vendredi 28 décembre 2012

2012, année de paroles, paroles, paroles… en l’air

Aux USA, en France et au Québec, il y a eu des élections en 2012. Ce furent, je crois plus que jamais, des périodes durant lesquelles nous avons entendu des discours qui n’avaient rien à voir avec la réalité.

Au Québec, le gouvernement de Jean Charest a été défait par le Parti Québécois de Pauline Marois. Après avoir dirigé ses troupes de l’opposition officielle dans des combats démagogiques et salissants contre le pouvoir libéral, elle a fait campagne en promettant des choses aussi irréalistes les unes que les autres. Grâce à la conjoncture politique, découlant des révélations de collusion et de corruption dans le domaine de la construction, elle a réussi à gagner une courte victoire la plaçant à la tête d’un gouvernement minoritaire péquiste. Depuis, elle recule sur presque tout ce qu’elle a promis en période électorale. Je ne suis pas surpris car j’ai toujours pensé que Pauline Marois savait qu’elle ne pourrait respecter ses promesses qui allaient, de toute évidence, contre le meilleur intérêt du développement du Québec. Mais pour gagner des votes, elle a dit et répété des paroles en l’air pour plaire à une partie de l’électorat. Aujourd’hui, elle se défend de « virer obligatoirement son capot » puisqu’elle dirige un gouvernement minoritaire. Pourtant, elle avait promis de soumettre intégralement, dans une telle situation, ses promesses aux partis d’opposition pour adoption par l’Assemblée Nationale. Les arguments de chefs d’entreprise, d’investisseurs et de prêteurs l’ont vite ramenée à la raison et aux positions politiques de son prédécesseur comme nous venons de le constater pour le projet Plan Nord qu’elle a fait sien malgré qu’elle l’ait vilipendé sans cesse dans le passé. Enfin, elle se montre responsable !

En France, depuis son élection, François Hollande a respecté ses promesses. Le malheur pour les Français, c’est qu’elles étaient irréalistes et ne tenaient pas compte de la crise économique qui dévalait à pleine vitesse sur la France et l’Europe au moment de la période électorale. Nonobstant qu’il ait été mis au courant de la situation exacte de l’économie française à son entrée à l’Élysée, Hollande a persisté pour faire adopter son programme en rejetant le blâme des problèmes qui confrontent la France sur son prédécesseur. Pour démontrer qu’il n’avait qu’une parole, il a agi en petit politicien irresponsable refusant de reconnaître que ses promesses étaient des embûches additionnelles au redressement économique de la France. Alors que le bon sens exigeait des coupures dans les dépenses gouvernementales pour aider l’économie à reprendre son souffle, Hollande a créé 60,000 nouveaux postes de fonctionnaires en éducation, 15,000 autres ailleurs, relevé les impôts de la classe moyenne et ceux des riches, annulé la TVA sociale, etc… tout en tenant un discours revanchard contre les entreprises, leurs dirigeants, les innovateurs, les investisseurs… l’argent en général. Il a fait peur à tous ces créateurs d’emplois au point que déjà plus de 5 000 d’entre eux ont déménagé leur domicile hors France, sans compter ceux qui ne sont pas comptabilisés. Il faut vraiment se ressentir mal traité pour vouloir quitter un pays comme la France où la qualité de vie est exceptionnelle.

Hollande a promis la croissance disant son horreur pour l‘austérité, mais depuis qu’il dirige la barque française, cette dernière a augmenté considérablement et empire à un rythme dangereux. J’exagère direz-vous ? Allez le dire aux plus de 10,3 % de chômeurs français alors que 2013 s’annonce pire selon tous les prévisionnistes. Les paroles d’Hollande étaient manifestement des paroles en l’air prononcées dans le simple but de gagner des votes, sans tenir compte de l’intérêt supérieur de la France. Pour lui, seule comptait la conquête du pouvoir par les socialistes. Aujourd’hui, jour après jour, on se rend compte qu’ils ne savent même pas comment l’exercer.

Hier, Hollande a dit vouloir être au poste tous les jours avec ses ministres, durant la période des fêtes, afin de travailler à résoudre le chômage et les autres malheurs qui s’abattent sur la France. Encore des images et des paroles en l’air pour chercher à sortir du plus en plus profond trou d’impopularité dans lequel il s’est enfoncé. Il veut faire croire qu’il est présent et que le nombre d’heures au travail compte, alors que nous savons tous que ce sont les décisions politiques qui changent tout.

Aux États-Unis, le candidat républicain Mitt Romney a dit tout ce qu’il ne fallait pas dire. Lors des primaires de son parti, il a fait siennes les opinions de l’extrême droite, des ultraconservateurs, des évangélistes, des porteurs d’armes, des nantis égoïstes, des anti-avortement et d’autres groupes de même acabit. Il a refusé de tenir compte des positions des femmes, des latinos, des noirs, des jeunes, des intellectuels, des scientistes et de plusieurs groupes de la société américaine qui s’opposaient aux positions radicales qu’ils énonçaient. Puis, vint la campagne électorale contre le président Barack Obama. Alors là, sans honte, il changea vitement son fusil d’épaule pour chercher à rallier ces dissidents à sa cause. Appuyé par des groupes d’intérêts hautement financés par les mêmes riches, il a couvert les ondes mur-à-mur pour répandre ses nouvelles positions. Il a tout dit même au risque de perdre la face, ce qu’il fit plusieurs fois. Le manque de constance dans ses propos et ses positions virevoltantes a fait comprendre aux électeurs américains que les mots de Romney n’étaient que paroles, paroles, paroles en l’air et qu’il n’y croyait pas lui-même. Il devint clair qu’il ne méritait pas le poste de leader de leur nation. Barack Obama, de son côté, montrait quotidiennement ses qualités de président et a obtenu une victoire d’une ampleur inespérée malgré une économie qui roulait mal, où les salaires diminuaient.

Quelle triste farce que ces discours de mots en l’air par des personnages politiques importants, alors qu’il n’y a pas de travail pour une majorité de jeunes diplômés particulièrement pour ceux de quartiers difficiles qui ont étudié pour sortir de la pesanteur de leur milieu. Et ceux qui ont déniché un emploi font trop souvent un travail dégradant qui ne correspond pas au niveau de leurs études ni de leurs capacités intellectuelles, avec une rémunération qui permet peu. Nous leur avons dit : « étudiez et vous aurez une bonne « job », voilà qu’ils se retrouvent sans chance, sans responsabilité, peu ou pas de salaire. Au même moment, ces jeune constatent un système économique dont la bourse est truquée par certains, une spéculation grandissante, une dé-régularisation qui devient le remède à tous les maux. Ils réalisent que tout ce qui se passe ne tient pas vraiment compte de l’intérêt général.

Ces politiciens opportunistes, dont le leadership a été trop souvent acquis grâce aux images et illusions créées lors de période électorale, sont trop souvent incompétents. Que faire ?

Allons-nous continuer à jouer avec le feu ? Allons-nous nous laisser berner longtemps par des paroles en l’air, encore et encore, alors que la maison brûle ?

Nous sommes dans le temps des fêtes. C’est le bon temps pour nous de prendre la résolution de ne pas devenir les dindons de la farce !

Claude Dupras

vendredi 14 décembre 2012

Rêver sans être ridicule

C’est une vidéo recommandée par un ami qui m’a fait connaître TED. Plus précisément, elle rapportait la conférence du biologiste et neurobiologiste français Laurent Alexandre donnée au TEDxParis tenu à l’Olympia de Paris, le 6 octobre dernier. Le visionnement m’a vraiment secoué de ma torpeur quotidienne et j’ai fouillé internet pour mieux comprendre TED. Ce billet résume ce que j’ai trouvé. Certains diront que je suis en retard. Eh, oui ! Mais mieux vaut tard que jamais, d’autant plus que je ne suis pas seul.

En Californie, l’architecte et designer graphiste Richard Saul Wurman, dédia sa vie à rendre facile la compréhension de toute information accessible. Lui qui a toujours su fréquenter des hommes et des femmes brillants, tels Jonas Salk, Louis I. Kahn, Steve Jobs… a pensé créer, en 1984, une conférence réunissant de tels personnages. C’est TED (Technology, Entertainment, Design).

Les conférenciers à TED sont des personnages géniaux tels que chercheurs du MIT, futurs prix Nobel, philosophes, cosmologues, politiques, illustres illuminés, environnementalistes et autres qui viennent à tour de rôle présenter des idées de leur cercle fermé à un plus grand nombre par des discours bien calibrés où la brillance des idées est primordiale. Ils visent à émouvoir et à bousculer. Chaque TED est un vrai safari mental rempli d’émotions incessantes.

L’intervenant doit savoir raconter une histoire, monter sur scène, électriser les gens, les transporter et les amener dans un voyage vers un domaine qu’ils ignorent. Il y a un contrat implicite entre l’intervenant et le public. Celui-ci promet d’accorder toute son attention pendant 18 minutes (la durée maximale de toute conférence). L’intervenant est concentré et donne le meilleur de lui-même pour faire le discours de sa vie, selon l’exigence de Wurman.

Chaque conférence par ses moments intéressants à caractère excitant, cosmologique, familial, encourageant vise à inspirer les auditeurs qui y viennent pour apprendre. C’est comme, disent les participants, des cours de facultés universitaires à 3 000 km/h où votre vie peut basculer en 10 secondes.

Les 1 200 places disponibles, pour l’évènement de trois jours qui se tient à Monterey, s’arrachent à 6 000$ chacune. Les patrons d’entreprises, dont plusieurs ont déjà été conférenciers comme Bill Gates de Microsoft, y viennent accompagnés de leurs principaux dirigeants, penseurs et chercheurs afin d’épier les meilleures idées nouvelles possiblement transformables en projets novateurs à portée mondiale. Ces trouve-tout du business world savent qu’ils entrent dans un oasis intellectuel où se trouvent des perles rares. À TED, les rats de bibliothèque sont vénérés comme des dieux par les nouveaux maîtres du monde.

TED en Californie fut longtemps un secret bien gardé de la Silicon Valley. Mais depuis quelques années, les conférences TED fleurissent de par le monde sur le modèle de celle de Monterey. Tout comme celle de Paris qui en est à sa troisième année, TEDxMontréal s’est tenue le 5 mai 2012 au Monument National et fut organisée indépendamment de TED mais grâce à une licence avec ce dernier et selon ses directives. La conférence mondiale à thèmes internationaux TEDGlobal se tient annuellement à Edimbourg, Écosse.

Toutes les conférences TED sont enregistrées, traduites et plus de 1 400 sont actuellement disponibles dans plusieurs langues sur le site TED.COM. C’est une vraie université d’idées puissantes, capables de changer les attitudes, les vies et éventuellement le monde.

TED est aujourd’hui une communauté de personnes de toutes disciplines et cultures qui recherchent une meilleure compréhension du monde.

Claude Dupras

PS. Les 20 conférences de TEDxParis données à l’Olympia de Paris le 6 octobre dernier peuvent être visualisées à l’adresse internet http://www.youtube.com/watch?v=PAXVpN5GdSs. Je recommande particulièrement celle de Laurent Alexandre qui nous démontre que certains de nos jeunes vivront 1 000 ans. Il faut visualiser et écouter aussi les autres qui sont plus intéressantes et surprenantes l'une que l'autre.

dimanche 9 décembre 2012

USA, l’heure de vérité

2012 marque la fin de l’importante réduction générale des impôts, accordée par l’ex président américain GWBush, en 2001 et 2003, pour relancer l’économie de son pays. Cette loi de finance devait se terminer en décembre 2010. À ce moment-là, le président Obama, suite à un dur débat a dû accepter une extension de deux ans. Elle se termine donc le 31 décembre prochain.

Les réductions de taxes ont non seulement bénéficié aux riches mais aussi aux payeurs de taxes de la classe moyenne. Bush a toujours affirmé qu’il pensait nécessaire de stimuler davantage la reprise de l’économie et la création d’emplois pour générer plus de revenus. Se fiant au succès obtenu par son mentor Ronald Reagan, qui avait lancé un tel programme, il assurait le peuple américain que ces réductions se paieraient d’elles même. Mais Bush a lancé deux guerres qu’il a dû financer et a engagé des dépenses croissantes malgré une dette qui grossissait à vue d’œil.

Dès les premiers jours, les opposants ont engagé un vigoureux débat sur les coûts et bénéfices de ces décisions surtout sur celles qui favorisaient les riches. Ils ont souligné, entre autres, que ces derniers étaient vraiment gâtés puisqu’en plus ils bénéficiaient de nouvelles mesures diminuant la taxe sur les gains capitaux. Ils ont démontré que ces décisions augmenteraient appréciablement l’inégalité entre les Américains et iraient à l’encontre du principe de la distribution des richesses par un gouvernement. Ils ont même évoqué un danger possible à la sécurité nationale.

