mardi 23 novembre 2010

Les maux de tête de Jean Charest : taxes, gaz de schiste et enquête publique

Il y a à peine trois mois, le premier ministre québécois Jean Charest recevait 51% d’appuis favorables à sa façon de gouverner le Québec. Aujourd’hui, il n’en reçoit que 22%. Comment peut-il avoir chuté si bas, si vite ?

Dans mon dernier blog « Jean Charest, le " punching bag " », je semblais expliquer la baisse rapide de sa popularité exclusivement par son refus de mettre sur pied une commission d’enquête dans le domaine de la construction. En fait, il y a plus que ça. Il y a aussi les sujets de l’exploitation du gaz de schiste et les taxes nouvelles.

Actuellement, le gouvernement autorise l’exploration de sources de gaz de schiste pour évaluer son potentiel énergétique global pour le Québec et son apport à son économie.

De retour au pays, depuis quelques jours, j’ai constaté combien cette question inquiète vivement les Québécois et les Québécoise. J’avais bien lu certaines critiques citoyennes et j’étais porté à penser qu’elles venaient surtout de ceux qui vivent à proximité des sites où l’exploration est en cours d’exécution. Je croyais que ces plaintes ne correspondaient qu’au syndrome « pas dans ma cour ». Je me suis trompé.

En effet, suite à quelques émissions de télé faisant état de l’expérience qu’ont connue les populations des états de la Pennsylvanie et de New York dans l’exploitation du gaz de schiste, les Québécois y voient maintenant des possibilités de danger pour la vie et de contamination des nappes phréatiques. Ils ont été profondément touchés par ces informations. Avec raison, ils sont devenus craintifs et voient dans un moratoire, qu’ils réclament maintenant expressivement, une façon d’arrêter les explorations jusqu’au moment où le gouvernement du Québec pourra leur faire la démonstration que l’exploitation de gaz de schiste n’engendrera pas de danger futur pour eux.

Le PM Charest, pour calmer les esprits, a soumis le dossier au Bureau d’Audiences Publiques pour l’environnement (BAPE) mais a refusé de décréter un moratoire.

Je ne suis pas d’accord avec cette approche du PM car le mandat actuel du BAPE ne couvre pas toutes les questions à analyser. En effet, il se limite à « proposer un cadre de développement de l’exploration et de l’exploitation, et proposer des orientations pour un encadrement légal et réglementaire ». Rien dans un tel rapport ne viendra calmer les appréhensions des Québécois sur ce sujet. Et c’est ce qui compte à ce moment-ci.

Ce qu’il faut faire c’est ce que propose l’Ordre des Ingénieurs du Québec : « un travail approfondi d’étude de la filière des gaz de schiste susceptible d’éclairer les citoyens et les décideurs et d’orienter la politique énergétique du Québec. … c’est une véritable évaluation environnementale stratégique (EES), qui vise à intégrer les facteurs environnementaux à l’élaboration de politiques, de plans et de programmes publics ». (Voir mon blog du 8 octobre 2010, « le gaz de schiste : rectifions le tir ! »)

L’exploitation du gaz de schiste apportera un avantage incroyable pour le Québec. 40% de nos énergies consommées viennent du pétrole et 13% du gaz naturel. Réduire appréciablement la partie de pétrole sale en faveur du gaz propre serait un apport important à l’environnement et par conséquent à notre qualité de vie. Ce sera aussi un gain économique extraordinaire pour tous les Québécois et Québécoises. Il est donc important que ce projet de développement énergétique aille de l’avant si des études bien faites démontrent qu’il n’y a pas de danger pour la vie humaine. Lorsque les Québécois seront bien instruits sur le sujet, je suis convaincu qu’ils seront d’accord à poursuivre ce projet important.

J’en appelle au PM Charest à modifier immédiatement le mandat du BAPE afin que les citoyens obtiennent les vraies réponses à leurs questions. De plus, j’espère qu’il décrétera le moratoire demandé à hauts cris par eux. Le PM calmera ainsi les appréhensions de ses commettants. Rien n’est urgent puisque le gaz sera toujours là.

Il y a aussi un autre dossier qui nuit à Jean Charest. C’est celui des nouvelles taxes. Le 2 avril 2010, mon blog s’intitulait : « Bye, Bye, Jean Charest ». J’ai écrit ce dernier pour critiquer le budget de l’année que venait de déposer le ministre des finances à l’Assemblée Nationale québécoise. Je fus tellement surpris de ce budget qui prévoit tant de taxes nouvelles et d’augmentations de tarifs que j’en avais conclu que Jean Charest ne serait pas réélu, car la politique québécoise m’a appris qu’un politicien qui taxe est un politicien qui se fait battre.

Les conséquences de ce budget pour les payeurs de taxes prirent un certain temps à apparaître. Elles commencent à se faire sentir comme on l’a vu depuis quelques mois. Depuis, le taux de satisfaction du PM baisse.

On peut donc conclure que ce n’est pas seulement la question du refus de Jean Charest de tenir une enquête publique sur la construction qui contribue à sa présente descente aux enfers. Il y a aussi les craintes des Québécois et Québécoises au sujet de l’exploitation future du gaz de schiste et leurs révoltes devant les nouvelles taxes et tarifs. Tout cela pèse dans la balance anti-Charest.

Jean Charest peut-il se sortir de l’étau qui le resserre de plus en plus ? Je le crois, s’il décide finalement :

1. De créer une enquête publique dans le domaine de la construction. Perdra-t-il la face s’il « vire son capot de bord », à ce moment-ci ? Pas nécessairement, car l’opération policière « marteau », qu’il a mise en place pour enquêter sur la construction, fait actuellement un travail de plus en plus intense. Elle pourra collaborer étroitement avec les nouveaux commissaires de l’enquête publique. Ainsi, ce qui est fait ne sera pas perdu et la nouvelle enquête publique pourra agir beaucoup plus rapidement.

2. De modifier le mandat du BAPE afin que celui-ci puisse faire une enquête complète et produire une évaluation environnementale stratégique (EES), afin de renseigner comme il se doit les Québécois et Québécoises.

3. D’assurer que son gouvernement coupera le plus possible dans ses dépenses afin de réduire les augmentations de taxes au strict minimum.

Si Charest ne fait rien, je crois que cela démontrera qu’il a décidé de quitter la politique.

Claude Dupras

vendredi 19 novembre 2010

Jean Charest : Le « punching bag »

Corruption ! Corruption! Corruption ! C’est tout ce que l’on entend au Québec! Le premier ministre Jean Charest est la cible de ces attaques et le mouvement s’amplifie au point que l’on peut se demander s’il démissionnera ou pas.

Jean Charest est-il vraiment un politicien corrompu ? Je dis non.

