vendredi 23 septembre 2016

Les Y : Citoyens du monde

Les générations se suivent mais ne se ressemblent pas.
 
Depuis la mienne, la génération silencieuse née de 1925-1945, se sont succédées celle des baby-boomers de 1945 à 1960, celle de la génération X dite du « baby-bust » de 1961 à 1980 et celle, qui arrive en trombe aujourd’hui et dont tout le monde parle de plus en plus, la génération Y, ou les Millennials (certains disent « Milléniaux » en français) de 1980 à 2000.
Pourquoi Y, certains disent que ça vient du mot anglais « Why ? ». C’est la question qu’ils posent et qui marque leur remise en cause systématique des contraintes qu’on veut leur imposer. D’autres y voient le Y sur leur poitrine dessiné par les fils de leurs écouteurs reliés à celui qui rejoint leur baladeur. Millennials, parce qu’il ferme le deuxième millénaire. C’est la génération émergente.
Avec 92 millions d’individus aux USA, la génération Y est la plus nombreuse dépassant même celle des baby-boomers qui compta 77 millions d’enfants nés aux lendemains de la 2ième guerre mondiale dans un moment de paix, de prospérité, de plein-emploi et de progrès.
Entre les deux, la génération X a connu un faible taux de natalité avec 61 millions d’enfants dans une atmosphère d’augmentation des divorces, de l’arrivée des femmes sur le marché du travail, de la pilule contraceptive, etc…
Même si le lien entre appartenance générationnelle et comportements est controversé, le fossé avec les générations précédentes peut s’expliquer par un changement rapide de la société à cause de l’apparition de nouvelles technologies de l’information et de la communication. L’Église, l’armée, même la famille sont moins influentes pour eux que l’internet, la télévision et les réseaux relationnels. Ils n’ont pas connu de menaces d’apocalypse de guerre froide, ni un monde sans le SIDA.   
Au Canada, la génération Y compte 8,9 millions d’individus dont 700 000 sont sans emplois et 4,5 millions vivent chez leurs parents. Plus de 60% ont un smartphone et écrivent un minimum de 60 textos par jour.
Les Y représentent 15% de la population européenne et 40 % de la population active en France (salariés, non-salariés et chômeurs).
En Europe de l’est, les Y sont venus en âge ou sont nés après la libération de leur peuple du communisme en 1989. Ils ont appris des notions inconnues de leurs parents, tels le chômage, le consumérisme, la liberté d’expression, la liberté d’entreprendre, l’acceptation des inégalités sociales, la démocratie… et ils ont pu faire la part des choses de chaque système politique, totalitaire ou démocratique.
C’est une génération de rebelles qui veulent un bon emploi pour s’épanouir au contact de l’action et travailler en s’amusant. Elle est influencée par la culture du partage et non par la compétition ou l’égoïsme. Elle veut être active sur les nouvelles plateformes sociales. Elle est née alors que l’intérêt général de la population pour l’écologie se manifestait, alors qu’avant, seule une minorité s’en préoccupait. Elle est « la génération performance » dopée au travail, mais aussi « la génération micro-ondes » qui exige tout, tout de suite.
Les Y étaient jeunes lors de l’introduction massive de l’information, de la téléphonie mobile, de la photo numérique, du GPS, etc… et ils ont acquis une maitrise intuitive de ces équipements dépassant même celle de leurs parents Le jeu vidéo est pour eux banal alors que la génération X le découvrait. Pour les américains, ce sont les digital natives.
Leur identité s’est forgée par les apports culturels autour d’eux. C’est surtout devant la télévision qu’ils ont grandi et elle les a grandement influencés. 
Bien éduqués, les Y répondent à la pénurie de la main d’œuvre hautement qualifiée. Mais se sachant rares, ils savent ce qu’ils valent et l’exigent. Pour eux, l’autorité n’est pas nécessairement synonyme de compétence et ils ne craignent pas de se comparer car ils peuvent communiquer directement ou avec l’aide des technologies. Ils n’acceptent pas le principe de la priorité de l’ancienneté au travail et veulent plutôt être jugés par leur contribution.  
Cependant, le travail pour eux n’est pas nécessairement au premier plan. Ils refusent de travailler les week-ends ou les jours de fêtes et veulent du temps pour décompresser afin de protéger leur santé mentale et physique qui est pour eux de première importance.  
En somme, les Y recherchent une meilleure qualité de vie, conciliant travail, liberté, autonomie et intérêt personnel. Ils pensent à court terme. Ils sont très mobiles.
Plus à l’aise avec les technologies et internet, ils ont facilement accès à l’ensemble des outils de création et de communication contrairement aux générations précédentes, ce qui leur permet de diffuser sur-le-champ leurs travaux dès leur production. Mais ce sont surtout des consommateurs des nouvelles technologies plutôt que des créateurs.
La génération Y se déplace beaucoup. Elle profite de la baisse des coûts de transport aérien, des autos et du transport en commun. Les études et échanges à l’étranger sont nombreux. Contrairement à la génération précédente, son kilométrage annuel a diminué de 23%. C’est l’avion et le surfe sur internet qui l’intéresse. Ou encore le vélo qu’elle a adopté de plein cœur. 
