lundi 31 mars 2014

« On va leur faire peur »

Après un début de campagne désastreux durant lequel le Parti Québécois (PQ) a vu ses espoirs d’un gouvernement majoritaire fondre comme neige au soleil alors que les Québécois réalisaient qu’un gouvernement majoritaire PQ leur imposerait un nouveau référendum pour séparer le Québec de l’ensemble Canadien, les stratèges péquistes réalisant la gravité de la situation se sont rencontrés d’urgence pour déterminer une stratégie capable de replacer leurs chances d’atteindre leur objectif initial.

Un premier organisateur a dit : « Il faut cesser de parler de pays, c’est mal compris ».

Un deuxième d’ajouter : « Oui, ça met trop en évidence notre stratégie de tenir un référendum dans le mandat, trop n’en veulent pas et les maudits fédéralistes en profitent pour en ajouter… ».

Un troisième continue : « on aurait dû contrôler le discours de Péladeau (PKP). Il faut cesser de parler de pays. Idéalement, y faudrait que Pauline dise fort, tout de suite, qu’il n’y en aura pas de référendum dans le mandat. Ça fermerait la gueule aux rouges ».

Un autre plus réaliste de conclure : « Non, non, on peut pas faire ça. Ça va mettre les « purs et durs » en maudit. Y faut qu’elle dise qu’a reconnait que les Québécois sont contre et trouve moyen de paraître qu’a change pas d’idée. Sans ça, a va perdre sa crédibilité… Y faut surtout changer de sujet. Au plus vite. Nous devons reprendre la pole. Sans ça, on risque d’avoir mal… Que faire ? ».

Unanimement, ils ont tous lancé : « il faut revenir à la charte ».

Le premier de rappeler : « oui, avec la charte on naviguait bien, les eaux n’étaient pas troubles. Les gens étaient de notre bord parce qu’on a touché une de leurs cordes sensibles. Y faut recentrer le débat sur la charte ».

Le deuxième reprend : « Ouais, mais si on manque notre coup, on est foutu. Pauline devrait d’abord revenir sur l’intégrité pour essayer de retrouver les effets de la Commission Charbonneau, pis après on finira la campagne avec la charte ».

« Oui, Oui.. » ajoute le troisième « Y faut rattacher Couillard à la Commission, à Charest pis au parti libéral d’avant. Pis après, on va le coller solide aux musulmans parce qu’y a travaillé en Arabie Saoudite. Avec ça, le monde va avoir peur ».

Le quatrième de conclure : « Ouais, ça serait une bonne transition. Pis on, ramène Drainville. Ça va le calmer parce qu’yé un peu en maudit qu’on parle pas de lui ! Pis on terminera fort avec Mme Bertrand et ses Janettes. Sans oublier la Mailloux qui en met toujours épais. Oui, on va leur faire peur. D’accord ? ».

Un « d’accord » retentit à l’unisson.

C’est ainsi que je m’imagine la rencontre des stratèges politiques de la PM Marois après sa première semaine désastreuse en campagne.

Depuis, Marois a répété et répété « Il n’y en aura pas de référendum… si les Québécois sont contre ». En somme, elle répète et répète la même chose mais avec plus d’accent sur « pas de référendum ». Pas vraiment crédible !

Puis, on a blâmé Couillard de tous les péchés de l’ère Charest même s’il n’était pas membre du gouvernement libéral depuis juin 2008.

Et, enfin, nous sommes dans la période de la « charte de valeurs québécoises », proposée par le PQ, qui n’a pas été adoptée avant l’élection, malgré la volonté des trois partis de l’opposition de trouver un compromis. Marois a refusé car elle y voyait le moyen d’obtenir une majorité à l’Assemblée Nationale.

La campagne électorale est dans le dernier droit et le débat est principalement concentré sur la charte. Et y on entend des mûres et des pas mûres.

