lundi 30 juin 2014

La fête de notre Canada

Comme toujours en ce 1er juillet, nous célébrons la fête du Canada. Ce merveilleux pays qu’est le nôtre fait l’envie de la très grande majorité des citoyens de la planète comme nous le constatons tous lorsque nous visitons les pays du monde.

Le Canada est grand. Il est beau. Il est riche. Il est au top de toutes les statistiques de l’OCDE en rapport avec la qualité de vie, les soins de santé, l’éducation, le PIB, etc… Quel pays fantastique ! Ce sont les Français qui l’ont découvert, l’ont exploré et qui y ont construit ses premières habitations. Ils ont créé Québec, la première ville en Amérique. Montréal sa métropole. Les francophones du Canada, où qu’ils soient, sont leurs descendants. Il y en près de 10 millions au pays. Même si les Anglais sont venus conquérir leur territoire, ils n’ont pas laissé tomber les bras. Grâce à sa solidarité, notre peuple a repris sa place et notre pays est aujourd’hui officiellement bilingue et biculturel. Pas autant que nous aimerions, certes, mais avec nos efforts persistants, nous pourrons assurer à la longue cette position.

Il y a et il y aura toujours des anti-Canada. Leur principale stratégie actuelle, pour se remplumer, est de jouer sur le sujet de la langue et particulièrement sur l’enseignement de la langue anglaise dans nos écoles. Ils disent ne pas s’y opposer mais leurs écrits nous démontrent qu’ils n’y voient que du mal. Je ne les comprends pas et je pose la question suivante : « Comment, comme parents, peuvent-ils s’opposer à ce que leurs enfants soient bilingues dans le monde d’aujourd’hui alors que la langue anglaise est devenue le dénominateur commun pour les relations entre pays, pour les affaires, pour le sport… ».

Leurs prêches cherchent à nous faire peur en nous mettant en garde qu’un Québec où ses citoyens seront bilingues, ne sera plus le Québec. Ils oublient nos lois et la volonté ferme de tous les Québécois d’origine, quelles que soient leurs tendances politiques, d’avoir un état français protecteur de notre langue, de nos traditions et de notre culture tout en assurant que tous les néoquébécois maitrisent la langue française. Nous voulons aussi que chacun de nous puisse avoir l’opportunité de s’ouvrir sur le monde et pour ce faire être en mesure de communiquer avec qui il voudra.

Quel que soit le continent, la langue anglaise est de plus en plus parlée et écrite partout. Ça aurait pu être le français, mais c’est l’anglais. L’Histoire du monde en a décidé ainsi.

Ce n’est pas un discours de fédéralistes triomphants qui veulent imposer leur vision des choses et gagner la faveur publique. C’est la réalité pure et simple. Ils ne veulent pas en finir avec le principe de « la seule langue officielle » ni rendre bilingue la fête nationale québécoise, comme le prétendent certains. Ils sont en accord avec l’effort pour inciter que les minorités anglaises et autres à apprendre et à parler le français. Et, heureux de constater que cet objectif est sur le point d’être atteint.

Le jour de la fête nationale québécoise est particulier et doit être conservé tel quel. Les francophones de toute tendance politique veulent que leurs enfants soient bilingues pour profiter de tout ce que la vie leur offrira. Et dire comme certains séparatistes, parmi les plus écoutés, que ce désir et cet effort pour l’atteindre ne sont que de « la folklorisation qui risque la dissolution pure et simple de la culture québécoise » n’est qu’une exagération simpliste et malhonnête qui cherche à nous éloigner du Canada. Le jour de la fête du Canada est important pour nous rappeler ce que nous sommes et le potentiel extraordinaire qui est le nôtre.

Si tous les Québécois deviennent bilingues, ou trilingues pour plusieurs, cela ne désincarnera pas notre nation francophone, ni « la déculturera », mais la renforcera. Le Québec ne deviendra pas « une simple entité territoriale » comme le prétendent les oiseaux de malheur. Nous demeurerons toujours la majorité au Québec et jamais nous renoncerons au Québec français. Le bilinguisme nous permettra de prendre toute la place qui est la nôtre dans le Canada.

Cessons de nous regarder le nombril et nous deviendrons plus grands et plus importants dans notre pays et dans le monde. Le Québec sera plus fort. Le Canada aussi.
Bonne fête à nous tous, les Canadiens.

Claude Dupras

jeudi 19 juin 2014

La révolte des fonctionnaires

Les grandes villes du Québec s’apprêtent à vivre des moments difficiles. Face à la situation financière critique qui les guette, Montréal, Québec et autres se voient obligées de mettre un frein à l’endettement, de couper dans les dépenses, dont particulièrement celles générées par les régimes de retraites. Ce ne sera pas facile pour les dirigeants politiques de persuader les fonctionnaires et leurs syndicats d’accepter des propositions qui modifieront les conditions de pension de leur retraite obtenues suite à des ententes durement négociées et signées. Les politiciens sauront-ils résister devant la tempête que leur promettent les syndicats visés par les nouvelles mesures ?

