dimanche 31 mai 2015

Duplessis (3): les antiduplessistes

En 1948, treize artistes, ressentant leur liberté d’expression paralysée par l’idéologie dominante de l’Église sur laquelle s’appuie le gouvernement de Duplessis, avaient présenté un manifeste intitulé « le refus global » en vue de transformer idéologiquement et culturellement la société canadienne française du Québec. Le groupe, sous la direction de Paul-Émile Borduas, visionnaire aux idées artistiques et sociales avant-gardistes, incluait, entre autres, les jeunes peintres Jean-Paul Riopelle et Marcelle Ferron. Le manifeste questionnait les valeurs traditionnelles et rejetait l'immobilisme de la société québécoise. Nonobstant que le manifeste ait été critiqué dès sa publication par l'Église et l'intelligentsia de la province, il a fait son chemin petit à petit chez ceux qui visent à influencer en profondeur la société et la culture au Québec.

Depuis la grève d’Asbestos, la société du Québec est quelque peu différente.  L’antiduplessisme devient le motus vivendi d’intellectuels, de jeunes étudiants et de chefs ouvriers qui s’y sont impliqués et qui confrontent le clergé et le gouvernement. Ensemble, ils veulent retrouver une place sur l’échiquier politique du Québec. Dans un premier temps, le mouvement ouvrier est devenu plus crédible et la Confédération des Travailleurs Catholiques du Canada est seule à occuper le champ politique car les nationalistes sont au pouvoir et les fédéralistes sont limités au niveau fédéral.
Pour les besoins de la cause, les intellectuels antiduplessistes se cherchent des voies d’expression et des enjeux clés. Ils donnent par conséquent une importance démesurée au syndicalisme dans la société canadienne française du Québec. Ils s’expriment où ils peuvent et trouvent des colonnes dans des publications littéraires, politiques et même religieuses. A ceux qui les accusent d’avoir fait le choix du socialisme, ils nient en prétextant le côté centralisateur du socialisme. A ceux qui leur reprochent de critiquer pour critiquer en ne voyant dans les actes de Duplessis que maladresses et provocations, ils répondent que Duplessis veut imposer un ordre nouveau où il n’y a pas de place pour la classe ouvrière, le clergé militant et la démocratie (et eux !).
La Confédération des travailleurs, avec son président Gérard Picard, adopte la proposition de Jean Marchand de mettre sur pied un comité d’action civique qui visera à ce que les réformes qu’elle propose deviennent des législations, que la classe ouvrière reçoive une éducation civique et qu’il y ait une collaboration des classes en respectant la doctrine sociale de l’Église. Gérard Pelletier, journaliste, quitte le Devoir et prend la tête de l’hebdomadaire de la Confédération « Le Travail ».
En même temps, « Cité Libre » lance modestement son premier numéro dans lequel on retrouve les mots : « Nous sommes là, des centaines, depuis quelques années, à souffrir d’un certain silence; et c’est pourquoi Cité Libre vient au jour ». Les jeunes de 30 ans qui prennent la plume jugent qu’il n’y plus de place pour une idéologie nationaliste fondée sur le conservatisme et le repli. Ils voient la société canadienne française coincée entre le capitalisme américain et le communisme russe.
En 1952, la CTCC appuie officiellement certains candidats libéraux à l’élection provinciale en clamant « nous appuyons nos amis et combattons nos adversaires ». Aspect intéressant : nonobstant son opposition à Duplessis, Pelletier accepte dans son journal, durant la campagne électorale, la publicité de l’Union Nationale alors qu’il y a un conflit ouvrier à Louiseville et que la situation s’envenime avec la police provinciale.
Pour marquer des points, les antiduplessistes s’en prennent aux « ravages sociaux du duplessisme ». A partir d’un article d’un journal torontois sur la protection de l’enfance au Québec, ils dénoncent l’histoire des 12,000 enfants qui sont « enfermés » dans les crèches et les orphelinats de la province. Ces enfants sont le résultat du sort que la société, sous le joug de l’Église, réserve à la fille-mère qu’elle traite de pécheresse et qui doit se cacher puisque sa famille en a honte. Elle ne peut avoir un avortement à cause de l’Église et doit accoucher dans un endroit réservé pour elle, comme à l’hôpital de la Miséricorde, car elle ne peut côtoyer une mère légitime. D’autres enfants sont ceux de veuves et de femmes séparées qui sont pauvres avec beaucoup de bébés (toujours à cause des curés) et qui se voient obligées de les remettre à des institutions charitables. Les antiduplessistes accusent Duplessis d’accorder des allocations familiales trop faibles puisqu’elles ne rencontrent pas les besoins des femmes seules, alors qu’en Ontario elles sont trois fois plus élevées. Puis, il y a la discrimination entre les enfants légitimes et les illégitimes, car les petits de filles-mères ont la mention « nés de parents inconnus » sur leur certificat de baptême. Quant à l’adoption, même si elle est très active et que les soeurs collaborent à « un marché noir » américain, elle ne suffit pas et les non-adoptés et les non-adoptables doivent vivre dans les orphelinats et le réseau jusqu’à l’âge adulte.