Son erreur a été de refuser de mettre sur pied une commission d’enquête sur ce qui se passe dans le domaine de la construction au Québec. J’ai été un des premiers à la réclamer, le 13 mai 2009, dans mon blog intitulé « Des prix de fous », et je suis revenu souventes fois à la charge dans d’autres blogs.

Ancien ingénieur conseil avec 40 ans dans la construction, je n’en croyais pas mes yeux et mes oreilles lorsque je constatais les dépassements des coûts de construction de certains grands projets. Des augmentations qui allaient du simple au double quand ce n’était pas au triple. Parmi ceux-là, il y avait, entre autres, l’extension du métro à Laval, l’autoroute Ville-Marie, le centre d’entretien de l’agence métropolitaine de transport et le centre hospitalier universitaire de Montréal (CHUM).

Je posais alors les questions : « Sommes-nous victimes de fraudeurs ? Y a-t-il une mafia qui s’est installée dans le domaine de la construction avec comme but de souffler les prix et les profits ? ».

L’élection à Montréal en novembre 2009 ajouta à mon questionnement. Les journalistes d’enquêtes de La Presse révélèrent des informations troublantes sur une série de super contrats accordés à des prix exorbitants par la ville. Les Québécois comprirent alors que quelque chose ne tournait pas rond dans le domaine de la construction. Malgré tout, le maire Tremblay fut réélu.

Jean Charest décida alors de confier le dossier sur ces problèmes à la Sûreté du Québec. Pour lui, une enquête policière pouvait être enclenchée plus vite qu’une commission d’enquête gouvernementale qui nécessite plus d’une année à se mettre en place. Le budget de la Sûreté fut augmenté considérablement. Mais une vague déferlante anti-premier-ministre se manifesta contre cette décision. Du jamais vu. Depuis, l’opposition affirme n’importe quoi contre Charest et tout est rapporté et amplifié aussitôt dans les médias. À ce jour, les policiers n’ont rien révélé.

On frappe Charest avec la même ardeur qu’un boxeur attaque vicieusement son « punching bag » durant son entraînement. C’est vraiment triste à voir car ce n’est pas à la hauteur d’une vraie démocratie.

Au lieu de parler d’économie, d’éducation, de santé, d’écologie, de développement…, l’opposition et les medias ne se concentrent que sur la tenue d’une enquête publique. Une pétition exigeant la démission immédiate de Jean Charest est affichée sur internet. Plus de 180,000 personnes ont signé en trois jours, et ça continue.

Jean Charest ne mérite pas cet acharnement qui vient surtout du Parti Québécois et de ses alliés qui y voient un moyen de reprendre le pouvoir. Les séparatistes « purs et durs » sont chauffés à bloc et voient la possibilité d’un nouveau référendum sur la séparation du Québec, si le PQ parvient aux affaires à Québec. Ils font tout pour répandre leur fiel anti-Charest et réussissent. À écouter, voir et lire tout ce qui s’écrit, on a l’impression que Jean Charest et son parti libéral sont foutus. Mais ce n’est pas aussi simple.

Léger-Marketing vient de publier un récent sondage sur la politique au Québec. C’est là que l’on peut voir la vraie image des sentiments des Québécois. Le PQ obtient 37% dans les intentions de vote, le parti libéral 33%, l’ADQ 11%, Québec solidaire 8% et le parti vert 6%. Mais ce qui est plus révélateur, c’est que malgré l’ouragan anti-Charest, on constate que le PQ a chuté de quatre points depuis le dernier sondage alors que le parti libéral a grimpé de trois. J’ai été fort surpris, mais c’est la réalité. Et cela malgré le taux d’insatisfaction envers le PM Charest de 78%, le plus élevé jamais. En somme, les Québécois et Québécoises disent, « quand je regarde Charest, je me désole mais quand je le compare avec les chefs des autres partis, je me console avec Charest ».

Donc, rien n’est perdu pour Charest. Certes, il traîne dans l’opinion publique derrière le Parti Québécois, mais il était dans la même situation au début de la dernière élection générale, qu’il a gagnée.

Pourquoi les Québécois réagissent-ils ainsi ? Je crois qu’en eux-mêmes, ils savent que Jean Charest est un bon premier ministre.

Ils constatent que malgré la crise économique, le Québec s’en est mieux sorti par rapport aux autres provinces canadiennes. Ici, l’économie roule et le taux de chômage est le plus bas au Canada. La construction va…

Ils savent que Charest sait défendre le Québec durant ses rencontres fédérales-provinciales. Ils se rappellent que l’ex-PM canadien Paul Martin à cédé aux provinces, devant les arguments de Jean Charest, le pouvoir de dépenser à leur guise les octrois fédéraux dédiéds à des projets particuliers. C’était une première canadienne. Jamais dans le passé, les provinces canadiennes avaient été autorisées à utiliser l’argent qui venait d’Ottawa à des fins autres que celles qu’Ottawa avait choisies. Charest avait appliqué ces octrois à des diminutions des impôts des particuliers afin que le taux d’imposition au Québec soit compétitif avec celui des autres provinces.

Il vient tout juste de signer une entente avec le gouvernement fédéral qui reconnaît que le Québec a droit à sa différence.

Il a bien représenté le Québec auprès des gouverneurs des États de l’est américain et a réussi à signer des contrats importants pour les alimenter en électricité du Québec. Voyant là un avenir rempli de revenus extraordinaires, il a engagé la construction de nouveaux barrages hydro-électriques.

Il a créé le Conseil de la Fédération pour réunir les provinces afin qu’elles aient plus de poids dans leurs discussions avec le gouvernement du Canada. À ce jour, cela a donné des résultats très positifs.

Il a su contrôler les dépenses, baisser les impôts, éliminer la taxe sur le capital, augmenter la main-d’œuvre qualifiée en haussant l’immigration, passer une loi sur la retraite progressive, faire adopter le pacte sur l'emploi et l'entente sur la reconnaissance des compétences, dégeler les droits de scolarité, imposer le bulletin chiffré, renforcer le code de la sécurité routière. Il a entrepris, par son dernier budget, la réduction du déficit et de la dette.

Il a nommé, pour la première fois, autant de femmes que d’hommes comme ministres.

Son gouvernement a investi massivement dans les infrastructures, dans le développement énergétique et dans le secteur manufacturier pour créer des emplois et assurer une économie prospère. Son « timing » a été parfait et c’est au plus fort de la crise que les emplois nouveaux arrivèrent sur le marché.

Même la présidente syndicaliste de la CSN reconnaît que « Jean Charest a bien mesuré le terrain, ouvert le débat avec l’opposition et n’est pas provocateur ».