Chez les 18 à 31 ans, 23% de jeunes mariés américains vivent dans leur propre appartement. Ce pourcentage a chuté de 50% depuis 1960. Un nombre grandissant de jeunes choisissent de vivre à la maison avec leurs parents, puisqu’ils jugent que le mariage peut attendre.
Les Y veulent aussi être en bonne santé et non seulement « pas malades ». Ils recherchent de la nourriture enrichissante, ne fument pas, ne boivent pas et sont concentrés sur l’entrainement physique.
Pour eux, une marque reconnue d’un produit n’est pas suffisante pour confirmer un achat. Pour leurs achats au commerce de détail, 42% des Y achètent en ligne au moins une fois par mois et veulent qu’on leur facilite l’utilisation de leurs appareils mobiles pendant qu’ils sont dans les magasins. Avant d’acheter, ils comparent les prix, en ligne ou sur leur appareil mobile, avec ceux de la concurrence au Canada et dans le monde, lisent les critiques de produits, obtiennent des coupons et des codes promotionnels et concluent l’achat par voie numérique ou au magasin.
47% des Y sont confiants de pouvoir vivre une retraite idéale, alors que seulement 1/3 des baby-boomers pensent la même chose.
Même si tous les individus de l’Occident de cet âge sont des millenials, leur pays influence leur mode de vie, Ainsi les Y canadiens ont plus de potentiel économique que leur contrepartie américaine. À ce jour, 50% des Y canadiens possèdent une maison et cela à un âge plus jeune que leurs parents. En comparaison à 36% pour les américains. Ces derniers ont des conditions de travail moins bonnes que leurs semblables au Canada, les offres d’emplois sont plus rares et ils ont moins d’accès au crédit. De plus, les jeunes américains ont des dettes étudiantes beaucoup plus importantes que les canadiens.
Cette bonne performance des canadiens est due en grande partie aux femmes qui sont mieux éduquées et aux offres d’emplois pour elles qui atteignent des niveaux records au pays. Encore-là, les américaines performent moins bien.  
La génération Y comme les autres générations est critique de la génération précédente. Ainsi, elle regarde de haut la génération X qu’elle considère comme ayant été une bande de bousilleurs qui bâclaient leur travail, retardaient leurs prises de décision, ne rêvaient que de divertissements, avaient un moment d’attention très court et retardaient leur mariage car ils avaient peur de divorcer. 
Quant à la génération X qui suivit les baby-boomers, elle jugea ces derniers comme une bande centrée sur elle-même, inconstante et pas pratique.  
Pour le journaliste Joel Stein du magazine américain Times, « les Y sont trois fois plus touchés que leurs parents par des troubles de personnalité narcissique. Ce sont des obsédés par leur apparence physique et le désir de devenir célèbres. Ils manquent totalement d’ambition dans leur vie professionnelle. C’est pourquoi ils vivent plus nombreux avec leurs parents. Cette génération n’essaie pas de confronter l’establishment comme ses aïeules mais elle vit en dehors, inventant ses propres règles ».
Par contre, une étude par Jean Pralong, sur un échantillon français, conclut à « l’absence de différences entre les X et les Y dans le rapport au travail, à l’entreprise et à la carrière ». En fait, « ce ne sont pas les gens nés après 1980 qui sont narcissistes, ce sont les jeunes personnes qui sont narcissistes et qui par la suite s’en sortent au fur et à mesure qu’ils vieillissent ». Mais la France n’est pas l’Amérique.   
Les changements démographiques générés par chaque génération modifient les priorités des individus et, par conséquent, leur approche à la solution des problèmes. Selon les recherches du Centre pour l’Étude de la citoyenneté démocratique (CECD) du Québec, les succès ou les insuccès d’un parti politique peuvent être liés directement au « remplacement progressif de l’électorat par la nouvelle génération ». Les Y se ressentent des « citoyens du monde » et expriment une pensée politique marquée par ce sentiment. Ils sont au centre-droite du spectre politique. L’étude démontre aussi qu’« ils appuient l’importance de l’éducation et le respect de l’environnement mais accordent moins d’importance à la souveraineté et à la charte des valeurs ». Il me semble fort logique que chaque génération se distingue.
« Le parti québécois (PQ) qui avait été porté par les générations des baby-boomers et des X, a vu chuter ses résultats dès que les Y ont eu droit de vote. Alors que ce parti était le 1er choix des baby-boomers, le 2e de la génération X, il est devenu le 3e de la génération Y. » Cela s’explique en partie par le fait que ce parti est plus à gauche que les Y. Rien n’est évidemment tout perdu car un parti politique peut toujours redéfinir son projet politique pour s’adapter aux circonstances changeantes, mais ce peut être difficile si la question est fondamentale.
La génération des Y est unique de celles qui l’ont précédée. Elle a grandi lors d’une croissance économique sans précédent et a été éduquée durant le temps où le respect de soi était important et la technologie avancée devint disponible. Même si ces individus n’ont pas tous les mêmes comportements ou attitudes, que ce soit au travail, dans les magasins réels et en ligne ou dans l’isoloir électoral, leur interaction est évidente dans la façon qu’ils échangent et consomment l’information.  
Claude Dupras

