mercredi 23 mai 2012

Le turbulent silence de Charest

Le premier ministre du Québec n’est pas sorti de ses peines. La manifestation d’hier à Montréal a réuni plus de 150 000 personnes et a été une démonstration de la ferveur qui s’est emparée d’un grand nombre de Québécois suite à la grève des étudiants contre la hausse des frais de scolarité et la nouvelle loi 78.

Le nombre est grand et impressionnant mais il ne m’a pas surpris. Il me rappelle les manifestations passées par lesquelles les syndicats voulaient faire valoir leur force lors de négociations salariales.

La manifestation du 22 mai a non seulement réuni un grand nombre de jeunes étudiants collégiaux et universitaires, mais on y a vu s’ajouter des milliers de parents, des milliers étudiants des écoles secondaires, tout le mouvement syndical, des dizaines de milliers de péquistes affamés de pouvoir, l’ensemble des mouvements de gauche et d’extrême gauche plus un très grand nombre de passants et de promeneurs qui sont normalement et facilement séduits par un tel évènement.

Il ne faut pas oublier que les étudiants en grève représentent moins de 30% de l’ensemble de ceux qui fréquentent nos collèges et nos universités. Ceux de Polytechnique, de droit, des HEC, de médecine, de pharmacie et d’autres, parmi les plus importantes, ne le sont pas. Ceux de l’université McGill, non plus.

Les critiques dénoncent la nouvelle loi 78 comme étant non-démocratique en prétextant qu’elle enlève aux Québécois le droit de manifester. C’est archi-faux ! Elle ne fait qu’exiger des organisateurs qu’ils avisent les autorités gouvernementales, huit heures avant le début de chaque manifestation, du trajet du cortège. Le but est que ce dernier soit accompagné par les forces policières afin d’éviter les débordements comme ceux de la pré-loi-78 qui se sont terminés dans la violence. En somme, protéger les manifestants et les citoyens.

Ce sont ces deux conditions, heure et trajet, qui seraient antidémocratiques selon les dires des leaders et iraient à l’encontre de la Charte canadienne des droits. Or, à Paris, à New York, à Genève, à Berlin, à Toronto et dans un très grand nombre de grandes villes du monde, la période de temps de l’avis est fixée non en heures mais en semaines et l’identification du trajet est obligatoire et respectée par les grévistes. Cette argumentation d’anti-démocratie n’est qu’un faux-fuyant qui cache le vrai motif des prêcheurs de désordre. En plus, ceux-ci omettent d’invoquer volontairement d’autres buts importants de la loi, comme celui de sauver le semestre scolaire des étudiants qui depuis 100 jours ne vont pas en classe et celui d’assurer le droit à l’éducation de ceux qui ont été empêchés de s’y rendre par leurs confrères ou consœurs grévistes.

On reproche beaucoup au premier ministre québécois de ne pas avoir négocié lui-même avec les représentants des étudiants. On a compris que le PM Jean Charest n’est pas le genre de leader à aller au-dessus de la tête de ses ministres. Il a confiance en eux et favorise une direction collégiale du cabinet. Plusieurs affirment que c’est là la vraie source du problème. Mais l’est-ce vraiment lorsqu’on constate, encore aujourd’hui, que la seule chose que les leaders étudiants veulent, c’est de ne pas payer plus pour leurs frais de scolarité. Rien d’autre. Pas de compromis. Comment négocier ainsi ?

Il est vrai que le silence de Charest a fait du bruit et a été de toute évidence un effet remuant des manifestations récentes. Que fera-t-il maintenant pour nous sortir de ce guêpier qui nous embête tous et qui nuit à l’économie de Montréal et à sa réputation mondiale ?

Doit-il rencontrer les étudiants et accepter leur demande simplement pour avoir la paix ? S’il fait cela, qu’arrivera-t-il à la prochaine négociation avec les employés de l’État ? Ne seront-ils pas tentés de faire comme les étudiants et de dire NON, NON, NON.. jusqu’à ce que le PM dise OUI. Il est clair qu’un gouvernement, quel qu’il soit, ne peut être dirigé par la rue. Un vrai gouvernement prend ses responsabilités et c’est le peuple qui décide lors d’élections, s’il a bien fait ou non. Un vrai démocrate, reconnaît cela et respecte les lois !

