jeudi 27 août 2009

Merci, les Kennedy !

Ted Kennedy est mort hier. Quelle tristesse j’ai ressentie en apprenant cette nouvelle ! Frère de John F. et de Robert, il nous a fait vibrer avec eux plusieurs fois dans notre vie. J’ai eu le privilège de vivre ces moments inoubliables qui m’ont fait aimer, comme tout le monde, cette famille de Joe Kennedy, de Rose et de leurs nombreux enfants, tout en m’apprenant beaucoup de choses.

Bon vivant, Ted Kennedy était un homme sensible aux besoins de ses compatriotes. Il a toujours défendu les moins nantis et je me rappellerai toujours son superbe discours à la convention démocrate où il voulait remplacer le président Carter comme candidat démocrate pour l’élection de 1981. C’était un geste difficile et invraisemblable, mais ses partisans jugeaient nécessaire de remplacer le président sortant à cause de son manque de popularité croissant. Il n’a pas réussi à déloger Jimmy Carter qui a été finalement battu par Ronald Reagan. J’ai toujours eu l’impression que ce jour-là, les démocrates avaient fait une erreur en ne choisissant pas le sénateur Ted.

Ted Kennedy était le plus grand apôtre de l’assurance santé pour tous les Américains. Je me rappelle de la visite de son frère John F. à Montréal du temps où il était sénateur du Massachusetts, il n’était pas marié à ce moment-là, pour parler justement d’assurance-maladie. Ted, en prenant la relève de son frère au poste de sénateur, après l’élection de John F. à la présidence américaine, en a fait son cheval de bataille toute sa vie. Au début, il voulait un système public similaire à celui du Canada, mais il a vite compris que le Congrès américain n’était pas une sinécure et qu’il devait trouver des compromis pour atteindre son but qui était d’assurer une protection médicale à tous ses compatriotes. Il n’a pu de son vivant réaliser cette ambition mais il était sur le point de le faire avec l’aide du président Obama.

Les trois frères Kennedy nous en ont donné des sensations exceptionnelles. L’élection de John F. à la présidence fut spectaculaire et nous a tous touché profondément même si nous n’étions pas Américains. Son mariage avec Jackie et ses beaux enfants nous ont fait voir de belles images de toutes les couleurs. Ses discours de président nous ont motivés et encouragés à servir notre pays. Son assassinat nous a écrasés. Je me rappelle le silence qui a envahi la grande salle à dessins de mon bureau d’ingénieurs où je me trouvais lorsque nous avons appris la nouvelle et les pleurs que j’ai remarqués aux visages de plusieurs techniciens et dessinateurs. L’émotion m’étranglait et j’avais la sensation que l’air se faisait rare. Je ne pouvais y croire. Nous venions tous de perdre notre idole. Je n’ai jamais oublié, même les détails, de l’hommage extraordinaire rendu au président décédé, dont la dignité émouvante de Jackie, de Robert et de Ted qui ouvrait la marche funèbre suivi du grand président français Charles De Gaulle accompagné des chefs d’états du monde entier et du salut de John John avec sa petite sœur Caroline au Capitole.

Puis ce fut la montée politique de Robert Kennedy vers la présidence après avoir été élu sénateur de l’état de New York. Sa campagne pour devenir le candidat démocrate fut sensationnelle et remplie de promesses excitantes pour l’avenir. Différent de John F., Robert avait un charisme particulier et générait un sentiment de confiance envers lui hors du commun. Mais un assassin l’attendait dans la cuisine de l’hôtel Ambassador en Californie et lui tira une balle dans la tête. L’image qui le montrait étendu au sol avec sa tête retenue dans une main, reste indélébile pour moi. Quelle secousse j’ai ressentie à nouveau ! Après l’aîné Joe mort à la guerre, John F. assassiné et maintenant « Bobby », est-ce que le malheur qui frappe cette famille va un jour se terminer, me disais-je comme tout le monde ?

Je craignais que Ted, qui avait des responsabilités familiales de plus en plus importantes, soit aussi victime du mauvais sort de ses frères. Heureusement ce ne fut pas le cas. Il vient de mourir à l’âge de 77 ans et laisse un héritage politique important. Il a su devenir le sénateur le plus prestigieux et le plus influent du sénat américain et a pu travailler avec tous les présidents démocrates ou républicains pour faire adopter des projets de loi qui ont amélioré la vie de tous les jours des Américains.