sources: Internet, Times

mercredi 14 septembre 2016

Le Cauchemar de l’autoroute des Laurentides. Et demain ?

Mes grands-parents vivaient à St-Jérôme. En ce temps-là, il était de mise que les enfants aillent visiter leurs parents le dimanche. Mon père y rêvait mais il n’avait pas d’auto. Les mois passent et sa petite échoppe de 2 barbiers et 2 coiffeuses rapporte suffisamment pour les besoins de sa famille et quelques économies. Finalement, il achète une Plymouth 1933, toute neuve, et tous les dimanches, ou presque, qui suivirent « nous montons voir » Marie-Anne, Wilfrid et la parenté « dans le Nord ».

Plus tard, vers 1955, les parents de ma future épouse possèdent une maison au lac Guindon de Sainte-Anne-des-Lacs et encore-là, plusieurs dimanches, nous montons dans le nord pour les voir et cela jusqu’au moment, en 1963, où nous achetons notre propre chalet à l’Estérel, près de Ste-Adèle. C’est donc depuis ma jeunesse que je parcours ce chemin de Montréal aux Laurentides dont je connais les beaux et mauvais jours.

Évidemment ce ne fut pas toujours une autoroute comme aujourd’hui. Ah non ! Au début, c’est la route 11 à deux voies seulement et étroites. Et pour s’y rendre, à partir de Verdun, il faut traverser l’île de Montréal jusqu’à Cartierville pour franchir le pont Lachapelle sur la Rivière-des-Prairies, près du parc Belmont, puis parcourir toutes les municipalités de l’île Jésus dont l’Abord-à-Plouffe, Chomedey, Ste Rose jusqu’au pont Hyppolyte Lafontaine (son nom d’alors) qui enjambe la rivière des Mille-Îles. Puis c’est la montée vers Rosemère, Ste-Thérèse-en-haut, St-Janvier et enfin St-Jérôme, après 2h30 de route. Les accidents sont nombreux. Les crevaisons aussi. En hiver, on roule dans des canyons de neige plus hauts que l’auto.

