dimanche 29 janvier 2012

Duceppe, le Gingrich québécois

La sauvage primaire pour le choix du candidat républicain à l’élection présidentielle américaine de Novembre 2012, nous en fait voir de toutes les couleurs ! Surtout depuis que Mitt Romney et Newt Gingrich sont devenus les favoris. C’est à qui s’entredéchirerait le plus pour gagner !

Lors du dernier débat à Jacksonville en Floride, j’ai entendu à nouveau le sempiternel reproche de Romney à Gingrich en rapport avec son manque d’éthique durant la période où il a été orateur (the speaker) de la Chambre des Représentants du Congrès américain. Il fut accusé par le sous-comité d’éthique de la Chambre d’avoir utilisé pour ses besoins politiques, des fonds dédiés à d’autres fins. Cela ressemble étrangement à la révélation récente de La Presse sur les agissements de Gilles Duceppe, du temps pendant lequel il était chef du Bloc Québécois.

En janvier 1997, la Chambre des Représentants, à majorité républicaine, a réprimandé Gingrich pour son manque d’éthique par un vote de 395 à 28 et lui a imposé une punition de 300 000$. Une première pour cet organisme. Gingrich a alors admis les accusations du sous-comité et a reconnu avoir apporté du discrédit à cette dernière.

Voici ce qu’a dit, à ce moment-là, Tom Brokaw, le célèbre commentateur de la NBC : “Newt Gingrich, who came to power, after all, preaching a higher standard in American politics, a man who brought down another speaker on ethics accusations, tonight he has on his own record the judgment of his peers, Democrat and Republican alike. By an overwhelming vote, they found him guilty of ethics violations; they charged him a very large financial penalty, and they raised — several of them — raised serious questions about his future effectiveness.”

Son comportement a coûté cher à Gingrich. Il a payé son amende et a finalement quitté la politique. Après de longues années, il revient comme candidat à l’investiture républicaine et Gallup, qui sonde l’ensemble des républicains américains, le place ce matin à 6% en avant de Romney. Comme quoi, un politicien peut toujours revenir en politique s’il admet ses fautes.

Gilles Duceppe, qui a fait du bon travail à Ottawa, ne nie pas que l’organisateur-en-chef du Bloc ait été payé par des budgets votés par la Chambre des Communes et dédiés au travail parlementaire de son parti. Nonobstant cela, il est défendu par un grand nombre de ses amis politiques. À mon avis, c’est insupportable. Le manque d’éthique de Duceppe sur cette question est clair. Il n’avait même pas à consulter les règlements. Il aurait dû le savoir puisque que ce n’est que le gros bon sens. Comment peut-on défendre le principe qu’un chef de parti ou un député détourne l’argent dédié à ses fins politiques pour financer ses activités partisanes ?

L’entourage de Duceppe semble vouloir justifier ses actes en affirmant que les autres chefs de partis faisaient de même. Eh bien ! J’encourage Duceppe, qui les connait sûrement, à les nommer et qu’on les accuse à leur tour. C’est important.

Comme disait le républicain Mark Sandford de la Caroline du Sud, « si j’avais su ce que contenait le rapport du comité d’éthique, je n’aurais jamais voté pour Gingrich comme Orateur » et d’ajouter « Je pense à mes trois garçons et ce n’est pas l’exemple de leadership que je veux leur donner ». Voilà les mots d’un homme politique responsable qui met de côté la partisannerie pour l’intérêt public.

De toute évidence, je crois que le comité d’éthique du parlement canadien chargé d’enquêter sur le sujet arrivera à la même conclusion que celui qui a analysé le cas Gingrich et confirmera l’erreur de Duceppe. Toute cette question n’en est pas une de Républicains (ils étaient majoritaires et auraient pu trouver moyen de classer aux oubliettes le rapport du sous-comité) ou de Démocrates, ni de fédéralistes ou de séparatistes au Québec. C’est une question d’éthique.

Ceux qui interviennent comme moi par des articles, des blogues ou des commentaires, se doivent de faire des analyses qui sont respectueuses de la logique et de l’intelligence de nos lecteurs. De plus, même si nous avons chacun nos positions et nos visions politiques, nous nous devons de les énoncer dans une atmosphère de respect mutuel.

Claude Dupras

mardi 24 janvier 2012

Le genre de Québec que l'on veut

La politique est un boomerang.

