jeudi 29 décembre 2011

Le ras le bol mondial de 2011

Les éditeurs du magazine américain Time ont arrêté leur choix de la « personnalité de l’année 2011 » sur « les protestataires ». Ce choix judicieux montre bien l’importance de l’individu d’aujourd’hui lorsqu’il se regroupe avec ses congénères, même s’il a en main de nouvelles technologies sociales qui l’unissent au monde. Seul, dans ce monde de médias mur-à-mur, il peine à percer. Avec d’autres, il partage ses peines, ses ambitions et devient militant, inspire de la sympathie et se fait entendre.

Cet éclatement public n’est pas le résultat d’une émotion soudaine mais l’aboutissement de frustrations et de complaintes accumulées depuis plusieurs longues années contre les institutions politiques. Le Maghreb en est bien la démonstration. J’ai voyagé souventes fois au Maroc, en Algérie, en Tunisie et en Égypte et depuis longtemps, comme tout visiteur dans ces pays, j’ai ressenti le mécontentement qui y bouillonnait de plus en plus. Je ne comprenais pas pourquoi ça ne sautait pas.

En fait, il me semblait clair que des élections libres auraient vite chassé les dirigeants corrompus qui contrôlaient l’armée et la police de ces pays. L’élection du Front Islamiste du Salut (FIS) en Algérie en 1991 me le confirma, mais le résultat de l’élection fut vite annulé par le régime du FLN qui, en plus, mit les dirigeants du FIS en prison.

Le ras le bol mondial a généré un fervent militantisme en Tunisie, en Égypte, au Yémen, au Maroc, en Lybie, en Algérie, en Russie, en Grèce, à Madrid, à Londres, à Wall Street, à Montréal, au Mexique, en Indes, au Chili, en Iran, en Syrie… Il a pris les noms de « révolution jasmine », « printemps arabe », « indignés » et « occupy ». Il aurait pu être encore plus grand et touché la Chine, le Vietnam, la Corée du Nord, etc.. si le contrôle des partis communistes et des militaires n’y était pas si omniprésent. Ça viendra !

Les manifestations, les occupations, les insurrections et les révolutions ont apporté plusieurs fruits puisqu’elles ont réussi à créer chez plusieurs individus l’espoir d’un avenir meilleur, plus libre, plus prometteur, plus rose pour eux et leur famille.

Au Canada, nous l’avons aussi ressenti. Particulièrement au Québec, le 2 mai dernier. Un grand nombre d’entre-nous en avions assez de la « salade » que les politiciens fédéraux nous servaient depuis si longtemps. Notre seule stratégie fut de protester et de remplacer les élus, quelque soit le parti, quelque soit le programme. Nous leur avons dit « adieu Bloc, PC, Libéraux, couvée… » et nous avons choisi un homme simple, chaleureux qui semblait compréhensif et prêt à tout changer. Ce n’était pas une question de socialisme, fédéralisme, gauche, droite, centre, séparatisme, souverainisme, non rien de tout cela. Les idéologies ne comptaient plus. Nous ne proposions rien mais nous voulions que ça change et nous avons trouvé l’homme qui nous semblait être en mesure de le faire. Malheureusement, il n’est plus et nous revoilà à nouveau à la recherche de la solution.

C’est le parti conservateur (PC) qui en profita. Il avait reconstitué la « Big Blue Machine ontarienne » des années ‘60-’80 et sa stratégie principale visait à obtenir les votes des différentes ethnies canadiennes. Il a mis-en-place, selon les observateurs avertis, sa « politique de diaspora » par laquelle Harper chercha à obtenir la faveur électorale des néo-canadiens en attaquant durement les politiques et les politiciens des pays qu’ils ont quittés ou en les aidant démesurément, dépendant de la situation. Harper a fait cela à répétition, comme pour Israël avec qui il est devenu l’ami inconditionnel, contrairement à ses prédécesseurs qui étaient neutres en rapport avec le conflit israélo-palestinien et travaillaient à trouver une solution acceptable aux deux parties. Il s’apprête même à signer une entente militaire avec ce pays. Est-ce un risque acceptable pour le Canada ?

Il fit tout pour cajoler ces électeurs particuliers et a gagné sa gageure en remportant, entre autres, plusieurs comtés-clés de la région de Toronto qui lui donnèrent sa majorité nonobstant le mécontentement des Canadiens à son égard qui s’exprima par les 75,9% d’électeurs éligibles qui ne lui accordèrent pas leur confiance en ne votant pas pour lui ou en s’abstenant.

Pour un grand nombre de régions et de pays, 2011 aura été une année charnière pour l’avancement de la politique nationale et pour la politique mondiale. On le doit aux protestataires de toutes races, de tous problèmes, qui se sont levés, plus d’une fois, pour affirmer leur rejet du système ou du régime dans lequel ils vivent. La démocratie, la justice et le développement social auront fait un gros bond en avant.

Claude Dupras

lundi 26 décembre 2011

Découverte de 2011 : Le bulldozer Harper

Stephen Harper a été réélu premier ministre du Canada, le 2 mai dernier. Son Parti Conservateur (PC) a obtenu 39,6% des votes des 61,1 % d’électeurs qui ont voté. Grâce au jeu du système parlementaire britannique, Harper a obtenu une majorité de députés à la Chambre des communes malgré que seulement 24,1% des électeurs éligibles ont voté pour le PC. Évidemment, on peut faire le même genre de calcul pour les autres partis politiques mais ils ne sont pas le gouvernement. Contrairement aux chefs de gouvernements majoritaires précédents qui savaient faire la part des choses, Harper agit comme un p’tit dictateur.

Il me semble que dans une telle situation, un gouvernement démocratique majoritaire responsable doit, au minimum, écouter, réfléchir et s’ajuster avant de proposer. Harper, au contraire, relit le programme de son ex-parti de droite de la droite, le Reform Party, l’impose et l’applique à la lettre, sans consultation. Il serait sage qu’il se rappelle que jamais le Reform n’aurait été élu si le Parti Progressiste Conservateur (PPC) n’avait pas accepté de se fusionner avec lui et que c’est grâce aux membres de ce dernier qu’il a pu atteindre le poste important de premier ministre du Canada. Ces membres du PPC, dont j’étais, n’épousaient pas la politique du Reform, mais se situait plutôt au centre-droit. Aujourd’hui, jamais je ne pourrais voter pour le PC actuel car il méprise en grande partie ce que, sous Stanfield, Clark et Mulroney, nous avons proposé pour le pays.

Au lieu d’être un gouvernement majoritaire bon, il est devenu littéralement un bulldozer. Voici quelques exemples :

1. Il a imposé le bâillon sur des projets de loi dont le vote était assuré.

2. Il a forcé certains comités parlementaires à siéger à huis-clos.

3. Il a fait faire une démonstration de la puissance militaire aérienne canadienne au-dessus de la colline parlementaire. Du jamais vu !

4. Il a engagé une firme privée pour nuire politiquement au député libéral de Mont-Royal.

5. Il a démontré un patronage éhonté et coûteux envers les comtés conservateurs lors de l’organisation du G20 au Canada.

6. Il a dû reconnaître, devant l’évidence accumulée, sa culpabilité d’avoir enfreint la loi pour le financement des partis politiques.

7. Il a regroupé, dans une loi omnibus, neuf projets de loi de la justice criminelle sur des sujets aussi variés que le terrorisme, l’exploitation sexuelle infantile et la culture de marijuana. Le vote, suite au bâillon, a été bâclé au point que c’est le sénat non-élu qui doit, aujourd’hui, apporter des amendements jugés maintenant essentiels.

8. Il ajouté de force 30 nouveaux députés sans tenir compte des arguments de la nation québécoise, une des deux fondatrices du pays, qui réclamait que le seuil traditionnel de son poids historique de 25 % des députés à la Chambre des communes soit maintenu. Il est tombé à 23,1 %.

9. Il a modifié le financement des partis en réduisant de 30 millions $ annuellement l’apport du gouvernement à leurs caisses. Le PC a hérité du système de collecte du « Fonds PC du Canada » où j’ai siégé comme vice-président du temps de Joe Clark. Avec le temps, ce système avait amassé une liste imposante de donneurs et était devenu une formidable machine pour ramasser des sous. L’an dernier, le PC a collecté 17 millions $, plus que tous les autres partis combinés. En vue de la prochaine élection, Harper se sert de la loi pour défavoriser ses adversaires politiques qui n’ont pas un tel outil… ni l’appui inconditionnel des pétrolières.

10. Il a retiré la signature du Canada de l’accord de Kyoto sur les changements climatiques, au grand dam de l’ONU, de l’Europe et de l’Asie.

11. Il a fermé le registre des armes à l’épaule et s’apprête à en détruire toutes les données même si elles sont réclamées par le Québec, qui veut maintenant créer son propre registre en remplacement de celui du fédéral, malgré le fait que les Québécois ont payé pour.

12. Il n’a proposé aucun nouveau programme national, sauf celui pour la régulation centrale des valeurs mobilières qui vient tout juste d’être déclaré anticonstitutionnel par la cour Suprême du pays qui l’a jugé de juridiction provinciale.

13. Contrairement à ce qui s’est toujours fait, il a refusé toute discussion à la récente réunion fédérale-provinciale des ministres des finances des provinces où son ministre a tout simplement fait part de la contribution canadienne pour les prochaines années au financement des systèmes de santé gérés par les provinces et est reparti sur-le-champ vers Ottawa. D’ailleurs, Harper n’a pas convoqué de rencontre des premiers ministres des provinces comme à l’habitude.

14. Il s’est révélé monarchiste, sans en avoir soufflé mot durant la période électorale, en imposant brusquement et exagérément le symbole de la couronne britannique et en repoussant l’image d’indépendance du pays que les gouvernements précédents depuis Lester B. Pearson ont créée.

15. Il fait fi de l’opinion de tous les environnementalistes du monde, et l’a démontré encore récemment, en faisant pression sur Barack Obama pour qu’il accepte immédiatement la construction du pipeline Keystone entre l’Alberta et le Texas, sans forcer les compagnies pétrolières à produire un pétrole « propre ». Dans mon billet du 21 août dernier « Le pipeline des sables bitumineux : une occasion pour Obama », je me montrais favorable la construction du pipeline, bon économiquement pour le Canada, à la condition cependant que le président impose des mesures pour assurer que les producteurs produiront un pétrole « propre ». Obama a voulu se donner un an pour étudier cette question importante. En désaccord, Harper pousse Obama d’agir. Les Républicains, financés par les pétrolières, menacent aussi le Président de retarder l’approbation de ses politiques s’il n’approuve pas le pipeline d’ici deux mois. C’est le leader du NDP-Alberta, Brian Mason, qui décrit bien le lien malsain entre les politiciens conservateurs et l’industrie pétrolière : “The Conservative party is far too close to the oil industry — they’re way too cosy … They get an enormous amount of money from the oil industry. There’s just a tremendous integration of the Conservative Party and executives of the oil industry in terms of making policy. That is very inappropriate.”

La semaine dernière, l’ex-PM le libéral Jean Chrétien a mis en garde les Canadiennes et les Canadiens. À son avis, les lois sur l’avortement, le mariage gai et la peine capitale sont dans la mire des conservateurs. Il prétend possible qu’ils veuillent revenir sur les décisions prises par les gouvernements passés, libéraux ou PPC, sur ces sujets qui sont de prime importance pour notre société. En somme, ils voudraient restaurer chez nous les politiques de notre voisin du sud, où des médecins sont tués pour avoir fait un avortement, où des innocents sont déclarés coupables et tués en prison et où les gais sont pourchassés. Même si dans certains cas, comme l’avortement, Harper a nié vouloir agir ainsi, je crois qu’il faut se méfier de lui, si on se base sur les dernières années et le programme du Reform Party.

Avec son attitude intransigeante et ses gestes unilatéraux, Stephen Harper ne semble pas préoccupé par le danger que la légitimité du parlement canadien puisse être diminuée dans l’esprit des Canadiens. Il ne semble pas préoccupé par le fait qu’il s’isole de plus en plus des Québécoises et des Québécois. Il n’hésite pas à alimenter les séparatistes d’arguments de taille. Il ne craint pas de tout bousculer sur son passage, convaincu que de tels gestes n’influencent pas le vote des électeurs. Au contraire, il estime que ces derniers y voient un signe de force puisque le Canada n’est pas englué, comme d’autres pays, dans des débats stériles qui nuisent à l’économie.