La région des Laurentides est un aimant pour les Montréalais et devient une région touristique très prisée, une destination de premier choix. Le calme, le bon air frais, les nombreux lacs, les montagnes, sports d’hiver et d’été les attirent car la grande majorité vit dans de petits logements tassés les uns aux autres et souventes fois l’air de la ville est pollué. De plus, ils travaillent « dur » et, le dimanche, veulent fuir la ville avec leur famille pour aller se revivifier afin de reprendre le travail et l’école, le lundi, en meilleure forme. Plusieurs espèrent avoir, un jour, un « camp dans le Nord ».

La route 11, (aujourd’hui la 117, route nationale québécoise nord-sud jusqu’en Abitibi-Témiscamingue), est un lien routier important, de plus en plus achalandé, pénible et ingérable. Elle est élargie, améliorée mais l’accroissement rapide du nombre d’automobiles la rend insuffisante. La pression sur le gouvernement du Québec augmente et finalement le 3 mai 1957, le PM Maurice Duplessis annonce la construction d’une voie rapide entre Montréal et St-Jérôme au coût de 40 millions de $. C’est la première autoroute du Québec et elle est à péage. Quel charme, quel beau voyage, que c’est agréable une autoroute au Québec ! Ma famille avait découvert les autoroutes, quelques années auparavant, lors d’un voyage à New York où le New York Freeway nous avait amenés d’Albany à la métropole américaine. Mais ça, on imaginait, dans nos têtes d’enfants, que c’était pour les américains, pas pour nous.

La route 117, à la sortie de l’autoroute à St-Jérôme, est vite engorgée et l’accès aux Laurentides devient problématique. En 1964, le gouvernement l’allonge de 24 km jusqu’à Ste-Adèle. Puis en 1974, ajoute 20 km additionnels pour rejoindre Ste-Agathe des Monts. Et pour faciliter la circulation, le péage est éliminé vers 1983.
L’autoroute des Laurentides est une partie de l’autoroute 15 qui origine à St-Bernard-de-Lacolle aux frontières américaines et se termine à Ste-Agathe-des-monts, sur une longueur de 163 km. C’est aussi une partie du parcours de la route transcanadienne qui s’échelonne de St-John, Terre-Neuve, à Victoria en Colombie Britannique. De Montréal, le chemin le plus court pour se rendre à Vancouver est l’autoroute des Laurentides vers le nord en direction du Témiscamingue pour entrer en Ontario. Toutes ces origines et destinations ajoutent un nombre important d’automobiles et de camions à l’autoroute. 