Janette Bertrand, grande idole de télé, aujourd’hui à sa retraite, ne cesse de répéter des sornettes impensables qui démontrent parfaitement la fausseté et le ridicule du débat. Le problème est que la PM Marois est à ses côtés et ne bronche pas devant les idioties que Madame Bertrand ne cesse de répéter. Elle l’invite même dans son autobus de campagne, et ensemble elles vont de réunion en réunion, et partout Mme Bertrand continue ses élucubrations. Ainsi, elle affirme qu’elle ne veut pas être traité par une femme médecin avec un hijab, « car » dit-elle « elle craint de recevoir des soins de qualité inférieure aux standards québécois. J’ai peur, car je me dis, que dans leur religion, ces femmes ne sont pas aussi bien traitées que les hommes et que les vieux meurent plus vite ».

À Laval, cette semaine, Madame Bertrand a émis un autre argument « percutant ». « J’étais dans la piscine de mon édifice à appartement pour mes exercices quotidiens et deux hommes sont arrivés. Voyant les femmes, ils sont partis. Je suppose qu’ils sont allés voir le propriétaire, qui aime bien les étudiants riches de McGill, pour lui dire : ‘nous voulons seulement une journée’. Ils paient et bientôt ils auront la piscine tout le temps pour eux. Nous avons peur et c’est ce qui va arriver si nous n’avons pas de charte ». Ouf ! Cela n’a aucun rapport avec la charte qui ne s’appliquera que pour le gouvernement. Que dire de tant de racisme aussi évident que ridicule ?

Devant les critiques fusant de toute part sur les propos de Mme Bertrand et l’appui public que lui donne la PM Marois, le ministre JF Lisée explique qu’il faut lui pardonner parce qu’ « elle est vieille ». Belle insulte pour les personnes âgées ! Et si elle est ainsi, pourquoi Marois l’a-t-elle invitée à participer avec elle dans la campagne électorale et ne cesse de la féliciter ?

Je ne suis pas surpris de tels scénarios de peur car depuis le début du débat sur la charte, les péquistes ne cessent de l’alimenter d’arguments fallacieux. Par exemple, le ministre Drainville, lui-même, a argumenté qu’un québécois musulman refuserait d’être traité par une infirmière portant un voile et que cela est une bonne raison pour abolir le voile au Québec dans les services publics. Je ne suis pas où il l’a trouvé celui-là !

Puis, il y a Louise Mailloux, candidate péquiste contre la chef de Québec Solidaire dans son comté de Gouin. Professeur de philosophie, elle a signé le document des « Janette » en faveur de la « charte ». Elle est contre toute religion et compare le baptême et la circoncision à un viol. Elle affirme hautement que les produits Kosher et Halal sont un « racket » car ils enrichissent les rabbins et les imans qui, avec leurs profits, alimentent les fonds de guerres religieuses. C’est la PM Marois qui l’a personnellement choisie pour représenter son parti. Incroyable !

Quant à la candidate péquiste dans le comté de Laviolette, elle affirme que la prière des musulmans devient un poids pour notre économie. Elle devient un droit acquis et crée des problèmes économiques et sociaux. La charte, pour elle arrêtera la prière du Vendredi des musulmans. Que dire devant de telles singeries qui se répètent partout au Québec ?

Oui, la campagne du PQ « On va leur faire peur » bat son plein. Il est temps que ça cesse, si on veut pouvoir se regarder dans le miroir le lendemain des élections et ne pas avoir honte !

Claude Dupras

lundi 24 mars 2014

Une stratégie électorale axée sur la peur, le mensonge et le "salissage"

Drôle de campagne électorale que celle que nous vivons au Québec cette année. Le Parti Québécois (PQ) au pouvoir, minoritaire, a déclenché une élection générale sans avoir perdu un vote important à l’Assemblée Nationale. Élu de peine pour un mandat de quatre ans, il y a près de dix-huit mois, il se retrouvait en difficulté dans les sondages il y a un an. Il a eu alors la brillante idée de créer un débat sur l’identité québécoise en proposant une charte des « valeurs québécoises ». Ce fut un coup de maître. Le PQ grimpa subitement dans les sondages au point que la PM Pauline Marois y a vu l’opportunité de déclencher une élection rapide afin de profiter de l’opinion populaire favorable du moment, nonobstant le fait qu’elle ait fait voter à l’Assemblée Nationale une loi fixant la tenue d’élections générales à tous les quatre ans, pour éviter des cas similaires du passé. La date de la prochaine élection était déjà fixée, mais la PM a décidé de ne pas en tenir compte préférant renier sa propre loi dans l’intérêt électoral de son parti.