Il reste au président américain Barack Obama et au Congrès américain à compléter l’œuvre de Ted Kennedy. J’espère qu’ils voteront cette loi qui assurera un plan de santé à tous les Américains. Ce sera un grand jour qui marquera, comme il se doit, le dévouement, l’engagement, le courage et la vie de Ted Kennedy. J’ai confiance que cela se réalisera.

J’apprends que Ted Kennedy sera enterré, là où il doit être, à côté de ses frères au cimetière national de Washington.

Merci les Kennedy !

Claude Dupras

mercredi 26 août 2009

Le PM Harper, raciste ?

Omar Khadr, Abousfian Abdelrazik et Suaad Hagi Mohamud sont Canadiens. Tous ont eu des problèmes personnels importants lors de voyages à l’étranger. Le PM Harper a refusé d’aider ces individus à se sortir du pétrin dans lequel ils ont été pris. Par contre, Brenda Martin, une Canadienne, blanche anglo-saxonne, condamnée pour fraude et blanchiment d’argent au Mexique, a été rapatriée, en mai 2008, à bord d’un avion nolisé par le gouvernement canadien.

Omar Khadr est le plus connu. Il est dans l’infâme prison américaine de Guantanamo de Cuba depuis 2002, alors qu’il n’avait que 15 ans. Il était enfant, de père terroriste, et a été arrêté pour avoir supposément lancer une grenade qui a tué un soldat américain. Il nie la chose. Cet enfant-soldat a été torturé et est le seul occidental dans ses murs. Malgré que le président Obama ait décidé de fermer la prison, pour raison de l’injustice qu’elle représente par rapport aux droits de la personne, et demandé aux pays-amis des USA d’accepter les prisonniers, le PM Harper refuse de rapatrier Khadr pour le remettre entre les mains de la justice canadienne. Il préfère que ce soit la partiale justice militaire américaine qui le juge. La cour fédérale canadienne s’est penchée sur ce cas et a décidé de forcer le gouvernement canadien à rapatrier Khadr pour la raison que les droits constitutionnels du jeune canadien ont été bafoués. Le gouvernement a interjeté appel de la décision et la Cour d’appel fédérale a confirmé le jugement. Aujourd’hui, choqué, le PM Harper décide de porter le tout devant la Cour Suprême du Canada. Pourquoi ?

Abousfian Abdelrazik se rend, en 2003, au Soudan visiter sa mère malade. Il est arrêté, là-bas, et on lui enlève son passeport canadien à la demande du Service canadien de renseignement de sécurité (SCRS) qui a découvert qu’il prie à la même mosquée radicale que fréquente Ahmed Ressam, un terroriste reconnu. Relâché en 2004, les USA placent Abdelrazik sur leur liste de terroristes internationaux. Face à cette décision, il se réfugie à l’ambassade du Canada à Khartoum. Il y est coincé sans passeport, sans argent et sans possibilité de circuler. Les USA avisent le Canada qu’ils n’ont pas suffisamment de preuves pour l’accuser formellement et demande au Canada de les aider à monter un dossier. Nonobstant cette admission, le PM Harper refuse d’intervenir pour aider Abdelrazik, en bloquant l’envoi de documents nécessaires pour assurer son retour au Canada. Ce n’est qu’en juin 2009, après que la Gendarmerie Royale et le SCRS aient admis, enfin, qu’ils n’ont aucune preuve contre lui, que le PM Harper bouge. Abdelrazik a perdu 6 ans de sa vie. Pourquoi ?

Suaad Hagi Mohamud a vu sa nationalité canadienne mise en doute, à l’embarquement d’un avion pour retourner chez elle à Toronto, par un employé kényan de KLM qui estime que la lèvre inférieure du visage sur la photo de son passeport n’est pas tout à fait similaire à celle de Mme Mohamud en personne. Ce qui est surprenant dans ce cas, c’est que le Haut-commissaire canadien à Nairobi, au lieu de l’aider à régler ce conflit, se tourne contre elle malgré qu’elle ait son passeport canadien. La Première secrétaire du Haut-commissaire écrit même aux autorités kenyanes qu’elle « suspecte Mme Mohamud d’être un imposteur ». Mme Mohamud, inquiète, passe huit jours en prison (on sait ce que sont les prisons africaines) et, désavouée par son pays, attend trois mois sans ressource ni sympathie dans une chambre d’hôtel minable et cela malgré toutes les communications qui parviennent de Canadiens qui confirment la véracité de sa citoyenneté canadienne. Le PM Harper vient de prétendre n’avoir appris ce cas que la semaine dernière. J’ai peine à le croire car j’en suis au courant depuis des semaines ayant lu plusieurs reportages dans les média canadiens sur ce cas, surtout que le gouvernement canadien a été vertement critiqué au pays pour n’avoir pas aidé Mme Mohamud. C’est finalement un test ADN qui a permis à cette personne de retrouver son pays. Pourquoi ?