En conclusion, il faut reconnaître que Jean Charest a été, à ce jour, un des bons premiers ministres du Québec. Les électeurs le savent puisqu’ils l’ont réélu trois fois. Évidemment, l’opposition ne cherche qu’à le réduire et à le critiquer, mais nous, les Québécois et les Québécoises, jugeons un homme à ses actes.

Il est vrai que Jean Charest a fait des erreurs politiques et qu’il a fait des choses avec lesquelles je ne suis pas d’accord. De gros problèmes n’ont pas été réglés à notre satisfaction, tels : les attentes dans les hôpitaux, le décrochage scolaire…

J’ai toujours cru que la vraie façon de juger un homme ou une femme politique était d’utiliser le principe de « la balance ». On place dans un plateau les bonnes décisions et on place dans l’autre celles avec lesquelles on n’est pas d’accord. Puis, on constate de quel côté elle penche. En rapport avec le bilan de Jean Charest, j’estime qu’elle s’abaisse du bon côté.

Claude Dupras


ps. À ce jour, a-t-on fait la preuve que Jean Charest est un homme politique corrompu ? Je ne le crois pas même si on l’a dit, répété et amplifié. Il a respecté les lois du Québec.

Malheureusement, d’autres personnes, particulièrement des contributeurs financiers comme dans l’affaire des prête-noms, n’ont pas respecté l’esprit de la loi. Mais cela n’est pas la faute de Jean Charest ni celle de Pauline Marois ou de Mario Dumont, puisque non seulement le parti libéral a reçu des contributions importantes de ces personnes mais aussi le PQ et l’ADQ, lors de la dernière élection générale.

Quant aux individus choisis pour remplir des tâches au gouvernement ou dans des agences gouvernementales, qu’ils soient souventes fois libéraux ne me surprend pas. Du temps du parti Québécois, ils étaient péquistes et ces derniers contribuaient aussi à la caisse de leur parti. D’ailleurs, c’est de même à Ottawa, dans toutes les provinces canadiennes, aux USA et en France. Je ne veux pas que l’on pense que je suis d’accord avec ces manières d’agir, mais on doit faire la part des choses. J’aimerais mieux que tous les Québécois et Québécoises, quelles que soient leurs pensées politiques, soient traités équitablement et aient les mêmes opportunités nonobstant la couleur du gouvernement. Mais je crains que ce ne soit qu’une utopie.

Je sais que plusieurs diront que je ne suis qu’un libéral. Ils se trompent, je ne le suis pas et je ne l’ai jamais été. J’ai déjà été partisan, un « bleu » comme on disait, surtout au niveau fédéral, mais je suis devenu indépendant depuis 1986.

J’aime la politique et respecte les politiciens. Je m’abstiens de parler contre eux personnellement car ce sont les politiques qui comptent. J’invite ceux qui critiquent, et c’est leur droit, à faire de même avec des arguments fondés. Ainsi, nous rendrons service à notre société. Autrement, c’est une perte de temps et un « salissage ! intolérable de réputations d’individus. Pensons à leur famille. CD

mercredi 17 novembre 2010

Le vrai Sarkozy

Le président Nicolas Sarkozy vient de terminer une entrevue à la télévision française pour expliquer les orientations et les objectifs qu’il a fixés pour le nouveau gouvernement Fillon qu’il vient de nommer. J’ai été impressionné. Évidemment tous les partis de l’opposition ont vu sa prestation d’un oeil très négatif et n’ont pas manqué de le souligner par la suite. C’était à qui dirait le plus de mal du président.

François Fillon a démontré qu’il était un excellent premier ministre et les Français l’appuient. C’est pourquoi, il a été renommé à ce poste avec une équipe modifiée, réaliste et capable de tenir compte des priorités du pays pour les quinze derniers mois du mandat présidentiel de Sarkozy.

Ce brasse-camarades réussira-t-il à repolir l’image impopulaire du président ? Peut être.

Personnellement, j’ai peine à comprendre les raisons qui expliquent sa déchéance dans les sondages puisqu’il affiche, depuis le début de sa présidence, un bilan remarquable. Pour être correct avec lui, il faut examiner attentivement ses réalisations et son comportement depuis son accession au plus haut poste de son pays.

Certains hausseront les épaules sur mon analyse et ne seront pas en accord, mais je les assure que j’espère l’avoir fait avec la plus grande objectivité et le moins de partisannerie possible. Il est vrai que j’aime l’homme politique Sarkozy et cela depuis plusieurs années bien avant son élection à la présidence française. Mais je crois être en mesure d’analyser de façon impartiale les réalisations d’un tel homme politique.

J’espère aussi que ceux qui lisent ces lignes sauront mettre de côté leur position politique (gauche ou droite), pour juger comme moi strictement de la valeur de ce que ce président français a accompli depuis son accession aux affaires. Il nous faut être réalistes et appeler un chat, un chat.

Sarkozy vient de gagner le débat sur les retraites. Une réforme que beaucoup de ses prédécesseurs n’ont pu réaliser et que toute personne bien intentionnée reconnait comme essentielle pour assurer aux Français et Françaises le niveau promis de leur retraite. Il ne s’est pas laissé impressionner par les immenses manifestations de la rue et a maintenu le cap. Depuis, j’ai rencontré beaucoup de Français et Françaises qui ont été impressionnés par la force de caractère de leur président à cette occasion. En réalité, et c’est l’avis d’une majorité de Français que j’ai questionnés, ce fut plus un mouvement antisarkozyste primaire qu’autre chose. Si cela est vrai, ce n’est sûrement pas à l’honneur de ceux qui l’ont organisé et appuyé car on ne bloque pas un pays pour une raison politique et partisane.

Dès le début de son mandat à la tête de la France, une des premières réformes du président Sarkozy a été d’assurer l’autonomie aux universités, réclamée depuis très longtemps. De plus, il a vu à ce que leur financement soit augmenté à un niveau inégalé depuis les années ’80. Il veut le meilleur système universitaire pour les jeunes Français et Françaises, car il comprend que la force future de la France réside dans ses cerveaux. Pour se faire, il vise à ce que les universités françaises deviennent compétitives avec les meilleures universités du monde dont le Royaume-Uni et les USA. Il y a évidemment un bon nombre de choses à faire encore avant d’en être là , mais c’est un bon départ….

Dès le début de son mandat, Nicolas Sarkozy a pratiqué l’ouverture en nommant des socialistes à des postes importants du gouvernement. Il a aussi nommé un socialiste pour contrôler les dépenses du gouvernement et un autre pour siéger au conseil constitutionnel. Cela ne se fait pas au Canada. Et dire qu’on le traite de dictateur !

Lorsque la crise économique s’est déchaînée, je me rappelle avoir vu, à la télé américaine, le président GWBush pris de panique. Il ne parlait que de panser rapidement, avec des centaines de milliards $, les blessures ouvertes que manifestaient les banques et les agences monétaires américaines car disait-il : « Il faut arrêter l’hémorragie car elle entraînera la faillite du système financier des USA ».

