. Un avocat a même demandé : "Était-ce du vin italien ?". Question non seulement insignifiante mais discriminatoire.

La très grande majorité des billets d’hockey et des loges du Centre Bell pour les matchs des Canadiens est achetée par des compagnies qui justifient ces frais d’acquisitions et ceux d’« entertainment » qui en découlent, comme des frais de représentations. Les gouvernements du Québec et du Canada les acceptent comme déductions pour le calcul de l’impôt. S’il n’en était pas ainsi, les Canadiens de Montréal n’auraient pas suffisamment de fonds pour maintenir l’équipe. Il en est de même pour les tournois de golf car sans eux, plusieurs clubs seraient en difficulté.

Quant aux bouteilles de vins, un très grand nombre de québécois en donnent en cadeau pour remercier les gens qu’ils apprécient. Ainsi, tous les ans, j’en donne une, entre autres, à la postière de Postes Canada de mon village pour la remercier de la bonne attention qu’elle porte à son travail. Une voisine donne une bouteille de vin à la maîtresse d’école de son fils pour signifier une reconnaissance de son dévouement. Je serais curieux de connaître le nombre, en milliers j’en suis certain, de bouteilles de vins qui sont donnés en cadeaux au Québec. On n’achète pas de faveurs avec une bouteille de vin d’une vingtaine de $. On exprime sa satisfaction et sa reconnaissance pour un travail bien fait! Les Québécois savent faire la différence entre ce qui est correct et ce qui est exagéré ! Nous ne sommes pas des « saintes-nitouches ».

J’aime bien le commissaire Lachance qui sait poser des questions pertinentes. Par contre, la commissaire Charbonneau, ne semble pas comprendre tout ce qui se dit et on peut le détecter par ses questions aux témoins. L’autre jour, entre autres, après un long interrogatoire d’un témoin, elle lui posa une question sur les « bons de commande ». Le témoin, surpris, la regarda longuement affirma ne pas comprendre sa question car il n’y avait pas de bon de commande dans son travail et n’en avait pas parlé durant son témoignage.

De plus, je crois qu’elle ne protège pas suffisamment les témoins, comme il se doit. Ces témoins sont interrogés avant de comparaître par les avocats de la Commission. Les avocats leur posent toutes les questions et connaissent toutes leurs réponses. C’est comme si c’était une répétition générale avant de rentrer en scène devant les caméras de télé. Nonobstant cela, les interrogatoires des deux surveillants de chantier furent exagérément poussées par les avocats de la Commission. C’est une démonstration de ce que j’avance. J’anticipe sur l’évolution de la situation au retour du commissaire Macdonald et espère qu’à ce moment-là, la Commission cessera d’être, par longs moments, une chasse aux sorcières.

Pendant ce temps, heureusement, Marteau et UPAC font leur travail. À la fin de tout ce processus, il me semble que ce seront les fruits du travail de ces organismes policiers qui permettront d’amener en prison les bandits qui ont trompé les Québécois et voler leurs biens. Quant à la Commission, on pourra lui donner le crédit d’un bon show télévisé !

Claude Dupras

mardi 13 novembre 2012

La France, au point tournant

La France vit des moments économiques difficiles. Ce n’est pas une surprise pour personne sauf, semble-t-il, pour les socialistes. On se rappellera que le président François Hollande a évité durant la campagne électorale de parler de ce sujet en déviant le regard des Français ailleurs et en leur offrant toutes sortes de bonbons pour se faire élire et il a réussi. Il a même bafoué le président Sarkozy lorsque ce dernier rappelait au peuple français la crise économique qui était à la porte de la France. Aujourd’hui, l’heure de vérité est arrivée.

Comme pour chaque décision importante qui se présente, Hollande et son premier ministre Ayrault ont créé un comité d’étude sur la compétitivité des entreprises manufacturières et industrielles françaises face à l’Allemagne. C’est Louis Gallois, ex-président de la compagnie européenne qui construit, entre autres, les Airbus, qui a été mandaté pour analyser la situation et faire rapport au gouvernement. Il vient de présenter ses propositions et espère qu’elles créeront un « choc de compétitivité » puisqu’elles visent à réduire le « coût du travail » en abaissant de 30 milliards d’euros les charges des cotisations sociales patronales et salariales. Ces chiffres ressemblent à ceux de la loi sur la TVA sociale proposée par l’ancien président Nicolas Sarkozy et qui a été adoptée mais rescindée par Hollande qui la trouvait « injuste ». Depuis six mois ont passé…