C’est la nouvelle démocratie canadienne !

Claude Dupras

dimanche 18 décembre 2011

Un Canadien : castor ou ours polaire ?

Ce matin, j’ai lu dans BBC News, le texte d’une journaliste montréalaise, Lorraine Mallinder, sur le symbole canadien qu’est le castor. Avec l’insistance que le gouvernement canadien conservateur met pour répandre les symboles de la couronne britannique au Canada, j’ai été surpris d’apprendre qu’il semble vouloir s’attaquer aussi au castor.

D’origines chinoise-mauricienne-écossaise, Lorraine Mallinder a vécu au Royaume-Uni, à l’île Maurice, en France, au Mexique, en Palestine, en Belgique et vit maintenant au Canada.

Bosseuse, elle a rempli toutes sortes d’emplois manuels pour devenir enfin, après ses études, conférencière, traductrice et professeure au secondaire. C’est le journal anglais The Economist qui lui a donné sa vraie première chance en l’engageant à Bruxelles pour le représenter auprès de l’Union Européenne. Elle se retrouva ainsi près de joueurs politiques et de lobbyistes chevronnés.

Depuis 2008, elle est résidente de Montréal et vit avec sa fille dans l’est de la ville au milieu d’un quartier francophone. Elle est devenue journaliste indépendante et ses articles sont recherchés par les médias anglais et canadiens de langue anglaise.

Lorraine Mallinder indique que les conservateurs sont à la recherche d’une nouvelle identité pour mieux représenter les Canadiens dans le monde. En effet, la sénatrice conservatrice Nicole Eaton vient de proposer de remplacer le castor qu’elle qualifie de « rat aux mauvaises dents » par l’ours polaire blanc. Pour elle, ce dernier reflète mieux l’esprit de la nation. Le débat se résume à ceci :

Le castor, humble et travailleur, représente l’époque coloniale durant laquelle les coureurs de bois le tiraient difficilement des forêts pour satisfaire les goûts et la demande de fourrures de riches européennes.

C’est cette poursuite acharnée des chasseurs qui fut à la base de l’expansion du pays. « Époque révolue » crient les détracteurs, « nous sommes fatigués d’être perçus comme des trappeurs repentants ».

Quant à l’ours polaire, ces derniers le décrivent comme « une créature majestueuse » tout en tenant sous silence que c’est un prédateur impitoyable, un persécuteur de la nature.

Le Canada est depuis la Confédération un pays de gens modérés et travaillants. De vrais castors. Mais, soudainement, le pays change. Il devient, sous la gouverne de Stephen Harper, plus dur. Les dépenses militaires augmentent, la défense de l’exploitation des sables bitumineux est plus forte malgré les torts à l’environnement, les budgets dédiés aux arts sont diminués, de « super prisons » sont sur les planches à dessin suite au bill omnibus sur le crime, la défense et le développement du territoire de l’Arctique sont programmés…

De plus, le ton du reportage politique devient plus radical comme le démontre le fait que trois quarts des journaux canadiens ont endossé les conservateurs lors de l’élection du 2 mai dernier. Un nouveau réseau anglais de télévision « Sun News network » est en ondes avec comme but de combattre les médias « aux cœurs saignants ». Un vrai Fox News canadien. Même Don Cherry, le commentateur no. 1 de hockey à la CBC (réseau anglais de Radio Canada) a traité de dégueulasses les amateurs qui s’opposent à la violence au hockey suite aux nombreuses commotions cérébrales comme celle dont est victime le joueur-vedette Sidney Crosby. Un présentateur télé a traité de « fou de gauchiste » un récipiendaire du prix Pulitzer pour son opinion favorable des « occupants de Wall Street ».

Mais qu’est-ce qu’un Canadien ?

Durant l’ère Trudeau, nous étions favorables à la paix dans le monde et au désarmement nucléaire. John Lennon et Yoko Ono sont venus à Montréal pour leur spectaculaire « bed-in » pour la paix. Fidel Castro a été bien accueilli et le Canada a aidé Cuba. Élizabeth Taylor et Richard Burton se sont mariés à Montréal. Nous étions libres de nos pensées politiques et même opposés souventes fois à celles de notre voisin du sud, ce qui n’était pas de tout repos. Nous étions nous-mêmes.

Aujourd’hui, plusieurs Canadiens, hors Québec, ont adopté la pensée conservatrice républicaine américaine qui les influence. Ils semblent manquer de compassion, de la volonté de s’excuser lorsqu’ils sont bousculés inopinément, d’être passifs devant l’agression. Il n’est pas surprenant que ceux-ci voient en l’ours polaire un symbole pour leur identité actuelle.

Heureusement, tous les Canadiens et Canadiennes ne sont pas comme ça ! La majorité est reconnue pour avoir de bonnes vertus, telles : le fair play, la recherche du compromis, l’ouverture d’esprit, la générosité et le travail.

A mon avis, ces qualités nous identifient mieux au castor qu’à l’aigle américain et à l’ours polaire, deux prédateurs majestueux et féroces.

Qu’en pensez-vous ?

Claude Dupras

Ps.
.1 Il me semble que le gouvernement conservateur canadien a beaucoup d’autres choses à faire que de chercher à changer le castor par l’ours polaire pour marquer notre identité.

.2 Merci Lorraine Mallinder, (http://mallinder.wordpress.com), de son texte que j'ai adapté pour ce billet.

mardi 6 décembre 2011

Et si Jean Charest et Pauline Marois demeuraient en place…

Le vote d’hier dans Bonaventure est révélateur, même si le comté est depuis toujours une forteresse du parti libéral. Celui-ci l’a conservé avec un pourcentage de votes qui approche 50% (9% de moins qu’à la dernière élection). De son côté, le score du Parti Québécois (PQ) a augmenté de 14% depuis le scrutin précédent. Jean Charest est sûrement heureux de l’élection de son candidat, car la tempête d’accusations négatives qui lui tombent sur la tête depuis deux ans auraient pu avoir des répercussions dans cette élection complémentaire.

De son côté, Pauline Marois ne peut être que satisfaite. Elle a travaillé fort et nonobstant les dénonciations de plusieurs membres influents de son parti qui réclamaient sa démission, les électeurs de ce coin de la Gaspésie n’en n’ont pas tenu compte et lui ont accordé leur confiance, en plus grand nombre.

Mon récent billet « Bye, bye, Jean Charest, Pauline Marois… » m’a été dicté par mon expérience politique. Je crois dans les enquêtes scientifiques d’opinions populaires sur la politique. Elles sont généralement précises. Leurs résultats évoluent jour après jour puisqu’ils sont en fait une image de l’instant où ils sont captés. Mais lorsqu’une tendance se maintient, durant plusieurs semaines, on peut présumer de la tournure des évènements.

Un bon exemple est l’élection générale fédérale du 2 mai dernier. Au déclenchement, je croyais que le Bloc Québécois (BQ) conserverait ses sièges à la Chambre des Communes. Mais dès les deux premiers sondages, j’ai observé une baisse dans sa cote de popularité. Pas beaucoup, mais assez pour attirer ma curiosité et me pousser à les suivre. Comme le mouvement a continué, j’en suis vite venu à conclure que le BQ se dirigeait vers une débandade. Aux débats des chefs, Gilles Duceppe me l’a confirmé. Il me semblait mal à l’aise et réagissait plus nerveusement et avec moins d’assurance qu’à l’habitude. J’en ai alors déduit qu’il devait être affecté par les sondages internes de son parti qui, sûrement, confirmaient ceux des médias. On sait ce qui est arrivé !

Il en est de même actuellement pour Newt Gingrich, candidat à la nomination présidentielle républicaine. On ne lui attribuait aucune chance d’être le nominé. Le 30 octobre dernier, dans le billet pour mon blog, j’ai décrit le mouvement que je percevais dans les sondages américains : « les arguments de Gingrich touchent positivement la frange droite du parti. Plusieurs électeurs, qui l’avaient classé comme un « has been », commencent maintenant à le voir sous un nouvel angle. Les sondages changent, puisqu’au point de vue national, on l’a vu partir de 4% à 6% à 8% pour se retrouver maintenant à 11%. Petit à petit, Gingrich refait son nid ». Aujourd’hui, en Iowa et en Floride il obtient près de 40% d’appuis (soit + 29% en un mois) et dépasse Mitt Romney, le grand favori depuis le début de la course, qui semble figé à 20-25%. Au New Hampshire, il le talonne. Cela fait croire qu'il est fortement possible qu’une grande surprise soit en voie de préparation. Lorsqu’une tendance s’exprime, même ce qui semble impossible devient possible. Le NPD au Québec !

Pauline Marois, a été victime d’une telle tendance. Alors que sa popularité se fixait dans les 30-35%, tout le monde la donnait gagnante. Puis, suite à la démission de quatre de ses députés, elle a chuté en quelques semaines à 16% et se maintient à ce niveau. Depuis, 40% des péquistes espèrent sa démission. Ils peuvent affirmer et prétendre que c’est à cause de sa politique de gouvernance souverainiste…. mais je crois que cela a plus à voir avec son score constant aux sondages.

Et si, contrairement à ce que j’ai écrit, Jean Charest et Pauline Marois ne démissionnaient pas et décidaient de faire face aux électeurs lors de la prochaine élection, qu’arriverait-il ? Personnellement, c’est le scénario que je préfère. Ces chefs politiques ont travaillé durement et ont été élus. Pourquoi démissionneraient-ils sur la base de sondages ou suite aux pressions de membres de leur parti influencés par les sondages. Que les électeurs décident et non les lobbys de groupes d’intérêts ou les individus qui visent à exercer le pouvoir ou encore à faire progresser leur option politique. C’est la façon la plus démocratique.

Actuellement, les sondages indiquent un gouvernement majoritaire dirigé par le nouveau parti de François Legault, la Coalition Avenir Québec (CAQ). Mais rien n’est figé dans le béton car la situation demeure très volatile.

Legault est-il capable de maintenir son allure ? A-t-il le charisme pour conserver tout le support qu’il a aujourd’hui ? Lors des débats des chefs, aura-t-il la capacité de bien débattre avec les autres chefs et de persuader les auditeurs de la valeur de ses politiques ? Présentera-t-il une équipe crédible, de qualité et capable d’assurer aux Québécois que voter pour le CAQ ne sera pas un trop grand risque ? Pourra-t-il démontrer que son parti est libre de toutes attaches avec des groupes d’intérêts particuliers et qu’il œuvrera pour l’intérêt général ? Malgré son positionnement à droite, saura-t-il démontrer que ses politiques tout en visant à améliorer la protection sociale des québécois ne détruiront pas l’ensemble de nos programmes sociaux ? Saura-t-il consulter les Québécois et non imposer brusquement ses politiques comme il semble vouloir le faire ? Et …

L’erreur qu’a faite Charest de proposer une commission d’enquête sur la construction sans lui donner tous les pouvoirs énoncés dans la loi, viendra-t-elle le hanter ? Malgré qu’il ait bien dirigé le Québec comme premier ministre, durant un si long pouvoir, les Québécois ne penseront-ils pas que « c’est le temps que ça change » ? Toutes les accusations de corruption, même si non prouvées, vont-elles finalement l’atteindre ? Et …

Pauline Marois aura-t-elle le pouvoir d’amener ses députés à s’émouvoir devant ses problèmes afin qu’ils reviennent au bercail et l’aident à gagner l’élection ? Est-elle suffisamment forte pour arrêter l’hémorragie de ses députés qui pour sauver leur peau, lorgnent vers une alliance politique différente ? Pourra-t-elle rallier les indépendantistes « purs et durs » qui actuellement lui font la vie dure ? Que fera-t-elle pour toucher les séparatistes indignés et accusateurs afin qu’ils cessent de dénoncer sans limite son leadership sur la place publique ? Saura-t-elle convaincre les souverainistes que la porte à leur idéal est un PQ qui gouverne ? Est-elle capable de faire une campagne électorale à la hauteur des difficultés qui s’élèvent devant elle ? A-t-elle le pouvoir de persuasion et le bon sens politique pour présenter un programme politique réaliste qui corresponde aux problèmes actuels des Québécois ? Et …

Quant au chef de l’ADQ, Gérard Deltell, qui veut fusionner son parti avec le CAQ, saura-t-il agir sagement pour convaincre ses ouailles à le suivre afin qu’ils trouvent leur place dans le nouveau parti ?

