samedi 3 octobre 2015

Un monde sans race

En France, on est à cheval sur le mot race. Le dernier incident qui met en relief cette affirmation est la conséquence d’une sortie verbale de l’ex-ministre du gouvernement Nicolas Sarkozy, Nadine Morano, qui a lancé dans une interview à la télévision que « la France est un pays judéo-chrétien, le général de Gaulle le disait, de race blanche, qui accueille des personnes étrangères ». Hors, De Gaulle n’a jamais écrit cela. Ce sont des propos qu’il aurait tenus dans une réunion privée et rapportés par une personne qui les aurait entendus.
Morano a aussitôt été attaquée violemment par l’opposition et la presse en général. Nonobstant cette levée de boucliers, Morano a persisté, signé et répété ses propos à Moscou, où elle était invitée, en affirmant « la France est un pays de race blanche avec des noirs, comme le Congo est un pays de race noire avec des blancs ». Elle semble vouloir dire que tous les membres de la population française, plurielle et métissée, ne sont pas égaux. 
Selon le "Trésor de la Langue Française Informatisé", le mot « race » signifie en biologie : « Ensemble de personnes qui présentent des caractères communs dus à l'histoire, à une communauté, actuelle ou passée, de langue, de civilisation sans référence biologique dûment fondée ». Ou encore « Subdivision de l’espèce fondée sur des caractères physiques héréditaires, représentés pas une population.
Nadine Morano avait annoncé qu’elle serait candidate à la primaire pour le choix du candidat à la présidentielle du parti « les Républicains », ex-UMP, aujourd’hui dirigé à nouveau par Sarkozy. Ce dernier, qui veut aussi briguer les suffrages de la primaire, n’a pas aimé ses propos et l’a renié sur le champ malgré le fait qu’elle avait été l’une de ses plus grandes supportrices durant la traversée du désert qu’il a connue, suite à sa défaite aux mains de François Hollande. Dans un premier temps, il a demandé que l’investiture de la candidature de son parti pour Morano en vue des élections régionales pour le comté de Meurthe-et-Moselle soit retirée. Cela me semble une réaction exagérée.
Mais Sarkozy a été encore plus loin. Il a déclaré vouloir enlever le mot « race » de la constitution de la France. Le parti socialiste a emboité le pas pour se dire en accord avec cette proposition. En fait, ils reconnaissent la proposition de loi adoptée le 16 mai 2013 par l’Assemblée nationale française visant à supprimer le terme « race » de la législation française et à modifier la constitution qui mentionne l'égalité de tous devant la loi, « sans distinction d'origine, de race ou de religion ».
Alors quel mot employé ? Population, ethnie, espèce, sous-espèce, famille, genres… ou est-ce que le mot « origine » couvre tout ?
Au Québec, on accepte de dire « race blanche », « race noire », « race jaune » ou « peaux-rouges » tout en oubliant les autres de couleurs métissées. Et, comme dans l'ensemble du Canada, on identifie, de plus en plus, l’origine ethnique. Ce qui signifie, en fait, que le Québécois ou le Néoquébécois non francophone est d’une « race » différente que celle de la majorité, même si sa famille est au pays depuis plusieurs décennies et qu’il soit né au Québec. C’est ainsi que l’on dit : « lui il est un anglais, un italien, un grec, un polonais, un irlandais, un algérien, un haïtien, un congolais.. ». En fait, le mot race est rarement utilisé. Mais on semble y faire allusion en créant une différence entre chaque individu sur la base des définitions mentionnées précédemment du mot « race ». Pour plusieurs, les vrais Québécois sont les francophones, surtout pour ceux qui espèrent la séparation du Québec de l’ensemble Canadien. Souventes fois, ces derniers dénigrent, même ouvertement, « les anglais » du West Island, le quartier particulièrement anglophone de Montréal. … De plus, lorsqu’ils disent « Nous les Québécois… on ressent qu’ils n’incluent pas toujours les autres dans ce « nous ».
Ce qui surprend dans ce débat en France est le préjudice du monde politique face au mot « race ». Il semble que l’idéal serait un monde sans race.
Le Français moyen ne s’exprime pas trop ouvertement sur ce sujet mais on sent que cela le touche car il réagit. On peut en juger par l’accroissement des rangs et de la popularité du parti du Front National, qui ne craint pas de parler de la défense de la race. Les hommes et femmes politiques des autres partis se montrent très sensibles à ce phénomène et s’inquiètent pour des raisons électorales ? On peut penser que Nadine Morano s’est exprimée comme elle l’a fait sur la place publique car elle craint la débandade de son parti de droite aux élections devant le FN qui gruge ses supporteurs et qu’elle voulait ainsi ramener au bercail plusieurs égarés.  
Mais, ce qui est plus important, ce sont les immigrés et migrants en sol de France depuis la guerre d’Algérie, particulièrement ceux des dernières années, qui s’inquiètent que leur pays d’adoption ne soit pas à la hauteur de sa devise « Liberté, Égalité, Fraternité », si le Front National gagne le pouvoir.  

Claude Dupras

dimanche 27 septembre 2015

Mon blog: 10 ans déjà


Ce jour-là, le 20 juin 2005, j’ai commencé une belle aventure dans le monde des blogs. Un article de journal publié en novembre 2004 avait suscité mon intérêt. Malgré que les blogs au Québec étaient plutôt rares à ce moment-là, il racontait que « le nombre de weblogs, communément appelé blogs, est passé dans le monde de 5 millions à 11,5 millions » (Aujourd’hui, il est plus près de 275 millions et il croît encore au rythme de 2 millions par mois). Plusieurs sites internet proposaient des programmes informatiques pour créer son propre blog. Pour faire un essai, j’ai opté pour celui offert par Google, le « Blogger.com ».
Le vrai challenge est d’écrire un texte objectif qui concerne un sujet de l’heure et de le faire régulièrement dans une démarche qui soit originale et respectée. Comme c’est en forgeant que l’on devient forgeron, il en est de même pour l’écriture.
   
