lundi 27 décembre 2010

La nouvelle année nous réserve-t-elle un tsunami financier ?

Déficit, dette, taxes, qualité de vie, chômage, emplois rémunérateurs, retraite, etc… voilà des sujets qui inquiètent un grand nombre de Québécois en rapport avec leur avenir. Où en sommes-nous par rapport aux provinces canadiennes, aux États américains et aux pays européens ?

Aux États-Unis, la dette fédérale croît à une vitesse vertigineuse et semble impossible à rembourser. Il en est de même au niveau des États.

Les États américains font face à des difficultés incroyables et plusieurs ont tenu le coup durant la crise économique grâce aux milliards $ du programme fédéral de stimulus d’Obama. Mais cette aide se termine. L’heure de vérité arrive. La lente reprise sera-t-elle alors déraillée ?

La Californie aura l’an prochain un déficit de 19 milliards $. Déjà son crédit ne vaut rien. Les frais dans ses universités viennent d’augmenter de 32%.

Pour rencontrer ses obligations budgétaires, l’Arizona vient de vendre son Capitole, l’édifice de la cour Suprême et celui des chambres législatives à des investisseurs et paiera dorénavant un loyer pour l’usage de ses bâtiments gouvernementaux.

Pour balancer leur budget, le New Hampshire pige dans le fonds d’assurance pour contrer la mauvaise pratique médicale, le Colorado veut s’accaparer le surplus de 500 millions $ de l’assurance des travailleurs de l’État, Hawaï a institué une semaine d’école de quatre jours. Les déficits du Rhode Island et de l’Alaska dépassent de beaucoup leur produit intérieur brut (PIB).

Le New Jersey, l’État le plus taxé du pays, a une économie en pleine dépression. Son gouverneur vient de trancher 26 % du budget dont des coupures draconiennes dans les versements aux banlieues, accentuant ainsi leurs problèmes financiers. Malgré cela, le déficit prévu pour l’an prochain sera de 10 milliards $.

En Illinois, l’État dépense deux fois le montant des taxes collectées. Il a des comptes à payer de 5 milliards de $ et n’a pas l’argent pour le faire.

Les engagements pour les pensions dans les États américains se chiffrent à 5,17 trillions $, alors que seulement 1,97 trillions $ sont mis de coté dans ces fonds. C’est un déficit de 3,23 trillions $ à combler au moment où les baby-boomers arrivent et réclament aussi leurs pensions.

Les gouverneurs admettent enfin aujourd’hui : « Nous avons trop dépensé, nos cartes de crédit sont annulées. C’est fini. Ce ne sera pas facile de sortir du trou que nous avons creusé depuis les dix dernières années ».

Selon les analystes financiers de Wall Street, personne ne connait vraiment la profondeur des trous. Ils soulignent le manque de transparence des États en rapport avec le marché des obligations municipales et questionnent leur capacité de rembourser leurs emprunts. Ce marché a toujours eu la réputation d’être sécuritaire pour les petits investisseurs qui y plaçaient leurs économies pour leurs vieux jours. Mais cela a changé. Par exemple, la ville de Harrisburg, capitale de la Pennsylvanie, a dû être sauvée par l’État à cause de son incapacité de rembourser ses dettes. Les analystes estiment que plus de 75 villes importantes tomberont bientôt en défaut et que cela impliquera des centaines de milliards $ d’aide. Mais ils déplorent surtout la diminution de la confiance des investisseurs pour ce marché.

Le grand test pour les États américains sera au printemps quand le programme de stimulus d’Obama de 160 milliards $ prendra fin.

Plusieurs gouverneurs affirment que le problème réside dans la trop grande quantité d’avantages sociaux que l’État donne à ses citoyens. « Il va falloir changer tout ça » disent-ils car, pour eux, l’heure est aux coupures budgétaires.

Les élections américaines de mi-mandat ont démontré qu’un très grand nombre d’Américains actifs ne veut plus payer pour les retraites des autres ni pour le financement d’un système d’assurance santé national. Par contre, ils ne s’opposent pas aux dépenses faramineuses en Irak et en Afghanistan. Comme si l’argent pour les dépenses militaires est différent de l’argent pour le social. De plus, ils ne disent rien lorsqu’Obama feint de vouloir s’engager au Yemen et en Corée du Nord. Ils préfèrent mieux couper l’aide sociale à leurs compatriotes en besoins que de trancher dans le financement des dépenses militaires. Incroyable !

Pendant ce temps là au Canada, on roule notre bosse… sans trop se préoccuper de la dette. Cette dernière comprend : la dette brute (déficits accumulés, avances aux sociétés d’État et à Hydro-Québec, investissements dans les routes et les immobilisations, dettes des municipalités, des réseaux de santé et d’éducation), plus la part du Québec (122,9 milliards $) de la dette du gouvernement fédéral. Un grand total de 285,6 milliards, soit 35,600 $ par Québécois.

La dette du Québec est à 96,3% du produit intérieur brut (PIB). Par rapport à cet index, nous sommes plus endettés que la France (75,7%), les USA (70%), le Canada pris dans son ensemble (69,7%)… Notre dette est la cinquième plus haute du monde industrialisé. Nous sommes la province la plus endettée du Canada. Et dire qu’après le règne de Duplessis, nous étions la moins endettée.

Au Canada, après des années de surplus et depuis la venue des Conservateurs, le gouvernement engendre des déficits de plus en plus gros. Au Québec, le gouvernement fait de même mais affirme avoir le déficit sous contrôle et prévoit que d’ici trois ans la situation financière sera positive (c’est à voir!).

Aux USA, le déficit a dépassé le trillion $. Cependant, le président Obama, les Démocrates et surtout les Républicains jurent que les deux prochaines années seront dédiées à réduire les dépenses (les teapartyers les ont-ils réveillés ?). Quant aux états Américains, c’est le désastre qui s’annonce car les coupures sociales sont à l’horizon.

En Europe, plusieurs Allemands, Français et autres remettent en question l’opportunité de garder l’euro, après les quasi-faillites de la Grèce, de l’Irlande, du Portugal, de l’Italie…

Aux USA, en France, en Allemagne, au Canada et ailleurs, les profits connaissent des rebonds et sont engrangés par les petites et moyennes entreprises. Les grands groupes voient leurs ventes et leurs effectifs gonfler à l’étranger, leurs profits exploser. Les bourses grimpent. Malheureusement, l’emploi en prend un coup et ne suit pas. La petite classe moyenne disparaît et la pauvreté augmente. L’aide sociale devient de plus en plus nécessaire.

Constatant ce qui précède, plusieurs prophètes de malheur prédisent qu’un tsunami financier déferlera sur nos continents. Il amplifierait tout le mal créé par la première crise économique. Je ne veux même pas penser à cette possibilité.

Il est de la responsabilité de chaque citoyen de percevoir la situation économique de son pays. C’est d’autant plus important que le départ des baby-boomers du marché du travail risque de réduire la croissance économique canadienne et d’ajouter énormément aux dépenses gouvernementales en raison de leur vieillissement.

Soyons optimistes et encourageons (au lieu de critiquer sans cesse) nos gouvernements pour qu'ils prennent les moyens nécessaires pour stimuler l'économie et pour réduire leurs dépenses afin d'éliminer les déficits le plus tôt possible. Nous nous devons de vivre selon nos moyens. Ce n’est pas un luxe.

Claude Dupras

mercredi 22 décembre 2010

Meilleurs voeux


Voici les recette du repas de Noël de Manon:
http://claude.dupras.com/menu_du_repas_de_noël_des_dupras.htm

vendredi 17 décembre 2010

Obama et ses promesses électorales

Ce n’est pas une sinécure d’être président des États-Unis d’Amérique. Un candidat à ce poste peut être de bonne foi et être sincère lorsqu’il fait ses promesses électorales, mais rien n’assure qu’il pourra, une fois élu, les réaliser. On le voit bien en suivant le déroulement de la politique américaine actuelle.

Barack Obama a été à ce jour un bon président. Il a travaillé fort sur des sujets de première importance. Durant ses deux premières années au pouvoir, alors qu’il avait un support majoritaire au Congrès, le président Obama a fait adopter des lois importantes pour stopper la crise économique, protéger les banques, le marché et assurer à presque tous les Américains une protection de soins de santé. Cette dernière loi que les Américains ont surnommée Obamacare assure à 35 millions d’individus, une protection vitale qu’ils n’avaient pas. Elle a été votée sans l’appui du parti Républicain. Nous, Canadiens et Européens, ne pouvons comprendre pourquoi un si grand parti politique s’oppose à une protection aussi élémentaire.

Mais, avec le temps, on se rend compte qu’Obama renie les promesses qui lui ont fait gagner son élection présidentielle.

Par exemple, l’Obamacare devait couvrir tous les Américains, or il en restera encore huit millions qui ne le seront pas, l’équivalent de la population du Québec.

Il y a le crédit de taxes temporaire pour dix ans accordé par GWBush. Obama n’a cessé de répéter qu’il l’abolirait. Alors que le 31 décembre prochain était le jour où le crédit devait s’éteindre de sa belle mort, Obama a décidé de l’allonger pour deux autres années dans un compromis politique avec les Républicains qui favorisent les riches du pays. C’est un manque à gagner de 70 milliards $ par année.

Et, il y a les projets particuliers des représentants et des sénateurs, les fameux earmarks, qu’Obama avait promis, dur comme fer, encore l’an dernier, d’éliminer complètement. Or le Congrès vote actuellement sur un projet qui en contient pour huit milliards $ et Obama ne dit rien.

Puis, il y a l’Afghanistan. Obama avait promis de mettre fin à la guerre. Non seulement il ne l’a pas fait, mais il a augmenté les forces militaires américaines de 35,000 à 95,000 soldats et parle maintenant d’un retrait possible de l’armée américaine dans deux à quatre ans. Le coût annuel se chiffre en centaines de milliards $.

Obama a promis de couper le déficit en deux. Le déficit de 2009, première année d’Obama, a été de 1,42 trillions $ soit le triple de l’année précédente. Il n’est pas surprenant que les Républicains aient des munitions pour blâmer Obama. Cependant, ces derniers oublient volontairement les masses d’argents qui ont dû être dépensées pour contrer la déferlante de la crise économique.

Depuis l’élection de mi-mandat où Obama a trébuché et perdu sa majorité, les Républicains et la droite américaine font la pluie et le beau temps. Avec l’appui des milliers de radiomen de droite et celui des commentateurs du réseau télévisé Fox News, les Républicains persuadent, à coups de démagogie évidente, une partie de plus en plus grande de la population qu’Obama est un dépensier qui ne fait qu’augmenter le déficit et la dette nationale. Malgré que ce soient eux qui avec GWBush et ses deux guerres aient fait doubler la dette nationale, ils réussissent à amener l’opinion publique à placer le blâme sur Obama. D’ailleurs, un récent sondage le démontre clairement puisqu’il place maintenant GWBush en avant d’Obama en rapport avec le taux de satisfaction comme président. C’est invraisemblable.

Au moment d’écrire ces lignes, la dette américaine est de $13,886,724,821,930.00. Soit plus de 44 000 $ par Américain. Elle a augmenté, depuis 2007, de 4,5 milliards par jour. C’est effarant et on se demande bien où vont les USA ? Avec l’Europe qui a de graves problèmes financiers, l’Occident s’approche-t-il d’un précipice ?

Heureusement que les taux d’intérêt sont actuellement bas. Mais cela ne durera pas éternellement. Avec l’accélération de la reprise économique mondiale, les investisseurs institutionnels chercheront à faire des placements plus rentables que ceux de la trésorerie américaine et voudront prendre plus de risques afin d’obtenir un meilleur retour sur leurs investissements. Les taux d’intérêts à long terme augmenteront en conséquence et cela se reflétera par des frais d’emprunts plus élevés qui ajouteront à la dette américaine. Le gouvernement doit donc couper dans les dépenses et augmenter les taxes pour balancer le budget d’ici quelques années, en espérant que le niveau de croissance soit présent.

Voilà pourquoi le président Barack Obama doit se tenir debout devant les Républicains et respecter ses promesses électorales. Il avait raison avec son programme politique. Il peut faire quelques concessions pour atteindre des compromis mais rien qui affecte sérieusement la santé financière de son pays. Il se doit d’être intraitable sur la question du déficit et de la dette et faire les choix qui s’imposent tout en s’assurant que les Américains travaillent, qu’ils sont socialement protégés et que son pays se donne les outils pour faire face aux défis de l’avenir, comme le transport en commun rapide.