Et ces Québécois et Québécoises qui montrent une impatience grandissante envers la classe politique en voulant « tout foutre en l’air », sont-ils prêts à retrouver leur objectivité traditionnelle et écouter, analyser et choisir le meilleur programme politique, les meilleurs candidats et le meilleur parti capables de leur redonner confiance dans la politique et dans le gouvernement, nonobstant toute la démagogie des dernières années.

Charest, Marois, Legault, Deltell et Québec Solidaire ont un beau défi devant eux car il est clair que la prochaine élection ne sera pas une élection comme les autres.

Le résultat dépendra beaucoup des chefs, des débats, de la nature et de la qualité de l’organisation électorale de chaque parti, de la motivation des troupes, de l'atmosphère que tout cela va créer et aussi … de qui sera à la ligne de départ ? Les premiers sondages nous indiqueront la tendance. D'ici là tout n'est que spéculation.

Jean Charest et Pauline Marois y seront-ils ?

Claude Dupras

mercredi 30 novembre 2011

Bye, Bye… Jean Charest, Pauline Marois !

Rien ne va plus pour les principaux leaders politiques au Québec. Le dernier sondage confirme les précédents et indique que le nouveau parti « Coalition pour l’Avenir du Québec (CAQ) », qui n’existe que depuis quelques jours, remportera la prochaine élection et deviendra le prochain gouvernement. Il démontre aussi que les chefs actuels du Parti Libéral, du Parti Québécois (PQ) et de l’Action Démocratique ne sont plus dans la mire des Québécois. C’est de la folie furieuse !

Nous sommes devant un nouveau coup à la Jack Layton ! Ce socialiste, sensible et humain, avait compris le ras-le-bol des Québécois face à la politique fédérale et avait su, par sa chaude personnalité et son charisme, attirer vers lui : conservateurs, indépendantistes, centristes et même ultras de gauche ou de droite. Ce n’était plus la couleur politique qui comptait mais l’échappatoire parfait qu’offrait Jack-le-confortable. Avec lui, on se sentait bien. Avec les autres, les atomes n’étaient plus crochus.

Le sondage de cette semaine indique que le parti libéral n’a pas repris du poil de la bête suite à la mise sur pied de la commission d’enquête sur la construction. Le PQ a vu son déclin s’accentuer. L’ADQ est près de la disparition. Dans le passé, la baisse de l’un résultait dans la remontée de l’autre. Ce n’est plus le cas. L’importante partie des électeurs sans affiliation politique, celle qui fait la différence à chaque élection, ne veut ni de Jean Charest ni de Pauline Marois. C’est clair, c’est net, c’est simple. Ce dernier sondage est devenu un avertissement sévère et sérieux aux membres de leur parti : vous voulez exercer le pouvoir, changez de chef ! Ce dernier sondage est, pour plusieurs, le verdict final. « Que voulez-vous ! », dirait Jean Chrétien en levant les deux bras.

Il y a quelques mois, je pensais que Jean Charest se sortirait des méandres dans lequel il s’enlisait. Bon politicien, animal politique rare, ses nombreuses victoires électorales et politiques en témoignaient. Il aura été un des bons premiers ministres du Québec. Je sais que plusieurs sursauteront à lire ces lignes, mais on a qu’à évaluer son bilan pour être impressionné par son apport à la politique québécoise et canadienne. Malheureusement, il a fait une grave erreur lorsqu’il a mis sur pied la commission d’enquête. Ce qu’il a proposé, dans un premier temps n’était en fait qu’un colloque ou un genre de symposium sur les problèmes de la construction. Des commissaires sans pouvoir, des témoins sans obligation de témoigner et des sanctions inexistantes. Charest l’a justifiée par un argument : « une véritable commission d'enquête publique contaminerait inévitablement la preuve recueillie par les policiers » sans pouvoir donner un exemple concret. Cette affirmation ne tenait pas la route et a été vite contredite par les meilleurs avocats du Québec en la matière. Il a donné l’impression de vouloir protéger son parti, alors que ce n’était plus une question de « rouge » ou de « bleu » ni de « fédéraliste » ou de « séparatiste ». Il s’agissait de l’intérêt supérieur de la nation. La corruption ne doit pas devenir chez nous, comme dans plusieurs pays du monde, une affaire naturelle.

Pauline Marois a connu une très belle carrière politique et devrait être respectée. Mais, malgré qu’elle ait obtenu, il y a quelques mois, un vote de confiance de 93% au dernier congrès de son parti, 40% des péquistes affirment, aujourd’hui, qu’ils ne voteront pas pour le parti si elle demeure chef. C’est à se demander ce que vaut la démocratie de parti ! Le malheur de Pauline, c’est qu’elle ne passe pas la rampe. Il est clair qu’elle ne mérite pas le sort qui devient le sien. Malheureusement, si elle pense à l’intérêt de son parti, à celui de la cause souverainiste et à celui du Québec, elle ne peut prendre qu’une décision.

La politique est-elle devenue pour les chefs de parti un enfer d’insultes et d’affirmations grotesques et irresponsables? Ceux-ci ne méritent pas de telles attaques. Ils sont sans cesse la cible de sarcasmes et de critiques sévères trop souvent injustifiées. En fait, ils deviennent les victimes du haut niveau de la partisannerie politique québécoise qui est devenue d’une bassesse et d'une immoralité ignobles et qui embrase notre atmosphère politique.

J’ai beaucoup de respect pour les femmes et les hommes qui s’engagent en politique, quelque soit leur parti ou leurs opinions sur la question nationale. Ils ont de grandes responsabilités. C’est un travail difficile, à plein temps. Leur vie personnelle en souffre, leur famille aussi. Ceux qui siègent à Québec sont au front pour la défense de nos droits, de notre langue et de notre culture tout en assurant que notre qualité de vie progresse et demeure au diapason international. Ceux qui sont à Ottawa doivent bien diriger notre pays et veiller particulièrement aux intérêts des francophones. L’histoire du Québec et du Canada nous démontre largement combien les élus québécois ont assuré la survie de notre peuple et son épanouissement. Nous nous devons de les tenir en estime. Cependant, il faut aussi qu’ils se respectent mutuellement. Leurs joutes oratoires des dernières années ont créé un climat malsain qui s’est retourné contre l’ensemble de la députation. Tant que les débats déborderont d’attaques personnelles et d’insinuations mensongères, avec les medias qui les répètent en boucle 24h/24 et 7j/7, nos politiciens ne seront pas respectés et ne cesseront d’être raillés de façon insultante.

Voilà pourquoi les Québécoises et les Québécois en ont le ras-le-bol. Ils veulent tout changer, tout foutre en l’air, tout recommencer. Ils sont las de ce qu’ils lisent, « tannés » de ce qu’ils entendent. Ils ne savent plus qui croire. Jean Charest et le parti libéral sont foutus. C’est la raison pour laquelle Jean Charest doit partir. Le Parti Québécois est dans le même pétrin avec Pauline Marois. Elle doit partir.

La prochaine élection se tiendra probablement en automne prochain, ou avant. Les partis traditionnels devraient s’y préparer dès maintenant car la compétition sera forte puisque le peuple en a « plein le casque » et que François Legault, le chef de « CAQ », a le vent dans les voiles.

Alors péquistes et libéraux à l’œuvre. Changez de chef. Réorientez vos équipes. Recrutez de bons candidats. Revoyez votre programme politique. Cherchez à démontrer que vous comprenez sincèrement les réactions de la population. Nous avons besoin d’un appel d’air neuf. Nous avons besoin de croire dans nos institutions, nos dirigeants et nos chefs. Soyez crédibles et vous aurez peut être une chance de récupérer votre part et de devenir le prochain gouvernement… minoritaire. Sinon, oubliez ça !

Claude Dupras

lundi 28 novembre 2011

Cacher cette crise que l’on ne veut pas voir !

La crise plane sur nos têtes, aux USA et en Europe. L’Occident risque de prendre feu. Cependant, la vie continue. Les mauvaises nouvelles déboulent. Mais comme elles ne sont faciles à comprendre, on hausse les épaules sans vraiment savoir ce qui risque de nous frapper. Est-ce que ce sera une crise économique qui ne durera que quelques mois ? Ou est-ce une catastrophe qui va remettre en question le capitalisme, violer nos démocraties, briser nos économies et créer un chômage effroyable comme plusieurs experts le prétendent.

Après la Grèce et l’Italie qui sont maintenant dirigés par des banquiers non élus, voilà que l’Espagne vient de se ranger à droite élisant le Parti Populaire qui a promis de mettre de l’ordre dans les affaires économiques de l’État en imposant des mesures impopulaires.

J’ai retrouvé ce matin une caricature sur le blog LIESI qui en dit long quant à la réaction des populations dans l’Union européenne:



D’un côté, le président Sarkozy à qui une large partie des français dit : « Dégage ! » Et de l’autre, le nouveau premier ministre espagnol Mariano Rajoy, chef du Parti populaire, à qui on crie « Olé ! ». Cela me démontre que les Français n’ont pas encore saisi l’importance de la crise qui les menace, qui nous menace tous.

Voici quelques extraits de textes que j’ai trouvés ce matin dans la liste de blogs que je recommande pour lecture à mes lecteurs.

. L’agence de notation Moody ‘s assure que « l’aggravation rapide de la crise de la dette dans la zone euro menace les notes de solvabilité de tous les pays européens ».

. L’agence Prime avise les pays de la zone euro qu’ils devront renoncer partiellement à leur souveraineté pour sauver la monnaie unique. « On en parle déjà, mais pas encore à haute voix… les premiers pas vers un abandon partiel de la souveraineté sont déjà faits ».

. Le Foreign Office du Royaume-Uni se prépare à l’Eurocalypse et a prévenu ses ambassades qu’elles allaient devoir venir en aide à plusieurs dizaines de milliers de Grands Bretons, qui vont se retrouver piégés par les faillites bancaires. Le Trésor a confirmé plus tôt dans le mois qu’un effondrement était en cours. Un ministre d’ajouter : « C’est notre intérêt que les européens essayent de retarder l’inéluctable, cela nous donne plus de temps pour nous préparer ».

. Les services de l’Autorité Financière du Royaume-Uni ont publié une mise en garde aux banques britanniques pour renforcer leurs plans d’urgence en vue de la scission de l’Euro.

. Des analystes de l’UBS ont mis en garde que l’éclatement de l’Euro pourrait, à l’extrême, « réduire le PIB des pays membres de moitié, amener un chômage de masse et mettre en danger les droits de propriété les plus élémentaires ce qui amènerait à des désordres sociaux ».

. « En Europe, les nouvelles sont tellement catastrophiques que la menace d’implosion de l’euro est jugée crédible par de plus en plus d’analystes. Qui de l’euro ou du dollar tiendra le plus longtemps ? On sait seulement que ce sont les agences de notation qui décideront dans quel camp il faudra baisser le pouce, à la manière des César. Des salles de marchés informent que d’aucuns ont converti des montagnes d’euros en dollars… ».

. « Les marchés obligataires se ferment les uns après les autres aux émetteurs souverains des pays de la zone euro, ou s’ils restent ouverts, les conditions de taux sont insupportables dans la durée. Même l’Allemagne, ce mercredi, n’a pas réussi à placer tout son papier. Donc oui, au train où vont les choses, le recours au FMI pour des pays comme l’Italie, l’Espagne, voire même la France, n’est plus du tout irréaliste ».

. Jacques Delors affirme : « Le leadership allemand a été plutôt désastreux avec la valse-hésitation d’Angela Merkel du début de la crise à l’été 2011. Peut-être n’avait-elle pas bien saisi l’importance de l’Europe pour l’Allemagne ? Mais maintenant elle le reconnait elle-même, « si l’euro saute, l’Allemagne trinquera ». Elle a repris l’offensive sur le futur de l’Europe, et sent bien qu’il faut une réforme des traités pour faire passer de nouveaux transferts de souveraineté, et les faire accepter par la cour de Karlsruhe.

. Olivier Sarkozy, le demi frère du Président, et l’un des dirigeants de Carlyle (l'un des plus gros fonds d'investissement du monde), cité par la chaine américaine CNBC, déclare aujourd’hui : « la zone euro est à moins de trois mois de son effondrement, nous sommes tout proches du point de non retour ». Il ajoute en rapport avec la dette : « Le problème de l'Europe est insolvable ».

. Selon le chef de la recherche économique chez Axa "les marchés évaluent le risque d'éclatement de la zone euro entre 50 et 60%".