Doit-il déclencher le plus rapidement possible une élection générale ? Si le climat était plus serein, je dirais oui, mais l’agitation actuelle est trop forte pour favoriser le climat nécessaire à la tenue d’une élection générale normale.

Doit-il démissionner ? S’il quitte la tête du gouvernement, il sera de facto remplacé par un autre membre de son parti. Cela n’avancera pas les choses puisque le nouveau premier ministre sera pris avec le même dilemme que son prédécesseur.

À mon avis, une solution possible est l’estompement de la vivacité de la foule des manifestants actuels. Mais cela ne sera pas aisé car ces derniers pensent vraiment représenter tout le Québec alors que la réalité des sondages démontre que les Québécois penchent majoritairement contre eux.

Je suggère qu’une grande pour-manifestation (pour ne pas dire une contre-manifestation) soit organisée et à laquelle seraient conviés tous les Québécois et Québécoises qui n’aiment pas ce qui se passe et qui veulent le respect de la loi et de l’ordre. Je crois que cette foule dépasserait en nombre celle du 22 mai et démontrerait à ceux qui pensent détenir la vérité que les autres Québécois sont là et impatients que cesse tout le branle-bas des derniers mois qui mine leur vie. Une telle pour-manifestation a mis fin aux émeutes de mai68 en France lorsqu’une majorité de Français, qui en avaient assez de voir Paris déchirée par les émeutiers, a rempli l’avenue des Champs-Élysées et a démontré son appui à la France. Par la suite, l’élection présidentielle est venue consolider la paix.

Vivement la paix sociale… Vivement une nouvelle élection générale !

Claude Dupras

samedi 19 mai 2012

Quand la go-gauche québécoise déborde…


Quel triste spectacle que celui du débat des deux derniers jours à l’Assemblée Nationale du Québec. Je l’ai suivi religieusement afin de bien comprendre l’argumentation de chacun des intervenants sur la nouvelle loi 78 proposée par le gouvernement, pour rétablir la paix sociale et assurer que l’accès à l’enseignement collégiale et universitaire ne soit pas entravé par qui que ce soit.

Nous voilà rendus à un point tournant important dans notre société. Les étudiants n’ont cessé de manifester sans contrôle, de façon désordonnée et souventes fois violente pour contrer la hausse des frais de scolarité proposée par le gouvernement. Je me suis opposé à la hausse, par deux billets de mon blog, et je comprenais la réaction estudiantine lors des premières manifestations, dont celle qui a réuni plus de 100 000 individus. Mais depuis, trois mois ont passé, les manifestations se sont perpétuées et, jour après jour, elles ont créé des problèmes majeurs pour un grand nombre d’étudiants qui ont été empêchés d’aller à leurs cours et pour la qualité de vie des Québécois, particulièrement des Montréalais. Tout serait terminé depuis quelques semaines, si les étudiants avaient respecté l’entente que leurs chefs ont signée avec le gouvernement en présence des représentants des collèges, des universités et des syndicats. Malheureusement, ils la renièrent et le problème persiste.

Le débat d’hier combiné aux réactions hors de l’enceinte du parlement m’ont démontré, encore une fois, que la go-gauche québécoise ne veut rien savoir. Tout ce qui compte pour elle, c’est de renverser Jean Charest et son gouvernement. Son malheur, c’est qu’elle vient d’assurer sa réélection. Alors que normalement la longévité d’un gouvernement au pouvoir renforce la notion « il est temps que ça change ! », d’autant plus, qu’à ce moment-ci, elle était encore plus forte à cause des problèmes de corruption dévoilés au grand jour par la police, voilà que la go-gauche a donné l’opportunité au premier ministre de passer une loi qui est bien acceptée par près de 65% des électeurs. Non seulement a-t-elle encouragé les étudiants à maintenir leur entêtement et à mettre en péril leur semestre, mais elle a permis à Charest de se montrer, haut et fort, comme le défenseur de la loi, de l’ordre et du droit à l’éducation pour les jeunes de notre nation. De plus, la go-gauche s’est opposée, pour toutes sortes de raisons plus farfelues les unes que les autres, à l’adoption de loi 78, au moment où les Québécois en ont « plein le casque » des manifestations.