Le rapport Gallois a été accepté par Hollande, et son gouvernement vient de proposer 35 réformes dont un allègement des charges d’un montant de 20 milliards d’euros sous forme de crédits d’impôts. Toutes les entreprises françaises sont touchées puisqu’elles représentent « 85% de l’emploi salarié ». Le financement de cette décision coûteuse viendra de diminutions additionnelles des dépenses gouvernementales et de nouvelles taxes dont des augmentations de la TVA (tiens, tiens…). Ces coupures doublent celles déjà votées il y a deux mois par les socialistes et le tout constitue un régime d’austérité d’un niveau jamais vu depuis la deuxième guerre mondiale. Il est imposé par celui qui a affirmé haut et clair « je suis contre l’austérité » et qui n’a jamais fait référence ni au « coût du travail » durant la campagne électorale, ni à la réduction des finances publiques.

Gallois se montre heureux de la réaction positive du gouvernement et offre de participer au suivi de la mise en œuvre de ce « pacte pour la compétitivité » qui vise à favoriser la croissance et l’emploi. C’est de bon augure puisque ce pacte répond aux demandes du patronat et qu’une bonne partie des syndicats l’appuie. De plus, près de 75% des Français indiquent leur accord.

J’ai aussi l’impression que c’est la bonne solution puisqu’il est urgent d’agir car depuis l’arrivée d’Hollande à l’Élysée, plus 150 000 emplois salariés ont été perdus dans le pays.

Mais plusieurs s’y opposent dont un grand nombre d’élus de la majorité socialiste, la Fondation Copernic, les altermondialistes et autres mouvements, même s’ils partagent le diagnostic du rapport Gallois sur le déclin de l'industrie française et sur son déficit d'innovation.

Pour ces opposants, les socialistes n’ont pas à se rallier aux dogmes « libéraux » (en France cela veut dire « conservateurs ») puisque, disent-ils, ni les salaires, ni les cotisations sociales ne sont la cause de la désindustrialisation et du chômage de la France. De plus, ils ne veulent ni de la diminution des dépenses publiques ni d’augmentations de la TVA. Ils sont dans le ni-ni, au pluriel.

Alors que Gallois affirme que les entreprises n’ont pas suffisamment de marge de profit pour investir, comme il se doit, dans l’innovation et la recherche, les « ni-nieux » rappellent que malgré les augmentations de cette marge durant les années ’90, l'effort en recherche et développement (R&D) n’avait pas progressé.

Ils observent en plus que « la part des revenus nets distribués par les sociétés non financières en 2011 a atteint 9 % de leur valeur ajoutée, soit le point le plus haut depuis la seconde guerre mondiale » et concluent que les entreprises ont choisi d’augmenter les dividendes plutôt que d'investir dans l'innovation.

Ils estiment que le "coût du travail" plus élevé n'est vraiment pas le problème puisque depuis dix ans, les coûts salariaux unitaires français (salaire par unité produite) ont évolué comme la moyenne européenne. Quant à l’Allemagne, pour eux, elle n’a pas réussi à baisser son coût de travail moyen seulement par le gel des salaires mais aussi par la relocalisation de plusieurs segments de ses entreprises au centre et à l’est de l’Europe où les salaires sont plus bas.

Enfin, ils blâment la mondialisation qu’ils dénoncent comme étant la vraie source du problème.

Je crois que nous pouvons poser la question suivante aux opposants au « pacte de la compétitivité » : Où sont vos propositions ? : Le statuquo ? Maintenir le nombre de fonctionnaires alors qu’ailleurs on le réduit ? Abaisser les dividendes qui diminueraient les apports financiers au développement des entreprises ? Taxer davantage les riches, les créateurs, les innovateurs, les entreprises, sans tenir compte qu’ils sont les vrais initiateurs d’emplois nouveaux. Refuser que toutes les institutions publiques, à tous les niveaux, participent à l’effort de réduction des dépenses ? En somme, ces « ni-nieux » vivent dans le passé et sont incapables d’offrir des solutions pour l’avenir. Ils se bandent volontairement les yeux pour ne pas voir la France qui est techniquement en récession.

Et la mondialisation ? Pour l’Allemagne, ça ne semble pas être un problème puisqu’elle en profite grâce surtout à ses initiatives techniques. Pour les consommateurs que nous sommes, quels prix paierions-nous pour les produits dont on a besoin pour vivre et travailler ? Pour les populations des pays du sud, quelle serait leur qualité de vie s’ils n’avaient pas cet avantage de travailler et de fabriquer des produits pour les gens du Nord ?

