samedi 18 janvier 2014

Harper défend plus Israël que le Québec

Stephen Harper est le premier, des premiers ministres canadiens, invité à donner un discours au Knesset, le parlement d’Israël, devant les 120 députés israéliens assemblés à Jérusalem. C’est tout un honneur. Il inaugurera aussi un sanctuaire d’oiseaux portant son nom et recevra un doctorat honoraire de l’université de Tel Aviv.

Il sera reçu en héros.

Ce geste particulier est pour marquer l’appui indéfectible d’Harper à l’état d’Israël dans le conflit palestino-israélien. Ses dirigeants apprécient la constance des prises de « positions morales » qu’il prend sur les sujets politiques qui touchent leur pays, que ce soit à l’ONU, aux sommets du G8 et ailleurs.

Israël n’oublie pas le boycottage par Stephen Harper des conférences antiracismes de Durban, sa défense des opérations menées au Liban lors du conflit de 2006, son opposition aux critiques d’Israël lors des rencontres de la Francophonie, son appui aux représailles militaires de l’armée israélienne suite à l’agression du Hamas, son opposition aux discussions du G8 touchant la paix avec la Palestine afin qu’elles tiennent compte des frontières d’avant la guerre de 1967, de son vote positif à l’ONU pour modifier le statut d’Israël d’ « entité non-votante » à « État non-votant », etc… Ces actions démontrent qu’Israël ait raison ou non, Harper l’a toujours appuyé fortement et publiquement, nonobstant le fait que les mandarins d’Ottawa l’aient avisé que la crédibilité du Canada serait minée et que ses positions risquaient de contribuer à la croissance du terrorisme islamique.

À ses dénonciateurs, Harper souligne l’aide financière du Canada qu’il a donnée aux régions de Gaza et de la Jordanie. Il évite de dire que notre pays l’a toujours fait et il n’avoue pas que l’ensemble de ses actions démontre que sa sympathie première au Moyen-Orient est acquise à Israël.

Les discours d’Harper ne sont pas alignés avec la politique officielle du ministère des Affaires extérieurs du Canada, défini avec le temps par ses prédécesseurs. Il agit comme si elle n’existait pas. Que ce soit en rapport avec l’annexion de Jérusalem-est, du contrôle permanent des territoires occupés depuis 1967 et autres. Pour lui, « ce que je dis, est la politique extérieure du Canada ».

Même l’ex-PM Louis Saint-Laurent n’a pas reçu un hommage comme celui réservé à Harper. Pourtant, le 29 novembre 1947, il a décidé que le Canada prenne position en faveur d’Israël, lors du vote à l’ONU sur le « plan de partage de la Palestine » en trois entités : « l’État Juif », « l’État arabe » et « Jérusalem sous contrôle international ». Le vote fut de 33 pays « pour », treize « contre » et dix « abstentions ». Deux jours avant, dans un premier vote, Israël n’obtint que 28 votes, un de moins que la majorité requise. Ce fut très serré.

À ce moment-là, la Palestine était sous mandat britannique, conformément au statut politique établi par la Société des Nations en Palestine et en Transjordanie à partir de 1920. La population était de 65% arabe et 35% juive. Les arabes palestiniens rejetèrent le « plan de partage » et revendiquèrent l’ensemble du territoire puisque, disaient-ils, « la majorité est arabe ». Les États de la Ligue arabe les endossèrent.

Le 14 mai 1948, la communauté juive d’Israël proclama son indépendance et la création de l’État d’Israël qui devint une république parlementaire multipartite et une démocratie libérale avec suffrage universel. Les arabes insatisfaits, se sentant brimés, déclenchèrent la guerre d’Israël. Ce dernier rétorqua et le conflit dure encore avec la conséquence qu’Israël s’est approprié de plus en plus de terres arabes. En 1967, en plus de la Cisjordanie, Israël, qui occupait la partie ouest de Jérusalem, conquit la partie est et fit sa capitale de l’ensemble. Cet état de fait n’est pas reconnu par l’ONU.

Le peuple juif qui venait de subir l’horrible génocide perpétré par les nazis durant la 2ième guère mondiale, travailla dur pour bâtir son nouveau pays et le peupler de leurs contemporains de tous les coins du monde. Plus de 850 000 répondirent. De leur côté, des millions de Palestiniens, qui vivaient dans les secteurs attribués à Israël, 4,9 millions se réfugièrent du côté arabe. Aujourd’hui, Israël compte plus de 75% de juifs, le reste étant partagé entre arabes, chrétiens et autres. Sur la question des réfugiés palestiniens, plus de 72 résolutions ont été votées par les Nations-Unie, sans succès. Aucune ne s’adressait aux droits des nouveaux venus juifs, tel que le voulait Israël.