Et je pourrais continuer à remplir des pages de nouvelles similaires publiées aujourd’hui et dans les derniers jours et qui sont plus sombres les unes que les autres en rapport avec l’Euro, l’Europe, et même les USA et le dollar.

Pendant ce temps, les politiciens français parlent d’autres choses.

Alors que la crise battait son plein, on a vu et entendu durant la récente primaire socialiste française, les candidats éviter de parler de l’économie de la France. Plutôt, ils ont promis de créer 300,000 emplois, d’engager 60 000 nouveaux professeurs, 15 000 nouveaux policiers, ramener la pension à 60 ans, les 35 heures aussi, etc… etc… des dépenses, des dépenses et encore des dépenses. Et comme solution, des taxes, des taxes et encore des taxes. Chacun des candidats démontrait avec fierté la taxe qu’il proposait afin de payer pour ses promesses. C’était totalement irréaliste et je n’ai pas manqué de le souligner dans les billets de mon blog.

Aujourd’hui, le candidat du PS, François Hollande, est en campagne tout comme Eva Joly des Verts-Ecolos, Jean-Luc Mélenchon du Front de Gauche et une brochette de candidats présidentiels. Ils continuent tous à parler de tout et de rien alors qu’ils devraient traiter de la crise et de ses effets négatifs possibles sur la vie des français.

A mon humble avis, leur responsabilité première, à ce moment-çi de la politique française, est d’être solidaire du président Nicolas Sarkozy dans le travail qu’il fait pour protéger la France de la crise et pour corriger la situation en Europe. Ils doivent cesser d’être de petits politicards qui blâment le président de tout alors qu’ils savent très bien que la crise est l’aboutissement des erreurs politiques des dernières décennies, non seulement en France mais dans toute l’Europe, qui ont mené au surendettement dans lequel ils se retrouvent.

Sinon, il est possible que les politiciens français soient obtempérés par les agences de notation ou les banques prêteuses de prendre les grands moyens pour s’en sortir. Elles devront alors imposer obligatoirement des mesures sévères qui seront de toute évidence très impopulaires. Pour ce faire, l’intérêt national exigera peut être l’union de tous les partis politiques pour y travailler et convaincre le peuple français de les accepter. Cela peut aller jusqu’à la formation d’un gouvernement français d’union nationale où tous les partis seraient représentés. Je sais que plusieurs diront que c’est une solution impossible et exagérée pour la France. Je rappelle simplement que d’après tout ce qui se dit et s’écrit sur la crise de l’euro, son ampleur est telle qu’elle va tout bouleverser, même les petits épargnants.

Claude Dupras

mercredi 23 novembre 2011

Entre Harper et Québec, rien ne va plus !

Le premier ministre du Canada Stephen Harper est un drôle de politicien. Élu le 2 mai dernier avec 39,6% des suffrages, il qualifie ce pourcentage de majorité alors que c’est une pluralité de députés du Parti Conservateur (PC) à la Chambre des communes qui ont été élus. Il y règne, depuis, en roi et maître. Il se dit mandaté par le peuple canadien pour respecter ses promesses électorales, même celles dont les projets de loi ont été défaits par les parlements précédents.

Dans le passé récent, il est vrai que le PC - il se nommait alors progressiste-conservateur (PPC) - a connu d’énormes difficultés à gagner des sièges au Québec. Harper rencontra le même problème à l’élection de 2006, puisque seulement 10 députés conservateurs québécois furent élus. Ce fut, par contre, suffisant pour lui permettre de prendre le pouvoir avec un gouvernement minoritaire. Le même scénario se répéta à l’élection de 2008. C’est l’élection de 2011 qui fut fatale pour le Québec. Malgré qu’Harper perdit six de ses onze députés québécois, il réussit quand même, grâce à un tour de force politique impensable, à gagner le pouvoir majoritaire dans l’ensemble des provinces hors-Québec. Du jamais vu. Ce jour-là, le Québec s’est retrouvé sur la voie d’évitement.

Le soir de sa victoire, Harper affirma qu’il gouvernerait le Canada dans l’intérêt de tous les Canadiens. Il rassura les Québécois et leur promit de tout faire pour regagner leur faveur. Le Québec, c’est important puisque nous sommes la nation francophone, une des deux du pays, et comptons 25% de la population canadienne. Depuis, il agit autrement et fait l’opposé.

Tout ce que le Québec veut, c’est que sa voix soit entendue dans les débats fédéraux. Mais, que veut Harper ? C’est la question. Alors qu’il fait tout ce qu’il peut pour se renforcer politiquement dans les comtés anglophones ou ethniques du Canada, il néglige totalement ceux du Québec. Il adopte à toute-vapeur des lois qui vont à contre-sens de l’opinion québécoise et impose même le bâillon pour limiter les débats. Pourtant comme chef du pays, sa responsabilité est de gouverner pour tous les Canadiens, qu’ils soient politiquement avec lui ou non.

Les sujets de mésentente sont importants et nombreux: bilinguisme dans la fonction publique, réalisation de projets fédéraux, indépendance du Canada versus la royauté britannique, militarisme, justice, criminalité des jeunes, contrôle des armes à feu, environnement et beaucoup d’autres sujets. Le Québec et Harper sont sur des voies parallèles. Çà n’a pas de bon sens.

La constitution canadienne fait du Canada un pays biculturel et bilingue. Pour certains postes importants comme celui du Vérificateur général, le détenteur de ce poste doit être obligatoirement bilingue. Nonobstant l’opinion québécoise, Harper a nommé une personne unilingue anglaise. Il en est de même pour sa nomination d’un nouveau juge à la cour Suprême. Son argument : ces nominés ont promis d’apprendre la langue française. Comme si c’était aussi simple que de prendre un comprimé pour un rhume.

A notre grande surprise, le premier ministre nous a dévoilé, depuis l’élection, qu’il est un monarchiste. J’ai écrit sur ce sujet dans mes billets précédents et souligné ses multiples décisions visant à ce que la monarchie britannique redevienne un de symboles importants du Canada. Cela n’intéresse pas les Québécois qui n’apprécient pas son engouement pour Élizabeth II et qui croient que le Canada se doit d’être totalement indépendant.

Les nouvelles lois durcissent la justice envers les adolescents. Elles sont rejetées par les professionnels de la santé et par 90% des Québécois, selon un sondage récent. Il en est de même de l’opinion publique d’une majorité des citoyens des autres provinces canadiennes, dont l’Ontario. Malgré cette opposition généralisée, le conservateur Harper insiste pour imposer ces lois à couleur fasciste qui mettent de côté la réhabilitation. Il les a copiées sur celles des conservateurs républicains à la GWBush. Ce qui est encore plus méprisant, c’est que ces lois doivent être appliquées par les provinces qui ont la responsabilité de l’administration des lois pénales. De nouvelles prisons seront nécessaires, des coûts additionnels de toutes sortes seront engendrés et cela sans compensation fédérale. En somme, les provinces n’en veulent pas, mais elles devront payer pour les conséquences de l’idéologie droite de la droite du PC.

Puis, il y a le débat sur le registre des armes à feu mis sur pied par le gouvernement fédéral précédent. Pour répondre aux désirs de la National Rifle Association (NRA) américaine – elle finance largement les politiciens conservateurs - et des cultivateurs de l’ouest canadien, Harper a décidé de l’abolir. Ce registre a coûté des centaines de millions $ à préparer. Le gouvernement du Québec et ses corps policiers croient dans l’importance d’un tel registre et plaident pour son maintien. S’il est aboli, Jean Charest affirme vouloir créer un registre québécois, et demande au fédéral de lui transmettre toutes les données, afin de réduire les coûts. Charest, avec raison, affirme que les Québécois ont payé largement leur part pour la mise sur pied du registre fédéral et qu’ils ont droit à ces données. Harper refuse et avise qu’elles seront détruites. Pour lui, c’est une question d’idéologie.

Avec son militarisme agressif, ses guerres en Afghanistan et en Lybie, ses commandes excessives de nouveaux avions à jet, de destroyers, ses installations de nouvelles bases militaires dans le monde, etc… les dépenses du ministère de la Défense ont grimpé en flèche.. La Canada, le pays de la paix et des casques bleus, est devenu sous Harper un pays guerrier. Encore là, la pensée québécoise est loin d’une telle politique.

Et ça coûte cher. Le pays est en déficit depuis la venue de Harper au pouvoir. Aujourd’hui, il a le culot de blâmer l’Europe pour sa difficulté à respecter ses prévisions budgétaires. Malgré la crise monétaire et la diminution de la croissance qui secouent le monde, nous sommes en meilleure position que la plupart des pays occidentaux. C’est pourquoi, je suis triste de constater que la dette de mon pays grimpe, surtout après les efforts des gouvernements précédents qui l’ont réduite à grands coups de sacrifices par les Canadiens.

Harper a le front de faire dire par son entourage que les Québécois ne sont jamais satisfaits et en demandent toujours plus. Il souligne le montant de 2,2 milliards de $ que le gouvernement fédéral a accepté de remettre au Québec, suite au protocole d'entente sur l'harmonisation des taxes de vente du Canada et du Québec. Dorénavant, le Québec collectera ces taxes et versera au Canada sa part. Les autres provinces qui ont accepté l’entente de l’harmonisation ont déjà reçu leur chèque. Harper réagit comme s’il nous avait fait un cadeau. De plus, il nous met sous le nez son acceptation de construire un nouveau pont Champlain à Montréal dans dix ans. C’est un mirage pour calmer les Montréalais car dans dix ans, Harper ne sera plus au pouvoir. C’est une situation urgente pour les automobilistes. En réalité, la réalisation de ce pont peut se faire en cinq ans. Harper se moque de nous.

En ne tenant pas compte des sensibilités québécoises, Stephen Harper éloigne, de plus en plus, du Canada, les Québécois et les Québécoises car nous ne nous reconnaissons plus dans l’orientation politique de notre pays. Par son attitude, Le PM Harper alimente d’eau le moulin des indépendantistes. On n’a qu’à lire les chroniques et les blogs de sites Internet pour se rendre compte du mal qui est fait à la cause Canada.

L’option indépendantiste n’est pas très populaire de nos jours. Mais la braise séparatiste n’est pas éteinte et, au premier vent fort, le feu peut reprendre de plus belle. Ce jour là, je penserai à Harper !

Claude Dupras

vendredi 18 novembre 2011

Quand les écolos tombent sur la tête…

Le parc de centrales nucléaires de la France fait l’envie de plusieurs pays. Les USA en particulier.

Il faut se rappeler les deux dernières campagnes électorales américaines : la réélection de GWBush en 2004 et l’élection de Barack Obama en 2008. Ces deux présidents ont cité en exemple la sagesse et la prévoyance de la France d’avoir fait appel en 1978 au nucléaire pour s’alimenter en électricité. Ils promettaient de faire de même. Aujourd’hui, quatre nouvelles usines sont en construction aux États-Unis, ou sur le point de l’être, et 26 autres attendent le financement bloqué à ce jour par le Congrès à cause du débat sur la dette.

En Russie, 26 nouvelles centrales seront en marche d’ici 2020 et le pays construit même des usines nucléaires flottantes pour alimenter ses régions éloignées. L’Angleterre veut faire appel au privé pour s’alimenter davantage en énergie nucléaire afin de rencontrer ses besoins grandissants d’énergie. La Chine en construit 27 actuellement et sa capacité totale dépassera celle de la France. La Corée du Sud projette 12 nouveaux réacteurs nucléaires. Les Émirat Arabes ont choisi la Corée du Sud, au lieu de la France et des Américains, pour construire quatre réacteurs. Même le Japon, après le désastre de Fukushima, construit une nouvelle usine nucléaire.

Le parti socialiste français et le parti Verts-Écolos viennent de signer un accord pour la fermeture de vingt-quatre réacteurs d’ici 14 ans. C’est une vraie révolution périlleuse.

Aujourd’hui, la construction d’une usine énergétique nucléaire est devenue une question de multi-billions de $, d’autant plus que depuis Fukushima les designs seront encore plus sophistiqués. Les 24 usines françaises visées pour fermeture sont presque toutes entièrement payées. Les frais pour le fuel de ces usines sont bas comparés aux usines thermiques alimentées au gaz, au charbon ou au pétrole qui devront les remplacer. Les coûts de fermeture et de démantèlement de ces usines et les coûts de « storage » de leurs déchets nucléaires seront aussi très coûteux. Il y a aussi la production des gaz à effets de serre (GES) générés par les nouvelles usines thermiques qui devra être quantifiée pour déterminer le coût de leur taxe carbone, car elles ne sont pas propres comme le nucléaire pour l’atmosphère. Toutes ces nouvelles dépenses sont en grande partie inutiles et coûteront des milliards d’euros aux Français pendant la décennie où le pays doit rebâtir sa base monétaire. C’est de la folie furieuse car tout ça va augmenter radicalement la dette du pays et les tarifs d’électricité.