Les Européens ont été surpris de cette crise à responsabilité américaine. C’est à ce moment-là que le président Nicolas Sarkozy a démontré une vision remarquable et une capacité hors de l’ordinaire pour trouver des solutions pratiques. Avec sa force de caractère, il a réussi à mettre sur pied le G20, et cela malgré une Allemagne hésitante et un GWBush indifférent. Il proposa de réunir les pays, les plus riches du monde, pour qu’ils solutionnent ensemble ce grave problème en coordonnant leurs efforts et assurer qu’il ne se répète dans l’avenir. Sarkozy a réussi.

Lors de la présidence française de l’Union européenne, Nicolas Sarkozy s’est établi en champion face à la crise. Il prit vite le taureau par les cornes et réussit à concerter les États-membres pour y répondre. Grâce à leur coopération, à l'euro, à la recapitalisation des banques et à la garantie des crédits de ces dernières, les Français comme les Européens ne se sont pas précipités à leurs guichets pour retirer leurs avoirs, évitant ainsi un crash qui aurait fait un tort immense à toute la collectivité du continent. C’est l’Europe, présidée par Nicolas Sarkozy, qui l’a protégée de la faillite bancaire.

Lorsque la présidence française prit fin, les représentants des États-membres exprimèrent des sentiments très positifs envers Nicolas Sarkozy car il avait obtenu, en plus, des résultats très concrets sur l'agriculture, l'immigration et la défense européenne. Il a, en outre, posé les problèmes au niveau qui convient, c'est-à-dire au niveau politique. Et sur le plan international, il a permis à l'Europe d'exister entre les Etats-Unis, la Russie et la Chine, au même titre que les grandes puissances. Ça faisait depuis De Gaulle que l’on n’avait pas vu cela !

Sarkozy à fait la promotion de la France dans le monde. Le Canada, les USA, l’Allemagne, la Russie, le Moyen-Orient, la Chine et plusieurs autres pays ont solidifié leurs relations avec le pays. Tout en défendant les droits de l’homme et l’autonomie du Tibet, sujets importants mais sensibles pour les dirigeants chinois, Sarkozy a pu quand même décrocher des contrats importants pour les industries françaises.

Puis, il y a eu le fameux « Grenelle » de l’environnement. Sarkozy et le ministre Jean-Louis Borloo ont réuni, pour une première fois, économie et écologie. Les débats furent intéressants, les conclusions nombreuses et malgré quelques exagérations, erreurs de parcours, propositions un peu fofolles et critiques sensées, ce « Grenelle » marquera l’avenir d’une France capable d’assurer que l’écologie soit au cœur des décisions sur son développement futur. Sous l’impulsion réaliste de Sarkozy, la France devient une des premières nations à être en mesure de suivre ce chemin essentiel pour atteindre un avenir propre et protecteur de la planète. Même le départ de Borloo du gouvernement et la réorganisation des ministères ne changeront rien à cet élan.

Sarkozy a aussi et enfin lancé la réforme territoriale, tant attendue. Penser pour réaliser des économies, réorganiser et simplifier l’administration des collectivités du territoire, le projet final est prêt à être voté dès l’entrée parlementaire du nouveau gouvernement.

Il y a tellement d’autres choses à souligner… mais je vais m’arrêter là.

Je sais que cet homme est honni par un très grand nombre de Français et Françaises. Lorsque j’analyse son bilan, je ne comprends vraiment pas pourquoi. Il est jeune, dynamique, intelligent, actif, un vrai chef. Il a une longue liste de réalisations à son crédit. Peut être n’est-il pas le genre de politicien que les Français et les Françaises veulent ! Peut être ne fait-il pas assez monarque !

La prestation du président Sarkozy, d’hier soir à la télé, nous a montré un homme qui veut le bien de la France, qui a fait de bons coups mais aussi des erreurs. Il sait reconnaître ces dernières, se réorienter, se réorganiser et corriger le tir afin d’atteindre ses objectifs.

En tout cas, si c’était possible de faire un échange, il me ferait plaisir de le troquer contre notre PM canadien. Nous avons besoin dans notre pays d’un homme dynamique, courageux, visionnaire, imaginatif, persuasif et capable de réaliser de grandes choses sur le plan national comme international. J’aimerais bien que Nicolas Sarkozy soit le chef de gouvernement canadien. Mais ça, c’est un rêve en couleurs.

Je suis anxieux de le suivre durant les prochains mois jusqu’à l’élection présidentielle française de 2012 pour constater la façon par laquelle il va s’y prendre pour redresser la pente de l’impopularité qui l’afflige actuellement et gagner un deuxième mandat.

Claude Dupras

dimanche 14 novembre 2010

Québec: la foire d'empoigne

Au Québec, comme en France, nous sommes rendus à un stage où trop de politiciens ou partisans politiques croient nécessaire de lutter contre leurs adversaires en les frappant en bas de la ceinture pour se donner un avantage ou pour aider leur parti.

J’en ai marre, comme disent si bien les Français, des insinuations mensongères, des fausses vérités qu’on qualifie de réelles, des scénarios noirs forgés de toutes pièces... en somme, de cette « politicaillerie » dépourvue de scrupule et d’envergure politique.

Il y a trop de débats stériles, vains, inutiles, sans profondeur dont le ton est indigne et mesquin. On peut se tromper dans un débat en se servant, sans le savoir, de données ou de faits imprécis, c’est normal, mais de là à utiliser volontairement des faussetés ou faire des accusations injustes qui visent la personne de l’opposant, il y a une marge.

Suite à la mauvaise décision du PM Jean Charest de refuser une enquête publique sur la construction, un mal-être se généralise au Québec. Cependant, il ne doit pas se transformer en une dissension violente entre les Québécois et Québécoises aux opinions différentes.

Les commentaires positifs ou négatifs basés sur des opinions sérieuses sont sains et les bienvenus par toute personne qui écrit ou discourt car ils ajoutent à l’intérêt du sujet débattu, aident à mieux le comprendre et à le nuancer. Malheureusement d’autres commentaires tordus de politiciens, de certains journalistes, de blogueurs, d’animateurs d’émissions radio, de sites internet, de commentateurs de blogs semblent avoir comme seul but de vouloir faire pourrir le débat et de salir les réputations. Cela nourrit la mal-information et n’aide personne.

La profession politique est une des plus importantes dans notre société. Il faut la respecter, l’aider et la valoriser dans l’opinion publique afin que les meilleurs de notre société aient le goût d’y accéder. Sinon, nous aurons les politiciens que l’on mérite.