Le débat sur la charte a démontré clairement que les Québécois sont fortement divisés sur la question, mais une majorité demeure favorable. Un récent sondage a indiqué pourquoi. Un grand nombre de francophones craignent les musulmans, les sikhs, les juifs et d’autres nationalités. Ils ont peur de la différence, de la société plurielle.. Et cela, même si les populations de ces groupes ethniques ont toujours agi correctement et n’ont jamais suscité de problème majeur. Pourtant de nombreux ex-PM, ex-ministres, ex-députés, recteurs d’universités, maires dont celui de Montréal, chercheurs, sociologues, etc.. plus les chefs des trois autres partis politiques du Québec, se sont prononcés publiquement pour s’objecter à la charte ou à une de ses parties. Face à ces complaintes, le gouvernement n’a changé que le nom de la charte, plusieurs fois. Aujourd’hui, le nom utilisé par la PM dans la campagne électorale est « la charte de laïcité ».

Les sondages internes du PQ soulignent la division profonde de la société québécoise. Ils indiquent, tout comme les sondages récents des journaux, que ceux qui l’appuient sont en grande partie des gens qui ont peur de l’autre, peur des étrangers, peur de leur habillement, tels un foulard, un turban, une kippa… Une peur irraisonnée et irraisonnable. Les autres partis politiques à l’Assemblée Nationale, ressentant ce malaise et pensant à l’intérêt général, ont voulu que le débat-diviseur cesse. Ils ont proposé des ajustements et des compromis à la loi 60 sur la charte afin qu’elle puisse être ratifiée unanimement. La PM a refusé et a déclenché l’élection sur la foi que la peur ferait son œuvre chez la population francophone. Elle a misé que cette peur continuerait à travailler pour elle afin qu’elle puisse se maintenir à la tête des sondages et gagner un gouvernement majoritaire. Au lieu d’agir en dirigeant responsable qui doit s’assurer d’éviter que des crises graves s’installent entre des groupes de la société, elle ne l’a pas fait par intérêt personnel politique.

Le parti Québécois est un parti démocratique dédié principalement à la séparation du Québec du Canada, comme l’indique clairement l’article 1 de sa constitution. Au dernier congrès du parti, la PM Marois a déclaré « nous l’aurons notre pays ». Depuis son élection au pouvoir, la PM et les ministres ont répété souventes fois des déclarations similaires. Son candidat-vedette, l’homme d’affaires Pierre Karl Péladeau (PKP), a fait le gros saut en déclarant qu’il était là pour faire un pays et que c’était sa motivation la plus profonde, le poing levé. Cela allait dans le même sens que ce qu’on entend et lit depuis que les péquistes sont au pouvoir. En obtenant une majorité à l’Assemblée Nationale, ils sont convaincus qu’ils pourront faire le pays parce que, disent-ils, « la conjoncture est favorable ». Pour eux, c’est clair, c’est net, c’est précis.

J’ai toujours eu de l’admiration pour des gens convaincus, même si je ne partageais pas leurs points de vue. Les meilleurs débats en découlèrent. Le malheur pour la PM Marois est qu’elle a voulu cacher son jeu. Depuis que les Québécois l’ont découvert, le PQ coule dans les sondages au point que les libéraux ont actuellement une avance de plus de 6 points (je ne tiens pas compte du récent sondage de Forum Research qui place le parti libéral encore plus haut car je ne crois pas dans la crédibilité de son travail au Québec).

La PM Marois reconnait ses problèmes et a changé de discours. Elle dit maintenant avec insistance qu’ « il n’y aura pas de référendum mais… ce n’est pas certain » et ajoute « ce qui compte c’est l’économie et la charte ». En plus, voyant que même ces derniers arguments accrochent difficilement, elle s’abaisse à dénigrer la personne du chef libéral et son parti. Il est clair que son discours ne tient compte que de la température politique. Elle dit n’importe quoi, face aux sondages défavorables, pour retrouver sa crédibilité. Sa stratégie électorale est en désordre. Une preuve additionnelle, au même moment ses ministres continuent à parler de référendum. Par exemple, le ministre J.F. Lisée vient tout juste de déclarer devant les étudiants de l’Université de Montréal que le référendum se fera le plus rapidement possible.