Nous venons d’en avoir une nouvelle démonstration avec la révélation du « scandale du Bloc ». Le parti fédéral Bloc Québécois est accusé d’avoir utilisé des portions de son budget parlementaire pour payer l’important salaire du président de son organisation politique et électorale. Pourtant le Bloc recevait du gouvernement, comme les autres partis reconnus, des millions $ pour ses fins électorales calculés sur la base du nombre de ses électeurs à l’élection générale précédente.

C’est le même Bloc, plus blanc que neige, qui n’a jamais manqué d’attaquer les pécheurs politiques des autres partis. Avec raison.

Lors du fameux « scandale des commandites », nous étions tous en accord avec le Bloc, qui accablait avec des accusations précises le Parti Libéral du Canada d’avoir utilisé malhonnêtement les argents du gouvernement pour ses fins électorales et d’être un parti sale. Suite à l’enquête de ce scandale, nous avons chassé le PLC du pouvoir pour le punir.

Aujourd’hui, c’est Gilles Duceppe, l’ex-chef du Bloc qui a pris cette décision de mal utiliser les fonds, et son parti qui sont au banc des accusés.

Et ça tombe mal !

En effet, une pression grandissante venant d’une myriade d’opposants vise la chef du Parti Québécois (PQ) afin qu’elle quitte son poste et soit remplacée par Duceppe. Ce n’est que le plus récent putsch contre Pauline Marois et il est motivé par le même leitmotiv, soit la faible situation du PQ dans l’opinion publique et son impossibilité de reprendre le pouvoir aux prochaines élections.

Accusé, Duceppe a surpris par sa réaction en annonçant subitement son départ définitif de la politique disant vouloir dédier tout son temps à se défendre contre l’accusation. Son geste laisse croire qu’elle est fondée puisqu’on ne rejette pas ses ambitions politiques pour des riens.

Pauline Marois obtiendra donc à nouveau la confiance de son parti, lors de la rencontre du bureau national du PQ durant le prochain weekend.

C’est par une Une exagérément éclatante, suivie d’une page 3 de même nature, que La Presse a appris le « scandale du Bloc » aux Québécois. À Ottawa, le parti libéral et le NPD ont déclaré vouloir éclaircir cette situation et, si elle est vraie, réclamer le remboursement de près de 1 millions $ de Duceppe et du Bloc.

Dès la publication de la nouvelle, un grand nombre de séparatistes-souverainistes-indépendantistes, parmi ceux dont la plume est la meilleure, ont déclenché des accusations gratuites contre le journaliste, auteur de l’article, et les propriétaires de La Presse. Pour eux, ce n'est qu'un coup monté pour empêcher la venue de Duceppe à la tête du parti Québécois et la reprise du pouvoir par le PQ. En somme, ils s’attaquent au messager et non au message.

Au lieu d’affirmer qu’ils sont choqués par la révélation, qu’elle est inacceptable si elle s’avère fondée et que ce n’est pas le genre de pays qu’ils veulent faire du Québec, ils cherchent à défendre directement ou indirectement la décision de Duceppe, à la qualifier de « pas grave », à la justifier en prétextant que d’autres ont fait pire, à la réduire à un coup monté, etc..

Le « scandale du Bloc » n’a pas l’envergure du « scandale des commandites ». Mais il a la même importance puisqu’il brave ostensiblement les principes moraux. Et, on se demande, après, pourquoi les électeurs en ont « plein le casque » des politiciens.

Non, ce n’est pas acceptable. Tous les partis doivent s’élever contre une telle façon de faire et le dire, à chaque fois. Le cynisme des électeurs est suffisamment élevé contre la gente politique. Il faut que cessent ces attitudes partisanes et ce genre d’argumentation qui faussent la réalité.

Pour renverser ce courant malsain, nous devons nous donner des femmes et des hommes qui comprennent l’importance de cela dans chacun des partis politiques. Ce n’est pas une question de fédéralisme ou de séparatisme. C’est une question qui touche le genre de Québec que l’on veut, qu’il soit dans le Canada ou indépendant.

Claude Dupras

mercredi 18 janvier 2012

2012, une année pour les mordus de la politique

2012 est une année rare de trois Vendredi 13. Ça augure mal, puisque vendredi le 13 janvier, le gigantesque navire de croisière Costa Concordia avec 4229 passagers à bord frappa un rocher, s’échoua et roula à tribord en Méditerranée. De plus, Nostradamus et les Mayas ont prédit la fin du monde pour 2012.

On se rappellera longtemps de 2012 puisqu’elle sera aussi hautement politique et électorale en Amérique, en France, au Québec, au Canada, dans les pays arabes… Une année exceptionnelle pour les mordus de la politique.