Avant le règne du PM Harper, deux autres canadiens, Maher Arar et Zahra Kazemi furent aussi arrêtés lors d’un voyage à l’étranger.

Maher Arar travaillait à Ottawa comme ingénieur en télécommunication. À son retour de vacances en Tunisie, en 2002, il est retenu par l’immigration américaine qui le soupçonne d’avoir des liens avec Al-Qaeda. Après douze jours, il est enchaîné, déporté en Syrie, son pays d’origine, et cela même s’il détient un passeport canadien. Il est incarcéré dans une prison grande comme une fosse pendant dix mois, torturé, forcé d’admettre faussement un crime puis enfin transféré dans une cellule de grandeur normale. Grâce à toutes les pressions que son cas génère, il est enfin libéré et revient au Canada en 2003. En 2004, le gouvernement libéral de Paul Martin forme une Commission d’enquête pour analyser les actions des officiels canadiens en rapport avec ce cas et elle conclut que Maher Arar « n’a commis aucune offense et qu’aucune de ses activités a été une menace à la sécurité canadienne ». L’ex-gouvernement canadien a agi le plus rapidement possible pour le sortir de son pétrin. Pourquoi le PM Harper ne veut-il pas agir de la même façon ?

Zahra Kazemi est la photojournaliste canadienne qui en juillet 2003, trois mois après son arrestation en Iran pour avoir capté des photos à l’extérieur d’une prison durant une manifestation estudiantine, décède au fond de sa prison. Un médecin du ministère iranien de la défense, confirme, éventuellement, l’avoir examinée quatre jours après sa mort et constaté qu’elle a été violée, son crâne fracturé, deux de ses doigts brisés et a subi de nombreuses blessures abdominales. Elle a été tuée en prison. Le gouvernement canadien demande qu’une autopsie soit faite par une équipe de pathologistes internationaux. Devant le refus des dirigeants de l’Iran d’accepter cette requête, le ministre canadien des Affaires étrangères du temps coupe toutes relations avec ce pays. Quelle différence avec l’indifférence qu’exhibe le ministre actuel Lawrence Cannon qui ne cesse de blâmer Khadr, Abdelrazik et Mme Mohamud pour leur détresse !

Il est inquiétant de constater que des Canadiens nés dans d’autres pays, sans ancêtres Européens, sans nom à consonance « canadienne » et avec une couleur de peau qui n’est pas caucasienne n’obtiennent pas la même aide du gouvernement canadien que les autres Canadiens, lorsqu’ils se retrouvent en difficulté à l’étranger. Cela est inadmissible et laisse à penser que notre gouvernement actuel applique une politique raciste d’extrême-droite, en rapport avec cette catégorie d’individus. Je ne peux comprendre que les officiels de nos ambassades, qui sont normalement des professionnels et diplomates de haute qualité, collaborent au jeu de ce gouvernement d’idéologues conservateurs qui, de toute évidence, les handicapent dans leur travail.

La charte des droits et des libertés de notre pays s’applique pour chaque Canadien, quelque soit son origine, sa couleur, sa religion ou sa langue. Il me semble que cela est clair, irréfutable et très important. Et, lorsque les cours jugent sur cette base légale, pourquoi le PM Harper conteste-t-il leurs décisions ? Le gouvernement canadien est le nôtre. Il doit nous protéger et nous aider où que nous soyons. Sans cette garantie, qui viendra à notre secours ? En tout cas, si j’étais un néo-canadien, je serais nerveux chaque fois que je quitte le Canada car je sais maintenant que le gouvernement actuel de mon nouveau pays ne viendra pas me seconder si je suis pris dans une affaire discutable, même si je suis innocent. Les affaires Khadr, Abdelrazik et Mohamud le démontrent clairement aujourd’hui.