Un premier éclat a eu lieu, il y a deux jours, devant l’Hôtel de ville de Montréal. Frustrés, des milliers d’employés de la ville, pompiers, policiers, cols bleus et autres se sont réunis et ont protesté sauvagement pour marquer leur mécontentement. Ils ont allumé un gigantesque feu dans la rue. De plus, ils ont arrosé avec un équipement municipal le balcon devant l’hôtel de ville, celui d’où le général deGaulle a crié « Vive le Québec Libre ». Ces syndicats sont parmi les plus violents du Québec et savent qu’une telle stratégie leur a procuré souventes fois des gains appréciables. Ils persuadent ainsi les politiciens de lâcher prise en leur indiquant ce qui les attend s’ils ne cèdent pas.

Du temps du maire Jean Drapeau, qui a dirigé la ville durant plus de 30 ans, les chefs syndicaux réagissaient violemment. Entre autres actes condamnables, une bombe, placée sous le balcon de la résidence du maire, éclata alors que sa famille était dans la maison. Quelques années plus tard, c’est à coups de matraques et pilons que les syndiqués défoncèrent une porte d’entrée à l’hôtel de ville. Nonobstant ces gestes sauvages, le maire et son Parti Civique résistèrent afin que le bon sens financier règne. Ils ont su faire plier les syndicats pour finalement signer des ententes acceptables.

Lors de l’élection de 1986, alors que j’étais le chef et le candidat du parti civique à la mairie de Montréal, suite à Drapeau, les représentants syndicaux sont vite venus me voir, dès l’annonce de ma nomination, pour obtenir mon accord sur leur position dans les négociations en cours qui, encore une fois, étaient contestées par l’administration Drapeau-Lamarre. Ils me promettaient l’appui électoral de leurs syndicats si j’obtenais l’acceptation de leurs demandes. Ne voulant intervenir dans de telles circonstances, je leur demandai d’attendre après les élections pour poursuivre les négociations. Le lendemain, ils se retournèrent vers mon adversaire Jean Doré qui accepta leurs avances. Ce soir-là, lors d’une réunion publique des syndicats municipaux à l’aréna Paul-Sauvé, leurs chefs annoncèrent leur appui public pour Doré et des pancartes à son effigie étaient distribuées dans la foule. Ils travaillèrent intensément à sa campagne électorale. Ce dernier gagna l’élection et dès son arrivée au pouvoir signa l’entente avec les fonctionnaires, sans trop de questions.

Puis, durant 10 ans, les cotisations patronales aux fonds de retraites n’ont pas été payées puisque la ville revendiquait qu’il y avait d’importants surplus. La crise de 2008 a fait fondre le reste. On peut se demander si le maire Bourque et les actuaires ont fait des erreurs de calcul en ne prévoyant pas la stabilité des régimes ?

Il en fut de même avec l’administration Tremblay-Zampino, lors de la fusion des villes de l’île de Montréal en une grande ville. Les négociations avec les syndicats de fonctionnaires s’engagèrent au milieu de menaces d’arrêt de travail. Mais ce fut de courte durée et les conditions des travailleurs furent acceptées. Ce jour-là, je demeurai estomaqué qu’une entente si complexe, coûteuse et qui affectait les intérêts à long terme des citoyens soit acceptée si brusquement.

Aujourd’hui, les villes doivent maintenir ces régimes de retraite qui fixent à l'avance le montant de la rente de retraite payable dont les coûts sont assumés en partie par les employés à même une cotisation prélevée sur la paie et la ville qui assume l’autre partie.

Un changement est devenu nécessaire parce que les régimes présentent actuellement un déficit actuariel et que les villes doivent assumer seules la totalité de la « cotisation d’équilibre » en application des lois existantes. Les villes doivent donc verser dans la caisse de retraite des sommes additionnelles à celles prévues afin de rencontrer les obligations du régime. C’est très lourd pour les contribuables et ce le sera davantage avec l’augmentation de l’espérance de vie.

Afin d’assurer la viabilité de ces régimes, les villes proposent des modifications qui visent, à la fois, à diminuer les coûts du régime et à partager également les déficits entre la ville et les employés actifs. De façon générale, les nouvelles modalités auront pour conséquence de retarder de façon progressive l'âge du départ à la retraite, permettant à la ville de conserver plus longtemps à son emploi une main d'œuvre qualifiée et expérimentée. Ceux qui sont déjà retraités ne seront pas touchés par le remboursement des déficits passés.