Aux USA, le résultat de l’élection présidentielle de novembre prochain peut secouer éventuellement le monde. La bataille entre les partis démocrate et républicain s’annonce pour être une des moins civilisées. L’élection primaire républicaine en donne des signes avant-coureurs. Les cinq candidats qui sont encore en liste : Mitt Romney, Newt Gingrich, Rick Santorum, Rick Perry, et Ron Paul n’hésitent pas à s’accuser mutuellement méchamment et faussement dans le but de salir leurs adversaires. Ils oublient qu’un d’eux sera le candidat contre Barack Obama et que l’organisation électorale de ce dernier pourra utiliser leurs diatribes contre lui.

Mitt Romney est le seul modéré du groupe et un ancien gouverneur républicain du démocrate Massachusetts où il a fait voter d’importantes lois sociales. Aujourd’hui, il dénonce des lois similaires d’Obama et renie son passé simplement pour plaire à l’aile conservatrice et religieuse de son parti. Il veut gagner à tout prix. Il récolte actuellement près de 35% des suffrages des primaires et l’establishment du parti l’appuie.

Ron Paul est un libertaire de droite qui croit en la liberté absolue de chaque américain en matière politique et sociale. Il s’oppose à la guerre et veut que la presque totalité des 900 bases militaires américaines dans le monde soient fermées et le personnel rapatrié. Il prône que les USA cessent d’influencer les pays du monde. Il veut diminuer considérablement les dépenses gouvernementales. 20 à 25% d’électeurs primaires enthousiastes l’appuient.

Newt Gingrich et Rick Santorum sont comme des frères jumeaux, même si Gingrich est plus âgé et a une plus vaste expérience politique puisqu’il a été le Speaker de la chambre. Ce dernier est un homme intelligent, un historien bien renseigné et un excellent orateur. Il est cependant un démagogue qui n’hésite pas à lancer des arguments insoutenables. Sa part d’appui se situe à près de 20%. Quant à Santorum, il est le candidat choisi des évangélistes. Ancien sénateur du Pennsylvanie, il a été chassé par ses électeurs par une marge de 16%. Nonobstant cette cuisante défaite, il est cette année candidat à l’investiture de son parti et est venu à huit voix de gagner la primaire de l’Iowa. On lui donne actuellement près de 15% des votes et son étoile est à la hausse. Une fusion Gingrich-Santorum est dans l’air car la droite récolte actuellement plus de 50% des suffrages et vise à avoir un candidat unique.

Quant au gouverneur du Texas, Rick Perry, il est fortement à droite mais sa campagne ne lève pas. Il est malhabile, mal renseigné et les débats l’ont coulé. Il devrait quitter la course bientôt et ses supporteurs (3-5%) iront vers Gingrich ou Santorum.

Malgré que la prochaine primaire soit en Caroline du Sud, terre fertile pour les évangélistes et la droite de la droite, Mitt Romney mène dans les sondages. Ce sera sa troisième victoire consécutive après celles du New Hampshire et de l’Iowa et elle amplifiera le vent dans ses voiles.

Dans cette course, comme toujours aux USA, l’argent est important. Ces primaires coûtent une fortune à chaque candidat, et lorsqu’un candidat faiblit, la source de ses revenus s’assèche et il se voit obligé de la quitter. Bientôt, trois candidats demeureront en liste. Romney, Paul et Gingrich ou Santorum.

Un facteur additionnel peut affecter le résultat. C’est le vote des délégués ex-officio, « Unpleged delegates », choisis parmi les dirigeants du parti. Ils représentent près de 20% du total des délégués à la convention et peuvent faire la différence. Je crois de plus en plus que Mitt Romney sera le candidat du parti républicain.

En France, le président Nicolas Sarkozy a des problèmes importants de réélection à cause, entre autres, de l’économie. Malgré qu’il ne reste que moins de 100 jours avant l’élection présidentielle, Sarkozy n’est pas encore officiellement en campagne électorale, prétextant qu’il a trop à faire en rapport avec la crise de l’euro et de l’Europe, la baisse de la notation de la France, et tout ce qu’il doit faire comme président. Il y a du vrai dans tout cela, mais ses actions et ses déplacements montrent bien, en tout cas, qu’il y pense. Depuis plusieurs mois, Sarkozy a remonté dans les sondages. La cote de son adversaire principal, le socialiste François Hollande a diminué mais il conserve une marge de 6% pour le deuxième tour si lui et Sarkozy sont les candidats. Cela semble beaucoup, mais si seulement 3% des supporteurs d’Hollande changent d’idée, Sarkozy peut gagner. C’est possible.