Tous les premiers ministres du Canada depuis St-Laurent ont été amis avec Israël mais leurs actions ont toujours tenu compte de la part des choses et de la situation internationale afin qu’une vraie solution soit trouvée et acceptée par les deux partis de ce conflit important. Ils ont cherché, avec les dirigeants de pays alliés, à trouver des compromis afin de mettre fin, une fois pour toutes, à cette querelle meurtrière entre les deux factions.

Seul l’ex-PM Joe Clark a agi unilatéralement en voulant déménager l’ambassade du Canada de Tel Aviv à Jérusalem, nonobstant la résolution de 1947 de l’ONU. Il fut vite rabroué par tous les pays du Moyen-Orient et revint vite à la politique sensée de ses prédécesseurs qui œuvraient autant pour les droits des Israéliens que pour ceux des Palestiniens. Harper, à chaque situation difficile entre Israéliens et Palestiniens ou entre Israël et un autre pays de la région du Moyen-Orient, prend inévitablement position pour Israël. Et cela même si ses alliés, USA ou autres, cherchent à engager des négociations entre les parties. C’est ainsi qu’il a gagné son titre de « meilleur ami politique d’Israël dans le monde ».

Pendant ce temps-là, Stephen Harper ne prend jamais parti pour le Québec. Je ne l’ai pas entendu dire : « Le Québec a raison sur ce sujet et je vais tout faire pour convaincre les autres provinces du bien-fondé de sa position ». Le registre des armes, est un exemple. C’est à l’École Polytechnique de Montréal que Marc Lépine a tiré à bout portant sur de jeunes polytechniciennes, en tuant 14 et blessant 14 autres. Nous, Québécoises et Québécois, avons tous été très marqués par ce massacre. Et, ce sont les mamans et les papas de ces victimes qui ont lancé le mouvement d’enregistrement des armes. Sa justification a été reconnue par tous, le gouvernement du Canada a agi et trois milliards de $ ont été dépensés pour le réaliser. Au moment où il fut mis en opération, Harper, devenu PM, l’annula parce que certains fermiers de l’ouest canadien s’y opposaient. Et pour ajouter à l’injure, il refuse de transmettre au gouvernement du Québec, la partie du registre qui le concerne.

L’Accord de Kyoto est un autre exemple. Il a renié cet accord international important sur l’environnement qui fut signé un de ses prédécesseurs, l’ex-PM Jean Chrétien. Il n’a pas dit que cet accord était surtout voulu par le Québec et qu’il allait tout faire pour le respecter.

De même, en rapport avec sa proposition d’invalider la loi fédérale sur l’exercice des droits fondamentaux et prérogatives du peuple Québécois et de l’État du Québec, qui stipule le droit du Québec de se séparer sans l'accord d'Ottawa, Harper refuse d’expliquer la justification de la loi aux anglophones canadiens, de défendre le droit du Québec d’agir ainsi et qu’il faut le reconnaître.

Et il y a des dizaines d’autres exemples de sujets sérieux touchant l’ensemble des Canadiens.

Enfin, le Canada profitera peut être du prestige d’Harper envers Israël en rapport avec les revenus émanant du pétrole. Il semble qu’il veuille l'utiliser pour obtenir l’appui du « lobby juif » américain, très puissant à Washington et normalement démocrate, pour faire pression sur le président Barack Obama afin qu’il approuve, dans les plus brefs délais, la construction de l’oléoduc XL Keystone devant transporter le pétrole des sables bitumineux du nord de l’Alberta à l’État d’Alabama. Au moins sur ce point, le Canada gagnera économiquement, mais, en fait, ce sera aux dépends de la bonne entente entre les Israéliens et lesa Palestiniens.

Claude Dupras

mercredi 15 janvier 2014

Même craqué, le Bloc est utile

Depuis sa fondation, le Bloc Québécois, parti politique canadien, a toujours représenté exclusivement à la Chambre des Communes canadienne les opinions politiques des séparatistes québécois. Même si je n’ai jamais été un partisan de ce parti, je reconnais d’emblée que maintes fois ses prises de positions reflétaient l’intérêt de tous les Québécois.