Obama doit aussi soutenir l’expansion des investissements gouvernementaux et privés dans la science, la technologie, l’innovation et l’éducation afin que les USA soient toujours les meilleurs du monde dans ces domaines. Par contre, il peut couper radicalement, entre autres, dans les dépenses générées par le complexe militaro-industriel.

L’Asie est sur le point de devenir le plus grand marché de consommateurs de l’Histoire. Les exportateurs américains peuvent devenir les premiers bénéficiaires. Déjà Intel, GE, Proctor & Gamble annoncent que leur croissance vient de l’Asie. C’est au gouvernement américain de mettre en place les conditions, comme le libre-échange entre l’Asie et les USA, pour atteindre ce potentiel. C’est une vraie opportunité pour les USA d’exercer son énergie créatrice et entrepreneuriale et de créer des emplois de haute technicité pour les travailleurs américains. Une économie dynamique et florissante remplit vite les coffres de l’État. Obama le sait et il devra exercer son leadership pour montrer aux Américains que l'avenir peut être rose.

Les Américains aiment les chefs capables de défendre leurs vrais intérêts, de leur expliquer clairement la situation et la voie à suivre. L’ex-président Bill Clinton l’a bien démontré. Obama a-t-il les moyens de faire autrement ? S’il perd la prochaine élection à cause d’une telle attitude, eh bien tant pis, il aura agi dans l’intérêt à long terme de son pays. Mais les odds sont qu’il gagnera à nouveau, s’il en a le courage.

Claude Dupras

samedi 11 décembre 2010

Au Québec, malgré tout, ça va mieux qu’ailleurs !

La session parlementaire de l’Assemblée Nationale du Québec est enfin ajournée jusqu’au mois de février 2011. Nous allons enfin, pendant plus d’un mois, pouvoir vivre sans entendre constamment les accusations, les allégations, les insinuations et les exagérations qui émanent de chacune des périodes de questions.

Cette guerre politique entre les deux partis nous a fait oublier le travail accompli durant cette session. Surprise, beaucoup a été réalisé. Malheureusement, les medias ne rapportent pas ces réalisations car ils ne recherchent que les situations juteuses pouvant entacher les personnages politiques. Elles se situent au niveau de nouvelles lois : électorales, financement des partis, éthique; des finances publiques, des ententes collectives avec les employés du secteur public, des grands projets d’infrastructure, de construction, des politiques économiques réalistes, etc. Elles ont résulté dans une performance hors pair du Québec si on le compare avec le Canada, les USA et les pays occidentaux. Nonobstant la grave crise économique qui a frappé partout, nous en sortons en tête du peloton et en meilleure position que les provinces canadiennes. Ici, l’emploi a augmenté plus qu’ailleurs, le taux de chômage est le plus bas. Le déficit peut être éliminé d’ici trois ans.

C’est un bilan remarquable et il faut en féliciter le gouvernement et les députés de tous les partis. C’est la démonstration que malgré les invectives « politicailleuses » qu’ils se lancent en public, nos députés travaillent ensemble derrière les rideaux.

Il y a aussi les prestations du PM Charest à l’étranger. Dans le dernier mois seulement, il est allé en France pour signer une entente importante avec le premier ministre François Fillon, sur la mobilité professionnelle et l'intégration des immigrants, qui doit faciliter l'installation des Français au Québec et inversement. Il a aussi convenu avec le président Sarkozy d’inclure dans le futur accord de libre échange Canada-Europe, une clause reconnaissant le droit de chaque état à protéger sa culture. Il a été décoré de la Légion d’Honneur. Puis, il est allé à Cancun, où se tenait la conférence de l’environnement de l’ONU où il a agi comme co-président du sommet des chefs d’états. Il a reçu à cette occasion le prix australien dédié au « leadership sur les changements climatiques », et le PM australien a déclaré qu’il avait été choisi parce que « sous sa direction le Québec est devenu l’état le plus responsable, en rapport avec l’environnement mondial, de l’Amérique du Nord » et qu’une forêt australienne a été nommée en son honneur. Jean Charest est un bon ambassadeur pour le Québec.

Le premier ministre sort de cette période physiquement fatigué mais toujours combattif, digne et respectueux de ses adversaires. Jamais au Québec, un homme politique a subi un tel barrage d’attaques, justifiées ou non, venant de tous les angles. Avec l’accroissement du nombre des medias et la prédominance d’Internet dans la vie de chacun, tout ce qui a été dit de négatif envers Charest a été amplifié sans cesse, dispersé partout et répété interminablement en boucle, que ce soit vrai ou faux.

Depuis avril 2009, je réclame une enquête publique sur les coûts de construction. Jean Charest s’obstine à ne pas vouloir la créer. Il voit la chose d’un autre angle et croit plus efficace de confier à la police le mandat de démasquer la mafia qui s’est emparé de la construction à Montréal. Une escouade spéciale a été créée et un budget exceptionnel lui a été alloué. Plusieurs autres mesures et groupes ont été mis sur pied et aujourd’hui, plus de 500 personnes travaillent sur le dossier. Il me semble que cela ne peut qu’apporter des résultats. Si Charest a peur d’une enquête publique comme le prétend le PQ, il ne semble pas avoir peur de la police. C’est déjà çà. Tant que nous ne connaîtrons pas les résultats concrets des enquêtes policières, nous ne pourrons juger si Charest a eu raison de refuser l’enquête publique.

Ce que je n’ai pas aimé, c’est le langage excessif de ceux qui réclament une enquête. C’est comme s’ils voulaient autre chose. Rarement parlent-ils du mérite d’une enquête publique ou des démérites d’une enquête policière. Salir le personnage Charest semble être l’objectif. Ils l’ont traité de voyou, de menteur, de traître à la nation, de patroneux, de rapetisseur d’un grand peuple, de mauvaise foi, de copinage, de collabo, de radical de la dépendance, d’extrémiste de la servitude, de fou furieux de l’exploitation, de terroriste du capital, de corrompu et encore et encore… Certains ont même écrit, il y a six mois, qu’il serait vite en prison.

Les critiques de Charest sont devenus agressifs, l’insultent et manquent de respect pour la position qu’il occupe. On a l’impression qu’ils croient tout ce qui a été dit contre lui, comme si c’était la vérité pure. À moins qu’ils aient un autre objectif. Il y a des exceptions, comme le comédien Louis Morrisset invité à « Tout le monde en parle » qui a posé une question difficile à Charest, aussi invité, et qui n’a pas hésité à ajouter qu’il était son premier ministre et qu’il le respectait. Voilà une façon civilisée de s’opposer à quelqu’un. Par contre, le journaliste de TVA, lors de la récente conférence de presse du PM a agi en effronté et en mal appris envers le PM. Et il n’était pas le seul. C’est une honte de voir certains journalistes qui se doivent d’être neutres, agir ainsi. Ce n’est pas digne du Québec.

Le PQ traite les libéraux de tous les noms et ne cesse de transformer les révélations journalistiques en collusion, corruption, tricheries, favoritisme, etc…. Mais ce que ne dit pas le PQ, c’est qu’il a fait de même. Par exemple, dans ses attaques sur la question des prête-noms pour les contributions à la caisse électorale du parti libéral, le PQ ne dit pas qu’il a aussi été un des grands bénéficiaires de cette méthode de financement lors de la dernière élection et depuis. Autre exemple, en rapport avec les individus nommés aux conseils d’administration de sociétés publiques, le PQ a insinué que le PM Charest a nommé ces personnes parce qu’elles avaient personnellement contribué à la caisse électorale du parti. Depuis, on a appris que le PQ avait agi de la même façon lorsqu’il était au pouvoir. Si c’est mal pour les libéraux, pourquoi ne l’est-ce pas pour les péquistes ?

Le PQ dans son opposition à Charest est sans pitié, j’allais dire sans jugement. Si quelqu’un se lève pour défendre le PM, tout de suite une équipe interne est formée pour faire des recherches afin de trouver des informations pouvant discréditer le défendeur du PM. Le plus récent exemple est le cas de Luc Beauregard qui a créé la plus grande agence en relations publiques au Canada. Beauregard qui connait bien tous les niveaux la politique, a écrit un article, paru dans le journal La Presse, pour défendre Jean Charest. Il fut vite accusé à l’Assemblée Nationale de n’être qu’un libéral qui vit au dépend du gouvernement. C’est un genre de menace que fait le PQ. Le message est simple : ne défendez pas Jean Charest, car on va vous attaquer. Beauregard n’était le premier cas. Mme Marois et ses troupes ont oublié que National a souventes fois été engagé pour des travaux importants par les gouvernements péquistes qui se sont succédés. De toute façon, National n’a que 17% de ses affaires qui viennent du domaine public. Ce qui démontre bien que c’est une grande compagnie de chez nous, réunissant des gens de chez nous qui sont les meilleurs de leur catégorie au Canada et aux services des entreprises et des gouvernements. De quoi être fiers, mais pour les péquistes, Beauregard est une honte.

Quant aux projets de construction actuels et l’envolée des prix, c’est un scandale qui semble évident et il est temps que la vérité soit connue. Malheureusement, ce n’est pas nouveau. Le PQ qui accuse Jean Charest sur cette question a vite oublié le projet de Papiers Gaspésia Ltée.

C’était en Gaspésie, et le PQ cherchait à assurer l’élection de députés dans la péninsule pour l’élection qui était imminente. Le projet fut lancé, financé en majeure partie et sa réalisation organisée par le gouvernement péquiste du PM Bernard Landry.

Le syndicat FTQ avait obtenu le monopole du projet. Ce n’était pas surprenant car il supportait ouvertement le PQ aux élections. Il s’agissait de la rénovation du moulin de la papeterie de Chandler qui devait coûter 500 millions $. Le projet était rendu à 765 millions $, soit une augmentation de 53%. L’ordonnancement n’était pas respecté et la réalisation fortement en retard. Le projet fut arrêté, le moulin n’a jamais été ré-ouvert et les 765 millions $ ont été perdus.

L’ex-juge de la Cour Supérieure Robert Lesage fut appelé a présider une commission d’enquête sur la Gaspésia. Son rapport, déposé en mai 2005, indiquait que les experts avaient démontré clairement le trafic d’influence des syndicats québécois. Ses recommandations touchaient l’intervention de l’État dans la construction d’un projet privé qu’il finance, la gestion des fonds de travailleurs et les lois qui régissent les relations de travail. Il fut clairement établi que la FTQ avait empêché des travailleurs du Bas Saint-Laurent et de la Gaspésie, membres d’autres organisations syndicales, d’y travailler. Leurs droits au travail et de choisir leur organisation syndicale, un droit bien implanté dans la construction, avaient été bafoués. De plus, l’équipe de la réalisation du projet n’avait pu trouver un leader avec suffisamment d’autorité et d’influence morale pour exercer son pouvoir et contrôler les intervenants dont la FTQ qui faisait la pluie et le beau temps, avec la bénédiction du gouvernement du PQ. (voir mon blog du 2 février 2007).

A mon avis, le PQ en met trop et ne fait pas la part des choses. Certes, beaucoup de questions sont à poser et il faut à tout prix trouver la clef à ce qui se passe dans la construction. Mais la désinformation qu’il répand n’aide pas. Elle fait basculer l’opinion publique non seulement contre le parti au pouvoir mais contre tous les hommes et femmes politiques. Cela est inacceptable. Y a-t-il un homme ou une femme qui a une famille, une bonne entreprise, un bon métier ou est professionnel qui voudra être candidat à la prochaine élection ? Je crains que non.

On a les politiciens que l’on mérite… c’est donc vrai !

Claude Dupras

mercredi 8 décembre 2010

Assange et Goliath

On dit que l’australien Julian Assange est le fondateur de Wikileaks, le site internet qui depuis un bon moment sème la terreur dans les gouvernements et les entreprises. Mais en réalité, il semble que Wikileaks ait pris son origine vers « 2006 et ait été fondé par des dissidents chinois, des journalistes, des mathématiciens et de nouvelles compagnies informatiques ».