Claude Dupras

dimanche 23 août 2009

L'Afghanistan: une démocratie crasse

L’élection afghane est un scandale. Si Hamid Karzaï est réélu, il aura volé l’élection. Il ne mérite pas cette victoire car son administration a été inefficace et corrompue jusqu’à la moelle. Ce n’est pas moi qui le dis mais ce sont les observateurs indépendants internationaux. Malgré que plus de 35 milliards de $ lui ont été versés à ce jour, l’état du pays demeure déplorable et Karzaï en a profité pour, entre autres, acheter les « seigneurs de la guerre » des régions du pays pour jouer sur la rivalité ethnique à son bénéfice électoral. S’il est élu, l’avenir ne sera pas rose pour les femmes et les enfants du pays.

Pendant ce temps-là, de nombreux jeunes soldats canadiens donnent leur vie inutilement ou sont blessés parce que notre gouvernement canadien a fait l’erreur monumentale de s’ingérer, nonobstant l’opinion publique, dans cette guerre ingagnable. Il y a aussi le coût extravagant des dépenses militaires qui doivent être payées par nous tous. J’ai dénoncé, depuis le début, les politiques du Premier Ministre canadien Stephen Harper qui prétend que notre effort a pour but la chasse aux Talibans, la reconstruction du pays et l’aide aux Afghans, alors qu’à ce jour, seulement 10% des argents est attribué à l’aide humanitaire. Quelle hypocrisie !

Suite à l’élection, les observateurs européens jugèrent que le processus fut en général « bon et équitable mais pas libre », mais la Commission indépendante afghane composée de 6,968 observateurs électoraux et chargée de surveiller l’élection vient de faire part de nombreuses irrégularités, malgré qu’elle soit sous le contrôle de Karzaï. Ces derniers ont constaté les défaillances suivantes de la votation : « des électeurs munis de plusieurs cartes et votant au nom de femmes », « des bourrages d’urnes », « des hommes armés qui malmenèrent le personnel et qui prirent charge de bureaux de votes », « plusieurs bureaux qui sont restés fermés dont 30 sur 36 dans l’Oruzgan au sud », « des votes de non adultes », « des fraudes », « 650 bureaux réservés aux femmes qui sont restés fermés », « pas libre dans certaines régions à cause de la terreur », « les menaces contre les organisateurs et les observateurs des élections », etc. Il est clair qu’un niveau important de fraude a été organisé. Il en a résulté un faible taux de participation des électeurs.

On dira que c’est mieux que du temps des Talibans. Oui, c’est vrai. Mais, il est fort désappointant de constater le résultat minable de cette élection après tout l’effort qu’a fait l’OTAN et ses pays-membres comme le Canada. Avec plus de 100,000 soldats sur place, des investissements forts importants versés depuis la chute des Talibans, les alliés ne peuvent crier victoire car c’est Karzaï, le corrupteur-en-chef, qui va gagner.

Il y a un autre candidat, Abdullah Abdullah, ex-conseiller politique du commandant Massoud, qui affirme avoir gagné. Il a transformé la campagne électorale en un débat sérieux sur l’administration Karzaï. Sa montée en fin de campagne a été spectaculaire. Mais le fut-elle assez ? De toute façon, étant donné que Karzaï a nommé les membres de la Commission indépendante afghane des observateurs électoraux, les chances sont qu’elle décidera en faveur de Karzaï. À moins, qu’elle trouve nécessaire de décréter un deuxième tour de votation.

Alors que j’écrivais ce texte, j’ai reçu un message d’un ami algérien musulman sur le sujet de cette élection. Il donne un point de vue différent du mien que je pense important de partager avec mes lecteurs. Le voici, à la suite de mon blog.

Claude Dupras


« Voici mes dernières réactions sur l’élection en Afghanistan mise sur pied de A jusqu'à Z par les USA et ses alliés. Elle me rappelle vivement des élections organisées par les forces de sécurité françaises en Algérie vers 1958. Tout comme aujourd'hui, les réactions officielles françaises de l'époque voulaient faire croire au reste du monde que le peuple algérien avait voté en masse pour réaffirmer son attachement à la mère patrie, la France. Les premiers commentaires au sujet de l’élection en Afghanistan veulent nous faire croire que tous les Afghans sont heureux d’y avoir participé. Dans un premier temps, les mass média occidentaux ont tous renforcé les messages officiels concernant cet événement, malgré le fait qu'ils ont admis que le taux de participation a été en dessous de 40% et que ces élections furent entachées de fraudes massives (on vendait les cartes d'électeurs dans le marche public!!!).