Mais comment gagner et avec quelle stratégie devant la détestation manifeste d’un très grand nombre de Français. Comment agir face un Hollande qui l’accuse de n’être qu’un gouvernement de paroles, alors qu’à ce jour, comme candidat socialiste, il ne dit que des mots, des mots et encore des mots qui ne signifient rien de concret car il ne veut pas s’engager et risquer des critiques. Le défi de Sarkozy est grand, mais possible. Comment faire ?

Il semble que Sarkozy optera pour l’action. Il veut implanter des changements qui depuis longtemps auraient dû l’être. Des changements qui répondront aux vrais problèmes de la France, la compétitivité et la productivité. C’est la raison principale pourquoi l’Allemagne a si distancé industriellement la France. C’est aussi l’argument de Standard and Poor’s, cette semaine, lorsqu’elle a baissé la note de la France de AAA à AA+.

Sarkozy a fait beaucoup pour encourager les Français à travailler plus. Il a combattu et corrigé l’erreur magistrale qu’a été la loi des 35 heures. Il reste à favoriser l’emploi dans les entreprises et chez les artisans en éliminant les charges sociales.

Je vis en France depuis 13 ans, 4,5 mois par an et combien de fois ai-je entendu un artisan français plombier, ébéniste, maçon, jardinier, électricien, et autres travaillant seuls, et à qui je demandais la raison pour laquelle ils n’engageaient pas d’employés alors que leur carnet de commandes débordait. « les charges, Monsieur, les charges… », est la réponse chaque fois. Impossible de faire un profit raisonnable face à un coût de travail excessif.

Sarkozy, veut s’attaquer à cette situation en proposant la TVA sociale. Il s’agit d’augmenter la taxe de valeur ajoutée de 2% et de financer, avec ces revenus additionnels, les cotisations sociales actuellement payées par l’employeur et l’employé sur chaque salaire. Sans ses charges, l’employeur profite d’une meilleure compétitivité-prix et l’employé voit son revenu net augmenter. Je suis convaincu qu’il y aura une augmentation rapide de l’emploi chez les artisans et que les entreprises pourront vendre leurs produits à meilleurs prix à l’étranger puisqu’ils pourront concurrencer les autres pays. Évidemment, l’opposition est forte, et accuse Sarkozy de ne vouloir faire qu’un cadeau aux entreprises au détriment d’une augmentant des prix pour les consommateurs.

Si Sarkozy prend finalement cette décision, ce sera un geste non seulement nécessaire à ce moment-ci, mais courageux. À cause de l’élection présidentielle, la France ne peut quand même pas rester 6 mois à ne rien faire face aux menaces qui la confrontent.

Au lieu de promesses électorales, Sarkozy passera à l’action. S’il perd, tant pis pour lui, mais la France aura gagné. Si les Français comprennent son geste, l’impopularité initiale de cette mesure sera renversée et Sarkozy sera réélu. Quant à Hollande, il sera devant un dilemme important : la France ou le parti socialiste. S’il est politiquement intelligent, il optera pour la France en appuyant Sarkozy. Il amenuisera ainsi les effets positifs gagnés par le président.

Au Québec, c’est l’ère des transfuges. Il s’agit d’individus qui se qualifient « personnes de principe », mais qui laissent l’impression de ne chercher qu’à sauver leur poste de député ou de vouloir accéder au cabinet des ministres du prochain gouvernement. Je suis surpris des ouvertures de François Legault, chef de la « Coalition de l’avenir », aux députés des autres partis. Je n’aime pas qu’il favorise de telles singeries. Alors qu’il trône au haut des sondages depuis un long moment, que la presse est bonne pour lui et qu’il est populaire, pourquoi ne présente-t-il pas une brochette de candidats nouveaux et de haut niveau prêts à laisser leurs affaires personnelles pour servir le Québec. Les Québécois veulent des personnes sincères et compétentes pour les diriger. Ils aiment des chefs forts mais pas des « one-man show ». Le chef François Legault a les moyens, grâce à son niveau élevé de popularité, de présenter une « équipe du tonnerre ». S’il ne le fait pas, il ferait mieux de rentrer chez lui tout de suite, car les Québécois l’y amèneront le soir des élections.