Le territoire de la rive-nord, surnommée la couronne nord de Montréal, attire les citoyens de la métropole et connait un développement sans pareil grâce à l’autoroute des Laurentides. Des dizaines de milliers d’entre eux quittent leur ville, laissent leurs logements à de nouveaux immigrés et installent leur famille dans de nouvelles maisons dans des villages qui deviennent vite des municipalités importantes.  
La région des Laurentides connait la plus importante croissance démographique au Québec. L’institut de la statistique indique que de 2001 à 2026, la MRC (Municipalité Régionale de Comté) Thérèse-de Blainville connaîtra une croissance d’environ 28,8% comparativement à 9,3 % au Québec. Les MRC voisines ont vécu, vivent et vivront aussi de telles augmentations de leur population.
Depuis l’an 2000, de grands travaux sont réalisés sur l’autoroute des Laurentides pour répondre au nombre croissant d’automobiles. La route est élargie à 4 voies entre Montréal et St-Jérôme. De nouvelles autoroutes 440 et 640, est-ouest, y sont reliées par de nouveaux échangeurs importants. De même avec l’échangeur Décarie à la jonction du boulevard Métropolitain de Montréal dont le trafic lourd de l’ouest vient en partie de l’Ontario et des USA. Les interminables travaux ont ralenti la circulation automobile durant plusieurs années. Nous avons subi ces délais, ces exaspérations, sans mot dire, avec l’espoir qu’une fois terminés la circulation serait fluide. Mais le contraire est le résultat. « Trop souvent les automobilistes sont pris en otage dans des kilomètres de voitures immobilisées », affirme le maire de Bois-des-Filions, comme nous l’avons constaté constamment durant les mois de juillet et août dernier. (Un jour, j’ai roulé durant 2h30 du boulevard Métropolitain à Ste-Adèle, une distance de 69 km. Le même temps que prenait mon père dans les années ’40). Le moins que je puisse dire est que ce fut désespérant. Pourquoi ?
Le nombre d’automobiles augmente exponentiellement. Tous ceux en droit de conduire ont la possibilité, aujourd’hui, d’avoir une automobile. Devant une résidence de banlieue, il n’est pas rare de constater deux, trois et même quatre véhicules de stationnés. Les pages des journaux sont remplies d’offres de location-achat d’autos neuves à des taux aussi bas que $70 par semaine. Il n’est pas rare d’inviter des amis chez soi et de voir un couple arriver chacun avec sa voiture. Et, souventes fois, leurs enfants aussi.
De son côté, le ministère du transport du Québec semble incapable de prédire l’avenir de la circulation sur nos routes. Il est compétent pour construire, mais pas pour prédire ce que sera le trafic dans 5 ans ou dix ans. Le cas de l’autoroute des Laurentides en est une bonne démonstration puisque ses longs travaux viennent à peine d’être terminés et déjà elle est saturée. Ce sera quoi durant les prochaines années ?
La circulation sur l’autoroute des Laurentides est souventes fois si dense et le temps si long pour se rendre à Montréal que cela nous justifie de poser des questions et de mettre en doute la compétence professionnelle des designers de nos routes. Ce n’est pas une question de tricherie en rapport avec la construction, comme l’a révélé la commission Charbonneau, mais une de l’évaluation du niveau de la circulation future de nos autoroutes. Nous avons droit de savoir si les responsables actuels sont des professionnels qualifiés pour faire ces études et d’être rassurés que le résultat de leur travail futur ne soit pas comme celui du passé. Le problème se doit d’être réglé.
D’autre part, le ministère doit et peut trouver des solutions pour désengorger l’autoroute des Laurentides qui, contrairement à d’autres autoroutes, n’a pas de voie réservée au transport collectif. Pour les Laurentides, ce service public est organisé via un important réseau d’autobus qui desservent tous les villages et municipalités des Laurentides et transportent les usagers, souvent via l’autoroute, jusqu’à la gare intermodale de St-Jérôme d’où part la ligne de trains St-Jérôme-Montréal.
Ce système s’améliore constamment. De la gare, le train rejoint, en 35 minutes, la station de métro De La Concorde à Laval qui, elle, est reliée à tout le réseau des stations de métros de Montréal. Il dessert aussi directement les stations Parc, Vendôme et Lucien l’Allier ainsi que cinq municipalités de la couronne. Les 13 trains par jour sont de deux niveaux, confortables, relativement neufs. C’est une bonne façon d’aller en ville sans automobile, soulageant ainsi le trafic de l’autoroute. Malheureusement, ce système n’est pas encore utilisé à son plein potentiel parce que mal connu et le stationnement de 775 cases est nettement insuffisant.
Parmi les autres moyens, il y a :
1. La prolongation de l’autoroute 13 (elle devait desservir l’ex-aéroport international de Mirabel) qui chevauche actuellement une grande partie de son trafic sur celui de l’autoroute des Laurentides, au niveau de la ville de Boisbriand. La prolongation pourrait aller jusqu’à Ste-Adèle et la construction des premières sections vers St-Jérôme ou autres municipalités peut être entreprise dans des délais relativement courts.
2. La prolongation de l’autoroute 19, située au centre de l’île Jésus de Laval, vers le nord en direction de Ste-Sophie et de là rejoindre l’autoroute de Laurentides après St-Jérôme.
3. L’amélioration des exits des autoroutes 440 et 640 qui versent sur l’autoroute des Laurentides une forte quantité d’automobiles qui ralentissent constamment sa circulation. Cela est possible et nécessaire.
4. La synchronisation des feux rouges de la route nationale 117, parallèle à l’autoroute des Laurentides. Très large, elle traverse les municipalités adjacentes de Ste-Thérèse, Blainville et Mirabel. Ces dernières utilisent cette route comme leur rue principale et font tout pour ralentir la circulation d’où la désynchronisation des feux rouges. Le résultat est que tout automobiliste qui veut rouler jusqu’à St-Jérôme, via cette route comme par le passé, se voit contraint d’utiliser l’autoroute des Laurentides à cause des multiples arrêts. 
De plus, le gouvernement devra tenir compte qu’un nouveau centre commercial géant de 300 000 mètres carrés, le Royalmount/Quinze40, sera construit, dès 2017, à l’intersection sud-ouest de l’autoroute des Laurentides et du boulevard Métropolitain, à Montréal, et qu’il attirera des milliers d’automobilistes, si on se fie à ce qui se passe au gigantesque Dix30 de la rive-sud. Si rien de majeur n’est fait, le cauchemar risque d’être plus pénible et angoissant.  
Le premier ministre du Québec doit exiger de son ministre du Transport de revoir la qualité du travail de certains de ses fonctionnaires qui analysent l’ensemble du trafic actuel et futur de l’autoroute des Laurentides et d’y apporter des changements majeurs !
Alors que rien ne va plus aujourd’hui, qu’arrivera-t’il demain si on continue de la même façon ?
Claude Dupras