J’ai été surpris, au fil des blogs, de voir comment je puisais dans mes expériences passées, qu’elles soient familiales, sociales, étudiantes, d’affaires ou politiques et comment ces dernières étaient soumises aux influences externes. Tout cela rendait plus difficile de décortiquer et de commenter la vie actuelle.
J’ai toujours accordé une grande importance à émettre une analyse consciente par des propos balancés, vrais, non agressifs tout en tenant compte des opinions des deux côtés de la médaille. Mais j’ai aussi réalisé que mon analyse pouvait être aussi inconsciente, puisque comme tout le monde je porte des cicatrices invisibles.
C’est une délicate besogne que de traduire dans des mots son appréciation des évènements de l’actualité. Le grand défi de bien écrire est de produire un témoignage tout en comprenant que le poids que l’on donne à un mot n’est pas toujours celui que certains lecteurs lui donnent ou qu’ils le définissent. Quelques fois, je me demande quelle est l’utilité d’écrire si mes mots risquent d’être lus dans un sens que je ne leur attribue pas. Mais, vite, je mets de côté ces idées noires pour continuer à relever le défi.
Un auteur a écrit en parlant de l’écriture : Les sujets foisonnent et les idées fusent. L’esprit réagit. Le coeur prend parti. Face à l’évènement, c’est une mécanique impressionnante qui se met en marche. Et c’est vrai !
Avec le temps, j’ai appris à écrire un texte plus ou moins personnel sur un sujet sérieux pour le publier. J’ai vite réalisé que l’émotion est la clef pour gagner le public et que si le sujet ne passionne pas, il vaut mieux ne rien faire. Mais si c’est le contraire, alors allez-y et votre texte volera de ses propres ailes grâce aux clics des internautes. 
Plusieurs bloggeurs présentent un texte quotidien ou hebdomadaire. Dans mon cas, je l’écris au moment où j’estime avoir quelque chose à dire sur l’actualité politique ou autre.  
Après un début difficile, le nombre de lecteurs de mon blog a augmenté constamment. Ses 443 articles, à ce jour, ont été vus plus de 350 000 fois.
Avec la sphère informatique sociale, les journalistes des médias traditionnels ont perdu le monopole du jugement quant à ce qui importe pour les gens. Par contre, ceux qui les concurrencent, comme les bloggeurs, se doivent d’agir avec la même obligation professionnelle qu’eux afin d’être neutres dans leurs analyses de toute situation. Et ça, ce n’est pas facile !
Durant ma jeunesse, j’étais intéressé par les activités d’associations de toutes sortes. Elles m’ont amené à participer activement à la politique qui est vite devenue, pour moi, une passion. Que ce soit au municipal, au scolaire, au provincial ou au fédéral, j’y étais et je m’engageais ouvertement. Durant ma vie étudiante et, plus tard, ma vie professionnelle, je suis devenu un jeune nationaliste canadien-français, bilingue, témoin du débat de l’autonomie du Québec. Je m’opposais au parti libéral du Canada sur cette question et j’ai vu la solution dans le parti progressiste-conservateur du Canada dans lequel j’ai occupé plusieurs postes importants. D’ailleurs, elle se concrétisa lors des mandats des PM Diefenbaker, Clark et Mulroney. C’est de cette période que viennent les cicatrices invisibles.
Aujourd’hui, je ne suis ni partisan, ni membre d’aucun parti politique mais un Québécois et un Canadien qui veut le bien-être de ses compatriotes, de sa nation et de son pays. Je ne suis pas séparatiste car j’estime que cette alternative n’a aucun sens pour mes descendants puisqu’elle leur enlève tout le potentiel que l’ensemble du Canada leur offre. De plus, en précisant nos besoins et nos espoirs, nous avons pu obtenir le pouvoir pour assurer la protection de notre culture et de notre langue tout en devenant forts économiquement dans l’ensemble canadien. C’est avec cette lunette que j’analyse ce qui se passe politiquement chez nous. Pas de secret, pas de mystère !
Mon blog n’aborde pas que des sujets politiques québécois, il s’intéresse à tout ce qui se passe dans le monde. Je lis beaucoup de blogs québécois, canadiens et internationaux qu’ils soient de gauche ou de droite, fédéralistes ou séparatistes, et j’en recommande la lecture à plusieurs de mes lecteurs, dans une colonne dédiée à cet effet sur la page de mon blog. Je comprends la position de ces auteurs avec qui je diffère souventefois d’opinion. Leur expérience de vie a été différente de la mienne puisqu’ils ont été forgés d’une autre façon que moi, mais leur réaction est semblable à la mienne.
En ce 10ième anniversaire de mon blog, je veux remercier mes lecteurs et leur dire que j’apprécie leurs mots d’encouragement, leurs commentaires (favorables ou non) et les références dont ils me gratifient.
Merci beaucoup !
Et au prochain… 

Claude Dupras

mardi 8 septembre 2015

Les migrants et nous

Quel extraordinaire mouvement vers l’Europe de réfugiés venant de pays tyrannisés par les guerres, la misère ou la faim !

C’est par dizaines de milliers que nous les voyons traverser la Méditerranée avec leurs enfants, à leurs risques et périls, dans des embarcations fragiles après avoir payé un gros prix à des bandits qui leur ont promis mer et monde et être assurés qu’ils seraient protégés alors, qu’en réalité, ils se foutent d’eux et les laissent le plus vite possible à leur misère et plusieurs à leur mort, dès que la mer fait des siennes.
Hier, les réfugiés arrivaient de l’Afrique noire. Ces jours-ci, ils arrivent en trombe de la Syrie, d’Iran et d’Irak. Près de 40 000 sont entrés en Allemagne après avoir traversé tout le territoire européen à partir des rives de la mer en Grèce, en Italie ou ailleurs.
Le gouvernement allemand n’a pas attendu que les pays d’Europe se décident sur le sort de ces individus. Ce pays qui, plus que d’autres, met l’accent sur le respect de l’État de droit et sur les valeurs fondamentales, a ouvert tout grand ses frontières et ses bras pour les accueillir et a fixé à 800 000 le nombre de réfugiés qu’il est prêt à intégrer. Les Allemands les ont même applaudis en les voyant entrer dans leur pays. C’est typique de ce peuple germanique dont les actions passées d’intégration de nouveaux-venus ont toujours été bien organisées et remarquables.
Les nouveaux arrivants seront dirigés vers des centres d’enregistrements installés dans des tentes temporaires pour y être recensés. Des interprètes sont sur place pour les aider à remplir les procédures qui sont sous la surveillance de la police fédérale pour assurer la sécurité nationale. Ensuite, on leur distribue vivres et vêtements. Puis, dans les jours suivants, vitement, ils sont dirigés en régions en nombre déterminé proportionnellement par la population de chacune de ces dernières.
Partout, ces régions sont prêtes à leur trouver logements, nourriture, soins et tout ce qui est nécessaire pour assurer leur bien-être immédiat. Dès les premiers jours, elles placent les enfants dans des écoles. De plus, et c’est fort remarquable, elles organisent, pour tous, des cours accélérés de langue allemande afin de faciliter leur intégration. Elles cherchent du travail selon, si possible, les qualifications de chacun. Ces réfugiés sont généralement bien instruits, ont un bon métier ou une profession et veulent travailler. C’est ainsi qu’un État responsable doit agir envers des gens dans le besoin qui doivent, pour leur sécurité et celle de leur famille, quitter subitement leur pays et qui désirent s’installer ailleurs, temporairement ou de façon permanente.  
Pendant ce temps-là, le gouvernement canadien entrebâille à peine ses portes pour n’y laisser passer que quelques milliers de nouveaux arrivants par année, malgré le potentiel de gain appréciable qui découle de la venue d’étrangers dans notre pays. Les allemands ont su reconnaître dans les Syriens, des gens brillants, bien éduqués, entreprenants, travaillants et avec du cœur. Ceux, comme moi, qui ont eu l’opportunité de connaître, d’être amis et de travailler avec nos compatriotes d’origine syrienne, le savent. C’est sûrement la même chose pour les Iraniens, et les Irakiens.
La décision de l’Allemagne est motivée d’abord par sa démographie décroissante et les besoins de travailleurs et d’ingénieurs de son industrie. Cependant, ce ne sont pas des travailleurs-invités pour une période de temps définie, comme elle l’a fait dans le passé avec les Turcs, mais des immigrés invités à rester avec leur famille de façon permanente pour devenir allemands. Elle voit dans les nouveaux venus le maintien du niveau de sa main d’œuvre, de sa croissance et la continuation du développement de son économie. Ce serait ainsi, pour la même raison, au Canada et au Québec. D’ailleurs tout indique que le PM québécois Philippe Couillard le sait, puisqu’il a offert de recevoir 10 000 réfugies syriens, tout de suite.
Pour se convaincre de la véracité d’une telle affirmation, on n’a qu’à se rappeler le passé lors de la venue des 50 000 boatpeoples vietnamiens au Canada et au Québec. De même de celle des 37 000 hongrois et des 11 000 tchèques. Ils étaient pauvres mais éduqués, dynamiques, plein d’initiatives et ils se sont bien intégrés. Ils sont devenus de bons citoyens et un actif constant de développement économique pour le Québec et le Canada. Ce fut ainsi aussi pour les milliers d’individus d’une centaine de nationalités différentes qui vivent dans le Grand Montréal.
Malheureusement, une partie de notre population s’oppose à recevoir les réfugiés syriens pour la raison qu’ils sont en majorité de religion musulmane. Ce sentiment de rejet a pris racine lors du débat sur la Charte québécoise des valeurs et sur le port du voile. Suite à tout ce qui s’est dit de négatif à la Commission, rapporté dans nos médias, mal répété, mêlé, tordu, déformé, amplifié et répandu de bouche à oreille, un profond mal a été créé nonobstant que la Charte n’ait pas été adoptée. Il reste à le déraciner.
C’est similaire à la position du Front National en France. Ce parti d’extrême droite est antimusulman. Il l’affiche tout haut et refuse tout nouveau réfugié de cette religion en France, comme l’a encore répété sa cheffe Marine Le Pen lors du weekend dernier à l’université d’été du parti.  
Cela explique le sentiment négatif de plusieurs de nos compatriotes envers la religion musulmane, ses imans et les musulmans. Mais cela ne peut durer car ça va à l’encontre du bon sens, de la vérité et de la liberté. Qu’on aime ou non le voile, le fait demeure que la religion musulmane est une religion comme les autres dans laquelle des milliards de personnes ont foi. Celle-ci est la croyance dans un être supérieur et la religion, le moyen de le prier. Ceux qui n’y croient pas, ont le droit de penser comme ils le veulent mais la foi est un attribut de l’homme qui se doit d’être respecté et cela me semble indiscutable.
Il existe des musulmans de toutes nationalités. Ils sont, par exemple, des centaines de millions en Asie (Indonésie, Philippines, …), en Afrique (Maghreb, Arabie…). Ce sont des gens intelligents, éduqués, entreprenants... comme l’indique clairement leur lointain passé. J’ai eu le privilège de travailler professionnellement dans des pays musulmans africain et j’ai appris à les connaître, à rencontrer leurs familles, à être inviter à leurs fêtes et à en faire des amis. J’ai été pour quelques-uns leur parrain lors de leur venue à Montréal. Ce sont des gens de bonne famille qui veulent travailler pour gagner leur vie honnêtement. Ce sont des gens bien qui ont du potentiel. Il faut cesser de les diaboliser et mettre fin à cette injustice.   
Nous nous devons d’aider les réfugiés de tous pays quelles que soient leur couleur, leur religion. Pour l’humain, c’est un geste naturel que d’aider ceux qui sont en détresse. Certains diront obligatoire, et je suis d’accord ! De plus, c’est notre tradition et il n’y a pas de bonnes raisons pour la discontinuer. Nous avons aussi, dans le présent, besoin d’eux pour contribuer à la croissance de notre économie. Voilà pourquoi, je suis triste de voir la France se laisser banaliser par des sentiments irraisonnables basés sur la peur et de constater la même chose au Québec à cause d’une crainte injustifiée.
Le Canada est un pays de réfugiés. Ceux qui y sont venus, l’ont fait pour avoir une meilleure vie. Ils ont réussi, se sont intégrés dans notre société et y ont apporté leur soutien humain, économique et fraternel. Tous ces néo-québécois-canadiens sont un atout pour notre société.
Avec la grandeur de notre pays, ses richesses, son potentiel et sa relative petite population, il y a de la place et une espérance de bonne vie pour beaucoup de personnes.
Les Nations-Unies estiment que les réfugiés syriens seront plus d’un million au cours des cinq prochaines années. Et il y a ceux de tous les autres pays…  Nous entrons dans une période de transfert de population jamais vu.
N’hésitons pas à accueillir les réfugiés et préparons-les à bien s’intégrer chez nous en prenant l’Allemagne comme modèle.
Que le gouvernement canadien bouge ! 