Quant au Parti Québécois, c’est l’auto-destruction qui est en vogue. Malgré que la chef, Pauline Marois, ait obtenu 93 % d’appuis au dernier congrès, les députés, affolés par les sondages, ne cessent de critiquer sur la place publique leur chef et leur parti quand ils ne les quittent pas. Et les « purs et durs » ne cessent d’invectiver la chef tout en appelant à l’unité des forces. C’est ridicule car s’il n’y a pas d’unité dans un parti, il n’y a pas de succès électoral.

Devant ce parterre de groupuscules qui se chamaillent, la chef semble vouloir prendre la politique française comme modèle. Elle veut proposer des ententes avec les micropartis souverainistes. Il s’agit pour elle d’attribuer à ces groupuscules des comtés où le Parti Québécois ne présenterait pas de candidats en échange qu’ils ne présentent pas de candidat contre ceux du PQ. Par exemple, dans le comté de Gouin, le Parti Solidaire présente sa chef Françoise David contre le député sortant Girard. Cela pourrait avoir comme effet de diviser les votes et de permettre au candidat libéral ou caquiste de gagner le comté. C’est du magouillage politique et antidémocratique et l’exemple français démontre combien c’est injuste. Mme Marois fera une grave erreur si elle accorde l’opportunité à ces groupes non importants d’obtenir, par un jeu de coulisses, des représentants à l’Assemblée nationale qu’ils ne pourraient obtenir autrement. Le PQ le regrettera longtemps.

Que les souverainistes, indépendantistes, séparatistes, péquistes se rallient derrière la chef du parti Québécois et ils seront surpris des résultats. Dans la situation de fluctuation actuelle, rien n’est perdu et affirmer comme certains que la prochaine élection marquera la fin du parti Québécois, est de la folie furieuse. Quand même, soyons sérieux !

Quant au parti libéral de Jean Charest, il se dirige lentement et surement vers un gouvernement minoritaire. À moins que Jean Charest ne démissionne, comme je le prévois.

Au niveau fédéral, c’est l’élection du chef du Nouveau Parti Démocratique (NDP) qui est importante pour le Canada. Les membres de ce parti ont un choix important à faire. Ils ne doivent pas oublier que la majorité des députés de leur parti vient du Québec. Thomas Mulcair, le député NPD d’Outremont est candidat. Dans sa carrière professionnelle, il a toujours été associé à des causes difficiles et à des groupes de défense de droits de l’individu. Il a été ministre de l’environnement du Québec et a protégé notre patrimoine écologique allant même jusqu’à refuser une décision gouvernementale, en raison de laquelle il a finalement démissionné du gouvernement et du parti. Il s’est présenté à Outremont pour le NPD et a réussi l’impossible en se faisant élire député fédéral. Le seul au Québec. Il a bien travaillé à la Chambre des communes et a démontré sa vigueur et sa rigueur dans ses débats avec le premier ministre et les ministres. Il a collaboré étroitement avec Jack Layton, est devenu son principal assistant et a contribué grandement à l’élection des 59 députés québécois le 2 mai dernier. Nous savons qu’il a toutes les qualités requises pour être un bon chef de parti et qu’il saura bien représenter tous les électeurs du NPD.

Mais peut-il gagner la chefferie ? Aujourd’hui, cela semble peu probable à cause du fait que ce sont les membres qui votent et qu’au Québec, à cause de la conjoncture, il y a peu de membres. Les députés du Québec y travaillent, mais réussiront-ils ?

Le choix du chef NPD est difficile à cause des qualités personnelles des huit aspirants. Le favori d’après les observateurs serait Brian Topp, un organisateur de longue date. C’est un Québécois, qui parle le français. Cependant lors du premier débat, il a démontré de la difficulté à s’exprimer avec aisance, charisme et conviction. Topp a affirmé qu’il apprendrait avec le temps. Malheureusement, ce n’est pas en tant que chef de l’opposition officielle à Ottawa que le temps est venu d’apprendre à débattre. Non, le chef est alors dans le feu de l’action et ses mots et ses arguments doivent porter. Avec Mulcair, nous sommes certains qu’il sait comment faire. Il l’a démontré maintes fois dans le passé.

J’espère que les délégués néodémocrates auront l’intelligence politique de choisir Thomas Mulcair comme chef de leur parti.

Puis, il y a tous les pays arabes qui seront confrontés en 2012 avec l’immense tâche politique de bâtir des gouvernements démocratiques à leur image. Marocains, Tunisiens, Libyens, Égyptiens et de nombreux autres ont devant eux un défi important pour l’avenir de leur pays et la liberté individuelle de leurs populations. Il est clair et normal, dans les circonstances, que ces gouvernements seront musulmans tout comme les nôtres en Occident étaient chrétiens alors que nous étions tous de fervents pratiquants, il n’y a pas tellement longtemps. Ce sera fort intéressant de suivre le développement politique de tous ces pays.

