lundi 30 novembre 2009

Honte aux Suisses !

Il est difficile de croire que les Suisses viennent de voter majoritairement contre la construction de minarets dans leur pays. Il semble qu’ils veulent donner à toutes les démocraties occidentales une leçon de morale en interdisant la construction de mosquées.

Et la liberté de culte, on en fait quoi? La majorité chrétienne de nos pays n’est pas une raison suffisante pour justifier une telle insulte à son prochain.

Je ne sais pas si je suis peiné ou choqué car ces deux sentiments s’entrechoquent en moi. Je vois dans cette bêtise le résultat de la propagande des conservateurs américains, des reportages « tout croches » des mass médias et des explications démagogiques de nos gouvernements pour justifier les guerres inutiles d’Irak et d’Afghanistan.

Le gouvernement Suisse affirme que la constitution du pays ne peut empêcher la construction de minarets. Mais, ce n’est pas une question de constitution ni d’accommodements raisonnables mais de compréhension et de respect pour les musulmans et leur religion !

Nos ancêtres ont planté de grosses églises partout à Montréal et voilà que l’on voudrait défendre aux musulmans ou à ceux qui voudraient le devenir d’avoir leur centre de culte construit selon leurs préceptes.

Je dis honte à ces Suisses qui malgré qu’ils soient civilisés et bien éduqués se montrent petits et bornés. Ils ne sont sûrement pas un exemple pour nous. Et, leur action nous nuit considérablement partout dans l’opinion des 1,5 milliards de musulmans du monde.

Ah ! si seulement Jean Paul II était encore vivant. Il saurait mettre les points sur les « i ».

Claude Dupras

jeudi 26 novembre 2009

« Je n’y vais pas, je n’y vais pas… j’y vais » (Harper)

Rien ne va plus pour le PM canadien Stephen Harper et sa politique environnementale. Au moment où les provinces canadiennes dénoncent l’inaction pour combattre le réchauffement climatique et qu’un rapport du Comité du Trésor sermonne le gouvernement pour sa piètre performance en rapport avec la qualité de l’air, la biodiversité et les émissions de gaz à effets de serre (GES) au Canada, voilà que le président américain Barack Obama annonce qu’il sera à Copenhague pour la conférence des Nations-Unies sur les changements climatiques, en décembre.

Obama rejoindra plus de 62 chefs d’état qui par leur présence active démontreront toute l’importance qu’ils attachent à ce problème majeur qui confronte la terre. De plus, ils indiquent qu’ils sont prêts à prendre leurs responsabilités financières pour aider les pays en développement à rencontrer leurs objectifs respectifs dans ce vaste effort mondial.

Copenhague est une opportunité qui arrive au bon moment. Alors que les négociations pour la préparation de cette conférence avançaient à pas de tortue, voilà que le « momentum » qui en découle maintenant exerce une pression importante sur tous les gouvernements et tous les joueurs privés pour enfin livrer la marchandise. Il faut en profiter car trop de pays, de manufacturiers, d’agriculteurs, sans compter les compagnies pétrolières, cherchent des faux-fuyants pour s’en sortir ou retarder les échéances des actions à prendre.

C’est l’ex-VP américain Al Gore qui rappelait, hier, qu’il est essentiel que Copenhague accouche d’une entente opérationnelle solide et de directives claires afin que les négociateurs internationaux puissent préparer, pour l’an prochain, le traité complet devant être signé par toutes les nations.

Pour le PM Harper et son ministre de l’environnement, Jim Prentice, tous deux députés de l’Alberta, rien ne presse et rien n’est important. Malgré qu’Harper ait annoncé hier à la Chambre des communes qu’il n’ira pas à Copenhague, aujourd’hui, en catastrophe, il annonce qu’il y ira. Le moindre que l’on puisse dire c’est que ça ne fait pas sérieux... Non seulement la politique du gouvernement conservateur est calquée sur celle des USA, le déplacement de notre premier ministre l’est sur celui du président américain. C’est à se demander si le Canada est un pays souverain.

Heureusement que les Américains ont élu Barack Obama, car s’ils avaient élu un autre Georges W. Bush, notre pays ne serait pas présent à Copenhague et notre politique environnementale inexistante.