Ailleurs, l’ex-Ministre péquiste Rodrigue Tremblay, professeur émérite de l’Université de Montréal, reconnu pour sa perspicacité politique et qui connait les intentions réelles de la PM, la supplie :

Madame Marois, s.v.p. réveillez-vous ! Fermez la porte au plus sacrant à un référendum lors de votre prochain mandat et clouez le bec à vos adversaires. Mais, vous n’avez pas une éternité pour le faire. Seulement un jour ou deux. De grâce, n’attendez pas de le faire à quelques jours de votre prochain débat public, jeudi le 27 mars ; il sera sans doute trop tard. Coupez l’herbe sous le pied de vos adversaires, dès maintenant.

Voici ce que je vous suggère de dire clairement : « … je prends aujourd’hui l’engagement ferme qu’il n’y aura pas de référendum de cette nature au cours d’un second mandat du gouvernement que je dirigerai ».


D’autres, des penseurs et des blogueurs péquistes, comme le célèbre JC Pomerleau, abondent dans le même sens que Tremblay.

Cela indique quoi ? Que ceux parmi eux qui connaissent la politique, jugent que l’allure de la campagne électorale les mène vers la perte du pouvoir du PQ. Leur cri en est un de désespoir puisqu’ils sont prêts à sacrifier la tenue d’un référendum pour demeurer aux affaires. Ils argumentent que dans les circonstances, la meilleure stratégie pour leur parti est de bien administrer le Québec et de convaincre les Québécois sur le long terme que la séparation du Canada leur sera profitable.

Depuis le lancement de l’élection, il me semble clair que la PM Marois ne dit pas la vérité sur la question d’un référendum et profite de la peur chez certains Québécois pour gagner l’élection. De plus, ses propres supporteurs lui prédisent la défaite si elle ne se ressaisit pas. Elle semble prise dans une souricière. Si elle va dans le sens de Tremblay et accepte de faire la déclaration proposée, elle aura l’air de quoi ? Comment les Québécois pourront-ils réélire une personne qui joue ainsi avec sa crédibilité ? Si elle persiste dans sa voie actuelle, son sort semble scellé ! C’est le fruit d’une mauvaise stratégie.

Claude Dupras

Ps. Par contre, il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Les députés (tous partis confondus) de près de 50 comtés sont certains d’être élus nonobstant les sondages. Ils sont de bons députés et reconnus comme tels par leurs commettants. De plus, l’avance (si elle est réelle) du parti libéral, selon les sondeurs, est fragile. Tout peut arriver !


mercredi 19 mars 2014

Le poing levé de PKP

L’arrivée politique spectaculaire de l’homme d’affaires Pierre-Karl Péladeau (PKP) n’a pas eu l’effet positif escompté par la PM Pauline Marois lorsqu’elle l’a recruté pour briguer les suffrages du Parti Québécois dans le comté de St-Jérôme, en vue de l’élection générale québécoise du 7 avril prochain.

Malgré cette annonce surprise qui devait apporter une publicité extraordinaire au Parti Québécois (PQ), l’effet recherché ne se concrétisa pas. Depuis, la PM Marois a vu ses appuis diminuer, les probabilités d’une victoire certaine pour son parti s’évaporer et son adversaire libéral Couillard prendre une avance de trois points dans les sondages.

Qui est le responsable ? PKP ? Marois ? J’estime que la faute incombe à la première ministre. Elle et ses conseillers ne se sont pas assuré que le discours de PKP respecterait la stratégie établie pour gagner l’élection. Il est clair qu’elle a laissé PKP libre de dire et d’agir comme il le voulait. Et, celui-ci y est allé d’une déclaration tonitruante sur la situation du Québec au Canada. Il a affirmé n’être là que pour faire un pays du Québec. De plus, pour donner plus de force à son affirmation, il a levé le poing. Subitement, les Québécois ont compris que l’élection devenait référendaire et que la question était : « OUI ou NON, voulez-vous d’un troisième référendum sur la séparation du Québec du Canada ». Et, comme ils sont 61% à ne pas le vouloir, les résultats des sondages démontrèrent que l’entrée politique de PKP fut un fiasco ! Ses mots et son expression gestuelle ont déplu aux Québécois.