Il y a aussi la question de l’indépendance énergétique. Les usines thermiques devront être alimentées par le gaz de Russie. Alors qu’actuellement la France ne dépend pas des autres pour son alimentation électrique, elle risque de subir dans l’avenir des pressions géopolitiques nouvelles qui possiblement pourront limiter sa liberté.

Partout, au monde, les Verts et les Écolos crient la même chose. Ils affirment que la production nucléaire ou fossile peut être remplacée par l’énergie renouvelable. Et cela même si, de plus en plus, la preuve est faite que cette affirmation est irréaliste, en plus d’être économiquement et techniquement non prouvée. Par exemple, une éolienne ne produit que 27% du temps. Le temps de non-production doit être comblé par une autre énergie. Et de plus, partout, personne ne veut d’éoliennes « dans sa cour ».

Les coûts des produits à énergie renouvelable sont très élevés et c’est le consommateur qui doit payer. Le gouvernement peut aider mais dans les circonstances économiques mondiales actuelles, cela devient de plus en plus difficile. De toute façon, il y a une limite à ce que les gouvernements peuvent faire. Par exemple, durant les récentes années, en France et aux USA, les gouvernements se sont engagés, entre autres, dans des programmes d’aide à la fabrication de panneaux photovoltaïques afin de créer de nouvelles usines et de nouveaux emplois. On s’est vite rendu compte que la très grande majorité des panneaux installés étaient d’origine chinoise à cause de leur bas prix. Les manufacturiers français et américains ne pouvaient concurrencer ceux de Chine. Les programmes d’aide ont pris fin. Les usines ont fermé. Les milliers d’emplois que les Verts avaient imaginés ne se sont pas réalisés. Encore hier, en France, la présidente des Verts répétait la même rengaine car c’est en fait son seul argument. Il est inexact.

Les réacteurs français devaient avoir une vie de 30 ans. Avec le temps, l’entretien et l’expérience des opérateurs, elle est fixée maintenant à un minimum de 40 ans. Aux USA, elle est de 60 ans. C’est donc probable que la vie des réacteurs français pourra être allongée à nouveau. Est-ce un danger pour les Français ? C’est la question primordiale qu’ils se posent, avec raison.

Les Verts sont devenus 100% anti-nucléaires. Ils semblent avoir oublié leur but premier, soit la protection de la nature. Ils veulent fermer les 58 usines nucléaires de France et veulent arrêter celle qui est en construction, dite de nouvelle génération EPR et qui a une capacité de près du double de chacune de celles des 24. Pour eux Three Miles Island, Tchernobyl et Fukushima ne doivent pas se répéter. Hollande voulant gagner le vote des Verts-Écolos a accepté d’éliminer, pour 2025, les 24 réacteurs mentionnés précédemment. Pour le moment, il se limite à ça.

L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a été créée pour faire les recommandations au gouvernement sur le sujet. Elle est composée de personnes reconnues pour leur compétence et leur neutralité. À qui les Français doivent-ils se fier en rapport avec la sécurité du parc nucléaire français ? Aux Écolos ou aux politiciens qui n’y connaissent rien ? Aux scientistes, ingénieurs et experts qui y ont dédié leur vie ? La réponse me semble simple.

Claude Dupras

dimanche 13 novembre 2011

Le Québec se dirige vers un gouvernement m…

J’aime bien sortir ma boule de cristal, m’assoir carrément devant elle, seul, dans un endroit absent de bruit, la frotter légèrement avec mon mouchoir blanc et l’orienter vers les questions qui m’interrogent. Je suis particulièrement curieux, ces jours-ci, de savoir ce que sera le résultat de la prochaine campagne électorale au Québec.

Mais avant de procéder à cette séance, et de vous révéler le fond de la pensée de ma boule, laissez-moi vous relater les évènements qui m’ont amené aujourd’hui à la questionner.

Premier ministre du Québec depuis 2003, Jean Charest a gagné son troisième mandat de cinq ans, le 8 décembre 2008, en faisant élire une majorité de députés libéraux à l’Assemblée Nationale du Québec. Cependant, la tradition veut qu’une nouvelle élection soit décrétée aux quatre ans. Donc, on peut penser que la prochaine se tiendra vers décembre 2012.

Cette date explique la raison pour laquelle le PM Charest a retardé la mise sur pied d’une commission d’enquête sur la construction. Après avoir réussi sa stratégie, il vient de confirmer que son gouvernement a finalement décidé de créer la commission et de lui accorder tous les pouvoirs que confère la loi sur les commissions d’enquête. Il a nommé la juge France Charbonneau, recommandée par le juge-en-chef, pour la présider. Elle sera appuyée par deux autres commissaires. Ces excellentes nominations garantissent la neutralité de cette importante commission et j’en suis fort heureux puisque je l’ai réclamée dans le billet de mon blog intitulé « Rien ne va plus », il y a déjà 30 mois.

Préparer une commission d’enquête d’envergure n’est pas une mince tâche. On estime que le premier témoin ne pourra être entendu avant un an, soit au début 2013. Comme il est vraisemblable que la prochaine élection soit décrétée avant, j’en conclus que Jean Charest a bien joué pour son parti libéral. Il savait que de telles commissions publiques peuvent exposer les manèges des partis politiques et voulait protéger le sien de retombées possiblement négatives. On saura tout, mais après l’élection.

Charest fera campagne sur les nombreuses réalisations de son gouvernement et rejettera toutes insinuations d’agissements suspects des membres de son parti prétextant qu’elles seront analysées par la commission et qu’on ne peut préjuger de ses conclusions. Il rappellera, avec preuves à l’appui, qu’il a tout fait pour répondre aux problèmes qui jaillissaient du milieu de la construction. Il citera les nombreuses lois adoptées à cet effet par le parlement, la création de l’unité permanente anticorruption (UPAC) et le rapport Duchesneau sur la collusion au sein de la construction.

Suite à la crise 2008, Charest, toujours avec raison, affirmera que le Québec a mieux fait que les autres provinces canadiennes et cela grâce à sa vision qui lui a fait lancer, à temps, d’immenses projets d’infrastructures partout au Québec : hôpitaux universitaires, autoroutes, ponts, bâtiments des toutes sortes, etc… ainsi que son encouragement au privé à investir avec confiance, ce qui s’est fait. Et ça continue avec le Plan Nord …

Mais ce ne sera pas facile pour le parti libéral, car il a seulement, en début de campagne, 25% d’appuis dans la population. Ils viennent surtout d’un nombre restreint de « purs et durs » libéraux francophones, dont les hommes d’affaires et les chefs d’entreprises, et du support indéfectible des anglophones, des juifs et des néo-québécois.

De son côté, le Parti Québécois, l’opposition officielle, vit des heures difficiles. Il est dans les limbes politiques et ne réussit qu’à attirer vers lui à peine 20% de l’électorat. Tous les jours, il perd de ses ardents supporteurs, les « purs et durs » séparatistes, qui n’aiment pas la chef Pauline Marois. Ils dénoncent sa politique de « gouvernance souverainiste » qui ne prône pas clairement l’indépendance du Québec. Ils ne cessent de déblatérer partout contre elle : dans les blogs, les sites internets et les autres médias.

Puis, il y a le parti de droite, l’Action démocratique du Québec (ADQ). Il végète depuis que son chef-fondateur l’a quitté pour une nouvelle carrière hors-politique. Ses 13% d’appuis n’augurent rien de bon si une campagne électorale est vitement déclenchée. Le nouveau mouvement de droite Réseau-Québec n’a pas su susciter suffisamment de ferveur pour changer les choses. Malgré que le vote centre droit soit majoritaire au Québec, l’ADQ n’en bénéficie pas.

Il y a aussi le petit parti socialiste et indépendantiste Québec Solidaire, qui bataille pour augmenter sa présence à l’Assemblée Nationale. Son problème est que ses dirigeants, dont Ahmid Khadir, n’aiment personne. Ils honnissent les gens de la droite, les grandes corporations, les hommes et femmes d’affaires, les petits marchands, les péquistes, les libéraux, les fédéralistes, le système capitaliste, etc… et à les entendre ils ont toujours raison et tout le monde est voleur, trompeur, tricheur. De vrais marxistes-léninistes. En réalité, ils leurrent les pauvres gens en racontant des histoires de bonhomme sept heures.

Enfin, François Legault, ex-ministre péquiste et hommes d’affaires – il a créé Air Transat – trône, depuis plusieurs mois, en haut des sondages. Le mouvement, « Coalition pour l’avenir du Québec » (CAQ), qu’il a lancé a pris son envol dès le début. Il s’est adressé aux vrais problèmes et proposé des solutions draconiennes pour les résoudre. Legault l’a transformé en parti politique. Plusieurs de ses amis le voient PM et comparent sa montée dans les sondages à celle de Jack Layton pour le NPD le 2 mai dernier. Ils en concluent une victoire similaire. Aujourd’hui, le CAQ est considéré comme le gagnant de la prochaine élection et Legault comme le prochain premier ministre.

Jean Charest réussira-t-il son pari ? Question difficile… C’est là que j’ai décidé de consulter ma boule de cristal. Et j’ai été surpris !

Avec une clarté inhabituelle, j’ai appris la démission de Jean Charest. Ses tergiversations pour accorder un plein mandat à la commission Charbonneau ont eu raison de lui. Pour aider son parti, Jean Charest a dû laisser sa place à un autre aspirant en espérant que celui-ci, un homme nouveau, saura raviver la flamme libérale. Quant à lui, il entreprend une belle carrière d’avocat dans une grande étude légale de la métropole.

Pauline Marois, incapable de démontrer aux péquistes sa capacité de gagner l’élection, a quitté son poste devant la crise au PQ qui s’est amplifiée. Après 9 ans d’opposition, ses « éléphants », comme on dit en France, ont faim. Ils ont choisi un nouveau chef qui a fait l’erreur d’axer sa campagne en grande partie sur l’indépendance du Québec. Sa campagne n’a pas levé.

Le QS a piétiné sur place.

L’ADQ a finalement rejoint le CAQ. Le début de la campagne a été fracassant, mais au fur et à mesure de son déroulement, François Legault a perdu des points de sondage à cause de son manque de charisme. Il n’a pas réussi à toucher profondément les électeurs. Il n’a pas su expliquer clairement son programme politique. Ses amis ont finalement compris qu’il n’est pas un Jack Layton car il a démontré qu’il n’avait ni son expérience, ni sa sensibilité, ni son humanisme. Malgré qu’il soit un bon homme, il n’a pas passé la rampe !

Le parti libéral a été réélu minoritaire, le CAQ et le PQ ont partagé les autres comtés sauf ceux du QS qui a gagné un deuxième comté à Montréal et deux ex-députés péquistes réélus sous la bannière péquiste-indépendant.

Et là, ma boule de cristal s’est embrouillée.

Claude Dupras

samedi 5 novembre 2011

Après la Grèce, l’Italie… la France ?

Le G20 vient de se terminer à Cannes. Alors que les leaders des plus riches pays du monde avaient planifié avec leurs gouvernements de discuter de six thèmes importants : la croissance et les emplois; la réforme monétaire internationale; le développement et le commerce; la régulation financière; l’agriculture, l’énergie et le climat; la corruption et la dimension sociale de la mondialisation; ils ont, malheureusement, dû mettre de côté un grande partie de leurs débats sur ces sujets afin d’enchainer des discussions sur la crise grecque. Heureusement, tous les documents préparés depuis des mois par les hauts fonctionnaires de chaque pays sur chaque thème demeurent.

Les pays au G 20 ont décidé de « dynamiser la croissance, créer des emplois et assurer la stabilité financière ». Particulièrement, la Chine s'est montré d’accord pour « ralentir l’accumulation de ses réserves de change », ce qui signifie stimuler sa demande intérieure et apprécier sa devise.