Il est facile pour les opposants d’affirmer que le rapport Gallois a été préparé par « un patron qui propose des solutions de patron ». Je ne comprends pas pourquoi ils s’obstinent à ne pas reconnaître qu’une diminution des charges entraînera un « effet économique immédiat » et donnera l’espace requis par les patrons pour investir dans l’innovation, créer de l’emploi et vendre leurs produits à des prix compétitifs sur les marchés étrangers.

Le temps est venu pour tous les Français et Françaises d’appuyer leur gouvernement pour la relance des emplois dans leur pays. C’est la survie économique de leur pays et de l’Europe qui est en jeu. Ce n’est plus une question de droite ou de gauche. Rendue au point tournant, j’espère que la France prendra le bon virage.

Sur ce point, le président Hollande est maintenant en accord avec l’ancien président Nicolas Sarkozy. N’est-ce pas un cri de ralliement pour tous ?

Claude Dupras

mercredi 7 novembre 2012

La limite de mandats des maires: un réformette inutile

Çà ne tourne pas rond à Montréal, à Laval et dans certaines villes de la région métropolitaine montréalaise. Les révélations-affirmations de témoins devant la commission Charbonneau laissent entrevoir des problèmes importants de corruption. Les Québécois sont choqués de découvrir que des fonctionnaires hauts gradés ont manqué à leurs obligations professionnelles en trichant pour s’enrichir au dépends des fonds publics. Ils ont raison et il faut trouver les solutions pour mettre fin à ces pratiques et au système mafieux qui les a crées et financées.

La première solution présentée par le gouvernement Marois est de limiter à trois, le nombre de mandats des maires du Québec pour les villes de plus de 5 000 résidents. De toute évidence, c’est une réaction prématurée qui ne tient pas la route et qui est proposée simplement pour des motifs politiques. Ce gouvernement, qui se disait bien préparé à diriger le Québec, est composé de ministres que ne font que lancer des ballons qui éclatent dès qu’ils sont soufflés. Ces propositions ne résistent pas à la moindre contestation et la raison est simple : ce ne sont que des réactions pour montrer que le gouvernement est aux aguets et non des propositions bien réfléchies. Ce n’est pas sérieux.

La réduction des mandats n’assurera pas que les « enveloppes brunes » ne continueront plus de circuler. Ce n’est pas parce que le maire Tremblay en était à son troisième mandat que la corruption s’est implantée. Non, car on découvre petit à petit que ce système de collusion-corruption a commencé vers 1988 alors que Jean Doré était le maire de Montréal. Puis il y a eu le maire Pierre Bourque. Ces maires ont dirigé la ville durant deux mandats chacun et ils ont respecté les devoirs de leur charge. Ils n’étaient pas du genre d’individus pouvant être soudoyés. À Laval, le maire Vaillancourt en est à son cinquième mandat et je ne lui donnerais pas la communion sans confession, mais la réputation de Laval comme ville louche a commencé bien avant lui. Depuis la création de la ville par le ministre des Affaires Municipales Pierre Laporte en 1965, le manque de clarté dans les administrations qui se sont succédées en on fait un endroit suspect où les rumeurs de corruption circulaient sans cesse.

On ne peut démontrer que limiter le nombre de mandats éliminera la corruption. La preuve est faite par Gérald Tremblay. La corruption à la ville de Montréal s’est envolée durant ses deux premiers mandats de 2001 à 2009. Il y a même un témoin important qui a affirmé, sous serment, qu’elle a cessé au niveau des fonctionnaires lors de l’imposition d’un code d’éthique pour eux.

Les partis politiques municipaux sont-ils la source de ce problème puisqu’il favorisent que le pouvoir soit dans les mains de ceux qui dirigent le parti? Je ne le crois pas. Par exemple, Jean Drapeau et son Parti Civique ont dirigé la ville durant 30 ans avec intégrité, probité et honnêteté et ont réalisé des projets extraordinaires dont le métro, l’Expo67 et les JO de 1976. Ils ont créé le Montréal moderne. La ville de Québec est aussi un exemple avec ses maires Jean Pelletier, Jean Paul L’Allier et Gilles Lamontagne qui ont été chacun longtemps au pouvoir. Et là où il n’y en a pas, les échevins votent librement sur chaque projet, selon leur conscience.