Julian Assange en est l’âme dirigeante depuis 2007. Le site n’accepte que des informations politiques, diplomatiques, historiques et d’éthique mais exclut tout matériel qui a déjà été publié. C’est un site idéal pour dissidents. Le site à un bureau de conseillers techniques et politiques venant de différents pays dans le monde. Il ne faut pas penser que tout est rose parmi ces conseillers car, souventes fois, il y a désaccord sur la stratégie à suivre. Mais, en général, l’opinion d’Assange prime et il a perdu plusieurs conseillers à cause de telles situations.

Wikileaks est une organisation de charité selon la loi allemande. Des dons peuvent être faits à la fondation. Ils sont remis à Wikileaks en remboursement de dépenses confirmées payées. Seules les dépenses pour des équipements informatiques, de voyages et de services internet sont remboursés par la fondation. On parle d’un budget de 200,000 euros par an. Aucun salaire ni rémunération ne sont payés payé directement ou indirectement. Assange et ses collaborateurs font un travail volontaire. Les serveurs de Wikileaks sont principalement en Suède à cause de la protection qu’assure la constitution suédoise à de telles opérations, d’autres de relais sont dans le monde. Mais il a des problèmes avec ces derniers qui sont en France et aux USA. Amazon vient de le sortir de son réseau. Assange contemple maintenant de s’installer définitivement dans la neutre Suisse à l’abri de tous les politiciens qui cherchent à lui faire cesser ses opérations.

L’objectif de Wikileaks est de dénoncer les systèmes politiques oppressifs dans le monde ainsi que les agissements, contraires à l’éthique, des dirigeants et des fonctionnaires des pays. Des informateurs anonymes soumettent à Wikileaks des milliers de documents normalement identifiés « secret » et non disponibles. Les informations qu’il reçoit sont vérifiées par un comité spécial avant d’être reconnues comme valables pour publication. Wikileaks établit une stratégie pour leur dévoilement au monde entier. Chaque opération a l’effet d’une bombe dans le milieu touché par les révélations.

Wikileaks a été le récipiendaire de prix de mérite pour son travail passé. En 2008, le prix « new media » du Magazine Economist, en 2009, le prix « UK media award » d’Amnistie international et récemment, en novembre 2010, le journal américain New York Daily News le qualifiait de « site internet capable de changer totalement les nouvelles ». De plus, une coalition de journaux importants, américains, français et autres, appuie financièrement Wikileaks.

Actuellement, après avoir démontré que des soldats américains avaient tué des citoyens et des journalistes en Irak, Wikileaks dévoile 250,000 documents, au goute à goutte, sur les relations diplomatiques des USA avec les pays du monde et principalement avec ses alliés des guerres d’Irak et d’Afghanistan. Il y a là un parallèle entre « les papiers du Pentagon » qui étaient légalement protégés et qui avaient été révélés par Daniel Ellsberg en 1971 du temps du président Nixon. Aujourd’hui, ce même Ellsberg rejette les critiques de Wikileaks et affirme que « la vie d’aucun soldat ou informateur n’a été mise en danger suite aux informations relâchées par Wikileaks ».

Les révélations font régulièrement la Une des journaux et des autres médias. Elles font mal. Elles soulignent des renseignements qui ont toujours été inconnus des médias internationaux. Elles révèlent le travail du secrétariat d’état américain et ses stratégies. Ce n’est pas toujours beau et presque toujours embarrassant pour la diplomatie américaine. D’ailleurs, Hillary Clinton ne cesse de s’excuser, au nom de son pays, auprès des chefs des autres pays, des révélations qui sont faites quotidiennement. Elle s’applique à démoniser Julian Assange et le qualifier de terroriste dangereux. Elle défend à tous les fonctionnaires américains d’accéder à Wikileaks. Elle l’accuse d’espionnage et veut le poursuivre. Le gouvernement d’Obama annonce qu’il veut le faire arrêter. Un proche conseiller du PM canadien Stephen Harper a même exprimé l’idée qu’Assange soit assassiné. Ailleurs, dans d’autres pays, Assange et les membres de son bureau de conseillers sont harassés par les douaniers lorsqu’ils arrivent aux frontières.

Julian Assange a accepté, la semaine dernière, de rencontrer les policiers Londoniens pour s’expliquer en rapport avec des accusations de viol portées contre lui par la Suède qui demande son extradition. Il a été arrêté en se rendant à cette rencontre et est retenu en détention préventive depuis, pour quelques jours à ce que dit la police. Assange nie ces accusations et parle de relations sexuelles consenties par sa partenaire.

Ces actions anti-Assange sont devenues plus systématiques depuis qu’il a annoncé que Wikileaks avait en main des documents internes d’une des plus grandes banques américaines et qu’il les dévoilerait bientôt. Ces papiers démontreraient l’irresponsabilité de cette institution bancaire dans l’engrenage qui a mené à la crise économique qui ébranle toujours le monde occidental. J’ai l’impression que les dirigeants de cette banque craignent comme la peste les révélations d’Assange et qu’ils font tout ce qui est possible, dans l'ombre, pour le faire arrêter. Ils font pression sur les gouvernements, coupent les dons monétaires à son site via Pay-Pal, etc.. Ils ont encore plus peur d’Assange que des gouvernements.

Que penser de tout cela ? C’est la question que je me pose depuis plusieurs jours. Julian Assange doit-il être arrêté, jugé et emprisonné ? Wikileaks doit-il être fermé ?

Est-ce lui le coupable ou sont-ce les personnes qui lui transmettent les documents ? Comme ce jeune militaire américain qui a copié les 250,000 documents des archives secrètes américaines qu’il avait à sa disposition de par son travail ? Dans ce dernier cas, je blâme le gouvernement américain de n’avoir pas suffisamment de contrôles sécuritaires pour empêcher qu’un jeune employé puisse copier des documents secrets et les transmettre à l’extérieur du gouvernement. Je blâme aussi ce jeune employé qui a renié son serment d’office de toujours garder secret son travail et les documents auxquels il avait accès.

Julian Assange est de prime abord pour la liberté d’information. Il est devenu le champion dans ce domaine. Il agit comme un vrai démocrate.

Aux USA, les medias peuvent « publier des informations confidentielles qui touchent l’armée ou la sécurité nationale, si ces informations n’ont pas été sollicitées ». Après les « Papier du Pentagon », la Cour Suprême américaine a statué que « seule une presse libre et non contrainte peut efficacement exposer la déception dans un gouvernement ». Voilà, à mon avis, ce qui justifie les actions de Julian Assange. Comme a dit le sénateur américain Paul : « Si dans notre société la vérité devient une trahison, cela voudra dire que l’on a de gros problèmes ».

Nous, qui sommes intéressés par les affaires politiques des pays du monde, avons le droit d’être bien informés. Ces politiques, même éloignées, peuvent influencer notre vie car leur répercussion peut revenir jusqu’à nous. Nous sommes des démocrates et chacun d’entre nous doit être en mesure de pouvoir décider intelligemment de l’avenir de notre pays.

Nous avons appris, suite aux dévoilements des documents de Wikileaks, qu’on nous a servi dans le passé des informations tronquées. En démocratie, le peuple est souverain. Il doit être bien renseigné afin de pouvoir porter un jugement sain sur les débats du jour. Si le peuple est manipulé par les politiciens, il ne prendra pas nécessairement la bonne décision puisqu’elle aura été prise sur la base d’informations soufflées par les politiciens. Cela est inacceptable. Wikileaks renforce notre démocratie !

En conclusion, il me semble logique que nous défendions des sites comme Wikileaks qui sont dédiés à bien nous informer sur la base de vraies documents.

Julian Assange doit être libéré dès que le cas d’agression sexuelle en Suède soit réglé. Il serait regrettable pour nous tous qu’il soit emprisonné ou tué pour protéger des informations que nous devons connaître.

Assange doit se battre contre les USA et contre l’Europe. C’est un combat inégal. C’est Assange contre Goliath. J’espère qu’il fera comme David et trouvera le moyen de gagner.

Claude Dupras

dimanche 5 décembre 2010

Des « red tories » à la droite sociale

Il y a beaucoup de mouvement actuellement au Québec pour reclasser les opinions politiques dans des cases rigides, comme le font les Français. On parle de plus en plus de la gauche, de la droite, du centre, du centre-gauche, du centre-droite, d’extrême... Ce sont des mots avec lesquels une majorité de Québécois et Québécoises actuels ne sont pas très familiers.

Depuis la révolution tranquille qui a suivi l’ère du vieux conservatisme canadien-français, la droite du temps, on peut affirmer que celle-ci n’est plus vraiment structurée au Québec.

Cependant, il y a toujours eu des gens de chez nous, et il y en a de plus en plus, qui s’identifient aux valeurs des conservateurs américains (je ne parle pas des teapartyers), défendent leurs politiques de droite et aimeraient qu’elles soient appliquées sur notre territoire. Mais ils veulent plus que la droite.

Même si nous ressentons tous, jusqu’à un certain point, le besoin de revaloriser le passé, de retrouver nos traditions que la révolution tranquille a enlevées à notre société, cela ne devrait pas se faire avec des solutions autoritaires imposées par un nouveau gouvernement de droite. Après la « révolution tranquille » étatique des années ’60, nous n’avons pas besoin d’une nouvelle révolution qui ne serait pas tranquille. Ce qu’il faut, c’est trouver des solutions pratiques aux problèmes contemporains.

L’ex-Parti Progressiste Conservateur du Canada (PPC) et ses chefs depuis l’ex-PM John Diefenbaker en passant par Robert Stanfield, l’ex-PM Joe Clark et l’ex-PM Brian Mulroney ont toujours défendu les préoccupations conservatrices traditionnelles mais avec des idées sociales pour les questions économiques. Les « red tories », les conservateurs sociaux comme on les nommait en français, épousaient cette politique et ils étaient alors majoritaires dans le parti. J’étais l’un d’eux.

Lorsque le PPC, affaibli politiquement, s’est joint au Parti de l’Alliance Canadienne, un parti de conservateurs de la droite dure, plusieurs membres du PPC n’ont pas suivi. On se rappellera Joe Clark, l’ex-ministre Flora Macdonald, le Sénateur Lowell Murray et plusieurs autres qui se sont élevés contre la décision du chef du PPC, Peter Mackay, de fusionner leur formation politique avec celle des « alliancistes ». Ce que nous craignions est arrivé. Le nouveau Parti Conservateur (PC) sous la gouverne de Stephen Harper a été majoritairement noyauté par des « purs et durs » et pratique depuis une politique conservatrice beaucoup trop à droite et loin de la vision d’une majorité de Canadiens et de Canadiennes. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Harper n’a pu à ce jour obtenir une majorité à la Chambre des Communes et n’a le support que de 35-40% des Canadiens.

Au Québec, les partis politiques qui ont gouverné depuis Maurice Duplessis ont été libéral (centre-droit), péquiste (centre-gauche) et Union Nationale de Daniel Johnson (centre-droit). Notre société est le résultat de la valse que les Québécois ont dansée tour à tour avec ces formations.

La crise économique a changé beaucoup de choses. On ressent, aujourd’hui, encore plus de désespoir dans notre société. Aux pauvres, s’ajoute la classe moyenne modeste qui s’appauvrit et qui crie de plus en plus : « à l’aide ». On ne peut simplement pas l’oublier pour des raisons idéologiques.

Cette nouvelle droite s’exprime au Québec via le député conservateur fédéral Maxime Bernier, le réseau Liberté-Québec et les Adéquistes. Plusieurs d’entre-eux la définissent comme une pensée magique qui viendra guérir tous les maux, effacer les déficits, réduire la dette, impliquer l’entreprise privée dans tout et créer un nouveau mode de gouvernance. Ce n’est pas si simple, mais je reconnais que la nouvelle droite peut donner un coup de barre sérieux et positif à la direction de notre société pour nous faire voir les choses de façon différente.

Ces hommes et femmes politiques qui prônent la nouvelle droite comprennent que l’intérêt de la collectivité est plus que l’ensemble des intérêts personnels ou de groupes et que leurs actions politiques devront respecter la liberté des individus d’où vient la pensée, l’initiative, la création, le sens d’entreprise… car ils savent que ces derniers doivent être motivés de contribuer à la société.