La tragédie grecque a surpris tout le monde. Lorsque les décisions pour la survie économique de la Grèce (sa dette est 165% du PIB) et la stabilité de la zone euro furent prises par l’Union Européenne (EU) le 26 octobre dernier, le premier ministre (PM) grec George Papandréou s’est montré satisfait, mais, dès son retour dans son pays, il a annoncé, à la surprise de tous, qu’il soumettrait l’accord de Bruxelles à un référendum. Je fus étonné et désappointé de cette décision car, de toute évidence, elle mettait en danger l’accord et son rejet risquait grandement de bousculer les économies européennes et les marchés mondiaux. J’espérais que les partis minoritaires grecs contesteraient la décision du PM. Le lendemain, les bourses mondiales dégringolèrent de 5-7% et quelques jours plus tard, des membres du parti socialiste de Papandréou le quittèrent et l’opposition se leva.

À première vue, Papandréou semblait avoir agi comme un politicien irresponsable. Il a plié devant les multiples manifestations des grecs – il faut les comprendre puisqu’ils endurent depuis deux ans de durs sacrifices imposés par des régimes d’austérité à répétition – et s’est comporté comme un petit politicien qui veut demeurer au pouvoir en annonçant qu’un référendum serait tenu pour l’approbation de l’accord. Unilatéralement, il mettait ainsi la Grèce et l’Europe en péril. Au lieu d’être un vrai chef d’État avec une majorité parlementaire, il a cherché à jouer au plus fin afin de sauver sa peau politique. Heureusement, plusieurs députés de son parti, dont son ministre des finances, ont résisté et la droite grecque a finalement compris que l’accord sauverait la Grèce et qu’elle se devait de le supporter. De retour au G20, Papandréou a subi la sous la pression de Nicolas Sarkozy, d’Angela Merkel et des autres chefs d’État. Il a retiré sa proposition de référendum prétextant que ce n’était qu’une stratégie de sa part pour amener la droite à l’appuyer. Si c’est vrai, c’est génial, mais cela reste à prouver. Il a demandé la formation d’une grande coalition de parlementaires pour voter l’accord et a obtenu tard hier soir, encore à la surprise générale, un vote de confiance au parlement. Il faut reconnaître qu’il est un politicien habile.

Tout ce débat met en relief la réalité politique et surtout économique de l’Europe. C’est l’Allemagne et la France qui en sont le cœur. La riche Allemagne et la moins riche France ont su s’entendre et reprendre son leadership.

Il met aussi en évidence la force de Nicolas Sarkozy et la faiblesse de François Hollande, le candidat présidentiel du parti socialiste. Dès l’annonce du référendum, ce dernier a applaudi cette décision la qualifiant de démocratique, sans tenir compte qu’elle mettait l’Europe, dont la France, en péril. De plus, il déclarait que Sarkozy avait été lent à réagir et aurait dû régler le problème grec il y a déjà plusieurs mois. Il faut vraiment ne rien comprendre pour affirmer de telles sottises. Et hier, suite au G20, Hollande a qualifié le rôle de Sarkozy d’« animateur » et non d’« acteur principal ». Français, Européens et ô combien de citoyens du monde, comme votre humble serviteur, ont été témoins du travail intense du duo Merkel / Sarkozy pour trouver des solutions aux problèmes que suscitaient la mauvaise situation financière de la Grèce. Il faut vraiment être gonflé pour diminuer ainsi ces chefs européens.

Maintenant que le problème de la Grèce semble sur une bonne voie, voilà que surgit l’Italie qui devient le nouveau maillon faible de l’Europe. On serait porté à penser qu’il est similaire à celui d’Athènes. Mais non. L’Italie est un pays riche, exportateur, avec une population nombreuse dont un très grand nombre de riches. Il est la troisième économie de la zone euro et un des premiers fondateurs de l’Europe. Sa dette (120% du PIB) est grandissante et malheureusement les agences de notations viennent de le dégrader au point que les taux d’intérêts pour ses emprunts avec un terme de 10 ans ont été fixés à plus de 6%. C’est le vrai problème de l’Italie car sans le paiement des intérêts et du remboursement de cette dette, son économie ne serait pas déficitaire. Une façon de l’éliminer complètement, serait d’imposer une taxe de 12 % sur les grandes fortunes. Mais cela ne se fera pas car le courage politique pour ce faire n’existe pas.

Au G20, le premier ministre Berlusconi a proposé un programme d’austérité pour son pays et a accepté que le FMI le contrôle suite à son implantation. Malheureusement, ce programme est incomplet et non réaliste, selon les observateurs-expert. Berlusconi doit retourner à sa table de travail. Il a aussi des problèmes politiques puisqu’il n’est plus majoritaire au parlement italien. Il est possible qu’il soit remplacé. Un tel changement de direction donnera aux Italiens un chef qui veut sérieusement travailler, main dans la main, avec l’EU et le FMI pour redonner une bonne santé financière à son pays. La question aujourd’hui est : « Berlusconi qui est aussi un fin politicien sera-t-il remplacé ? ».

Et puis, il y a la France. Qu’arrivera-t-il ? Contrairement à l’Italie, son budget serait toujours déficitaire même si sa dette (85% du PIB) n’existait pas. Ses charges sociales et autres sont très généreuses en comparaison avec ses voisins. Mais par rapport à l’Italie, sa cote financière est bonne. Lorsqu’elle emprunte auprès des banques et des investisseurs institutionnels, son taux d’intérêt à 10 ans est maintenant de 3,004 % (une hausse de 50 « points de base » sur un mois) soit 1,2% plus haut que l’Allemagne. Peut-on en conclure que la crise des dettes publiques, après s’être propagée en Grèce et en Italie, va rejoindre la France ? Si oui, cela pourrait devenir difficilement supportable pour les Français. Dans ce cas, le nouveau Fonds Européen de Stabilité Financière (FESF) pourrait la servir car il lève des fonds à des taux d'intérêts très bas, inférieurs à ceux que peuvent obtenir les pays de l’EU, grâce à la notation excellente "triple A" dont il bénéficie. Il reverse ensuite cet argent aux États en difficulté sous forme de prêts à taux bonifiés, comme pour la Grèce, l’Irlande…

Lors de la dernière période de forte croissance des années 1998-99, le PM Lionel Jospin avait dépensé la nouvelle manne pour financer toutes sortes de nouveaux projets proposés par le noyau des « purs et durs » de son parti et les syndicats, au lieu de l’attribuer au remboursement de la dette. Il en a subi les conséquences à l’élection présidentielle qui suivit. Le parti socialiste d’aujourd’hui fait la même erreur. Durant la récente primaire socialiste, on n’a entendu que des promesses de nouveaux programmes et de leur financement par de nouvelles taxes, de toutes sortes. Les candidats ont volontairement évité de parler de la crise européenne qui était en pleine évolution. Ils voulaient obtenir des votes par des promesses alléchantes et non aborder la dure réalité. Une chose est certaine, le programme du parti socialiste, qu’ils ont tous accepté, et les promesses additionnelles faites par Hollande sont malvenus, dans le contexte économique actuel.

Suite à l’évaluation par son ministre des finances que la croissance économique de la France pour 2011 ne sera que de 1%, au lieu du 1,5% prévu, le premier ministre François Fillon doit annoncer dans les prochains jours un plan additionnel de rigueur (austérité) pour compenser le manque à gagner, sans toutefois nuire aux efforts de croissance.

Je crois que de plus en plus de Français et de Françaises comprennent que la France, comme la majorité des pays de l’EU, doit entreprendre une cure d’amaigrissement et que les prochains budgets doivent être balancés. Au Canada et aux USA, c’est déjà engagé. Depuis trop longtemps, nous vivons tous au-dessus de nos moyens ! Ce ne sera pas facile mais un meilleur avenir pour nous et nos descendants passe par là.

Lors du G20, on a compris que c’est la condition sine qua non pour obtenir les contributions des pays émergents au FESF. Aide toi et le ciel t’aidera !

Claude Dupras

dimanche 30 octobre 2011

La primaire républicaine américaine devient de plus en plus bizarre et intéressante !

Le parti républicain américain est engagé dans une course pour la nomination de son candidat présidentiel contre le président Barack Obama en 2012.

À ce jour, aucun candidat n’est capable de réunir autour de son nom plus de 25% d’appuis dans les sondages. Celui qui est en tête change régulièrement. Il semble que les électeurs républicains n’aiment aucun de leurs candidats et voltigent d’un à l’autre, comme des papillons.

Ils sont actuellement neuf qui cherchent à devenir président. Ce sont : Mitt Romney, Herman Cain, Ron Paul, Michele Bauchman, Rick Perry, John Hutsman, Newt Gingrich, Rick Santorum, Gary Johnson.

Au début, Mitt Romney était le favori. Puis, Michele Bauchman, l’espoir des teapartyers, a été projetée en tête. Ensuite, Rick Perry, gouverneur du Texas, mena la course dès qu’il joignit les rangs. Et depuis quelques jours, à la surprise générale, c’est l’homme d’affaires noir Herman Cain qui est le premier choix. Quant aux autres candidats, Ron Paul, Newt Gingrich, John Hutsman, Rick Santorum et Gary Johnson, ils trainent loin en arrière depuis le début.

Qui gagnera ce leadership ? J’ai toujours pensé que Mitt Romney devrait être choisi. Il a été gouverneur du Massachussetts. En 2002, il a agi comme président du comité organisateur des JO d’hiver du Utah et en a fait un grand succès. C’est aussi un homme d’affaires qui a très bien réussi. Il a ce qu’il faut pour devenir un bon président et a démontré dans le passé qu’il sait faire la part des choses et rallier démocrates et républicains aux causes qu’il proposait. Mais il n’a pas encore gagné et son avenir devient de plus en plus incertain car la frange droite de la droite du parti républicain - teapartyers, conservateurs sociaux, extrémistes, évangélistes chrétiens, ect..- n’en veut absolument pas.

Herman Cain a un passé d’affaires remarquable et un discours impressionnant. Il est captivant, engageant, agréable et habile. Il propose des politiques originales mais simplistes, qu’il explique clairement et sait rendre faciles à comprendre pour le commun des mortels. Il plait à la frange droite et aux gens de 35-54 ans. Il n’a pas de profondeur intellectuelle ni d’expérience politique. C’est pourquoi, aujourd’hui, il est surprenant d’apprendre que dans l’État d’Iowa, où aura lieu le premier caucus des primaires républicaines, 23% des électeurs le choisissent pour faire face à Obama alors que 22% optent pour Romney. Paul a 12%, Bauchman 8%, Perry et Gingrich 7 % chacun et Santorum 5%. Dans le passé, les résultats de l’Iowa ont toujours eu une influence capitale sur l’allure des primaires dans les autres États. Mais rien n’est définitif puisque cette première primaire se tiendra dans 10 semaines.

Depuis qu’elle été lancée, cette primaire est le théâtre de revirements spectaculaires. Et ce n’est pas fini.

Selon certains observateurs politiques américains, il y a un candidat qui peut créer « la vraie surprise », à la fin de la longue course qui se développe. C’est Newt Gingrich. Il est un politicien chevronné qui connait tous les aspects de la politique américaine. Il a été orateur de la Chambre des représentants du temps du président Clinton, et était ainsi celui qui avait le plus de pouvoir dans le gouvernement américain après le président. Il faut savoir que si la Chambre dit NON, comme c’est le cas aujourd’hui pour chacune des propositions que présente le président Obama, rien n’est approuvé. Gingrich a été élu à ce poste, après avoir organisé brillamment l’élection qui avait donné une majorité républicaine à la Chambre. Il était alors un héros politique. Par la suite, intelligent et pragmatique, il avait su travailler avec Clinton pour faire adopter des lois importantes pour le peuple américain. Puis, avec le temps, on lui a reproché une certaine arrogance, il a été vaincu et a perdu son pouvoir.

Dès qu’il s’est lancé dans la présente campagne républicaine, Gingrich a subi les foudres des électeurs républicains. Ses divorces passés et ses extravagances dépensières lui ont été reprochés. De plus, il a été qualifié d’homme du passé qui se présentait par intérêt personnel puisqu’il venait de publier un nouveau livre et voulait le vendre. En somme, tous ces reproches l’ont balayé vers la queue du peloton et à un moment donné, il ne recevait que 4% d’appuis des républicains. Face à ces désastreux résultats, ses travailleurs l’ont quitté, ses financiers électoraux ont fermé le robinet et la pression pour démissionner est devenue si grande sur Gingrich qu’il aurait dû le faire car il n’avait, selon les évidences qui s’accumulaient, aucune possibilité de gagner la primaire. Mais Gingrich, n’est pas du genre à lâcher et il persiste. Il sait qu’il est celui qui connaît le mieux tous les dossiers politiques de son pays et qu’il peut défendre ses positions mieux que quiconque.