L’hésitation du PM Harper de parler à l’étranger d’environnement, s’explique jusqu’à un certain point, par le fait que notre PM est coincé par une question d’intérêt personnel puisqu’il vient d’Alberta où se trouve l’exploitation des sables bitumineux qu’il a encouragée envers et contre tous malgré que les experts internationaux répètent depuis belle lurette que l’extraction des sables bitumineux par la façon actuelle met en danger l’espèce humaine.

Pourtant, le PM Harper sait bien maintenant que le réchauffement climatique n’est pas une « invention socialiste » comme il le disait du temps du Reform Party. Il sait bien que c’est autre chose puisque des signes jaillissent, chaque jour, de partout. Par exemple, encore aujourd’hui, on apprend que les infrastructures du grand nord se dégradent de plus en plus. Routes, bâtiments, pipelines, structures de communications ont leurs fondations assises sur le « permafrost » depuis toujours considéré comme permanent mais qui commence à fondre. Cela va devenir un problème majeur pour le gouvernement Canadien qui gère tout le grand nord.

Il est possible qu’avec le temps, le PM Harper agisse avec responsabilité, et non en hypocrite, sur la question du réchauffement climatique. Je l’espère mais je n’y compte pas car il me donne l’impression que c’est la conjoncture politique qui le force à agir. Il est lié mains et pieds par les pétrolières de l’ouest et ne sait comment se libérer.

Claude Dupras

mardi 24 novembre 2009

La politique : l’affaire de tout le monde

Janine Krieber est l’épouse de Stéphane Dion, l’ex-chef du parti libéral du Canada. Elle n’a pas encore digéré la brutalité avec laquelle les membres du parti ont expulsé son mari de la tête du parti. Je la comprends d’avoir encore de la rancœur car plus que quiconque elle le connaît. Dion est un homme de qualité, sincère, honnête politiquement, bien pensant et qui a démontré, comme chef, toute sa sagesse, son leadership et ses profondes connaissances intellectuelles. Des tels hommes politiques sont rares au Canada. Son seul problème est son manque de charisme et çà, dans le jeu politique d’aujourd’hui, c’est fatal.

Le malheur de Mme Kreiber c’est qu’elle a choisi de s’exprimer sur internet, en critiquant sévèrement le nouveau chef Michael Ignatieff et le parti libéral du Canada, dans une rubrique de Facebook. Elle croyait que cette conversation n’était réservée qu’à un groupe limité de ses amis. Il est surprenant qu’une femme comme elle, professeur de sciences politiques, spécialiste en sécurité et en terrorisme, ait cru qu’Internet pouvait vraiment être privé. Surtout Facebook. En entendant cette nouvelle, j’ai pensé dans un premier temps que c’était un canulard. Mais non, La Presse l’a rapporté à la une du journal et elle est bien réelle.

Réalisant son faux pas en apprenant que son message se répandait « at large », Mme Krieber l’a retiré du web et a même fermé son compte Facebook. Mais le mal était fait.

Cette sortie n’aidera pas le parti d’Ignatieff et s’ajoutera aux difficultés actuelles que rencontre cette formation politique où tout ne va pas dans le meilleur des mondes actuellement. Après un départ impressionnant, un refinancement étonnant du parti, un positionnement très favorable dans les sondages, etc… tout laissait croire en la possibilité d’une reprise de pouvoir par les libéraux. Mais voilà que depuis quelques mois, les Canadiens voient Ignatieff sous un autre angle, et ils n’aiment pas. Sa soif du pouvoir et les réactions qui en ont découlé l’ont vite rendu impopulaire.

Peut-il en revenir ? J’en doute fortement. Car malgré les belles qualités de cet homme et ses propositions politiques intéressantes, il a cherché à emberlificoté les électeurs en expliquant les raisons de sa motion de non-confiance éventuelle au parlement. Depuis, son air empêtré ne l’aide pas. Il y a aussi le fait que les Canadiens se surprennent d’apprendre les positions politiques passées d’Ignatieff et réalisent maintenant qu’il était, entre autres, favorable à la participation du Canada à la guerre en Irak et au projet de l’implantation du bouclier antimissile par les Américains. Malgré qu’Ignatieff se soit, depuis qu’il est chef, excusé de ses positions importantes antérieures, les Canadiens restent maintenant méfiants face à ses changements d’idées. Plusieurs se demandent, qui est le vrai Ignatieff ?