Oui, 2012 sera une année politiquement remplie et exceptionnelle.

Claude Dupras

Note ajoutée le 20 janvier 2012
Au contraire de ce que j'ai écrit dans ce texte, suite au recomptage des votes, c'est Rick Santorum qui a gagné la primaire d'Iowa par 34 votes.
Claude Dupras

mercredi 11 janvier 2012

La part des choses

L’écriture est une activité captivante, intéressante, motivante et combien satisfaisante. Écrire régulièrement une chronique, un billet ou un article est un exercice fascinant mais ô combien difficile. Évidemment, il faut les rédiger en respectant l’ensemble des règles grammaticales de la langue utilisée et exprimer sa pensée, ses émotions, ses sentiments par un style personnel capable d’intéresser le lecteur et lui faciliter la compréhension de l’enchaînement de l’argumentation.

Pour être logique, cette dernière nécessite, entre autres, un raisonnement juste, méthodique, cohérent et vrai qui doit prendre en compte toutes les circonstances avant d’arriver à une opinion. Ce n’est pas facile mais l’auteur le doit à ses lecteurs.

Je lis quotidiennement mon lot d’articles de presse, de blogues, etc… Ils sont généralement très bien écrits, neutres et souvent convaincants. Quelques autres, par contre, publiés généralement sur les sites partisans de gauche, de droite, fédéralistes ou séparatistes, tendent à favoriser les objectifs du site et sont trop souvent biaisés. C’est ce que je trouve triste. À mon avis, on ne peut prétendre défendre une option politique si on fausse les faits d’une argumentation ou que l’on ne considère qu’un côté de la médaille. Un tel jeu partisan ne rend service à personne. Il y a suffisamment de bons arguments pour défendre toute cause, qu’elle soit de gauche ou de droite, fédéraliste ou indépendantiste.

Certes, il y a les erreurs de jugement ou les mauvaises interprétations qui peuvent entrer en ligne de jeu, mais cela est compréhensible car l’auteur est un être comme les autres et loin d’être parfait. Je ne parle pas de cela mais d’arguments sciemment écrits pour tromper ou faire valoir son option à tout prix.

Trop souvent, pour contrer une argumentation, on s’attaque à la personne qui l’a formulée. Par exemple, on diminue la valeur d’un écrit d’un éditorialiste en prétextant qu’il suit obligatoirement la ligne politique du journal. Même si on sait que les éditoriaux provoquent ou cherchent à accroître l’adhésion du lecteur à une certaine thèse, il n’en demeure pas moins qu’ils sont généralement basés sur des arguments solides. Combien de fois ai-je lu des ripostes insensées contre les éditoriaux des journaux montréalais Le Devoir (souverainiste) et La Presse (fédéraliste) ou encore Libération (gauche) ou Le Figaro (droite) de France. Au lieu de réfuter logiquement le fonds de l’argumentation de l’article avec lequel on est en désaccord, on détourne l’attention du lecteur en affirmant que l’auteur est vendu à la ligne éditorialiste de son journal et qu’il plagie sciemment et malhonnêtement le contenu de son article pour satisfaire son employeur.

Il en est de même pour les blogueurs ou autres individus qui écrivent des articles sur des sites internet. Récemment, j’ai reçu un commentaire suite à la publication de mon billet « Sarkozy, un moindre mal », L’auteur affirma sans broncher ce qui suit : « Épouvantable ! Il ne faut vraiment rien connaître à la politique française pour écrire des choses pareilles ». Pourtant, il me connaît bien et sait que je vis près de 4,5 mois par an en France et cela depuis 13 ans. Il sait aussi que je suis, au pas, l’évolution de tout le débat politique français, que je le commente et que les lecteurs de mon blog politique sont à 66% de France. Il sait aussi que j’ai toujours été impliqué dans la politique à tous les niveaux où j’ai rempli des tâches importantes, ce qui m’a donné une expérience et une connaissance uniques de la vie politique. C’est un exemple patent de ce que j’ai affirmé précédemment. Au lieu de réfuter mes arguments, contraire aux affirmations de trois de ses articles (il est un antisarkozyste), il a cherché à me ridiculiser. Malgré cela, je ne retire rien de ce que j’ai écrit sur le réformateur qu’est Sarkozy et sur l’évolution de l’élection présidentielle française, parce qu’honnêtement c’est ce que je pense.