La nouvelle droite devra aussi promouvoir un volet social important et sérieux pour répondre aux besoins de la population et l’incorporer dans son programme. Ainsi, elle deviendra « la droite sociale » et elle trouvera un plus grand nombre de sympathisants. Ce sera comme un nouveau parti progressiste conservateur au Québec.

Claude Dupras

mardi 23 novembre 2010

Les maux de tête de Jean Charest : taxes, gaz de schiste et enquête publique

Il y a à peine trois mois, le premier ministre québécois Jean Charest recevait 51% d’appuis favorables à sa façon de gouverner le Québec. Aujourd’hui, il n’en reçoit que 22%. Comment peut-il avoir chuté si bas, si vite ?

Dans mon dernier blog « Jean Charest, le " punching bag " », je semblais expliquer la baisse rapide de sa popularité exclusivement par son refus de mettre sur pied une commission d’enquête dans le domaine de la construction. En fait, il y a plus que ça. Il y a aussi les sujets de l’exploitation du gaz de schiste et les taxes nouvelles.

Actuellement, le gouvernement autorise l’exploration de sources de gaz de schiste pour évaluer son potentiel énergétique global pour le Québec et son apport à son économie.

De retour au pays, depuis quelques jours, j’ai constaté combien cette question inquiète vivement les Québécois et les Québécoise. J’avais bien lu certaines critiques citoyennes et j’étais porté à penser qu’elles venaient surtout de ceux qui vivent à proximité des sites où l’exploration est en cours d’exécution. Je croyais que ces plaintes ne correspondaient qu’au syndrome « pas dans ma cour ». Je me suis trompé.

En effet, suite à quelques émissions de télé faisant état de l’expérience qu’ont connue les populations des états de la Pennsylvanie et de New York dans l’exploitation du gaz de schiste, les Québécois y voient maintenant des possibilités de danger pour la vie et de contamination des nappes phréatiques. Ils ont été profondément touchés par ces informations. Avec raison, ils sont devenus craintifs et voient dans un moratoire, qu’ils réclament maintenant expressivement, une façon d’arrêter les explorations jusqu’au moment où le gouvernement du Québec pourra leur faire la démonstration que l’exploitation de gaz de schiste n’engendrera pas de danger futur pour eux.

Le PM Charest, pour calmer les esprits, a soumis le dossier au Bureau d’Audiences Publiques pour l’environnement (BAPE) mais a refusé de décréter un moratoire.

Je ne suis pas d’accord avec cette approche du PM car le mandat actuel du BAPE ne couvre pas toutes les questions à analyser. En effet, il se limite à « proposer un cadre de développement de l’exploration et de l’exploitation, et proposer des orientations pour un encadrement légal et réglementaire ». Rien dans un tel rapport ne viendra calmer les appréhensions des Québécois sur ce sujet. Et c’est ce qui compte à ce moment-ci.

Ce qu’il faut faire c’est ce que propose l’Ordre des Ingénieurs du Québec : « un travail approfondi d’étude de la filière des gaz de schiste susceptible d’éclairer les citoyens et les décideurs et d’orienter la politique énergétique du Québec. … c’est une véritable évaluation environnementale stratégique (EES), qui vise à intégrer les facteurs environnementaux à l’élaboration de politiques, de plans et de programmes publics ». (Voir mon blog du 8 octobre 2010, « le gaz de schiste : rectifions le tir ! »)

L’exploitation du gaz de schiste apportera un avantage incroyable pour le Québec. 40% de nos énergies consommées viennent du pétrole et 13% du gaz naturel. Réduire appréciablement la partie de pétrole sale en faveur du gaz propre serait un apport important à l’environnement et par conséquent à notre qualité de vie. Ce sera aussi un gain économique extraordinaire pour tous les Québécois et Québécoises. Il est donc important que ce projet de développement énergétique aille de l’avant si des études bien faites démontrent qu’il n’y a pas de danger pour la vie humaine. Lorsque les Québécois seront bien instruits sur le sujet, je suis convaincu qu’ils seront d’accord à poursuivre ce projet important.

J’en appelle au PM Charest à modifier immédiatement le mandat du BAPE afin que les citoyens obtiennent les vraies réponses à leurs questions. De plus, j’espère qu’il décrétera le moratoire demandé à hauts cris par eux. Le PM calmera ainsi les appréhensions de ses commettants. Rien n’est urgent puisque le gaz sera toujours là.

Il y a aussi un autre dossier qui nuit à Jean Charest. C’est celui des nouvelles taxes. Le 2 avril 2010, mon blog s’intitulait : « Bye, Bye, Jean Charest ». J’ai écrit ce dernier pour critiquer le budget de l’année que venait de déposer le ministre des finances à l’Assemblée Nationale québécoise. Je fus tellement surpris de ce budget qui prévoit tant de taxes nouvelles et d’augmentations de tarifs que j’en avais conclu que Jean Charest ne serait pas réélu, car la politique québécoise m’a appris qu’un politicien qui taxe est un politicien qui se fait battre.

Les conséquences de ce budget pour les payeurs de taxes prirent un certain temps à apparaître. Elles commencent à se faire sentir comme on l’a vu depuis quelques mois. Depuis, le taux de satisfaction du PM baisse.

On peut donc conclure que ce n’est pas seulement la question du refus de Jean Charest de tenir une enquête publique sur la construction qui contribue à sa présente descente aux enfers. Il y a aussi les craintes des Québécois et Québécoises au sujet de l’exploitation future du gaz de schiste et leurs révoltes devant les nouvelles taxes et tarifs. Tout cela pèse dans la balance anti-Charest.

Jean Charest peut-il se sortir de l’étau qui le resserre de plus en plus ? Je le crois, s’il décide finalement :

1. De créer une enquête publique dans le domaine de la construction. Perdra-t-il la face s’il « vire son capot de bord », à ce moment-ci ? Pas nécessairement, car l’opération policière « marteau », qu’il a mise en place pour enquêter sur la construction, fait actuellement un travail de plus en plus intense. Elle pourra collaborer étroitement avec les nouveaux commissaires de l’enquête publique. Ainsi, ce qui est fait ne sera pas perdu et la nouvelle enquête publique pourra agir beaucoup plus rapidement.

2. De modifier le mandat du BAPE afin que celui-ci puisse faire une enquête complète et produire une évaluation environnementale stratégique (EES), afin de renseigner comme il se doit les Québécois et Québécoises.

3. D’assurer que son gouvernement coupera le plus possible dans ses dépenses afin de réduire les augmentations de taxes au strict minimum.

Si Charest ne fait rien, je crois que cela démontrera qu’il a décidé de quitter la politique.

Claude Dupras

vendredi 19 novembre 2010

Jean Charest : Le « punching bag »

Corruption ! Corruption! Corruption ! C’est tout ce que l’on entend au Québec! Le premier ministre Jean Charest est la cible de ces attaques et le mouvement s’amplifie au point que l’on peut se demander s’il démissionnera ou pas.

Jean Charest est-il vraiment un politicien corrompu ? Je dis non.

Son erreur a été de refuser de mettre sur pied une commission d’enquête sur ce qui se passe dans le domaine de la construction au Québec. J’ai été un des premiers à la réclamer, le 13 mai 2009, dans mon blog intitulé « Des prix de fous », et je suis revenu souventes fois à la charge dans d’autres blogs.

Ancien ingénieur conseil avec 40 ans dans la construction, je n’en croyais pas mes yeux et mes oreilles lorsque je constatais les dépassements des coûts de construction de certains grands projets. Des augmentations qui allaient du simple au double quand ce n’était pas au triple. Parmi ceux-là, il y avait, entre autres, l’extension du métro à Laval, l’autoroute Ville-Marie, le centre d’entretien de l’agence métropolitaine de transport et le centre hospitalier universitaire de Montréal (CHUM).

Je posais alors les questions : « Sommes-nous victimes de fraudeurs ? Y a-t-il une mafia qui s’est installée dans le domaine de la construction avec comme but de souffler les prix et les profits ? ».

L’élection à Montréal en novembre 2009 ajouta à mon questionnement. Les journalistes d’enquêtes de La Presse révélèrent des informations troublantes sur une série de super contrats accordés à des prix exorbitants par la ville. Les Québécois comprirent alors que quelque chose ne tournait pas rond dans le domaine de la construction. Malgré tout, le maire Tremblay fut réélu.

Jean Charest décida alors de confier le dossier sur ces problèmes à la Sûreté du Québec. Pour lui, une enquête policière pouvait être enclenchée plus vite qu’une commission d’enquête gouvernementale qui nécessite plus d’une année à se mettre en place. Le budget de la Sûreté fut augmenté considérablement. Mais une vague déferlante anti-premier-ministre se manifesta contre cette décision. Du jamais vu. Depuis, l’opposition affirme n’importe quoi contre Charest et tout est rapporté et amplifié aussitôt dans les médias. À ce jour, les policiers n’ont rien révélé.

On frappe Charest avec la même ardeur qu’un boxeur attaque vicieusement son « punching bag » durant son entraînement. C’est vraiment triste à voir car ce n’est pas à la hauteur d’une vraie démocratie.

Au lieu de parler d’économie, d’éducation, de santé, d’écologie, de développement…, l’opposition et les medias ne se concentrent que sur la tenue d’une enquête publique. Une pétition exigeant la démission immédiate de Jean Charest est affichée sur internet. Plus de 180,000 personnes ont signé en trois jours, et ça continue.

Jean Charest ne mérite pas cet acharnement qui vient surtout du Parti Québécois et de ses alliés qui y voient un moyen de reprendre le pouvoir. Les séparatistes « purs et durs » sont chauffés à bloc et voient la possibilité d’un nouveau référendum sur la séparation du Québec, si le PQ parvient aux affaires à Québec. Ils font tout pour répandre leur fiel anti-Charest et réussissent. À écouter, voir et lire tout ce qui s’écrit, on a l’impression que Jean Charest et son parti libéral sont foutus. Mais ce n’est pas aussi simple.

Léger-Marketing vient de publier un récent sondage sur la politique au Québec. C’est là que l’on peut voir la vraie image des sentiments des Québécois. Le PQ obtient 37% dans les intentions de vote, le parti libéral 33%, l’ADQ 11%, Québec solidaire 8% et le parti vert 6%. Mais ce qui est plus révélateur, c’est que malgré l’ouragan anti-Charest, on constate que le PQ a chuté de quatre points depuis le dernier sondage alors que le parti libéral a grimpé de trois. J’ai été fort surpris, mais c’est la réalité. Et cela malgré le taux d’insatisfaction envers le PM Charest de 78%, le plus élevé jamais. En somme, les Québécois et Québécoises disent, « quand je regarde Charest, je me désole mais quand je le compare avec les chefs des autres partis, je me console avec Charest ».

Donc, rien n’est perdu pour Charest. Certes, il traîne dans l’opinion publique derrière le Parti Québécois, mais il était dans la même situation au début de la dernière élection générale, qu’il a gagnée.

Pourquoi les Québécois réagissent-ils ainsi ? Je crois qu’en eux-mêmes, ils savent que Jean Charest est un bon premier ministre.

Ils constatent que malgré la crise économique, le Québec s’en est mieux sorti par rapport aux autres provinces canadiennes. Ici, l’économie roule et le taux de chômage est le plus bas au Canada. La construction va…

Ils savent que Charest sait défendre le Québec durant ses rencontres fédérales-provinciales. Ils se rappellent que l’ex-PM canadien Paul Martin à cédé aux provinces, devant les arguments de Jean Charest, le pouvoir de dépenser à leur guise les octrois fédéraux dédiéds à des projets particuliers. C’était une première canadienne. Jamais dans le passé, les provinces canadiennes avaient été autorisées à utiliser l’argent qui venait d’Ottawa à des fins autres que celles qu’Ottawa avait choisies. Charest avait appliqué ces octrois à des diminutions des impôts des particuliers afin que le taux d’imposition au Québec soit compétitif avec celui des autres provinces.

Il vient tout juste de signer une entente avec le gouvernement fédéral qui reconnaît que le Québec a droit à sa différence.

Il a bien représenté le Québec auprès des gouverneurs des États de l’est américain et a réussi à signer des contrats importants pour les alimenter en électricité du Québec. Voyant là un avenir rempli de revenus extraordinaires, il a engagé la construction de nouveaux barrages hydro-électriques.

