samedi 12 novembre 2016

La génération Z sauvera-t-elle le monde ?

Nous analysons, de plus en plus, les générations qui nous arrivent à tous les quinze ans. Cela devient important puisqu’elles sont les nouvelles venues dans notre monde du travail et personnel. Nous cherchons à les identifier clairement pour mieux les comprendre et pouvoir les rallier à nos objectifs, à nos causes, à nos projets, à nos entreprises, à nos mouvements sociaux ou de jeunes, tel le JCI (Jeune Chambre Internationale) qui constamment recrute des jeunes pour son mouvement afin de pouvoir maintenir son action mondiale de formation de nouveaux chefs ou leaders.

La fascination que nous démontrons pour la génération Y, les « Millennials », est surprenante et remarquable. Jamais, avons-nous examiné et critiqué une autre génération comme celle-là. Je l’ai décrite dans mon dernier blog « Les Y : les citoyens du monde » et on a compris que ces individus multitâches ont des façons plus efficaces et plus rapides que leurs prédécesseurs pour accomplir leur travail. Intelligents, optimistes, sûrs d’eux, expressifs, esprits ouvert et créatif, ils font leur marque partout au monde même s’ils changent d’emploi souvent.  
Voilà pourquoi l’intérêt se porte de plus en plus sur la génération suivante, la Z de 1995-2010, dont les premiers arrivants ont aujourd’hui 20 ans.