Le Bloc fut créé en 1991 par le ministre progressiste-conservateur démissionnaire Lucien Bouchard, suite à une mésentente de ce dernier avec le premier ministre (PM) canadien Brian Mulroney en rapport avec l’accord du Lac Meech sur le rapatriement de la constitution canadienne de Londres.

Ce n’était pas la première fois qu’était proposée l’idée d’un parti national composé exclusivement de Québécois à Ottawa, pour défendre les intérêts du Québec. Dès 1926, l’Action française avait propagé une telle proposition sans succès. Plus tard, en 1942, en pleine guerre mondiale, lors du débat sur la conscription obligatoire de jeunes Canadiens dans l’armée canadienne pour aller au front en Europe, le Bloc Populaire fut créé au Québec pour s’opposer à cette mesure. Son chef était Maxime Raymond. Il ne gagna aucun siège à l’élection fédérale.

Par contre, son aile provinciale dirigée par André Laurendeau présenta, en 1944, des candidats dans tous les comtés contre le gouvernement libéral d’Adélard Godbout. Elle accusa ce dernier de marcher, main dans la main, avec le gouvernement fédéral libéral de Mackenzie King qui, disait-elle, favorisait la conscription. La popularité de Laurendeau et de son parti connut un bond de popularité dans les milieux nationalistes, au point que quelques curés n’hésitèrent pas à dire en chaire à leurs paroissiens : « Je ne peux vous dire pour qui voter, mais votez en bloc ». C’est l’Union Nationale de Maurice Duplessis, défait en 1939, qui gagna finalement l’élection. Le Bloc Populaire ne remporta que 4 sièges et le parti disparut, quelques années plus tard, suite à la démission de Laurendeau.

Dans les années ’60, le « Ralliement des Créditistes », parti du Québec résolument fédéraliste et de droite, de Réal Caouette, gagna plusieurs sièges au Québec dans les régions rurales et devint jusqu’au début des années ’80 le porte-parole, à la Chambre des Communes, du mécontentement et du nationalisme des Québécois.

Après plusieurs décennies de déceptions et d'échecs, le Bloc Québécois fit élire 54 députés à l’élection fédérale de 1993. De plus, à la surprise générale, le parti se classa deuxième avec le plus grand nombre de sièges à la Chambre des Communes et devint, par la force des choses, l’Opposition officielle du gouvernement du Canada. Ce fut grâce à l’intelligence, les convictions profondes, l’éloquence et le charisme de Lucien Bouchard qui charmèrent les Québécois.

En fin de janvier 1996, Bouchard démissionna pour remplacer Jacques Parizeau au poste de PM du Québec et le Bloc a choisi Michel Gauthier comme son deuxième chef. Après un an, il fut remplacé par Gilles Duceppe. Habile, intelligent et bon politicien, Duceppe maintint le Bloc fort et majoritaire au Québec jusqu’à l’élection fédérale de 2011 où il connut une débandade spectaculaire et perdit tous ses députés, sauf quatre. Duceppe démissionna. Son successeur, Daniel Paillé, vient de démissionner à son tour, après un an à la barre du parti et le Bloc est redevenu orphelin.

Depuis, un débat sur la pertinence du Bloc Québécois sur la scène politique canadienne fait rage au Québec : « Un parti de séparatistes québécois est-il utile et nécessaire à Ottawa ? ». Ces derniers jours, l’ex-PM québécois Bernard Landry et l’ex-député péquiste Yves Michaud ont dit publiquement NON et ont demandé la mort officielle du Bloc Québécois. D’autres s’y opposent et prétendent que la place qu’occupe le parti doit être comblée parce qu’elle est une tribune pour ceux et celles qui veulent vanter les mérites de la séparation du Québec du Canada.

Je ne suis pas séparatiste. Je ne peux me résoudre à laisser le Canada aux autres. Mon pays est si vaste, si riche, si beau et si plein d’opportunités pour mes descendants que je me dois de tout faire pour leur conserver.

Par contre, l’idée que le Bloc demeure à Ottawa ne me déplait pas. Pas fort, mais avec un représentation minimum. Je ne crois pas, dorénavant possible, qu’il obtienne des victoires aussi éclatantes que celles obtenues par Bouchard et Duceppe et c'est une bonne chose. De plus, je crois important que plusieurs députés québécois issus de partis fédéraux traditionnels soient élus et qu'un bon nombre deviennent ministres du gouvernement. Ce que le Bloc ne peut faire. Mais qu’une dizaine de députés bloquistes soient élus à la prochaine élection me semble positif. Un tel résultat aura l'avantage de maintenir sur la scène nationale le débat sur les idées d’une bonne partie de la population québécoise. De plus, il servira à renseigner les députés des autres provinces des demandes du Québec. La démocratie ne peut qu’en gagner.