Le poing levé était le signe d’appartenance par excellence de la gauche du milieu des années ’30, tels que : marxistes, anarchistes, communistes ou pacifistes. Favorisant le pouvoir attractif des symboles, le poing levé se voulait pour ces derniers l’expression concurrentielle au bras tendu et à la main déployée des fascistes et des nazis. Plus tard, il a été utilisé par les nationalistes noirs et les nationalistes israélites.

La première fois que je l’ai vu fut aux Jeux Olympiques d’été de Mexico de 1968, lorsque les coureurs américains Smith et Carlos, premier et troisième au 200 mètres, protestèrent, sur le podium de la remise des médailles, contre la ségrégation raciale aux USA en baissant la tête et en pointant, lors de l'hymne américain, leur poing ganté de noir vers le ciel. Ils appuyaient ainsi le Black Power et particulièrement le mouvement afro-américain des Black Panthers. Ils furent exclus à vie des JO. Pourtant, il avait été question d’annuler les Jeux à cause de tout ce qui était survenu durant l’année. Le pasteur Martin Luther King avait été assassiné le 4 avril et Bob Kennedy le 6 juin. Le 20 août, les chars soviétiques avaient pénétré dans Prague. La guerre du Viêt Nam faisait rage. Un conflit au Nigeria provoqua un véritable génocide au Biafra. Les noirs américains étaient très affectés par le racisme qui trônait toujours dans leur pays et par tous ces évènements politiques majeurs qui touchaient beaucoup de noirs. Jusqu’à un certain point, on pouvait comprendre leur ras-le-bol, mais les blancs américains ne pardonnèrent pas ce geste de leurs athlètes qui pour eux était provocateur et menaçant.

Avec le temps, le poing levé, est devenu une expression de révolte, de force ou de solidarité. Aujourd’hui, il sature l’espace mondial des révoltes et est un signe qui annonce qu’on est prêt à en découdre.

On se rappellera la sortie Nelson Mandela de la prison de Robbins Island, marchant main dans la main avec son épouse Winnie et du moment où ils levèrent le poing pour marquer l’évènement. Le poing levé rappelait la marque de commerce de Mandela qui l’avait utilisé du temps qu’il préconisait un régime communiste pour l’Afrique du Sud au moment de son emprisonnement. Par la suite, le grand homme qu’il était en changea la signification de revanche pour celle de la tolérance.

En juillet 2010, en vacances, le président Obama achète une glace de « Mount Desert Island Ice Cream » dont l’affiche publicitaire est un poing levé tenant une cuillère et les mots « Mt. Desert is Icecream. Fearless power ». Les conservateurs républicains l’accusèrent sur le champ d’envoyer un message de « Black Power » à sa base militante. Cela démontra clairement que le poing levé est toujours un signe qui fait peur.

Durant les récentes années, le poing levé a été le symbole adopté par les mouvements de la révolution égyptienne en 2011 ; par le groupe international de protestation sociale Occupy, en 2011; et par les manifestants contre le mariage homosexuel en 2013 durant le Printemps français.

Je ne veux pas être injuste envers PKP et le taxer des défauts de la gauche. Il est un homme de droite et c’est bien ainsi. C’est un homme qui peut contribuer à ce que le Québec ait des programmes économiques et des lois pouvant le rendre plus prospère. Si le PQ est réélu, il aura besoin de lui pour le faire.

C’est dommage que PKP ait fait une telle erreur électorale qui de toute évidence nui à son parti. En politique, il faut savoir que les images ont souventes fois plus d’effet que les grandes théories. Dans plusieurs cas, l’apparence est plus forte que la réalité. C’est malheureux, mais c’est comme ça ! Pour une grande majorité de Québécois, l’image du « poing levé » peut être menaçante, un défi marqué de colère, de violence potentielle et l’engagement d’un combat sans merci. PKP n’aurait pas dû l’utiliser pour marquer sa détermination de séparer le Québec du Canada. Je ne crois pas qu’il va répéter ce geste, dans l’avenir, car il vient de comprendre qu’il ne s’apparente aucunement aux Québécois ni à leur façon de vivre. C’est un peuple calme, paisible, renseigné et démocrate.