Claude Dupras

 

 

lundi 31 août 2015

Une élection canadienne pas comme les autres

Le 19 octobre prochain, les Canadiens et Canadiennes sont appelés aux urnes pour choisir le prochain gouvernement de leur pays. Ce sera une journée importante pour l’unité canadienne et notre avenir.

Comment choisir parmi les partis qui briguent nos suffrages ? Par le positionnement politique qui correspond à leur raison d’être ou selon ce qu’ils nous proposent pour les quatre prochaines années ?

Jadis, si on était de droite, on pouvait choisir le Parti Conservateur (PC); de centre-gauche, le parti Libéral; de centre-droit le parti Progressiste-Conservateur avant que ce dernier soit monopolisé par la droite canadienne pour devenir le PC en 2003 et de gauche, le CCF devenu le Nouveau Parti Démocratique (NPD). Les environnementalistes votaient Vert. Quant aux séparatistes québécois, il y avait le Bloc Québécois pour se justifier de voter au fédéral.
Toujours, ou presque, l’électeur pouvait voter en fonction de ses critères personnels, politiques ou sociaux car les programmes politiques et les propositions qui en découlaient étaient clairement établis. Les clivages permettaient à l’électeur de choisir ce qu’il espérait que la société devienne.
Aujourd’hui, cet électeur réclame des actions politiques pragmatiques qui visent directement les problèmes du jour. Et pour ce faire, tous les partis ont recentré leurs politiques, par opportunisme ! Les discours ont changé et prendre le pouvoir avec une majorité de sièges à la Chambre des communes est devenu le seul but, la nécessité pour pouvoir agir. Il ne faut surtout pas afficher ses plus profondes convictions car elles peuvent éloigner l’électorat. Non, on s’adapte, on cherche à se faire aimer, on manipule les images et les illusions, on devient magicien politique.
Le NPD, si près du pouvoir, ne fait pas exception. Il ne veut prendre aucun risque de manquer son objectif qu’il a enfin à portée de main.  

Sous le leadership de Thomas Mulcair qui suit la ligne de son prédécesseur Jack Layton, le parti a bougé fortement vers le centre. Beaucoup trop, selon le président du caucus socialiste du NPD, Barry Weisleder qui s’inquiète de la tendance de son parti à oublier qu’il est celui des travailleurs et des organisations de travail au pays. 

Ce dernier réclame des actions et des politiques qui démontreront que le NPD est un parti de gauche. Il reproche à son chef de trop vouloir embrasser le capitalisme en promettant un budget équilibré tout en refusant de taxer les riches, les grandes entreprises et les banques pour financer de nouveaux programmes sociaux devant corriger les inégalités chez les Canadiens. Il affirme « les gens veulent du changement, mais pas le reniement de leurs espoirs et de leurs rêves ». Malheureusement, il va à contre-courant.
Mulcair veut justement changer l’image de « machine à dépenser » de son parti. Il demeure sensible aux besoins sociaux et veut agir. Mais, il sait que pour réaliser cela, il doit prendre le pouvoir et, pour ce faire, monopoliser le centre politique du débat en se montrant progressif, compétent et capable de diriger un gouvernement avec prudence.
Même le premier ministre (PM) Stephen Harper, le dur parmi les durs, demande aux Canadiens de lui faire confiance à nouveau. Il cherche à changer son image. Il veut faire oublier la ligne de droite de la droite qu’il a poursuivie sur les plans politiques, culturels et sociaux. Celle qui a tant déplu à un si grand nombre de Canadiens, dont les moins fortunés. Pour attirer des sympathies et gagner, il a fait voter des subventions importantes d’aide aux familles devant être remises durant la période électorale. Depuis, il se montre plus sensible, plus compréhensif, plus à l’écoute des Canadiens. Il cherche à faire oublier ses positions diplomatiques radicales et à sens unique comme en Palestine, en Iran, ses rebuffades répétées de plusieurs demandes raisonnables (plusieurs ne le sont pas), dont celle des armes, venant du Québec. Il courtise à fond les électeurs de centre. Il devient enfin plus sympathique pour plusieurs.
Quant à Justin Trudeau, le chef libéral, il joue la carte électorale normale de son parti mais son image souffre de sa jeunesse et de son inexpérience. En début de campagne, il paraissait ne pas être à la hauteur de la tâche de premier ministre. Depuis, selon un plan préétabli, il propose des politiques sensées, bien visées et il marque des points.
À l’élection de 2011, Jack Layton, chef du NPD, a été reconnu comme un homme de gauche très sympathique. Nonobstant une grave maladie qui l’affligeait, il a réussi l’impossible en faisant élire 59 députés au Québec, où il n’y en avait qu’un. Une comète aurait frappé la terre, que l’on n’aurait pas été plus surpris. Il avait axé sa campagne électorale sur les besoins de la « famille », mais c’est surtout par ses prestations uniques à des émissions télévisées, comme « Tout le monde en parle », qu’il a conquis, entre autres, le cœur des Québécois qui se sont levés spontanément pour aller en masse voter NPD afin de lui assurer leur confiance lui permettant ainsi de devenir chef de l’opposition officielle. Ce fut la plus grande victoire du commerce d’images et d’illusions au Québec de tous les temps.
Tous les chefs se rappellent ce grand balayage électoral. Ils en rêvent. Ils comprennent que leur principal défi est de marquer des points lors des débats télévisés des chefs. Ils reconnaissent toute l’importance de ces face-à-face sur le choix des électeurs et ne veulent pas, par conséquent, parler de droite ou de gauche.
Déjà, le premier débat a été révélateur. Ainsi, Trudeau, son image aidant, en a surpris plusieurs par son aplomb, sa connaissance des dossiers et ses réparties bien fondées. Dès le lendemain, les sondages reflétèrent sa bonne prestation et les observateurs avertis spéculaient déjà sur les chances du parti libéral qui remonta sensiblement dans les sondages. Mulcair, avec un air de chef d’État, a été clair, net et précis et a généralement bien fait. Les auditeurs ont compris pourquoi il a été qualifié par l’ex-PM Brian Mulroney : « meilleur chef de l’opposition de tous les temps ». De son côté, le PM Harper a aussi été correct mais j’ai eu l’impression qu’il n’était pas vraiment écouté. Quant au parti vert, n’ayant aucune chance de remporter la victoire, sa chef Élizabeth May a été vite oubliée. Le Bloc Québécois était absent car le débat était en langue anglaise.
Un facteur important de cette campagne électorale est sa longueur inhabituelle. Le triple d’une normale. Les électeurs rentrent de vacances. Ils ont été distraits, ne s’intéressant que par de courts moments à la campagne, n’entendant que de bons ou mauvais échos ici et là. Sachant que l’élection est relativement loin, ils se sont plutôt préoccupés de leur famille, de leurs affaires personnelles et peu de la politique. L’intensité électorale s’accentuera peu à peu et de plus en plus rapidement. C’est un gros défi pour chaque parti car il doit se retrouver au top de sa popularité au bon moment. Pas avant et ni après. Il est fort probable que les favoris des sondages d’aujourd’hui se retrouvent dans une autre position en fin de campagne. Il faut donc que les stratèges, dont l’expertise sera de plus en plus recherchée, planifient la fin de la campagne pour placer leur parti en pole position au moment de l’attaque finale. La stratégie devient de prime importance dans cette élection car, à ce jour, on ne peut prédire le gagnant.
Claude Dupras