Il a créé le Conseil de la Fédération pour réunir les provinces afin qu’elles aient plus de poids dans leurs discussions avec le gouvernement du Canada. À ce jour, cela a donné des résultats très positifs.

Il a su contrôler les dépenses, baisser les impôts, éliminer la taxe sur le capital, augmenter la main-d’œuvre qualifiée en haussant l’immigration, passer une loi sur la retraite progressive, faire adopter le pacte sur l'emploi et l'entente sur la reconnaissance des compétences, dégeler les droits de scolarité, imposer le bulletin chiffré, renforcer le code de la sécurité routière. Il a entrepris, par son dernier budget, la réduction du déficit et de la dette.

Il a nommé, pour la première fois, autant de femmes que d’hommes comme ministres.

Son gouvernement a investi massivement dans les infrastructures, dans le développement énergétique et dans le secteur manufacturier pour créer des emplois et assurer une économie prospère. Son « timing » a été parfait et c’est au plus fort de la crise que les emplois nouveaux arrivèrent sur le marché.

Même la présidente syndicaliste de la CSN reconnaît que « Jean Charest a bien mesuré le terrain, ouvert le débat avec l’opposition et n’est pas provocateur ».

En conclusion, il faut reconnaître que Jean Charest a été, à ce jour, un des bons premiers ministres du Québec. Les électeurs le savent puisqu’ils l’ont réélu trois fois. Évidemment, l’opposition ne cherche qu’à le réduire et à le critiquer, mais nous, les Québécois et les Québécoises, jugeons un homme à ses actes.

Il est vrai que Jean Charest a fait des erreurs politiques et qu’il a fait des choses avec lesquelles je ne suis pas d’accord. De gros problèmes n’ont pas été réglés à notre satisfaction, tels : les attentes dans les hôpitaux, le décrochage scolaire…

J’ai toujours cru que la vraie façon de juger un homme ou une femme politique était d’utiliser le principe de « la balance ». On place dans un plateau les bonnes décisions et on place dans l’autre celles avec lesquelles on n’est pas d’accord. Puis, on constate de quel côté elle penche. En rapport avec le bilan de Jean Charest, j’estime qu’elle s’abaisse du bon côté.

Claude Dupras


ps. À ce jour, a-t-on fait la preuve que Jean Charest est un homme politique corrompu ? Je ne le crois pas même si on l’a dit, répété et amplifié. Il a respecté les lois du Québec.

Malheureusement, d’autres personnes, particulièrement des contributeurs financiers comme dans l’affaire des prête-noms, n’ont pas respecté l’esprit de la loi. Mais cela n’est pas la faute de Jean Charest ni celle de Pauline Marois ou de Mario Dumont, puisque non seulement le parti libéral a reçu des contributions importantes de ces personnes mais aussi le PQ et l’ADQ, lors de la dernière élection générale.

Quant aux individus choisis pour remplir des tâches au gouvernement ou dans des agences gouvernementales, qu’ils soient souventes fois libéraux ne me surprend pas. Du temps du parti Québécois, ils étaient péquistes et ces derniers contribuaient aussi à la caisse de leur parti. D’ailleurs, c’est de même à Ottawa, dans toutes les provinces canadiennes, aux USA et en France. Je ne veux pas que l’on pense que je suis d’accord avec ces manières d’agir, mais on doit faire la part des choses. J’aimerais mieux que tous les Québécois et Québécoises, quelles que soient leurs pensées politiques, soient traités équitablement et aient les mêmes opportunités nonobstant la couleur du gouvernement. Mais je crains que ce ne soit qu’une utopie.

Je sais que plusieurs diront que je ne suis qu’un libéral. Ils se trompent, je ne le suis pas et je ne l’ai jamais été. J’ai déjà été partisan, un « bleu » comme on disait, surtout au niveau fédéral, mais je suis devenu indépendant depuis 1986.

J’aime la politique et respecte les politiciens. Je m’abstiens de parler contre eux personnellement car ce sont les politiques qui comptent. J’invite ceux qui critiquent, et c’est leur droit, à faire de même avec des arguments fondés. Ainsi, nous rendrons service à notre société. Autrement, c’est une perte de temps et un « salissage ! intolérable de réputations d’individus. Pensons à leur famille. CD

mercredi 17 novembre 2010

Le vrai Sarkozy

Le président Nicolas Sarkozy vient de terminer une entrevue à la télévision française pour expliquer les orientations et les objectifs qu’il a fixés pour le nouveau gouvernement Fillon qu’il vient de nommer. J’ai été impressionné. Évidemment tous les partis de l’opposition ont vu sa prestation d’un oeil très négatif et n’ont pas manqué de le souligner par la suite. C’était à qui dirait le plus de mal du président.

François Fillon a démontré qu’il était un excellent premier ministre et les Français l’appuient. C’est pourquoi, il a été renommé à ce poste avec une équipe modifiée, réaliste et capable de tenir compte des priorités du pays pour les quinze derniers mois du mandat présidentiel de Sarkozy.

Ce brasse-camarades réussira-t-il à repolir l’image impopulaire du président ? Peut être.

Personnellement, j’ai peine à comprendre les raisons qui expliquent sa déchéance dans les sondages puisqu’il affiche, depuis le début de sa présidence, un bilan remarquable. Pour être correct avec lui, il faut examiner attentivement ses réalisations et son comportement depuis son accession au plus haut poste de son pays.

Certains hausseront les épaules sur mon analyse et ne seront pas en accord, mais je les assure que j’espère l’avoir fait avec la plus grande objectivité et le moins de partisannerie possible. Il est vrai que j’aime l’homme politique Sarkozy et cela depuis plusieurs années bien avant son élection à la présidence française. Mais je crois être en mesure d’analyser de façon impartiale les réalisations d’un tel homme politique.

J’espère aussi que ceux qui lisent ces lignes sauront mettre de côté leur position politique (gauche ou droite), pour juger comme moi strictement de la valeur de ce que ce président français a accompli depuis son accession aux affaires. Il nous faut être réalistes et appeler un chat, un chat.

Sarkozy vient de gagner le débat sur les retraites. Une réforme que beaucoup de ses prédécesseurs n’ont pu réaliser et que toute personne bien intentionnée reconnait comme essentielle pour assurer aux Français et Françaises le niveau promis de leur retraite. Il ne s’est pas laissé impressionner par les immenses manifestations de la rue et a maintenu le cap. Depuis, j’ai rencontré beaucoup de Français et Françaises qui ont été impressionnés par la force de caractère de leur président à cette occasion. En réalité, et c’est l’avis d’une majorité de Français que j’ai questionnés, ce fut plus un mouvement antisarkozyste primaire qu’autre chose. Si cela est vrai, ce n’est sûrement pas à l’honneur de ceux qui l’ont organisé et appuyé car on ne bloque pas un pays pour une raison politique et partisane.

Dès le début de son mandat à la tête de la France, une des premières réformes du président Sarkozy a été d’assurer l’autonomie aux universités, réclamée depuis très longtemps. De plus, il a vu à ce que leur financement soit augmenté à un niveau inégalé depuis les années ’80. Il veut le meilleur système universitaire pour les jeunes Français et Françaises, car il comprend que la force future de la France réside dans ses cerveaux. Pour se faire, il vise à ce que les universités françaises deviennent compétitives avec les meilleures universités du monde dont le Royaume-Uni et les USA. Il y a évidemment un bon nombre de choses à faire encore avant d’en être là , mais c’est un bon départ….

Dès le début de son mandat, Nicolas Sarkozy a pratiqué l’ouverture en nommant des socialistes à des postes importants du gouvernement. Il a aussi nommé un socialiste pour contrôler les dépenses du gouvernement et un autre pour siéger au conseil constitutionnel. Cela ne se fait pas au Canada. Et dire qu’on le traite de dictateur !

Lorsque la crise économique s’est déchaînée, je me rappelle avoir vu, à la télé américaine, le président GWBush pris de panique. Il ne parlait que de panser rapidement, avec des centaines de milliards $, les blessures ouvertes que manifestaient les banques et les agences monétaires américaines car disait-il : « Il faut arrêter l’hémorragie car elle entraînera la faillite du système financier des USA ».

Les Européens ont été surpris de cette crise à responsabilité américaine. C’est à ce moment-là que le président Nicolas Sarkozy a démontré une vision remarquable et une capacité hors de l’ordinaire pour trouver des solutions pratiques. Avec sa force de caractère, il a réussi à mettre sur pied le G20, et cela malgré une Allemagne hésitante et un GWBush indifférent. Il proposa de réunir les pays, les plus riches du monde, pour qu’ils solutionnent ensemble ce grave problème en coordonnant leurs efforts et assurer qu’il ne se répète dans l’avenir. Sarkozy a réussi.

Lors de la présidence française de l’Union européenne, Nicolas Sarkozy s’est établi en champion face à la crise. Il prit vite le taureau par les cornes et réussit à concerter les États-membres pour y répondre. Grâce à leur coopération, à l'euro, à la recapitalisation des banques et à la garantie des crédits de ces dernières, les Français comme les Européens ne se sont pas précipités à leurs guichets pour retirer leurs avoirs, évitant ainsi un crash qui aurait fait un tort immense à toute la collectivité du continent. C’est l’Europe, présidée par Nicolas Sarkozy, qui l’a protégée de la faillite bancaire.

Lorsque la présidence française prit fin, les représentants des États-membres exprimèrent des sentiments très positifs envers Nicolas Sarkozy car il avait obtenu, en plus, des résultats très concrets sur l'agriculture, l'immigration et la défense européenne. Il a, en outre, posé les problèmes au niveau qui convient, c'est-à-dire au niveau politique. Et sur le plan international, il a permis à l'Europe d'exister entre les Etats-Unis, la Russie et la Chine, au même titre que les grandes puissances. Ça faisait depuis De Gaulle que l’on n’avait pas vu cela !

Sarkozy à fait la promotion de la France dans le monde. Le Canada, les USA, l’Allemagne, la Russie, le Moyen-Orient, la Chine et plusieurs autres pays ont solidifié leurs relations avec le pays. Tout en défendant les droits de l’homme et l’autonomie du Tibet, sujets importants mais sensibles pour les dirigeants chinois, Sarkozy a pu quand même décrocher des contrats importants pour les industries françaises.

Puis, il y a eu le fameux « Grenelle » de l’environnement. Sarkozy et le ministre Jean-Louis Borloo ont réuni, pour une première fois, économie et écologie. Les débats furent intéressants, les conclusions nombreuses et malgré quelques exagérations, erreurs de parcours, propositions un peu fofolles et critiques sensées, ce « Grenelle » marquera l’avenir d’une France capable d’assurer que l’écologie soit au cœur des décisions sur son développement futur. Sous l’impulsion réaliste de Sarkozy, la France devient une des premières nations à être en mesure de suivre ce chemin essentiel pour atteindre un avenir propre et protecteur de la planète. Même le départ de Borloo du gouvernement et la réorganisation des ministères ne changeront rien à cet élan.

Sarkozy a aussi et enfin lancé la réforme territoriale, tant attendue. Penser pour réaliser des économies, réorganiser et simplifier l’administration des collectivités du territoire, le projet final est prêt à être voté dès l’entrée parlementaire du nouveau gouvernement.

Il y a tellement d’autres choses à souligner… mais je vais m’arrêter là.

Je sais que cet homme est honni par un très grand nombre de Français et Françaises. Lorsque j’analyse son bilan, je ne comprends vraiment pas pourquoi. Il est jeune, dynamique, intelligent, actif, un vrai chef. Il a une longue liste de réalisations à son crédit. Peut être n’est-il pas le genre de politicien que les Français et les Françaises veulent ! Peut être ne fait-il pas assez monarque !

La prestation du président Sarkozy, d’hier soir à la télé, nous a montré un homme qui veut le bien de la France, qui a fait de bons coups mais aussi des erreurs. Il sait reconnaître ces dernières, se réorienter, se réorganiser et corriger le tir afin d’atteindre ses objectifs.

En tout cas, si c’était possible de faire un échange, il me ferait plaisir de le troquer contre notre PM canadien. Nous avons besoin dans notre pays d’un homme dynamique, courageux, visionnaire, imaginatif, persuasif et capable de réaliser de grandes choses sur le plan national comme international. J’aimerais bien que Nicolas Sarkozy soit le chef de gouvernement canadien. Mais ça, c’est un rêve en couleurs.