Les antiduplessistes soulignent aussi le problème aigu du logement urbain. Le président du comité d’habitation de Montréal évalue à « 65,000 le nombre de logements manquants pour répondre aux besoins immédiats. Plus de 40,000 familles vivent en chambre… . Les conséquences sur la santé physique et l’équilibre psychique … ont été établies à plusieurs reprises ». Le gouvernement de Duplessis a annoncé « le plan Dozois », une solution partielle à ce problème, en créant un grand projet d’habitation à loyer-modique dans un quartier du centre-ville où l’état d’insalubrité, de saleté et d’encombrements est dégoûtant. Des quartiers entiers sont dans cet état à Montréal. Le projet est évidemment critiqué sévèrement par les antiduplessistes dont Jacques Hébert (ami de Trudeau, il deviendra sénateur) et son hebdomadaire « Vrai ». Le pouvoir à Montréal devient pour eux un enjeu politique et ils s’unissent dans le mouvement pour libérer Montréal de la pègre et créent un organisme d’assainissement politique la « Ligue d’action civique ». Les critiques du « Plan Dozois » ne sont pas vraiment sérieux. Le plan sera réalisé et contribuera à la modernisation de ce quartier de la ville. Encore là, il semble évident que les antiduplessistes critiquent pour critiquer. La boutade qui fait la rumeur est la suivante : « ils sont rendus à dire que s’il pleut, c’est la faute à Duplessis ». 
Même si le contexte national Canadien français n’a rien à voir avec la polarisation de courants politiques de droite et de gauche, les intellectuels antiduplessistes se déchirent devant cette problématique nouvelle. La venue de nouvelles publications a accentué cette division. En fin ’52, après la victoire de Duplessis, ils réalisent que sa politique ouvrière (ils disent anti-ouvrière) a été politiquement rentable; Pierre Elliott Trudeau écrit alors dans « Cité Libre » que le changement viendra de la classe ouvrière car il ne peut surgir de la finance, de la classe agricole, de l’Église ou de la bourgeoisie. Lénine n’aurait pas dit mieux. Des commentaires du même genre sont émis dans « Le Travail » suite à la victoire de Saint-Laurent en août 1953 : « nous ne pouvons pas être très fiers du vote ouvrier dans cette élection ».
L’inflation reprend en juin 1953, le chômage augmente et le pouvoir d’achat des ouvriers s’effrite. La CTCC a de longues et dures grèves à supporter. Durant ces périodes difficiles l’antiduplessisme redéfinit ses enjeux ainsi que les bases d’un nouveau fédéralisme.
Trudeau prend une tangente antinationaliste. Devant la commission Tremblay il propose avec un groupe « des ententes temporaires qui ne nécessitent aucun amendement constitutionnel et qui pourront être examinées périodiquement à la lumière des connaissances économiques et des nécessités politiques toujours changeantes ». Il recommande de créer un organisme de coopération interprovinciale du travail pour veiller à ce que l’industrialisation procède sans injustice pour le travailleur et si les provinces en sont incapables, il suggère un code national canadien du travail par voie d’amendement constitutionnel. Pour lui, seule l’industrialisation permet d’accroître le niveau de vie des ouvriers et des travailleurs. Il appuie l’aménagement du fédéralisme en fonction des nouvelles normes étatiques de stabilité économique de l’économiste anglais Keynes. Il dénonce le séparatisme comme négatif parce qu’il enfermerait la culture canadienne française dans un vase clos où elle finirait par étouffer. Il épouse la thèse qu’un fédéralisme raisonnable qui appliquera des mesures correspondantes aux découvertes les plus avancées de la science économique. Il croit qu’un fédéralisme qui regroupe plusieurs ethnies est plus rationnel, puisqu’il favorise des économies d’échelles et une production augmentée dans un espace plus grand. Trudeau propose une stratégie de croissance à tout prix et est prêt à faire intervenir l’État canadien par des politiques et des programmes sociaux pour infléchir les inégalités de consommation. Cette philosophie antinationaliste a aussi l’appui d’anciens élèves de l’École des sciences sociales comme Jean Marchand, Maurice Lamontagne et d’autres venant des Jeunesses Étudiantes Catholiques, tels que Gérard Pelletier, Jeanne Sauvé et Marc Lalonde. Ils jettent un regard de plus en plus sympathique du côté du nouveau fédéralisme.
Par contre, les antiduplessistes et les nationalistes neutres opposés à Duplessis, sont unanimes à constater que les services sociaux du Québec sombrent dans une dangereuse période latente. Les institutions du domaine social sont remises en question sans toutefois être vraiment modifiées, car c’est leur légitimité qui est en jeu. La société traditionnelle québécoise est qualifiée, de « grande noirceur » ou comme disent les Canadiens anglais de priest-ridden society. Ce ne sont pas les Canadiens anglais qui portent leur hargne sur l’église de Rome, mais certains Canadiens français qui la propagent au nom de « valeurs nouvelles » communes à l’Amérique du Nord de l’après-guerre et de l’Europe occidentale. Ces « valeurs nouvelles » sont la démocratisation de l’enseignement pour toutes les classes sociales; les soins hospitaliers et les soins médicaux gratuits pour chaque citoyen indépendamment de la capacité de payer de chacun; la transformation de la charité privée en bien-être social; la syndicalisation du monde ouvrier et des employés de l’Etat.
Ces idées nouvelles ébranlent peu le Québec et les antiduplessistes devront attendre pour les mettre en application car les nationalistes traditionalistes sont au pouvoir et l’Église, qui se sent attaquée, n’est pas prête à les épouser.