Ce n’est pas la durée ni le système qui sont dangereux mais les quelques individus sans morale ni principes qui trop souvent s’intéressent à la politique et viennent gâcher la sauce.

Le vrai problème que j’entrevois, suite à tout ce qui se dit, sera inévitablement le manque d’intérêt de la part de personnes compétentes et capables de diriger notre ville. Voudront-ils accepter de devenir candidat aux élections municipales ?

Y-a-t-il trop d’élus au niveau des conseils municipaux ? Les rémunérations sont-elles suffisantes ? Que faire pour attirer des gens de qualité à ce niveau politique ? Quelle méthodologie de contrôle anti-corruption devrait être installée dans les villes ? Voilà le genre de questions à poser. La limite des mandats n’est qu’un faux-fuyant imaginé par le gouvernement Marois.

Le nombre des mandats d’un maire et sa durée à la tête d’une ville sont la seule responsabilité des électeurs. C’est ça la démocratie. Si Jean Drapeau a été maire durant 30 ans, ce sont les Montréalais et les Montréalaises qui l’ont voulu et décidé. Ce droit, ce privilège et ce pouvoir ne doivent pas être enlevés aux électeurs municipaux québécois.

Au lieu de proposer des « réformettes » insignifiantes qui n’ajoutent rien au bien être des citoyens comme cette question du nombre de mandats des maires, ou des élections québécoises à date fixe ou encore du plafonnement à 100 $ des dons individuels aux partis politiques provinciaux, etc., le gouvernement du Québec devrait dédier tout son temps à s’adresser aux vrais problèmes économiques et sociaux qui confrontent et affectent la population québécoise.

Claude Dupras

jeudi 1 novembre 2012

La commission Charbonneau et le maire de Montréal

Tout a commencé par le témoignage d’un entrepreneur en construction, le bandit Lino Zambito, qui a décidé de déballer son sac et de dévoiler avec force et détails, devant la commission d’enquête Charbonneau, la structure et les joueurs de la corruption qui font la pluie et le beau temps dans le domaine de la construction à Montréal avec la collaboration de la mafia sicilienne montréalaise.

Les témoignages qui suivirent de deux ingénieurs de la ville, dénoncés par Zambito, furent accablants. Ils ont admis que des entrepreneurs avaient monté un système de collusion pour obtenir des contrats et qu’ils avaient collaboré avec eux pour augmenter les prix d’environ 30%. En reconnaissance de leur complicité, les entrepreneurs tricheurs leur ont remis, en « argent sonnant », plus de 1 200 000 $. C’est moralement dégoûtant, révoltant et même démoralisant.

De plus, d’autres témoins sont venus incriminer Frank Zampino, l’ex-président du comité exécutif de la ville, affirmant lui avoir versé directement et indirectement plus d’un demi-million de $.

Enfin, ces premières révélations sont un début de réponse pour des ingénieurs qui, comme moi dans mon blog, expriment depuis plusieurs années leur incompréhension devant les dépassements des budgets de construction et la montée incompréhensible des prix. Je rappelle qu’en début 2009, j’ai réclamé « une enquête publique sur les coûts de la construction ».

Et ce n’est pas qu’à Montréal que l’on découvre la gangrène mafieuse. Laval, troisième ville du Québec, est dans la mire de la Commission et déjà son maire a quitté son poste, pour des raisons de santé, dit-il. Il semble aussi que ce soit de même ailleurs, comme dans la couronne nord de Montréal.

Et voilà que le maire de Montréal, Gérald Tremblay, est attaqué directement pour avoir supposément accepté du financement illégal pour l’élection des membres de son parti Union-Montréal au conseil municipal. Un jeune organisateur politique, chevronné selon ses dires, est venu témoigner pour expliquer que le maire savait que le collecteur de fonds de son parti recevait des visiteurs qui lui apportaient des liasses de billets de cinquante, de cent et de mille dollars, en quantité si grande qu’il n’arrivait pas à fermer son coffre-fort et qu’il a dû en acheter un autre de 4’X4’ ayant deux fois le volume du premier pour suffire à l’apport de la générosité des donneurs. Ces accusations spectaculaires ont marqué les média qui se sont lancés dans des critiques très violentes, parfois injurieuses, contre le maire. Au point que dès le lendemain, de partout fusaient des demandes de démission du premier magistrat.

C’est la partie que je n’aime pas de la Commission Charbonneau. Des témoins viennent et affirment des choses importantes qui seraient arrivées il y a cinq à dix ans et même avant. Ils se fient à leur mémoire et racontent ce qu’ils pensent. Dans les cas de Zampito et des ingénieurs, c’est leur propre personne qu’ils ont mise en jeu. Par contre, l’organisateur politique a visé le maire et son parti.