Je suis anxieux de le suivre durant les prochains mois jusqu’à l’élection présidentielle française de 2012 pour constater la façon par laquelle il va s’y prendre pour redresser la pente de l’impopularité qui l’afflige actuellement et gagner un deuxième mandat.

Claude Dupras

dimanche 14 novembre 2010

Québec: la foire d'empoigne

Au Québec, comme en France, nous sommes rendus à un stage où trop de politiciens ou partisans politiques croient nécessaire de lutter contre leurs adversaires en les frappant en bas de la ceinture pour se donner un avantage ou pour aider leur parti.

J’en ai marre, comme disent si bien les Français, des insinuations mensongères, des fausses vérités qu’on qualifie de réelles, des scénarios noirs forgés de toutes pièces... en somme, de cette « politicaillerie » dépourvue de scrupule et d’envergure politique.

Il y a trop de débats stériles, vains, inutiles, sans profondeur dont le ton est indigne et mesquin. On peut se tromper dans un débat en se servant, sans le savoir, de données ou de faits imprécis, c’est normal, mais de là à utiliser volontairement des faussetés ou faire des accusations injustes qui visent la personne de l’opposant, il y a une marge.

Suite à la mauvaise décision du PM Jean Charest de refuser une enquête publique sur la construction, un mal-être se généralise au Québec. Cependant, il ne doit pas se transformer en une dissension violente entre les Québécois et Québécoises aux opinions différentes.

Les commentaires positifs ou négatifs basés sur des opinions sérieuses sont sains et les bienvenus par toute personne qui écrit ou discourt car ils ajoutent à l’intérêt du sujet débattu, aident à mieux le comprendre et à le nuancer. Malheureusement d’autres commentaires tordus de politiciens, de certains journalistes, de blogueurs, d’animateurs d’émissions radio, de sites internet, de commentateurs de blogs semblent avoir comme seul but de vouloir faire pourrir le débat et de salir les réputations. Cela nourrit la mal-information et n’aide personne.

La profession politique est une des plus importantes dans notre société. Il faut la respecter, l’aider et la valoriser dans l’opinion publique afin que les meilleurs de notre société aient le goût d’y accéder. Sinon, nous aurons les politiciens que l’on mérite.

Ce n’est pas en traitant l’adversaire de tous les noms, sans preuves réelles, que l’on atteindra ce but. Je demeure convaincu que la vaste majorité de nos politiciens et politiciennes, quelque soit leur parti, sont des personnes intègres et honnêtes. Malheureusement, à écouter le débat public au Québec et à lire les commentaires, on reste avec l’impression que nous sommes dirigés par une bande de vendus, de voyous, de truands, d’alliés de mafiosi, d’imbéciles, de profiteurs et encore.

Assez, c’est assez, la foire d’empoigne !

Nos hommes et femmes politiques doivent être jugés sur leurs mots et leurs actions. Qu’on les aime ou non, c’est notre droit. Mais agissons de façon responsable et n’oublions pas que c’est dans la boîte de scrutin que se décidera s’ils doivent être appréciés ou châtiés.

Claude Dupras

jeudi 11 novembre 2010

Le faux pas de Richard Bergeron

Il est président du deuxième parti de l’opposition au conseil municipal de Montréal. Le maire Gérald Tremblay, dans un geste d’ouverture, lui avait offert, suite à la dernière élection, de siéger au comité exécutif de la ville. Richard Bergeron vient d’être remercié de ses services et quitte le comité avec fracas.

Lors de l’élection de 2009, Bergeron et son parti Projet Montréal ont créé une surprise en obtenant un pourcentage élevé de suffrages. Je l’avais appuyé publiquement dans mon blog malgré l’image loufoque d’un illuminé que les médias faisaient de lui. Sa biographie, son programme politique, ses discours m’avaient persuadé qu’il y avait là une possibilité de relancer Montréal. Je croyais qu’il était l’homme de l’heure, car le maire-sortant Tremblay était prisonnier dans un tourbillon d’accusations de patronage et le parti Vision Montréal, avec Louise Harel, n’était devenu que le porte-étendard du Parti Québécois.

Richard Bergeron avait lié sa participation au comité exécutif à celle de son projet pour l’échangeur routier Turcot. Il a ses propres idées, puisqu’il est urbaniste, et a tout fait pour influencer la ville et le ministère des Transports du Québec de modifier le plan original. Le ministère à accepter plusieurs des modifications proposées en changeant le trajet, ajoutant un tram-train, une piste cyclable, des espaces verts, etc.., mais, il ne s’est pas plié à toutes les suggestions de Bergeron qui consistaient, entre autres, à rétrécir les voies pour freiner le nombre d’autos qui accèderont à la ville afin de réduire la production de pollution sur la métropole. Le gouvernement n’accepte pas cette approche radicale puisqu’il a la responsabilité de répondre aux besoins futurs et croit inconcevable de bâtir un si important échangeur sachant d’avance que ceux qui entreront à Montréal devront subir de longues heures d’attentes pour y accéder. Si, dans 10 ans, le besoin de diminuer la pollution persiste, le ministère pourra toujours installer des ralentisseurs pour réduire le volume de véhicules. Par contre, il estime que la venue des nouvelles autos électriques et hybrides réduira sensiblement le niveau de pollution, mais pas nécessairement le nombre d’automobilistes. Et, à ce moment-là, avec son projet, les routes auront la capacité requise pour les absorber.

Le nouveau projet est flexible, intelligent et économiquement acceptable puisqu’il est évalué à 3 milliards $, alors que celui proposé par la ville a été estimé à 6 milliards $.

Richard Bergeron a publiquement menacé le maire de démission si le projet final du ministère était approuvé par la ville. Il s’est montré un peu fanfaron. Tremblay a aussitôt répliqué en exigeant son ralliement à la décision future si elle devait être majoritairement acceptée par le comité exécutif. Il n’exigeait pas que Bergeron vote pour, mais qu’il soit solidaire. Incapable de l’être, Richard Bergeron a été renvoyé. Lors de la conférence de presse qui suivit, ce dernier a traité le maire de Montréal de tous les noms : « sournois, malhonnête, manipulateur, traître, vendu au parti libéral du Québec, infidèle aux Montréalais, vision frileuse et passéiste, cowboy » et encore. Il a même menacé le maire de le déchirer sur la place publique. Pourtant, c’est le même maire avec lequel il a travaillé main dans la main durant la dernière année, copain-copain.

La vigueur et la rigueur intellectuelles sont les qualités importantes pour les hommes et femmes politiques. Cela fait partie intégrante de l’honnêteté intellectuelle. Je n’ai jamais aimé ceux qui par opportunité utilisent n’importe quel argument disponible pour mousser leur personne et leur parti au lieu d’appuyer leur argumentation sur des positions de principe et des faits réels. Cette situation est devenue beaucoup trop fréquente, de nos jours, en politique québécoise. Cependant, nul ne peut être complètement certain de ses présuppositions, surtout dans des projets de cette nature car il y a plus d’une solution valable. C’est pourquoi, ajuster ses convictions personnelles à l’évidence du bon sens, de la solidarité, de l’intérêt public, du compromis raisonnable et mettre de côté toute partisannerie politique est aussi agir avec rigueur.

Les mots flamboyants et méchants de Bergeron démontrent qu’il n’est finalement qu’un politicien qui ne cherche qu’à marquer des points politiques. Pour lui, il a raison et tous les autres ont tort et sont des « pas bons ». Au lieu de chercher à rallier l’opinion publique en expliquant et en répétant souvent, le plus clairement possible et sans insinuations mensongères, ses objections techniques à ce gigantesque et complexe projet qu’est l’échangeur Turcot avec ses multiples facettes : développement urbain, transport public, environnement, espaces verts, expropriations, etc.., Bergeron a choisi la facilité, le chemin de l’insulte et de la politicaillerie pour se justifier, se grandir. Chemin faisant, il a sali volontairement la réputation du maire.

Richard Bergeron a donné l’impression de vouloir s’élever en diminuant son adversaire en vue de la prochaine élection de 2013. Ce sont des attaques malicieuses et injustifiées comme celles qu’il a faites qui font que de plus en plus de Québécois et Québécoises perdent confiance dans leur classe politique. Agir de façon irresponsable en accusant ses adversaires de tous les péchés d’Israël n’est pas dans l’intérêt de notre collectivité. Nos leaders politiques sont importants et il faut les respecter, quelque soit leur parti ou leur option politique. On peut être en désaccord sur certains aspects de leur pensée politique et le dire très haut, mais on se doit de respecter chaque individu qui nous dirige, qu’il soit au pouvoir ou dans l’opposition. Le débat doit être sur le fond des choses.

Je suis fortement déçu de cet homme politique qui promettait beaucoup mieux.

Claude Dupras

lundi 8 novembre 2010

Le dépeçage de notre patrimoine collectif continue….

C’est une autre triste histoire que celle de l’église patrimoniale du Très-Saint-Nom-de-Jésus, de l’est de Montréal, construite par la fabrique, il y a cent ans, sur le terrain de la première chapelle de la paroisse. C’est une œuvre d’art global. Elle fut fermée au culte en 2009 et l’archevêque veut vendre le bâtiment à des promoteurs qui pourraient la démolir et la remplacer par des unités d’habitation ! Son contenu sera alors éparpillé.

Superbe église créée et dessinée par les architectes Albert Mesnard et Charles-Aimé Reeves, on disait alors qu’elle était la cathédrale (même si elle n’en était pas une) de l’Est de Montréal à cause de ses 5 000 m. ca., de sa taille et de la richesse de sa finition. Elle fut financée et construite par plusieurs générations de paroissiens et paroissiennes, souventes fois à la sueur de leur front. Pendant plus de 100 ans, ces derniers y furent baptisés, y pratiquèrent les rites de leur religion, s’y marièrent, y sont venus pour saluer une dernière fois leurs chers disparus et organisèrent dans son grand sous-sol, foyer d’une vie collective riche en activités de toutes sortes, leurs fêtes, leurs rencontres, leurs loisirs et ceux de leurs enfants.

Si la décision de l’archevêché est réalisée, il ne restera bientôt plus de trace de la fierté et de la foi des braves gens qui ont fait cette paroisse. Un autre repère dans notre mémoire collective disparaîtra.

J’ai bien dit un objet d’art global, car cette église n’est pas seulement une oeuvre architecturale importante et imposante, mais elle était aussi, plus globalement, un lieu d’exposition, un musée où l’on peut admirer le travail de nos meilleurs artisans d’autrefois : ébénistes, ferronniers, vitriers, sculpteurs, staffeurs, peintres, facteurs d’orgues, fondeurs de cloches, orfèvres, et tant d’autres… Leurs œuvres seront maintenant démantelées, déménagées, vendues, détruites.

Sa vaste enceinte à l’acoustique parfaite disparaîtra et on ne pourra plus apprécier la qualité des concerts donnés sur son grand orgue Casavant (complètement restauré en 1986), un des plus prestigieux et puissants du Canada.

Pourquoi ? Pour l’argent, bien sûr !

Dans mes recherches de la généalogie de ma famille, j’ai retrouvé le lieu et la date de baptême de mon ancêtre français, l’église Saint-Porchaire de Poitiers en 1641. À l’occasion d’une visite en France, j’ai eu la surprise de retrouver cette église encore debout, en bon état, toujours au service de la paroisse ! En France, l’État est, depuis 1905, propriétaire des bâtiments religieux et c’est lui qui s’occupe de leur entretien et de leur réparation même si les pratiquants sont peu nombreux.

Depuis 1995, le ministère québécois de la Culture, sous l’impulsion du comité de conservation de l’art sacré de l’Archevêché de Montréal, dirigé alors par l’abbé Claude Turmel, a créé une fondation privée, sans but lucratif et à caractère multiconfessionnel, dont la mission est d’aider à conserver ce patrimoine et à le mettre en valeur par l’entretien préventif et la restauration.

Le comité a été pendant longtemps le seul à surveiller de près la situation de notre patrimoine religieux et il a multiplié les interventions auprès des gouvernements et des autorités religieuses pour leur faire comprendre la valeur irremplaçable de ces richesses et favoriser les réparations d’urgence et de rattrapage. À ce jour, le Québec a investi près de 225 millions $ et les propriétaires plus de 75 millions $.