dimanche 4 septembre 2016

L'immigration au Québec, un problème ? NON !

Depuis quelques années, en Occident, les programmes d’immigration sont de plus en plus critiqués. Les attentats monstrueux au Canada, en France et dans un trentaine d’autre pays font peur. La crainte a envahi l’esprit de plusieurs et comme les auteurs de ces crimes sont, souventes fois, des immigrants naturalisés dans le pays où ils commettent leurs crimes, un grand nombre de citoyens dénoncent les services d’immigration. Certains politiciens, toujours à l’aguet de situations pour se faire valoir, profitent de ces mouvements de mécontentement pour proposer des réductions annuelles du nombre de nouveaux immigrants. Ainsi au Québec, le chef du parti « Coalition pour l’Avenir du Québec (CAQ) », vient de proposer une réduction de 10,000 nouveaux immigrants par année, soit une réduction de 20%. Certains chroniqueurs de nos journaux partagent cet avis.  

Pourtant au Québec, l’immigration est bien organisée. Les statistiques du gouvernement du Québec indiquent que de 2011 à 2015 nous avons accueilli 258 057 immigrants, soit une moyenne 51,611 immigrants par année dont 67,4% capables de répondre à nos besoins économiques et d’y investir, 21,1% pour répondre aux besoins de regroupement familial et 10,2% de réfugiés. Les autres comptent pour seulement 1,2% des entrées.
La répartition hommes/femmes était égale. Quant à l’âge, 21,2% avaient moins de 14 ans, 11,1% de 15-24 ans, 56,7% de 25-44 ans et les autres 10,9%.