Mais le plus important, c'est que les mass media reconnaissent que les Pachtounes n'ont pas participé à ces élections. Malgré le « bourrage des urnes », le taux de participation dans le sud de l'Afghanistan tourne supposément autour de 10%. Nonobstant ces faits qui s’accumulent, Obama a déclaré aujourd'hui que ces élections démontrent que les Afghans supportent la stratégie américaine. Je me souviens de la guerre du Vietnam et de l'aventure américaine en Irak, à chaque fois on a voulu nous faire croire en la lucidité des autorités américaines face à ces engagements internationaux. Malgré tout, l'opinion publique américaine ne croit plus en la stratégie mise en place par Obama en Afghanistan. En effet, plus de 50% du public américain, tout comme durant la guerre du Vietnam, ne croit plus à une victoire américaine dans cette aventure militaire en Afghanistan.

Tout comme le petit Bush qui voulait nous faire croire qu'il fallait une aventure militaire en Irak pour défaire les menaces terroristes islamistes à travers le monde, Obama veut, aujourd'hui, nous faire croire qu'il suffit de détruire les Talibans et les adeptes d'Al-Qaeda en Afghanistan pour enfin nous débarrasser de la menace des islamistes à travers le monde entier. Quand bien même l'Amérique arriverait à détruire la résistance afghane avec cette stratégie, qu'est-ce que Obama nous offre comme stratégie pour réduire l'influence de tous les mouvements islamistes au Pakistan, en Égypte, en Arabie saoudite, au Yémen, en Palestine et dans tous les pays de l'Afrique du nord ?

Tout en répétant ad nauseum, que l'Amérique a un seul ennemi et c'est Al-Qaeda, le président américain continue à ce jour de supporter tous les régimes politiques arabes qui font tout pour justement réprimer tous les mouvements réellement démocratiques qui sont ouvertement contre les mouvements islamistes à travers le monde. Où est la position d'Obama, en particulier, vis-à-vis les régimes dictatoriaux de tout le monde arabe. N'est-ce pas utile de se poser la question, pourquoi les mouvements islamistes du Golf persique à l'Atlantique sont-ils plus forts que jamais ? N'est-ce pas la conséquence prévisible de la politique des USA et du reste du monde occidental vis-à-vis de tous ces dictateurs arabes dans le passé, et qui malheureusement continue à ce jour. Apparemment même le colonel Kadhafi est maintenant un allié stratégique de l'Occident face à son problème avec l'extrémisme islamiste.

Je connais très bien le sort de ces populations musulmanes à travers tout le monde arabe et je t'assure que quelque soit ce que Obama dit aujourd’hui, il n'aura pas l'oreille de ce public qui sait que l'Occident, à ce jour, fait tout pour en fait maintenir la situation politique à travers tout le monde arabe. Après tout, ce statut quo maintient l'avantage que le monde occidental a toujours eu depuis pratiquement Roosevelt.

Mon frère ainé, qui a passé une grande partie de sa vie en prison, depuis 1949, me rappelait souvent dans les années 70, que les peuples arabes ne méritent que ce que le monde occidental daignait leur offrir. Mieux encore, après la guerre israélo-arabe de 1967, je me souviens de ses premiers commentaires et qui sont toujours gravés dans ma mémoire à ce jour. Il m’avait dit à l'époque qu'il faudrait une défaite militaire et une humiliation nationale chaque année pendant plus de 50 ans pour enfin réveiller les peuples arabes et leur donner une chance de rejoindre les rangs des nations qui désirent exister
».

vendredi 14 août 2009

30,000 euros ou tout saute !

Les nombreuses manifestations dans les rues de France m’ont toujours laissé l’impression que les travailleurs français étaient fortement syndiqués. Je viens de réaliser que ce n’est vrai que pour ceux qui sont de la Fonction publique puisque le taux de syndicalisation des autres qui œuvrent dans le privé est très faible. Il est même, et de beaucoup, le plus bas de tous les pays de l’Union Européenne.

Les centrales syndicales françaises qui regroupent ces ouvriers du privé ne sont donc pas fortes et, par conséquent, pas très influentes. On l’a vu récemment lorsque les ouvriers de l’usine de New Fabris de Châtellerault, sous-traitant de Renault-Peugeot, ont été victimes d’une mise-à-pied importante à cause de la crise économique. Ces derniers ont réagi en réclamant une indemnité de départ de 30,000 euros, tout en menaçant de faire exploser leur ex-usine, s’ils ne la recevaient pas. Un vrai « hold-up ». Puis, vivement, des employés mis-à-la-porte d’autres entreprises, aussi affectées par la crise, ont imité les newfabrisiens. Ces menaces de violence se sont ajoutées à un grand nombre d’actions individuelles sur le territoire français : séquestration de dirigeants d’entreprises, destruction d’équipements manufacturiers, saccage de magasins de grandes surfaces, ravages de fruits et légumes importés d’Espagne, etc. Cela m’a rappelé l’action de José Bové, le syndicaliste fermier, qui avait fait sauter le restaurant Macdonald de Millau au nom de la malbouffe et de la protection des agriculteurs.