Chaque blogueur a son expérience de vie et sa façon de voir et de juger des choses. Sur ce blog, je recommande à mes lecteurs, sur la colonne à droite, la lecture de plus de 60 blogs de toutes sortes que j’ai choisis parce qu’ils représentent des opinions politiques de tous les coins du monde et d’auteurs aux positions politiques variées et au savoir approfondi dans un domaine particulier de connaissances. Même si parfois je suis en désaccord avec le contenu de leurs billets, j’aime bien les lire car je sais qu’ils sont des individus sérieux et responsables qui savent faire la part des choses. Cela m’aide à mieux juger de l’évolution de la société qui me touche et je crois qu’ils peuvent aider les autres.

Je sais que plusieurs personnes ont tendance à rechercher des articles qui leur plaisent et aiment lire ceux qui expriment la tendance politique avec laquelle ils sont confortables. C’est un peu normal. Mais est-ce bon ? Sommes-nous assez ouverts aux idées différentes et nouvelles alors que la vie change constamment. On ne s’en rend pas nécessairement compte, mais on n’a qu’à penser qu’il y a à peine 50 ans, le Québec n’avait pas de dettes, était solidement catholique et n’était pas au diapason du monde. Les politiques québécoise, canadienne et mondiale évoluent rapidement.

Avant, nous étions bleus ou rouges. Aujourd’hui, toutes les couleurs de l’arc-en-ciel sont représentées dans le spectre de la politique et chacune représente une partie des désirs et des problèmes évolutifs des membres de notre société. Nous nous devons d’écouter, d’analyser, de considérer et de peser toutes les argumentations qui jaillissent de notre monde. Il y va de notre intérêt personnel et de l’intérêt général. Nous deviendrons ainsi de meilleurs citoyens.

Quant à ceux qui écrivent, ils ont tous ma sympathie. Je sais que la plupart cherchent à agir de façon responsable dans l’écriture de leurs articles. Ils savent qu’il est trop facile de concevoir des scénarios noirs qui annoncent la fin du monde sans autre preuve que les articles négatifs qui circulent sur internet, regrouper en un, tout en oubliant ceux qui émettent des sons différents. Ils savent aussi qu’il est trop facile de conclure qu’un tel ou tel autre sont des çi et des ça et ne pensent qu’à profiter de tout au dépend des autres, sans preuves réelles.

La fin du monde annoncée n’a pas eu lieu, la bourse a repris du poil de la bête et l’Europe est à régler ses problèmes. Il ne faut jamais oublier que les prophètes de malheur semblent ne pas comprendre ou tenir compte qu’il y a des solutions à tout problème et que le bonhomme-sept-heures est une histoire d’enfants.

Il ne faut surtout pas oublier qu’être responsable en écriture signifie faire la part des choses.

Claude Dupras

jeudi 5 janvier 2012

Quebec is up for grabs !

Il y a quelques jours, lors d’une entrevue à l’émission politique télévisée de la CBC animée par Evan Solomon, Jim Flaherty, ministre canadien des finances, affirma qu’à la prochaine élection générale fédérale « Quebec is up for grabs » (Québec est à prendre). Pour lui, tout peut arriver et le parti conservateur du Canada (PC) peut y obtenir une grande victoire.

Il affirme que la situation économique canadienne qui se dégradait a éloigné de son parti les électeurs québécois au moment même où ils décidaient de se débarrasser du Bloc Québécois. Ils ont trouvé refuge chez Jack Layton qui les a séduits. C’est ainsi qu’il explique la déconfiture du PC au Québec (il a perdu six de ses onze députés, dont quatre ministres) alors qu’ailleurs, au Canada, il ralliait une majorité.

Les commentaires de Flaherty nous font donc entrevoir que le PC vise à remporter un grand nombre de sièges au Québec à la prochaine élection. Il a raison de planifier ainsi car son étoile devient moins brillante et il aura fort probablement besoin du Québec pour maintenir sa majorité. Un sondage pancanadien confirmait, hier, que s’il y avait élection en ce moment, le PC redeviendrait minoritaire. De plus, les autres partis politiques se ragaillardissent. Le NPD, le parti libéral du Canada (PLC) et le Bloc Québécois (BQ) auront chacun un nouveau chef, de nouveaux candidats, une nouvelle organisation et un programme politique mis à jour. Le parti Vert avec sa dynamique et solide chef, Elizabeth May, profitera du reniement de l’accord de Kyoto par le PC pour redorer son blason. Par contre, le financement de ces partis devient problématique et, comme c’est le nerf de la guerre, cela aidera le PC.