Qui est et sera la Z ? Elle n’est pas la génération Y, version 2. Elle comprendra éventuellement deux milliards d’individus de la planète, dont le quart de la population nord-américaine. Elle compte actuellement 20 millions de jeunes aux USA et 7 millions au Canada qui sont sur le point de prendre d’assaut notre monde. Elle ressemble à l’Y dans la maîtrise des technologies et son désir d’engagement social, mais déjà on voit que ses motivations, ses aspirations ou ses façons de travailler sont différentes car elle est plus ambitieuse que « les Millennials ».
Depuis sa naissance, la Z a toujours connu les technologies d’information et de la communication.
La Z est née après la chute du mur de Berlin, n’a connu que la démocratie et a grandi avec : la tragédie du 11 septembre 2001, les critiques de la guerre d’Irak, les débats sur les changements climatiques et une longue et difficile récession en toile de fond. Elle n’a connu qu’un monde en lutte avec le terrorisme. Elle est née, vit et vivra avec Internet. Elle a eu dès son enfance, en sa possession personnelle, des outils informatiques, ordis, GPS, téléphone intelligent avec accès internet pour lesquels elle a une connaissance intuitive et complète. Elle ne conçoit pas vivre sans ces technologies comme les générations précédentes. Elle sera aussi celle des infos en ligne : les blogs, le partage de vidéos, les quotidiens…  En somme, l’internet est son deuxième langage.
La Z exprime son individualité dans le collectif. Présente dans les réseaux sociaux dès son plus jeune âge, elle gère sur le web sa capacité d’influence.
La Z a vu ses parents connaitre des situations financières difficiles et cela l’a éduquée et la rendue entreprenante, collaboratrice et prudente, C’est la raison pour laquelle elle veut régler les problèmes et changer le monde. Elle rêve de construire ses propres entreprises, être bénévole dans ses communautés, obtenir l’égalité des sexes et faire la différence. Elle consomme moins d’alcool et de drogue que ses ainés.
Plusieurs la surnomment : la « nouvelle génération silencieuse » comparable à celle de votre humble serviteur des années 1925-1945 parce qu’elle a un intérêt pour la cuisine, évite d’acheter des produits tout faits et veut revenir à une alimentation saine. Elle économise beaucoup plus son argent, compare les prix, a une connaissance innée du système de marketing. Elle est tolérante quant aux cultures et aux religions. L’injustice est inacceptable pour elle. Elle est individualiste, veut réussir et ne compte que sur elle-même. Elle est autodidacte et si elle ne comprend pas un exercice en classe, elle va aller sur internet pour se le faire expliquer différemment. Elle fait plus confiance aux personnes dans son réseau numérique qu’aux membres de sa famille.
Elle veut gagner sa vie en réparant la planète alors que les générations précédentes ont gagné la leur en l’exploitant ? Concernée par l’économie, l’environnement et l’impact de l’activité humaine sur la planète, elle ne travaille pas plus fort pour avoir plus d’argent mais pour avoir de meilleures possibilités d’avancement professionnel pour faire mieux.
Les réseaux sociaux sont le moyen de communication de la Z et non le web comme la Y. Elle est hyper connectée et les applications sont ses outils. Les téléphones intelligents sont pour son usage courant et le divertissement sur demande est sa norme. Sa consommation d’internet est plus sélective qu’intensive et est utilisée pour réaliser des choses et non pour se montrer ou collectionner des likes. Elle préfère créer que copier.
L’image et non l’écrit est son mode de communication privilégiée et elle aime les apps comme Instagram. Plus conscients d’eux-mêmes, les Z migrent vers des plateformes discrètes et éphémères comme Snapchat pour mieux protéger leur vie privée.
La Z préfère les gens d’influence aux célébrités et continue ainsi la tendance débutée par la Y. C’est la fin des stars d’Hollywood, mais la montée des stars-YouTube, le réseau social no. 1 des Z.   
Cette génération construit, produit ses vidéos, Même si elle reconnait que la technologie est un outil utile dans son travail, elle considère que cette dernière est aussi une distraction et, par conséquent, elle utilise moins Facebook, écrit moins de courriels que la Y, mais partage plus de photos et vidéos que cette dernière. Une enquête américaine vient de démontrer que la Y passe 50% de son temps libre à acquérir de nouvelles connaissances comme le design, la production vidéo, et le développement d’applications. Pourquoi ? Pour créer éventuellement son entreprise ?
La Z préfère agir que regarder et est fortement réaliste. Son niveau de responsabilité sociale est basé sur le mot « nous » et elle trouve important que l’organisation pour laquelle elle travaille redonne à la communauté en créant de nouveaux emplois localement ou autrement.
Débrouillarde, pragmatique, autodidacte, entrepreneure et passionnée dans son métier, elle est centrée sur la collaboration et la coopération. Mais elle manque d’organisation.
Ses jeunes travailleurs veulent trouver leur emploi de rêve en travaillant. Ils veulent être dirigés par un leader honnête qui communique bien. Ils désirent travailler pour une entreprise socialement responsable qui leur permet d’œuvrer sur des projets significatifs et dont le milieu de travail favorise la diversité des spécialisations professionnelles, la représentation des deux sexes, l’accueil de gens provenant d’ethnies et d’horizons différents, les religions et l’ouverture aux personnes LGBT.
Les Z veulent de la flexibilité au travail et espèrent que leur employeur leur en offre car ils croient en avoir besoin pour réussir. Mais ils veulent surtout un supérieur, un mentor, qui les encadre et qui leur donne régulièrement de la rétroaction. Ils lui seront ainsi plus fidèles. Ils resteront longtemps à l’emploi de son organisation s’il leur montre les avenues possibles dans le futur pour leur carrière, s’il maintient un dialogue ouvert, si son entreprise est consciencieuse et active sur le plan social, s’il reste en tout temps à l’affût de nouveautés technologiques et s’il sollicite leur participation dans les discussions sur la technologie.
En général, la génération Z a besoin de souplesse, de pouvoir contribuer aux résultats, d’exploiter son côté entrepreneur, d’avoir des occasions pour créer, de participer à des programmes de formation axés sur sa compétence, d’être maître de son espace et de ses habitudes, d’être occupée.
Par ailleurs, travailler en s’amusant lui est important et elle veut s’accorder du temps pour ses loisirs et souhaite laisser une place à sa vie privée. Elle fuit la sévérité et les ordres. Elle réclame la confiance, l’écoute et la patience.
Attachée à son téléphone intelligent, sa tablette ou autres appareils, la Z nous surprend puisqu’elle accorde plus d’importance à la communication en personne que la Y. Elle préfère le dialogue. De même, elle accepte mieux l’influence de ses parents que les générations précédentes. 
Sa façon de vivre est la prise de risque. Elle a acquis une certaine solidarité et une certaine aptitude à faire face à la critique suite à son surfing sur les réseaux sociaux. Pour elle, se tromper est normal et elle ne diabolise pas l’échec. Elle est généreuse et a envie de partager. Elle est curieuse et attirée par de nouveaux centres d’intérêt. Par contre, sa difficulté est dans des raisonnements en profondeur.
Néanmoins, elle arrive sur le marché du travail au moment où l’économie se numérise. Elle aura donc toutes les cartes en main pour inventer de nouvelles méthodes de travail sous des dirigeants qui, elle l’espère, s’harmoniseront avec sa manière d’être.
Dans les 10 prochaines années, la Z veut être mariée, avoir obtenu une stabilité financière et sécuriser son emploi de rêve.
Le Financial Times a posé la question : « Generation Z, the world’s saviours ? »; ajoutant : « My generation is leaving them in a mess. These kids are going to have to save the world literally »; et il explique : « We have seen more than a decade of hand-wringing over declining attention spans, eroding social skills, online bullying and sexting, along with the worry that communicating in short bursts and emoticons deadens the brain’s ability to think in complex ways. There’s also the debate raging over the elimination of cursive writing from many schools, and charges that the decline in traditional forms of learning such as memorization and rote signals a drop in standards ».
(Traduction): « La génération Z, les sauveurs du monde. Ma génération leur laisse un monde en désordre. Ces enfants auront à sauver littéralement le monde. Nous avons vécu plus d’une décennie où le temps d’attention est en déclin, les compétences sociales sont en érosion, l’intimidation est enligne et des texto avec commentaires sexistes se répandent. Nous sommes inquiets de constater que les communications par courtes rafales et par émoticônes amortissent mortellement les habilités du cerveau de penser de façon complexe. Il y a aussi le débat qui fait rage sur l’élimination de l’écriture cursive dans plusieurs écoles, des plaintes du déclin dans les formes traditionnelles d’apprentissage de l’éducation, telle la mémorisation, et des signaux de la baisse de la diminution des normes ». 
La génération Z sauveur du monde ! Cela semble être son destin !
Claude Dupras