Suite :  Duplessis (4) : l’impôt provincial   à venir…

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jeudi 28 mai 2015

Quand le maire de Montréal « bulldoze »

À ce jour, depuis son élection à la mairie de Montréal, Denis Coderre a eu un parcours sans faute. Les Montréalais l’aiment. C’est un politicien aguerri et cela paraît. Il est familier avec la nature des situations politiques qui se présentent à lui et a toujours la réponse qui semble juste. Du moins, elle plait à la majorité de ses concitoyens. Et c’est important en politique où l’image et les illusions comptent.

Malheureusement hier, sans vraiment penser à ce qu’il disait, il est allé trop loin. Le maire a déclaré « avoir honte de Montréal » parce qu’en 2006 un important centre de divertissement a été rejeté par la ville de Montréal, a-t-il dit en ajoutant « Montréal lui en doit une » en parlant de Guy Laliberté créateur et propriétaire du Cirque du Soleil.
Ce projet du promoteur immobilier Canderel consistait à développer un terrain, sur lequel il avait la main mise et pour lequel il faisait des pieds et des mains pour trouver des solutions pour le développer. Il était situé au bassin Peel du port de Montréal, à proximité de quartiers les plus pauvres de Montréal, près de l’autoroute Bonaventure.
Canderel a imaginé d’y installer un mégacomplexe récréotouristique qui devait comprendre, entre autres, le casino de Montréal, relocalisé depuis l’île Notre Dame, une salle de spectacles de 2 500 sièges dédiée à des représentations du Cirque du Soleil, un centre de foire, etc… Canderel avait évalué le projet à 1,2 milliards et entrepris alors une grande campagne médiatique pour en faire accepter l’idée.
En blâmant l’ex-administration du maire Tremblay de ne pas « avoir mis ses culottes », le maire Coderre a continué à donner l’impression, qui existait alors et continue depuis, que le Cirque du Soleil allait financer une partie de ce projet alors que Laliberté ne voulait rien investir dans la construction mais être engagé par le propriétaire du centre pour produire des représentations du style de celles que le Cirque offraient à Las Vegas et à Orlando aux USA.  En somme, il voulait une salle pour monter et présenter ses spectacles pour des raisons évidemment commerciales.
Politiquement, le premier ministre Charest et une majorité de ministres n’étaient pas chauds à l’idée de ce projet puisqu’il devait être financé par une société de l’État. Malgré cela, les dirigeants de la société Loto-Québec se montraient favorables puisque, à cette période, ses revenus avaient commencé à rétrécir comme une peau de chagrin. Elle avait autorisé l’installation de « slots machines » dans un très grand nombre de commerces et en ressentait l’effet au casino. Un de ses représentants a affirmé, à ce moment-là vouloir rapprocher le casino des Montréalais pour mieux faire face à ses compétiteurs, qu’elle avait créés. Invraisemblable !
Quant au maire Tremblay, il était sympathique à l’idée et faisait des démarches pour aider, contrairement à ce qu’a insinué Coderre.
