mardi 31 mars 2009

Adieu, veaux, vaches, cochons… patrimoine

La récente séance de consultation de l’Office de consultation publique de Montréal, a démontré qu’il y a peu de Montréalais et Montréalaises qui montent sur les barricades pour la défense du patrimoine canadien-français. Peu de politiciens, peu d’hommes ou femmes d’affaires, peu de monsieur et madame tout-le-monde. C’est triste de constater ce manque d’intérêt pour les reliquats de l’histoire de Montréal et du Québec.

Si la France avait réagi ainsi, elle ne serait pas aujourd’hui ce qu’elle est, un des plus beaux et intéressants pays du monde. Là-bas, les bâtiments religieux anciens appartiennent à l’État et il en prend soin. Chez nous, c’est la piastre qui parle et lorsque ça coûte trop cher on vend et ce sont les promoteurs qui en prennent soin, à leur façon.

La direction de l’Université de Montréal, qui a accepté l’offre du promoteur pour ce bâtiment, a répondu à ceux qui s’opposaient au changement de vocation du bâtiment, d’éducationnel à condominium à logements, que la structure de cet immense édifice est trop faible pour supporter des classes d’élèves et des bibliothèques. Évidemment, elle n’a pas soumis de rapport d’ingénieurs à cet effet. Cette affirmation me surprend puisqu’il y a eu de nombreuses classes dans cette maison-mère durant toute sa vie. J’ai été moi-même élève dans une de ces classes durant deux ans.

Par ailleurs, dans un futur pas trop lointain, l’U de M planifie de déménager la faculté de musique au site de l’ex cour de triage où l’université construira de nouveaux bâtiments pour répondre à ses besoins grandissants. Elle quittera donc le magnifique édifice de l’école de musique de Vincent d’Indy, situé entre le Mont-Jésus-Marie et le bâtiment principal de l’U de M. Qu’en arrivera-t-il ? De nouveaux condos ? Cela semble la seule solution pour la direction de l’U de M qui montre un manque d’imagination surprenant.

Si comme peuple nous ne pouvons nous réveiller et reconnaître l’importance de protéger notre patrimoine pour les générations de demain, Montréal deviendra une ville sans âme et sans histoire palpable. Chacun peut faire sa part, à mon avis devrait faire sa part, et comprendre qu’ensemble nous sauverons le passé de notre peuple pour celui du futur.

« Pour savoir où l'on va, il faut savoir d'où l'on vient ».

Claude Dupras

vendredi 27 mars 2009

Vers un référendum-bidon

L’Office de consultation publique de Montréal (OCPM) vient de tenir ses trois derniers jours de consultation sur la transformation du Mont-Jésus-Marie en condominiums. 95% des nombreux mémoires soumis oralement et déposés ont dit NON au projet du promoteur. Malheureusement, dans les OUI, on retrouve le mémoire du comité consultatif d’urbanisme de l’arrondissement d’Outremont (qui était fort divisé sur la question) et celui de la ville de Montréal qui a dit un "OUI-mais". Ce qui me fait dire que malgré la décision de l’OCPM, pour ou contre le projet, c’est la ville de Montréal qui décidera finalement puisqu’elle n’avait pas à se soumettre à cette procédure de consultation à cause de l’article 89 qui créa l’OCPM et qui se lit : « Le conseil de la ville peut, par règlement, permettre, malgré tout règlement adopté par le conseil d’arrondissement, la réalisation d’un projet relatif à un bien culturel… » Le Mont-Jésus-Marie tombe dans cette catégorie.

Logiquement, le conseil municipal de Montréal sera appelé à donner son accord à cette proposition conformément aux recommandations du mémoire présenté par la ville. Pour s’en laver les mains, il votera pour le projet à la condition qu’il soit accepté par un référendum où seront appelés à voter les électeurs des dix zones adjacentes au projet. En principe, cela semble bien, mais en réalité ce n’est que de la foutaise.

C’est de la foutaise parce que la ville de Montréal a déjà décidé des sujets qui seront soumis à l’approbation référendaire. Ils sont énumérés dans son mémoire. Elle ne veut pas d’une question simple comme « Êtes-vous pour ou contre la transformation du Mont-Jésus-Marie en condominiums ? ». Non, elle limite les questions aux électeurs à ce qui suit :
.1 L’usage communautaire de la chapelle et l’occupation accessoire à des fins d’enseignement et de recherche.
.2 Les dépassements mineurs de la hauteur et les agrandissements du bâtiment.
.3 Les stationnements souterrains et extérieurs dans les cours.
.4 Les usages permis dans les marges.
.5 Certains éléments de l’aménagement paysager.


En somme, relativement, des bagatelles !

En demandant aux électeurs s’ils veulent OUI ou NON un référendum sur ces questions, je doute qu’ils se déplaceront pour inscrire « Oui » au registre de la demande du référendum. Même si les questions de la ville ont une certaine importance, le fait qu’elles sont si éloignées du vœu de la majorité des gens des zones entourant le Mont-Jésus-Marie, fera en sorte que ces électeurs se révolteront contre la magouille de l’administration de la ville de Montréal et n’iront pas s’inscrire.

J’espère que le maire de Montréal et son administration se rappelleront qu’ils doivent faire face à l’électorat, dans huit mois, pour demander un nouveau mandat. Je sais que la mairesse d’Outremont et ses coéquipiers, membres du parti politique du maire de Montréal, sont inquiets. Celle-ci a négligé de persuader son comité consultatif qui s’est prononcé pour le projet du promoteur, mais après ce qui s’est dit lors des six jours de consultation durant lesquels un très grand nombre d’ « Outremontais » se sont opposés avec force et intelligence au projet, elle craint maintenant la réaction électorale de ses commettants qui font partie de l’intelligentsia québécoise et qui sont sensibles à ces questions importantes. Avec raison.

Toute cette procédure est révoltante. La politique des référendums a été acceptée pour permettre aux citoyens de s’exprimer sur des sujets importants qui touchent leur milieu. Les hommes d’affaires s’opposent aux référendums car ils affirment qu’ils nuisent au développement de Montréal. Aujourd’hui, j’apprends que le gouvernement du Québec s’apprête à plier devant le milieu des gens d’affaires et la Chambre de Commerce et envisage, par un prochain projet de loi, d’éliminer la loi sur les référendums à Montréal. S’il fait cela, il fera une erreur grave.

Les citoyens de Montréal ne sont pas opposés au développement de leur ville mais ils sont contre le promoteur qui vient tout bouleverser sans tenir compte de l’environnement et de la situation de leur société. Ils se sont prononcés, dans le passé, sur la question de la relocalisation du Casino près du centre de Montréal et ont réussi à arrêter heureusement ce projet infâme. Ils réussiront aussi à arrêter le grand projet de Griffintown, un vaste centre commercial, qu’un promoteur veut implanter dans ce quartier de Montréal alors qu’il devrait être dédié à l’habitation, selon les urbanistes et le bon sens. Encore là, je prédis que les citoyens gagneront contre les spéculateurs qui ne veulent utiliser Montréal que pour « faire une piastre vite ».