jeudi 27 août 2015

L'Iran et les Canadiens

C’est actuellement la période touristique de pointe en Iran. Les visiteurs y affluent de tous les continents pour visiter les merveilles de ce pays si riche que son passé de 5 millénaires lui a laissées. 

L’Iran, pays des poètes et des roses, a rouvert au monde son musée à ciel ouvert. 
J’ai rencontré des amis français qui en sont revenus ébahis et enchantés. Non seulement ils ont pu, lors de leur voyage culturel et historique, admirer les grands trésors que le pays renferme mais ils ont été enchantés de la réception que les Iraniens et Iraniennes moyens leur ont réservée. Partout, c’était un accueil chaleureux exprimé par des sourires, des salutations, des politesses et des attentions d’aide. Ils en furent agréablement surpris.
Mon épouse et moi avons décidé d’y aller et de profiter de l’ouverture du pays pour le visiter et mieux comprendre et apprécier son histoire artistique, musicale, poétique, philosophique, de traditions et d’idéologies.
Grâce au site internet Evaneos.com, nous avons accédé aux différentes possibilités de voyages préparés pour plaire à tous les goûts. Fixé pour octobre, le voyage de 10 jours fut négocié facilement, en français, avec un représentant de l’agence locale iranienne installé en France. Nous avons choisi le thème « Les trésors de la Perse » qui nous amenait à Téhéran, Chiraz, Persépolis, Ispahan et Yazd pour visiter les villes, les villages, les palais, les citadelles, les bâtiments, les constructions monumentales, les jardins, les places, les quartiers, les marchés publics, les bazars, les musées archéologiques et historiques, les superbes immenses mosquées, les collections préislamiques, les peintures, les fresques, les tapisseries, les musées (du tapis, des joyaux nationaux, de l’eau, du verre, de la céramique, etc..), les fontaines immenses, etc…
Je m’imaginais le superbe photoreportage que je pourrais préparer à mon retour et l’occasion de pouvoir le partager avec mes amis.
Nous avons confirmé notre voyage, les dates, les vols internationaux et… nous avons tout annulé !
La raison. Le Canada n’est pas la France ou un pays européen. Notre premier ministre Stephen Harper, qui est, selon Benjamin Netanyahou, « le plus grand ami d’Israël », est le pire ennemi de l’Iran. Alors que les USA discutent de la réouverture de leur ambassade à Téhéran après avoir réussi, en compagnie de la Russie, de la Chine, de la France, du Royaume-Uni et de l’Allemagne, à négocier une entente sur le nucléaire iranien, le Canada continue à dénigrer l’Iran tel qu’en fait foi la déclaration du ministre le lendemain de l’entente : «L’Iran reste l’une des plus importantes menaces à la paix et à la sécurité internationales ».
De plus, le Canada, contrairement aux autres pays, recommande aux Canadiens et Canadiennes « d’éviter tout voyage et de ne pas visiter l’Iran », prétextant que l’ambassade canadienne, fermée en 2012, demeure close et que les services normaux qu’elle devrait rendre aux Canadiens en nécessité, sont inexistants. De toute évidence, de plus en plus, cela n’est que de la bouillie pour les chats !
Nonobstant que les chefs des partis d’opposition, notamment celui du NPD, proposent de rouvrir l’ambassade canadienne en Iran si leur parti prend le pouvoir à l’élection fédérale d’octobre prochain, le PM Harper continue à dire NON. De plus, son gouvernement affirme créer des délais pour l’émission de documents de voyage ou le remplacement d’un passeport perdu.
Par ailleurs, pour toute sortie du Canada, le voyageur se doit de prendre une assurance-voyage pour couvrir les risques d’accident ou de maladie. Encore-là, pour l’Iran, le Canada créé problème et c’est la raison principale de l’annulation de notre voyage en Iran. Nous avons une telle assurance-voyage mais elle contient une prévision pour exclusions et protections non couvertes : « Tout problème de santé dont vous souffrez ou que vous contactez dans un pays… à l’égard duquel le ministère des Affaires extérieurs a publié, avant la date de votre départ, un avertissement officiel conseillant aux Canadiens d’éviter tout voyage, essentiel ou non, dans le pays ». En fait, à cause des mauvaises relations du Premier Ministre de notre pays avec l’Iran, notre assurance ne nous protège pas. 
Par contre, de leur côté, le Royaume Uni, la France  et la Chine ont rétabli leurs ambassades avec l’Iran alors que les USA sont en pourparlers comme ils viennent de le faire à Cuba. 
Si un Canadien décide de faire le voyage quand même en oubliant les restrictions gouvernementales, il lui faut dans un premier temps faire application au gouvernement iranien pour obtenir la permission de faire une demande de visa. Avec cette confirmation en main, il doit se rendre en personne à l’ambassade iranienne à Ottawa pour faire application. Plus tard, le visa lui est envoyé en bonne et due forme par la poste à son adresse. Si vous ne demeurez pas dans la ville où se situe l’ambassade iranienne, c’est complexe et coûteux.
Pendant ce temps, les ressortissants d’autres pays peuvent obtenir un visa d’entrée à l’aéroport d’Iran.
Contrairement aux gouvernements canadiens précédents qui ne prenaient parti ni pour Israël ni pour la Palestine, le gouvernement conservateur continue à jouer une carte politique palestinienne qui nuit à notre pays. Et, ce sont nous les Canadiens qui en payons le prix. 
Déjà, selon le rapport alarmant de l'ONU, nous et nos descendants ne pourrons plus voir et apprécier les trésors de plus de 300 sites du patrimoine culturel syrien et mondial qui ont été détruits, endommagés ou pillés par Daech en plus de quatre ans de guerre, notamment l'une des forteresses les plus anciennes et les plus vastes au monde à Alep, les temples romains de Palmyre, ou les statues assyriennes du 1er millénaire à Hassaka…
Les visites culturelles, historiques et touristiques du fabuleux pays qu’est l’Iran se doivent d’être facilitées pour que les Canadiens aient toutes les opportunités de découvertes des uniques trésors du passé lointain dans ce pays de 80 millions d’habitants.