C’est l’archevêque lui-même, le cardinal Jean-Claude Turcotte, qui affirmait il y a à peine quelques années : « nos bâtiments religieux font partie intégrale de notre patrimoine religieux ». On comprend sa perspective, mais il aurait pu tout aussi bien dire « de notre patrimoine collectif ».

Alors, comment expliquer le saccage prévu de l’église du Très-Saint-Nom-de-Jésus? Pourquoi notre cardinal a-t-il décidé de poser un geste si révoltant ? Pourquoi a-t-il changé son fusil d’épaule ? Ce sont les deux évêques-auxiliaires du diocèse de Montréal qui m’ont confirmé la réponse lorsque je les ai rencontrés récemment à Rome et leur ai demandé si la décision pouvait être reconsidérée. Les évêques haussèrent simultanément leurs épaules en signe de non et m’affirmèrent que cette église n’est pas classée à Québec et que l’argent n’est pas au rendez-vous. Si elle n’est pas classée, aucune ne l’est. Cet argument me semble un faux-fuyant.

Il devient évident que le départ de l’abbé Turmel, le grand et efficace défenseur du patrimoine religieux de Montréal, a créé un vide important à l’archevêché. Souventes fois dans le passé, il avait dû lutter ferme contre l’archevêque pour gagner son point et il réussissait. Il faisait faire les études, les plans et persuadait les autorités gouvernementales de l’aider. Malheureusement, il n’y a plus de tel champion du patrimoine religieux près de l’archevêque et il me semble évident que ce dernier manque d’imagination quand vient le temps de trouver des solutions et des argents pour continuer à sauver notre patrimoine religieux dont il est le responsable.

Et ce n’est pas la première fois qu’une telle chose se produit. Dans les années ’50 on a démoli la magnifique église Saint-Jacques et sa chapelle, œuvre de Victor Bourgeau, le plus grand architecte religieux qu’ait connu le Québec, pour faire place à l’UQAM. Seul le clocher de l’église et la façade du transept sud ont survécu au pic des démolisseurs. A ceux qui, à cette époque, défendaient le patrimoine religieux et s’opposaient à cette démolition, on répondait qu’il n’y avait pas assez de terrain pour les besoins de l’université, car la Ville de Montréal exigeait un parc donnant sur le boulevard Dorchester (maintenant René-Lévesque). Aujourd’hui, ce parc est construit et l’université a agrandi son campus en achetant plusieurs pâtés de maisons sur les rues avoisinantes. La preuve est maintenant faite qu’on aurait pu facilement éviter la disparition d’une pièce importante de notre patrimoine.

Pour démolir, on trouve toujours de bonnes raisons. Avant-hier, c’était un manque de terrain. Hier, c’était la faible assistance aux offices religieux. Aujourd’hui c’est un manque d’argent. Demain, ce sera autre chose. Après la transformation en condominiums de la magnifique église St-Jean-de-la-Croix, la rumeur court que d’autres églises patrimoniales seraient menacées, dont : l’immense Ste-Cunégonde, la très belle St-Jean-Baptiste, certaines églises anglicanes du centre-ville de Montréal et d’autres, plus contemporaines, construites dans les années ’50 et ‘60. Même si on ne peut qualifier ces dernières de patrimoniales, il n’en reste pas moins qu’elles sont, pour plusieurs, les œuvres de grands architectes, tel Roger d’Astous, élève du célèbre architecte américain Frank Loyd Wright. D’Astous s’est imposé comme un architecte religieux à Montréal. Les plans et documents de ses églises sont maintenant conservés au musée du Centre Canadien d’Architecture de Montréal. Pas plus qu’on accepterait de voir démolir un bâtiment d’Ernest Cormier, l’architecte de l’université de Montréal, ou une église de Bourgeau, serait-il acceptable de laisser démolir éventuellement une église de D’Astous.

Réaliser, aujourd’hui, une église comme Très-Saint-Nom-de-Jésus coûterait sûrement plus de 60 millions $. On veut la démolir pour 4 millions de $. Et après, il nous restera quoi ?

Le moment est donc venu de repenser le sort qu’il faut réserver à notre patrimoine bâti. Le fait qu’il puisse s’agir à l’occasion de lieux de culte n’enlève à ceux-ci rien de leur valeur pour toute la collectivité. Il devrait être interdit d’en disposer autrement que dans un cadre rigoureusement défini par cette même collectivité à un niveau ou un autre de ses instances décisionnelles. En d’autres mots, étant donné que les balises existantes ne suffisent pas à protéger tous nos trésors, nous devons, tout comme en France, demander à l’État de prendre la responsabilité de la conservation du patrimoine collectif. Et vite, avant que ne se produisent de nouveaux saccages.

C’est l’œuvre des grands artisans qui ont bâti Montréal qu’il nous faut conserver. C’est l’histoire de Montréal qu’il nous faut respecter et transmettre à nos descendants. À nos leaders religieux et politiques de se manifester ! Il n’est pas acceptable que nous nous laissions couper de nos racines. C’est notre identité qui est en cause.

Notre patrimoine collectif religieux, architectural, artisanal et autre fait partie de nous. Nous avons la responsabilité de tout faire pour le protéger et nous devons à nos descendants d’agir. On se mobilise bien pour les baleines….

Claude Dupras

Ps. Quelques arguments contenus dans ce blog viennent d’une lettre ouverte que j’écrivais en 2002 au journal La Presse pour défendre la magnifique église St-Jean-de-la-Croix de la destruction. CD

samedi 6 novembre 2010

La regrettable démission du ministre Jim Prentice

Le premier ministre Stephen Harper vient de perdre un de ses principaux lieutenants. Jim Prentice, député d’Alberta, quitte son poste de ministre de l’environnement pour entrer à la Banque Impériale de Commerce, comme vice-président exécutif. Il était un politicien aimé de ses commettants, un gentilhomme respecté par tous les Canadiens et Canadiennes, quelque soit leur parti politique. C’est une grosse perte pour le Parti Conservateur du Canada (PC) qui n’a que de rares députés conservateurs sociaux (red tory) avec une approche intelligente, nuancée, ouverte au changement et capable de faire la part des choses dans les décisions gouvernementales pour tenir compte des besoins de la société. Le PC a un grand besoin d’hommes ou de femmes comme lui.

Prentice faisait partie du Parti Progressiste-Conservateur du Canada (PPC) lorsque ce parti s’est fusionné avec l’Alliance Canadienne, parti strictement de droite, pour devenir le PC. Le PPC a toujours défendu les préoccupations conservatrices traditionnelles mais avec des idées sociales pour les questions économiques. Le nouveau parti a été envahi par les Alliantistes de l’Ouest et s’est fixé solidement à droite du spectre politique mettant au rancart l’approche sociale de la politique du PPC. C’est à cause de ce positionnement radical que j’ai quitté définitivement le PC, après plus de trente ans de membership actif dans le PPC, et que je suis devenu indépendant.

Malgré le malaise évident que Prentice ressentait au sein de sa nouvelle équipe, il a toujours fait un travail consciencieux au ministère de l’environnement. Il a même osé prendre des positions publiques qui ne correspondaient pas toujours aux dires du PM Harper, particulièrement sur le contrôle de l’exploitation des sables bitumineux, la position du pays sur l’accord de Kyoto et l’approche négative du Canada à Copenhague qui a contribué à ce que la rencontre onusienne sur l’environnement se termine en queue de poisson.

Le départ subit de Prentice est-il un signe de ce qui s’en vient ? Je le crois. Au lieu de viser à recentrer le parti et à gagner les indécis, le PC ne cherche qu’à satisfaire sa base, ceux du pays qui crient fort (un genre de teapartyers canadiens), qui lui a donné le pouvoir par ses votes. Il glisse lentement mais sûrement vers l’abime politique où l’entraîne son idéologie de droite de la droite.

La presqu’élimination du contenu du questionnaire du recensement, l’abolition du registre des armes, le militarisme excessif, le non-respect des décisions environnementales internationales, la construction de nouvelles prisons (alors que le taux de criminalité baisse), la fascisation des lois au ministère de la justice… sont tous des exemples où le gouvernement canadien perd son temps et où l’amène son idéologie. Pendant ce temps, le déficit augmente commensurablement, la dette réapparaît et le respect du Canada fléchit dans l’opinion mondiale.

Harper garde le pouvoir depuis quatre ans de manière tout à fait imprévisible puisqu’il est minoritaire à la Chambre des Communes et n’obtient que 35-38% d’appuis dans les sondages. Le manque de courage politique des autres partis pour le renverser, qui vient du désintéressement de la population pour une autre élection, doit s’estomper.

Nous, Canadiens et Canadiennes, devons remplacer ce gouvernement mené par des idéologues dont la pensée ne correspond absolument pas à celle de la majorité et dont les actions politiques non pertinentes nous amènent nulle part. Nous avons besoin que l’intelligence et le réalisme soient au pouvoir à Ottawa.

Une autre solution serait un putsch dans le PC pour qu’il redevienne le PPC. Mais çà, pour l’instant, c’est un rêve en couleurs !

À chacune de ses interventions à la Chambre des Communes, Jim Prentice a su élever le débat au haut niveau qu’il doit être. Il a accompli beaucoup et rempli plusieurs tâches difficiles que lui confiait le PM Harper. « Monsieur Fix-it », comme on le surnommait, aurait fait un bon premier ministre. Je rêve de le voir revenir en politique, à la tête du parti PC. Ce sera peut être le jour où le PC retrouvera le bon chemin. Qui sait ?

Merci Jim Prentice pour un travail bien fait, malgré tout, et bonne chance.

Claude Dupras

jeudi 4 novembre 2010

L’ennemi no. 1 d’Obama : Glen Beck

Il y a un homme qui a fait la différence dans l’élection de mi-mandat que viennent de vivre les Américains. Il a réussi à monter une armée d’individus dans tous les coins des USA pour voter contre le président et le parti démocrate.

Ce vote qui a permis aux Républicains de balayer les Démocrates est, en fait, un vote négatif. Et ce n’est pas moi qui le dis, mais un sondage auprès des électeurs à la sortie des bureaux de scrutin. Presqu’à l’unanimité, dans tous les États, dans les campagnes comme les villes, une majorité des électeurs a avoué avoir surtout voté « contre Obama ». Pourquoi ?

Depuis l’entrée de Barack Obama à la Maison Blanche, j’ai suivi sa démarche. J’en reste impressionné car il s’est avéré comme un des bons présidents que les Américains ont connus. Il a travaillé fort, a parlé intelligemment à ses concitoyens, a réagi efficacement à la crise économique et a fait voter des lois que peu de présidents ont réussi à faire voter dont celle sur la santé qui a permis à plus de 35 millions d’Américains d’être enfin protégés par un système d’assurance-maladie. Malgré tout cela, il est honni aujourd’hui par une majorité d’Américains dans tous les coins de ce grand pays.

Depuis plus d’un an, j’appréhendais le soir de l’élection « mid-term ». Ma crainte venait de ce que je percevais chez le polémiste Glen Beck. Il est un animateur d’une émission de télévision à la chaîne américaine Fox qui appartient au magnat australien des médias, Rupert Murdoch. Fox News est la dernière des grandes chaînes arrivées sur le marché Américain en 1997. Voyant un vide, Murdoch la campa complètement à droite pour promouvoir les positions politiques conservatrices. Elle le fait 24h /24, 7j/7 de façon très partisane. Aujourd’hui, Fox News a plus de 110 millions d’abonnés et est devenue une des chaînes préférées des Américains, au point que la compagnie vient tout juste d’annoncer, pour la dernière année, un accroissement des profits de 8% et des ventes publicitaires de 16%. Il faut reconnaître, en toute vérité, que la présentation des émissions est fort intéressante.

Glen Beck est un genre de René Lévesque du Québec du temps où ce dernier animait l’émission « Point de Mire » à Radio-Canada, et venait hebdomadairement expliquer aux Québécois et Québécoises, avec son ardoise et sa craie, l’évolution de la politique dans le monde. Nous étions tous accrochés à ses lèvres. Il était un vrai pédagogue. Lévesque, qui au début n’était pas très connu, a fait un tabac de son émission et est devenu une étoile de la télévision canadienne. Les Québécois et les Québécoises l’appréciaient et l’aimaient. Animateur responsable, honnête, très divertissant, clair et net dans ses propos, sa popularité fut si grande qu’il est devenu, avec le temps, premier ministre du Québec, et un des meilleurs.