Le ministre des Affaires municipales, Pierre Moreau, vient de déposer le projet de loi sur les déficits des régimes de retraite des employés municipaux dont le total est de 3,9 milliards$. Le projet propose un partage des déficits passés à 50-50, entre employés présents et futurs et les municipalités. La négociation doit durer un an et en cas de litige un arbitre tranchera. Pour les syndicats, c’est une «déclaration de guerre» et ils crient au «hold-up» des caisses de leurs membres actifs et retraités. Ils accusent le gouvernement libéral de jouer le jeu des villes qui renient leurs signatures des ententes passées.

Il est vrai que c’est une situation injuste et choquante pour ceux et celles qui ont obtenu un travail de fonctionnaire et qui ont planifié leur vie en fonction des conditions que la ville leur a accordées. Ils ont obtenu un emploi garanti à vie, des conditions avantageuses et une bonne pension. Ces avantages les ont motivé à ne pas changer d’emploi et assurait à la ville une stabilité et du personnel expérimenté. Au début, les salaires étaient inférieurs au domaine privé, mais avec le temps la parité s’est installée. Ils croient que la parole donnée est sacrée. Ils se sentent maintenant trahis. Ils posent ici la question : « Aimeriez-vous que votre patron change rétroactivement à la baisse vos conditions de retraite après que vous y ayez contribué toute votre vie ? ».

De l’autre côté, il est vrai que les contribuables croient que les fonctionnaires sont des privilégiés avec de bonnes conditions de travail et qu’ils envient les conditions de leurs pensions de retraite. Pour eux, il est injuste qu’ils doivent payer seuls la facture des déficits de leurs régimes de retraite.

Que faire ? Dans un premier temps, il faut bien expliquer aux citoyens et aux fonctionnaires tous les aspects du problème.

Il faut mettre fin aux méthodes de contestations extrêmes, comme la récente à Montréal. C’est inacceptable et le maire de Montréal a raison de vouloir punir sévèrement les chefs syndicaux responsables de cette malencontreuse manifestation illégale. J’espère qu’il réussira et que ces derniers comprendront que la seule vraie solution est de se rendre avec la ville à la table de négociations pour trouver des compromis. Il y va de l’intérêt de tous.

Si les syndicats refusent de négocier honnêtement, que le gouvernement du Québec légifère pour régler cette situation suite à la décision de l’arbitre. Si les villes ne négocient pas honnêtement, ce sera à nous citoyens de faire pression sur nos élus pour qu’ils tiennent compte de l’évolution inattendue de ce dossier.

Dans ce conflit, il y a deux côtés à la médaille et les deux sont défendables… dans le calme et la paix !

Claude Dupras

mercredi 11 juin 2014

Les ingénieurs du futur et le Québec

Un article d’octobre 2013 de Roland Vardanega, président de la Société des ingénieurs Arts et Métiers de France et ancien président du directoire de PSA Peugeot-Citroën, que j’ai conservé, m’a particulièrement intéressé. Ce texte, publié dans le magazine français Le Point, me semble pertinent en rapport avec le futur du Québec et c’est pourquoi j’ai pensé en faire le sujet de mon blog d’aujourd’hui. Le voici:

« Quel ingénieur pour le XXIe siècle ? »

Comment en douter ? Le développement durable, l'urbanisation croissante de la planète, la recherche et le stockage de l'énergie, les besoins de mobilité qui, partout, vont croître avec le niveau de vie et qui poseront de nouveaux problèmes à l'humanité tout entière, l'alimentation et l'eau pour 9 milliards d'individus avec, là encore, des difficultés insoupçonnables en termes de santé, de vieillissement de la population, de gestion des déchets..., les ingénieurs vont avoir du travail.

C’est par un travail collaboratif que les progrès seront faits. Des ingénieurs spécialisés, des experts resteront bien sûr nécessaires. Mais le temps du chef d'orchestre est arrivé, l’homme qui fédère les compétences, anime les équipes.

Les qualités demandées seront celles d'un chef qui fait grandir ses collaborateurs, qui fait jouer tout l'orchestre, et pas seulement quelques individualités. Ce siècle sera complexe et imprévisible et les ingénieurs n'auront pour seule boussole que leur éthique, leurs valeurs et leur aptitude aux relations humaines. Ils devront avoir du charisme et être aussi à l'aise avec le « top management » qu'avec les collaborateurs et les subordonnés.

Les ingénieurs qui auront du succès seront ceux capables de transformer les avancées de la science en innovations accessibles aux populations.