Claude Dupras

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mardi 11 mars 2014

Merci Pierre-Karl Péladeau, merci

Tout allait rondement pour Pauline Marois. La première ministre du Québec menait sa campagne électorale selon les stratégies de ses faiseurs d’images, sans anicroche. Ses bordées (tacks) étaient parfaites, pleines voiles dehors. Elle ne voulait pas parler de référendum car elle savait que c’est le talon d’Achille du Parti Québécois dans l’élection générale en cours au Québec. Un sondage tout récent indique, encore une fois, que 61 % des Québécois rejettent la proposition que le Québec se sépare du Canada. Il y a eu deux référendums à ce jour et le NON l’a emporté chaque fois. Assez de perte de temps! Assez, c’est assez !

Pauline Marois sait ce que pensent les Québécois et même si la séparation est la raison d’être du Parti Québécois, elle veut surtout se maintenir au pouvoir au lieu de risquer de retourner dans l’opposition et de subir le rejet de son leadership par les membres du parti. Le pouvoir est plus alléchant et important et c’est la raison pour laquelle elle avait mis stratégiquement de côté la question d’un nouveau référendum. Et pour s’en sortir et réassurer les Québécois, pour ou contre, elle joua le jeu du chat et de la souris, « il y aura peut-être un référendum, il n’y en aura peut-être pas. Nous allons créer une commission d’enquête, et nous verrons… ». Ça semblait suffisant pour calmer les esprits…

Mais soudain, Marois décide d’annoncer fièrement la candidature de l’homme d’affaires Pierre-Karl Péladeau dans le comté de St-Jérôme. Propriétaire de médias intégrés (télévision, journaux, internet), homme de succès, très riche, c’est une grosse capture et Marois, avec raison, avait hâte de l’annoncer. Malheureusement, elle et ses conseillers semblent avoir minimisé l’impact qu’auraient PKP et le contenu de son discours. Il veut que le Québec soit un pays. Il est pressé. Il veut le plus vite possible un autre référendum et veut être le négociateur pour le Québec auprès du Canada pour régler les accords de la séparation. D’un coup, subitement, la stratégie électorale de Marois de camouflage de la question référendaire s’écroula. Le référendum devenait le sujet principal du débat électoral et cela confirmait ce que disait, depuis le début, le chef libéral Philippe Couillard. Les journalistes entourèrent PKP, il devenait l'élément nouvelle, l’homme de la situation, l’homme adulé, celui qui comblait les journalistes avec des nouvelles percutantes qui faisaient valoir un différend entre lui et sa chef. Marois disparut subitement des radars. Toutes ses sorties électorales de la journée et depuis ne furent pas rapportées par les médias, seuls comptaient la nouvelle vedette, le séparatiste PKP et la question d’un nouveau référendum.

Qu’arrivera-t-il de tout cela ? Il me semble clair que la tenue d’un nouveau référendum est l’enjeu principal de l’élection et, à mon avis, doit l’être car une victoire majoritaire péquiste sèmera à nouveau la zizanie entre nous et nous lancera tête première dans une nouvelle confrontation avec Ottawa, contrairement à ce que désire une très grande majorité de Québécois. Philippe Couillard doit démontrer ses qualités de chef et prendre le « lead » dans ce débat. C’était son argument principal depuis le début de la campagne, mais peu de personnes ne l’écoutaient. Maintenant que Péladeau a confirmé ce qu’il avançait, il doit y aller visière levée et profiter de l’occasion pour faire valoir ses politiques. C’est la voie à une victoire libérale, ou à un gouvernement péquiste minoritaire qui ne pourra ainsi tenir un référendum et approuver la charte inutile des « valeurs québécoises » qu’il propose et qui divise profondément le peuple québécois.

Merci PKP d’avoir permis que le vrai enjeu de l’élection du 7 avril devienne clair pour l’ensemble des Québécois.