Et que dire de Pauline Marois, la cheffe de l’opposition officielle et du Parti Québécois. Elle a décidé que son parti s’opposerait à la loi proposée. Au lieu de prendre ses responsabilités envers l’État de droit qu’est le Québec et appuyer le droit à l’éducation qui est à la base de la nouvelle loi, elle a choisi d’être du côté de ceux qui engendrent le désordre. Pourquoi ? On n’avait qu’à l’écouter hier ainsi que ses principaux adjoints pour comprendre qu’ils n’étaient motivés que par des raisons partisanes. Elle a même défendu le député qui a proposé d’analyser la possibilité d’une désobéissance civile en invoquant les exemples de Gandhi et de Martin Luther King, comme si le conflit étudiant du Québec avait quelque chose à voir avec les révolutions indiennes et des noirs américains. Au lieu d’appuyer le gouvernement et assurer un vote unanime, ce qui aurait de facto mis fin au conflit, Marois a attisé davantage le feu en prétextant que le désordre démontre qu’il y a un profond problème social au Québec. Les histoires de croque-mitaines qu’elle a racontées mettent en évidence qu’elle n’est pas à la hauteur des vrais enjeux de notre nation.

Ce matin, la Fédération autonome des enseignants, une nouvelle organisation syndicale québécoise de la CSQ et membre de la go-gauche, a publié une pleine page intitulé « la honte a un visage » dans les journaux pour dénoncer injustement et malicieusement Jean Charest. C’est son droit, mais elle démontre justement mon point de vue. La go-gauche n’est pas le vrai Québec. Elle a son objectif et fait tout pour l’atteindre. Elle oublie que les Québécois ont toujours montré de la pondération pour justifier leurs opinions, qu’ils refusent d’être bafoués par les extrêmes, qu’il ne sont pas impressionnés par la publicité injustement enflammée et qu’ils n’ont pas les jambes tremblantes. Ils ne sont pas de faux indignés mais des gens de gros bon sens.

La go-gauche veut partager les Québécois sur la partition gauche-droite. Les Québécois ont toujours refusé un tel clivage. Ils jugent leurs partis politiques et leurs politiciens sur la base de ce que ces derniers proposent pour faire avancer la qualité de vie de leur famille et de leur nation. Ils ne sont ni bleus, ni rouges, ni verts. Ils sont flexibles et honnêtement ouverts à tous les points de vue. Ils votent d’un côté ou l’autre, dépendant des circonstances, puisqu’ils ne sont pas pris dans un carcan idéologique. Le passé l’a amplement démontré puisqu’ils ont accordé des majorités écrasantes à l’Union Nationale, au parti Libéral, au parti Québécois, au Parti Progressiste-Conservateur et au NPD. La go-gauche se trompe en n’étant pas impartiale puisque le terreau québécois n’est pas compatible avec une telle approche.

La loi 78 est appuyée par la majorité des Québécois et Québécoises. Il est temps que le feu de discorde soit éteint.

Claude Dupras

lundi 14 mai 2012

Assez, c'est assez !

Tous les jours, j’apprends le triste sort de nombreux collégiens québécois qui sont de plus en plus découragés, atterrés et désespérés. Ils sont les vraies victimes de la grève étudiante qui perdure et qui afflige moins du quart des collèges québécois. Ceux dont je parle ne sont pas des trouble-fêtes, même s’ils ont supporté la grève. Ces cégépiens en ont assez des manifestations qui perdurent et veulent retourner en classe. De plus en plus, ils s’opposent à ceux qui les représentent et qui imposent leur pouvoir mais ne se sentent pas la force de les contester. Paralysés par eux, ils ont besoin d’étudier et d’obtenir leur diplôme pour entrer à l’université, où ils sont déjà inscrits.