Dès l’annonce de ce projet, je me suis opposé à cette aventure. Entre le 23 juin 2005 et le 11 mars 2006, j’ai écrit cinq blogues expliquant mon point de vue. Mon argumentation se rapprochait de celles des mouvements des groupes sociaux qui s’opposaient au jeu de hasard et à cette localisation en particulier. Déjà, on remarquait que des milliers de joueurs invétérés avaient développé « la maladie du jeu ». Des gens admettaient avoir tout perdu. Des gens dont les proches, femme et enfants, étaient les vraies victimes et qui souffraient profondément. Des rapports d’experts médicaux furent révélés publiquement pour démontrer le ravage que faisait le jeu sur notre population pauvre. On a tous vu, le jour d’arrivée des chèques du bien-être social, les récipiendaires s’aligner pour acheter 20-$30-$40 de billets de loto et constater aussi l’affluence qui augmente au casino. Pour moi, c’était trop et on devait tout faire pour empêcher Loto-Québec d’accroître le problème.
Je suggérai au maire Tremblay « que la ville se donne un instrument valable pour planifier intelligemment le développement de ce secteur avec un bon plan urbain préparé par une équipe d’urbanistes de la ville à laquelle le maire pourrait greffer quelques sommités du domaine, Elle n'a pas le droit de risquer qu'il se gâte en acceptant des idées farfelues qui me semblent irréfléchies » Je soulignai que « le maire Drapeau n’a jamais accepté, durant des années, que la ville de Montréal ajoute du fluor dans l’eau domestique produite par ses usines de filtration. Et cela malgré les pressions qui venaient de tous côtés, même des scientifiques. Il voulait à tout prix protéger la santé de ses commettants. Voilà une raison, entres autres, pourquoi il a toujours été réélu et maire de Montréal durant 30 ans ». 
Finalement, le 10 mars 2006, Loto-Québec décida d’enterrer le mégaprojet peu après que le Cirque du soleil eut annoncé son retrait de l’aventure jugeant que le contexte d’incertitude de ce projet le rendait impossible.
Avec le temps, on a constaté les problèmes de Loto-Quebec avec ses casinos partout au Québec. L’affluence baisse, les revenus aussi. La société continue à dépenser des centaines de millions de $ pour vouloir relancer une nouvelle clientèle. De même, le Cirque du soleil voit ses spectacles souffrir et plusieurs à Vegas ont dû fermer leurs portes. La compagnie a annoncé une diminution importante de ses revenus. Laliberté l’a vendu et seul l’avenir nous dira quel sera le destin du Cirque du Soleil à Montréal.
Aujourd’hui, si le mégaprojet de divertissement de Canderel avait été réalisé, les Montréalais seraient probablement pris avec un gros éléphant blanc. Ouf !
Quant au maire Coderre, je n’accepte pas sa déclaration à l’effet que l’ « on en doit une » à Laliberté et qu’il considère lui céder une partie du grand parc public qu’est l’île Ste-Hélène pour que ce dernier y installe une nouvelle entreprise commerciale, même si elle est très originale. Oui, Montréal doit remercier ses concitoyens qui excellent et qui lui apportent des investissements, des emplois, de la reconnaissance et de l’honneur. C’est le cas de Guy Laliberté qui est un individu exceptionnel qui a fait générer des retombées énormes pour Montréal, et sa population.
Mais le bien public appartient à tous les Montréalais. On n’en donne pas une partie en cadeau. Tout le monde doit être traité sur le même pied. Le maire ne peut en disposer à sa guise même s’il a une majorité au conseil municipal. Montréal n’« en doit pas une » à personne, sauf une médaille.
Claude Dupras