Il a affirmé des choses accablantes tout en se qualifiant, souventes fois, d’être un homme de morale, honnête, au jugement éthique et que c’était la raison de sa dénonciation. Quant à moi, il a trop souvent répété cela et j’ai eu des doutes quant à la véracité de sa déposition. L’avocat du parti Union-Montréal, dans son contre-interrogatoire, a d’ailleurs démontré les exagérations et les mensonges de ce témoin.

Ce dernier a affirmé, en autres, qu’un diner secret avait été organisé dans un club exclusif à Montréal pour une quinzaine de riches donateurs qui lui avaient remis des enveloppes avec des chèques de 10 000$ chacun au nom d’Union-Montréal, le parti du maire, et qu’il avait lui-même vérifié le nom sur chacun des chèques. Or, il s’avère qu’il y a eu d’innombrables chèques, allant de 250 $ à 10 000$, dont plusieurs de travailleurs et membres du parti Union-Montréal, adressés à « Comité Montréal » qui était le nom-parapluie de ceux, partis politiques ou autres, qui œuvraient contre la dé-fusion de Montréal. C’était légal et conforme à une loi votée à l’Assemblée nationale pour ce référendum tenu à Montréal. Le maire et son parti n’étaient pas les récipiendaires de ces chèques et les contributions n’étaient pas illégales. Tout était faux.

Puis, l’avocat a déposé une photo du coffre fort, qui ne mesurait pas 4’X4’ et a expliqué que les liasses de documents qui y étaient déposées étaient les formules de cartes de membres avec les chèques attachés et comme en période électorale les nouveaux membres sont nombreux, cela explique la grande quantité de documents. En somme, l’organisateur a fait une attaque malicieuse qui n’avait pas été contrôlée préalablement par la Commission.

Malheureusement, l’avocat d’Union–Montréal n’a pas été à la hauteur de sa tâche lorsque qu’il a voulu, par la suite, dénigrer le témoin en relatant des points faibles de son passé. Ce faux pas a fait en sorte que l’attention des média a été portée ailleurs et le but qu’il visait de disculper le maire et son parti a été embrouillé.

La commission Charbonneau doit prendre une leçon de cet évènement. Elle affirme interviewer tous les témoins avant leur parution devant les commissaires. À mon avis, elle se doit d’être plus rigoureuse afin d’assurer que les témoignages des individus qu’elle invite, ne dévient pas sur des insinuations mensongères aussi criantes que celles d’hier et qui peuvent nuire considérablement à la réputation de plusieurs personnes. Je ne parle pas ici seulement du maire de Montréal, mais de tous ceux qui viendront durant la prochaine année témoigner devant la Commission et qui viseront des centaines de personnes.

Quant au maire Tremblay, il est devant un dilemme. Il doit réfléchir à ce qu’est l’intérêt de Montréal. Il est certain qu’il y a un système mafieux qui s’est installé, sous son administration, avec la collaboration de hauts fonctionnaires et peut être même de membres de son exécutif qu’il a choisis. C’est intolérable. Même si le maire est un honnête homme, il n’a pas été à la hauteur de sa responsabilité de bon administrateur. On ne peut l’excuser.

Je ne vois pas comment il peut continuer à diriger la ville. D’autant plus qu’il vient maladroitement de présenter son nouveau budget avec une augmentation moyenne des taxes foncières de 3,3% et allant jusqu’à 5,5% dans les quartiers les plus pauvres. Avec tout ce qui se dit et s’écrit sur les coûts exorbitants et inutiles payés par la ville pour ses travaux, comment les payeurs de taxes peuvent-ils accepter une telle augmentation ?

Le maire doit partir immédiatement. Il dira qu’il est une victime, peut être. Mais ce qui compte avant tout, c’est la bonne administration et la réputation de la ville. La confiance des Montréalais et Montréalaises envers les dirigeants de leur ville doit être rétablie. Le parti au pouvoir, Union-Montréal, doit choisir dans ses rangs une personne pour agir comme maire intérimaire jusqu’à la prochaine élection de novembre 2013. Ce doit être un homme ou une femme capable d’assurer aux Montréalais que leur ville se ressaisit, collabore avec la Commission Charbonneau et fait tout ce qui est nécessaire pour tuer le cancer de la corruption qui la ronge.

Claude Dupras