Malgré que le gouvernement ait offert de répartir son augmentation sur une période de sept ans au lieu de cinq, malgré qu’il ait augmenté sensiblement les bourses étudiantes et amélioré les conditions de remboursement afin d’aider les familles moins nanties, malgré que ces changement permettront aux familles de revenu moins de 60 000 $ de s’en tirer à très peu de frais et assureront l’accès à l’université à ceux de la classe moyenne, malgré tout, le désordre continue. Cela devient ridicule ! Assez c’est assez !

J’en connais deux de ces jeunes qui sont acceptés en médecine à la condition qu’ils obtiennent leur diplôme collégial avec de bonnes notes. On sait comment difficile est l’accès à cette faculté. S’ils ne peuvent terminer leur semestre d’études, leur place sera donnée à un autre. Non seulement ils craignent de perdre une année de leur temps mais ils sont incertains de pouvoir obtenir une nouvelle place l’an prochain. Inquiets, bouleversés, misérables, ils voient leur avenir bousculé après tant d’efforts sérieux pour réussir. Et, ils me disent qu’un très grand nombre (des centaines) de leurs confrères ou consœurs redoutent la même chose.

Dès le début, j’ai exprimé mon appui à la cause des étudiants par des billets précédents de mon blog : « une manifestation pas comme les autres » et « le conflit des frais de scolarité : les prêts–bourses la solution ». À mon avis, l’université doit être accessible à tous et les coûts ne doivent pas être un empêchement d’y accéder. Pour moi, l’argumentation qui cherche à justifier l’augmentation des frais de scolarité parce qu’ils sont moins chers que dans d’autres universités canadiennes, ne tient pas. C’est pourquoi, j’ai été heureux de voir que le gouvernement ait proposé de modifier sa loi. Cela répond à mon appréhension puisque j’estime que les frais au gouvernement du Québec pour produire un diplômé universitaire seront vite repris dans l’avenir par les retombées financières que ce dernier génèrera dans le futur.

Le Québec n’est pas une province comme les autres. Elle est aussi la plus endettée (dette fédérale incluse) au Canada par rapport au PIB. Plus que la France, les USA ou le Canada pris dans son ensemble… Notre dette est la cinquième plus haute du monde industrialisé. L’économiste Pierre Fortin vient d’en démontrer la raison en expliquant que le Québec dépense beaucoup plus que la moyenne des autres provinces canadiennes. En 2009, nous avons payé, par nos impôts et nos taxes, 19,5 milliards de plus pour des services gouvernementaux.

Nous ne pouvons plus continuer dans cette voie. Il faut que cessent les dépenses fofolles comme l’amphithéâtre de Québec qui sera construit pour une équipe professionnelle d’hockey mais payé par les impôts et les taxes. Il nous faudra tous comprendre et accepter que le gouvernement doive couper dans ses dépenses. Cependant, pour moi, l’éducation de nos enfants est l’exception à cette situation. Nous nous devons de développer nos meilleurs talents pour l’avenir. Chaque jeune doit pouvoir entrer au collège et à l’université, s’il en est capable. On doit viser à n’en perdre aucun.

Je pense aussi au grand problème qu’est le décrochage scolaire. Notre société ne pourra bénéficier d’un très grand nombre d’individus qui n’auront pas la scolarité nécessaire pour faire face au monde de demain et participer activement à son développement. Des psychologues, dans un récent rapport, estiment que près de 30 % de ces décrocheurs sont des génies. Imaginons la perte que subit le Québec ! Trop de familles québécoises n’ambitionnent pas d’envoyer leurs enfants dans les collèges et les universités pour atteindre leur potentiel réel. Vivant un peu éloigné de Montréal, je constate tous les jours ce triste phénomène. Plusieurs jeunes quittent l’école non seulement pour des questions d’argent mais aussi par manque d’ambition ou d’encouragement de leur milieu familial et d’amis. Il nous faut aussi agir vite là !

La grève des étudiants devient un problème important. Elle perdure, malgré tous les efforts du gouvernement à la régler. Et cela pour divers facteurs, dont le support par paroles et actes irresponsables de politiciens, de syndicalistes, de blogueurs, d’auteurs d’articles à syllogismes faussés et d’une certaine gauche dont le dessein est de chambarder la société québécoise pour atteindre leurs fins. Ils agissent comme si le Québec n’était pas un État de droit en ne dénonçant pas le non-respect par les étudiants des injonctions de la justice obligeant les collèges à dispenser les cours. Ils trouvent toujours moyen de donner raison et d’aider les leaders (sic) étudiants dans leur marche, dans leurs boycottages pour gagner l’ingagnable et ce faisant de ridiculiser et d’insulter ceux qui nous gouvernent.