mardi 26 mai 2015

Duplessis (2) : Mackenzie King et Louis Stephen Saint-Laurent

King est réélu 

Le jour de l’élection fédérale de 1945, les Libéraux remportent 122 sièges, une grande victoire pour King.  La représentation libérale du Québec à Ottawa comptera 46 députés, dont Louis Stephen Saint-Laurent, Jean Lesage, Georges-Émile Lapalme, Sarto Fournier. Il y aura aussi 7 libéraux indépendants. Le Bloc Populaire canadien fait élire 2 députés dont son chef Maxime Raymond. Il y a 7 indépendants. Fred Rose est le seul député du parti communiste. Les progressistes-conservateurs n’ont aucune représentation au Québec. Ce fut une victoire surprenante au Québec pour King car, à la fin de 1944, il avait décidé finalement d’avoir recours à la conscription  obligatoire malgré sa promesse du début de la guerre. Heureusement pour lui, cette dernière pris fin quelques mois plus tard alors que seulement 2 500 conscrits avaient été envoyés au front sur les 16 000 enrôlés de force.
Le deuxième mandat de l’Union Nationale de Maurice Duplessis prend fin. La prochaine élection est prévue pour le 28 juillet 1948. Adélard Godbout est de nouveau à la tête des Libéraux.
Selon une tradition en devenir, Duplessis lance sa campagne à Trois-Rivières où Duplessis résume ses réalisations : création de l’Office de l’électrification rurale et du Département des Ressources naturelles, refus de renouveler l’entente fédérale-provinciale sur le droit de taxation sur le revenu (cédé par Godbout en 1945), ouverture du Grand Nord québécois et lancement de l’exploitation minière de l’Ungava, création du ministère du Bien-être social et de la Jeunesse, prise de possession par l’Hydro-Québec de la Montreal Light Heat and Power, loi visant la réhabilitation des jeunes délinquants, loi établissant le crédit urbain à l’habitation, loi abolissant les appels au conseil privé de Londres.
Et, Duplessis est également très fier d’avoir fait adopter le Fleurdelisé comme drapeau officiel du Québec.
Il parle de ses réalisations dont les nombreuses routes qu’il a ouvertes et pavées, les nouvelles universités, les 1,500 nouvelles écoles; les écoles d’agriculture, de médecine vétérinaire, de l’automobile, du meuble, des mines, des pêcheries, du commerce, des arts graphiques et de papeterie; d’innombrables hôpitaux, des centaines de sanatoriums contre la tuberculose; de l’augmentation du pourcentage d’habitations rurales électrifiées, de la croissance de l’économie et de la dette publique qui a été substantiellement réduite. Il estime préférable que la province n’ait pas trop de dettes si elle veut combattre les politiques centralisatrices du fédéral et résister à ses pressions. Finalement, il s’affiche comme le grand défenseur de l’autonomie provinciale dans le respect de la constitution canadienne, face à l’ogre fédéral qui veut s’emparer de tout.
La Loi sur la citoyenneté canadienne précisant qu’elle est distincte de la citoyenneté britannique prend effet. Par ailleurs Fred Rose, le député communiste de Montréal-Cartier, est expulsé de la Chambre des Communes à la suite de sa condamnation pour espionnage en faveur de l’Union Soviétique. 
Au Canada, Mackenzie King sait que le temps est venu de démissionner, après 21 ans et 6 mois à la tête du pays. C’est un moment qu’il a prévu depuis le jour où il a invité le renommé avocat de Québec Louis Stephen Saint-Laurent, alors âgé de 60 ans, à briguer les suffrages en 1942 pour remplacer Ernest Lapointe, son lieutenant du Québec, tout juste décédé.
Avec sa logique rationnelle, sa connaissance profonde des lois et son dédain pour les intrigues politiques, Saint-Laurent s’attire le respect de King et même de l’opposition. Il aide le premier ministre à bien traverser la crise sur la conscription, collabore à l’établissement des Nations-Unies, s’assure que le Canada joue un rôle indépendant de la Grande-Bretagne et du Commonwealth et place le Canada dans un rôle d’intermédiaire dans les affaires internationales. En 1948, il planifie prendre sa retraite, prévue depuis longtemps, lorsque King lui annonce qu’il veut démissionner et le persuade d’être candidat à la chefferie du parti libéral, lors du congrès du mois d’août, pour le remplacer.
Élu, Louis Stephen Saint-Laurent devient Premier Ministre du Canada, le 15 novembre 1948. Il est le deuxième Canadien français dans l’histoire du pays à remplir ce poste.
Depuis qu’il est premier ministre du Canada, Saint-Laurent s’occupe particulièrement, suite à la guerre, à donner au pays un rôle de plus en plus grand sur le plan international. Il appuie la politique américaine pour la guerre de Corée et y envoie des troupes. Contrairement à la réticence de King à joindre une alliance militaire, Saint-Laurent rallie le Canada à l’OTAN. Il est parmi les plus ardents supporteurs du premier ministre anglais Clement Atlee pour transformer le Commonwealth britannique d’un club de dominions blancs à un partenariat multiracial et ceci contre le gré d’une majorité des autres chefs blancs. Il propose que le roi Georges VI devienne la tête du Commonwealth afin de maintenir une association internationale avec l’Inde, en devenir d’être une république indépendante. Pour continuer dans la veine de ces décisions fondamentales pour l’avenir du Canada, Saint-Laurent recherche une légitimité électorale et appelle aux urnes les Canadiens pour une élection générale le 27 juin 1949.
Le soir des élections, Saint-Laurent remporte une victoire éclatante avec 190 sièges contre 41 pour George Drew, 13 pour le CCF, 10 pour le Crédit Social de Solon Low de l’ouest et 4 indépendants. Les progressistes-conservateurs demeurent dans l’opposition et Drew sera le chef de l’opposition officielle. Au Québec, les libéraux font élire 68 députés dont Jean Lesage, Georges-Émile Lapalme, Sarto Fournier et Gaspard Fauteux. Quant à eux, les conservateurs ont deux députés, Léon Balcer dans Trois-Rivières et Henri Courtemanche dans Labelle. Trois indépendants sont élus dont Camilien Houde dans Papineau.
Ailleurs, Adrien Arcand, le fasciste qui s’était déclaré le führer canadien dans les années ’30 et 40 alors qu’il menait un mouvement d’extrême-droite, obtient 29 % des votes dans le comté de Richelieu-Verchères. Comment expliquer que les Canadiens français votent ainsi après le désastre mondial causé par les nazis ?   