Quant au Mont-Jésus-Marie, Montréal doit changer son approche et poser la seule et vraie question. Je la répète : « Êtes-vous pour ou contre la transformation du Mont-Jésus-Marie en condominiums ? ».

On veut un vrai référendum pour conserver ce patrimoine qui touche particulièrement les femmes éducatrices du Québec par sa vocation passée et qui est un objet d’art global par son architecture, par les œuvres des grands artisans du passé qu’il contient et sa situation urbaine. Pas un référendum-bidon qui semble organisé avec, par et pour le promoteur.

Claude Dupras

dimanche 22 mars 2009

Le Canada, le pays le plus anti-palestinien.

Le gouvernement canadien vient de refuser le droit d’entrée au Canada à un député du parlement britannique pour la raison qu’il aide le Hamas et que ce dernier est classé aux USA et ici comme un groupe terroriste.

Personnellement, j’ai toujours pensé que le Hamas est un mouvement de résistance devant l’invasion israélienne et qu’il est composé de plusieurs groupes dont un groupe qui utilise des méthodes terroristes. Ce n’est pas un mouvement de terroristes comme on l’entend lorsqu’on parle d’Al Quaïda.

Dans son article d’aujourd’hui, le journaliste Patrick Lagacé, de La Presse de Montréal, partage mon opinion en écrivant : « Pour le Canada, le Hamas est un groupe terroriste (la réalité est plus complexe, le Hamas a une détestable branche armée qui commet des actes terroristes, mais c’est aussi un parti politique dûment élu et un groupe social qui offre des services appréciés aux Palestiniens ; … ; le Hamas est donc l’objet de sanctions de la part de pays comme le Canada et les USA, mais l’Australie et la Grande-Bretagne ne considèrent que les Brigades al-Qassam du Hamas comme un groupe terroriste ; … j’espère que cette nuance ne me vaudra pas la révocation de ma citoyenneté canadienne…) ».

Le Canada empêche le député George Galloway de venir à Toronto pour parler le 30 mars prochain sur « La résistance de Gaza à Kandahar » devant « la coalition canadienne pour arrêter la guerre ». Le porte-parole du ministre canadien Kenney prétend que ce sont pour des raisons de sécurité nationale que cette décision a été prise.

Pourtant, Galloway a rencontré, il y a moins de trois ans, les membres du congrès américain pour exprimer son opinion et cela à leur demande. C’était dans le temps de Bush qui avait fait qualifier le Hamas de mouvement terroriste.

De plus, on se rappellera que lors de la dernière guerre mondiale le parti communiste, contrairement à ce qui se passait aux USA, n’avait pas été disqualifié comme parti politique canadien et avait même fait élire un député au centre de Montréal dans la personne de Fred Rose.

J’ai vu et entendu à la télé, dans le passé, le député Galloway. Ce n’est pas un individu facile même s’il est intelligent. Son style combatif n’en fait pas un bon vendeur même s’il dit tout haut certaines vérités. Il est brusque et ne se montre pas très agréable. Personnage coloré et amusant, son discours ajoute peu au débat. Le résultat de ses prestations-médias est souventes fois un « flop ». Un type comme Galloway représente une opinion minoritaire et cela devient évident lorsqu’il parle.

Nous sommes un pays démocratique, libre et pour plusieurs autres pays, un modèle. La censure du gouvernement canadien est une parodie qui fait mal à la réputation de pays ouvert et tolérant que le Canada a dans le monde. Cela laisse penser que nous avons peur de ce que Galloway a à dire.

Refuser à quiconque de venir parler pour donner ses opinions au Canada est une erreur. Prétexter que c’est pour une raison de sécurité nationale, c’est ce « fouter » de nous ! Tout ça, sent le fascisme.

Avec le parti conservateur, voilà que le Canada devient le pays le plus anti-palestinien de tous les pays occidentaux.

Claude Dupras

Ps. Patrick Lagacé a reçu plusieurs commentaires qui paraissent dans le journal. Parmi ceux-là, j’en ai compté 71% qui s’opposent à cette interdiction. Je ne suis pas surpris.

vendredi 20 mars 2009

Le parti conservateur et le Québec

Rien ne va plus au Québec pour le parti conservateur du Canada sous la direction du PM Stephen Harper. Les derniers sondages indiquent que la cote de popularité du parti est descendue à 10% et que s’il y avait élection aujourd’hui, il perdrait plusieurs des 10 sièges qu’il détient dans la belle province.

Rien n’a jamais été facile au Québec pour le parti conservateur. Les canadiens-français n’ont jamais oublié la pendaison de Louis Riel par les Conservateurs de John A. Macdonald et la conscription obligatoire imposée par les Conservateurs lors de la première guerre mondiale. Cela fit en sorte que le parti ne gagna que deux fois au Québec. En 1958, le chef du Parti Progressiste-Conservateur du Canada (PPC) John Diefenbaker, issu de l’ouest Canadien, y fit élire 50 députés. En 1983 et après, le Québécois Brian Mulroney obtint deux mandats majoritaires à la Chambre des Communes.

Diefenbaker fut la plus grande surprise, car non seulement il ne parlait pas le français, on le qualifiait en plus, mais à tort, d’anti-canadien-français. Il prit le pouvoir en 1957, sans le Québec. C’est là que les Québécois se rendirent compte que ce qu’on rapportait sur ce personnage n’était pas exact. De plus, le PM Québécois Maurice Duplessis, ancien conservateur, décida à l’élection de 1958 de mettre toute la force de sa machine électorale au service de Diefenbaker pour défaire les libéraux qui lui faisaient la vie dure. Ce fut la différence qui assura la très grande victoire-surprise.

Après Diefenbaker, le parti fit de grands efforts pour se donner des politiques réalistes allant même, avec Robert Stanfield, à reconnaître officiellement que le Canada comprenait deux nations, au grand dam des canadiens-anglais, et que la constitution canadienne devrait être modifiée en conséquence. De grands leaders politiques comme Marcel Faribault et Claude Wagner ne réussirent pas à changer la donne. Et depuis Mulroney, c’est la débandade, sauf pour la période, il y a trois ans, qui suivit l’important scandale qui affecta le parti libéral du Canada en rapport avec le programme des commandites, et permit au parti conservateur d’Harper de faire élire 11 députés québécois. À l’élection suivante, il y a moins d’un an, le parti perdit des votes et un député. Et depuis, la descente aux enfers continue.

Le chef et les dirigeants du parti ne savent plus quoi faire. Le parti n’a pas de structure démocratique au Québec. Pourtant, il y en a eu une dans le passé. Le parti venait de subir une cuisante défaite à l’élection de 1973. À ce moment-là existait une structure provinciale pour le parti qui datait du temps de Diefenbaker et à la tête de laquelle se succédèrent, entre autres, comme président, le politicien Rodrigue Bourdages, l’architecte Paul Trépanier et l’homme d’affaires Léopold Carrière, l’avocat Claude Nolin. Ils faisaient de leur mieux mais ils avaient peu d’influence au niveau fédéral.