De l’autre côté, le gouvernement de Stephen Harper, qui ne mérite absolument pas la confiance des Canadiens pour plusieurs bonnes raisons dont celle de ses politiques environnementales et sa défense de l’exploitation des sables bitumineux albertains, continue à grimper dans les sondages. Le Parti Conservateur s’est tracé une « feuille de route », pour gagner le pouvoir majoritaire, et il la suit à la lettre. Il agit avec une haine implacable envers ses adversaires même si cela frise le non-respect des lois canadiennes. « Tout pour gagner » voilà ce qui semble être le slogan actuel des Conservateurs. Et ça marche…

De plus, Stephen Harper projette de mieux en mieux une bonne image de politicien. Il est calme, actif et donne l’impression d’un homme à l’aise aux commandes du pays. Ses voyages partout au Canada, pour annoncer les projets d’infrastructures générés par le plan gouvernemental pour la relance de l’économie, attirent beaucoup de sympathie. Ses voyages à l’étranger comme celui en Inde et celui en Chine, qui se prépare, lui confèrent l’image d’une politicien de calibre international qui représente bien le Canada. Malgré que la réputation du Canada à l’étranger ait diminué à cause des politiques d’Harper, les Canadiens oublient vite et aiment le voir regagner la ferveur internationale pour leur pays.

Par conséquent, Harper et ses acolytes grimpent dans les sondages partout au Canada, sauf au Québec, au point qu’il semble possible qu’une majorité conservatrice se dessine pour le prochain parlement, sans le Québec. Ce sera un fait très rare dans l’histoire politique de notre pays et placera le Québec dans une position fortement désavantageuse. Plusieurs y voient de la graine à séparation en préparation.

Que faire ? Nos compatriotes anglais aiment dire: « If you can’t fight them, join them ! ». Il est certain que si un plus grand nombre de Québécois étaient actifs dans le PC et y détenaient des positions importantes, ils seraient en mesure d’influencer les stratégies de ce parti.

Je ne préconise pas que mes compatriotes joignent ce parti simplement parce qu’il sera au pouvoir longtemps. Il y a déjà trop de ces individus, politiciens-éphémères, que je qualifie de néoconservateurs, sans principe et qui ne rôdent autour d’Harper et des ministres que pour obtenir des faveurs. J’ai vu cela du temps de Mulroney et cela n’a pas aidé le parti qui a été éventuellement éclaboussé par les agissements de ces individus.

Non, je dis aux jeunes et au moins jeunes qu’il est important de participer activement dans un parti politique. Je leur propose une participation constante et réelle.

Le PC a toujours été un grand parti Canadien. C’est une option importante à chaque élection. Il est important qu’il soit bien représentatif des nations qui composent le pays. Il est essentiel qu’un fort contingent de Québécois et de francophones des autres provinces en deviennent membres actifs. Je vous assure que c’est fort intéressant et engageant, ayant moi-même participé pendant pus de 25 ans dans les rangs de ce parti. C’est la seule façon que l’on peut infléchir les politiques pour qu’elles répondent à nos aspirations.

Je ne fais pas cet appel strictement pour le Parti Conservateur. Il y a aussi les autres grands partis comme le Parti Libéral et le NDP. Mais dans les circonstances actuelles, je crois qu’il serait opportun de joindre les rangs du PC, car il y a là un vide à combler pour les francophones et un potentiel d’avenir important pour celui qui veut œuvrer activement en politique et travailler pour ses semblables.

Claude Dupras

vendredi 20 novembre 2009

L’Inde d’aujourd’hui

J’arrive d’Inde. J’y ai passé deux semaines merveilleuses. C’est la raison pour laquelle je n’ai pas écrit dernièrement de blog. Le hasard a voulu que je sois, le même jour, dans le même hôtel de Mumbai où logea le PM du Canada, Stephen Harper, en visite officielle en Inde, avec sa très nombreuse délégation. Cette visite du PM a attiré l’attention des Canadiens sur ce grand pays et cela arrive bien car j’avais l’intention d’écrire un texte sur ce que j’ai constaté en Inde durant mon voyage.