Dans les huit débats tenus à ce jour, il est celui qui ressort comme le plus fort intellectuellement. Comme a dit Rush Limbaugh, le célèbre radioman américain « il est le seul qui avait l’air d’un adulte dans le dernier débat ». D’autres affirment « Gingrich est brillant et est le seul capable de tenir tête à Obama ».

De plus, les arguments de Gingrich touchent positivement la frange droite du parti. Plusieurs électeurs, qui l’avaient classé comme un « has been », commencent maintenant à le voir sous un nouvel angle. Les sondages changent, puisqu’au point de vue national, on l’a vu partir de 4% à 6% à 8% pour se retrouver maintenant à 11%. Ces sondages encouragent les financiers et dans le dernier mois, l’argent est revenu partiellement; il peut dorénavant mettre sur pied des équipes de travail dans les États où se tiendront les premières primaires. Petit à petit, Gingrich refait son nid.

Pour plusieurs électeurs, il devient le deuxième choix. C’est d’ailleurs le but qu’il veut atteindre car le parti républicain a décidé que le partage des délégués des États au congrès sera proportionnel pour chaque candidat au pourcentage de votes qu’il aura obtenu dans la primaire de l’État. Ceci est contraire au passé alors que le vainqueur d’un État remportait tous les délégués.

Gingrich espère qu’au congrès, la course soit devenue un match Romney-Gingrich. Il espère que les débats directs qu’il aura alors avec Romney lui permettront de persuader l’ensemble des délégués républicains qu’il est leur homme pour les ramener à la Maison Blanche.

Les probabilités que l’ambition de Gingrich se réalise sont minces. Mais aujourd’hui, avec l’impression que crée l’intensité des médias dans la vie de chacun, tout peut arriver et il est bien placé pour réussir.

Une chose est certaine, la campagne au leadership du parti républicain des USA devient de plus en plus intéressante et mérite d’être bien suivie.

Claude Dupras

jeudi 27 octobre 2011

Le sauvetage de l’Europe par les pays émergents ?

Hier, les dirigeants des pays Européens ont pris « le taureau par les cornes » et ont finalement posé les gestes nécessaires pour éviter à l’Europe et au monde de tomber dans le précipice que les effets de la crise bancaire de la Grèce leur faisaient miroiter. Ouf!

Les décisions furent difficiles à prendre et l’ensemble des pays de l’Union Européenne (UE), leurs banques et sa banque centrale se sont engagés à faire des sacrifices importants pour assurer que leurs financements respectifs soient sains. Cet effort commun est une première démonstration qu’enfin l’Europe agit comme une vraie fédération. C’est la solution pour que chacune de ses parties soit dorénavant protégée et qu’elle ne vacille plus dans l’avenir.

Ce qui m’a impressionné dans tout ce branle-bas c’est l’implication possible des pays émergents (Chine, Russie, Inde, Afrique du Sud et Brésil) qui se sont montrés prêts à secourir l’Europe en danger. Récemment, avec des amis français, j’ai discuté de cette possibilité. Ils jugeaient normal que ces pays établissent un genre de plan Marshall – il a permis de rebâtir l’Europe dévastée suite à la deuxième guerre mondiale - pour venir à la rescousse de l’UE. Cette dernière a vu, à cause de la mondialisation, ses industries et ses emplois s’envoler vers les pays émergents au point qu’elle est devenue financièrement faible. Tout comme les Américains en 1945, ces pays émergents doivent-ils faire de même aujourd’hui ?

Les citoyens de pays qui vacillent économiquement ne sont pas de grands consommateurs et toute diminution appréciable dans leurs achats met en danger les emplois et le développement économique des pays producteurs. La croissance économique mondiale est donc primordiale pour que les pays émergents maintiennent leurs exportations.

Ces derniers sont de plus en plus riches et veulent conserver leur allure. Un euro en danger met en péril cette évolution positive. Il en est de même pour le dollar. Ils craignent la dépréciation. Les signes récents de la faiblesse de ces monnaies ont suscité en Europe et aux USA des cris de « protectionnisme ». On a entendu le mot lors de la primaire socialiste française et ailleurs chez les « indignés » américains qui manifestent sur Wall street. Les pays émergents craignent ce mot et ce qu’il veut dire pour eux et leurs exportations. Ils sont prêts à faire beaucoup pour que ces complaintes cessent. C’est ce qu’ils veulent déterminer avec leurs banques et leurs gouvernements en vue d’une réunion prochaine en Europe où ensemble ils discuteront de ces sujets.

Est-ce dans l’intérêt des pays de l’UE de tendre davantage la main aux pays émergents ? La Chine a les plus importantes réserves et est déjà un investisseur important pour les prêts à long terme de l’UE. Si les Européens obtiennent beaucoup plus d’elle, ne risquent-t-ils pas de devoir mettre davantage leur marché intérieur respectif à la disponibilité des Chinois qui demanderont sûrement l’élimination de certaines barrières tarifaires actuelles ? De leur côté, les pays de l’UE ne seront-ils pas en plus mauvaise posture pour chercher à convaincre les pays émergents de leur donner un plus grand accès à leur marché intérieur, afin de créer des emplois dans leurs propres pays comme le réclament les cris des manifestants ?

La meilleure solution est une Europe qui s’aide elle-même. Si elle doit obtenir de l’aide, qu’elle utilise le Fonds Monétaire International (FMI). La Russie et le Brésil veulent actuellement utiliser le FMI pour faire leur part pour aider à stabiliser l’euro. Pourquoi les autres pays émergents ne feraient-ils pas de même ?

Claude Dupras

vendredi 21 octobre 2011

Le temps est venu de changer de chefs politiques au Québec

Rien ne va plus pour les principaux leaders politiques au Québec. Le dernier sondage indique qu’un parti qui n’existe pas encore, remportera la prochaine élection et deviendra le prochain gouvernement. C’est de la folie furieuse !

Nous sommes devant un nouveau coup à la Jack Layton ! Ce socialiste, sensible et humain, avait compris le ras-le-bol des Québécois face à la politique fédérale et avait su, par sa chaude personnalité et son charisme, attirer vers lui : conservateurs, séparatistes, centristes et même ultras de gauche ou de droite. Ce n’était plus la couleur politique qui comptait mais l’échappatoire parfait qu’offrait Jack-le-confortable. Avec lui, on se sentait bien. Avec les autres, les atomes n’étaient plus crochus. Je fus un de ceux-là. Toute ma vie, j’ai voté progressiste-conservateur et j’ai viré mon capot pour voter NPD. J’en fus le premier surpris, je l’ai écrit, je l’ai fait et j’en suis encore satisfait. Comme mes concitoyens, je ne pouvais plus me satisfaire des politiques « républicaines-américaines » des conservateurs d’Harper, de l’ennui de voir le Bloc Québécois placoter sur tout et rien à Ottawa et de la faiblesse du chef libéral.

Le sondage indique que le parti libéral de Jean Charest a perdu 10 points avec son refus de mettre sur pied une commission d’enquête dans le domaine de la construction, réclamée par tous. Quant au Parti Québécois (PQ), l’opposition officielle, le sondage montre, que contrairement à ce que nous avons toujours constaté, il a baissé aussi. Normalement, une baisse de l’un résultait dans la remontée de l’autre. Ce n’est plus ça, pas actuellement. Les électeurs de Jean Charest se sont retournés vers les tiers-partis. Ils disent clairement qu’ils ne veulent pas non plus de la chef du PQ, Pauline Marois, pour diriger leur gouvernement. C’est simple, c’est un avertissement sévère et sérieux. « Que voulez-vous », comme dirait Jean Chrétien, elle doit partir. Elle n’a plus le choix. Si elle pense à l’intérêt de son parti, à celui de la cause souverainiste et à celui du Québec, sa démission est requise. Ce dernier sondage est le verdict final.

Jean Charest n’est pas mieux placé. Perdre 10 points dans un sondage est catastrophique. Je croyais, il y a quelques mois, qu’il sortirait des méandres dans lequel il s’enlisait. Je l’ai toujours admiré. Il est un bon politicien, un animal politique rare. Ses nombreuses victoires électorales et politiques le démontrent. Il aura été un des grands premiers ministres du Québec. Je sais que plusieurs sursauteront à lire ces lignes, mais on a qu’à évaluer son bilan pour être impressionné par son apport à la politique québécoise et canadienne.

Malheureusement, il vient de faire une erreur grave. Pour répondre à la demande quasi-unanime des Québécois, il a mis sur pied une commission d’enquête sur la construction. Mais ce qu’il a proposé comme organisme n’est en fait qu’un colloque ou un genre de symposium sur les problèmes de la construction. Le juge n’aura pas de pouvoir, les témoins ne seront pas obligés de venir témoigner et les sanctions seront inexistantes. Charest l’a justifiée par un argument : « une véritable commission d'enquête publique contaminerait inévitablement la preuve recueillie par les policiers » sans pouvoir donner un exemple concret. Cette affirmation ne tient pas la route et a été vite contredit par les meilleurs avocats du Québec en la matière, Il semble vouloir protéger son parti. Si c’est le cas, c’est grave car le peuple Québécois doit être respecté nonobstant l’intérêt des partis. Ce n’est plus une question de « rouge » ou de « bleu ». Il s’agit de l’intérêt supérieur de la nation. La corruption ne doit pas devenir chez nous, comme dans plusieurs pays du tiers-monde, une affaire naturelle.

J’ai l’impression que Jean Charest ne se représentera pas. Pourquoi le ferait-il ? La politique est devenue pour lui, et non seulement pour lui, un enfer d’insultes, d’attaques grotesques, d’insinuations répugnantes et malicieuses. Pourquoi continuerait-il à se laisser ainsi insulter ? Il ne le mérite pas. La politique québécoise partisane est d’une bassesse et d'une immoralité ignobles. C’est d’ailleurs pourquoi les Québécois et les Québécoises en ont le ras-le-bol. Ils veulent tout changer, tout foutre en l’air, tout recommencer. Ils ne savent plus qui croire. Jean Charest et le parti libéral sont foutus. C’est la raison pour laquelle Jean Charest doit partir.

Alors séparatistes et libéraux à l’œuvre. Changez de chef. Changez d’équipe. Cherchez à démontrer que vous comprenez les cris de la population. Nous avons besoin d’un appel d’air neuf. Nous avons besoin de croire dans nos institutions, dans nos dirigeants, dans nos chefs. Soyez crédibles et vous aurez peut être une chance de récupérer votre part. Sinon, oubliez ça !

Claude Dupras

Ps. Quelques heures après j'aie écrit et publié ce billet, le PM Charest changea sa position. Le Devoir publie ce matin ce qui suit : « Dans une volte-face aussi spectaculaire qu'inattendue, le premier ministre Jean Charest a finalement cédé à la pression: la juge France Charbonneau pourra à sa demande obtenir le pouvoir de contraindre les personnes à témoigner devant la commission d'enquête qu'elle préside sur la collusion et la corruption dans le domaine de la construction ». Charest parlait devant les 2 500 congressistes de son parti réunis à Québec. Il se pliait ainsi devant la montée des critiques qui fusaient de toute part, dont celles de ses propres rangs, du Barreau du Québec… Il est difficile de comprendre pourquoi le PM, après avoir attendu deux années pour créer une commission d’enquête « sur mesure » (il a affirmé avoir longuement et sérieusement analysé la forme à lui donner) ait accouché d’une souris et se soit vu contraint, le lendemain, de changer subitement d’idée devant le tollé populaire qu’il a suscité. Il a semé une confusion inutile chez les Québécois et a ajouté au manque de confiance dans son gouvernement. Ça ne fait pas sérieux !

samedi 15 octobre 2011

Une drôle de gauche française

C’est dimanche le 16 octobre qu’aura lieu le 2ième tour de la primaire socialiste française pour le choix de son candidat présidentiel à l’élection de 2012.

C’est un bon moment pour le parti socialiste. Il a monopolisé tous les médias durant le dernier mois et demi au point que la droite s’énerve et au lieu de reconnaître que le Parti Socialiste (PS) a fait un bon coup, elle se moque, à tort, de la tenue de cette primaire dans laquelle 3 000 000 de français ont voté. C’est un grand succès, une importante innovation pour la France. Ne pas le reconnaître est mesquin.