Claude Dupras 

mardi 11 août 2015

L’école yukonnaise Emilie-Tremblay, un modèle de la francophonie canadienne


En 1992, lors du 125e anniversaire du Canada, j’ai eu l’opportunité, en tant que co-président de Canada 125, de visiter mon pays de l’est à l’ouest et du nord au sud. Partout, j’ai été frappé par la beauté de sa nature, la vigueur de son peuple et l’accueil chaleureux que j’ai reçu. J’étais constamment surpris de ce que je découvrais. Le pays est grand, très grand. Les vols d’avions d’est en ouest et du nord au sud sont longs et prennent plusieurs heures, allant souventes fois de 3 à 5 heures et plus. Mais lorsque je regardais par le hublot, tout ce que je voyais c’était le Canada. Sans cesse le Canada. Toujours le Canada. Quelle immensité! Quelle beauté! Quelle richesse ! J’ai vu des régions montagneuses fantastiques, des forêts immenses et immaculées parsemées de milliers de lacs dont la très grande partie n’ont même pas vu encore le profil d’un être humain. Au Québec, seulement, il y en a 400 000 de répertoriées, au Canada ce doit être dans les millions. Sans parler du grand fleuve Saint Laurent qui rejoint les cinq Grands Lacs que nous partageons avec les USA. Et, sans oublier, les grands lacs intérieurs dont le Lac à l’Ours, le Lac des Esclaves, le Lac Athabaska et les océans Atlantique, Pacifique et Arctique jusqu’au pôle Nord. En traversant tous ces grands espaces, je me demandais quelles pouvaient être les richesses géologiques, hydrauliques, forestières, pétrolières et autres non encore découvertes de ce vaste territoire.
Durant ces voyages, je réalisais le potentiel extraordinaire du Canada. Avec sa petite population, j’estimais que per capita la nature nous a gâtés. Nous sommes les individus qu’elle a le plus choyés de la terre. Nous sommes les plus riches.
Lors de l’un de ces périples, je visitai le Yukon. Ce n’est pas une Province mais un Territoire sous la responsabilité directe du gouvernement canadien. C’est ainsi pour tout le grand nord du pays qui est divisé en trois immenses Territoires : Yukon, Nord-Ouest et Nunavut. Après un vol vers sa capitale Whitehorse, j’ai découvert une ville surprenante au passé intéressant, située au 61e parallèle. Avant la venue des prospecteurs blancs vers 1880, elle était un lieu de pêche, de chasse et de rassemblement pour les autochtones. Elle devint alors le lieu de ravitaillement pour les chercheurs d’or qui arrivèrent par dizaine de milliers. Un chemin de fer fut construit.
Plus tard, suite à l’attaque japonaise de Pearl Harbor, le 7 décembre 1941, le gouvernement américain décida de construire à ses frais, via le Canada, une route à partir des USA jusqu’à l’État de l’Alaska, situé au nord de la Colombie-Britannique, afin d’assurer son approvisionnement et pour des raisons de stratégie guerrière. Le tracé suivait les anciennes pistes de traineaux à chien. Après la guerre, la route fut remise au gouvernement canadien tel que le stipulaient les conditions de l’entente originale. En 1958, le Canada décida de reconstruire la route entre Dawson City et Inuvik afin qu’elle puisse résister au résister au pergélisol (permafrost). La route fut renommée le Dempster Highway pour marquer la carrière de l’Inspecteur William Dempster, de la Gendarmerie Royale du Canada (GRC), qui utilisait souvent les pistes avec ses chiens pour venir en aide à des gens en détresse et qui finalement mourut avec ses chiens en recherchant un collègue de la GRC perdu dans le grand froid du nord canadien.
Whitehorse profita en tout temps de cette excellente voie de communication pour favoriser l’exploitation du pétrole, du cuivre, de l’or, de l’argent et du commerce de la fourrure pour devenir la ville la plus importante du Territoire yukonnais. 
À Whitehorse, mes collègues et moi avions quelques visites d’organisées, dont une à une école du nom Émilie-Tremblay. Quelle surprise ! Une école francophone dans ce territoire nordique immense et peu peuplé alors que je le croyais exclusivement anglophone. C’était, en plus, une très belle école avec de nombreux enfants qui manifestèrent un bonheur de nous voir et de nous parler en français. Il en fut de même des maîtres et maitresses de l’école qui étaient, de toute évidence, très compétents, dévoués, heureux et fiers d’œuvrer dans ce milieu. Les enfants étaient ceux de 3 500 francophones qui vivaient à Whitehorse.
Puis, nous nous sommes rendus  en avion jusqu’à Dawson city et ses maisons de bois, la capitale de la ruée vers l'or de la rivière Klondike de 1896-1899. Au moment de la ruée, elle comptait plus de 40 000 personnes. Malheureusement, tout le décor naturel dans cette région célèbre n’est pas beau à voir. Le sol a été excavé mécaniquement et profondément par les chercheurs d’or, lavé, déposé et empilé ici et là sur des centaines de kilomètres carrés. Après la ruée, les prospecteurs sont vite partis et rien n’a été fait pour replacer la nature, ce qui donna l’apparence d’une terre désolée. Un spectacle vraiment triste. C’est sûrement le pire endroit au Canada où l’homme a renié l’environnement pour son profit. Dès qu’on le quitte, on retrouve la beauté sauvage du grand nord Canadien.
Nous avons poursuivi notre aventure sur la route asphaltée du Dempster highway toujours en très bonne condition, vers le nord, traversé le cercle polaire et rejoint, à moins de 200km, la ville d’Inuvik, située sur le fleuve Mackenzie dans le Territoire voisin du Nord-Ouest (TNW).
D’un tel voyage, des images d’immensité immesurable restent empreintes dans l’esprit de ceux qui y participent. J’ai été surpris du très grand nombre de voyageurs qui avec leur roulotte entreprennent de visiter cette lointaine région ou qui se rendent jusqu’en Alaska. En somme, tout est relativement facile d’accès mais les distances sont très longues mais la température en été est agréable (sauf pour les maringouins).
Dans ces territoires, la présence francophone est minime, 5% au Yukon et 3% au TNW. Nonobstant cela, j’ai été agréablement surpris que les parents francophones que j’ai rencontrés n’aient pas perdu leur langue française, ne se soient pas laissé assimiler par la majorité anglophone et aient fait constamment des efforts et demeuré aux aguets afin d’assurer le droit de leurs enfants à la protection et à l’épanouissement de leur langue française.
Encore récemment, en janvier 2015, plusieurs parents de l’École Émilie Tremblay, dont quatre enfants sur cinq ont un parent anglophone, réclamaient l’augmentation de budgets pour améliorer les compétences linguistiques des jeunes ayant plus de difficultés à s’adapter. Ils peuvent maintenant inscrire leurs enfants à un programme d’enseignement du français à domicile. De plus, ils ont obtenu qu’une nouvelle école secondaire francophone soit construite sur un site qui vient tout juste d’être désigné et approuvé par les commissaires d’écoles. Elle remplacera l’Académie Parhélie, ouverte en 2007, pour l’enseignement jusqu’à la 12e année.
Devant leur détermination à conserver leur langue et à la transmettre aux générations futures, on ne peut que leur dire BRAVO et leur exprimer notre admiration totale.
Ce cas que je viens de citer est en fait un exemple patent de ce qui se passe au Canada. Partout, les parents francophones cherchent, œuvrent et trouvent des moyens pour subvenir au besoin d’éducation en français de leurs enfants. Ce n’est pas toujours facile, mais ils réussissent.
Si le Québec se sépare de l’ensemble Canadien où le français et l’anglais sont des langues officielles, le nouveau Canada maintiendra-t-il ce statut ? Si on enlève les députés francophones du Québec de la Chambre des communes, restera-t-il suffisamment de députés francophones pour défendre la langue française au pays ? Au Yukon, les commissaires ont décidé en faveur des francophones, mais si la langue française n’était plus officielle au pays, ils auraient décidé quoi ?
Les séparatistes québécois veulent la mort du Canada bilingue. Du même coup, la disparition de la langue française en Amérique du Nord, sauf au Québec, pourrait en résulter. Ce sera très difficile pour ce million et plus de francophones qui vivent actuellement hors-Québec et qui sont éparpillés dans les provinces et les territoires. Le risque d’assimilation à moyen et long terme pourrait être augmenté dangereusement. Elle deviendrait peut être inévitable. Certes les francophones d’Ontario et du Nouveau-Brunswick, plus nombreux, se débattront comme le feront les autres, mais ils n’auront plus la présence du Québec dans leur pays pour les appuyer. Ce qui fait, je crois, la grande différence aujourd’hui.
La protection et l’épanouissement du français en Amérique du Nord est aussi une de nos responsabilités en tant que Québécois francophones.
Claude Dupras

mercredi 5 août 2015

Le québécois « frileux »

Suite à mon récent blog sur « la radicalisation des péquistes », un internaute m’a fait part de son commentaire. Malheureusement, ce dernier ne tenait pas compte de l’argumentation de mon blog mais plutôt de l’auteur. J’ai remarqué souventes fois dans le passé que c’est souvent le cas dans les échanges politiques avec mes compatriotes. On oublie le message pour s’en prendre au messager.

