dimanche 9 septembre 2018

Une élection comme les autres

Les différents sondeurs de la présente élection québécoise constatent tous que le nombre d’électeurs « indécis » est plus élevé que lors des élections précédentes. Cela est surprenant puisque tous les sondages pré-campagne indiquaient une victoire certaine et écrasante de la CAQ de François Legault, la presque-déroute du Parti Libéral et la quasi-disparition du parti séparatiste PQ. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas.

Pourquoi ce revirement après à peine quelques semaines de campagne ?

Legault a une équipe du tonnerre mais elle semble insuffisante pour le faire élire avec une majorité absolue. En fait, cela démontre que l’affirmation « la politique est une affaire de chef » demeure toujours la réalité et cela malgré tous les nouveaux outils numériques disponibles pour connaître et atteindre les électeurs en 2018.

Les promesses électorales aux montants faramineux n’ont pas eu d’influence sur le processus de décision des électeurs car, à un moment donné, ils ont compris qu’elles étaient ridicules et même disgracieuses.

Dans cette élection, ce n’est plus la couleur, le programme ou l’équipe du parti qui comptent, c’est le chef. Et les électeurs se posent finalement et inconsciemment la même question que par le passé, très simple : « est-ce que je l’aime ou je ne l’aime pas ? ».

Depuis le début de la campagne, Legault est bivalent. Tantôt il hésite, baragouine ses mots, mêle ses idées, explique mal son programme et tantôt il est clair, précis. Cette attitude bizarre affecte son image et plusieurs électeurs,  surpris, hésitent et l’aiment moins. Il devra être le meilleur aux débats, comme il a été aux dernières élections, pour avoir une chance de gagner.

Couillard, qui a été vilipendé durant la dernière année de son mandat de PM, est calme, s’exprime mieux, même bien, rappelle ses bons coups et montre à nouveau ses qualités de chef. Il a un regain d’amour.

Jean-François Lisée surprend par son aplomb, ses idées pratiques, son programme réaliste et la clarté de son discours qu’il exprime calmement et avec respect. Ce n’est pas le coup de foudre mais c’est dans la bonne direction.

Québec Solidaire continue à détruire le château-fort du Parti Québécois. Sa chef n’a pas l’envergure pour être premier ministre, mais est aimée dans son milieu de l’est Montréal où elle est la reine.

Comme toujours, cette élection est une question d'amour !

 

Claude Dupras

lundi 3 septembre 2018

La gestion de l'offre, oui ou non ?


Une question dont on ne peut parler en période électorale est bien celle du système de la Gestion de l’offre qui a été mis-en-place pour protéger les revenus des producteurs de lait, de poulet, de dindon et d’œufs. On vient de le constater clairement suite à la position du président Trump qui cherche à l’abolir via ses négociations de l’Alena et à la vive réaction de nos chefs politiques au Québec comme au Canada.
Il n’y a pas un parti ou un politicien qui osera donner une opinion autre que favorable à cette politique nationale, s’il veut se faire élire, car le lobby des producteurs est trop fort et un grand nombre de comtés électoraux en bénéficie. Le seul qui a bravé par principe et sans crainte est le député conservateur de la Beauce, Maxime Bernier, et il en a payé les frais puisqu’il n’a pu devenir chef de son parti dû à la révolte des cultivateurs conservateurs québécois et autres qui l’ont opposé subtilement durant la course au leadership.  
Le Canada est le seul pays au monde (depuis 7 ans) qui maintient une politique de gestion de l’offre pour protéger ses producteurs et le Québec qui produit 44% des quotas canadiens est évidemment le plus grand défenseur de cette politique.
Nos gouvernements favorisent cette méthode puisqu’elle est un mécanisme qui assure les revenus aux producteurs sans qu’ils aient l’obligation d’accorder des subventions comme aux USA et dans d’autres pays du monde. De plus, elle contribue à la richesse de plusieurs de nos villages québécois où œuvrent 7 000 producteurs à haut revenu. Cela n’est pas un argument négligeable au point de vue de la qualité de vie de ces villageois.
Les pénalisés, ce sont nous qui payons. Sans gestion de l’offre, les prix aux consommateurs seraient de beaucoup moins élevés. Par exemple, le lait se vend aux USA 1,12 $CDN le litre alors qu’il est 1,50 $CDN le litre chez nous. On peut comprendre aussi que les gens à faible revenu sont grandement défavorisés par ce système de contrôle des prix par les producteurs.
Avec la gestion de l’offre, les supers fromages français nous étaient inaccessibles. Mais les Européens ont décelé une faille dans le système en rapport avec l’exportation de leurs fromages au Canada. Elle a été reconnue et maintenant nous pouvons déguster les fromages français puisque l’importation de 16 000 tonnes a été autorisée. Sur le champ, Ottawa a annoncé une subvention de 4 milliards aux producteurs canadiens de fromage pour compenser la baisse de leurs ventes.
L’importation d’une certaine quantité de produits agricoles de producteurs étrangers est acceptée mais pour protéger les hauts prix générés par la gestion de l’offre, de fortes pénalités douanières s’appliquent. Ces surtaxes varient de 150% pour le dindon à 300% pour le beurre, le fromage et le yogourt. Ce sont ces pourcentages très élevés que dénonce le président américain Trump pour attaquer le Canada si durement ces jours-ci.
L’argument principal des producteurs canadiens est que la gestion de l’offre assure un revenu décent aux agriculteurs et qu’ils sont essentiels, par la qualité de leur production, à la qualité de vie des Canadiens.
La méthode de la gestion de l’offre est-elle défendable ? Une telle ingérence déloyale des gouvernements canadiens dans un secteur économique de la première importance doit-il être maintenue alors que tous les pays du monde l’ont rejetée ? Est-ce raisonnable de tolérer qu’un tel monopole aille à l’encontre du libre-échange mondial ? Est-ce acceptable que ce système défavorise les moins nantis de notre société pour les produits essentiels à leur vie ? Est-ce qu’un système de subventions gouvernementales ne serait pas finalement plus équitable que la gestion de l’offre ?
Avec les prix des produits des grandes épiceries qui grimpent à une vitesse vertigineuse, n’est-il pas temps que l’on cherche à les stabiliser ?

Claude Dupras