Quelques années plus tard, GWBush et son vice-président Dick Cheney ont affirmé qu’effectivement les diminutions des taux d’impôts s’étaient payées d’elles-mêmes. Ces affirmations gratuites ont été contredites par le Département du trésor américain qui a déclaré n’avoir pas de preuves concrètes démontrant leur véracité puisque les revenus d’impôt depuis 2001, sauf en 2007, ont été inférieurs à la moyenne de 8,4 % du PIB des trente dernières années.

Par ailleurs, la dette américaine a littéralement explosée. Les coupures de taxes de Bush y ont ajouté 1,6 trillions de $, sans compter les intérêts. Mais elles ne sont pas le plus grand contributeur à cette augmentation de la dette puisque l’accroissement des dépenses les surpasse. L’incapacité ou le non-vouloir des présidents Bush et Obama à réduire les dépenses est donc aussi à blâmer.

Aujourd’hui, la dette américaine est de 16 359 000 000 000 $. Elle était de 5,94 trillions $ lorsque GWBush devint président et avait atteint 12,3 trillions $ à la venue d’Obama. Selon les économistes et experts financiers, cet accroissement rapide devient intolérable car il est un danger non seulement pour l’économie des USA mais pour celle du monde.

Depuis la crise bancaire, les mesures temporaires d’injection de capitaux dans les banques et la diminution des taux d’intérêts ont eu des effets positifs aux USA. Le taux de chômage a diminué de 9,8 % à 7,7 % durant le deux dernières années. En novembre 2012, l’emploi a grimpé de 147 000 emplois (pour un 15ième mois consécutif). Il y a aussi le fait que des compagnies américaines comme Apple viennent tout juste de décider de rapatrier une partie de la fabrication de leurs produits sur le sol américain. Cela va dans le bon sens.

Malgré ces indications, plusieurs experts craignent cependant le pire puisque l’économie mondiale dépend du consommateur américain comme une source importante de sa demande. Ils s’inquiètent du faible taux de croissance des USA et de la diminution de celle de la zone euro, du Japon et d’ailleurs qui ajoutent au problème. Même les pays en développement qui profitaient d’une économie de plus en plus forte pour se développer sont aujourd’hui affectés par des ralentissements de production. L’emploi et la qualité de vie en souffrent un peu partout.

Voilà pourquoi, le gouvernement américain qui est au cœur de cette tourmente doit prendre les bonnes décisions afin d’assurer la stabilisation financière des USA. Et l’heure de vérité approche, puisqu’elle est fixée au 31 décembre 2012 à minuit. Les Américains la surnomment « the fiscal cliff », qui est devenu au Québec, avec notre bonne habitude de tout traduire en français, la falaise fiscale.

À ce jour, les deux partis politiques américains, Démocrate et Républicain, ont des vues opposées pour la solution. Lors de la récente élection présidentielle, le candidat républicain Romney a proposé la politique « aucune augmentation de taxes pour personnes ». Obama, qualifiant cette approche d’irresponsable, a répliqué en promettant de ne pas toucher aux taux d’imposition de la classe moyenne mais d’augmenter ceux des riches au niveau qu’ils étaient en 2001.

La victoire électorale d’Obama fut décisive et surprenante par son envergure. Aujourd’hui, les démocrates d’Obama maintiennent sa position électorale et les républicains marient celle de Romney. Ces derniers veulent surtout éviter toutes augmentations aux riches qui les appuient et les financent.

De plus, chacun est favorable à des coupures importantes des dépenses gouvernementales. Les républicains en proposent de plus radicales puisqu’ils devront compenser pour le manque de revenus qu’une augmentation de la taxe apporterait au trésor américain. Ils voulaient mettre la hache dans le nouveau régime de santé pour tous « Obamacare », mais le résultat de l’élection les en empêche. Ils veulent donc sabrer ailleurs et profondément, où ça fait mal !

À cause de l’écrasante majorité républicaine à la Chambre des représentants, une entente est nécessaire entre les partis si le président veut atteindre son objectif. Déjà, il a proposé l’adoption immédiate d’une loi spéciale pour garantir que les taux touchant la classe moyenne ne soient pas modifiés. Les républicains l’ont refusée et réclament un compromis, qu’Obama rejette.

Je crois qu’à la fin, les républicains cèderont. Ils ne peuvent faire autrement suite à l’humiliante défaite de leur parti à la dernière élection, malgré qu’ils aient dépensé des centaines de millions $ de plus qu’Obama. Ils se sont finalement rendu compte que l’argent n’assure pas toujours les victoires électorales. Se croyant gagnants, ils ont négligé les besoins et les opinions de larges franges de la population comme les moins nantis, les femmes et les latinos. Dorénavant, ils doivent penser à l’avenir pour gagner la présidence et le Sénat. Cela veut dire pour eux, chercher à récupérer le plus grand nombre possible de ces électeurs pour la prochaine élection. Emprunter la voie politique d’Obama pourrait les aider dans l’opinion publique.

Un autre problème pour les républicains est le fait que plusieurs de leurs actuels élus se pensent prisonniers d’un document qu’ils ont signé par lequel ils s’engageaient à ne jamais voter pour une augmentation de taxes. Ce serment « Taxpayer protection pledge "TPP" » a été signé par 236 des 242 républicains élus actuels de la Chambre des représentants et par sept des 47 sénateurs républicains. À mon avis, il allait contre le fondement du serment d’office de chacun de ces élus par lequel il s’engage à servir ses commettants le mieux possible nonobstant toute influence extérieure. C’est la peur de ne pas être réélus qui les a forcés à signer ce document véreux. Chacun d’entre-eux se sentait politiquement menacé par les groupes de droite, comme le Tea Party, qui, advenant une non-signature, déploieraient tous les efforts d’organisation et financiers contre lui.

Heureusement, depuis quelques semaines, certains représentants républicains, parmi les principaux, ont affirmé publiquement qu’ils ne respecteraient plus le TPP et supporteraient des augmentations de taxes. À ce jour, le nombre n’est pas suffisant pour assurer Obama que son projet pourra être voté par la Chambre des représentants. Mais à lire tout ce que je lis sur la question, j’ai bon espoir qu’il réussira.

Claude Dupras



jeudi 29 novembre 2012

La commissaire France Charbonneau a atteint son niveau d’incompétence et doit partir

La commissaire France Charbonneau qui dirige la commission d’enquête sur la construction devrait quitter son poste. Elle vient de confirmer, durant la dernière semaine, qu’elle n’a pas la capacité nécessaire pour mener à bien l’important mandat que le gouvernement lui a confié.

Dans sa conférence de Presse d’aujourd’hui, elle a répété ce qu’elle disait le premier jour de sa nomination à l’effet qu’elle protégerait les témoins et les réputations des Québécois qui seraient visés malencontreusement par les enquêteurs. De plus, elle disait vouloir inviter ceux qui se sentiraient injustement touchés par les déclarations devant la commission à venir s’expliquer.

Les deux derniers interrogatoires ont vu un enquêteur-policier venir énumérer à la demande de la juge, les noms d’une centaine personnes qui ont déjeuné ou dîné ensemble depuis une dizaine d’années dans un club privé de Montréal. Dès qu’il a complété sa déposition, l’avocat du parti libéral dans un court contre-interrogatoire est venu démontrer le ridicule et le danger de la situation. Puis, la commissaire a ajourné l’enquête publique au 21 janvier 2013. Les individus nommés et sur qui a été semé le doute à l’effet qu’ils font partie du système de collusion des entrepreneurs, n’ont pu réagir et venir s’expliquer. La commissaire Charbonneau n’a pas protégé la réputation des gens nommés.

Le maire Gérald Tremblay a quitté son poste suite à des accusations faites par un individu, Martin Dumont, dont la crédibilité sur quelques uns de ses avancés a été démolie par un contre-interrogatoire à la fin de son témoignage. Pour toute réponse, devant l’évidence, ce dernier a simplement répondu : « Eh bien si vous le dites , je me suis trompé…! » Pourtant il était sous serment. Quant au maire, il a voulu venir s’expliquer, mais la commissaire Charbonneau ne lui a pas répondu. Devant la rumeur publique grandissante, il a démissionné. Et aujourd’hui, encore, elle promet d’accueillir ceux qui veulent s’expliquer, mais seulement quand elle le jugera à propos.

Aujourd’hui, on a vu deux des personnes dont les noms on été mentionnés par l’enquêteur, l’ex-ministre Beauchamp et un dirigeant de l’ATM, faire le tour des medias pour pouvoir s’expliquer publiquement et se défendre. Et leurs explications sont très plausibles et on peut croire qu’elles n’ont rien à voir avec les insinuations mensongères du procureur de la commission. Combien d’autres sont victimes comme eux ? C’est intolérable !

D’autre part, les avocats des corps publics et des corps intermédiaires, se plaignent avec raison que les documents en rapport avec les dépositions des témoins ne leur sont remis que quelques heures avant les audiences. Ils affirment n’avoir pas le temps de se préparer pour réagir efficacement en contre-interrogatoire dans l’intérêt de ceux qu’ils représentent. Il est même arrivé, lorsqu’ils ont fait leurs demandes, que la commissaire leur a fait de « gros yeux » et a élevé la voix comme si elle était une maîtresse d’école… alors qu’elle avait de toute évidence tort. Pour la troisième fois, aujourd’hui, la Commissaire Charbonneau a promis de les satisfaire.

Ce n’est pas sérieux. Qui peut la croire !

Depuis deux semaines, la commission Charbonneau « tourne en rond », selon Le Devoir et plusieurs observateurs de radio et de télé. Je suis d’accord avec eux. Pour répondre à cette observation pertinente, la commissaire Charbonneau s’est défendue en rappelant que le procureur-chef de la commission a quitté le 16 octobre et que son adjoint a claqué la porte quelques jours plus tard. Depuis, deux avocats qui sont restés ont été promus, mais les places vides n’ont pas été comblées. Qu’attend-elle, elle qui se plaint de tout le travail à accomplir et justifie ainsi le fait qu’il n’y avait plus de témoins à présenter cette semaine ?

Il devient de plus en plus clair que la juge France Charbonneau a atteint son niveau d’incompétence. Elle a eu une bonne carrière juridique, mais bien mener une commission d’enquête publique est une tâche d’une hauteur différente. On n’a qu’à se rappeler le travail du juge Cliche et du juge Gomery, lors d’enquêtes précédentes, pour comprendre qu’elle n’a pas le sens de gouvernance requis pour diriger une machine aussi importante.

Claude Dupras

jeudi 22 novembre 2012

La Droite qui boite

L’UMP (Union pour un Mouvement Populaire), qui est le parti politique de Nicolas Sarkozy, vient de se tirer une balle dans le pied. La Droite forte, la Droite sociale, la Droite sécuritaire, la Droite libérale ont été remplacées par la Droite qui boite.

Le résultat de la récente élection à la présidence du parti a été vivement disputé. Il en résulte une querelle qui le blesse profondément et peut être mortelle. Alors que les socialistes ne cessent de dégringoler l’échelle de la popularité et que leur leader et président François Hollande peine à 36% dans les sondages, voilà que l’opposition de droite se déchire sur la place publique sur une question de principe et de morale.

Il en fut de même pour les socialistes lorsqu’ils choisirent Martine Aubry pour devenir la première secrétaire du parti devant Ségolène Royal. Les accusations de vols d’élection et de tricheries furent lancées dans la direction d’Aubry. Heureusement pour le parti, Royal se rallia finalement et la paix fut retrouvée et les malheureux incidents électoraux disparurent petit à petit de la mémoire collective.

Une chose est claire, c’est que l’on joue dur en France quant il s’agit de politique et de pouvoir futur. La morale et l’éthique, connait pas !

Le comité de l’élection de l’UMP a fait une erreur magistrale en déclarant Jean-François Copé officiellement élu. Il a omis de compter les votes de trois de ses fédérations outre-mer. L’organisation de François Fillon en vérifiant les documents a remarqué l’erreur qui sans elle aurait permis à son candidat de remporter la palme. Pour ajouter à l’insulte, le comité refuse de corriger sa décision prétextant qu’il est trop tard.

Cet imbroglio fait suite à une campagne électorale durement combattue. En tout temps, les sondages plaçaient Fillon hautement en avance. Pour gagner, Copé a fait une campagne électorale à la Romney. Sachant qu’un très grand nombre des membres du parti sont très à droite, il a pris des positions discutables qui frisaient celles du Front National. Romney, pour gagner, a flirté avec les teapartyers, les évangélistes, les anti-avortements, les porteurs d’armes, etc.. il a tout dit pour se rallier les délégués de la convention républicaine et il a réussi. Par contre, durant l’élection, il a changé son fusil d’épaule allant même contre ce qu’il avait dit lors des primaires. Cela ne lui a pas été profitable car les Américains ont la mémoire longue. Ce sera ainsi en France. Copé peut chercher à maintenir le poste de président de l’UMP mais il n’ira pas plus loin et risque de constater la décomposition de son parti par la migration de milliers de ses adhérents vers d’autres horizons.