Le critique rejetait mon argumentation parce qu’elle venait d’un « fédéraliste » il ne discutait pas du fond. Oui, c’est vrai, j’aime le Canada et veux le conserver pour mes descendants. Il me qualifia aussi d’être un des « québécois frileux des années 1970 » qui ont voté NON aux référendums québécois sur la séparation du Québec.

Nous serions « frileux » à cause de la peur que nous aurions de perdre ce que nous avons «acquis compte tenu de l'énergie dépensée à gagner du terrain petit à petit sur la mainmise du Dominion anglais sur cette partie du territoire canadien qui leur rapporte beaucoup depuis cent ans et plus ».

Il est vrai que depuis la bataille sur les plaines d’Abraham à Québec, le 13 septembre 1759, qui marqua le début de la conquête britannique et la fin du régime français en Nouvelle France, un grand chemin a été parcouru pour la reconquête de nos droits et libertés démocratiques. Jamais, ceux qui nous ont précédés, tout comme nous, ont lâché la lutte et le résultat est qu’aujourd’hui, nous sommes, au Canada, un peuple français, fier, solide, et qui prend de plus en plus sa place, dans tous les domaines, dans toutes les provinces  particulièrement au Québec et ce n’est pas fini. C’est irréversible.

Des centaines, sinon des milliers, de jeunes comme moi, issus des années ’30, ont fait eux aussi leur part dans cette progression du bienêtre et du pouvoir des Canadiens français. J’ai toujours collaboré avec mes compatriotes pour faire avancer la cause. J’ai eu la chance d’être éduqué par de bons professeurs des communautés religieuses des Frères du Sacré-Cœur et des Frères des Écoles chrétiennes, deux communautés dédiées à l’enseignement et à la formation de jeunes québécois. Ils nous ont bien enseigné l’histoire du Canada et nous avons appris les difficultés auxquelles les francophones ont dû faire face tout au long de leur histoire depuis la conquête pour défendre leur langue et leur religion et démontrer leur détermination pour assurer le développement futur de notre nation. Nous devenions motivés pour faire de même. Et, c’était comme ça partout où les Canadiens-français vivaient, que ce soit au Québec, au Nouveau-Brunswick, en Ontario, au Manitoba, en Saskatchewan au Yukon et ici et là dans les autres provinces.

J’étais déterminé à faire ma part et je suis devenu membre de l’ordre secret de Jacques Cartier (OJC), souvent appelé « la patente ». Il  était voué à la défense de la nation canadienne-française partout au Canada et à l’avancement de ses intérêts par l’entremise d’une élite militante qui infiltrait autant l'administration gouvernementale que les entreprises privées.

Au Québec, l'un des objectifs des membres de l'OJC était également de lutter contre l'influence des loges maçonniques et des orangistes qui moussaient leurs candidats et leurs idées pour la gouverne de la province et le contrôle des affaires.

Parmi les résultats de l’OJC, il y eut : la première élection d’un gouvernement francophone au Nouveau-Brunswick, la nomination d’un très grand nombre de haut-fonctionnaires francophones à Ottawa, la fondation des clubs Richelieu, le bilinguisme sur la monnaie canadienne et les formulaires d’assurance-chômage, des émissions de radio en Français diffusées à Radio-Canada d’Halifax aux Rocheuses, des services en Français, dans les compagnies d’utilité publique (chez Bell Canada, entre autres), ainsi que de nombreuses nominations d’ecclésiastiques francophones au lieu d’irlandaises qui étaient anglophones dans des écoles et des paroisses à travers le pays, etc…

L’Ordre créa aussi la Ligue d’achat chez nous, qui favorisa l’achat local et permit à de nombreux commerçants de survivre. Elle a été dissoute en 1965 avec la venue de la révolution tranquille et le débat sur la séparation du Québec. Puis, j’ai joint les chevaliers de Colomb et la Société St-Jean Baptiste de Montréal.  Partout nous avons combattu pour l’avancement des nôtres.

Par ailleurs, j’ai été président de la Chambre de Commerce des jeunes de Montréal, après y avoir œuvré cinq années durant lesquelles nous avons créé une Université Populaire pour permettre aux jeunes gens de Montréal de rencontrer des personnages importants, de notre société, qui avaient réussi dans leur vie professionnelle ou d’affaires, au rythme de cinq sessions par semaine, afin qu’ils puissent les écouter, réfléchir et apprendre d’eux à se préparer à la vie pour réussir. Nous avons aussi rencontré, entre autres, annuellement les premiers ministres (PM) du Canada et du Québec pour la présentation de mémoires relatifs à l’avancement de Montréal, du Québec ou de notre société. Lors de ma présidence, j’ai eu l’occasion de présenter les mémoires au PM John Diefenbaker sur le sujet du port de Montréal et au PM Maurice Duplessis pour la mise sur pied d’un conseil d’orientation économique au Québec. J’ai été aussi vice-président national du mouvement, ce qui m’a permis de rencontrer des membres Jeune Commerce (Jaycees) de toutes les parties du Canada.  

Plus tard, avec des amis, je créai le club Richelieu Lasalle, y œuvrai 3 ans avant de devenir son président. En plus de recevoir des conférenciers importants et aider les colonies de vacances de jeunes, nous avons contribué à la formation des Clubs Richelieu en France. Ce fut un succès, et le président Charles De Gaulle, quelques années plus tard, invita cinq de nos membres à diner à l’Élysée pour souligner le succès de cette entreprise.

J’ai été co-président de Canada 125, pour marquer le 125ième anniversaire du Canada. J’ai eu à cette occasion l’opportunité de traverser plusieurs fois le pays et de rencontrer un grand nombre de Canadiens et Canadiennes de toutes origines, particulièrement les francophones. J’ai pu ainsi apprécier et connaître davantage leur mode de vie, leurs espoirs et comprendre encore mieux le formidable pays qu’est le nôtre et l’importance de notre présence dans le pays.

J’ai été témoin de l’importante transformation politique de mon pays. J’ai constaté l’avancement des francophones et toute la place qu’occupe la francophonie aujourd’hui. Cela doit continuer. Et c’est en voyageant partout dans le monde, que j’ai constaté et compris la beauté, la richesse, la grandeur de l’exceptionnel pays qu’est le nôtre et les opportunités qu’il offre.

Malgré tout, aujourd’hui, certains Québécois veulent encore détruire le Canada en séparant le Québec de l’ensemble canadien. En réalité, ils veulent redonner aux Canadiens Anglais tout le pays, sauf le Québec. Ils veulent construire un nouveau pays, le Québec, et établir une frontière près de la ville de Rigaud située à 30 km de Montréal alors qu’elle est actuellement à 5 022 km de la métropole (200 milles à l’ouest de Vancouver dans le Pacifique). Où est l’erreur ?

Et qu’adviendra-t-il du million et plus de francophones qui y vivent et y progressent ? Est-ce que l’on veut qu’ils retrouvent le même sort que le million de francophones qui ont émigré au Nord-Est américain dans la seconde moitié du XIX siècle pour travailler dans les filatures et qui ont été totalement assimilés ? Veut-on le même sort pour les francophones hors-Québec ? Veut-on diminuer ainsi le nombre de parlant français en Amérique ? Pourtant plusieurs sont des membres de nos familles, ont les mêmes ancêtres que nous, le même sang, la même origine, la même langue, la même religion. Soudainement, on veut me faire renier mon pays, me faire oublier ses gens qui sont comme moi ? Pour faire quoi ? Pour décider seul de tout ? Mais, c’est une bataille du passé que nous avons déjà gagnée !