Plusieurs des immigrants ont quitté le Québec après y avoir été admis. En rapport avec la langue parlée, des 25,8% qui parlaient le français, 84% sont restés au Québec ; des 33,6% qui parlaient le français et l’anglais, 73% sont restés au Québec ; des 16,4% qui ne parlaient que l’anglais, 54% sont restés au Québec ; des 24,2% qui ne parlaient ni l’anglais ni le français, 68% sont restés au Québec. (journal Le Devoir).
Et cela, malgré que les patrons, les hommes d’affaires, les manufacturiers et les exportateurs aient demandé que les exigences en rapport avec la connaissance du français soient allégées pour privilégier les compétences professionnelles à cause « de la pénurie de main d’œuvre ». Pour juger de ces départs fâcheux, il faut savoir qu’ils comprennent deux-tiers des Pakistanais et des Indiens admis et une moitié des Chinois et des Iraniens admis. Ce qui est choquant est que ces groupes incorporent plusieurs investisseurs. Ils partent pour diverses raisons : rejoindre des membres de leur famille vivant dans les autres provinces ; leur inhabilité à parler le français ; leur difficulté à trouver un emploi ; la liberté de parler anglais et de faire des affaires dans cette langue... Ils choisissent de travailler ou d’investir ailleurs alors que le chômage afflige près du « quart » des immigrants restés au Québec.
Il y a aussi la demande des francophones et acadiens hors Québec qui affecte quelque peu l’immigration québécoise. Le nouveau Programme de Mobilité Internationale (PMI), favorise la venue de parlants français vers l’ensemble des communautés francophones hors Québec.
En tenant compte de ce qui précède, 35,620 des 51 611 immigrants admis, en moyenne, sont devenus des néoquébécois permanents. Il est faux de dire que 50 000 immigrants s’ajoutent à la population québécoise à tous les ans. Près de 26 283, se sont installés à Montréal, 2 040 à Laval, 2 889 en Montérégie, 1 907 dans la région de Québec, 980 en Outaouais, et le reste, 1 161, est réparti plus ou moins également dans chacune des 12 autres régions du Québec.
Ils avaient émigré de toutes les parties du monde, dont 32,9 % d’Afrique, 20,8% des Amériques, 29,6% d’Asie et 16,5% d’Europe. 
Ils sont venus de la Chine (8,8%), de la France (8,1%), d’Haïti (7,1%), d’Algérie (7,0%), du Maroc (5,8%), d’Iran (5,5%), de Colombie (3,5%), du Cameroun (2,6%), d’Égypte (2,6%), de Tunisie (2,5%) et 45,7% des autres pays du monde.
Leur niveau de scolarité est élevé puisque 67,8 % des 15 ans et plus totalisent 14 années et plus d’études.  
Beaucoup de ces néoquébécois ont des qualités leur permettant de bien s’intégrer dans notre société particulièrement dans les domaines de la gestion, des affaires, de l’administration, du secteur de la santé, des sciences sociales, des arts et culture, des sports et loisirs, des ventes et services, des métiers de construction, de la fabrication et autres, du transport, des services d’utilité publique, etc… En effet, 29,5% sont des professionnels, 12,5% sont des techniciens et para professionnels, 5,7% sont des techniciens intermédiaires, 3,7% des entrepreneurs et investisseurs et 44,4 % sont de nouveaux travailleurs.
Parmi eux, il y a aussi les conjoints de fait, les enfants, les autres personnes à charge, les parents, les cas humanitaires, les aides familiaux… Il faut aussi compter les réfugiés et les membres de leurs familles pris-en-charge par le Canada, le Québec et ceux qui sont parrainés par des organismes à but non lucratif ou des groupes de résidents qui s’engagent à subvenir à leurs besoins et faciliter leur intégration.  
Voilà un survol rapide des statistiques de l’immigration québécoise des cinq dernières années.
35 620 nouveaux néoquébécois par année, c’est l’équivalent de la population d’une nouvelle ville comme Val-D’or ou Saint-Georges de Beauce ou Sorel-Tracy à chaque année. Imaginer tout ce que nécessite une telle ville : maisons, logements, écoles, services sociaux et hospitaliers, commerces, autos, nourriture, vêtements, centre de sports, services urbains, etc… etc… et le travail que ça génère : constructeurs, entrepreneurs, professionnels, ouvriers, vendeurs, secrétaires, etc… etc… Estimez les revenus, les taxes, les dépenses, les investissements, etc… C’est l’activité économique potentielle d’une population équivalente au nombre d’immigrés qui s’installent au Québec par an. Combien de familles ont quitté l’est de Montréal depuis les 20 dernières années et plus pour s’établir sur la rive nord de la rivière des prairies, ou la rive sud du fleuve Saint-Laurent, et laissé leurs logements aux nouveaux venus pour aller dans des maison neuves gonfler des villages existants en villes. Ces nouvelles municipalités importantes sont le résultat en bonne partie des effets de l’immigration. 
De 1951 à 2013, la population du Québec a augmenté en moyenne de 66 101 individus par année. À mon avis, ce n’est pas suffisant puisque la proportion par rapport à la population canadienne est passée de 28,9 % à 23 %. Les immigrés ont contribué près de 52,9 % de l’augmentation annuelle de notre population.