Le président Nicolas Sarkozy a dit de cette primaire qu’elle ne correspondait pas aux principes de la constitution de la Vième république écrite par Charles DeGaulle. Pour lui, la primaire donne priorité au parti au lieu de la donner aux individus. Je ne vois pas sur quoi Sarkozy se base pour faire une telle analyse. Ce n’est pas le PS qui deviendra président mais une personne qui assumera, seule, les responsabilités de chef d’État français. La différence avec le passé, c’est que le choix a été ouvert à tous les partisans de la gauche française et non limité à une groupe fermé de notables qui supposément auraient une grâce particulière qui leur permet de choisir le meilleur candidat capable de remplir la tâche importante de président de la France. Pourtant Sarkozy avait insisté, en 2007, pour que le choix du candidat UMP se fasse par le parti et non limité à ses quelques bonzes, thèse défendue par Michel Debré qui voulait ainsi, disait-il, respecter le passé. Donc pour Sarkozy, le parti c’est OK, mais les membres « at large » du parti, ce n’est pas OK. Il a manqué une belle occasion de ne pas commenter la primaire socialiste.

Il semble que ce sera François Hollande qui deviendra le candidat présidentiel du PS. Il a reçu l’appui de tous ceux qui ne se sont pas classés pour le 2ième tour. Les deux candidats avec le moins de votes, Valls (5,6%) et Baylet (0,6%), se sont vite ralliés à Hollande. Ces candidats demi-gauche ne pouvaient se rallier à Martine Aubry qui est de la gauche dure.

Ségolène Royal (6,9%), mère des quatre enfants de Hollande, ne pouvait leur faire injure et se rallier à Aubry. Je soutiens encore que c’est Ségolène Royal qui a fait les meilleurs discours de cette primaire, qui s’est attaqué aux vrais problèmes de la France et qui a proposé des solutions réalistes. Les socialistes doivent reconnaître que plusieurs de ses idées sont maintenant acceptées par le gouvernement de Sarkozy et font partie du programme socialiste. Après avoir battu DSK lors du choix du candidat 2007 au détriment de l’ « establishment » socialiste, ces derniers ne l’ont pas appuyée durant cette campagne comme elle aurait dû l’être. Nonobstant ces coups déloyaux, elle a obtenu plus de 18 millions de voix dans sa défaite.

Par après, ils lui ont enlevé la possibilité de devenir la 1ière secrétaire du PS. Plusieurs affirment même que le clan de Martine Aubry, qui a été élue de justesse à cette occasion, a littéralement « volé » cette élection. Depuis, le malheur de Ségolène est qu’elle a été salie incroyablement par son propre parti. Il n’est pas surprenant que les électeurs socialistes aient perdu confiance en elle et ne l’écoutaient plus. Elle prêchait dans le désert ! Avec toute l’expérience qu’elle avait acquise, elle aurait été une très bonne candidate pour 2012. D’ailleurs, ses participations récentes à la télé, le démontrent de plus en plus clairement.

Puis, il y a Arnaud Montebourg, qui a fait très bonne figure avec 17,9% du vote. Un quotidien français affirmait qu’il « avait sorti le PS du formol ». C’est une très juste image. Il a été le promoteur de la création de la primaire socialiste. Il a proposé des solutions politiques intéressantes et même provocantes. Il a déclaré, entre autres, « j’ai cherché à rénover le parti socialiste de l’intérieur… c’est impossible ». Sa troisième place à la ligne d’arrivée démontre qu’il a beaucoup d'appuis et qu’il est vite devenu le personnage important de la finale. Jouissant de cette nouvelle aura, il a annoncé qu’il écrirait aux deux finalistes, une lettre traitant de ses politiques, afin de déterminer, par leur réponse, celui à qui il accordera son appui. La lettre fut écrite, les réponses publiées et Montebourg a décidé d’appuyer Hollande. La raison : « il est celui qui a gagné le plus de votes au premier tour ». Il a même ajouté « si Martine Aubry avait obtenu le plus de votes alors je l’aurais appuyée ». Alors pourquoi la lettre ? Pourquoi ses déclarations aux médias à cet effet ? La courte avance de 8,75% de Hollande sur Aubry justifie ce cinéma ? Voyons donc ! Ce n’est que de la foutaise et de la petite politique. Je crois que Montebourg s’est enfargé les pieds dans les fleurs du tapis alors qu’il avait le vent dans les voiles.

Il est clair que François Hollande, à moins d’une énorme surprise, sera choisi candidat du PS pour confronter Nicolas Sarkozy à l’élection présidentielle de 2012. Cependant, je crains pour le PS que leur candidat ne soit pas de taille. Rien dans son passé ne permet de voir en lui les capacités requises pour une présidence efficace et d’action. Rien dans ses qualités et son expérience ne montre qu’il a la capacité pour guider la France dans la mer houleuse qu’est devenu le monde d’aujourd’hui. Rien dans son passage de onze ans à la tête du parti socialiste prouve qu’il sait bien gouverner : ce fut défaite après défaite. Rien dans ses discours flous et imprécis, lors de la primaire, nous démontre qu’il sait où il s’en va et qu’il est un homme d’envergure internationale.

Il est clair que les leaders du PS jouent sur l’impopularité de Sarkozy et veulent donner l’impression qu’ils se « rassemblent » autour de leur candidat. Les candidats défaits ont justifié ainsi leur appui à Hollande. C’est devenu en une semaine le mot-clé. Hollande est un rassembleur… Les qualités, les idées ou le passé de Martine Aubry ne comptent plus. Le PS doit être rassemblé et il est décidé que Hollande est celui qui incarne le rassemblement.

Ça prend plus que ça pour gagner une élection présidentielle !

Claude Dupras

jeudi 6 octobre 2011

Le réchauffement climatique : une invention des Socialistes !

Ce titre choquant est une affirmation de Stephen Harper, premier ministre du Canada, qui a été prononcée avant qu’il n’atteigne le plus haut poste politique de notre pays. Plusieurs de mes lecteurs la connaissent, mais je la répète car elle est la seule explication possible aux actions continues et incompréhensibles de notre PM conservateur contre la lutte pour la protection de l’environnement. Il continue à agir comme s’il en était l’ennemi public numéro 1.

Alors qu’Harper propose de réduire de 50% les budgets d’ « Environnement Canada » et de « Pêches et Océans Canada », le commissaire canadien à l’environnement a déclaré hier que le pays est incapable de faire une évaluation environnementale du Nord de l’Alberta (où se situent les sables bitumineux). De plus, il dénonce l’autorisation de nombreux nouveaux projets d’exploitation qui s’accumulent avec les autres et empirent le problème. Sa déclaration ne calme pas l’inquiétude des scientifiques en rapport avec « la pollution venant de l’extraction du bitume des sables, de son raffinage et de son entreposage dans d’immenses bassins à ciel ouvert ».

Le PM dit reconnaître qu’il y a lacune dans l’obtention de données de base environnementales et dans les mécanismes de leur surveillance. Par contre son gouvernement refuse d’annuler ses coupures aux budgets des ministères responsables et d’imposer « un moratoire sur les nouveaux permis ». La politique prime dans ses paroles et ses actions. Pour bien comprendre, il faut être bien renseigné. Le Canada ne l’est pas et ne veut pas l’être.

Pour calmer les esprits des opposants, Harper a mis en place un groupe d’experts « indépendants » pour évaluer les impacts environnementaux de ce projet immense et produire un rapport. L’étude doit coûter 100 millions $ et est financée par l’industrie pétrolière. En fait, je crains que tout çà soit de la foutaise ! J’ai lu quelques pages de rapports anciens des pétrolières. Ils sont très bien faits et la présentation est impeccable mais le contenu est faussé. Ce n’est que de la propagande pure servant à appuyer leurs arguments. Les experts indépendants, s’ils le sont vraiment, vont vite déchanter.

De son côté, le ministre canadien de l’environnement, Peter Kent, vient d’affirmer que ce rapport va vite aider le Canada à vendre son pétrole. Kent se moque de nous puisqu’il sera complété dans deux ans et que, pendant ce temps, les projets se développent à toute vitesse, au point que les pétrolières veulent quadrupler leurs exploitations d’ici 2030, pour atteindre 3 millions de barils par jour. C’est une vraie mine d’or, des revenus incroyables pour l’Alberta, pour le gouvernement du Canada et pour les Canadiens puisque c’est la deuxième plus importante réserve de pétrole au monde. Mais est-ce une raison suffisante pour accepter les dégâts quasi-irréparables à la forêt boréale, au réchauffement du climat, aux rivières et aux fleuves dans lesquels elles se jettent, à la faune ?

Il y a aussi le débat sur la construction du pipeline Keystone XL pour transporter le pétrole brut, extrait des sables bitumineux, au Texas. Mon blog du 21 août dernier « Le pipeline des sables bitumineux : une occasion pour Obama » traitait de ce sujet. Je suis favorable à ce projet si le pétrole est « propre ». Et c’est là qu’Obama peut aider car actuellement le pétrole est « polluant ». L’Union Européenne, par exemple, refuse de le recevoir sur le vieux continent et menace de restreindre les exportations canadiennes sur son territoire. Ailleurs, le New York Times vient de prendre position contre le pipeline à cause des impacts négatifs sur la forêt boréale. J’espère qu’Obama insistera pour que le pétrole qui entrera dans son pays soit propre et retardera l’acceptation du pipeline jusqu’au moment où ses experts établiront que cet objectif est rencontré. Cela forcera les pétrolières à revoir tous les aspects de leur exploitation en Alberta.

On peut protéger l’environnement, mais faut-il vouloir le faire ! A ce jour, le gouvernement conservateur de l’Alberta n’a autorisé qu’un seul projet de réhabilitation couvrant 100 hectares sur les 60 000 hectares minés. Ce n’est pas sérieux.

On apprend aussi, aujourd’hui, qu’un trou sans précédent a été découvert dans la couche d’ozone dans l’Arctique. Le centre canadien qui l’observe joue un rôle absolument nécessaire, selon les responsables mondiaux, pour la poursuite des travaux dans ce secteur. Encore là, une partie de ces chercheurs affirment craindre de voir leurs postes disparaître à cause des coupures d’Harper. Il est clair que le Canada ne veut plus être, comme avant, un chef de file en matière d’évaluation environnementale.

De la façon qu’il se comporte actuellement, le gouvernement d’Harper ne rencontrera même pas les objectifs réduits qu’il avait établis pour 2020 après avoir laisser tomber le protocole de Kyoto, accepté par son prédécesseur. Il n’a pas encore mis en place la stratégie globale nécessaire à la coordination, à l’établissement des objectifs, des échéanciers, des cibles provisoires, etc… qu’il doit réaliser pour 2012. Il n’est pas sérieux. Il fait semblant. Le Canada risque d’être ridiculisé à nouveau.

Le PM et son parti PC atteignent un degré d’arrogance méprisant qui dépasse la borne. Enivrés de la majorité parlementaire qu’ils ont obtenue à l’élection du 2 mai dernier, malgré que 60,4% des électeurs aient voté pour leurs adversaires, les Conservateurs ne cessent de répéter que les Canadiens leur ont fait majoritairement confiance et que cela justifie leurs actions unilatérales. Harper va même jusqu’à conclure que le pays est devenu conservateur et le PC, le parti du peuple. Il rêve en couleurs !

De plus, le grand stratège, comme aime l’appeler les membres de sa cour, se trompe. Des signes extérieurs le démontrent. Ainsi les élections provinciales récentes dans les provinces de l’Île-du-Prince-Édouard et du Manitoba sont des signes avant-coureurs qui ne trompent pas. Malgré qu’Harper ait mis sa machine électorale au service des partis conservateurs de ces provinces et prédisait des victoires « bleues » partout, le Nouveau Parti Démocratique (NPD) a gagné la première et le parti libéral la deuxième. Il reste à venir l’élection d’aujourd’hui (6 octobre) en Ontario. Au moment où ces lignes sont écrites, le parti Libéral est en avance de 10% (il traînait de 10 % il y a à peine un mois) et a toutes les chances d’être réélu.

J’espère que ces mise-en-gardes que lui envoient les électeurs de trois provinces représentatives du Canada anglais (une de l’ouest, une du centre et une de l’est du pays) feront réfléchir notre PM que les Canadiens ne sont pas à droite de la droite et qu’ils considèrent ses politiques comme rétrogrades pour le temps que nous vivons.

Claude Dupras