J’entrepris de réunir les états généraux (limités) au Québec afin de mettre sur pied un parti vraiment démocratique. Une constitution fut écrite et adoptée. Le nom devint l’Association Progressiste-Conservatrice Fédérale du Québec (APCFQ). La structure était décentralisée dans les régions tout comme celle de la plupart des organismes du Québec, tels : le Jeune Commerce et la société Saint-Jean-Baptiste. Un congrès de fondation fut convoqué à l’hôtel Le Reine Élizabeth de Montréal auquel assistèrent plus de 500 personnes. J’y fus élu le premier président. Le conseil provincial était composé de l’exécutif formé de 5 personnes : Jean-Marc Lavoie de Chicoutimi, Jacques Blanchard de Québec, Ken Morris de Montréal, Roland Julien de Trois-Rivières et le docteur Gaétan Lemyre de Sainte-Anne des Monts, des présidents des conseils régionaux et des présidents d’action-jeunesse et d’action féminine. Tous élus par les membres du parti.

Nous voulions être indépendants du parti national tout en lui assurant notre entière collaboration et loyauté. Pour nous financer, nous entreprîmes de tenir annuellement un grand diner-bénéfice. Chacun fut fort bien réussi et l’argent, au lieu de se retrouver dans les coffres à Ottawa, restait dans le compte de banque du l’APCFQ pour financer, entre autres, le nouveau secrétariat permanent de l’Association dirigé par Yvon Sirois, ex-employé de la Chambre de Commerce provincial, comme secrétaire général. Le conseil se réunissait à tous les mois et les membres étaient invités à assister. La commission politique était active et composée d’individus versés et expérimentés en politique. Nous étions de plus en plus nombreux à participer aux activités du parti national où notre présence commençait à se faire sentir.

Ma présidence dura plus de quatre ans, ayant été réélu à chaque congrès annuel tenu à Trois-Rivières, Québec et Granby où l’assistance augmentait d’année en année pour atteindre près de 1 200 personnes à Granby, et cela malgré que nous étions dans l’opposition. Tout ça pour dire que la structure était vivante, démocratique et progressait mais il restait encore beaucoup à faire. Roch Lasalle prit la succession.

Puis vint la victoire de Mulroney, et tous nos efforts de démocratisation furent emportés par la prise du pouvoir d’un Québécois avec l’argument de son entourage "à quoi ça sert L’APCFQ puisqu’avec Mulroney on est bien représenté à Ottawa". Mulroney dura dix ans puis il partit. Le PPC retourna dans l’opposition et son aile québécoise se retrouva sans organisation. Finalement, le parti disparut lorsqu’il se fusionna avec les réformistes de l’Alliance Canadienne pour former le nouveau Parti Conservateur du Canada (PC). Au Québec, seuls quelques sénateurs et une poignée d’organisateurs assurèrent l’intérim jusqu’à Harper.

Il est clair que le premier ministre craint une organisation québécoise avec une certaine indépendance d’esprit et d’action. La sénatrice et présidente du sénat, Marjorie le Breton, vient de le confirmer à nouveau en affirmant « oui à une structure québécoise mais qui dépend du parti national ». Je connais bien Marjorie puisqu’elle était secrétaire du parti du temps de Stanfield. C’est une personne exceptionnelle et qui fait un très bon travail dans l’équipe du PM Harper et pour le Canada. Elle a connu l’APCFQ et sait jusqu'à quel point tout progressait. Mais son chef, Stephen Harper, ne veut rien savoir car il veut éviter les dérapages. Il a perdu l’avocat Michael Fortier qui était compétent et un de ses supporteurs dévoués. Il a aussi perdu confiance en son député beauceron Maxime Bernier qui lui n’hésitait pas à lui faire part de sa pensée même si elle ne plaisait pas toujours au premier ministre.

Aujourd’hui, le lieutenant québécois du PC, Christian Paradis, veut réinventer la roue. Pour réussir, les Québécois du parti devront ressentir un besoin de participation et avoir un mot à dire. Non pas pour obtenir des faveurs du pouvoir mais pour contribuer à l’évolution de la politique canadienne avec, entre autres, ses sensibilités face au Québec. Les authentiques membres du parti seront ces derniers et non pas les néoconservateurs qui le hantent aujourd’hui et qui le quitteront vite dès qu’il perdra le pouvoir.

Malheureusement, ce défi est impossible à réaliser sérieusement à court terme et Paradis présentera une structure organisationnelle qui ne sera, en fait, qu’une fumisterie en vue de la prochaine élection et non un instrument démocratique permettant aux membres de participer activement à l'évolution du parti. Cette structure ne mènera nulle part dans l'avenir. Un vrai parti au Québec a besoin de racines et celles-ci exigent beaucoup d’années pour se développer. Il faut aussi une volonté politique au plus haut niveau du PC pour un tel effort. Est-elle là ? Il est clair que non.

Pour garder le pouvoir et obtenir une majorité, le PM Stephen Harper devra donc, à court terme, changer son approche politique. Depuis qu’il a pris le pouvoir, ses positions ont trop souvent confronté la pensée québécoise : environnement, guerre, culture, représentation parlementaire, armes, etc.. De plus, sa tendance quasi extrême-droite a brusqué les Québécois. Il est temps qu’Harper fasse les compromis raisonnables pour démontrer, sans aucun doute, qu’il veut diriger un gouvernement pour tous les Canadiens.

S’il est incapable de gagner de 20 à 25 sièges à la prochaine élection fédérale au Québec, le parti Conservateur du Canada ne sera pas majoritaire à la Chambre des Communes. Et s’il se retrouve encore une fois minoritaire, je crains que ce soit le chant du cygne du premier ministre.

dimanche 15 mars 2009

On se fait voler tout rond !

Le prix de l’essence flambe à Montréal.

Le consommateur ne comprend pas que les brusques hausses inexpliquées de janvier dernier du prix à la pompe de 74 ¢ à 91 ¢ le litre, persistent et augmentent encore.

Le 15 mars 2009, le prix à la pompe, dans la région de Montréal, se situait dans la fourchette de 93,9 ¢ à 105,4 ¢ le litre, selon les relevés d’« Essence Montréal ». Il faut noter que le prix chez Costco, à Montréal, était de 82.9 ¢. À l’extérieur, dans la couronne de Montréal, il se situait 77,9 ¢ à 82,9 ¢ le litre (il n’y a pas de taxe spéciale pour le transport dans la couronne).

Les augmentations continuent malgré que le prix du brut léger ait diminué de 43,55 $US à 42,86 $US le baril, de janvier au 15 mars 2009. Alors que le prix du baril (159 litres) a diminué de 0,68 $US, le prix à la pompe a augmenté d’un minimum de 2,9 ¢ à un maximum de 14,4 ¢ le litre.

Le dollar canadien demeure un gros facteur dans le calcul du brut. En janvier 2009, il était à 80 ¢ par rapport au dollar US. Aujourd’hui, sa valeur est de 77,4 ¢, Cela augmente d’autant le prix du brut léger.