Ce n’est pas en traitant l’adversaire de tous les noms, sans preuves réelles, que l’on atteindra ce but. Je demeure convaincu que la vaste majorité de nos politiciens et politiciennes, quelque soit leur parti, sont des personnes intègres et honnêtes. Malheureusement, à écouter le débat public au Québec et à lire les commentaires, on reste avec l’impression que nous sommes dirigés par une bande de vendus, de voyous, de truands, d’alliés de mafiosi, d’imbéciles, de profiteurs et encore.

Assez, c’est assez, la foire d’empoigne !

Nos hommes et femmes politiques doivent être jugés sur leurs mots et leurs actions. Qu’on les aime ou non, c’est notre droit. Mais agissons de façon responsable et n’oublions pas que c’est dans la boîte de scrutin que se décidera s’ils doivent être appréciés ou châtiés.

Claude Dupras

jeudi 11 novembre 2010

Le faux pas de Richard Bergeron

Il est président du deuxième parti de l’opposition au conseil municipal de Montréal. Le maire Gérald Tremblay, dans un geste d’ouverture, lui avait offert, suite à la dernière élection, de siéger au comité exécutif de la ville. Richard Bergeron vient d’être remercié de ses services et quitte le comité avec fracas.

Lors de l’élection de 2009, Bergeron et son parti Projet Montréal ont créé une surprise en obtenant un pourcentage élevé de suffrages. Je l’avais appuyé publiquement dans mon blog malgré l’image loufoque d’un illuminé que les médias faisaient de lui. Sa biographie, son programme politique, ses discours m’avaient persuadé qu’il y avait là une possibilité de relancer Montréal. Je croyais qu’il était l’homme de l’heure, car le maire-sortant Tremblay était prisonnier dans un tourbillon d’accusations de patronage et le parti Vision Montréal, avec Louise Harel, n’était devenu que le porte-étendard du Parti Québécois.

Richard Bergeron avait lié sa participation au comité exécutif à celle de son projet pour l’échangeur routier Turcot. Il a ses propres idées, puisqu’il est urbaniste, et a tout fait pour influencer la ville et le ministère des Transports du Québec de modifier le plan original. Le ministère à accepter plusieurs des modifications proposées en changeant le trajet, ajoutant un tram-train, une piste cyclable, des espaces verts, etc.., mais, il ne s’est pas plié à toutes les suggestions de Bergeron qui consistaient, entre autres, à rétrécir les voies pour freiner le nombre d’autos qui accèderont à la ville afin de réduire la production de pollution sur la métropole. Le gouvernement n’accepte pas cette approche radicale puisqu’il a la responsabilité de répondre aux besoins futurs et croit inconcevable de bâtir un si important échangeur sachant d’avance que ceux qui entreront à Montréal devront subir de longues heures d’attentes pour y accéder. Si, dans 10 ans, le besoin de diminuer la pollution persiste, le ministère pourra toujours installer des ralentisseurs pour réduire le volume de véhicules. Par contre, il estime que la venue des nouvelles autos électriques et hybrides réduira sensiblement le niveau de pollution, mais pas nécessairement le nombre d’automobilistes. Et, à ce moment-là, avec son projet, les routes auront la capacité requise pour les absorber.

Le nouveau projet est flexible, intelligent et économiquement acceptable puisqu’il est évalué à 3 milliards $, alors que celui proposé par la ville a été estimé à 6 milliards $.

Richard Bergeron a publiquement menacé le maire de démission si le projet final du ministère était approuvé par la ville. Il s’est montré un peu fanfaron. Tremblay a aussitôt répliqué en exigeant son ralliement à la décision future si elle devait être majoritairement acceptée par le comité exécutif. Il n’exigeait pas que Bergeron vote pour, mais qu’il soit solidaire. Incapable de l’être, Richard Bergeron a été renvoyé. Lors de la conférence de presse qui suivit, ce dernier a traité le maire de Montréal de tous les noms : « sournois, malhonnête, manipulateur, traître, vendu au parti libéral du Québec, infidèle aux Montréalais, vision frileuse et passéiste, cowboy » et encore. Il a même menacé le maire de le déchirer sur la place publique. Pourtant, c’est le même maire avec lequel il a travaillé main dans la main durant la dernière année, copain-copain.

La vigueur et la rigueur intellectuelles sont les qualités importantes pour les hommes et femmes politiques. Cela fait partie intégrante de l’honnêteté intellectuelle. Je n’ai jamais aimé ceux qui par opportunité utilisent n’importe quel argument disponible pour mousser leur personne et leur parti au lieu d’appuyer leur argumentation sur des positions de principe et des faits réels. Cette situation est devenue beaucoup trop fréquente, de nos jours, en politique québécoise. Cependant, nul ne peut être complètement certain de ses présuppositions, surtout dans des projets de cette nature car il y a plus d’une solution valable. C’est pourquoi, ajuster ses convictions personnelles à l’évidence du bon sens, de la solidarité, de l’intérêt public, du compromis raisonnable et mettre de côté toute partisannerie politique est aussi agir avec rigueur.

Les mots flamboyants et méchants de Bergeron démontrent qu’il n’est finalement qu’un politicien qui ne cherche qu’à marquer des points politiques. Pour lui, il a raison et tous les autres ont tort et sont des « pas bons ». Au lieu de chercher à rallier l’opinion publique en expliquant et en répétant souvent, le plus clairement possible et sans insinuations mensongères, ses objections techniques à ce gigantesque et complexe projet qu’est l’échangeur Turcot avec ses multiples facettes : développement urbain, transport public, environnement, espaces verts, expropriations, etc.., Bergeron a choisi la facilité, le chemin de l’insulte et de la politicaillerie pour se justifier, se grandir. Chemin faisant, il a sali volontairement la réputation du maire.

Richard Bergeron a donné l’impression de vouloir s’élever en diminuant son adversaire en vue de la prochaine élection de 2013. Ce sont des attaques malicieuses et injustifiées comme celles qu’il a faites qui font que de plus en plus de Québécois et Québécoises perdent confiance dans leur classe politique. Agir de façon irresponsable en accusant ses adversaires de tous les péchés d’Israël n’est pas dans l’intérêt de notre collectivité. Nos leaders politiques sont importants et il faut les respecter, quelque soit leur parti ou leur option politique. On peut être en désaccord sur certains aspects de leur pensée politique et le dire très haut, mais on se doit de respecter chaque individu qui nous dirige, qu’il soit au pouvoir ou dans l’opposition. Le débat doit être sur le fond des choses.

Je suis fortement déçu de cet homme politique qui promettait beaucoup mieux.

Claude Dupras

lundi 8 novembre 2010

Le dépeçage de notre patrimoine collectif continue….