On critique le gouvernement d’Ottawa prétextant que les francophones n’ont pas une voix suffisante pour influencer le pays. C’est vrai en partie, mais ce n’est que momentané sous Harper. On semble oublier que les québécois Trudeau, Chrétien, Martin et Mulroney furent tous PM du Canada et qu’avant eux, il y a eu Louis-Saint Laurent et Wilfrid Laurier. Que chacun avait dans son cabinet un grand nombre de ministres influents du Québec. Durant ces années, ce sont les Québécois qui ont le plus influencé la politique canadienne.

Depuis l’élection de Wilfrid Laurier au poste de PM en 1891, le poste de PM du Canada a été occupé durant 48 ans par un anglophone venant,  de façon générale d’une province hors-Québec et 58 ans par un francophone originaire du Québec. Et, nonobstant ce clair avantage, il y a des séparatistes qui affirment hautement que les francophones n’ont rien à dire au pays. Ils ont la vue ou la mémoire courte, c’est le moins que l’on puisse dire.

Pour eux, évidemment, tous ces PM issus du Québec furent des traitres à la cause des Québécois et des vendus aux anglophones du Canada. Eh bien, moi, je dis, que ce sont ces Canadiens-français qui ont fait le Canada d’aujourd’hui et ce sera toujours de même. Actuellement, deux des trois partis fédéraux principaux ont à leur tête un Québécois.

Les séparatistes disent que tout doit être décidé au Québec par des Québécois pour les Québécois et se servent de cet argument pour vouloir détruire le Canada. Eh bien, dans le passé, ce qui fut décidé pour le Canada le fut en majeure partie du temps par des Québécois. Et partout dans le monde, on affirme que le Canada est le meilleur pays du monde. Pas mal, pour un certificat d’appréciation de bonne administration pour le travail des nôtres.

Nous, les Québécois ne manifestons pas une prudence excessive dans nos actions et nos décisions. Nous sommes des avant-gardistes réalistes. Nous sommes des combattants pour la bonne cause. Nos ancêtres ont été des passionnés, des hommes et des femmes courageux, qui ont traversé par monts et par vaux ce pays pour le bâtir malgré toutes les tempêtes. Il est à nous. Autant à nous qu’à nos concitoyens anglophones.

Nous ne sommes pas de la race des frileux pour laisser notre pays aux autres.    

Claude Dupras

dimanche 2 août 2015

La radicalisation des péquistes



Depuis la venue de Pierre Karl Péladeau (PKP) en politique québécoise, la qualité des débats et des expressions d’opinions s’est accélérée mais plus souvent qu’autrement dans la mauvaise direction. 
PKP, devenu, en peu de temps, le chef du parti Québécois a généré une avalanche d’opinions de toutes sortes.
Pour les séparatistes endurcis, il est celui auquel « le peuple québécois ne pourra résister à l’attrait », celui que ce dernier « attend depuis longtemps », un « winner », celui qui « modifie la donne politique », celui dont l’« image est si forte et si profondément enracinée » que les fédéralistes « ne parviendront qu’à l’égratigner légèrement ». Il est le nouveau « seigneur », « une légende » vivante, en somme le nouveau Messie. Ils sont hypnotisés par le fait que PKP est riche, milliardaire, et pour eux cela en fait une être supérieur, un leader naturel de la nation, l’homme qui va amener les québécois vers la terre promise. Ses dures positions passées contre les syndicats pour favoriser son conglomérat d’affaires sont amoindries et toutes deviennent des actions faites dans le meilleur intérêt de la nation. 
Et si un péquiste émet une opinion sur la possibilité que PKP se retrouve, comme chef politique, en conflit d’intérêt en raison de sa propriété de médias importants, il est aussitôt qualifié de « sournois » comme l’a été l’ex-ministre péquiste Jean-François Lisée.
Pour ces séparatistes qui recherchent une nouvelle espérance de référendum, PKP représente « le plus grand espoir depuis les années 1960-70 », soit depuis le début de la révolution tranquille. Ce n’est pas peu dire si on pense à Lesage, Lévesque, Parizeau, Bouchard… Tant qu’à beurrer, beurrons !
Ces qualificatifs exagérés sont aussi souvent méchants comme l’ont constaté, lors de la course à la chefferie du PQ, les adversaires de PKP : Bernard Drainville, ex-journaliste et ex-ministre du gouvernement Marois; Martine Ouellet, ingénieure et ex-ministre des Ressources naturelles ; Alexandre Cloutier, avocat constitutionnel et ex-ministre aux Affaires intergouvernementales canadiennes et Pierre Céré, journaliste. Ces quatre candidats, bien éduqués et appréciés par beaucoup de Québécois, avaient tous rempli avec succès des tâches importantes dans leur vie.
Pourtant, les purs et durs du site internet Vigile, qui avaient pris ouvertement position pour PKP et devenus son principal appui, les ont qualifiés de « petits ambitieux, rêveurs, utopistes » qui risquent « de démolir leur crédibilité et leur carrière politique s’ils persistaient à vouloir affronter PKP ». Ils ajoutaient : « l’indépendance ne pouvait pas être confiée à des amateurs, des fantaisistes, des illusionnistes, des carriéristes ou des chauffards ». « Ils font le jeu des fédéralistes… ».
 « D’autres plaident la nécessité d’un débat sur les orientations du parti, autant de prétextes cousus de fil blanc pour masquer des ambitions carriéristes mesquines et des postures idéologiques revanchardes… » 
« Tout à leurs petits calculs personnels, ces aspirants ne voient pas ce que représente la candidature PKP dans l’imaginaire collectif des Québécois ». « Ils sont des aspirants très déconnectés de la réalité… qui tentent de forcer leur chance en insistant sur la tenue d’une course au leadership dont il est assuré qu’ils vont faire les frais ».
« S’ils ont deux sous de jugeote, ils vont s’effacer et lui (PKP) donner gracieusement la place ». « Quelques soient leurs mérites personnels, et ils en ont, ils ne sont pas de taille à se mesurer contre lui… ».
Puis, pour ajouter la crème sur le gâteau, ils ont émis leur argument marteau : « PKP s’impose comme l’homme de la Providence ». Merci, mon Dieu !
La direction de Vigile en utilisant un ton aussi arrogant envers les aspirants au leadership péquiste et en les insultant, n’a fait qu’alimenter les braises de la discorde dans le parti Québécois. A nouveau enflammée, elle s’est traduite par l’amplification d’une attitude radicale et intolérante d’une frange de péquistes envers ceux qui ne pensent pas comme elle. En somme, cette dernière agit comme si elle seule a raison et que le temps est venu de se soumettre et de suivre sans mot dire. Elle ne tolère ni le doute, ni la dissidence et encore moins les questions.
C’est ce que dénonçait le jeune étudiant et militant Gabriel Nadeau-Dubois en qualifiant « une certaine partie du mouvement indépendantiste d’exclusive et de xénophobe ». Depuis, il est victime, dans les réseaux sociaux, d’attaques personnelles au ton acrimonieux qui deviennent véhémentes, insultantes, irrespectueuses et nombreuses. L’intolérance et la radicalisation s’affichent au grand jour envers ceux qui osent critiquer la stratégie politique, le parti, le chef du PQ ou qui ne sont pas en accord avec l’option politique.
Vincent Marissal, le chroniqueur du journal La Presse a aussi détecté cette situation déplorable qui se développe depuis la venue de PKP. Pour juger de son excellent texte allons voir Vigile pour savoir ce qu’on en dit. On lui reproche de vouloir créer une impression négative du PQ et de PKP. Pour faire cette démonstration, on juxtapose des expressions ou des mots de son texte comme « militantisme sectaire et fielleux », « radicalisation », « détestation », « ressentiment », « intolérance », « manque de loyauté », « brailler », « fiel », « hargneux », « enragé », « etc… ». On ne revoit pas chaque argument, ni le nie, ni le contredit mais on en retire un mot pour faire le puzzle que Marissal a supposément dans sa tête et qu’il veut, à ce qu’ils affirment, défavorable aux séparatistes. Et lorsque Marissal, en conclusion, invite tous les Québécois à la « modération » et au « sens des affaires », on qualifie ses propos de « tartufferie » et « d’une invitation à se soumettre pour être mieux tondu ». Les séparatistes nous voient encore comme des moutons ! 
Marissal n’est pas le seul à passer dans le tordeur puisqu’il est accompagné des chroniqueuses Lysiane Gagnon, Nathalie Petrowski et du chroniqueur Denis Lessard, tous des journalistes renommés et d’envergure. En réalité, ces professionnels de la presse peuvent écrire ce qu’ils veulent et ils n’accepteraient pas que ce soient autrement. Voilà pourquoi ils sont, tour à tour, dénigrés, salis et ridiculisés par les péquistes qui cherchent à nous faire croire que leur vrai problème est qu’ils sont au service de La Presse qui appartient à une compagnie de la famille Desmarais du défunt Paul Desmarais qui était fédéraliste. Donc, pour eux, il est impossible que ces journalistes soient consciencieux et de vrais Québécois. Ils ne peuvent qu’être des vendus aux Desmarais et, par conséquent, des ennemis. Et s’ils n’étaient pas à La Presse, pensent-ils, ils seraient tous compétents et sûrement séparatistes !
PKP a décidé de frapper de front la famille Desmarais. Pour lui, elle est le vrai leader du mouvement fédéraliste du Québec et il se doit la peindre et de la dénigrer sans cesse pour qu’elle devienne dans l’esprit des Québécois, l’ennemi No.1 du Québec. Ainsi, s’il réussit, pense-t-il, tout article négatif contre lui ou son parti sera rejeté du revers de la main par les Québécois qui sauront que ce ne sont pas les journalistes qui écrivent leurs textes mais que c’est la famille qui leur dicte. C’est une stratégie électorale honteuse, vicieuse et dangereuse car elle est à la base d’une campagne de dénigrement de personnes honnêtes et intègres (propriétaires, journalistes et autres) dont le but est de démontrer faussement qu’ils n’agissent que par intérêt personnel et non pas au nom du meilleur intérêt de l’ensemble des Québécois.
Ce genre de politique machiavélique ne peut porter des fruits et ceux qui l’ont imaginée se trompent. Les Québécois ne sont pas dupes et puniront ceux qui les trompent sciemment.
Le débat politique au Québec est fort important pour les prochaines générations. Il se doit d’être sur des bases solides, démocratiques et évoluer dans le respect de l’opinion des autres. On peut avoir des idées différentes, on peut les proposer, s’opposer et débattre fermement mais on se doit de respecter, en tout temps, l’intelligence de tous les Québécois.