Dans toute organisation démocratique et surtout politique, il est essentiel que tous les dirigeants soient élus légitimement. C’est pourquoi, je ne peux accepter la solution, proposée par plusieurs dirigeants de la Droite français, d’oublier l’élection et de choisir Alain Juppé pour diriger l’UMP avec l’aide de membres des deux factions Copé et Fillon et assurer ainsi la paix de la droite. Pour favoriser cette option, Fillon a annoncé qu’il n’est plus intéressé par la présidence de l’UMP. Ça, c’est de la petite politique au mauvais moment. Cela ne l’aide pas et il serait sage qu’il se ravise, car l’apport de Juppé ne peut être que provisoire. La démocratie l’exige.

Nous sommes témoins de la bataille de deux leaders politiques importants qui s’entredéchirent. Cela doit cesser sinon tout va exploser. Copé doit se ressaisir. Comment peut-il penser faire oublier une telle situation ? Pourquoi, simplement, ne pas accepter un recomptage complet des votes fait à la satisfaction des deux candidats afin que le vrai gagnant soit déclaré. Que ce soit lui ou Fillon ! Ainsi, par la suite, si c’est lui, il aura la crédibilité nécessaire pour parler politique aux Français et chercher, entre autres, à leur faire oublier les propos à la Romney qu’il a tenus durant la campagne. Sans cela qui va l’écouter ? Est-il suicidaire au point qu’il ne voit pas l’implosion possible de son parti, d’autant plus que les sondages indiquent, depuis plusieurs mois, qu’il n’est pas le favori des Français et traîne de la patte loin derrière Sarkozy et Fillon. Qui va vouloir se rassembler autour de lui dans une telle condition ?

Avant d’être politique, juridique ou un « putsh », cette situation est surtout une question de chiffres. Il faut simplement faire une bonne addition de tous les votes exprimés. Quand même !

J’écoutais Copé hier sur France 2 et il disait accepter que la contestation soit soumise à la Commission des recours de l’UMP. Par contre, Fillon s’y objecte car il n’a pas confiance dans cet organisme dont les membres ont été nommés par Copé en tant que secrétaire-général du parti depuis le temps de Sarkozy. Contrairement à ce qu’il avait dit précédemment, Fillon vient d’affirmer qu’il ne saisira pas la justice. C’est mieux. Maintenant, qu’il se plie devant les statuts du parti qui fixent la voie pour régler les contestations. Cependant, il devrait exiger que les deux candidats soient bien représentés auprès de cette Commission afin d’être témoins des délibérations et de l’examen de la totalité des résultats des bureaux de votes, le tout dans le calme et la sérénité. Ainsi, tout le monde sera assuré que le déroulement est normal. C’est la moindre des choses pour un parti qui a de l’honneur et qui a besoin d’un début d’apaisement pour régler de façon satisfaisante ce conflit majeur.

Fillon a parlé de fracture dans le parti et cela devient malheureusement évident. Un parti divisé qui porte sa guerre dans les médias ne peut gagner. Il faut que cette situation pitoyable se règle bien et bientôt car les élections municipales qui approchent verront à nouveau le rejet de la droite à cause de cette chicane de famille intolérable.

Que Jean François Copé et François Fillon fassent preuve de responsabilité et démontrent qu’ils œuvrent dans l’intérêt général. Sinon le désastre les attend et cela peut vouloir dire l’éclatement de l’UMP.

Claude Dupras

lundi 19 novembre 2012

Était-ce du vin italien ?

Lors de sa nomination à la Commission Charbonneau, chargée par le gouvernement du Québec d’enquêter sur l'octroi et la gestion des contrats publics dans l'industrie de la construction, plusieurs médias et blogueurs ont souligné ce que disait, quelques mois avant, l’avocat Roderick Macdonald sur une commission publique. Maintenant que plusieurs témoins ont été interrogés, il me semble utile de le rappeler : "Les commissions publiques les plus désastreuses ont été celles qui examinaient le passé pour enquêter sur des crimes allégués. Une bonne enquête policière peut dévoiler des faits d'une manière bien plus efficace qu'une commission. En fait, les commissions publiques ont souvent l'effet de compromettre la preuve qui aurait été nécessaire pour assurer l'assise d'une accusation criminelle. Par ailleurs, une commission n'a pas le pouvoir de condamner un malfaiteur. Sans parler du cirque médiatique qui peut en découler. Nos commissions ressemblent davantage à des chasses aux sorcières qu'à des enquêtes ayant comme objectifs de renouveler nos politiques publiques: bon spectacle, mauvais résultat !"

A ce jour, le siège du sous-commissaire Macdonald est vide. On ne le voit pas. On ne l’entend pas. Il a une bonne raison. Me Macdonald a dû subir une opération chirurgicale et est en convalescence. A voir et à entendre ce qui se passe à la Commission, je dis bien humblement qu’il est urgent qu’il apparaisse pour la réorienter.

« Inquisition ou Commission», est le titre qui coiffait l’article du journal Le Devoir qui traitait de la position de Me Macdonald sur la valeur d’une commission d’enquête. Le mot inquisition est sûrement trop fort, mais aujourd’hui il souligne le malaise que plusieurs, comme moi, ressentent de l’allure de certaines interrogations des avocats de la Commission.

D’autre part, il devient évident, de jour en jour, que les frappes de l’escouade policière Marteau et les perquisitions de l’UPAC (Unité permanente anticorruption) à ville Laval et dans d’autres villes, sont percutantes. Enfin, nous saurons ce qui en est de l’odeur nauséabond que dégage le pouvoir politique municipal depuis trop longtemps dans trop d’endroits. Marteau et l’UPAC, qui ont été mises en place avant la Commission, nourrissent cette dernière de dossiers composés de preuves solides et de noms de personnages à interroger. Il devient clair qu’une bonne enquête policière peut dévoiler des faits d'une manière bien plus efficace qu'une commission.

Les témoins devant la Commission ont l’immunité judiciaire. Ils ne seront donc pas traduits devant la justice pour tout ce qu’ils diront d’incriminant devant les commissaires. Donc, un bandit comme Lino Zambito, qui a utilisé la mafia pour obtenir des contrats et qui a été une machine à corrompre de fonctionnaires, pendant de longues années, ne pourra se voir accuser suite à ses nombreuses révélations à la Commission. Heureusement, la justice le poursuit déjà pour d’autres méfaits du même genre. De plus, il est présumé que sa déposition, ayant été donnée sous serment, n’est que vérité. Il est de même pour tous les autres témoins. Or, à ce jour, quatre témoins (Dumont, Vézina, Thémens, Thériault) ont nié catégoriquement les affirmations de Zambito.

Qui dit vrai ? Qui croire ? Les médias, eux, n’ont pas de problème avec de telles questions. Ils choisissent les dires les plus frappants. Par exemple, les deux derniers témoins, surveillants de chantiers, sont d’humbles techniciens qui œuvrent à la ville de Montréal depuis plus de vingt ans. Ils ont affirmé n’avoir jamais été soudoyés par de l’argent d’entrepreneurs. Pourtant, dans l’heure qui suivit, un invité, enquêteur de son métier, est venu affirmer à l’émission télévisée de Mario Dumont, qu’après avoir entendu ces surveillants "il était convaincu qu’ils avaient perçu des « enveloppes brunes »". Affirmation sensationnaliste, gratuite et injuste qui fait de la bonne télé, mais c’est tout !

Personnellement, connaissant bien la construction et comprenant leur travail de surveillance de chantier, je suis convaincu qu’ils ont dit vrai. Le cirque médiatique qui découla des affirmations non prouvées de Zambito fit en sorte que ces techniciens virent leur emploi suspendu sans solde par la ville. Cette situation demeure malgré leurs témoignages. Est-ce correct d’agir ainsi ? Où est la présomption d’innocence ?

D’autre part, leurs interrogatoires furent un vrai bal de bouteilles de vins, de billets d’hockey et de parties de golf. Ils ont admis, dès le début, avoir reçu des bouteilles de vins comme cadeaux de Noël, d’avoir accepté des billets d’hockey pour les matchs des Canadiens et d’avoir joué dans des foursome payés par les entrepreneurs lors de tournois de golf. Cela une, deux ou trois fois par an. Ils se sont défendus en invoquant le fait que c’était une coutume reconnue à la ville et qu’ils ne croyaient pas qu’il était mal d’accepter ces cadeaux. Pour eux, cela n’a pas influencé leur travail et leurs décisions. Malgré ces admissions et ces explications, les avocats de la Commission n’ont cessé, durant deux heures, de les harceler avec les mêmes insinuations. Un avocat a même demandé : "Était-ce du vin italien ?". Question non seulement insignifiante mais discriminatoire.

La très grande majorité des billets d’hockey et des loges du Centre Bell pour les matchs des Canadiens est achetée par des compagnies qui justifient ces frais d’acquisitions et ceux d’« entertainment » qui en découlent, comme des frais de représentations. Les gouvernements du Québec et du Canada les acceptent comme déductions pour le calcul de l’impôt. S’il n’en était pas ainsi, les Canadiens de Montréal n’auraient pas suffisamment de fonds pour maintenir l’équipe. Il en est de même pour les tournois de golf car sans eux, plusieurs clubs seraient en difficulté.

Quant aux bouteilles de vins, un très grand nombre de québécois en donnent en cadeau pour remercier les gens qu’ils apprécient. Ainsi, tous les ans, j’en donne une, entre autres, à la postière de Postes Canada de mon village pour la remercier de la bonne attention qu’elle porte à son travail. Une voisine donne une bouteille de vin à la maîtresse d’école de son fils pour signifier une reconnaissance de son dévouement. Je serais curieux de connaître le nombre, en milliers j’en suis certain, de bouteilles de vins qui sont donnés en cadeaux au Québec. On n’achète pas de faveurs avec une bouteille de vin d’une vingtaine de $. On exprime sa satisfaction et sa reconnaissance pour un travail bien fait! Les Québécois savent faire la différence entre ce qui est correct et ce qui est exagéré ! Nous ne sommes pas des « saintes-nitouches ».

J’aime bien le commissaire Lachance qui sait poser des questions pertinentes. Par contre, la commissaire Charbonneau, ne semble pas comprendre tout ce qui se dit et on peut le détecter par ses questions aux témoins. L’autre jour, entre autres, après un long interrogatoire d’un témoin, elle lui posa une question sur les « bons de commande ». Le témoin, surpris, la regarda longuement affirma ne pas comprendre sa question car il n’y avait pas de bon de commande dans son travail et n’en avait pas parlé durant son témoignage.

De plus, je crois qu’elle ne protège pas suffisamment les témoins, comme il se doit. Ces témoins sont interrogés avant de comparaître par les avocats de la Commission. Les avocats leur posent toutes les questions et connaissent toutes leurs réponses. C’est comme si c’était une répétition générale avant de rentrer en scène devant les caméras de télé. Nonobstant cela, les interrogatoires des deux surveillants de chantier furent exagérément poussées par les avocats de la Commission. C’est une démonstration de ce que j’avance. J’anticipe sur l’évolution de la situation au retour du commissaire Macdonald et espère qu’à ce moment-là, la Commission cessera d’être, par longs moments, une chasse aux sorcières.

Pendant ce temps, heureusement, Marteau et UPAC font leur travail. À la fin de tout ce processus, il me semble que ce seront les fruits du travail de ces organismes policiers qui permettront d’amener en prison les bandits qui ont trompé les Québécois et voler leurs biens. Quant à la Commission, on pourra lui donner le crédit d’un bon show télévisé !

Claude Dupras

mardi 13 novembre 2012

La France, au point tournant

La France vit des moments économiques difficiles. Ce n’est pas une surprise pour personne sauf, semble-t-il, pour les socialistes. On se rappellera que le président François Hollande a évité durant la campagne électorale de parler de ce sujet en déviant le regard des Français ailleurs et en leur offrant toutes sortes de bonbons pour se faire élire et il a réussi. Il a même bafoué le président Sarkozy lorsque ce dernier rappelait au peuple français la crise économique qui était à la porte de la France. Aujourd’hui, l’heure de vérité est arrivée.