C’est une autre triste histoire que celle de l’église patrimoniale du Très-Saint-Nom-de-Jésus, de l’est de Montréal, construite par la fabrique, il y a cent ans, sur le terrain de la première chapelle de la paroisse. C’est une œuvre d’art global. Elle fut fermée au culte en 2009 et l’archevêque veut vendre le bâtiment à des promoteurs qui pourraient la démolir et la remplacer par des unités d’habitation ! Son contenu sera alors éparpillé.

Superbe église créée et dessinée par les architectes Albert Mesnard et Charles-Aimé Reeves, on disait alors qu’elle était la cathédrale (même si elle n’en était pas une) de l’Est de Montréal à cause de ses 5 000 m. ca., de sa taille et de la richesse de sa finition. Elle fut financée et construite par plusieurs générations de paroissiens et paroissiennes, souventes fois à la sueur de leur front. Pendant plus de 100 ans, ces derniers y furent baptisés, y pratiquèrent les rites de leur religion, s’y marièrent, y sont venus pour saluer une dernière fois leurs chers disparus et organisèrent dans son grand sous-sol, foyer d’une vie collective riche en activités de toutes sortes, leurs fêtes, leurs rencontres, leurs loisirs et ceux de leurs enfants.

Si la décision de l’archevêché est réalisée, il ne restera bientôt plus de trace de la fierté et de la foi des braves gens qui ont fait cette paroisse. Un autre repère dans notre mémoire collective disparaîtra.

J’ai bien dit un objet d’art global, car cette église n’est pas seulement une oeuvre architecturale importante et imposante, mais elle était aussi, plus globalement, un lieu d’exposition, un musée où l’on peut admirer le travail de nos meilleurs artisans d’autrefois : ébénistes, ferronniers, vitriers, sculpteurs, staffeurs, peintres, facteurs d’orgues, fondeurs de cloches, orfèvres, et tant d’autres… Leurs œuvres seront maintenant démantelées, déménagées, vendues, détruites.

Sa vaste enceinte à l’acoustique parfaite disparaîtra et on ne pourra plus apprécier la qualité des concerts donnés sur son grand orgue Casavant (complètement restauré en 1986), un des plus prestigieux et puissants du Canada.

Pourquoi ? Pour l’argent, bien sûr !

Dans mes recherches de la généalogie de ma famille, j’ai retrouvé le lieu et la date de baptême de mon ancêtre français, l’église Saint-Porchaire de Poitiers en 1641. À l’occasion d’une visite en France, j’ai eu la surprise de retrouver cette église encore debout, en bon état, toujours au service de la paroisse ! En France, l’État est, depuis 1905, propriétaire des bâtiments religieux et c’est lui qui s’occupe de leur entretien et de leur réparation même si les pratiquants sont peu nombreux.

Depuis 1995, le ministère québécois de la Culture, sous l’impulsion du comité de conservation de l’art sacré de l’Archevêché de Montréal, dirigé alors par l’abbé Claude Turmel, a créé une fondation privée, sans but lucratif et à caractère multiconfessionnel, dont la mission est d’aider à conserver ce patrimoine et à le mettre en valeur par l’entretien préventif et la restauration.

Le comité a été pendant longtemps le seul à surveiller de près la situation de notre patrimoine religieux et il a multiplié les interventions auprès des gouvernements et des autorités religieuses pour leur faire comprendre la valeur irremplaçable de ces richesses et favoriser les réparations d’urgence et de rattrapage. À ce jour, le Québec a investi près de 225 millions $ et les propriétaires plus de 75 millions $.

C’est l’archevêque lui-même, le cardinal Jean-Claude Turcotte, qui affirmait il y a à peine quelques années : « nos bâtiments religieux font partie intégrale de notre patrimoine religieux ». On comprend sa perspective, mais il aurait pu tout aussi bien dire « de notre patrimoine collectif ».

Alors, comment expliquer le saccage prévu de l’église du Très-Saint-Nom-de-Jésus? Pourquoi notre cardinal a-t-il décidé de poser un geste si révoltant ? Pourquoi a-t-il changé son fusil d’épaule ? Ce sont les deux évêques-auxiliaires du diocèse de Montréal qui m’ont confirmé la réponse lorsque je les ai rencontrés récemment à Rome et leur ai demandé si la décision pouvait être reconsidérée. Les évêques haussèrent simultanément leurs épaules en signe de non et m’affirmèrent que cette église n’est pas classée à Québec et que l’argent n’est pas au rendez-vous. Si elle n’est pas classée, aucune ne l’est. Cet argument me semble un faux-fuyant.

Il devient évident que le départ de l’abbé Turmel, le grand et efficace défenseur du patrimoine religieux de Montréal, a créé un vide important à l’archevêché. Souventes fois dans le passé, il avait dû lutter ferme contre l’archevêque pour gagner son point et il réussissait. Il faisait faire les études, les plans et persuadait les autorités gouvernementales de l’aider. Malheureusement, il n’y a plus de tel champion du patrimoine religieux près de l’archevêque et il me semble évident que ce dernier manque d’imagination quand vient le temps de trouver des solutions et des argents pour continuer à sauver notre patrimoine religieux dont il est le responsable.

Et ce n’est pas la première fois qu’une telle chose se produit. Dans les années ’50 on a démoli la magnifique église Saint-Jacques et sa chapelle, œuvre de Victor Bourgeau, le plus grand architecte religieux qu’ait connu le Québec, pour faire place à l’UQAM. Seul le clocher de l’église et la façade du transept sud ont survécu au pic des démolisseurs. A ceux qui, à cette époque, défendaient le patrimoine religieux et s’opposaient à cette démolition, on répondait qu’il n’y avait pas assez de terrain pour les besoins de l’université, car la Ville de Montréal exigeait un parc donnant sur le boulevard Dorchester (maintenant René-Lévesque). Aujourd’hui, ce parc est construit et l’université a agrandi son campus en achetant plusieurs pâtés de maisons sur les rues avoisinantes. La preuve est maintenant faite qu’on aurait pu facilement éviter la disparition d’une pièce importante de notre patrimoine.

Pour démolir, on trouve toujours de bonnes raisons. Avant-hier, c’était un manque de terrain. Hier, c’était la faible assistance aux offices religieux. Aujourd’hui c’est un manque d’argent. Demain, ce sera autre chose. Après la transformation en condominiums de la magnifique église St-Jean-de-la-Croix, la rumeur court que d’autres églises patrimoniales seraient menacées, dont : l’immense Ste-Cunégonde, la très belle St-Jean-Baptiste, certaines églises anglicanes du centre-ville de Montréal et d’autres, plus contemporaines, construites dans les années ’50 et ‘60. Même si on ne peut qualifier ces dernières de patrimoniales, il n’en reste pas moins qu’elles sont, pour plusieurs, les œuvres de grands architectes, tel Roger d’Astous, élève du célèbre architecte américain Frank Loyd Wright. D’Astous s’est imposé comme un architecte religieux à Montréal. Les plans et documents de ses églises sont maintenant conservés au musée du Centre Canadien d’Architecture de Montréal. Pas plus qu’on accepterait de voir démolir un bâtiment d’Ernest Cormier, l’architecte de l’université de Montréal, ou une église de Bourgeau, serait-il acceptable de laisser démolir éventuellement une église de D’Astous.