Claude Dupras
 




 

lundi 6 juillet 2015

Quand PKP humilie le PQ !

Depuis sa fondation, le Parti Québécois a toujours eu à sa tête un chef cultivé qui savait faire la part des choses. De René Lévesque à Pauline Marois, ces chefs ont toujours tenu un discours aux arguments responsables, très souvent convaincants, même durs parfois mais toujours respectueux. Ils ont quelques fois élevé la voix d’exaspération mais toujours de façon à point et polie. Et j’inclus dans ceux-là, les propos de Jacques Parizeau le soir du référendum de 1995 lorsque le OUI l’avait perdu par quelques dizaines de milliers de votes seulement. Ses propos ont été bien critiqués mais, à mon point de vue, ils correspondaient à la réalité. On en a fait un plat, mais la réalité était évidente. Il ne méritait pas, à mon point de vue les nombreuses critiques qui l’ont affligé.

Aujourd’hui, le chef du PQ, Pierre Karl Péladeau semble être d’une autre catégorie que ses prédécesseurs. Il est comme un jeune boxeur inexpérimenté qui donne des coups de poing à gauche et à droite sans vraiment frapper au bon endroit tout en en recevant des coups durs constamment sur la tête. Il ne fait pas la part des choses. Pour lui, ceux qui se trouvent à ses côtés sont bons et ceux qui sont devant lui ne sont que des êtres sur lesquels il faut frapper sans cesse, même au bas de la ceinture. Et pourquoi ? Simplement parce qu’ils bloquent le chemin qui mène à son idéal. Il faut qu’il déblaye. Une approche d’homme d’affaires sans scrupule qui est prêt à tout pour grossir ses profits, ses entreprises et ses avoirs. Un genre de rouleau-compresseur. Au diable les manières, ce qui compte c’est le résultat !
Ses apôtres le voient comme un seigneur, une légende, presque le messie. Ils en sont obnubilés. Avec lui c’est sûr que l’idéal sera atteint et la fin justifie les moyens. Quelques soient les bêtises ou les positions abracadabrantes qu’il affirme, écrit et répète même si elles dépassent les normes de la politesse, du bon sens, du respect des faits, de l’autre, des élus, ils les acceptent comme des données de la bible et les défendent sur la place publique. Parmi ceux-là, il y a l'ex PM Bernard Landry qui a toujours tenu un message mesuré dans ses discours comme chef de l'État du Québec. Aujourd'hui, il se veut le premier supporteur de PKP et oublie ses principes passés pour défendre l'indéfendable. D'autres, dans leurs écritures, mettent de côté toutes leurs formes passées, leurs raisonnements balancés. Au diable la logique traditionnelle, on en invente une autre dédiée exclusivement à la nouvelle approche. On frappe dans le tas ! Ne vous inquiétez pas, ça va rapporter…  le chef n’est-il pas milliardaire. On ne répond plus à personne car tout le monde est vendu à l’adversaire. Particulièrement les journalistes qui ont vendu leur âme aux Desmarais !
Oui, il s’en prend aux membres de la famille du défunt Paul Desmarais, l’extraordinaire homme d’affaires qui a réussi mieux que tout autre et qui a toujours cru que l’intérêt des francophones québécois était d’être activement présents dans les affaires du monde. Il a été un exemple unique d’intelligence des affaires qui a tellement manqué à nos compatriotes du passé. Parti de rien, il est devenu l’homme le plus riche du Canada et un leader mondial des affaires. Malgré cela, PKP critique sa famille, la barbouille, invente des histoires malencontreuses sur son compte et encore… Pourquoi ? Simplement parce que Paul était fédéraliste, qu’il croyait dans le Canada, qu’il y voyait un potentiel extraordinaire pour tous ses compatriotes francophones et savait mieux que tous que la nouvelle garde, les jeunes qui l’ont suivi, était mieux éduquée, prête à faire face au challenge difficile de la vie économique québécoise et canadienne et à y trouver la place qui lui revient. Et cela s’est réalisé et ça continue de plus en plus fort…
Comme chef du Parti Québécois PKP a décidé que son parti prendrait le leadership des attaques anti-famille Desmarais, pour la simple raison que la famille est propriétaire de grands journaux au Québec, dont La Presse, et que Paul Desmarais a toujours indiqué que la ligne éditoriale de ses journaux soit fédéraliste. Quant à ses journalistes, qui sont tous de haute qualité, ils ont la liberté d’écrire leurs articles sans interventions des propriétaires. Mais PKP ne les aime pas, particulièrement ceux qui traitent de lui et de sa conjointe Julie Snyder.  
Pierre Péladeau, le père de PKP, était un autre du même genre. Il a réussi à bâtir un empire d’imprimeries et de journaux qu’il a laissé à ses enfants à son décès. Différent de Desmarais, il était indépendantiste. Mais il n’insultait pas les gens si leur approche politique était différente de la sienne. Je le sais, car je l’ai connu puisqu’il m’a confié la réalisation totale des bâtiments, bureaux et imprimerie du Journal de Montréal de la rue Frontenac à Montréal.
Il est temps que Pierre-Karl Péladeau se ressaisisse s’il veut connaître un succès politique. Au rythme actuel, il va, à mon avis, directement et sans détour vers l’abime. Son attitude, sa façon de faire, ses mots, son indifférence face aux journalistes, son refus de répondre à leurs questions en se cachant derrière sa page Facebook et ses conflits d’intérêts ne l’aident pas et tout augure mal. Ah! Il peut obtenir des sursauts momentanés dans les sondages, mais à long terme, je n’y vois que le déclin car il est vraiment une bombe à retardement, selon l’évaluation d’un de ses propres députés et ex-ministre. Plusieurs membres du PQ souffrent de la situation actuelle et se disent humiliés par la tournure des évènements.
Pourtant, PKP est un gars intelligent, différent, bien éduqué et qui a une expérience d’affaires assez rare chez un homme politique québécois. Il peut rehausser le débat politique et faire sa marque.  J’espère qu’il le fera… et sortira du tourbillon de sottises dans lequel il s’est engagé.   

Claude Dupras