Voici un calcul détaillé du prix à la pompe en date des données du 15 mars 2009 :

Coût du baril de brut $ US: 42,86
Valeur du $ CDN/$ US: 1,291

Coût du litre de brut ¢ CDN: 34.80 ¢
Marge de raffinage: 11,00 ¢
Prix à la rampe: 46,40 ¢

Coût de transport: 0,30 ¢
Marge de vente au détail: 5,70 ¢
Prix avant taxes: 52,40 ¢

Taxe d’accise fédérale: 10,00 ¢
Taxe spécifique du Québec: 15,00 ¢
Taxe de l’AMT (transport): 1,50 ¢
TPS: 3,92 ¢
TVQ: 6,17 ¢
Taxes; 36,58 ¢

Prix à la pompe (Montréal): 88,38 ¢
Prix à la pompe (couronne): 86,69 ¢


Les prix actuels d’essence dans la région de Montréal sont trop chers de 5,52 ¢ à 17,02 ¢ le litre. Montréalais, votre prix devrait être 88,38 ¢$ le litre, qu’est-il près de chez vous ? Pourquoi les prix dans la couronne de Montréal sont-ils plus près de la réalité ? Pourquoi, ailleurs dans le Canada, ces augmentations excessives n’existent pas ? Les Montréalais sont-ils en train de se faire voler tout rond ? Et les Québécois des autres régions de la province, où les hausses existent aussi et sont inexplicables, le sont-ils ?

On peut conclure que les distributeurs d’essences, pétrolières et autres, sont trop gourmands et recherchent des profits injustes. Ils ont, d’un coup, doublé et dans certains cas triplé leur marge de vente au détail par rapport à la fin de 2008. L’augmentation ne peut être expliquée autrement, puisque le prix du brut se maintient bas, que le coût du raffinage est stable et qu’il n’y a pas de conflits géopolitiques majeurs dans le monde pour influencer nos prix. De plus, la demande ayant diminué, il est normal que les prix baissent. Costco n’en fait-elle pas la preuve ?

Où est le PM Charest ? Où est le maire de Montréal ? Où sont les maires de la région de Montréal ? Où sont nos députés provinciaux et fédéraux ? Où sont nos élus pour nous défendre et dénoncer ce vol manifeste. Nous faisons face à un crime économique et c’est aux gouvernements d’intervenir car le CAA, plusieurs journalistes, des experts et des mouvements sociaux l’ont dénoncé, sans succès.

Alors que l’économie va mal, que l’argent se fait rare, que les emplois se perdent, il est important de maintenir tous les coûts de consommation le plus bas possible pour assurer que les Québécois traversent la crise sans trop de blessures. La collusion des bandits du pétrole doit être arrêtée.

Claude Dupras

vendredi 13 mars 2009

L’erreur magistrale des arrondissements

C’est en 1986, qu’un parti politique municipal de Montréal, le RCM, proposait, à l’élection de novembre, la restructuration de la ville en arrondissements. Jean Doré, chef de ce parti et candidat à la mairie en vantait les mérites. Cette année-là, le temps de Jean Drapeau achevait. Il en était à sa trentième année et dernière année à la tête de la ville et reconnu comme le plus grand maire qui ait dirigé la métropole. Expo67, Olympiades 1976, métro de Montréal, la ville souterraine, les Expos, la course F1, etc. etc. etc… ses réalisations spectaculaires et importantes avaient transformé Montréal dont la renommée était devenue mondiale. J’aimais dire que « Jean Drapeau est le fondateur du Montréal moderne ».

Le parti civique du maire avait décidé de tenir une course au leadership pour le choix d’un nouveau chef. À mon étonnement, M. Drapeau m’encouragea à soumettre ma candidature. Nous étions sept candidats. J’ai été surpris d’être l’élu et je devins le chef du Parti Civique de Montréal et son candidat à la mairie contre Jean Doré. Nous étions en juillet et l’élection était en novembre. Les sondages n’étaient pas très favorables car le sentiment qui flottait dans l’air montréalais était qu’« il est temps que ça change ». J’acceptai quand même le défi et m’engageai cœur et âme dans cette bataille.

Dans un premier temps, durant un long weekend, j’examinai en détail l’épais programme du RCM (Rassemblement des citoyens de Montréal), voté lors de ses nombreuses assises politiques. C’est à ce moment-là que j’ai vraiment découvert l’étendue des idées de ce groupe, dont celle de découper Montréal en arrondissements et de donner à ceux-ci des pouvoirs étendus. Plusieurs autres points du programme étaient, à mon point de vue, simplement farfelus puisqu’ils relevaient davantage d’un gouvernement que d’une administration municipale. J’en vins vite à la conclusion que cela n’allait dans le sens des meilleurs intérêts du développement de Montréal et je décidai, dès mes premiers discours, de m’attaquer à la question des arrondissements.

J’accusai Doré de vouloir « désorganiser » Montréal, de proposer de créer de nouveaux hôtels de ville partout sur le territoire, d’accroître le nombre de fonctionnaires inutilement, d’augmenter les taxes… Je qualifiais cette mesure d’inutile, de destructive et le RCM atteint de la maladie de la « structurite ». J’argumentai que le mode d’administration centralisée avait, jusque-là, bien servi Montréal. Sa réputation internationale et le taux de satisfaction des Montréalais le démontraient clairement. Sa structure politique était bonne. Montréal avec ses 59 conseillers était dirigée par un exécutif dont le président, à ce moment-là, était le compétent Yvon Lamarre, successeur de Lucien Saulnier qui fut un autre as de l’administration municipale. Cette dernière s’appliquait à bien choisir ses chefs de service et à les appuyer. Ceux-ci étaient des experts et des sommités reconnues internationalement dans leur domaine respectif. On se rappellera, entre autres, Pierre Charbonneau, l’ingénieur-botaniste Pierre Bourque, l’ingénieur Roger Vanier, l’avocat Michel Côté, l’urbaniste Claude Robillard. Les finances de la ville étaient saines. Montréal était propre et accueillante. Ses uniques grands parcs, ses maisons de la culture de plus en plus nombreuses, ses installations sportives modernes n’avaient rien à envier aux autres grandes villes du monde.

Les Montréalais avaient voix au chapitre via leur conseiller municipal et de mouvements divers dans lesquels ils se regroupaient comme la Chambre de Commerce, les partis politiques, la ligue des propriétaires, celle des locataires, les mouvements paroissiaux, les groupes sportifs, les associations socioculturelles, les verts et des dizaines d’autres.

Je prédisais le gaspillage, la fragmentation de la ville, une division des pouvoirs qui s’avérerait malsaine, l’augmentation des dépenses, des salaires, du nombre de gouvernants, la désorganisation, en un mot : la cacophonie.