Le thème principal des discours et le cheval de bataille de Duplessis sont l’autonomie provinciale. Depuis que sa demande de récupérer l’assurance-chômage et les impôts directs a été rabrouée par Ottawa (position appuyée par Londres), il ne manque jamais une occasion pour souligner « l’espoir qu’il serait possible d’en arriver à une entente fédérale-provinciale capable d’assurer à chaque gouvernement une répartition équitable et appropriée des pouvoirs financiers et fiscaux ». En 1947, le cabinet des ministres décrète un impôt sur le revenu des corporations. Il dénonce le gouvernement centralisateur d’Ottawa qui agit dans les domaines de compétence provinciale. En 1951, il refuse les subventions du fédéral aux universités du Québec afin de l’empêcher d’intervenir dans le domaine de l’éducation.
De nouvelles élections provinciales sont déclenchées pour le 16 juillet 1952 et l’Union Nationale dévoile son slogan: « Laissons Duplessis continuer son œuvre ». Fidèle à sa coutume, l’Union Nationale ne présente pas de programme politique officiel. En plus du sujet de l’autonomie, Duplessis parle des thèmes qui démontrent ses préoccupations : hôpitaux, développement industriel, lois sociales, routes, logements etc… et promet d’y travailler. Il aime le traditionalisme, glorifie l’agriculture, la famille, l’épargne et l’entreprise privée. Il n’aime pas le communisme car il le voit comme athée et opposé à l’effort individuel et au sens d’entreprise qu’il reconnaît chez les Canadiens français. Duplessis aime souligner les réalisations de l’Union Nationale : le crédit agricole, l’électrification rurale à 98%, l’assistance sociale, les subventions et la construction d’innombrables hôpitaux, de sanatoriums, la création du ministère du Bien-être social et de la Jeunesse, les milliers d’écoles élémentaires et supérieures (une nouvelle école par jour en moyenne depuis sa venue au pouvoir), les universités avec l’accent sur les facultés des Sciences et le génie, les centaines de ponts, les 9,000 kilomètres de chemins pavés à ce jour et le développement minier du Nouveau-Québec. Il ne parle pas évidemment du patronage aux amis du parti mais souligne l’avantage pour les électeurs de « voter du bon bord » dans leur comté. Si l’art oratoire est la faculté de convaincre, Duplessis est un bon orateur.
En 1953, Duplessis forme une commission d’enquête sur les problèmes constitutionnels, sous la présidence du juge en chef Thomas Tremblay, en rappelant : « ..la province de Québec était la première province du Canada, peuplée par les pionniers du Canada. Si vous croyez que nous avons été un obstacle au progrès, nous sommes prêts à nous retirer. La province de Québec est capable de vivre et de se suffire à elle-même ». A Saint-Laurent qui réplique en attaquant férocement le gouvernement du Québec, Duplessis souligne « qu’aucun politicien anglais n’a osé affirmer que le Québec n’était pas différent du reste du Canada. Il a fallu un compatriote pour le dire ! Affiliation : jamais ! Abdication des droits fondamentaux : jamais ! Substitution des subsides fédéraux aux pouvoirs essentiels de taxation : jamais, jamais ! Contrôle direct ou indirect d’Ottawa sur nos écoles : jamais ! Sur nos universités : jamais ! Sur notre enseignement secondaire : jamais ! ». La bataille n’est pas facile car les universités ont un grand besoin d’argent. Mais il résiste. C’est la même situation dans d’autres domaines comme celui du réseau routier.

Au Québec, les emplois sont stables, la semaine de travail est maintenant de 40 heures et les vacances sont payées. Le domaine des pâtes et papiers croît rapidement et cela favorise l’économie des régions où se trouvent ces industries. On dénombre une moyenne de 100 000 naissances par an et grâce à l’amélioration des services médicaux, bien gérés par les communautés religieuses, le taux de mortalité infantile diminue appréciablement. Les immigrants sont nombreux et viennent de l’Europe occidentale mais cela ne change pas le pourcentage de Canadiens français qui demeure à 80 %. L’agriculture connaît une formidable modernisation et un essor remarquable grâce aux lois de Duplessis sur l’électrification rurale et l’Office des marchés agricoles. En quatre ans, la télévision est présente dans plus de la moitié des foyers. Le secteur automobile touche des sommets jamais atteints.
Tout est beau au Québec, sauf si on le compare à l’Ontario. Là, les salaires sont supérieurs de 27 %, les services publics et le réseau électrique mieux gérés, le nombre d’écoles plus élevé, le système de santé nettement mieux équipé. La raison : des ressources financières plus vastes. Plus tard la Commission royale d’enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme fera état, entre autres, de salaires moindres chez les gens qui maîtrisent deux langues comme au Québec au lieu d’une comme en Ontario.
 
suite: Duplessis (3): les antiduplessistes....  à venir

dimanche 24 mai 2015

Duplessis (1) : l’Union Nationale

Le personnage de l'ancien premier ministre du Québec Maurice Duplessis revient souvent dans les discussions et les débats politiques québécois d'aujourd'hui. On le calomnie, le salit et injure sa mémoire. Ce n'était pas Duplessis !

Ayant vécu une bonne partie de cette période, je l’ai décrite dans mon livre « Et dire que j’étais là : Itinéraire d’un p’tit gars de Verdun » qui est affiché sur mon site internet.