Comme pour chaque décision importante qui se présente, Hollande et son premier ministre Ayrault ont créé un comité d’étude sur la compétitivité des entreprises manufacturières et industrielles françaises face à l’Allemagne. C’est Louis Gallois, ex-président de la compagnie européenne qui construit, entre autres, les Airbus, qui a été mandaté pour analyser la situation et faire rapport au gouvernement. Il vient de présenter ses propositions et espère qu’elles créeront un « choc de compétitivité » puisqu’elles visent à réduire le « coût du travail » en abaissant de 30 milliards d’euros les charges des cotisations sociales patronales et salariales. Ces chiffres ressemblent à ceux de la loi sur la TVA sociale proposée par l’ancien président Nicolas Sarkozy et qui a été adoptée mais rescindée par Hollande qui la trouvait « injuste ». Depuis six mois ont passé…

Le rapport Gallois a été accepté par Hollande, et son gouvernement vient de proposer 35 réformes dont un allègement des charges d’un montant de 20 milliards d’euros sous forme de crédits d’impôts. Toutes les entreprises françaises sont touchées puisqu’elles représentent « 85% de l’emploi salarié ». Le financement de cette décision coûteuse viendra de diminutions additionnelles des dépenses gouvernementales et de nouvelles taxes dont des augmentations de la TVA (tiens, tiens…). Ces coupures doublent celles déjà votées il y a deux mois par les socialistes et le tout constitue un régime d’austérité d’un niveau jamais vu depuis la deuxième guerre mondiale. Il est imposé par celui qui a affirmé haut et clair « je suis contre l’austérité » et qui n’a jamais fait référence ni au « coût du travail » durant la campagne électorale, ni à la réduction des finances publiques.

Gallois se montre heureux de la réaction positive du gouvernement et offre de participer au suivi de la mise en œuvre de ce « pacte pour la compétitivité » qui vise à favoriser la croissance et l’emploi. C’est de bon augure puisque ce pacte répond aux demandes du patronat et qu’une bonne partie des syndicats l’appuie. De plus, près de 75% des Français indiquent leur accord.

J’ai aussi l’impression que c’est la bonne solution puisqu’il est urgent d’agir car depuis l’arrivée d’Hollande à l’Élysée, plus 150 000 emplois salariés ont été perdus dans le pays.

Mais plusieurs s’y opposent dont un grand nombre d’élus de la majorité socialiste, la Fondation Copernic, les altermondialistes et autres mouvements, même s’ils partagent le diagnostic du rapport Gallois sur le déclin de l'industrie française et sur son déficit d'innovation.

Pour ces opposants, les socialistes n’ont pas à se rallier aux dogmes « libéraux » (en France cela veut dire « conservateurs ») puisque, disent-ils, ni les salaires, ni les cotisations sociales ne sont la cause de la désindustrialisation et du chômage de la France. De plus, ils ne veulent ni de la diminution des dépenses publiques ni d’augmentations de la TVA. Ils sont dans le ni-ni, au pluriel.

Alors que Gallois affirme que les entreprises n’ont pas suffisamment de marge de profit pour investir, comme il se doit, dans l’innovation et la recherche, les « ni-nieux » rappellent que malgré les augmentations de cette marge durant les années ’90, l'effort en recherche et développement (R&D) n’avait pas progressé.

Ils observent en plus que « la part des revenus nets distribués par les sociétés non financières en 2011 a atteint 9 % de leur valeur ajoutée, soit le point le plus haut depuis la seconde guerre mondiale » et concluent que les entreprises ont choisi d’augmenter les dividendes plutôt que d'investir dans l'innovation.

Ils estiment que le "coût du travail" plus élevé n'est vraiment pas le problème puisque depuis dix ans, les coûts salariaux unitaires français (salaire par unité produite) ont évolué comme la moyenne européenne. Quant à l’Allemagne, pour eux, elle n’a pas réussi à baisser son coût de travail moyen seulement par le gel des salaires mais aussi par la relocalisation de plusieurs segments de ses entreprises au centre et à l’est de l’Europe où les salaires sont plus bas.

Enfin, ils blâment la mondialisation qu’ils dénoncent comme étant la vraie source du problème.

Je crois que nous pouvons poser la question suivante aux opposants au « pacte de la compétitivité » : Où sont vos propositions ? : Le statuquo ? Maintenir le nombre de fonctionnaires alors qu’ailleurs on le réduit ? Abaisser les dividendes qui diminueraient les apports financiers au développement des entreprises ? Taxer davantage les riches, les créateurs, les innovateurs, les entreprises, sans tenir compte qu’ils sont les vrais initiateurs d’emplois nouveaux. Refuser que toutes les institutions publiques, à tous les niveaux, participent à l’effort de réduction des dépenses ? En somme, ces « ni-nieux » vivent dans le passé et sont incapables d’offrir des solutions pour l’avenir. Ils se bandent volontairement les yeux pour ne pas voir la France qui est techniquement en récession.

Et la mondialisation ? Pour l’Allemagne, ça ne semble pas être un problème puisqu’elle en profite grâce surtout à ses initiatives techniques. Pour les consommateurs que nous sommes, quels prix paierions-nous pour les produits dont on a besoin pour vivre et travailler ? Pour les populations des pays du sud, quelle serait leur qualité de vie s’ils n’avaient pas cet avantage de travailler et de fabriquer des produits pour les gens du Nord ?

Il est facile pour les opposants d’affirmer que le rapport Gallois a été préparé par « un patron qui propose des solutions de patron ». Je ne comprends pas pourquoi ils s’obstinent à ne pas reconnaître qu’une diminution des charges entraînera un « effet économique immédiat » et donnera l’espace requis par les patrons pour investir dans l’innovation, créer de l’emploi et vendre leurs produits à des prix compétitifs sur les marchés étrangers.

Le temps est venu pour tous les Français et Françaises d’appuyer leur gouvernement pour la relance des emplois dans leur pays. C’est la survie économique de leur pays et de l’Europe qui est en jeu. Ce n’est plus une question de droite ou de gauche. Rendue au point tournant, j’espère que la France prendra le bon virage.

Sur ce point, le président Hollande est maintenant en accord avec l’ancien président Nicolas Sarkozy. N’est-ce pas un cri de ralliement pour tous ?

Claude Dupras

mercredi 7 novembre 2012

La limite de mandats des maires: un réformette inutile

Çà ne tourne pas rond à Montréal, à Laval et dans certaines villes de la région métropolitaine montréalaise. Les révélations-affirmations de témoins devant la commission Charbonneau laissent entrevoir des problèmes importants de corruption. Les Québécois sont choqués de découvrir que des fonctionnaires hauts gradés ont manqué à leurs obligations professionnelles en trichant pour s’enrichir au dépends des fonds publics. Ils ont raison et il faut trouver les solutions pour mettre fin à ces pratiques et au système mafieux qui les a crées et financées.

La première solution présentée par le gouvernement Marois est de limiter à trois, le nombre de mandats des maires du Québec pour les villes de plus de 5 000 résidents. De toute évidence, c’est une réaction prématurée qui ne tient pas la route et qui est proposée simplement pour des motifs politiques. Ce gouvernement, qui se disait bien préparé à diriger le Québec, est composé de ministres que ne font que lancer des ballons qui éclatent dès qu’ils sont soufflés. Ces propositions ne résistent pas à la moindre contestation et la raison est simple : ce ne sont que des réactions pour montrer que le gouvernement est aux aguets et non des propositions bien réfléchies. Ce n’est pas sérieux.

La réduction des mandats n’assurera pas que les « enveloppes brunes » ne continueront plus de circuler. Ce n’est pas parce que le maire Tremblay en était à son troisième mandat que la corruption s’est implantée. Non, car on découvre petit à petit que ce système de collusion-corruption a commencé vers 1988 alors que Jean Doré était le maire de Montréal. Puis il y a eu le maire Pierre Bourque. Ces maires ont dirigé la ville durant deux mandats chacun et ils ont respecté les devoirs de leur charge. Ils n’étaient pas du genre d’individus pouvant être soudoyés. À Laval, le maire Vaillancourt en est à son cinquième mandat et je ne lui donnerais pas la communion sans confession, mais la réputation de Laval comme ville louche a commencé bien avant lui. Depuis la création de la ville par le ministre des Affaires Municipales Pierre Laporte en 1965, le manque de clarté dans les administrations qui se sont succédées en on fait un endroit suspect où les rumeurs de corruption circulaient sans cesse.

On ne peut démontrer que limiter le nombre de mandats éliminera la corruption. La preuve est faite par Gérald Tremblay. La corruption à la ville de Montréal s’est envolée durant ses deux premiers mandats de 2001 à 2009. Il y a même un témoin important qui a affirmé, sous serment, qu’elle a cessé au niveau des fonctionnaires lors de l’imposition d’un code d’éthique pour eux.

Les partis politiques municipaux sont-ils la source de ce problème puisqu’il favorisent que le pouvoir soit dans les mains de ceux qui dirigent le parti? Je ne le crois pas. Par exemple, Jean Drapeau et son Parti Civique ont dirigé la ville durant 30 ans avec intégrité, probité et honnêteté et ont réalisé des projets extraordinaires dont le métro, l’Expo67 et les JO de 1976. Ils ont créé le Montréal moderne. La ville de Québec est aussi un exemple avec ses maires Jean Pelletier, Jean Paul L’Allier et Gilles Lamontagne qui ont été chacun longtemps au pouvoir. Et là où il n’y en a pas, les échevins votent librement sur chaque projet, selon leur conscience.

Ce n’est pas la durée ni le système qui sont dangereux mais les quelques individus sans morale ni principes qui trop souvent s’intéressent à la politique et viennent gâcher la sauce.

Le vrai problème que j’entrevois, suite à tout ce qui se dit, sera inévitablement le manque d’intérêt de la part de personnes compétentes et capables de diriger notre ville. Voudront-ils accepter de devenir candidat aux élections municipales ?

Y-a-t-il trop d’élus au niveau des conseils municipaux ? Les rémunérations sont-elles suffisantes ? Que faire pour attirer des gens de qualité à ce niveau politique ? Quelle méthodologie de contrôle anti-corruption devrait être installée dans les villes ? Voilà le genre de questions à poser. La limite des mandats n’est qu’un faux-fuyant imaginé par le gouvernement Marois.

Le nombre des mandats d’un maire et sa durée à la tête d’une ville sont la seule responsabilité des électeurs. C’est ça la démocratie. Si Jean Drapeau a été maire durant 30 ans, ce sont les Montréalais et les Montréalaises qui l’ont voulu et décidé. Ce droit, ce privilège et ce pouvoir ne doivent pas être enlevés aux électeurs municipaux québécois.

Au lieu de proposer des « réformettes » insignifiantes qui n’ajoutent rien au bien être des citoyens comme cette question du nombre de mandats des maires, ou des élections québécoises à date fixe ou encore du plafonnement à 100 $ des dons individuels aux partis politiques provinciaux, etc., le gouvernement du Québec devrait dédier tout son temps à s’adresser aux vrais problèmes économiques et sociaux qui confrontent et affectent la population québécoise.

Claude Dupras

jeudi 1 novembre 2012

La commission Charbonneau et le maire de Montréal

Tout a commencé par le témoignage d’un entrepreneur en construction, le bandit Lino Zambito, qui a décidé de déballer son sac et de dévoiler avec force et détails, devant la commission d’enquête Charbonneau, la structure et les joueurs de la corruption qui font la pluie et le beau temps dans le domaine de la construction à Montréal avec la collaboration de la mafia sicilienne montréalaise.

Les témoignages qui suivirent de deux ingénieurs de la ville, dénoncés par Zambito, furent accablants. Ils ont admis que des entrepreneurs avaient monté un système de collusion pour obtenir des contrats et qu’ils avaient collaboré avec eux pour augmenter les prix d’environ 30%. En reconnaissance de leur complicité, les entrepreneurs tricheurs leur ont remis, en « argent sonnant », plus de 1 200 000 $. C’est moralement dégoûtant, révoltant et même démoralisant.

De plus, d’autres témoins sont venus incriminer Frank Zampino, l’ex-président du comité exécutif de la ville, affirmant lui avoir versé directement et indirectement plus d’un demi-million de $.

Enfin, ces premières révélations sont un début de réponse pour des ingénieurs qui, comme moi dans mon blog, expriment depuis plusieurs années leur incompréhension devant les dépassements des budgets de construction et la montée incompréhensible des prix. Je rappelle qu’en début 2009, j’ai réclamé « une enquête publique sur les coûts de la construction ».

Et ce n’est pas qu’à Montréal que l’on découvre la gangrène mafieuse. Laval, troisième ville du Québec, est dans la mire de la Commission et déjà son maire a quitté son poste, pour des raisons de santé, dit-il. Il semble aussi que ce soit de même ailleurs, comme dans la couronne nord de Montréal.

Et voilà que le maire de Montréal, Gérald Tremblay, est attaqué directement pour avoir supposément accepté du financement illégal pour l’élection des membres de son parti Union-Montréal au conseil municipal. Un jeune organisateur politique, chevronné selon ses dires, est venu témoigner pour expliquer que le maire savait que le collecteur de fonds de son parti recevait des visiteurs qui lui apportaient des liasses de billets de cinquante, de cent et de mille dollars, en quantité si grande qu’il n’arrivait pas à fermer son coffre-fort et qu’il a dû en acheter un autre de 4’X4’ ayant deux fois le volume du premier pour suffire à l’apport de la générosité des donneurs. Ces accusations spectaculaires ont marqué les média qui se sont lancés dans des critiques très violentes, parfois injurieuses, contre le maire. Au point que dès le lendemain, de partout fusaient des demandes de démission du premier magistrat.