Malheureusement, Glen Beck n’est pas un vrai René Lévesque. Il est un polémiste qui vise la controverse publique. Il joue avec les mots et les sentiments de ses auditeurs. Il a un objectif et il fait tout pour amener ces derniers où il veut. Il est habile, intelligent, un manipulateur hors de l’ordinaire, sur le petit écran tous les soirs à la même heure et très suivi. Dès les premiers soubresauts du « Tea Party », il a fait sien ce mouvement et s’est lancé tête basse dans la mêlée. Ses outils : l’ardoise et la craie; sa méthode : la démagogie. Il se fait professeur, enseigne, démontre, éclaircit, décortique les discours, interprète les affirmations et les projets de lois d’Obama comme s’il était un prix Nobel. Il a l’air vrai mais il est menteur. Il a l’air renseigné, mais il est manipulateur. Il a l’air d’un professeur, mais il est irresponsable. C’est un faux pédagogue, super habile et fort convaincant. Son auditoire est montée jusqu’à 3 millions d’auditeurs chaque jour.

J’ai réalisé le tort qu’il faisait lorsque deux des mes amis américains, dans des emails, m’ont recommandé l’émission télévisée de Glen Beck. Par hasard, les deux ont utilisé le même qualificatif pour le décrire : « il est très « éducatif ». Je leur ai répondu que Beck utilisait des « arguments tout croches », mais ils ne m’ont pas cru. C’est là que j’ai compris le danger pour Obama.

Depuis et souventes fois, aux nouvelles télévisées américaines, des gens bien ordinaires sont appelés à expliquer leur position anti-Obama. Chaque fois, j’ai remarqué qu’ils utilisaient les arguments de Beck, presque mot pour mot. Ce qui est le plus étonnant, c’est que ces gens critiquent, entre autres, le programme de santé d’Obama prétextant qu’il est trop coûteux, etc., alors qu’ils en sont les premiers bénéficiaires. De toute évidence, ils ne comprennent pas ce qu’ils critiquent.

Selon le New York Times, que Beck accuse d’être vendu à Obama, il a suggéré récemment aux chrétiens de quitter leur église si elle prêche la justice sociale et économique, car, dit-il, « ce sont des mot-codes pour communisme et nazisme ». Il est super-capitaliste, antisocialiste et s’oppose à tout ce qui peut venir de la gauche. Le problème est qu’il est persuasif et que ses arguments et explications deviennent des évidences dans l’esprit de ses auditeurs.

Son implication dans la récente période électorale a été très forte. Il a réuni à Washington des centaines de milliers d’électeurs pour une manifestation anti-Obama. Il a fait la promotion constante des teapartyers. Il a invité, moussé la candidature, appuyé et mis en vedette les candidats anti-Obama. Il a développé une influence profonde et une admiration étonnante chez l’Américain moyen qui est loin de comprendre la complexité des lois qui se votent à Washington mais qui gobe facilement ses explications démagogiques et simplistes du danger (qu’il invente) de ces lois.

Le résultat, c’est que des centaines de milliers d’Américains ont voté contre Obama à cause de Glen Beck. Et cela a fait la différence. Plusieurs candidats du « Tea Party » ont été élus. Mais ce qui compte surtout, c’est que des milliers d’indépendants et de Démocrates « mous » ont été convaincus par Beck de voter contre Obama et par conséquent pour les Républicains. Ajouté au noyau dur du parti républicain, ce nouvel apport de votes a fait la différence et a permis aux Républicains d’obtenir la victoire éclatante qu’ils ont obtenue.

Si Barak Obama et le parti démocrate veulent être réélus, ils devront tenir compte des actions néfastes de polémistes comme Beck, nombreux dans les médias américains, pour contrer, de façon persuasive, les arguments simplistes et démagogiques de ces derniers, afin de pouvoir ramener vers eux un nombre suffisant d’électeurs en 2012. Ce ne sera pas facile, mais c’est possible !

Claude Dupras

Ps. Durant les deux derniers mois, l’auditoire de Beck a diminué sensiblement car il a tendance à se montrer de plus en plus comme un leader politique au lieu d’un « entertainer » et cela plait moins à l’auditeur américain. Néanmoins, son auditoire actuel demeure supérieur aux auditoires combinés de toutes les émissions politiques équivalentes des autres chaînes qui se présentent comme ses compétitrices.

samedi 30 octobre 2010

Le vide politique du Québec

Rien ne va plus en politique au Québec.

Le premier ministre libéral Jean Charest et son parti s’accrochent les pieds dans les fleurs du tapis. Depuis que le PM a refusé, à tort, de mettre sur pied une commission d’enquête sur les coûts de la construction, la foudre lui tombe sur la tête. L’opposition parlementaire et les journalistes ne cessent de rendre publiques des décisions et des transactions gouvernementales de toutes sortes dans lesquelles amis, supporteurs ou financiers du parti libéral du Québec ont été favorisés. Ces nombreux scandales qui pour la plupart n’en sont pas, ont un air de vérité. Et c’est çà le problème du PM car, en politique, l’apparence a autant d’importance que la réalité et par conséquent sa popularité en subit le contrecoup et fond dans les sondages.

Pendant ce temps, les dirigeants et députés du parti Québécois, l’opposition officielle, jubilent. Voyant le pouvoir possible de si près, ils ne peuvent s’empêcher de se lécher les babines. Les sites internet dédiés à l’indépendance du Québec font le plein d’articles optimistes, ce qui démontrent bien que la fièvre se répand. Mais il y a un problème. Le parti Québécois et son chef Pauline Marois ne figurent pas bien, eux non plus, dans les sondages. Les Québécois et les Québécoises ne sont pas satisfaits du parti Québécois ni du parti Libéral.

Le parti Libéral et le parti Québécois sont des partis de centre-gauche. Les libéraux flirtent par moment avec la droite. Les péquistes agissent de même avec la gauche. Cette dernière est représentée par le parti Québec-Solidaire qui n’a qu’un député. La droite est le parti Action Démocratique du Québec (ADQ) qui est venu à quelques députés près de prendre le pouvoir à l’avant-dernière élection générale. Après 21 mois comme opposition officielle, où il a fait mauvaise figure, il est retombé à seulement quelques députés et ne pèse plus politiquement. Pourtant, la droite est au pouvoir à Ottawa et croît rapidement aux USA où les élections législatives « mid-term » sont imminentes et pour lesquelles les sondages indiquent que le parti Républicain, parti de droite, fait une remontée impressionnante et enlèvera aux Démocrates la majorité à la Chambre des représentants et possiblement au Sénat. La droite a le vent dans les voiles en Amérique du Nord.

Plusieurs anciens membres du parti Québécois, dont l’ex-ministre démissionnaire François Legault, estiment que l’option indépendance n’est pas dans l’air. Ils rêvent de créer un nouveau parti, Force-Québec, avec des gens d’autres formations politiques pour s’attaquer efficacement aux vrais problèmes. Il y a quelques semaines, les medias ont rapporté que le parti se formait et qu’une annonce était imminente. Le sondage qui suivit, incluait ce nouveau parti comme option et l’a placé à 39% par rapport au parti Québécois qui chutait de 18% pour se retrouver à 22% (les purs et durs), le parti libéral à 21% et l’ADQ 6%. Ensemble, les trois partis traditionnels n’ont obtenu que 49% face à un parti qui n’existe pas. Ce qui démontre bien que les Québécois sont insatisfaits et ont une grande faim de changement.

À Québec, Il y a une semaine, un nouveau groupement, le Réseau-Liberté-Québec, a réuni durant un weekend plus de 450 individus de toutes les régions du Québec autour de chercheurs, de penseurs et d’activistes de droite pour parler politique. La rencontre a eu un impact positif dans les médias. Le Réseau-Liberté-Québec n’est pas et ne sera pas un parti politique. C’est un genre de « think-thank » en devenir, à tendance conservatrice, qui regroupe hommes et femmes politiques, chercheurs, universitaires, syndicalistes, gens d’affaires qui voient des solutions dans la philosophie de Droite. Ces individus veulent influencer les partis politiques en place pour qu’ils adoptent leurs suggestions. Dès l’annonce de la création de Réseau-Liberté-Québec, certains politiciens se sont empressés d’élever l’épouvantail à corneilles pour effrayer sans raison les Québécois et les Québécoises contre la droite qu’ils ont même associée à l’extrême-droite (idéologie contre-révolutionnaire voire fasciste). Cela n’a rien à voir avec le Réseau-Liberté-Québec qui est une bouffée d’air frais pour la politique québécoise.

Je n’aime pas la droite à la GWBush ou à la Stephen Harper : trop d’idéologie, pas suffisamment de sensibilité dans les solutions pour les grands problèmes. J’espère que la droite québécoise ne prendra pas les politiques de ces hommes comme modèles. D’ailleurs, aujourd’hui, le Canada en souffre puisque les Nations Unies viennent de nous refuser un siège au conseil de sécurité parce qu’elles ne digèrent pas les politiques de notre PM Harper : environnement, unilatéralisme pour Israël, etc… (Par contre, sur plusieurs points, il a fait un excellent travail, comme vient justement de l’affirmer la vérificatrice générale du Canada en rapport avec l’important programme de 45 milliards de projets d’infrastructure lancés pour contrer les effets négatifs de la crise économique. Ce fut bien géré et de façon honnête. Bravo).

À cause de l’impopularité grandissante du PM Charest, les séparatistes « purs et durs » du parti Québécois croient que la victoire électorale est, par défaut, inévitable et certaine. Ils réclament un nouveau référendum sur la séparation du Québec du Canada, lors du premier mandat que le parti gagnera. Quant à elle, Mme Marois s’en tient à l’article 1 de la constitution du parti qui stipule «au moment jugé approprié». Elle est une fine politicienne et ne veut pas faire peur à ceux qui ne sont pas indépendantistes et qui auraient le goût de changer de gouvernement, à cause des circonstances, et voter PQ. Électoralement, elle a raison. Dans un premier temps, elle veut être élue premier ministre et gouverner. Ensuite, dans un deuxième temps, suite à une autre élection générale, tenir un référendum. C’est ce qu’elle appelle « le temps opportun ».

Mais c’est un peu d’hypocrisie car le Parti Québécois ne cesse d’affirmer qu’il existe pour faire l’indépendance du Québec. Je suis d’accord avec ceux qui veulent le tenir dans un premier mandat. L’électeur a droit de se prononcer sur la question nationale le plus tôt possible et cette question doit être réglé une fois pour toutes. Ce sera le troisième référendum et probablement le dernier, quelque soit le résultat. S’il n’a pas lieu dans le premier mandat et le parti non réélu, il n’y aura pas de référendum et la discorde sera toujours là.

Les « purs et durs » ont une autre crainte. Ils s’inquiètent de la performance de Mme Marois. Ils croient qu’elle sera un handicap qui pourra les empêcher de gagner la prochaine élection. Malgré qu’elle en ait vu d’autres et ait une longue expérience, elle subira un vote de confiance au congrès du PQ, le 15 avril prochain, qui risque de faire mal !

Jean Charest et Pauline Marois sont en mauvaise position dans l’opinion publique et dans l’esprit des membres de leur parti. Le parti Libéral est entaché de suppositions de mauvaise gouvernance et le parti Québécois dispute les qualités de son chef et la stratégie en vue d’un nouveau référendum. L’ADQ est faible mais est bien placé pour progresser étant donné sa position à droite de l’échiquier politique québécois. La gauche maintiendra-t-elle son ascendance sur la politique québécoise ? Force-Québec naîtra-t-il et sa popularité sera-t-elle éphémère ? Quelle sera l’influence de Réseau-Liberté-Québec sur l’évolution vers la droite des politiques des partis ? En fait, nous sommes dans un vrai « free for all » où tout peut arriver.

Dans le vide politique actuel du Québec, dans quelle case s’arrêtera la bille sur le panneau tournant de la roulette politique québécoise ? Voilà la question !

Claude Dupras