Doré défendait la décentralisation des pouvoirs pour obtenir une plus grande démocratie. Sur papier, c’était beau; dans la bouche d’un beau-parleur comme lui, cela devenait essentiel. Pour moi, ce n’étaient que des arguments irréalistes et non pratiques. J’étais convaincu que les grands services à la population seraient bouleversés à cause du manque de planification et de direction claire et nette. Par exemple, comment déneiger convenablement et rapidement la rue Ste-Catherine qui traverse Montréal si plusieurs arrondissements sont responsables chacun d’une partie de la rue. Comment assurer que le plan d’urbanisme soit bien coordonné, que les transports soient bien intégrés, que le développement économique de Montréal soit le plus efficace possible…. En somme, on voulait désorganiser une ville qui allait très bien.

Face à l’opposition, 15 jours avant le jour de l’élection, Doré et le RCM modifièrent leur programme politique et le transformèrent en programme électoral. Ils laissèrent tomber toute la question de la décentralisation des pouvoirs et du personnel de la ville. J’en étais ravi.

Élus, Doré et le RCM changèrent les noms des quartiers pour les appeler arrondissements, mais ceux-ci n’avaient pas plus de pouvoir. Nous avions gagné cette bataille mais perdu la mairie.

Puis vint la fusion des villes, légiférée par le gouvernement du Québec, qui fit de Montréal « une île, une ville », et cela malgré tous les référendums tenus dans chaque municipalité lors desquels la population s’opposa presqu’unanimement à la fusion. Bel exemple de démocratie !

Mais les opposants à la fusion n’avaient pas dit leur dernier mot. Ils réussirent à convaincre le PM Jean Charest de tenir de nouveaux référendums sur la « défusion » dans chaque ville. C’est là que le maire Tremblay de Montréal fit son erreur magistrale. Il avait gagné la mairie de la ville fusionnée en adjoignant à son parti le RCM qui arriva avec son bagage d’idées. Parmi celles-ci, évidemment, la décentralisation des pouvoirs administratifs via les arrondissements. Voulant convaincre tous les électeurs des municipalités de l’île de Montréal de voter contre la défusion, Tremblay accepta l’idée et décida de promettre la réorganisation de Montréal en créant des arrondissements forts avec des responsabilités importantes, bien financés, un maire et des chefs de services, etc… Malheureusement, le vote de 15 des 22 municipalités fut favorable à la « défusion » et elles se séparèrent à nouveau de Montréal retrouvant leur autonomie complète. Les autres, avec l’ancienne ville de Montréal, formèrent la nouvelle « nouvelle ville ». Nonobstant cette grande déception, le maire Tremblay se vit obligé de tenir sa promesse.

Aujourd’hui, après quelques années de ce régime, tous les Montréalais reconnaissent que les arrondissements ont trop de pouvoirs et que l’inefficacité de cette structure affecte leur qualité de vie. Malgré que certains intellectuels réclament toujours cette structure au nom d’une vraie démocratie « pour obtenir le pouls de la population », les Montréalais ne veulent plus de la structure improvisée qui s’est avérée ingérable, qui a généré des gaspillages révoltants et crée une diminution de la qualité des services.

Je suis malheureux face à la situation incohérente actuelle. J’ai été un des premiers, en 1986, à combattre la décentralisation des pouvoirs à Montréal. Plus encore aujourd’hui, je crois qu’il n’y a qu’une solution pour Montréal : une île, une ville, un maire, une administration.

Claude Dupras

mardi 10 mars 2009

On m’accuse de parti pris

Un lecteur belge m’a envoyé un message pour souligner qu’il juge que je démontre un certain favoritisme pour les Palestiniens dans mes blogs récents. Cette critique m’a surpris et peiné. Après y avoir longuement pensé, je crois que ce Belge a, jusqu’à un certain point, raison. En effet, il est fort possible que mes blogs sur la question de Gaza aient donné l’impression que j’avais un préjugé en faveur des Palestiniens. Je veux assurer mes lecteurs que cela n'est pas exact.

Voici, à la suite, le message de ce Belge et ma réponse que je qualifierais de précision de mon opinion sur la question israélo-palestinienne :

Monsieur,

Je trouve de plus en plus votre rubrique d'un grand penchant vers les palestiniens ! Il faudrait peut-être aussi signaler que si le Hamas (qui semble cher à votre cœur !) ne bombardait plus les territoires israéliens il n'y aurait plus de tirs sur Gaza. De plus les fameux combattants palestiniens se réfugient au milieu de la population pour dire voilà ce que les israéliens font avec les civils. Vous ne parlez pas non plus des vidéos montrant les membres combattants du Hamas qui entrainent les "jeunes gosses" pour la guerre.
Un petit peu plus de vérité serait beaucoup mieux pour votre rubrique.

ps: je vous signale que je ne suis pas israélien et donc pas partie prenante dans cette affaire mais je trouve que c'était de mon devoir de vous signaler votre manque d'objectivité.

J...


Bonjour

Je veux vous remercier pour vos commentaires sur mes derniers blogs en rapport avec ce qui se passe à Gaza. Cela est positif pour moi car j’y vois une raison de relire mes blogs avec un œil différent.

Je comprends pourquoi vous pensez que j'ai un penchant pour les Palestiniens.

Il est vrai que la cause palestinienne me tient à cœur, que le sort des Palestiniens me désole, que je trouve totalement injuste ce qui se passe là-bas et que je m’indigne envers l'indifférence des joueurs majeurs qui ne veulent pas, de toute évidence, faire face à la réalité en Palestine et surtout à Gaza.

Mais je vous assure que je n’ai jamais voulu prendre parti pour l'un ou pour l'autre. Je me veux neutre et objectif dans ce dossier, tout comme je voudrais que mon pays, le Canada, retrouve sa neutralité passée. Je souhaite que tous les pays soient neutres en rapport avec le conflit israélo-palestinien afin d’être en mesure d'aider les Israéliens et les Palestiniens à trouver la paix. Une vraie paix durable.

Il y a quelque temps, j'ai reproduit dans mon blog une lettre que j'ai reçue d'une Israélienne. Elle expliquait sa détresse face aux roquettes palestiniennes et défendait la décision de son pays d'envahir Gaza. Je la comprends et je partage son anxiété, sa peine. Mais son message a renforcé mon opinion qu'une solution doit être trouvée au plus vite. J’ai de la difficulté à être totalement d'accord avec elle car je considère que la riposte israélienne a été totalement disproportionnée par rapport aux effets des roquettes artisanales palestiniennes. Ce fut exactement le même cas au Liban, et on a vu ce qui en est découlé suite à la récente guerre.

Le lancement de roquettes doit être arrêté mais ce n'est pas en faisant souffrir ou tuant les Palestiniens, surtout les femmes et les enfants, qu'Israël réussira à le faire. Le peuple palestinien ne sera jamais un peuple soumis à Israël, tout comme votre pays ou le mien ne sera jamais soumis à un autre, même si toutes nos villes étaient bombardées. La fierté et le patriotisme existent et ce sont ces qualités qui empêchent qui que ce soit de plier devant l’envahisseur.