C’est la partie que je n’aime pas de la Commission Charbonneau. Des témoins viennent et affirment des choses importantes qui seraient arrivées il y a cinq à dix ans et même avant. Ils se fient à leur mémoire et racontent ce qu’ils pensent. Dans les cas de Zampito et des ingénieurs, c’est leur propre personne qu’ils ont mise en jeu. Par contre, l’organisateur politique a visé le maire et son parti.

Il a affirmé des choses accablantes tout en se qualifiant, souventes fois, d’être un homme de morale, honnête, au jugement éthique et que c’était la raison de sa dénonciation. Quant à moi, il a trop souvent répété cela et j’ai eu des doutes quant à la véracité de sa déposition. L’avocat du parti Union-Montréal, dans son contre-interrogatoire, a d’ailleurs démontré les exagérations et les mensonges de ce témoin.

Ce dernier a affirmé, en autres, qu’un diner secret avait été organisé dans un club exclusif à Montréal pour une quinzaine de riches donateurs qui lui avaient remis des enveloppes avec des chèques de 10 000$ chacun au nom d’Union-Montréal, le parti du maire, et qu’il avait lui-même vérifié le nom sur chacun des chèques. Or, il s’avère qu’il y a eu d’innombrables chèques, allant de 250 $ à 10 000$, dont plusieurs de travailleurs et membres du parti Union-Montréal, adressés à « Comité Montréal » qui était le nom-parapluie de ceux, partis politiques ou autres, qui œuvraient contre la dé-fusion de Montréal. C’était légal et conforme à une loi votée à l’Assemblée nationale pour ce référendum tenu à Montréal. Le maire et son parti n’étaient pas les récipiendaires de ces chèques et les contributions n’étaient pas illégales. Tout était faux.

Puis, l’avocat a déposé une photo du coffre fort, qui ne mesurait pas 4’X4’ et a expliqué que les liasses de documents qui y étaient déposées étaient les formules de cartes de membres avec les chèques attachés et comme en période électorale les nouveaux membres sont nombreux, cela explique la grande quantité de documents. En somme, l’organisateur a fait une attaque malicieuse qui n’avait pas été contrôlée préalablement par la Commission.

Malheureusement, l’avocat d’Union–Montréal n’a pas été à la hauteur de sa tâche lorsque qu’il a voulu, par la suite, dénigrer le témoin en relatant des points faibles de son passé. Ce faux pas a fait en sorte que l’attention des média a été portée ailleurs et le but qu’il visait de disculper le maire et son parti a été embrouillé.

La commission Charbonneau doit prendre une leçon de cet évènement. Elle affirme interviewer tous les témoins avant leur parution devant les commissaires. À mon avis, elle se doit d’être plus rigoureuse afin d’assurer que les témoignages des individus qu’elle invite, ne dévient pas sur des insinuations mensongères aussi criantes que celles d’hier et qui peuvent nuire considérablement à la réputation de plusieurs personnes. Je ne parle pas ici seulement du maire de Montréal, mais de tous ceux qui viendront durant la prochaine année témoigner devant la Commission et qui viseront des centaines de personnes.

Quant au maire Tremblay, il est devant un dilemme. Il doit réfléchir à ce qu’est l’intérêt de Montréal. Il est certain qu’il y a un système mafieux qui s’est installé, sous son administration, avec la collaboration de hauts fonctionnaires et peut être même de membres de son exécutif qu’il a choisis. C’est intolérable. Même si le maire est un honnête homme, il n’a pas été à la hauteur de sa responsabilité de bon administrateur. On ne peut l’excuser.

Je ne vois pas comment il peut continuer à diriger la ville. D’autant plus qu’il vient maladroitement de présenter son nouveau budget avec une augmentation moyenne des taxes foncières de 3,3% et allant jusqu’à 5,5% dans les quartiers les plus pauvres. Avec tout ce qui se dit et s’écrit sur les coûts exorbitants et inutiles payés par la ville pour ses travaux, comment les payeurs de taxes peuvent-ils accepter une telle augmentation ?

Le maire doit partir immédiatement. Il dira qu’il est une victime, peut être. Mais ce qui compte avant tout, c’est la bonne administration et la réputation de la ville. La confiance des Montréalais et Montréalaises envers les dirigeants de leur ville doit être rétablie. Le parti au pouvoir, Union-Montréal, doit choisir dans ses rangs une personne pour agir comme maire intérimaire jusqu’à la prochaine élection de novembre 2013. Ce doit être un homme ou une femme capable d’assurer aux Montréalais que leur ville se ressaisit, collabore avec la Commission Charbonneau et fait tout ce qui est nécessaire pour tuer le cancer de la corruption qui la ronge.

Claude Dupras

jeudi 25 octobre 2012

Mitt Romney : le caméléon

Fils d’un ex-gouverneur du Michigan qui chercha en vain à devenir candidat présidentiel de son parti, candidat défait au sénat contre Ted Kennedy, élu gouverneur du Massachussetts, aspirant défait à la candidature présidentielle républicaine en 2008 et finalement candidat républicain contre le président Barack Obama en 2012, Mitt Romney a une longue expérience électorale et politique qui lui a permis de comprendre mieux que quiconque que la politique est un commerce d’images et d’illusions.

Il y a à peine quelques mois, lors des primaires du parti républicain qui précédèrent la convention du parti à Tampa en fin d’août dernier, le discours de Romney se situait à droite et à droite de la droite. Ce fut sa stratégie pour gagner la majorité de ces élections et devenir le candidat présidentiel de son parti. Le parti était dominé par les teapartyers, les évangélistes, les riches, les pétrolières, les fabricants de produits pharmaceutiques, etc., et, depuis 2010 par une nouvelle majorité à la Chambre des Représentants, élus grâce à leur politique de droite radicale.

Romney s’adapta à chaque occasion et n’y alla pas avec le dos de la cuillère pour se montrer sympathique. Les principes politiques ne pesaient pas lourds dans son argumentation. Il s’agissait pour lui de dire, tout en ayant l’air sérieux, ce que les républicains de ces États voulaient entendre, nonobstant ce que pouvait en penser une majorité d’Américains qui exprimaient leur désaccord dans les sondages.

Il atteignit son objectif et sortit victorieux de Tampa. Puis, avec sa nomination en poche, le toujours pragmatique Romney changea sa stratégie du tout au tout dans le but de convaincre une majorité d’Américains qu’il serait un bon président. Pour satisfaire son clan de droite, il choisit leur idole, le représentant Paul Ryan pour être son vice-président. Puis, il se repositionna politiquement. Sans gêne, il devint, par ses discours, centriste avec un penchant soit à gauche, soit à droite, dépendant des circonstances, avec le défi de maintenir sa crédibilité.

Et Romney l’a fait, et le fait très bien. Au point que le sondage de ce matin (24/10/12) de Gallup lui donne une avance de 5% des électeurs probables. Un revirement sensationnel qui découle principalement du premier des trois débats entre les deux opposants. Lors de cette rencontre, Obama, sûr de l’avance qu’il avait à ce moment-là dans les sondages, a cherché à maintenir le statuquo. De son côté, Romney a adopté un ton positif, poli, respectueux, dynamique, intelligent et clair. Il a démontré une attitude présidentielle qu’on ne lui connaissait pas. Il a réussi sa prestation au point qu’il a placé Obama sur la défensive. Il a agréablement surpris et les Américains l’ont soudainement aimé.

On sait que lors d’élections, les électeurs donnent généralement plus d’importance au caractère du candidat qu’à ses politiques. « Est-ce que je l’aime ? », pensent-ils. Récemment, les campagnes anti-sarkozistes et anti-charestistes en sont une démonstration et les ont amenés à ne pas aimer Nicolas Sarkozy ou Jean Charest.

Les citoyens ne comprennent pas tout ce qui se dit en période électorale mais ils veulent avoir le sentiment que le candidat sait de quoi il parle. C’est l’impression que Romney a laissée. Depuis, il grimpe dans les sondages. Les deux autres débats qui ont suivi, ont été gagnés par Obama, mais Romney n’a pas perdu de plumes. Pourquoi ?

Gallup nous donne des indices en soulignant l’effritement du vote des femmes, des latinos et de la gauche qui étaient à la base de la victoire de 2008 d’Obama.

Les femmes critiquent Obama pour avoir éviter de parler, durant le débat, de la contraception, du salaire égal et de l’attitude qui règne à Washington envers les femmes et leur rôle en politique.

Les latinos sont profondément déçus d’Obama à cause de son manque d’action pour la réforme des lois d’immigration.

La gauche américaine exprime son désappointement envers Obama à cause de promesses électorales non respectées : taxes des riches, Guantanamo…

Les sondages ne veulent pas nécessairement dire que Romney va gagner car un président américain n’est pas élu directement par le suffrage de tous les américains, mais par les grands électeurs de chaque État dont le nombre est lié à sa population. Ces électeurs sont choisis en proportion des votes recueillis par chacun des candidats dans chacun des États.

Il y a 538 grands électeurs et la majorité à atteindre pour devenir président des USA est de 270. Comme ailleurs, il y a des États qui sont fortement probables ou solides pour les démocrates ou les républicains. Ils représentent actuellement, selon les observateurs avertis, 201 grands électeurs pour Obama et 206 pour Romney. L’élection se joue donc dans les États indécis : Colorado (9 grands électeurs), Floride (29), Iowa (6), Michigan (16), Nevada (6), New Hampshire (4), Ohio (18) Pennsylvanie (20), Virginie (13) et le Wisconsin (10). Sur ces 131 grands électeurs de ces États, Obama doit en gagner 69 et Romney 63 pour être élu. De toute évidence, c’est très serré !

Pour rallier les États indécis à sa cause, chaque candidat devra s’adresser directement aux problèmes de chacun. En voici quelques exemples :

Au Michigan, où Mitt Romney à grandi et où son père a été fabricant d’automobiles et gouverneur, c’est la relance des grandes compagnies GM, Chrysler, etc… qui prime.

En Floride, c’est le très grand nombre de retraités qui craint les coupures dans la sécurité sociale et le Medicare.

L’économie de l’Ohio est malade et la classe moyenne souffre. Là, plus qu’ailleurs, on blâme la mondialisation pour la perte d’emplois et les coupures draconiennes proposées par les républicains de l’État.

En Pennsylvanie, c’est la population qui diminue.

Paul Ryan est un élu du Wisconsin. Mais il y a beaucoup de méfiance envers lui à cause de son approche budgétaire et de sa volonté de transférer au privé le plus grand nombre de programmes sociaux pour couper dans les dépenses.

En Virginie, comme ailleurs dans le sud américain, où le nombre de latinos et de noir croît, il y a des tensions nouvelles qui se dessinent.

La population de l’Iowa est généralement plus âgée et pour elle la stabilité des programmes sociaux et de santé est importante. L’agriculture est capitale et compte sur la continuation des subsides fédéraux.

Le Colorado change vite. Sa population estudiantine augmente rapidement ainsi que le nombre des latinos qui représente 22% de la population. L’économie est relativement bonne.

Le Nevada a un des plus hauts taux de chômage du pays. Il en est de même pour le nombre de familles qui ont perdu leur maison. Le manque d’emplois et la diminution des valeurs immobilières sont les problèmes principaux.

À ce jour, il semble que le caméléon Romney est sur la bonne voie. Mais rien n’est certain, puisque durant les derniers jours, la cote d’Obama s’est améliorée de 2% dans le Gallup.

Mais si j’étais Obama, je serais nerveux suite à des propos d’anciens supporteurs importants. Ted Turner, le fondateur de CNN, vient d’affirmer « Même si je ne suis pas en accord avec beaucoup de ce que Romney dit, je crois qu’il fera un bon président ». De même, Georges Soros, milliardaire américain, philanthrope, décrit l’administration Obama comme étant fatiguée. L’ex-président Jimmy Carter reconnaît que Romney a montré sa compétence comme gouverneur et organisateur des JO de l’Utah et ajoute « je serais confortable avec Romney comme président ».

Je crois que les électeurs américains doivent se poser la question « qui est le vrai Romney ? ». C’est la réponse qui déterminera qui sera le prochain président des États-Unis.

Claude Dupras

jeudi 18 octobre 2012

Et si les Anglais n’étaient pas partis !


C’est en lisant l’article « As Quebec decays, Toronto seizes greatness » (Alors que le Québec se détériore, Toronto s’imprègne de grandeur) de lord Black dans le National Post que le sujet de ce billet m’est venu.