Avec le temps, j’ai remarqué que le débat de politique fédérale fait partie de nos discussions lorsqu’il y a au pouvoir à Ottawa un gouvernement avec un PM québécois (comme ceux de Trudeau, Chrétien et Mulroney) ou un gouvernement composé de plusieurs ministres québécois compétents (comme celui de Joe Clark) ou encore une opposition comme celle du Bloc qui défend ardemment des positions qui sont au cœur de plusieurs de nos débats locaux. Depuis l’élection du gouvernement du Parti Conservateur de Stephen Harper, dans lequel le Québec est peu représenté, je regrette que les Québécoises et Québécois n’entendent moins parlé de la politique fédérale et n’y apportent, par conséquent, moins d’attention que par le passé.

Le Nouveau Parti Démocratique a connu une grande victoire en 2011 et a balayé le Québec. Il est devenu l’opposition officielle. Malheureusement, l’inexpérience de ses nombreux députés québécois ne l’a pas vraiment aidé avec le résultat que les échos des débats de la colline parlementaire à Ottawa nous parviennent à peine. Et cela, même si son chef, Thomas Mulcair, fait un job du tonnerre comme chef de l’opposition, selon tous les observateurs avertis.

Face au nouveau, jeune et charismatique chef libéral, Justin Trudeau, qui a redynamisé son parti; face à la force politique que conserve le NPD; face au potentiel des 850 000 votes qu’a remportés le Bloc à la dernière élection et face au 12% de votes qu’obtiendront les Conservateurs, j’en conclus qu’il est probable que le vote au Québec, à la prochaine élection fédérale, sera réparti entre tous les partis si aucun ne prend un élan hors de l’ordinaire. Une telle situation pourra aider les candidats du Bloc à se faufiler, à plusieurs endroits, entre les autres candidats et à regagner ainsi une dizaine de comtés dans les régions où le parti a toujours été très populaire.

Le Bloc a besoin d’un nouveau chef avec une expérience politique et de bons candidats. Il y a quelques jours, Richard LeHir, ex-ministre de Parizeau, a annoncé être prêt à devenir candidat du Bloc à la prochaine élection. Il a affirmé son désir de se présenter contre Justin Trudeau dans le comté de Papineau, à Montréal. Le Hir est un bon candidat mais il perdra sa chemise contre Trudeau dans ce comté cosmopolite où un séparatiste n’a aucune chance de l’emporter surtout contre le chef du parti libéral. S’il ne vise qu’à faire du bruit et attirer l’attention, il y a des possibilités qu'il atteigne son but, mais ce n’est pas certain. Mais s’il est vraiment sérieux et veut être élu pour aider le Bloc, qu’il choisisse un comté aux caractéristiques favorables pour un candidat de sa trempe et de sa couleur politique. Ce ne sera pas facile mais, comme je l’ai expliqué précédemment, un bon candidat avec une bonne organisation peut gagner de justesse un comté pour son parti à la prochaine campagne électorale, même s’il s’agit du Bloc Québécois.

Claude Dupras

dimanche 5 janvier 2014

La mari s'en vient

L’État américain du Colorado vient de légaliser la marijuana. C’est une nouvelle surprenante pour plusieurs. Sommes-nous si mal renseignés ?

On nous a dit et redit depuis toujours que fumer de la marijuana est dangereux pour la santé, qu’elle intoxique, affecte la mémoire, le jugement, la sensation, la perception, la coordination, l’équilibre. Que le rythme cardiaque est augmenté. Qu’à la longue, elle altère profondément la personnalité, les fonctions intellectuelles au point que les capacités d’apprendre sont diminués, que la personnalité change et que l’utilisateur n'a pas conscience de son état et peine à dormir.

Comme pour l’alcool, le danger est l’addiction qui génère une augmentation de risques de toux, de bronchites, de schizophrénie chez les plus faibles, d’anxiété, de découragement, de dépression chez d’autres. La pratique du sport et la conduite automobile sont affectées. La qualité de vie est diminuée.