Réaliser, aujourd’hui, une église comme Très-Saint-Nom-de-Jésus coûterait sûrement plus de 60 millions $. On veut la démolir pour 4 millions de $. Et après, il nous restera quoi ?

Le moment est donc venu de repenser le sort qu’il faut réserver à notre patrimoine bâti. Le fait qu’il puisse s’agir à l’occasion de lieux de culte n’enlève à ceux-ci rien de leur valeur pour toute la collectivité. Il devrait être interdit d’en disposer autrement que dans un cadre rigoureusement défini par cette même collectivité à un niveau ou un autre de ses instances décisionnelles. En d’autres mots, étant donné que les balises existantes ne suffisent pas à protéger tous nos trésors, nous devons, tout comme en France, demander à l’État de prendre la responsabilité de la conservation du patrimoine collectif. Et vite, avant que ne se produisent de nouveaux saccages.

C’est l’œuvre des grands artisans qui ont bâti Montréal qu’il nous faut conserver. C’est l’histoire de Montréal qu’il nous faut respecter et transmettre à nos descendants. À nos leaders religieux et politiques de se manifester ! Il n’est pas acceptable que nous nous laissions couper de nos racines. C’est notre identité qui est en cause.

Notre patrimoine collectif religieux, architectural, artisanal et autre fait partie de nous. Nous avons la responsabilité de tout faire pour le protéger et nous devons à nos descendants d’agir. On se mobilise bien pour les baleines….

Claude Dupras

Ps. Quelques arguments contenus dans ce blog viennent d’une lettre ouverte que j’écrivais en 2002 au journal La Presse pour défendre la magnifique église St-Jean-de-la-Croix de la destruction. CD

samedi 6 novembre 2010

La regrettable démission du ministre Jim Prentice

Le premier ministre Stephen Harper vient de perdre un de ses principaux lieutenants. Jim Prentice, député d’Alberta, quitte son poste de ministre de l’environnement pour entrer à la Banque Impériale de Commerce, comme vice-président exécutif. Il était un politicien aimé de ses commettants, un gentilhomme respecté par tous les Canadiens et Canadiennes, quelque soit leur parti politique. C’est une grosse perte pour le Parti Conservateur du Canada (PC) qui n’a que de rares députés conservateurs sociaux (red tory) avec une approche intelligente, nuancée, ouverte au changement et capable de faire la part des choses dans les décisions gouvernementales pour tenir compte des besoins de la société. Le PC a un grand besoin d’hommes ou de femmes comme lui.

Prentice faisait partie du Parti Progressiste-Conservateur du Canada (PPC) lorsque ce parti s’est fusionné avec l’Alliance Canadienne, parti strictement de droite, pour devenir le PC. Le PPC a toujours défendu les préoccupations conservatrices traditionnelles mais avec des idées sociales pour les questions économiques. Le nouveau parti a été envahi par les Alliantistes de l’Ouest et s’est fixé solidement à droite du spectre politique mettant au rancart l’approche sociale de la politique du PPC. C’est à cause de ce positionnement radical que j’ai quitté définitivement le PC, après plus de trente ans de membership actif dans le PPC, et que je suis devenu indépendant.

Malgré le malaise évident que Prentice ressentait au sein de sa nouvelle équipe, il a toujours fait un travail consciencieux au ministère de l’environnement. Il a même osé prendre des positions publiques qui ne correspondaient pas toujours aux dires du PM Harper, particulièrement sur le contrôle de l’exploitation des sables bitumineux, la position du pays sur l’accord de Kyoto et l’approche négative du Canada à Copenhague qui a contribué à ce que la rencontre onusienne sur l’environnement se termine en queue de poisson.

Le départ subit de Prentice est-il un signe de ce qui s’en vient ? Je le crois. Au lieu de viser à recentrer le parti et à gagner les indécis, le PC ne cherche qu’à satisfaire sa base, ceux du pays qui crient fort (un genre de teapartyers canadiens), qui lui a donné le pouvoir par ses votes. Il glisse lentement mais sûrement vers l’abime politique où l’entraîne son idéologie de droite de la droite.

La presqu’élimination du contenu du questionnaire du recensement, l’abolition du registre des armes, le militarisme excessif, le non-respect des décisions environnementales internationales, la construction de nouvelles prisons (alors que le taux de criminalité baisse), la fascisation des lois au ministère de la justice… sont tous des exemples où le gouvernement canadien perd son temps et où l’amène son idéologie. Pendant ce temps, le déficit augmente commensurablement, la dette réapparaît et le respect du Canada fléchit dans l’opinion mondiale.

Harper garde le pouvoir depuis quatre ans de manière tout à fait imprévisible puisqu’il est minoritaire à la Chambre des Communes et n’obtient que 35-38% d’appuis dans les sondages. Le manque de courage politique des autres partis pour le renverser, qui vient du désintéressement de la population pour une autre élection, doit s’estomper.

Nous, Canadiens et Canadiennes, devons remplacer ce gouvernement mené par des idéologues dont la pensée ne correspond absolument pas à celle de la majorité et dont les actions politiques non pertinentes nous amènent nulle part. Nous avons besoin que l’intelligence et le réalisme soient au pouvoir à Ottawa.

Une autre solution serait un putsch dans le PC pour qu’il redevienne le PPC. Mais çà, pour l’instant, c’est un rêve en couleurs !

À chacune de ses interventions à la Chambre des Communes, Jim Prentice a su élever le débat au haut niveau qu’il doit être. Il a accompli beaucoup et rempli plusieurs tâches difficiles que lui confiait le PM Harper. « Monsieur Fix-it », comme on le surnommait, aurait fait un bon premier ministre. Je rêve de le voir revenir en politique, à la tête du parti PC. Ce sera peut être le jour où le PC retrouvera le bon chemin. Qui sait ?

Merci Jim Prentice pour un travail bien fait, malgré tout, et bonne chance.

Claude Dupras

jeudi 4 novembre 2010

L’ennemi no. 1 d’Obama : Glen Beck

Il y a un homme qui a fait la différence dans l’élection de mi-mandat que viennent de vivre les Américains. Il a réussi à monter une armée d’individus dans tous les coins des USA pour voter contre le président et le parti démocrate.