Malgré que la circulation à Montréal soit devenue un enfer amplifié, malgré que les entreprises commerciales voient leurs revenus diminués appréciablement, malgré qu’un bon nombre de citoyens et citoyennes de la ville commencent à avoir peur de prendre le métro, et encore… les supporteurs continuent leurs gestes insoutenables. Assez, c’est assez !

Quant aux chefs étudiants, ils dépassent les limites du bon sens et vont à l’encontre des intérêts de ceux qu’ils disent représenter. Ils en ont fait la démonstration lorsqu’ils ont renié l’entente qu’ils avaient signée suite à la réunion de 22 heures consécutives avec le gouvernement, les représentants collégiaux, ceux des universités et des syndicats.

Le gouvernement québécois doit mettre fin à cette grève sans ajouter à ses propositions. Il a fait plus qu’il avait à faire. Le gouvernement, c’est le gouvernement ! Il n’y a pas de place pour l’anarchie au Québec.

Claude Dupras

mercredi 9 mai 2012

Un avenir incertain pour les Français

L’élection française est terminée et les Français et Françaises n'en sortent pas certains de leur avenir.

Les Français comme dans beaucoup de pays occidentaux ont voté « contre ». Les programmes politiques, les solutions proposées, la valeur des candidats… tout cela n’est pas ce qui a fait pencher la masse des électeurs. Ce sont les images et les illusions qui l’ont emporté.

Ainsi, en France, l’antisarkozysme battait son plein. Jamais ai-je vu un élu autant dénigré par ses compatriotes. Depuis le soir de son élection en 2007, on a tout dit pour salir la réputation de cet homme. Et, finalement ça « marché » mais de peu. Avec seulement 1,6 % de plus, Sarkozy l’emportait.

Il y a à peine un an, alors que tout s’orientait vers une candidature de DSK, François Hollande a annoncé sa candidature. Personne, mais personne ne pensait qu’il avait une chance de remporter la primaire socialiste contre le président du FMI. Je me rappelle des premiers sondages qui lui donnaient à peine 10% d’appuis chez les socialistes. Mais, petit à petit, il a fait son chemin, et au moment du scandale du Sofitel, Hollande en était rendu à 24 %. Il faut comprendre qu’il connaît bien, depuis longtemps, le parti socialiste et ses joueurs, ayant été son premier secrétaire pendant dix ans avant que Martine Aubry la devienne.

Hollande a gagné la primaire socialiste qui a été très bien organisée particulièrement sur le plan de la publicité médiatique. Ce fut fort intéressant à suivre. Durant tout ce temps, tous les candidats dégobillaient sur Sarkozy au lieu de s’attaquer à leurs adversaires. Il n’y a rien qu’ils n’ont pas dit.

Puis vint l’élection présidentielle, pour laquelle je reconnais que le comité organisateur de la campagne Hollande a fait un travail parfait, sans anicroche. Le candidat aussi a été surprenant et a bien réagi lors de ses prestations publiques, mais l’antisarkozysme a fonctionné à plein.

De son côté, l’organisation de la campagne Sarkozy a aussi été impeccable. Tout a bien réussi. Il y avait foule à toutes les assemblées et de l’enthousiasme. Le candidat a fait des discours de tonnerre. Et petit à petit, il a pu remonter la pente dans les sondages. Malheureusement, il s’est accroché « les pieds dans les fleurs du tapis » lors du débat télévisé avec son adversaire. Il a bien fait, a bien expliqué la situation précaire de la France, mais l’impression générale a été favorable à Hollande.