Seuls, les ouvriers français agissent ainsi en Europe. Je suis étonné de constater qu’ils sont supportés par un grand nombre de leurs concitoyens qui défendent leurs actions. Cette surprenante singularité française est inacceptable dans une démocratie. Si les travailleurs industriels français étaient membres de syndicats en plus grand nombre, ces derniers pourraient mieux les défendre, organiser des « grèves de solidarité » et obtenir des patrons des règlements acceptables, comme l’ont fait les syndicats de l’automobile aux USA et au Canada. Au lieu d’agir seuls, les travailleurs devraient être solidaires.

La violence est indéfendable tout comme la menace de violence. Et lorsqu’il y a violence, il faut qu’il y ait punition. Encore-là, la France me surprend, car les poursuites judiciaires devant être initiées par les procureurs, suite aux méfaits, sont rarement faites. Malgré que le tout soit publicisé dans tous les médias, les coupables connus, les dommages évalués, les procureurs du gouvernement s’abstiennent de prendre les actions pour amener tout ce beau monde devant un juge, prétextant qu’il faut « ramener la paix sociale » et que des actions légales ne feraient qu’envenimer à nouveau la situation. Les manifestants ont donc beau jeu et savent, avant de commettre leur crime, qu’ils ne seront pas punis. Ce n’est pas beau çà !

Mieux encore, le gouvernement, qui condamne toujours dans un premier temps les actions des émeutiers, propose vite des solutions et de l’aide financière. Dans le cas de Fabris, par exemple, les grévistes ont obtenu une « prime supra légale » de 11 000 euros au lieu de l’irréaliste montant de 30 000 euros qu’ils réclamaient.

Alors… si ces ouvriers ont gagné leur point avec leurs méthodes violentes, pourquoi les autres aux prises avec des problèmes similaires ne seraient-ils pas tentés de faire de même ? La violence entraînera la violence, personne ne sera puni et les revendicateurs gagneront. Ce n’est sûrement pas une façon normale de faire dans une société qui se doit de protéger toutes ses personnes incluant les personnes morales.

« Les procédés de chantage avec violence sont inacceptables » disait un ministre français récemment. À mon avis, ce devrait être le leitmotiv de tout gouvernement et il devrait agir en conséquence, ce qui n’est pas le cas du gouvernement français.

La seule et vraie solution est la solidarité des travailleurs français réunis dans des syndicats responsables qui ont le respect et l’autorité morale nécessaire pour négocier honnêtement, intelligemment et même durement, si nécessaire, des solutions justes et équitables avec les patrons pour les ouvriers qui sont victimes de la saignée actuelle des emplois.

La violence est l’arme des faibles, l’union est celle des forts.

Claude Dupras

jeudi 6 août 2009

Les sables bitumineux du Canada

Quelle mauvaise publicité que subit mon pays à cause des sables bitumineux d’Alberta ! Je l’ai encore vue récemment à la télé française dans le film « Home », réalisé par le célèbre photographe Yann Arthus-Bertrand qui montre les dommages et les dégâts importants causés par l'action de l’homme sur la planète et « comment des initiatives écologiques et sociales locales apportent des réponses concrètes et optimistes à la crise écologique ». C’est un film qui fait frémir et mieux comprendre qu’il est possible d’agir pour corriger la situation. Il faut voir ce film pour saisir ce qu’est notre responsabilité individuelle envers notre planète et son avenir. C’est une invitation convaincante au changement.

L’homme n’est pas seul sur la planète. Il y a aussi des « milliards de milliards d’animaux, de végétaux et d’organismes unicellulaires ». Nous sommes étroitement liés avec eux et c’est Albert Einstein qui nous le rappela par son affirmation : « si l’abeille venait à disparaître, l’espèce humaine n’aurait plus que quatre années à vivre ».

De plus, je viens de parcourir un très beau bouquin aussi intitulé « Home » qui comprend les belles et fantastiques images d’Arthus-Bertrand, accompagnées de textes qui décrivent et expliquent le pourquoi de chacune. Il est un homme positif qui cherche à montrer que nous avons le pouvoir de changer car les solutions existent.