Conrad Black est né au Québec. Diplômé, dans les années ’70, en droit à l’université Laval de Québec et en histoire à McGill, il achète le journal Sherbrooke Record qui dessert la minorité anglophone des Cantons-de-l’est. Ce sera le début d’une épopée extraordinaire durant laquelle il deviendra propriétaire d’innombrables et importants journaux canadiens, américains et britanniques, un baron de la presse. Il quitte le Québec pour Toronto et plus tard renonce à sa citoyenneté canadienne pour devenir citoyen du Royaume-Uni où il devient membre de la chambre des lords britanniques. Mais certaines de ses transactions d’affaires attirent l’attention de la SEC, l'organisme fédéral américain de réglementation et de contrôle des marchés financiers. En 2007, il se retrouve au milieu d’un scandale financier en rapport avec les entreprises de son holding et est traduit en cour pour fraude. En 2007, il écope de six ans et six mois de prison. On le libère sous caution en juillet 2010 et il attend le résultat de son appel à la condamnation, puisqu’il se considère innocent des charges portées contre lui. Black est aussi biographe et a écrit l’histoire de Maurice Duplessis, premier ministre du Québec et des présidents américains F. D. Roosevelt et Richard Nixon.

En tôle, Black écrit sur l’actualité politique et le National Post, qu’il a créé, reproduit ses textes. Depuis sa libération, il continue. Son plus récent, mentionné précédemment, a choqué un grand nombre de Québécois. Blogueurs et chroniqueurs francophones l’ont décrié. Black y explique les raisons de l’exode hors-Québec de 500 000 Québécois anglophones durant les années ’60 à ’90. Il blâme les pressions nationalistes, les hauts taux de taxes non-compétitives, la redéfinition sans fin de l’utilisation de la langue anglaise comme si c’était un privilège et que l’on peut amender sans cesse par des lois comme la loi 101, etc.

Plus de cent sièges sociaux de compagnies importantes et d'un grand nombre de leurs sous-traitants ont quitté le Québec. Le « brain drain » a coûté plus de 100 000 diplômés de nos universités qui nous ont quittés pour s’installer hors-Québec. Des hommes et des femmes d’affaires d’envergure, des professionnels expérimentés, des créateurs reconnus et autres de bon calibre nous ont laissé pour aller travailler ailleurs. Et je pourrais continuer… Mais mon propos n’est pas de ressasser tout ça, mais de poser la question : Et si les Anglais n’étaient pas partis ?

Mais avant d’attaquer directement cette question, on peut se demander si nos concitoyens anglais ont eu raison de nous quitter. Selon eux, leurs droits étaient bafoués, leur identité sociale diminuée, leur langue et leurs traditions attaquées malicieusement. À tort ou à raison, ils ne sentaient plus bien dans leur peau. Ils ont cru que l’air frais d’ailleurs leur permettrait de reprendre goût à la vie. Pour eux, le bonheur s’y trouvait, là était la liberté de faire ce qu’ils voulaient dans leur langue, là ils seraient respectés. Ils quittèrent la terre de leurs ancêtres pour mieux vivre sans contrainte. Pour aller vers ce rêve, ils ont laissé leurs parents, leurs amis, leur maison, leur milieu, leurs habitudes… Ce fut pour chacun une décision difficile à prendre. Je le sais car plusieurs étaient mes amis. Je m’imagine me retrouver dans une telle situation et comment ce serait douloureux de tout quitter. Il faut être vraiment découragé par ce qui se passe autour de soi pour en arriver à ce point. Ils l’ont fait.

Par contre, les a-t-on vraiment brimés dans leurs droits ? L’avocat québécois Christian Néron nous éclaire sur cette question. Diplômé en histoire et en psychopédagogie, il a réagit à l’article de Lord Black sur l’Aut’journal (http://lautjournal.info/) dans un article intitulé « Lord Black is wrong ».

Me Néron souligne qu’il n’y a pas de droit sans loi. Sa « genèse des droits linguistiques au Canada » nous ramène à la case de départ et à Louis XIV qui en 1663 fait adopter un « Édit de création » pour objet de mettre en vigueur dans la colonie, l’universalité des lois et coutumes qui ont cours dans le parlement de Paris. En matière de langue, le français devient la langue officielle de l’État et le roi l’impose comme langue des relations internationales, aux dépens du latin ».

En 1763, le Canada change de roi pour celui de l’Angleterre et de régime. Le statut de la langue française changera-t-il ? Non, car le gouvernement anglais applique une règle à l’effet que toute colonie acquise par conquête se doit de maintenir en place ses propres lois et coutumes à l’exception de celles contraires à la religion. Ils sont brillants, ces Anglais !

En 1774, le parlement de Westminster adopte l’Acte de Québec. Le français demeure la seule langue officielle du pays. La langue anglaise fait sa place dans les « usages », mais ce ne sont ni des lois ni des droits. Le français… était même favorisé par la « common law » applicable aux colonies de peuplement. Par contre, sur le plan judiciaire, l’Acte garanti pour la première fois des droits linguistiques aux anglophones de la province de Québec… et leur reconnaît le droit de conserver et de diriger leurs écoles sur une base confessionnelle.

En 1986, la loi sur la santé et les services sociaux permet aux anglophones de réclamer des services et des soins de santé dans leur langue
.

Je crois que l’on peut conclure, comme Me Néron que les « humiliations » ressenties par les anglophones suite à certaines politiques linguistiques du gouvernement du Québec découlent d’une méconnaissance du droit et d’attentes irréalistes fondées uniquement sur des droits supposés ou imaginés. La loi 101 est légale et a été reconnue comme telle par la cour Suprême du Canada. Les anglophones n’ont pas perdu de droits et la langue anglaise a conservé tous ses attributs.

Lord Black ne tient pas compte de l’histoire des lois linguistiques au Canada et semble croire que les « usages » de la période coloniale anglaise tiennent lieu de lois et de droits.

Quant aux centaines de milliers d’anglophones qui sont restés au Québec, ils se sont adaptés et ont bien gagné leur vie. Ils ont vécu les changements linguistiques. Ils ont envoyé leurs enfants dans les écoles élémentaires et secondaires de langue française. Ils les ont vus plus tard fréquenter et marier un ou une francophone (50% d’entre eux l’ont fait)). Ils ont constaté que leur communauté est devenue à 70% bilingue. Ils ont respecté le français comme langue d’affichage, le travail en français et les autres conditions de la loi 101. Certes, ce ne fut pas facile et plusieurs ont regimbé, mais généralement tout est tombé en place. Aujourd’hui, ils sont généralement heureux. Cependant, ils s’inquiètent des ondes négatives qu’émet le nouveau gouvernement Marois. Ils sont surpris qu’il ne reconnaisse pas tout le trajet qu’ils ont parcouru en rapport avec leur adaptation à la langue française.

Et si les exilés n’étaient pas partis, où en seraient-ils ? Où en serions-nous ?

. Ceux qui sont restés nous démontrent qu’ils auraient eu les mêmes opportunités qu’ailleurs.

. La loi 101 serait toujours en vigueur et leurs enfants seraient bilingues et non unilingues comme ils le sont aujourd’hui.

. Leur vie familiale et d’affaires auraient été normales puisque les contraintes d’opportunités qu’ils appréhendaient ne se sont jamais réalisées.

. Montréal serait toujours la métropole canadienne et au lieu d’être au 17e rang mondial comme centre de services financiers, elle occuperait probablement une des premières places (Toronto est 3ième).

. L’importance et l’influence de Montréal au pays et dans le monde seraient demeurées intactes puisqu’elle serait la ville où les deux nations fondatrices du pays vivent ensemble.

. Avec les études, mieux préparés et plus expérimentés, les francophones feraient partie de la direction et du management des compagnies, quelles qu’elles soient. Ils participeraient activement et contribueraient également aux succès des entreprises canadiennes.

. La population de Montréal compterait un million de plus de résidents et la très grande majorité serait bilingue.

. Montréal à cause de ses facettes bilingues et la compétence de ses citoyens et citoyennes serait devenue un aimant capable d’attirer les compagnies étrangères voulant un pied à terre en Amérique.

. Les sièges sociaux des grandes compagnies se seraient multipliés, tout comme ceux des compagnies de sous-traitance qui leur fournissent services et produits.

. Les carnets de commandes des fournisseurs et des sous-traitants installés à Montréal augmenteraient considérablement puisqu’ils seraient situés à proximité des départements d’achats des sièges sociaux des compagnies.

. On n’entendrait plus, lorsqu’on veut placer une commande pour un objet particulier « c’est back-order Toronto ».

. L’offre d’emploi serait supérieure dans tous les domaines.

. Le nombre de payeurs de taxes seraient fortement augmenté, particulièrement dans la catégorie des plus hauts salariés.

. Avec plus de citoyens, le Québec aurait beaucoup plus de députés au parlement canadien et son poids y serait proportionnellement plus influent.

Et je pourrais continuer cette liste… Mais pour terminer, j’en ajoute un, qui me touche personnellement : l’architecture.

Avant la crise linguistique, Montréal a connu un boom architectural remarquable grâce à la collaboration des plus grands architectes du monde. Parmi ceux-ci, il y a eu la Place Ville Marie de l’architecte Ieoh Ming Pei, la ville souterraine de l’urbaniste américain devenu montréalais Vincent Ponte, l’édifice de la Banque Canadienne Impériale de Commerce de l’architecte britannique Peter Dickinson, la place Westmount de l’architecte américain Mies Van der Rohe, la tour de la Bourse des architectes italiens Luigi Moretti et Pier Luigi Nervi, la biosphère de l’architecte-futuriste américain Buckminster Fuller, le stade olympique du français Roger Tailibert, Habitat 67 de Moshe Safdie, le Château Champlain de l’architecte québécois Roger Dastous qui réalisa plus tard le village Olympique et plusieurs autres projets d'architectes renommés qui ont changé le visage de Montréal.

Depuis, Toronto donne le pas avec des projets des plus grands architectes du monde. On nous dit qu’à Montréal on ne pourrait se payer un bâtiment comme le musée de Bilbao, construit dans la ville industrielle espagnole et dont l’architecture attire des centaines de milliers de visiteurs. Ce musée est l’œuvre d’un canadien, le célère architecte canadien Frank Gehry. Pourtant à Toronto, il vient d’être engagé à nouveau pour un projet important, qui s’annonce extraordinaire, de trois tours de 80 étages dans le district des théâtres.

À considérer les faits mentionnés précédemment, on peut conclure que le départ des Anglais de Montréal fut injustifié. Les malheurs qu'entrevoyaient leurs craintes ne se sont pas matérialisées. Montréal, eux et nous serions aujourd’hui en meilleure position s’ils étaient restés au Québec. Plusieurs justifient leur décision d’alors par la peur. Je crois que malheureusement, ils ont eu peur d’avoir peur.

Claude Dupras

samedi 6 octobre 2012

« How am I not une vraie québécoise ? »

Son nom est Jennifer Sykucki de Saint-Hubert, Québec. Elle est désespérée face à son statut de québécoise. Dans une chronique du journal « the Montreal Gazette », elle vient d’exprimer l’angoisse qu’elle vit en rapport avec son identité. Je connais plusieurs personnes qui vivent une telle situation.

Jennifer a fait ses classes élémentaires et secondaires en langue française. Mariée depuis 19 ans à un Québécois pur-laine, ils ont deux adolescents parfaitement bilingues. Chez elle, on parle le français et l’anglais. Avec ses amis et les enfants du voisinage c’est le français. Son identité est trahie par son accent et la façon anglaise qu’elle a de s’exprimer.

Le cimetière de l’île d’Orléans témoigne que ses ancêtres maternels sont des Québécois de souche remontant jusqu’au 17e siècle à Dieppe. Il y a plus de soixante ans, ses grands parents paternels arrivent au Québec, avec leur fils, leur vie et rien d’autres, de la Pologne et de l’Allemagne, pays occupés par les nazis. Son père parle l’anglais et le français avec un fort accent.

Jennifer est fière de ses deux branches d’ancêtres qui lui enseignent ce que ce sont le travail et la liberté. Jeune, elle est affectée par la discorde linguistique autour de la loi 101. La tension entre les communautés anglophone et francophone monte dans son milieu de la Rive-sud. Elle devient aux yeux de plusieurs, l’« anglaise ». Durant cette période difficile, elle rêve aux USA, un endroit où elle se sentirait complètement à l’aise intellectuellement et linguistiquement, pense-t-elle. Finalement elle ne part pas et vingt-deux ans plus tard, elle est en amour avec le Québec.

Elle lit le français et l’écrit parfaitement sans devoir référer à une grammaire. Elle parle les deux langues et n’en préfère aucune. Avec son mari et ses enfants, elle utilise les deux langues. Pour ses parents c’est le français, pour son père c’est l’anglais.

Chez le dentiste, le médecin ou pour autres services, on lui demande dans quelle langue veut-elle être servie, elle répond celle que son interlocuteur préfère. Quelques fois, elle oublie un mot français ou un mot anglais. Mais cela, ça arrive à tout le monde !