Enfin, l'ingénieur du XXIe siècle ne sera pas ingénieur une fois pour toutes. Il devra sans cesse apprendre, s'adapter, se remettre en cause. Il devra aussi être ouvert sur le monde, sur les autres, les avancées technologiques. Il vivra plusieurs vies.
»

Le Québec est un des centres importants du monde en écoles de génie. Polytechnique, McGill, ETS, Concordia, Laval et l’UQ produisent annuellement plus de 3 200 ingénieurs. Si j’en juge par Polytechnique avec laquelle je suis plus familier, ces écoles s’adaptent aux problèmes de la population mondiale et ajustent continuellement leur curriculum, leurs facilités, leurs laboratoires… et leurs enseignements particuliers pour préparer des ingénieurs à la hauteur des tâches qui les attendent.

Montréal est aussi le chef-lieu de certaines des plus grandes firmes d’ingénierie du monde et d’entreprises industrielles, manufacturières, pharmaceutiques et autres de grande importance.

Parmi celles de génie, on retrouve : SNC-Lavalin, 8e au monde, avec ses 40 000 employés qui œuvrent dans 40 pays, WSP (ex-Genivar), 16e au monde avec ses 20 000 employés dans 30 pays et plusieurs autres firmes importantes de 2 000 à 4 000 employés et qui continueront à croître durant les prochaines années. Sans oublier les innombrables firmes de moyenne et petite tailles hautement spécialisées et qui sont fort compétentes dans toutes les sphères des sciences appliquées. Plusieurs de ces dernières œuvrent aussi à l’étranger. À elles s’ajoutent des firmes internationales comme Aecom (4e au monde) venues s’implanter au Québec en achetant des boîtes d’envergure comme Tecsult, spécialisée en barrages hydro-électrique.

Dans les industries et manufactures telles, l’avionnerie, le transport, la fabrication, l’environnement, l’épuration des eaux, les mines, etc… des ingénieurs de haute qualité œuvrent et sont de plus en plus nécessaires et recherchés pour leur qualité d’organisation de projets.

Malgré l’année éprouvante que viennent de traverser plusieurs des firmes de génie québécoises suite aux révélations de la Commission Charbonneau sur la nature du financement politique qu’elles pratiquaient pour obtenir des mandats gouvernementaux du Québec, un fait demeure : leur compétence. Et c’est sur cette base que l’avenir doit se bâtir.

Ce savoir-faire de nos ingénieurs est reconnu dans tous les coins de notre planète où ils l’ont démontré. Déjà, un très grand nombre d’entre eux sont de bons gérants de projet, des managers efficaces. Les qualités nécessaires à la gérance n’étant pas nécessairement innées dans chaque individu, ni vraiment enseignées dans le passé, les circonstances ont exigé qu’ils les acquièrent sur le tas.

La progression impensable de l’importance de l’engineering depuis soixante ans dans le monde, nous laisse imaginer ce qui s’en vient dans le prochain siècle. L’envergure et la complexité de la réalisation des projets futurs, quelle que soit leur nature, nécessiteront l’apport d’ingénieurs pour la coordination d'équipe composées de spécialistes, de scientifiques et d’experts de toutes catégories. De même pour les recherches, l'accompagnement individuel ou organisationnel, la communication interculturelle, la formation, etc… Il devient donc essentiel que de plus en plus d’ingénieurs soient capables de remplir de tels rôles et que nos écoles de génie puissent les y préparer en incorporant, dans les cours, des initiations au développement de la personnalité, aux relations humaines, à la gérance avancée et au leadership. Après avoir obtenu leur baccalauréat en génie, il sera utile pour les nouveaux diplômés d’en obtenir un deuxième dans une des spécialités qui touchent les sujets que je viens de mentionner.

De son côté, notre gouvernement devra toujours être au fait du futur prometteur de l’engineering dans le monde et de la position unique du Québec face à cette opportunité. Pour maintenir et améliorer sa position, il devra constamment assurer le développement et le perfectionnement de nos écoles de génie afin qu’elles demeurent dans le top mondial et que nous produisions de plus en plus d’ingénieurs à la fine pointe de la demande. Il devra faire en sorte que nos firmes d’ingénieurs maintiennent leur siège social au Québec et que nos entreprises opèrent leurs usines sur notre territoire, le plus possible. Tout cela se traduira par une économie québécoise plus dynamique et riche.

Le Québec : endroit par excellence du génie dans le monde. Pourquoi pas ? Les meilleurs étudiants viendront étudier chez nous, car nos écoles seront les meilleures. Nos diplômés seront les plus prêts à relever les défis nouveaux. Nos firmes d’ingénieurs et nos entreprises seront dynamiques et d’avant-garde. Les nouveaux ingénieurs étrangers diplômés de nos écoles, dont les Français, voudront y travailler et s’implanter chez nous de façon permanente.

Le texte de Roland Vardanega devrait être le guide des jeunes ingénieurs québécois afin qu’ils comprennent bien l’importance de la formation continue qui leur permettra, en tout temps de leur carrière, d’être de meilleurs ingénieurs et des managers efficaces capables de répondre aux grands défis de demain.

Claude Dupras