Claude Dupras

dimanche 9 mars 2014

Le parachutage politique de PKP

C’est l’année des parachutages politiques au Québec. Le parachuté d’aujourd’hui est Pierre-Karl Péladeau (PKP), comme candidat du Parti Québécois (PQ) dans le comté de Saint-Jérôme pour l’élection générale québécoise du 7 avril prochain. Ce parachutage est sûrement décevant pour plusieurs membres du PQ de ce comté car PKP n’a aucune attache à la mandature visée. Ce privilège politique qu’a accordé la première ministre Pauline Marois à cet homme d’affaires a été fait aux dépens des candidatures locales.

Pourtant le PQ se targue d’être un parti démocratique. Il l’était, mais l’est-il encore si on en juge par les nombreux parachutages que Pauline Marois a fait récemment ici et là au Québec ? Si elle avait insisté pour que Péladeau soit candidat à la convention pour le choix du candidat où les membres PQ du comté St-Jérôme pouvaient voter et l’auraient appuyé publiquement, cela aurait été normal et PKP aurait probablement gagné. Mais la stratégie électorale de Marois requiert des éléments-surprises pour marquer l’esprit des électeurs et une candidature telle que celle de PKP en est un bon. D’autant plus que ce dernier a affirmé publiquement, il y a une semaine, qu’il ne serait pas candidat.

Le PQ n’est pas le seul à agir ainsi car de plus en plus les autres partis font de même. En France, c’est la normalité. Alors pourquoi devenir membre d’un parti si on ne peut prendre part à toutes les décisions qui ont rapport à notre comté ou si on ne peut rêver de devenir député du comté. C’est sûrement une décision qui affecte négativement le membership d’un parti dans un comté et par conséquent son action politique.

J’ai écrit un blog le 20 avril 2013 intitulé "Un géant Pierre-Karl Péladeau" qui illustre qui il est. On peut le trouver sur mon blog avec la boîte "Rechercher" ou en utilisant le lien suivant: http://claudedupras.blogspot.com/2013/04/un-geant-pierre-karl-peladeau.html.

Aujourd’hui, nous avons la confirmation où il loge politiquement. Pierre-Karl Péladeau est un séparatiste. Il veut que le Québec quitte l’ensemble Canadien. Sur ce plan, je ne le suis pas. La décision des électeurs de Saint-Jérôme devrait donc porter sur le choix suivant, d’un côté le Canada et de l’autre PKP.

Mes ancêtres qui venaient justement de St-Jérôme et de la région des Laurentides du curé Labelle ont bûché dur et travaillé sans relâche pour que le Canada se développe et soit uni et que le Québec soit fort et politiquement autonome. Aujourd’hui, ces objectifs ont été atteints. Le pays est un des meilleurs, un des plus riches et le deuxième plus grand pays au monde. Le Québec a un gouvernement fort avec une très grande autonomie politique. Je tiens trop au Canada pour mes descendants pour le laisser aller aux mains de mes compatriotes des autres provinces. Je considère que ce serait une erreur magistrale pour l’avenir de tous nos jeunes québécois de se départir d’une telle richesse et des possibilités d’avenir qu’il leurs offre.

Claude Dupras



samedi 8 mars 2014

Égalité, équité et parité pour les femmes

Aujourd’hui, journée internationale de la femme, Hillary Clinton a attiré l’attention du monde en affirmant que «les femmes et les filles constituent encore la majorité des gens malades, sous-alimentés et sous-payés dans le monde » et cela malgré les importantes avancées réalisées depuis la conférence des Nations-Unies sur les femmes, tenue à Beijing en 1995, qui avait reconnu que les droits de l’homme sont les droits des femmes et vice versa. Tous les pays du monde se doivent de faire encore plus. Ils pourraient, par exemple, inclure le principe de l’égalité dans tout projet de développement.

Au Canada, les femmes doivent avoir de plus en plus de pouvoir afin de participer pleinement aux prises de décisions. La féminisation égalitaire du pouvoir devrait être un objectif, en politique et en affaires. Une telle parité ne pourrait qu’être juste pour nos sociétés car les femmes sont en nombre majoritaire sur les listes électorales (plus de 60%) et dans la population (50,4%).

Beaucoup a déjà été fait au Canada et au Québec. Un grand nombre de femmes ont fait la démonstration, depuis plusieurs années, de leurs savoir-faire, de leur capacité de rassemblement et de réalisations. Elles ont réussi à mettre à l’écart la notion populaire que l’homme est supérieur à la femme dans les domaines politiques et de gérance.