Aujourd’hui, le président-choisi François Hollande dit vouloir remplir ses promesses électorales et s’attaquer aux programmes d’austérité établis par son prédécesseur et les autres chefs de gouvernements européens. Il veut faire la promotion de la croissance. J’ai toujours cru, que dans les périodes économiques difficiles, il fallait investir dans les travaux d’infrastructures ou créateurs d’emplois pour relancer l’économie et diminuer le chômage. On l’a fait au Canada lors de la crise de 2008 en investissant plus de 55 milliards dans de tels projets. De plus, le gouvernement fédéral a établi un régime d’austérité dans tous les ministères, l’a bien suivi et continue de le faire. Le Québec a suivi le pas. On voit depuis, partout, des projets en construction. L’activité économique a repris et se maintient raisonnablement bien. En effet, les derniers mois ont rapporté plus de revenus au gouvernement canadien que ce qu’il a dépensé. L’année 2012 sera encore déficitaire, mais on peut croire que bientôt le gouvernement conservateur aura réussi à balancer le budget.

Mais l’économie de l’Europe et de la France n’a aucun rapport avec celle du Canada. Il y a là non seulement une crise économique mais une crise financière et monétaire qui elles ne semblent pas vouloir se calmer. La France n’a eu que des déficits depuis plus de 35 ans. Jamais de surplus. C’est à ce moment qu’arrive le président-choisi Hollande. Il veut créer la croissance. Pour ce faire, il veut dépenser, sans couper dans les dépenses gouvernementales.

Il ne doit pas oublier que les investissements de gouvernement dans des projets de croissance, comme les infrastructures, doivent faire en sorte qu’elle se paye d’elle-même et non pas devenir un fardeau financier additionnel pour l’État. Par contre, les dépenses gouvernementales, comme l’augmentation du nombre de fonctionnaires ne rencontrent pas ce critère, c’est pourquoi il faut maintenir une politique d’austérité pour les contrôler à la baisse durant les périodes de hautes difficultés financières.

Hollande veut ajouter plus de 65 000 nouveaux fonctionnaires, et s’engager dans une série de dépenses qu’il a promises durant la campagne. Sa solution pour financer le tout, de nouvelles taxes sur les « riches », le patrimoine, etc… La France, déjà surtaxée par rapport à ses voisins, sera de moins en moins concurrentielle avec les pays de l’Europe et va s’engouffrer davantage financièrement. Enlever aux créateurs et aux investisseurs des milliards d’euros qui pourraient servir à ces derniers pour créer de nouvelles entreprises françaises, n’est pas une approche sensée. Contrairement aux USA et au Canada, où l’on sait que les nouveaux emplois sont générés surtout par l’initiative privée si elle en a les moyens financiers, Hollande semble penser c’est le gouvernement qui crée les emplois. Je crains qu’il fasse une erreur s’il suit le chemin qu’il s’est tracé et ne pourra balancer le budget français en 2017 comme il l’a promis.

De toute façon, l’avenir nous dira ce qui en sera. Je souhaite bonne chance au nouveau président de la France en espérant qu’il saura ajuster ses promesses électorales à la réalité.

Claude Dupras

vendredi 4 mai 2012

LUI, président de la république ?


La forme du débat Sarkozy-Hollande a été désappointante. Elle aurait dû permettre à chacun des participants de dire ce qu’il avait à dire pour mieux éclairer l’électorat sur sa personne et son programme.

Les animateurs de ce débat n’ont pas fait leur travail. Ils n’étaient là que pour poser quelques questions et s’assurer que le minutage du temps de parole des deux candidats soit égal. Ce manque de contrôle a permis aux candidats et particulièrement à François Hollande, d’interrompre continuellement leur adversaire lorsque celui-ci expliquait sa position sur le sujet choisi. Un bon animateur aurait refusé de telles interruptions afin de donner à chacun le temps de répondre adéquatement. Ainsi, les téléspectateurs auraient pu mieux comprendre et juger de l’argumentation et de la crédibilité des opposants.

La partie du débat qui m’a marqué est la longue tirade anaphorique de François Hollande, « MOI, président… », par laquelle il a voulu expliquer sa conception du poste de président de France. Ce fut intéressant à écouter mais j’ai vite compris que ce n’était en fait qu’un « show ».

Voici mes commentaires sur les strophes de cette suite ininterrompue de phrases.