L’inde est un jeune pays qui a une population de plus d’un milliard d’individus dont la moitié a moins de 25 ans. Les grands économistes professionnels du monde voient dans leur boule de cristal une Inde qui deviendra une des plus grandes puissances mondiales, sinon la plus puissante. Sa nouvelle prospérité et la confiance grandissante chez les jeunes Indiens dans le rôle de plus en plus important que joue leur pays dans le monde, les stimulent fortement. L’Inde moderne se développe à un rythme jamais vu et tous les efforts s’orientent vers le futur. Le taux de croissance des dernières années a été de 5, 6, 7 et 8%, et les revenus du gouvernement ont crû de 9, 10, 11 et 12 %. Le pays vit actuellement des changements dramatiques qui sont en train de transformer profondément la société indienne, particulièrement en rapport avec les castes. Les barrières tombent.

Déjà, l’Inde est la cinquième économie du monde et ses marchés grossissent sans cesse. Sa main d’œuvre est jeune, intelligente, mathématicienne, et travaillante. L’école est disponible pour tous les jeunes, si les parents acceptent. Dans le passé, 40,8% des enfants n’ont pas fréquenté l’école. Aujourd’hui, dans les campagnes, pour encourager la présence à l’école, le gouvernement fournit non seulement les écoles et les maîtres, mais le vêtement scolaire, le repas du midi et une bicyclette si la maison familiale est située à plus d’un km de l’école. Partout, sur les routes, on voit vers 10h15 tous les jeunes qui se dirigent vers leur école où dès la première année on y enseigne les bases des mathématiques. On peut imaginer la force qu’aura le pays demain avec tous ces jeunes qui se préparent.

On prédit même que l’Inde dépassera la Chine à cause du fait qu’elle est, depuis 1962, une démocratie réelle. En Inde, il y a place pour tous ceux qui veulent développer leurs idées, mettre à profit leurs talents, travailler, devenir des entrepreneurs, investir. Suite à l’occupation anglaise, la langue anglaise est connue et répandue. Le nombre de bilingues augmente vitement. Les jeunes Indiens sont motivés par leur liberté d’expression et les principes démocratiques de leur pays. La Chine, au contraire, demeure totalitaire et ce sont les dirigeants qui pensent pour la masse.

Mais les défis demeurent importants :

. L’injustice sociale est effarante. Le pourcentage de pauvreté est très grand et croissant. Il continue de marquer négativement la vie nationale. Par exemple, les « slums » de Mumbai regroupent plus 4,5 millions d’individus très, très pauvres. Les taux de maladies et de décès infantiles sont énormes. En parcourant ce secteur, je ne pouvais imaginer de solution tellement tout est sordide. Ailleurs, dans le pays, j’ai maintes fois vu des enfants mal nourris, des mères sous-alimentées, des soins médicaux qui se font attendre, un manque d’éducation chez les adolescents. À ma surprise, on m’a expliqué que la privatisation des soins de santé augmente car le système national de santé qui est gratuit est déficient. Ainsi, les parents pauvres se voient obligés de prendre de leurs maigres économies pour faire traiter les membres de leur famille et doivent par la suite les priver de l’essentiel.

. Le maintien et l’amélioration des relations cordiales entre les multiples religions et les communautés culturelles du pays pour faciliter et assurer la coexistence paisible de chacune.

. La construction de vastes infrastructures pour répondre aux besoins de l’avenir.

. Et enfin, l’assurance d’une croissance économique stable.

Pour son futur, l’Inde devra répondre aussi à de grandes questions ayant rapport avec la démocratie et la justice; le leadership économique, social et politique; l’entrepreneurship; la politique de la pauvreté. Elle devra apprendre à être une superpuissance en économie, en géopolitique, dans les sports, dans le numérique et la technologie. Son potentiel est grand et les possibilités nombreuses pour que le 21ième siècle devienne celui de l’Inde.

Les succès économiques d’aujourd’hui pressent pour l’émergence d’un nouveau nationalisme et le défi intellectuel et politique actuel est de le définir. Un nationalisme qui devra être inductif et auquel tous les Indiens se sentiront attirer, quelques soient leur ethnicité, leur langue, leur culture, leur religion, car il devra être multiculturel et multireligieux. Un nationalisme qui définira positivement qui ils sont dans le monde, l’intérêt national du pays et leur ouverture sur le monde. Ainsi, l’Inde sera mieux placée pour aborder les grands problèmes actuels mondiaux, tels : les changements climatiques, les échanges internationaux, les contrôles financiers, le protectionnisme, les dangers politiques régionaux...