Au Canada, nous possédons une réserve pétrolifère en Alberta qui représente plus de 300 milliards de barils. C’est plus important qu’en Arabie. Pour mon pays et le monde occidental, c’est un atout stratégique majeur. Depuis 2003, le Canada est à la deuxième place des pays producteurs de pétrole, juste derrière l'Arabie Saoudite. C’est devenu une richesse inouïe pour les Canadiens. Malheureusement, notre réserve est sous la forêt boréale, en Alberta, à 60 mètres sous terre et contenue dans des sables bitumineux.

Les sables bitumineux sont un mélange de pétrole brut, de sable, d’argile minérale et d’eau. Pour en extraire le pétrole, il faut creuser les 60 mètres de terre, injecter dans les sables de la vapeur d’eau à faible pression afin d’augmenter la température du bitume et diminuer sa viscosité. Une fois ramolli, le bitume est pompé, l’eau rejetée et la terre remise en place.

Le coût d’exploitation est élevé et l’impact environnemental est dévastateur puisqu’une tonne et demie de sables bitumineux donne à peine un baril de pétrole brut, qu’il faut trois barils d’eau douce pour le fabriquer et pour créer la vapeur d’eau, on doit brûler beaucoup de gaz naturel, soit l’équivalent de deux barils de pétrole brut pour en faire trois, ce qui ajoute un taux inacceptable de gaz à effets de serre (GES) à l’atmosphère. Peut-on vraiment imaginer l’impact total de cette entreprise colossale qui s’étend sur un territoire grand comme le quart de la France métropolitaine ?

L’eau vient des rivières et des sources (déjà on constate l’assèchement du territoire et la baisse de la nappe phréatique) et l’eau usée est traitée et rejetée dans des bassins qui longent la rivière Athabaska. Malgré tout, cette eau reste fortement polluée, demeure toxique et est une sorte de bouillie de produits dangereux. Elle trouve son chemin jusqu’à la rivière, aux sources… Le risque est qu’à la longue, cette pollution fasse partie, un jour, des sédiments et des écosystèmes pour ensuite s’installer dans la nappe phréatique.

Il y a 10 ans, 16 millions de GES étaient produits alors que dans 10 ans on évalue à 65 millions de tonnes les GES dégagés. De plus, une odeur désagréable rend les gens malades et cette pollution de l’air est entraînée par les vents de l’ouest vers le Québec et les provinces maritimes du pays, causant ainsi des pluies acides.

Ce sont les raisons pour lesquelles j’ai toujours dénoncé, dans mes blogs passés, l’exploitation des sables bitumineux au Canada et combattu la politique du Premier Ministre canadien Stephen Harper, député de l’Alberta, qui a favorisé l’accélération par 5 de la production. Notre PM s’est opposé à Kyoto, signé par son prédécesseur, prétextant que le Canada manquait de temps pour rencontrer les objectifs de l’accord. Sans l’exploitation des sables bitumineux (qui représentent plus du tiers de notre production de GES) cela aurait été probablement possible.

Nous, Canadiens, avons la possibilité de devenir très riches mais nous devons prendre le temps nécessaire pour développer les méthodes pour bien exploiter écologiquement nos sables bitumineux. Par exemple, pour éliminer les GES produits, on pourrait construire des usines nucléaires pour fabriquer la vapeur d’eau. Cela prend du temps mais si le gouvernement avait agi il y a dix ans, ces usines seraient en marche.

J’ai confiance au génie canadien pour inventer d’autres façons pour exploiter les sables bitumineux afin de reconstituer le sol de la forêt boréale, assainir parfaitement les eaux de rejet et éliminer à sa plus basse expression les rejets de GES.

Le temps ne nous presse pas car la demande en pétrole brut sera toujours là. Si nous continuons à chercher à améliorer nos méthodes d’exploitation afin de respecter l’environnement nous rendrons un immense service à tous les citoyens de la terre et nous assurerons que nos descendants puissent profiter de la richesse que génèrera la vente de ce pétrole brut dont la qualité de la production sera propre.

J’espère que le gouvernement canadien exprimera, entre autres, une nouvelle politique sur la question des sables bitumineux lors de la conférence sur le changement climatique de l’ONU à Copenhague, en décembre prochain. La réputation internationale du Canada en rapport avec l’environnement en dépend.

Claude Dupras

lundi 3 août 2009

BB a gagné !