MOI, président de la République, JE ne serai pas le chef de la majorité, je ne recevrai pas les parlementaires de la majorité à l’Elysée. Ça se fait dans tous les pays démocratiques du monde. Hollande veut faire croire, qu’une fois au pouvoir, il ne dinera avec aucun socialiste élu à l’Élysée. Depuis quand, est-ce un problème pour un président ou un premier ministre de rencontrer les députés de son parti ? Le PM du Canada reçoit de nombreuses fois par année à sa résidence officielle, de Sussex road, les membres de son parti. Obama fait de même à la Maison-Blanche pour les démocrates.

MOI, président de la République, JE ne traiterai pas mon Premier ministre de collaborateur. Que le premier ministre travaille en collaboration avec le président lorsque nécessaire, quel mal cela fait-il ? Pour respecter ses promesses électorales, le président doit s’assurer qu’elles bien sont implantées par le gouvernement. L’ex-PM Jospin a démontré ce qu’est la cohabitation (la non-collaboration) alors qu’il se foutait du président Chirac. Une choses est indéniable : le duo Sarkozy-Filon a été efficace et productif.

MOI, président de la République, JE ne participerai pas à des collectes de fonds pour mon propre parti dans un hôtel parisien. Aux USA, au Canada, et ailleurs c’est normal que le chef d’état veuille remercier ceux qui contribuent financièrement aux activités de son parti politique. Le président américain invite même de gros contributeurs à coucher dans la chambre de Lincoln à la Maison Blanche. Ce dernier exemple est exagéré, mais un cocktail de remerciements… quand même !

MOI, président de la République, JE ferai fonctionner la justice de manière indépendante. La justice en France n’est-elle pas indépendante ? La juge Eva Joly n’était-elle pas libre de ses actes ? Le déni de justice n’est-il pas réprimé par le Code pénal français ? Hollande n’a pas à se mêler de la justice.

MOI, président de la République, JE n’aurai pas la prétention de nommer les présidents des chaînes publiques. C’est le conseil des ministres qui nomme ces présidents. Le peuple ne choisit pas ses élus pour que d’autres qu’eux prennent les décisions importantes de l’État. Cette responsabilité ministérielle est la normale au Canada pour toutes les grandes nominations publiques.

MOI, président de la République, JE ferai en sorte que mon comportement soit à chaque instant exemplaire. Lors du débat, Hollande n’a même pas respecté le président de la république en l’accablant de faussetés et de mensonges. Certes, Sarkozy a fait une erreur en mettant le pied sur une pelure de banane lorsqu’il a affublé un individu de « pauv’ con ». Une autre pelure attend sûrement Hollande s’il gagne, on verra bien…

MOI, président de la République, J’aurai aussi à cœur de ne pas avoir de statut pénal du chef de l’Etat, JE le ferai réformer. Le président n'est responsable que du crime de haute-trahison dans l'exercice de ses fonctions, mais on peut l'accuser, par la suite, de toute infraction commise durant ses fonctions. Ce fut comme ça pour De Gaule, Pompidou, D’Estaing, Mitterrand, Chirac et Sarkozy. Cette déclaration d’Hollande n’est de toute évidence qu’une méchanceté pour salir inopinément son adversaire.

MOI, président de la République, JE constituerai un gouvernement qui sera paritaire. Sarkozy a fait grimper le pourcentage de femmes au cabinet des ministres à 35%. Hollande promet d’atteindre 50 %. Je suis en accord avec cette proposition car les femmes font d’excellentes ministres, comme on le voit au Québec, au Canada et en France. Sarkozy a agi de façon paritaire en pratiquant « l’ouverture » lorsqu’il a nommé plusieurs ministres de gauche à des postes très importants, comme Kouchner, Besson, Jouyet, Hirsch et du centre Borloo, Morin… Il a même fait en sorte que le socialiste DSK obtienne la présidence du FMI. Hollande a répété durant la campagne qu’il ne nommerait que des ministres de gauche, dont des communistes. Belle parité !