Il est impératif que la classe politique du pays soit en mesure de répondre aux aspirations des Indiens, ce qu’elle n’a pas encore démontré par ses actions passées qui basculent entre des fantaisies socialistes, totalitaristes, provincialistes ou de politiques à court terme. Mais elle devra se rappeler ses erreurs passées, afin de les éviter dans l’avenir. Les hommes d’affaires, les universitaires, les jeunes indiens réclament l’émergence de dirigeants politiques capables d’implanter un sens fort et réel de la nation dans chaque individu. Des hommes ou des femmes politiques capables de voir loin et d’être en mesure de diriger une grande puissance.

Pour ce faire, la classe politique doit changer. Aujourd’hui, ce sont des dynasties qui la composent. Les postes politiques sont hérités et non mérités. Les partis politiques sont devenus des entreprises privées appartenant aux familles. Gandhi succède à Gandhi qui succède à Gandhi… Et c’est la même chose du nord au sud, de l’est à l’ouest. Les candidats, membres de familles, sont certes brillants et bien éduqués, mais ce ne sont pas des agents de changement. Ils n’ont pas de mission, ni de message capable de transformer une nation. Ils ne sont pas nécessairement capables d’exercer un vrai leadership basé sur des idées et n’ont pas la capacité ni la motivation de les transformer en actions concrètes. L’Inde est un jeune pays et elle a en son sein les leaders politiques dont elle a besoin. Il faut qu’ils puissent émerger de l’ombre.

Des leaders capables de parler de la pauvreté, d’en faire un sujet de débat. De pouvoir en parler dans les medias qui actuellement sont monopolisés par la classe moyenne et qui ne laissent aucune place pour le débat sur la politique de la pauvreté. Ce n’est que le jour où le plus pauvre des enfants aura accès à une éducation de base, à des soins de santé décents, à une bonne nutrition et à un gite convenable, que l’Inde deviendra vraiment un grand pays.

Claude Dupras

mercredi 4 novembre 2009

Le maire et l’enquête publique

Les dés sont jetés. Gérald Tremblay a été réélu maire de Montréal. Il peut être heureux de sa victoire car après que tout se soit déchaîné contre lu, il a su tenir le coup. Mais il ne doit pas se « péter les bretelles » pour autant, car plus de 60% des électeurs se sont retournés contre lui. En France, avec la méthode électorale à deux tours, Tremblay ne serait probablement pas maire aujourd’hui.

Ce qui est important maintenant c’est que Tremblay forme un comité exécutif compétent et choisisse des hauts fonctionnaires capables de prendre en mains efficacement les affaires de la ville. Ce ne sera pas facile car les points de litige sont anormalement nombreux.

À mon avis, le dossier le plus important est celui de la révision de toute la procédure ayant rapport avec la réalisation de travaux publics. Il doit être examiné de fond en comble. Pour ce faire, les dirigeants de la ville doivent comprendre le pourquoi des augmentations de coûts des projets, malheureusement ils ne le sauront que si une grande enquête publique est tenue sur le sujet afin de dévoiler les dessous réels de la plus grande magouille de tous les temps dans le domaine de la construction au Québec.

Le premier ministre québécois Jean Charest préfère des enquêtes policières ad hoc à une commission publique pour faire ce travail. Je ne suis pas surpris de sa position sur le sujet car une enquête publique prend, une fois lancée, sa propre vie et devient incontrôlable, comme disait l’ex-PM Robert Bourassa. Charest est un politicien chevronné au succès électoral hors de l’ordinaire, il ne veut prendre aucun risque qui pourrait mettre en péril son pouvoir et celui de son parti.

Malheureusement pour le PM Charest, la demande générale pour cette commission d’enquête devient si grande qu’il ne saura la refuser éventuellement à moins que le haut-le-cœur ressenti par le public, suite aux faits scandaleux révélés par les journalistes, ne s’estompe suite au résultat de l’élection municipale de Montréal. J’espère que non, car le patronage, la collusion politiciens-entrepreneurs, celle entre entrepreneurs eux-mêmes et possiblement avec certains professionnels me paraissent trop évidentes pour être oubliées. Les coûts excessifs découlant de toute cette magouille affectent démesurément les budgets de nos gouvernements et de nos villes et privent les travailleurs de milliers d’emplois.