Afin d’en faciliter la lecture, j’ai regroupé toutes les parties qui réfèrent à Duplessis pour en faire un seul texte. Le problème est qu’il est long. Je l’ai divisé en six sections que je présenterai en six blogs consécutifs à tous les deux ou trois jours. 
Voici les titres de chacun de ces blogs : l’Union Nationale, King et Saint-Laurent, Les antiduplessistes, l’impôt provincial, Autonomie… autonomie, la mort de Duplessis.
Voici le premier :
Duplessis : l’Union Nationale
À l’élection provinciale du Québec de 1935, le parti Action Libérale Nationale (ALN) est dirigée par Paul Gouin, un politicien nationaliste, poète à ses heures, qui a quitté le parti libéral dirigé par Louis-Alexandre Taschereau en claquant la porte l’année précédente avec d’autres dissidents et qui jubile à l’idée d’appliquer son programme de restauration économique et sociale Il entrevoit maintenant la possibilité de prendre le pouvoir dans un avenir rapproché. Suite à une alliance avec les Conservateurs dirigé par Maurice Duplessis, les deux partis se partagent les comtés afin de ne présenter qu’un candidat de l’alliance par comté. L’ALN fait élire 26 candidats sur 57 comtés et les conservateurs 16 sur 33 comtés. Les libéraux minoritaires conservent le pouvoir et choisissent un nouveau chef, Adélard Godbout. Conformément à l’entente entre les partenaires de l’alliance, Duplessis devient chef de l’opposition. Quelques mois plus tard, l’effet combiné du manque de leadership de Gouin et d’un manque de fonds permettent à Duplessis, qui manœuvre bien contre le gouvernement, de récupérer l’ALN et un grand nombre de ses partisans à la faveur d’une fusion. Duplessis crée un nouveau parti : l’Union Nationale.
Godbout croyant pouvoir obtenir une majorité déclare une élection générale pour 1936. Maurice Duplessis ouvre sa campagne électorale à Trois-Rivières. Il définit son programme politique en promettant de défendre l’autonomie provinciale dans les rapports du Québec avec le fédéral, de lancer des programmes d’électrification rurale, de pavage des routes, de construction d’écoles et d’hôpitaux et de restaurer l’intégrité de l’administration publique. Plus particulièrement, il s’engage à nationaliser l’électricité. L’Union Nationale remporte une éclatante victoire avec 70 sièges contre 15 et les libéraux perdent le pouvoir après l’avoir exercé pendant 42 ans, sans interruption. Suite à cette victoire, le gouvernement fédéral met sur pied la commission Rowell-Sirois pour faire enquête sur les relations financières entre le fédéral et les provinces. Elle conclut que le rôle du Canada doit être plus important dans les programmes sociaux afin de les protéger contre de futures calamités économiques.
Malgré cela, à la suite d’un grand débat à la Chambre des communes à l’issue duquel la déchirure du pays s’exprime par l’appui à la guerre ou la neutralité, King décide d’engager le Canada aux côtés des Anglais. Le 10 septembre 1939, il déclare la guerre à l’Allemagne. Cependant, King veut limiter l’engagement du Canada et insiste qu’il n’y aura pas de conscription.
Au Québec, la cote du Premier Ministre Duplessis est en baisse. Pourtant, il a fait adopter les premières mesures sociales du Québec, telles que les lois sur les pensions de vieillesses, l’assistance aux mères nécessiteuses, la pension aux aveugles, les salaires raisonnables (qui deviendra plus tard la loi sur le salaire minimum). Il crée aussi le Ministère de la santé et du bien-être social. La dépression l’a empêché d’appliquer son programme de réforme sociale et économique et il a également dû renier sa promesse électorale de nationaliser les producteurs d’électricité à cause du refus du syndicat financier de la rue Saint-Jacques de le financer. De plus, il est trop nationaliste au goût de ce milieu anglophone, qui incarne le pouvoir réel au Québec.
L’annonce par King de l’entrée en guerre du Canada fournit à Duplessis une façon de racheter sa carrière politique. Il déclenche une élection provinciale en 1939 en invoquant le besoin d’obtenir un mandat fort pour tenir tête aux visées centralisatrices d’Ottawa et à la conscription qu’il pressent. Mais les ministres fédéraux du Québec, Lapointe, Cardin et Power, défendent King et promettent qu’il n’y aura jamais de conscription sous le parti libéral fédéral. Sentant de plus un défi à leur crédibilité et à leur légitimité, ils menacent de démissionner ensemble si Duplessis est réélu. Les libéraux reviennent au pouvoir.
Godbout, vendu ?

Depuis son élection au Québec, le Premier ministre Godbout collabore totalement avec les autorités fédérales. On dit qu’il doit son élection aux libéraux fédéraux. Que ce soit vrai ou non, il se dit surtout préoccupé par ce qu’on dit de sa province. Il souhaite éviter une répétition des attaques intolérantes dont elle a été la cible à la fin de la 1ière guerre mondiale. Afin d’éviter que ne soit mise en cause la loyauté des Canadiens français ou leur courage, il décide d’offrir à King toute sa collaboration pour assurer la victoire. Il s’identifie à ce long courant d’opinion au Québec pour qui la Confédération canadienne peut fonctionner si les compromis nécessaires se font. Cette position politique le situe en droite ligne avec les Lafontaine, Cartier, Chapleau et Laurier, qui furent tous confrontés à des problèmes semblables.