Jennifer aime les langues française et anglaise et se dit bénie de les connaître toutes les deux. Elle explique que lorsqu’elle va partout au Québec, au Canada, aux USA, en France et autres nations francophones et anglophones,elle n’est jamais perdue et comprend toutes les indications routières ou les explications verbales de ceux qui l’aident à trouver son chemin. Dans le monde, on la voit comme une canadienne-française.

Malgré tout cela, elle se considère une québécoise anglophone. Si elle devient émotionnelle, c’est l’anglais qui ressort. Si elle devient passionnée pour un sujet, c’est en anglais qu’elle exprime mieux ses sentiments.

Son fils, comme sa mère, se voit comme un anglophone. Une fois, à l’école maternelle où elle l’avait inscrit pour mieux apprendre son français, il rencontre des parents d’élèves et se présente en anglais. Un père lui fait remarquer sèchement : « Parle français, on est au Québec…icitte ». Cet incident la marque négativement et elle s’en rappelle encore. Il y a à peine quelques jours, suite à l’élection du nouveau gouvernement, son fils revient de l’école avec un air blessé et dit à sa mère : « aujourd’hui on m’a dit à l’école que je n’étais pas un Québécois ! ». Encore une fois, Jennifer ressent son cœur souffrir.

Si le gouvernement oblige les francophones à fréquenter exclusivement les CEGEPS français, son fils devra s’y inscrire même si un CEGEP anglais correspondrait mieux à ses ambitions académiques et futures. Le fait qu’il soit parfaitement bilingue ne change rien. Jennifer se souvient de son rêve de jeunesse et espère que son fils n’arrivera pas à la même conclusion soit celle d’aller vivre sur le sol américain.

Jennifer et ses enfants se sentent réprimés. Elle pose des questions :

Ne serait-ce pas votre sentiment, si votre gouvernement vous rappellait quotidiennement qu’il veut faire voter des lois pour vous mettre à votre place ?

Ne serait-ce pas votre sentiment, si les gens qui vivent près de vous, vous regardaient avec un certain mépris et vous disaient que même si vous avez vécu toute votre vie avec eux dans la même communauté vous n’êtes pas un des leurs ?

Ne serait-cas votre sentiment, si toute votre vie vous aviez fait tous les efforts pour être un vraie québécoise, apprendre la langue française… que vos concitoyens vous méprisaient comme si vous n’en aviez pas fait assez ?

Ne serait-ce pas votre sentiment, si comme adulte vous viviez dans un des meilleurs pays du monde libre et que vous ne pouviez pas choisir l’éducation la mieux adaptée à vos besoins ?

Le gouvernement Marois ne pourra probablement pas mettre en application les lois qu’il préconise à cause du fait qu’il est minoritaire, mais c’est surtout le tort qu’il représente pour les anglophones qui les effraie.

Jennifer est choquée parce que son fils se sent comme un citoyen de seconde classe. Elle est née au Québec, y a vécu toute sa vie et veut y mourir. Pour elle, le Québec du PQ, n’est pas son Québec. Elle parle français. Elle parle anglais. Elle est une anglophone. Elle est une Québécoise.

Le texte qui précède est puisé presqu’entièrement dans celui de Jennifer qui a paru le 1er octobre dans le journal Gazette. J’ai cru bon l’utiliser pour en faire un billet de mon blog. Je crois qu’il nous faut, nous les francophones, réfléchir sur les sentiments qui animent nos voisins et amis anglophones.

Jennifer est un vraie Québécoise même si son texte s’intitule « How am I not une vraie québécoise ? ». Avec ses parents et son mari, elle a toujours travaillé durement pour assurer à sa famille une bonne éducation, une bonne vie. Ils sont tous bilingues. Je comprends leurs frustrations devant les discours de certains politiciens qui parlent comme si au Québec, il n’y avait que des francophones. Ce n’est pas correct.

L’accès obligatoire des francophones aux CEGEPS français, que veut imposer le nouveau gouvernement, est non seulement pas nécessaire mais, à mon point de vue, un accroc à la liberté de l’individu.

Nos enfants sont francophones parce qu’ils sont issus d’un milieu familial français. Suite à leur éducation primaire et secondaire, ils ont, actuellement, le choix d’entreprendre leurs études collégiales dans un CEGEP français ou anglais. Il en est de même pour l’université. Parmi eux, une minorité choisit le CEGEP anglais, soit pour parfaire sa connaissance de la langue anglaise, soit pour profiter du curriculum particulier d’une de ces institutions ou encore des ouvertures qu’elle génère sur le milieu du travail. C’est son choix. C’est don droit. Une chose est certaine, on ne fera jamais un anglophone d’un enfant francophone.

Ceux qui comme le fils de Jennifer grandissent dans un milieu familial bilingue avec un père français et une mère anglaise ou vice versa, ont la possibilité d’être francophone ou anglophone. Certains diront que c’est un avantage. Lorsque le fils de Jennifer a choisi d’être anglophone, cela a choqué son père, même s’il est parfaitement bilingue et qu’il soit qualifié de francophone par la loi (à cause de la langue de son père). C’est son choix. C’est son droit. Lui enlever le droit d’accéder à un CEGEP anglais est un geste injuste et pas correct.

Par ailleurs, certains jeunes anglophones choisissent le CEGEP français pour améliorer leur capacité de parler français. C’est leur choix. C’est leur droit. Est-ce que la nouvelle loi les empêchera d’accéder à un tel collège ? Sûrement pas. Alors….

Le nouveau gouvernement doit oublier cette promesse électorale qui viendra tout chambarder, ouvrir de vieilles blessures et qui est tissée d’injustices.

J’espère que le cri de désespoir de Jennifer sera entendu.


Claude Dupras

mercredi 3 octobre 2012

Où étaient-ils les responsables de la construction à Montréal ?

Le 13 mai 2009, cinq mois avant que la députée Sylvie Roy demande à l’Assemblée Nationale la tenue d’une enquête sur la construction au Québec, j’écrivais le billet suivant sur mon blog :

Des prix de fous !

Rien ne va plus dans les coûts de construction à Montréal. Les dépassements des estimés prévus pour les grands projets d’infrastructures et de bâtiments importants sont incompréhensibles…. Tout passe du simple au double quand ce n’est pas au triple.

Nous avons tous constaté la flambée des prix de la construction de l’extension du métro à Laval, du projet de l’autoroute Ville-Marie, du contrat des compteurs d’eau de la ville de Montréal, des prévisions budgétaires pour les garages et les centres d’entretien pour l’Agence métropolitaine de transport (AMT), du Centre hospitalier universitaire de Montréal (CHUM) pour ne mentionner que ceux-là… car il y en a des dizaines d’autres. Les observateurs avertis sont surpris de cette situation tout comme le sont les citoyens qui y voient des augmentations futures de taxes foncières et autres.

Que se passe-t-il ? Sommes-nous victimes de fraudeurs ? Les estimateurs sont-ils de complets ignorants ? Y-a-t-il une mafia qui s’est installée dans le domaine de la construction avec comme but de souffler les prix et les profits ? Ce ne sont pas les questions qui manquent…

…J’ai oeuvré dans le domaine de la construction durant plus de 40 ans. J’ai créé, avec des associés, un bureau d’ingénieur-conseil qui fut très actif dans le domaine de la mécanique et d’électricité, en informatique et en gérance de travaux de construction… Jamais ai-je été témoin d’augmentation si sauvage des coûts de construction !...

…Le battage journalistique des derniers mois sur les différents projets de construction de la ville de Montréal et des autres organismes gouvernementaux, mentionnés précédemment, a marqué profondément une majorité des Montréalais qui y voient des scandales honteux. Les personnages impliqués par les médias sont venus, tour à tour, sur la place publique pour se défendre des insinuations qui pèsent sur eux et leurs entreprises.

Frank Zampino, l’ex-président du comité exécutif de la ville de Montréal, Jean-Pierre Sauriol, président du groupe d’ingénieurs-constructeurs DESSAU et les présidents des associations des constructeurs de routes et de grands travaux du Québec (ACRGTQ) et de la construction du Québec (ACQ), se sont tous expliqués. Pour eux, tout est beau et « tout le monde il est gentil » car ils ne voient pas vraiment de problèmes puisque tous les intervenants de leurs groupes respectifs sont qualifiés, efficaces, productifs, compétitifs et respectueux de l’éthique corporative et professionnelle…. À peine quelques uns admettent-ils la présence de quelques moutons noirs dans leurs rangs mais ils seront vite, disent-ils, chassés de la bergerie.

La Sûreté du Québec fait actuellement enquête sur certaines entreprises et plusieurs y voient là la solution au problème actuel. Je ne le crois pas, car la police ne traitera pas de ce que j’estime être les racines du mal qui ronge la construction, soient : une collusion malsaine chez plusieurs entrepreneurs, fournisseurs de matériaux et d’équipements; une improductivité grandissante chez les travailleurs; une incompétence évidente dans la planification des projets; une inexpérience manifeste dans l’estimation des coûts des projets; un manque de contrôle et de surveillance chez les donneurs d’ouvrage; une complicité malsaine entre les politiciens, les entrepreneurs et les professionnels; un manque de respect du principe des soumissions publiques dans le domaine publique; une éthique inexistante chez plusieurs intervenants, etc…

Une vraie solution serait la mise sur pied par le gouvernement du Québec d’une commission d’enquête sur les coûts de construction. Il est urgent de bien comprendre ce qui se passe afin de faire les corrections nécessaires car le Québec va entreprendre dans les cinq prochaines années plus de 45 milliards $ de travaux d’infrastructures….

CD


Pour lire ce billet en entier, voici le lien:
http://claudedupras.blogspot.fr/2009/05/rien-ne-va-plus-dans-les-couts-de.html">


Avec les premières révélations de la commission Charbonneau, mandaté pour enquêter sur la construction, tout devient plus clair. Oui, il y a eu collusions d’entrepreneurs, de fournisseurs de matériaux, et oui les prix ont flambé à cause d’elles ? etc..

Si je reproduis ce billet aujourd’hui, c’est pour demander pourquoi, lors de la flambée des prix, les responsables-experts de la construction n’ont pas posé publiquement les vraies questions ? Où étaient-ils ?

Où étaient ceux qui préparaient les plans et devis et soumettaient avec ces documents leurs estimations des coûts des travaux à entreprendre ?

Où étaient les experts-estimateurs, engagés par les clients, qui avaient comme seule mission de s’assurer que le projet était bien soumissionné et que les prix étaient réalistes, corrects et respectés ?

Où étaient tous ces professionnels lorsque les demandes de changements et les prix les accompagnant prenaient des grandeurs inhabituelles et scandaleuses même si les documents de construction du projet avaient été élaborés sur la base de programmes techniques bien définis et un budget très réaliste ?

Où étaient les chefs de services techniques des villes, responsables de la bonne réalisation de ces projets, dont le personnel ou les professionnels privés qu’ils engageaient avaient comme tâche de veiller à la bonne exécution des travaux, au respect des plans, devis et budgets ?

Où étaient les fonctionnaires provinciaux responsables pour le gouvernement du bon contrôle de ses projets de construction et que les consignes budgétaires du gouvernement soient respectées.

N’y-a-t-il pas eu suffisamment d’alertes, à gauche et à droite, pour que tous les responsables se réveillent, déterminent les sources de ces flambées de prix et avisent les élus que quelques chose ne tournait pas rond ?

Où étaient leurs associations professionnelles pour dénoncer cette situation fortement anormale. La Corporation des Architectes et l’Ordre des Ingénieurs ont demandé une enquête de la construction mais pourquoi le silence du côté des associations particulières ?

Comment est-ce possible qu’au moment où les prix grimpaient par coup de 30% et plus, des intervenants importants comme ceux mentionnés dans mon billet du 13 mai 2009 (Zampino, Sauriol, et les présidents des organismes), répondent des conneries à des questions importantes ?

Où étaient ceux qui exerçaient le pouvoir : maires, députés, leaders politiques ? Alors que les budgets de construction éclataient, que journalistes après journalistes exposaient de nouveaux faits dans leur média, pourquoi ces élus n’ont-ils pas exprimé tout haut leur incompréhension devant l’évolution irrationnelle des projets de construction ? Et malgré que les demandes d’une enquête publique venaient de tous bords, pourquoi le parti libéral résistait-il ? Pourquoi le maire de Montréal devant la hausse incompréhensible des prix de construction, affirmait-il qu’il n’y avait pas de problème à Montréal puisque le système des soumissions publiques était bien implanté ?

Certes, le gouvernement du Québec a mis sur pied des unités policières pour enquêter mais seulement après que la gangrène des prix soufflés aient atteint toutes les parties du corps gouvernemental. Quant aux partis d’opposition, ils ont joué leur rôle, mais leurs critiques ont surtout concentré sur des questions de patronage, qu’il fallait dénoncer, mais sans toutefois attaquer de plein fouet la question de la flambée des coûts de construction.