La nouvelle opposition à l’hôtel de ville a l’appui d’une vaste majorité de Montréalais et de Montréalaises sur ce sujet pour presser fortement le maire Tremblay et son équipe à demander à Québec la tenue de l’enquête sur les augmentations excessives des coûts de la construction de travaux publics. Il y va directement de l’intérêt des contribuables de Montréal.

J’ai été heureux d’apprendre que l’Ordre des Ingénieurs du Québec vient de demander que la commission d’enquête soit mise sur pied. De plus, voulant s’assurer que la bonne réputation de l’ensemble des ingénieurs soit protégée, l’Ordre a décidé de ne pas attendre la décision du PM et a mis sur pied une enquête interne pour déterminer si le code de déontologie de la profession a été bafoué.

J’espère que l’Association des ingénieurs-conseils du Québec fera de même et démontrera qu’elle n’est pas, comme disait récemment Le Devoir, un club de firmes de génie réunies ensemble pour se protéger mutuellement mais plutôt un organisme qui vise à assurer que ses membres respectent des normes de conduite irréprochable et pratiquent un haut niveau d’éthique professionnelle.

La crainte des libéraux du Québec et de leur chef Jean Charest réside dans le fait que le parti libéral est financé en bonne partie par des entrepreneurs du milieu de la construction et de celui des ingénieurs-conseils et que cela ressortira durant l’enquête. De plus, il est probable que de tels contributeurs de fonds viendront affirmer qu’ils ont financé dans le passé les campagnes de candidats au leadership de leur parti, dont celle de Jean Charest.

Ces méthodes ont toujours existé et font partie de la normalité des choses. Il semble que ce n’est qu’actuellement que les citoyens et les citoyennes se réveillent et prennent connaissance de ce financement légal que les journalistes qualifient d’immoral. Le danger pour Charest et pour tous les politiciens, de tous partis, est que les électeurs jugent de ce financement passé avec leurs yeux d’aujourd’hui.

Il y a quelques années, ces contributions monétaires étaient remises, en général, sans condition. Les entrepreneurs espéraient être reconnus afin de pouvoir soumissionner sur des projets futurs. Les ingénieurs y voyaient une opportunité de faire valoir leur firme afin d’obtenir des mandats professionnels d’ingénierie. ll ne s’agissait pas de collusion pour augmenter les prix car les entrepreneurs se concurrençaient et soumissionnaient leur meilleur prix et les ingénieurs étaient rémunérés conformément au tarif minimum des honoraires professionnels établi par le gouvernement du Québec. Ayant vécu cette période comme ingénieur-conseil, je peux certifier que la concurrence était forte. En général, les payeurs de taxes en avaient pour leur argent. C’est toute la différence avec aujourd’hui alors que le « free for all » dans le milieu de la construction a fait grimper les coûts des travaux au Québec de 35% plus chers qu’en Ontario.

Les étoiles s’alignent pour une enquête publique. J’espère que le PM Jean Charest trouvera le courage politique pour la déclencher. Les partis politiques étant tous dans le même bateau, ils seront sûrement écorchés à tour de rôle mais ils en ressortiront tous mieux car l’intérêt public sera bien servi.

Le maire Tremblay, pour regagner la confiance perdue chez de nombreux citoyens et citoyennes de Montréal doit poser de grands gestes. La demande de l’enquête publique en serait un des plus importants.

Claude Dupras

Ps. Il y a aussi la suggestion du chef du parti Projet Montréal, Richard Bergeron, qui est intéressante. Elle consiste à ce que le maire nomme à l’exécutif des membres des autres partis. Je vois bien Louise Harel, chef du parti Vision Montréal et Bergeron à ces postes. Le maire garderait quand même la majorité au comité exécutif et gouvernerait, Cela deviendrait une administration d’union montréalaise. Dans les circonstances actuelles, je crois que de telles nominations renforceraient l’exécutif et démontreraient que le maire veut vraiment changer les choses et corriger ce qui ne tourne pas rond à l’Hôtel de ville.