Ce que je regrette, c'est que l'on refuse de reconnaître que la Palestine est occupée depuis 1967 et qu'aujourd'hui les nouveaux leaders israéliens ne veulent plus négocier le retour des terres et des droits aux Palestiniens.

Durant la dernière guerre mondiale, la résistance française a fait sauter des trains, des bâtiments, etc... pour nuire à l'avancement de l'ennemi sur le territoire de sa patrie. Les nazis la traitaient de terroriste et n'hésitaient pas à fusiller, en représailles, des centaines d'innocents citoyens français. La résistance française n’a pas arrêté ses actions. Finalement, elle a aidé à changer le cours de la guerre dans ce pays.

Si les Palestiniens se soumettent à la terreur israélienne, jamais ils ne pourront retrouver ce qui leur appartient. Ce n'est que par la résistance qu'ils réussiront à obtenir des négociations sérieuses pour régler cette situation malheureuse. Je comprends le Hamas, même si je déplore ses méthodes. C’est un mouvement qui cherche à terroriser l'adversaire et à le décourager dans le but de l'amener à repenser ses objectifs d'occupation. Il n’a pas d’armée et seule la résistance est son arme pour atteindre les négociations qu’ils réclament pour rétablir la justice dans leur coin du monde.

Dans le passé, les ex-premiers ministres israéliens Begin et Rabin, ont finalement négocié avec leur ennemi mortel Arafat et se sont entendus. Pourquoi, aujourd'hui, les leaders israéliens actuels ne pourraient-ils pas s'assoir avec les représentants de tous les Palestiniens, le Fatah et l'Hamas, afin d'en finir avec la folie meurtrière qui enveloppe ces deux pays et qui est si douloureuse pour leur population.

Le monde entier en a assez de cette dispute.

Claude Dupras

samedi 7 mars 2009

Pensées d’un musulman sur Gaza

Un lecteur musulman vivant près de Washington m’a transmis un commentaire suite à mon blog sur « le Canada et Gaza ». Il exprime un point de vue qui est partagé par un très grand nombre de personnes et qui, à mon point de vue, contient beaucoup de vérités. J’ai cru important de le soumettre à mes lecteurs pour les aider à parfaire leur opinion sur la situation réelle qui règne au Proche-Orient. Le voici :

Bonjour Claude

Il est difficile, sinon impossible, de réfuter vos arguments concernant le comportement du Canada vis-à-vis d'Israël et des Palestiniens avec le premier ministre Harper. Ceci étant dit, il faut aussi reconnaitre que le Canada ne compte pas beaucoup dans la balance des problèmes du Moyen-Orient.

Les soi-disant amis du peuple de Gaza, (les USA d'Obama, la France de Sarkozy, l'Angleterre de Brown, sans parler des rois et des chefs des gouvernement arabes (tous corrompus jusqu'à la moelle de leurs os) ont, soi-disant, décidé de mobiliser plus de 4 milliards de dollars pour aider à la reconstruction de toutes les destructions israéliennes des infrastructures économiques et sociales à Gaza.

Le jour même de cette conférence internationale d'aide, tenue en Égypte, Israël a déclaré officiellement qu'il n'allait pas permettre aux Palestiniens de Gaza d'utiliser cette aide et qu’il maintiendrait son blocus de Gaza. Mieux encore, pas plus tard qu'hier, Israël, une fois de plus, a bombardé et a détruit de nouveaux tunnels qui permettaient aux Palestiniens de s'approvisionner à partir du Sinaï.

Et quelle a été la réponse de ce beau monde international ? Hillary Clinton s'est rendue, juste après, à Jérusalem et a déclaré publiquement que les USA seront plus solidaires d'Israël que jamais. Est-ce qu'elle a eu le courage de dénoncer le blocus israélien de Gaza pour au moins permettre à la soi-disant aide américaine de 900 millions de dollars d’y rentrer ? Certainement pas. Quelle a été la réaction de l'Égypte face aux défis israéliens ? À ce jour, le gouvernement égyptien continue à empêcher les Palestiniens de se rendre au Sinaï pour même acheter, avec leurs propres ressources, de quoi survivre du jour au lendemain. Quelle honte!!!

Comme vous-même disiez dans votre blog, le Hamas a été élu démocratiquement pour représenter les citoyens de Gaza, et pourtant tous les régimes arabes, de l'Arabie saoudite au royaume du Maroc, affichent les mêmes positions stratégiques dictées par la Maison Blanche de Bush (on n’a pas constaté de changement, à ce jour, avec Obama), à savoir, qu'il ne fallait à aucun prix permettre aux Palestiniens de choisir démocratiquement leurs représentants. Après tout, les mouvements politiques comme le Hamas, dénoncés comme des organisations terroristes, luttent en réalité pour libérer leurs populations et sont en fait un danger pour la survie des régimes non-démocratiques pourris arabes, du golf persique à l'atlantique.

Les rois d'Arabie saoudite et les présidents de l'Égypte, de la Tunisie, de la Lybie et de l'Algérie sont actuellement considérés comme des alliés stratégiques des efforts occidentaux pour la promotion de la démocratie, alors que les régimes réellement démocratiques comme ceux de la Turquie ou même de l'Iran sont quotidiennement dénoncés comme des forces rétrogrades. Et, pourtant, nous avons vu une alternance du pouvoir politique aussi bien en Turquie qu'en Iran, ce que nous n'avons pas encore vu dans aucun pays arabe depuis les années 60 du siècle dernier.

On dénonce à Gaza l'application de la Charia aussi bien en Iran qu'au Pakistan, mais on cache le fait que c'est le monde occidental qui a permis l'enracinement de la Charia en Arabie Saoudite et à travers tout le reste du monde arabe depuis la soi-disant guerre froide et même avant. N'est-ce pas Roosevelt qui a tout fait pour installer la famille d'Ibn Seoud au pouvoir de l'Arabie saoudite, tout simplement pour avoir sa main sur les ressources pétrolières du Moyen-Orient ? Ne sont-ce pas les mêmes occidentaux qui à ce jour supportent tous ces régimes corrompus du monde arabe en particulier?

Il est peut être utile de nous rappeler du comportement négatif du monde occidental vis-à-vis de certains régimes arabes des années 60-70, qui étaient fondamentalement anti-charia (l'Égypte de Nasser, l'Algérie de Boumediene, la Lybie de Kadhafi, le Yémen du sud…). Durant cette période, les USA en particulier et le reste du monde occidental, étaient à l'aise de supporter tous les mouvements fondamentalistes islamiques et les régimes saoudiens en particulier.

L'islamisme politique n'existait pas du tout en Algérie, par exemple, avant 1980. Il a fallu la disparition de Boumediene d'une part et l'intention du président Chadli de s'appuyer sur les écoles coraniques en Algérie pour assoir son pouvoir pour enfin donner une occasion à la France de Mitterrand d'abord et aux USA ensuite, avec l'appui financier saoudien, pour enfin voir l'émergence d'un mouvement politique islamiste en Algérie.

Claude, vous connaissez cette période aussi bien que moi. Et c'est pour cette raison que je vais mettre, ici, un point final à mon commentaire.