Godbout collabore vraiment. Trop? C’est certainement l’avis de plusieurs. Il accepte de céder au fédéral la juridiction du Québec sur l’assurance-chômage. Il accepte également que le fédéral enlève aux provinces leur autonomie fiscale. Il recommande de voter « oui » au plébiscite. Il refuse de condamner le gouvernement fédéral lorsqu’il adopte la loi 80 autorisant la conscription. Il ne cesse de répéter que l’état de guerre exige l’entente et la coopération. Godbout va même jusqu’à dire que si King lui demande « de cirer les bottines de soldat, parce que cela aidera l’effort de guerre, il le fera ». Suite aux recommandations de la commission Rowell-Sirois, Godbout accepte la création d’un nouveau programme d’allocations familiales canadien qui est une ingérence dans un champ de juridiction provinciale. De nombreux québécois pensent qu’il en fait trop. Pour eux, Godbout a un chef et ce chef est à Ottawa.
Cela n’empêche pas de nombreuses personnes de trouver remarquable la performance du gouvernement Godbout. La prospérité engendrée par la guerre lui fournit l’occasion de faire beaucoup. En 1940, il donne le droit de vote aux femmes qui, sous la gouverne d’Idola Saint-Jean et autres dirigeantes féministes canadiennes françaises, ont bataillé ferme pour l’obtenir, malgré les vœux des plus hautes instances religieuses. Pourtant, le Québec est la dernière province à l’accorder. En 1943, il s’oppose encore une fois à la hiérarchie de l’Église et fait adopter une loi rendant obligatoire l’éducation des enfants jusqu’à 14 ans, car il croit que la prospérité future de la province passe inévitablement par de profondes réformes en matière d’éducation. Il nationalise la Beauharnois Light Heat and Power Company, crée l’Hydro-Québec et lui cède toutes les réserves d’eau non déjà concédées de la province. Il crée un conseil économique pour le gouvernement en matière de stratégies de développement. Il fait adopter un nouveau code du travail qui précise les droits des travailleurs à la négociation collective et à la syndicalisation. En général, son gouvernement est considéré honnête, ce qui est rare à cette époque, et progressiste.
Une élection générale doit avoir lieu le 8 août 1944. Duplessis sait que l’« à-plat-ventrisme » de Godbout devant le fédéral et la conscription obligatoire, décrétée malgré les promesses du contraire aux gens du Québec par les ministres de King et douloureusement inscrite dans la mémoire des Canadiens français, vont lui donner une occasion en or pour reprendre le pouvoir.
Il doit cependant compter avec la présence d’un mouvement contestataire devenu parti politique, « Le Bloc Populaire Canadien ». Composé de nationalistes québécois, ce parti a été créé le 8 septembre 1942, peu après le plébiscite, par des opposants à la conscription. Il s’inspire des idées d’Henri Bourassa, qui l’endosse. Ce parti fédéral, appuyé entre autres par Camilien Houde et un groupe de jeunes étoiles montantes comme Jean Drapeau et Pierre Trudeau, décide de créer une aile provinciale pour contester l’élection de 1944. Il prend pour chef André Laurendeau, son secrétaire. Ce parti base son programme sur la défense des droits des Canadiens français et propose l’intervention de l’état aux niveaux économique et social, tout en se défendant bien d’être socialiste.
Duplessis, en pleine forme, entreprend sa campagne électorale sur un thème accrocheur, l’autonomie provinciale. Il y gagne en crédibilité. Il promet de récupérer d’Ottawa tous les pouvoirs qui lui ont été cédés par le gouvernement Godbout, d’électrifier tout le territoire (à ce moment-là, seulement 60 % des Québécois ont l’électricité), de paver toutes les routes principales, de construire des écoles, des universités, des hôpitaux… En somme, de moderniser sa province. Il se dit prêt à respecter la constitution canadienne et affirme « La coopération toujours, l’assimilation jamais ! ».
L’Union Nationale remporte 48 comtés, les libéraux 37 et le Bloc 4, dont celui d’André Laurendeau qui devient député à l’Assemblée législative. Maurice Le Noblet Duplessis redevient Premier Ministre du Québec, le 20ième depuis la Confédération.
C’est un important changement de gouvernement qui promet des débats politiques fondamentaux. Il s’ajoute à celui qu’a connu la Saskatchewan, le mois précédent, où le CCF a pris le pouvoir avec son chef, Tommy Douglas. Celui-ci s’est ainsi trouvé à former le premier gouvernement socialiste du Canada. Les choses ne seront plus jamais les mêmes. Notre pays arrive à un point tournant de son histoire. Désormais, la constitution et les questions sociales vont passer au premier plan des préoccupations des Canadiens. 
 
suite 2: Duplessis, King et Saint-Laurent... à venir