La marijuana, on l’a vu souventes fois, accorde à l’utilisateur des moments euphoriques, un « high » comme on dit. Son cerveau est stimulé et génère de bonnes sensations comme pour le sexe, le chocolat. Il devient relaxé, euphorique, très sensible. Les couleurs sont plus belles, les odeurs meilleures. Certains sont plus heureux, rient davantage, se foutent du temps, ont un meilleur appétit. Mais après, lorsque les belles sensations intenses disparaissent, la dépression gagne la partie faisant place à l’anxiété, la peur, la méfiance, la panique…

Un accro s’en sort difficilement.

La marijuana, c’est comme la cigarette et l’alcool qui tuent et dont la vente est légale partout.

Suite à un référendum, le gouvernement du Colorado, depuis le 1er janvier 2014, autorise légalement la vente de recreational marijuana, limitée à une once (28 g) à la fois pour un prix de $200.00 à ses citoyens âgés de plus de 21 ans, malgré que la loi fédérale qualifie d’illégales la culture, la possession et la vente de marijuana et prévoit la prison pour les coupables, même à vie dans certains cas, qu’ils soient producteurs, trafiquants ou consommateurs. Mais le président Obama, en août dernier, via le département de justice américaine, a affirmé qu’il ne contesterait pas les États qui légaliseraient la marijuana pour fins récréatives et concentrerait les efforts du gouvernement américain sur la vente en gros de ce cannabis et la protection des enfants. En réalité, le Colorado ne respecte pas la loi et Obama ferme les yeux.

La marijuana est offerte en semences et porte des noms excitants : Strawberry Kush, Amnesia, Diesel acid ou Green crack. Il y a même des bonbons enrobés de ses agents chimiques.

Le référendum sur la légalisation de ce cannabis a été remporté à 55% pour plusieurs raisons invoquées : la mari est moins dangereuse (on ne sait si c’est vrai) que l’alcool et le tabac; le Colorado économiserait les 10 milliards par an qu’il dépensait pour la prohiber ; l’imposition d’une nouvelle taxe de vente de 27,9% sur le produit, représentant 67 millions et les taxes additionnelles des villes et comtés. De l’ensemble de tous ces nouveaux revenus, une bonne part sera dédiée à la construction de nouvelles écoles.

C’est comme fait le Québec avec l’alcool et les vins dont il s’est donné le monopole. Il y applique des taxes exorbitantes afin d’augmenter ses revenus. On peut juger de cette marge lorsqu’on analyse un vin qui se vend 4,5 euros en France et qui, rendu sur les tablettes de la SAQ, est affiché à 24-27$. Par contre, pour la marijuana utilisée pour fins médicales avec prescription de médecin (même si non-reconnue comme médicament par les organismes médicaux des gouvernements) ces taxes ne s’appliqueront pas. Quant aux cultivateurs de marijuana, on peut aisément le deviner, ils se frottent les mains !

Les règlements du Colorado qui accompagnent cette nouvelle législation pour fumer la marijuana sont sévères. Il sera, entre autres, défendu de la fumer sur la place publique ou tout établissement contraint par la loi à avoir un air ambiant propre. Une contravention sera émise à un automobiliste affecté et ne rencontrant pas les normes, etc.

On estime que la demande sera si forte que cela ajoutera à l’attrait touristique du Colorado et que le nombre de skieurs, randonneurs et autres, qui y viennent chaque année, accroîtra sensiblement. On peut imaginer que des mari-coffee shops pousseront partout sur le territoire de l’État.

Le Colorado ne sera pas longtemps seul puisque le référendum de l’État voisin de Washington a aussi été approuvé par les électeurs et qu’il est question qu’une loi soit mise en application avant la fin de l’année. Des citoyens des autres États, en accord avec l’opinion des Coloradiens, vont sûrement penser aux avantages financiers d’une telle permission et réclamer de leur gouvernement une approche similaire.

De plus, l’OEA, organisation des gouvernements des continents américains et des Caraïbes, a émis un rapport suggérant à ses membres d’analyser la possibilité de légaliser la marijuana. Déjà, le sénat uruguayen a approuvé une loi légiférant la production et la vente de cannabis et vise le premier semestre de 2014 pour la mettre en force.

Partout, au Canada comme aux USA, les sondages indiquent une tolérance grandissante à la marijuana par les différentes populations. Avec la décision du Colorado et ce qui se passe ailleurs, on peut imaginer la pression additionnelle qui sera faite sur tous les gouvernements et conclure que la mari s’en vient !

Claude Dupras