Actuellement, le Québec vieillit à cause « du manque de natalité chez les jeunes (taux de fécondité inférieur à 2,1) et du pic de natalité des ainés. En 2036, les aînés devraient être plus nombreux que les moins de 19 ans (une différence de 228 000 individus, comparée à 79 000 pour les jeunes). Le « baby-boom » de l'après-guerre, 1941-1960, fait son œuvre. Les personnes nées durant cette période sont désormais près de l'âge à la retraite ou le sont présentement, ce qui occasionne une population vieillissante et une population active réduite ».
En somme, contrairement aux dires des protagonistes favorables à la réduction des seuils de l’immigration au Québec, 64,6% des immigrés connaissent le français en arrivant, 12,4 % ne parlent que l’anglais et 22,9% des immigrés ne parlent ni le français et ni l’anglais. Une fois admis, ils ont l’opportunité de suivre des cours de français, une langue très difficile à apprendre, et leurs enfants seront placés dans des écoles françaises. Combien de leurs descendants parleront français dans quelques années ? Un très grand nombre si on en juge par le passé. Rappelons-nous, les Johnson, les Macdonald, les Mulroney, les Burns, les Gray, et des milliers d’autres… dont les ancêtres arrivés sur le sol québécois ne parlaient que la langue anglaise. Et le Québec était alors beaucoup moins fort qu’aujourd’hui…
Certains affirment que l’immigration est un truc des fédéralistes pour assurer des votes additionnels en vue d’un référendum futur sur la séparation du Québec du Canada. C’est farfelu, de la petite politique. A vrai dire, rien n’est plus ridicule. L’immigration est actuellement le sauveur économique du Québec et lui donne les moyens de continuer son développement et d’assurer une protection sociale à ses citoyens. Pour bien continuer, nous nous devons de trouver moyen d’intégrer plus de nouveaux venus dans notre société par des emplois, car trop d’entre eux n’ont pas de travail et quittent le Québec, contrairement à ce qui se passe ailleurs dans les autres grandes villes canadiennes.
D’autres y voient une porte ouverte aux musulmans et blâment l’immigration de ne pas contrôler leur entrée au pays. Plusieurs d’entre eux sont francophones, possèdent des diplômes divers et sont prêts à œuvrer dans des domaines cruciaux comme celui des hôpitaux où, selon mon expérience récente, ils font un travail exceptionnel grâce à leur dévouement et leurs compétences.  
On ne cesse de parler des problèmes du développement de notre économie québécoise. Imaginez ce que ce serait sans les centaines de milliers d’immigrés que nous avons reçus durant les dernières décennies. Ils se sont bien intégrés dans notre société et leur contribution est immense.
Radio-Canada rapportait hier, que depuis un an le Québec compte 33 400 personnes de moins dans sa population active. C’est un autre argument qui nous indique que le nombre d’immigrants doit être augmenté et que leur intégration doit être accélérée. 
Donc, pour maintenir le rythme du développement économique du Québec et tout ce qui en découle, les Québécois et leur gouvernement doivent trouver des solutions pratiques pour améliorer le programme d’immigration. Les Montréalais veulent continuer à vivre dans un milieu cosmopolite qui nous ouvre au monde et à ses cultures tout en ajoutant à notre enrichissement personnel, en respectant notre langue, nos principes et notre mode de vie. Fermer l’immigration nous étoufferait économiquement à la longue. Au contraire, il faut l’accroître et la rendre efficace et performante pour bien répondre aux besoins nouveaux du Québec qui évolue rapidement.
Les solutions sont simples : les jeunes québécois doivent se donner de plus grosses familles ou le nombre d’immigrés devra s’accroître. Nous devons trouver les moyens pour diminuer le taux de chômage des nouveaux arrivés en enseignant bien le français à ceux qui le maîtrisent mal et en leur trouvant des « jobs ». Pour les prochaines immigrations, nous devons tout faire pour augmenter la présence de parlants français et de candidats qui ont des liens culturels avec le Québec, qu’ils soient unilingues français ou bilingues.
Une modification de la loi 101 pourrait nous aider à renforcir la présence de la langue française dans le monde multiculturel où nous vivons, sans brimer les droits des autres.
L’immigration coûte cher, 15-20 milliards $ par an pour le Canada et 3-4 milliards $ au Québec. On ne peut l’éviter. Il est donc important de bien administrer ce budget pour obtenir le maximum de rendement.

Nous avons un grand besoin, annuellement, de bons candidats francophones pouvant répondre aux valeurs québécoises, en nombre important. Ce n’est pas une question de survie à long terme du français au Québec mais un besoin pour son épanouissement.
A ce moment-ci, une politique populiste, des expressions de peur ou des arguments nationalistes mal fondés n’apportent rien de positif au débat. En fait, un nouveau « baby-boom » comme le plus récent des "millennials" serait la vraie solution. Mais cela, c’est un rêve en couleurs !

Claude Dupras