Ce vote qui a permis aux Républicains de balayer les Démocrates est, en fait, un vote négatif. Et ce n’est pas moi qui le dis, mais un sondage auprès des électeurs à la sortie des bureaux de scrutin. Presqu’à l’unanimité, dans tous les États, dans les campagnes comme les villes, une majorité des électeurs a avoué avoir surtout voté « contre Obama ». Pourquoi ?

Depuis l’entrée de Barack Obama à la Maison Blanche, j’ai suivi sa démarche. J’en reste impressionné car il s’est avéré comme un des bons présidents que les Américains ont connus. Il a travaillé fort, a parlé intelligemment à ses concitoyens, a réagi efficacement à la crise économique et a fait voter des lois que peu de présidents ont réussi à faire voter dont celle sur la santé qui a permis à plus de 35 millions d’Américains d’être enfin protégés par un système d’assurance-maladie. Malgré tout cela, il est honni aujourd’hui par une majorité d’Américains dans tous les coins de ce grand pays.

Depuis plus d’un an, j’appréhendais le soir de l’élection « mid-term ». Ma crainte venait de ce que je percevais chez le polémiste Glen Beck. Il est un animateur d’une émission de télévision à la chaîne américaine Fox qui appartient au magnat australien des médias, Rupert Murdoch. Fox News est la dernière des grandes chaînes arrivées sur le marché Américain en 1997. Voyant un vide, Murdoch la campa complètement à droite pour promouvoir les positions politiques conservatrices. Elle le fait 24h /24, 7j/7 de façon très partisane. Aujourd’hui, Fox News a plus de 110 millions d’abonnés et est devenue une des chaînes préférées des Américains, au point que la compagnie vient tout juste d’annoncer, pour la dernière année, un accroissement des profits de 8% et des ventes publicitaires de 16%. Il faut reconnaître, en toute vérité, que la présentation des émissions est fort intéressante.

Glen Beck est un genre de René Lévesque du Québec du temps où ce dernier animait l’émission « Point de Mire » à Radio-Canada, et venait hebdomadairement expliquer aux Québécois et Québécoises, avec son ardoise et sa craie, l’évolution de la politique dans le monde. Nous étions tous accrochés à ses lèvres. Il était un vrai pédagogue. Lévesque, qui au début n’était pas très connu, a fait un tabac de son émission et est devenu une étoile de la télévision canadienne. Les Québécois et les Québécoises l’appréciaient et l’aimaient. Animateur responsable, honnête, très divertissant, clair et net dans ses propos, sa popularité fut si grande qu’il est devenu, avec le temps, premier ministre du Québec, et un des meilleurs.

Malheureusement, Glen Beck n’est pas un vrai René Lévesque. Il est un polémiste qui vise la controverse publique. Il joue avec les mots et les sentiments de ses auditeurs. Il a un objectif et il fait tout pour amener ces derniers où il veut. Il est habile, intelligent, un manipulateur hors de l’ordinaire, sur le petit écran tous les soirs à la même heure et très suivi. Dès les premiers soubresauts du « Tea Party », il a fait sien ce mouvement et s’est lancé tête basse dans la mêlée. Ses outils : l’ardoise et la craie; sa méthode : la démagogie. Il se fait professeur, enseigne, démontre, éclaircit, décortique les discours, interprète les affirmations et les projets de lois d’Obama comme s’il était un prix Nobel. Il a l’air vrai mais il est menteur. Il a l’air renseigné, mais il est manipulateur. Il a l’air d’un professeur, mais il est irresponsable. C’est un faux pédagogue, super habile et fort convaincant. Son auditoire est montée jusqu’à 3 millions d’auditeurs chaque jour.

J’ai réalisé le tort qu’il faisait lorsque deux des mes amis américains, dans des emails, m’ont recommandé l’émission télévisée de Glen Beck. Par hasard, les deux ont utilisé le même qualificatif pour le décrire : « il est très « éducatif ». Je leur ai répondu que Beck utilisait des « arguments tout croches », mais ils ne m’ont pas cru. C’est là que j’ai compris le danger pour Obama.

Depuis et souventes fois, aux nouvelles télévisées américaines, des gens bien ordinaires sont appelés à expliquer leur position anti-Obama. Chaque fois, j’ai remarqué qu’ils utilisaient les arguments de Beck, presque mot pour mot. Ce qui est le plus étonnant, c’est que ces gens critiquent, entre autres, le programme de santé d’Obama prétextant qu’il est trop coûteux, etc., alors qu’ils en sont les premiers bénéficiaires. De toute évidence, ils ne comprennent pas ce qu’ils critiquent.

Selon le New York Times, que Beck accuse d’être vendu à Obama, il a suggéré récemment aux chrétiens de quitter leur église si elle prêche la justice sociale et économique, car, dit-il, « ce sont des mot-codes pour communisme et nazisme ». Il est super-capitaliste, antisocialiste et s’oppose à tout ce qui peut venir de la gauche. Le problème est qu’il est persuasif et que ses arguments et explications deviennent des évidences dans l’esprit de ses auditeurs.

Son implication dans la récente période électorale a été très forte. Il a réuni à Washington des centaines de milliers d’électeurs pour une manifestation anti-Obama. Il a fait la promotion constante des teapartyers. Il a invité, moussé la candidature, appuyé et mis en vedette les candidats anti-Obama. Il a développé une influence profonde et une admiration étonnante chez l’Américain moyen qui est loin de comprendre la complexité des lois qui se votent à Washington mais qui gobe facilement ses explications démagogiques et simplistes du danger (qu’il invente) de ces lois.

Le résultat, c’est que des centaines de milliers d’Américains ont voté contre Obama à cause de Glen Beck. Et cela a fait la différence. Plusieurs candidats du « Tea Party » ont été élus. Mais ce qui compte surtout, c’est que des milliers d’indépendants et de Démocrates « mous » ont été convaincus par Beck de voter contre Obama et par conséquent pour les Républicains. Ajouté au noyau dur du parti républicain, ce nouvel apport de votes a fait la différence et a permis aux Républicains d’obtenir la victoire éclatante qu’ils ont obtenue.

Si Barak Obama et le parti démocrate veulent être réélus, ils devront tenir compte des actions néfastes de polémistes comme Beck, nombreux dans les médias américains, pour contrer, de façon persuasive, les arguments simplistes et démagogiques de ces derniers, afin de pouvoir ramener vers eux un nombre suffisant d’électeurs en 2012. Ce ne sera pas facile, mais c’est possible !

Claude Dupras

Ps. Durant les deux derniers mois, l’auditoire de Beck a diminué sensiblement car il a tendance à se montrer de plus en plus comme un leader politique au lieu d’un « entertainer » et cela plait moins à l’auditeur américain. Néanmoins, son auditoire actuel demeure supérieur aux auditoires combinés de toutes les émissions politiques équivalentes des autres chaînes qui se présentent comme ses compétitrices.