À très bientôt.

M. O.


Nous oublions trop souvent les politiques passées qui ont été à la base de ce que vivent, aujourd'hui, les peuples du Moyen-Orient. Ce lecteur, très informé de celles qui ont influencé sa patrie d'origine, ne peut oublier ce qui est arrivé et ne se laisse pas tromper par l'histoire tronquée que nous servent les politiciens américains et occidentaux actuels. La vérité demeure toujours la vérité !

Claude Dupras

jeudi 5 mars 2009

Le Canada et Gaza

Le Canada pré-Harper a toujours été reconnu comme un ami d’Israël tout en ayant des positions équilibrées sur les questions touchant le Moyen-Orient. C’était une politique sensée qui tenait compte de la réalité, du respect de chacun des antagonistes, et laissait une porte ouverte à une négociation canadienne pour le règlement du long conflit qui affecte profondément autant les Israéliens que les Palestiniens.

Depuis la venue du PM Harper à la tête du Canada, notre pays a adopté des positions idéologiques totalement pro-Israël. Pour Harper, Israël ne peut avoir tort. Et cela, malgré l’avis du Conseil de sécurité des Nations-Unies qui juge qu’Israël agresse militairement la Palestine, vise les civils dans ses attaques et est coupable de violations aux droits de l’homme. De même, nos diplomates et nos ambassadeurs admettent qu’ils ont perdu beaucoup de crédibilité face à leurs collègues étrangers. Une telle situation n’est sûrement pas bonne pour l’avenir.

Comme je l’ai souligné dans un blog récent, le Canada a été le seul de 47 pays à voter contre la résolution du conseil des Nations-Unies sur les droits de la personne qui reprochait à Israël son action unilatérale lors du dernier conflit à la bande de Gaza (il en a résulté plus de 1,000 morts et de 4,000 blessés palestiniens). Ce jour-là, j’ai ressenti un sentiment de honte car j’ai toujours cru que le Canada se devait d’être neutre et de chercher une solution réaliste à ce conflit interminable qui fait tant de mal non seulement au Proche-Orient mais partout en Occident. La politique unilatérale du Canada dans ce cas est injuste, irréaliste et improductive.

Un ami étranger m’écrivait récemment son opinion sur le PM Harper : « Il ne fait pas de doute que le premier ministre canadien Harper est un animal politique hors de l'ordinaire. Il l’a démontré au monde lors de son récent interview sur le réseau international de CNN et surtout lors de la conférence de presse avec Barack Obama, à l’occasion de la visite récente de ce dernier à Ottawa. Obama, chef du monde soi-disant libre, a brillé et a montré sa carrure de chef d'État mais c'est votre PM qui fut la vraie vedette. Alors qu'Obama bafouait souvent lorsqu’on qu'on lui posait une question importante, Harper a apparu comme un chef d'État en connaissance de tous les enjeux mondiaux que le monde occidental devait affronter, des guerres contre les islamistes à la crise économique et financière mondiale. Franchement, il a été impressionnant. Même concernant le problème de l'Afghanistan, Harper a réussi à cacher son passé politique dans cette affaire et s'est retrouvé une soudaine virginité politique. Il faut le faire. »

Mais est-ce le vrai Harper ? Certainement pas en rapport avec la question du conflit israélo-palestinien. Et cela a été, encore une fois, clairement démontré, la dernière semaine, lors de la réunion de 90 pays et organisations, convoqués conjointement par le président égyptien Hosni Moubarak et le président français Nicolas Sarkozy, en vue de cueillir des fonds pour aider « l’économie palestinienne et la reconstruction de la bande de Gaza, ravagée par l’offensive israélienne de janvier contre le Hamas ». Plus de 4,5 milliards de $ d’engagements nouveaux ont été promis. Cette argent doit être remis à l’autorité palestinienne dirigée par le président Mahmoud Abbas.

Et le Canada a promis de contribuer combien ? ZÉRO ! Rien.

Le ministre canadien des affaires extérieures, Lawrence Cannon, a annoncé que le Canada s’en tenait aux promesses monétaires d’aide de 2007, qui, en passant, ne sont pas encore toutes versées. Tous les pays avaient contribué en 2007, mais, face au désastre incroyable de janvier à Gaza, ils ont décidé d’ajouter le montant supplémentaire mentionné précédemment. De plus, le secrétaire de l’ONU, le président français et d’autres ont réclamé que le blocus de Gaza par Israël cesse afin de laisser « les travailleurs humanitaires entrer et apporter les denrées essentielles pour les Gazouis ». Sur ce dernier sujet, pas un mot du Canada. En somme Gaza est une prison à ciel ouvert et le Canada ne dit rien….

Mon ami étranger parlait de Stephen Harper comme « d’un chef d'État en connaissance de tous les enjeux mondiaux ». C’est peut être vrai, mais il se révèle un chef d’État qui laisse son idéologie prendre le dessus sur ses connaissances et les vraies solutions à apporter aux vrais problèmes. Il se montre insensible et porteur de visières horizontales et latérales.

Enfin, je crois que c’est une erreur d’avoir mis de côté le Hamas et qu’il n’ait pas fait partie des négociations. Hillary Clinton, secrétaire d’état américain, a déclaré aujourd’hui que l’autorité palestinienne est la seule organisation démocratique de la Palestine et par conséquent la seule qui doit recevoir et distribuer les nouveaux dons. C’est faux ! Le Hamas a défait le parti Fatah de Mahmoud Abbas dans une élection démocratique bien organisée et surveillée par l’ONU. Abbas n’est pas représenté à Gaza et y est mal vu car il n’a jamais accepté l’élection du Hamas. Ne pas reconnaître le vrai pouvoir élu de Gaza torpille d’avance sa reconstruction.

Les USA traitent le Hamas d’organisation terroriste depuis le 9 septembre 2001, même si le Hamas n’a rien à voir avec Al-Qaïda. Malheureusement, aujourd'hui, il y a une confusion entre les intentions internationales d’Al-Qaïda et les mouvements islamiques réellement nationalistes comme le Hamas en Palestine. En fait, cet amalgame ne fait que renforcer les islamistes les plus extrémistes qui sont rejetés par la grande majorité des musulmans à travers le monde et nuit aux nationalistes.

Tant que la réalité de la légitimité du Hamas ne sera pas reconnue par l’Occident et Israël, le désaccord israélo-palestinien perdurera. Par ailleurs, il ne sert à rien d’espérer, comme je le faisais il y a quelques années, que le Canada intervienne pour aider à solutionner ce conflit puisqu’il a perdu toute crédibilité dans le monde arabo-musulman.

Claude Dupras

mercredi 4 mars 2009

Sauvons le « Mont-Jésus-Marie »

L’Office de Consultation publique de la ville de Montréal (OCPM.qc.ca) tient une consultation le 9 mars prochain sur le projet de la transformation en condos de la maison-mère des sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie, située sur le flanc nord du Mont-Royal à Outremont.