Il serait surprenant que le NDP répète l’exploit de faire élire autant de députés NPD au Québec. Mais si les néo-démocrates ont l’intelligence politique de choisir le québécois Thomas Mulcair pour les diriger, on peut prévoir que le NPD en conservera un grand nombre.

Comment le PC s’y prendra-t-il pour vraiment s’imposer dans l’esprit des électeurs québécois ?

Ses cinq députés actuels, dont quatre ministres, peuvent se faire réélire, mais encore-là, il faut se rappeler l’élection du 2 mai dernier où les ministres Laurence Cannon, Jean-Pierre Blackburn et Josée Verner ont été défaits. Rien n’est certain. A Montréal, Il y a deux comtés où la population juive est nombreuse et pourrait favoriser le PC. Cette dernière a toujours été fortement libérale, mais un grand nombre de ses membres a déjà rejoint le PC lors de la dernière élection et grâce aux constantes positions unilatérales et favorables d’Harper pour Israël, il est fort possible que le PC remporte enfin ces comtés.

Ce ne sont sûrement pas les décisions et les positions du premier ministre depuis sa réélection qui attireront la sympathie des gens de chez nous vers le PC. Le PM ne cesse d’aller à rebrousse-poil des opinions québécoises sur des sujets d’importance capitale. On ne gagne pas la faveur publique ainsi.

Par ailleurs, à mon avis, le vieux fonds conservateur au Québec n’existe plus, à cause principalement de l’intensité des médias, de la venue d’internet et du changement drastique des classes de notre société. Aujourd’hui, on peut avoir une idéologie conservatrice, nationaliste, libérale ou autre et décider quand même de voter selon la voie que nous dicte la situation économique, sociale, politique ou démographique du moment de l’élection.

Ce qui n’a pas changé chez nous, c’est la façon particulière de voter des Québécois. Ils votent très souvent ensemble avec une expression surprenante de solidarité. On l’a vu dans le passé par les majorités écrasantes qu’ils ont accordées, entre autres, à Duplessis, Lévesque, Bouchard, Bourassa, Diefenbaker, Mulroney, Trudeau, Duceppe, Drapeau et le 2 mai dernier à Jack Layton. Pour la masse, la couleur ou l’idéologie du parti n’ont jamais vraiment compté.

Est-ce possible qu’un jour Harper ait ce privilège. Je ne gagerais pas un « vieux cinq cennes » sur un tel résultat. De toute façon, je crois qu’il est suffisamment réaliste pour ne pas y croire. Il espère probablement une bonne représentation du Québec pour son parti au parlement mais il veut surtout assurer sa majorité parlementaire. N’affirme-t-il pas son espoir que le PC devienne le parti naturel des Canadiens ?

Comment s’y prendra-t-il ? Une chose est certaine, la première année de son mandat est dédiée à mettre en place, coûte que coûte, les grandes lignes du programme de droite de la droite de l’ex-Reform Party. Il sait que ces mesures sont impopulaires au Québec, mais il profite du fait que les prochaines élections seront tenues dans plus de trois ans pour les faire adopter à toute vapeur, sachant que les électeurs oublient vite.

La deuxième année sera celle des coupures de budget. Elles sont nécessaires pour respecter ses promesses électorales mais surtout pour protéger le Canada contre les effets de nouvelles crises. Il les a reniées une première fois en 2008 en augmentant appréciablement le déficit pour contrer les effets négatifs de la crise économique sur la croissance. Je crois qu’il n’osera pas le faire à nouveau. Encore-là, ce sera une période où sa popularité souffrira car personne n’aime voir ses allocations diminuer ou ses taxes augmenter. Comme on disait jadis : « Un politicien qui taxe est une politicien qui se fait battre », c’est encore vrai, et Harper le sait !

Puis, viendra le sprint final pour la réélection du PC, deux ans plus tard. C’est à partir de ce moment-là qu’il mettra en marche sa stratégie pour reconquérir le Québec. Ce sera une campagne d’images et d’illusions, que lancera le PC, pour amener les Québécoises et Québécois à l’aimer. Ce ne sera pas une mince tâche. Il accentuera sa « politique diaspora » pour faire la cour aux néo-québécois. Mais plus important encore, il se montrera plus compréhensif, flexible et sympathique face aux positions politiques québécoises et aux revendications du gouvernement du Québec.

Oui « Quebec is up for grabs », mais il ne se donnera pas à n’importe qui et ne se laissera pas duper. Il l’a rarement fait dans le passé !

Claude Dupras