Et le rôle de la mafia ? Pourquoi, la Gendarmerie Royale du Canada (GRC) qui connaissait tous les joueurs de cette association criminelle de Montréal et qui savait, avec preuves à l’appui, que la collusion dans la construction à Montréal était organisée par le milieu depuis 2002, n’a-t-elle pas mis en garde les responsables politiques du Québec. Combien d’argent les gouvernements et les villes auraient-ils sauvé s’ils avaient vu clair dans la combine des entrepreneurs protégés par la mafia ?

Si la GRC ne voulait pas que ses sources soient dévoilées, elle aurait pu au minimum aviser le PM du Québec et le maire de Montréal afin qu’ils réagissent. L’a-t-elle fait ? Le maire de Montréal Gérald Tremblay affirme pour sa part qu’il n’en savait rien alors que sa ville, par son exécutif et son président d’alors Frank Zampino, n’a cessé d'accorder des contrats lucratifs de façon répétée suite à des soumissions « paquetées ». Jean Charest le savait-il ? Si Charest ne l’a pas appris. C’est grave. S’il le savait c’est encore plus grave. La vérité sur cette question doit être révélée aux Québécois. La GRC doit s’expliquer.

Tant d’interrogations et si peu de réponses.

J’espère que la Commission Charbonneau nous éclairera afin que la situation soit complètement changée. J’espère qu’elle s’attaquera aussi à l’improductivité grandissante chez les travailleurs; la baisse de l’éthique professionnelle; la collusion des fournisseurs de produits de construction, de matériaux et d’équipements; les manigances des syndicats avec des membres du groupe qui fraudaient Montréal, le manque de contrôle des donneurs d’ouvrage; la culture de corruption qui existe dans beaucoup de sphères de la construction dont celle des professionnels et autres éléments qui affectent les coûts de construction à la hausse.

Claude Dupras

mardi 25 septembre 2012

Les jumeaux François et Pauline

Ils sont tous les deux politiciens, ils sont de nouveaux élus au plus haut poste, lui de la France, elle du Québec. Elle l’aime. On le sait puisque, durant la campagne électorale, elle a affirmé que l’homme politique qu’elle aimerait le plus rencontrer au monde c’est François. Pas Mandela, pas Obama mais François ! Elle l’aime au point qu’elle l’imite. Tellement, que si ça continue, elle sera embarrassée. Oui, car trop embrasse mal étreint.

Hollande a combattu Sarkozy par l’anti-sarkozysme, c’est par l’anti-charestisme qu’elle a réussi à battre Charest.

Il a fait toutes sortes de promesses électorales pour attirer des d’électeurs de niches particulières, Marois a promis une multitude de choses de même nature et visé des niches semblables.

Hollande a promis de taxer les riches, elle a promis de taxer les riches.

Il a annulé les lois adoptées et les décisions de Sarkozy touchant la TVA sociale, le régime des retraites, l’exonération des heures supplémentaires, le projet immobilier construire plus, etc. Marois a décidé d’annuler les décisions adoptées par Charest dont la hausse des frais de scolarité, une partie de la loi 78, le 200$ pour les frais de santé, etc.

Hollande a nommé deux écolos comme ministres, elle en a aussi nommé deux.

Il annonce la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim, Marois annonce la fermeture de la centrale de Gentilly II.

Hollande vient de bannir l’exploration et l’exploitation des gaz de schistes, elle vient de décider la même chose.

Il propose deux nouveaux paliers d’imposition pour les hauts salariés, Marois dit vouloir imposer davantage les revenus de 130 000$ et 250 000$.

Hollande veut imposer un impôt rétroactif d’une année pour ceux qui ont eu des « faveurs » fiscales de l’ancien gouvernement, elle veut aussi imposer rétroactivement les hauts salariés pour compenser la perte de la taxe santé.

Il a défendu, encore hier, la laïcité en France, Marois veut faire voter une charte de laïcité pour le Québec.

Depuis son élection, François et ses ministres continuent à blâmer tout ce qui ne tourne pas rond sur Sarkozy, Pauline et ses ministres pointent toujours du doigt Charest et son parti libéral pour les « surprises » qu’ils rencontrent.

Et ça continue…

Les ressemblances dans les propositions, les décisions des deux chefs et leurs comportements quasi identiques laissent penser que Pauline Marois s’inspire profondément de ce que le président François Hollande et son parti socialiste font. Coïncidence ? Je trouve que ça en fait beaucoup pour que ce soit la réponse.

C’est comme si François étant né le premier, sa sœur jumelle Pauline copie tout ce que son grand frère fait !

Même si elle aime François et l’admire, je crois qu’elle devrait être plus prudente et avoir une approche plus pertinente à la politique québécoise surtout lorsqu’elle constatera qu’Hollande a baissé de 11% dans l’opinion populaire depuis son élection, la plus forte baisse de tous les présidents de la Ve république française, sauf une exception. Marois l’imitera-t-elle encore ?

Claude Dupras

lundi 17 septembre 2012

Lucien Bouchard, un vrai Québécois !

Il est un des grands tribuns charismatiques de l’histoire de notre nation québécoise Ce fut une campagne référendaire remarquable que celle de 1995 lors de laquelle Lucien Bouchard, selon ses mots, « a amené les Québécois à la frontière de la Terre Promise ».

Aujourd’hui, les plus fervents séparatistes-souverainistes-indépendantistes le critiquent comme s’il était le dernier venu. Certains l’accusent même d’avoir fait perdre cette campagne référendaire alors qu’il l’a littéralement sauvée au moment où elle plafonnait dans l’opinion publique sous la direction du PM Jacques Parizeau. D’autres, aujourd’hui, pour des motifs que je ne comprends pas, mais qui me semblent dictés par des sentiments personnels, ne cessent de chercher à noircir sa carrière d’avocat et d’homme politique.

Cultivé, racé, dynamique, intransigeant, compétent, laconique et tribun persuasif, Bouchard est un homme qui s’est toujours tenu debout. Le début de sa carrière légale est brillant. Jeune avocat spécialisé dans les relations de travail, il est vite reconnu par les dirigeants politiques quelque soit le parti. On lui confie plusieurs tâches importantes où il fait sa marque dont celle, en 1974, de premier procureur de la Commission Cliche créée pour investiguer sur les problèmes dans le domaine de la construction. Les audiences de la Commission sont télévisées, une première au Québec, et Bouchard impressionne les Québécois qui le découvrent et qui apprécient sa rigueur et la clarté de ses propos.

Nationaliste dans l’âme, Lucien Bouchard supporte activement le « Oui » lors du référendum de 1980. Puis, il participe à la montée politique de son ami d’université Brian Mulroney qui devient premier ministre canadien en 1983. Bouchard est l’un de ses penseurs et comme « speechwriter » est l’auteur de remarquables discours que Mulroney prononce sur les relations Québec-Canada.

Nommé ambassadeur du Canada à Paris, il parle beaucoup du Québec. Il est rappelé pour devenir ministre d’état en 1988 puis ministre canadien de l’environnement. En 1990, Bouchard appuie l’accord du Lac Meech parce qu’il situe bien, une fois pour toutes, le rôle du Québec dans la gouvernance canadienne. Mais l’accord n’est pas adopté. Puis, Bouchard est torturé par les modifications à l’accord qui sont proposées par un comité dirigé par le député progressiste-conservateur Jean Charest et qui sont approuvées par Mulroney. Il rompt avec son ami sans l’avertir alors que Jacques Parizeau, à Alma, lit la lettre de démission de Bouchard qui invoque, pour se justifier, la vision de René Lévesque.

Député indépendant, il fonde le Bloc Québécois avec des amis des deux partis canadiens. Ce sera un parti fédéral dédié à séparer le Québec du Canada. À l’élection qui suit, le Bloc, avec l’aide du Parti Québécois (PQ) remporte 54 des 75 comtés et Bouchard devient chef de l’« Opposition officielle de sa Majesté », à la surprise des Canadiens. Un tour de force aussi impensable qu’incroyable. Il profite alors de chaque occasion pour promouvoir le Québec et son idéal de la séparation.

En 1994, Bouchard est amputé d’une jambe suite à l’attaque de la « bactérie mangeuse de chair » qui aurait pu lui être fatale. Les Québécois sont profondément émus. En 1995, lors du référendum, au moment où la campagne du « OUI » va nulle part, les Québécois le réclament. Des foules énormes et enthousiastes viennent à sa rencontre dans tous les coins du Québec et il devient le vrai chef du « OUI » repoussant dans l’ombre le PM Parizeau qui est en manque de charisme. Bouchard propose un pays indépendant associé au Canada, au grand dam de Parizeau qui finalement accepte l’idée. Le « OUI » reçoit 49,4% des votes.

La défaite référendaire est lourde pour Parizeau. Les péquistes veulent sa démission car il voit en Bouchard un nouveau chef capable de les maintenir au pouvoir. Suite aux pressions, Parizeau démissionne. Lucien Bouchard quitte aussitôt le Bloc, est choisi chef du PQ et assermenté comme premier ministre du Québec.

Bouchard déclare qu’aucun référendum ne sera tenu tant que les « conditions gagnantes » ne seront pas réunies pour le gagner. Il entreprend d’assainir les finances québécoises.

Le PQ est réélu en 1998 même s’il obtient moins de voix que le parti libéral. Il poursuit l’opération « déficit zéro » et congédie 30 000 haut-fonctionnaires dans les domaines de la santé, de l’éducation, du transport, de la recherche… Depuis, c’est le bordel partout..

Un ami, chef-chirurgien de Ste-Justine, quitte son travail puisque son équipe d’infirmières est décimée. Un patron du CRIQ m’affirme qu’il doit refuser des essais et des recherches pour des industries car trop de ses chercheurs expérimentés ont été mis à la retraite forcée. Un ingénieur-en-chef du ministère des Travaux Publics me confesse qu’il est devenu presque impossible de contrôler la qualité et les budgets des projets de construction pour les mêmes raisons. Voilà pourquoi, j’ai toujours estimé que Bouchard ne fut pas un bon PM du Québec puisqu’il a coupé exagérément les budgets des ministères sans tenir compte des conséquences que l’on ressent encore aujourd’hui. Il a aussi créé d’immenses et coûteux problèmes à plusieurs municipalités, dont la ville de Montréal, en leur imposant de fusionner et cela sans tenir compte de tous les référendums tenus dans ces villes par lesquels leurs citoyens se sont fortement prononcés contre cette décision.

Certes, il a réussi de bons coups comme les garderies à 7$, Emploi-Québec, un budget balancé… Sous ses mandats, il a contribué à la diminution du chômage et l’économie a repris vie, mais il n’en est pas le seul responsable. Ses actions positives ne sont pas suffisantes pour faire oublier les dégâts qu’il a laissés derrière lui.

En début 2001, les tensions augmentent au PQ et Bouchard donne l’impression d’être fatigué. Il quitte subitement la politique invoquant toutes sortes de bonnes raisons et devient associé d’une importante étude d’avocats de Montréal, où il roule sa bosse. Malgré son travail, il intervient régulièrement depuis pour donner publiquement son opinion sur des sujets précis et ses sorties démontrent qu’il a toujours hautement à cœur le bien du Québec.

Depuis son départ de la politique, Bouchard est de plus en plus critiqué par les « purs et durs » séparatistes qui rivalisent de mots durs et bêtes pour le dénigrer alors qu’il affirme être toujours péquiste et indépendantiste. Une chose est certaine, il a ses qualités et ses défauts mais ses actions et ses mots ont toujours démontré qu’il est un vrai Québécois.

Je n’ai jamais partagé les opinions politiques de Lucien Bouchard sur la question nationale mais j’ai toujours admiré son intelligence, sa force de caractère, son talent oratoire, sa présence et son sens de démocrate. Comme lui, je suis nationaliste, mais je ne le défends pas de la même façon. Que l’on combatte ses positions sur le développement des gaz de schistes, de l’extraction du pétrole, etc… j’en suis, Mais que les critiques s’attaquent à ce patriote, je crois que c’est infâme et totalement injuste.

Lucien Bouchard a démontré aux séparatistes-souverainistes-indépendantistes qu’ils ont besoin, pour gagner un prochain référendum, d’un chef solide, cultivé, intelligent, au sens patriotique élevé et qui est un orateur populaire à l'éloquence puissante et directe pour persuader les Québécois et Québécoises de renier le Canada. Tant que cette personne ne sera pas au rendez-vous, leur option ne passera pas la rampe.

Bouchard a raison d’affirmer clairement qu’un nouveau référendum ne serait pas gagnant pour le « OUI ». En réalité, il ne fait qu’exprimer hautement, à sa façon, le cri des Québécois lors de la dernière élection générale et leur sentiment exprimé par les sondages depuis quelques années. Actuellement, l’importance est le développement du Québec et c’est là-dessus que le nouveau gouvernement péquiste doit se concentrer. On n’a pas de temps à perdre !

Claude Dupras