Je me suis opposé ardemment à ce projet qui va à l’encontre des meilleurs intérêts de notre société, dans deux blogs en date du 1er et 11 août 2008. En voici les liens : Et notre patrimoine… on en fait quoi ? ; Non aux condos « Mont-Jésus-Marie ». Vous pouvez les rechercher dans les archives de mes blogs depuis 2005, que vous trouverez dans la colonne de droite.

J’encourage ceux qui veulent s’opposer à ce projet, à écrire immédiatement au responsable pour la Ville, M.Gilles Vézina (gvezina.p@ville.montreal.qc.ca), pour exprimer votre désaccord. Son numéro de téléphone est le 514 872-8510.
Voici deux courts extraits de mes blogs qui expriment l’importance de ces bâtiments :

« Le bâtiment de style Beaux-Arts est l’œuvre d’architectes qui ont marqué Montréal : Joseph Dalpé-Viau et Alphonse Venne. Ils ont aussi réalisé le collège Jean-de-Brébeuf et travaillé sur l’oratoire St-Joseph. Avec les meilleurs artisans de l’époque : ébénistes, ferronniers, artistes-peintres, verriers, maçons, marbriers, sculpteurs et plusieurs autres; ils ont ensemble créé cet œuvre d’art global.

Ce n’est pas un monument historique classé, mais il est légalement protégé à cause de sa situation sur le Mont-Royal.
»

« Nous sommes tous interpelés par le sort d’une église. Le sommes-nous par celui d’un ensemble conventuel ? Nous ne pouvons nier que le rôle des traditions religieuses dans la constitution culturelle du Québec est une réalité. Nous ne pouvons nier que les bâtiments religieux sont aussi une partie structurante de la composition du paysage québécois et urbain du Québec. L’identité des quartiers montréalais a été forgée par la richesse, la diversité et la quantité de notre patrimoine religieux. Il en est de même pour le flanc nord du Mont-Royal dominé par l’Université de Montréal. Depuis très longtemps, cette partie de la montagne est dédiée à l’enseignement. Le grandiose bâtiment de l’ex-maison-mère des Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie en fait partie depuis près de 90 ans. Il doit demeurer et ne pas être transformer pour des fins qui n’ont rien à voir avec l’instruction de notre peuple. »

Pour ceux qui aimeraient assister à la séance de consultation, elle aura lieu le 9 mars prochain au 999 avenue McEachran à Outremont.

Claude Dupras

lundi 2 mars 2009

L’Afghanistan : mission impossible

Le PM Stephen Harper a déclaré hier, dans une interview à CNN, que l’OTAN ne peut gagner sa guerre en Afghanistan. Ce fut une entrevue bien intéressante où Harper a paru comme un homme politique intelligent et bien renseigné. Pour une fois, j’étais en accord avec toutes ses affirmations. Il avait des airs d’Obama. Notre caméléon canadien a vite oublié son rôle GWBush.

Harper a reconnu publiquement, enfin, la réalité en rapport avec l’issue de la guerre. Il n’a fait que répéter ce qu’une vaste majorité de Canadiens lui disait depuis les premiers jours de l’engagement de notre pays dans ce conflit. Nous savions que si l’ancienne URSS avec plus de 235,000 soldats et l’Empire Britannique aux siècles précédents étaient rentrés bredouilles des guerres qu’ils avaient entreprises dans le pays Afghan, une armée de l’OTAN de moins de 75,000 hommes ne pourrait réussir davantage.

Après la mort de plus de 100 soldats et d’un très grand nombre de femmes, d’enfants et d’autres Afghans, après plusieurs milliers de blessés, après des coûts directs estimés à 11,3 milliards de $ (sans compter les autres milliards investis pour moderniser notre armée), après avoir envoyé au front notre armée sans les équipements essentiels à sa protection comme des véhicules tout terrain adéquats et des hélicoptères (rapport Manley), le PM Harper reconnaît maintenant sa grave bêtise.

Alors qu’il expliquait que notre participation à la force de l’OTAN était un acte humanitaire et de reconstruction, il n’investissait que seulement 10% des coûts directs à ces fins. Aujourd’hui, il affirme que le nouvel objectif est de « placer au pouvoir un gouvernement afghan en mesure de gérer la présente situation ». Pourtant, c’est lui, qui il n’y a pas tellement longtemps, recevait et flattait dans tous les sens le président afghan Hamid Karzaï nonobstant le fait que ce dernier soit reconnu comme un homme corrompu qui dirige une bande de ministres corrompus. L’Afghanistan n’ayant jamais eu un gouvernement central fort, et cela depuis des siècles, je crois illusoire de penser que l’Occident pourra créer un tel gouvernement pour « gérer » le pays, assurer son propre développement et la protection des droits de toute sa population.

L’armée canadienne aurait pu, dès cette année, demander d'être remplacée par un autre pays de l’OTAN, mais le PM Harper en a décidé autrement en prolongeant, pour une deuxième fois consécutive, le mandat de notre armée jusqu’en 2011. C’est impardonnable surtout après l’exemple de l’ex-PM Jean Chrétien qui refusa de participer à la guerre de l’Irak.

C’est l’administration de GWBush qui a poussé les membres de l’OTAN à modifier sa vocation et à se lancer dans la guerre contre l’Afghanistan. Plusieurs pays ont alors accepté avec beaucoup de réticence ce changement de direction et c’est ce qui explique, aujourd’hui, leur refus de participer pleinement à l’effort de guerre. Par exemple, tous les pays, sauf, enfin, les USA, hésitaient à remplacer éventuellement le Canada dans le sud du pays, la partie la plus dangereuse.

Le PM Harper prétend que l’Afghanistan est « un test important pour l’avenir de l’OTAN ». En prédisant l’échec de la guerre, comme il vient de le faire, il exprime le sentiment que le rôle futur de cet organisme, créé après la deuxième guerre mondiale, devra être remis en question et revenir à ses objectifs initiaux, soit la protection des pays-membres. Ou, encore, se faire hara-kiri, comme plusieurs pays européens le pensent et l’espèrent, afin de laisser les Nations-Unies s’occuper, comme il se doit, des problèmes mondiaux. Le temps de L’OTAN est dépassé.

Quant à la possibilité de reconsidérer la date de 2011 pour la sortie de nos troupes, le PM Harper a exigé de l’OTAN et particulièrement des USA, une stratégie de sortie réaliste de ce conflit, clairement établie. Sans cela, il n’est pas prêt à modifier quoi que ce soit. De toute façon, s’il change cette date, je crois qu’Harper fera une erreur politique capitale. Mais, il ne faut pas s’inquiéter, car cela n’arrivera pas puisque le secrétaire américain à la défense, Robert M. Gates, a déclaré récemment, avant Harper, que cette guerre était ingagnable. Il me semble clair que la future stratégie américaine tiendra inévitablement compte de la conviction de son secrétaire expérimenté.

Nous sommes pris dans cet engrenage jusqu’en 2011. D’ici là, espérons que les commandants de notre armée feront tout pour éviter les morts et les blessés et se concentreront sur l’aide aux Afghans.

Claude Dupras