MOI, président de la République, il y aura un code de déontologie pour les ministres. C’est le président qui les choisit après enquête policière. Si Hollande veut ajouter un code de déontologie pour assurer ses choix, on ne peut s’objecter à la vertu. Trop fort ne casse cas ! Mais, il faut se rappeler que cette suggestion pour un nouveau code vient de la campagne orchestrée contre le ministre Eric Woerth, reconnu comme un honnête homme, dans le but unique de le déstabiliser alors qu'il menait l’importante réforme sur les retraites.

MOI, président de la République, les ministres ne pourraient pas cumuler leurs fonctions avec un mandat local. C’est à toute la députation française que la question du double ou triple mandat s’adresse. Tant qu’à faire une réforme, vaut mieux qu’elle s’applique à tout le monde. Hollande qui détenait plusieurs mandats ne propose qu’une réformette. Pourquoi ?

MOI, président de la République, JE ferai un acte de décentralisation. Hollande veut défaire ce que Sarkozy a fait pour moderniser les structures de gouvernance, réduire les effectifs et les coûts et particulièrement son effort pour que les régions fassent de même et tiennent compte des nouvelles méthodes de travail améliorées grâce à l'informatisation. Hollande ne semble pas savoir que nous sommes à l’ère de la « cyberadministration ». Il dit vouloir redonner aux communes un nouveau « souffle et de la « liberté ». Est-ce le pouvoir de lever de l’impôt à nouveau ?

MOI, président de la République, JE ferai en sorte que les partenaires sociaux puissent être considérés. Sarkozy a fait cela tout le long de son mandat. Lorsque les syndicats ne voudront pas d’une loi d’Hollande et manifesteront dans les rues comme pour les retraites… se pliera-t-il simplement devant eux pour les « considérer » ?

MOI, président de la République, J’engagerai de grands débats, on a évoqué celui de l’énergie. Il imite Sarkozy qui a stimulé plusieurs grands débats dont, entre autres, le Grenelle sur l’environnement et le développement durable.… C’est l’évolution normale des choses. Un président qui ne fait pas cela, ne fait pas son travail.

MOI, président de la République, J’introduirai la représentation proportionnelle pour les élections législatives. Pour les écologistes, les marxistes-léninistes, les communistes mais pas pour le Front National, évidemment ! Pourtant, ce parti est celui de 20% des Français.

MOI, président de la République, J’essaierai d’avoir de la hauteur de vue. Il essaiera ? Tous les présidents ont de la « hauteur de vue ». Cela fait partie de leurs responsabilités. Ils dirigent la France d’aujourd’hui et préparent la France de demain. Rien de neuf là. Pourvu qu’il ne se perde pas dans les nuages…

Cette longue tirade n’a rien à voir avec les vrais problèmes des Français et Françaises : emploi, économie, logement, etc… Elle n’est qu’une série de mots présentés avec un rythme pour impressionner. Pendant les trois heures du débat, Hollande n’a cessé de répéter MOI, MOI, MOI… et JE, JE, JE…. Un vrai Louis XIV.

Finalement, le débat s’est déroulé en évitant les questions internationales et les crises qui hantent la France. Au lieu d’un débat de 3 heures, plusieurs débats plus courts sur des thèmes précis auraient été préférables. Ainsi les Français et Françaises auraient été en mesure de mieux évaluer les candidats et leurs propositions. Ce débat, mal organisé, ne les a pas bien servis.

J’ai été témoin d’innombrables débats politiques dans ma vie. J’ai même participé dans un à Montréal. Nulle part ai-je entendu les candidats exprimé autant d’irrespect pour leur adversaire, sauf pour les primaires américaines qui sont une farce honteuse et une tache à la démocratie de ce grand pays. Je suis surpris que cela arrive en France, pays à la culture exceptionnelle où le respect et les droits des individus sont défendus si hautement. Ce fut un débat politicard.

Une nouvelle ère de « JE, ME, MOI » commencera-t-elle en France ? Il reste deux jours aux Français et Françaises pour l’éviter.

Claude Dupras

Ps. Ce matin, suite au débat, les sondages placent Hollande à 52,5%. Sa descente depuis le début du 2ième tour continue. Ce mince dépassement de 2,5% du 50% + 1 requis, indique que tout peut arriver. La « surprise » est encore possible.