Au Canada, quatre femmes sont premières ministres et de plus en plus de femmes sont des élues fédérales, provinciales et municipales. Et elles réussissent très bien. Dans les affaires et autres domaines, il y en a de plus en plus dans les rôles-clefs. Mais dans tous les cas, le nombre est grandement insuffisant.

La bonne façon de procéder pour retenir les services d’une personne, homme ou femme, est de choisir la plus compétente pour le poste à combler. On ne choisit pas une femme parce que c’est une femme, tout comme on ne rejette pas une femme parce que c’est une femme. C’est pourquoi les candidates compétentes doivent être en nombre suffisant et bien préparées. Malheureusement, ce n’est pas le cas car trop d’entre-elles n’ont pas eu la possibilité d’acquérir l’expérience requise, dans leurs emplois précédents. L’équité, ce n’est pas seulement au sommet que cela doit se pratiquer, mais c’est surtout dans le partage des emplois importants à tous les niveaux.

J’applaudis les partis politiques québécois qui, pour l’élection en cours au Québec, ont un nombre record de candidates. Je considère important que les femmes aient le poids politique pour bien servir la nation mais aussi pour défendre leurs intérêts. Elles doivent projeter l’image de femmes politiques qui se tiennent debout, de politiciennes sérieuses, honnêtes, intelligentes à l’écoute des gens. Elles doivent être un « role model » pour les autres femmes et les jeunes afin de susciter de futures et nombreuses candidatures féminines. C’est ainsi que la parité sera réalisée dans les années qui viennent.

Dans le passé, les femmes ont démontré ne pas être assez exigeantes envers celles qu’elles élisent. Il est important que chaque élue soit suivie de près quant à la façon dont elle remplit son mandat et qu’elle comprenne que si elle ignore les priorités des femmes, elle pourrait avoir une forte opposition dans l’avenir.

Le prochain gouvernement doit aussi s’assurer que les emplois de fonctionnaires qui seront à pourvoir, durant les prochaines années, au gouvernement et dans les sociétés d’État, deviennent disponibles de façon égale aux femmes et aux hommes, quel que soit le poste, toujours en tenant compte du critère de compétence. Dans un premier temps, jusqu’à ce que la parité soit atteinte, je dirais qu’à compétence égale le poste aille à une femme. La fonction publique devrait refléter la vraie image du Québec.

Il y a aussi les aspects sociaux et économiques qui sont de grandes préoccupations pour les femmes : la violence qui leur est faite dans la famille et dans la société, le harcèlement sexuel dont elles sont trop souvent victimes, les abus qui les visent au travail, en public et en ligne, la santé, l’accès financier au réseau des garderie, la pauvreté, l’inefficacité du système de perception des pensions alimentaires, la responsabilité parentale sur le marché du travail, l’équité salariale (l’écart entre les femmes et les hommes demeurant trop grand)… C’est aussi à cela qu’il faut répondre.

La PM Marois ne cesse, depuis le début de la campagne électorale, de faire allusion à la Charte de valeurs, que son gouvernement a proposée, comme étant la Charte de l’égalité des femmes et des hommes. C’est complètement inexact. Elle veut enlever les signes ostentatoires aux femmes et hommes qui les portent en respect de leur religion ou leurs coutumes. Ce n’est pas en s’attaquant à l’habillement des femmes qu’on les protège.

Par des efforts vrais et réalistes, les femmes seront, à tous les points de vue, égales dans la société, respectées équitablement et bénéficieront d’une parité dans leurs chances à l’emploi et dans les salaires masculins et féminins. Les droits des femmes ce n’est pas seulement dans la vie politique que cela s’applique, mais partout.

Voilà un vrai programme pour assurer l’égalité des femmes chez nous, sans coercition ni obligation mais par l’exemple et le bon sens. J’espère que le prochain gouvernement du Québec s’y attaquera.

Il y a un mois, la ministre française des droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, en présentant son projet de loi sur l’égalité femmes-hommes à l’Assemblée Nationale française disait « Sans l’égalité entre les femmes et les hommes, il n’y a pas de réelle liberté ». Bien dit !

Claude Dupras