C’est depuis 1976 que Brigitte Bardot a entrepris une campagne internationale pour dénoncer ce qu’elle appelait « le massacre des bébés phoques canadiens ». Le 29 juillet 2009, il y a à peine quelques jours, le Conseil des ministres européens a finalement décidé d’interdire toute vente de produits dérivés de la chasse aux phoques. Et cela malgré les démarches intensives du Premier Ministre canadien Stephen Harper qui, à nouveau, voit ses arguments refusés par les autres chefs de gouvernements. On peut dire qu’il ne pèse pas lourd notre PM.

Sur quelle preuve les ministres ont-ils approuvé cette interdiction ? Scientifique ? Non. Statistique ? Non. Ce n’est que l’aspect politique qui a primé et il était motivé par le sentiment chez plusieurs Européens que la chasse aux phoques est un massacre, même si une telle définition est fortement discutable. Qu’il y ait une prolifération excessive de ces animaux, n’est pas important. Qu’ils soient la cause de la diminution des bancs de morue au point que la pêche à la morue a été suspendue pendant des années, n’est pas important ! Que des centaines de milliers de personnes vivent de cette chasse, n’est pas important ! Ce qui influence l’opinion européenne, c’est la beauté de ces petites bêtes et leur petit air mignon, adorable et sympathique. Et s’ils avaient la forme, la couleur et la tête d’un animal laid comme le phacochère, ce sentiment existerait-il ?

Le Canada, comme la Norvège et la Russie, va souffrir de cette décision européenne. Ce n’est pas la première fois qu’une telle ordonnance nous affecte. On se rappellera le grand débat sur l’amiante. Ce produit résistant à l’action du feu était extrait en grande partie de mines au Québec où les citoyens de villes entières vivaient de cette production. L’interdiction de l’importation de ce produit par l’Europe, les USA et les autres pays du monde a fait un grand mal à l’économie canadienne. Sur ce sujet, j’étais en accord avec ce boycott de l’amiante parce qu’il a été prouvé qu’il était nocif pour la santé. Et même si l’ex PM québécois Jacques Parizeau faisait des pieds et des mains pour défendre la cause des producteurs d’amiante, je m’opposais à sa démarche car les faits scientifiques avaient démontré clairement que l’amiante ne devait plus être utilisé dans la construction de bâtiments, la fabrication de produits et être en contact avec l’être humain.

L’Organisation Mondiale de la Santé se base sur la science avant d’autoriser un embargo. Pour éviter le protectionnisme, l’OMC a déterminé que la preuve scientifique est la qualité qui offre l’objectivité nécessaire à ses décisions. Ainsi, cet organisme a forcé plusieurs pays européens à changer leurs décisions sur l’importation des organismes vivants génétiquement modifiés (OGM) par l'homme car elles étaient sans fondement scientifique.

Le ministre canadien du commerce international a justement dénoncé le manque de données scientifiques dans la décision des ministres européens. Mais pour les Européens, cet argument ne tient pas car les tueries de phoques en masse sont, pour eux, un problème d’ordre moral.

Pourra-t-on dorénavant tenir compte de ce qui se passe dans les pays exportateurs pour déclarer un embargo sur un produit et oublier l’aspect scientifique ? Par exemple, pourrions-nous interdire : les poulets de producteurs élevés dans des poulaillers où ils sont tassés par milliers comme des sardines et qui sont abattus de façon qualifiée de cruelle par plusieurs individus ? les produits métalliques fabriqués de minéraux extraits du sol par des individus travaillant dans des conditions inhumaines comme on le voit si souvent à la télé ? les diamants extraits dans des conditions similaires ? les vêtements produits par de très jeunes enfants qui travaillent pour une maigre pitance à des rythmes insoutenables qui mettent en danger leur vie ? l’abattage, que plusieurs personnes jugent cruel, de chevaux, de bovins, d’agneaux et de tous les autres animaux comestibles ? Et tant qu’à y être, pourquoi pas tous les produits alimentaires qui ne sont pas bios car les engrais chimiques sont jugés dangereux par plusieurs ? … En somme, il n’y a pas de fin à ce que l’on pourrait interdire sans considération scientifique.

L’OMC maintiendra-t-elle ses positions et déclarera-t-elle que l’interdiction de toute vente de produits dérivés de la chasse aux bébés phoques va à l’encontre de ses principes et forcera-t-elle le Conseil des ministres européens à reconsidérer sa décision, où s’adaptera-t-elle à recevoir des arguments non scientifiques ? Un beau débat en perspective.

Claude Dupras