lundi 30 décembre 2013

...de 2013 à 2014

L’année 2013 se termine et c’est le temps où les médias nous rappellent les évènements qui ont absorbé nos esprits durant cette période.

J’ai revu les blogues que j’ai écrit durant cette année et j’été surpris de la variété des sujets touchés : les Amérindiens, Lance Armstrong, les oléoducs et le sable bitumineux, la mairie de Montréal, la commission Charbonneau, le Québec et le Canada, un nouveau pape, Hugo Chavez et sa succession, le parti libéral du Canada, la Chine et l’Afrique, la constitution canadienne, les géants d’affaires, le génie conseil, le président français, la tragédie du Lac Mégantic, Stephen Harper, la charte des valeurs québécoises, le pont Champlain, et autres.

Voilà, à la suite, mes commentaires de fin d’année sur ces sujets.

Le monde et particulièrement l’Europe se soulèvent depuis toujours contre le Canada pour les supposés mauvais traitements que le Canada fait subir aux Amérindiens. La grève de la faim de la chef de bande Theresa Spence a fait beaucoup de bruit et a attisé ces sentiments négatifs, de façon injuste. Le Canada fait déjà beaucoup. Le PM canadien Stephen Harper qui a toujours montré beaucoup de sympathie pour les peuples autochtones, a rejeté pour des raisons de budget, dit-il, l’important Accord de Kelowna voté par le gouvernement de son prédécesseur visant à aider davantage les populations des Premières Nations. Il doit se raviser.

Le mensonge ne paie pas. Lance Armstrong l’a finalement compris. Incroyable champion cycliste, unique athlète, vénéré par les foules, il a déboulé en quelques jours et on lui a enlevé tous ses trophées, ses records et ses mérites. Il a été humilié pour avoir menti pendant des décennies. Ce fut une leçon magistrale pour tous les jeunes du monde entier.

Pour vendre son pétrole, le Canada a exprimé le désir de construire des oléoducs afin d’augmenter la capacité de livraison de la production venant des sables bitumineux afin de pouvoir en diminuer le prix de revient. S’il réussit, ce sera économiquement bon pour tous les Canadiens. De nouveaux oléoducs vers l’ouest, le sud, l’est et de là au monde ont été proposés : le XL qui traversera les USA du nord au sud est retardé par le président Obama mais les probabilités sont qu’il sera approuvé avec conditions en 2014; l’Enbridge Northern Gateway (transmontages-rocheuses), vient d’être approuvé en fin d’année par le “Joint Review Panel” qui affirme que sa construction est dans l’intérêt des Canadiens si 209 conditions sont respectées, ce que le gouvernement accepte; l’Énergie-est qui s’étendra sur 4 000 km en direction du Nouveau Brunswick semble prêt à recevoir les approbations des gouvernement provinciaux, incluant le Québec; de même pour le Montreal-Sarnia qui sera inversé pour alimenter les raffineries de l’est de Montréal. Le Canada pourra ainsi produire 6 000 000 b/jour de pétrole, en 2030, qui rapporteront $200 billions aux Canadiens.

Les Montréalaises et les Montréalais ont été bousculés par le dévoilement du niveau de corruption installé dans l’administration municipale. Le maire Gérald Tremblay a quitté son poste et le maire Applebaum a dû démissionner. Le parti Union-Montréal s’est évaporé. Après une chaude lutte à la mairie entre quatre bons candidats, Denis Coderre a été élu en début novembre. Il connait bien la politique et sait se réclamer du peuple, de ses aspirations profondes et de sa défense contre les divers torts qui lui ont été faits. Il est ce dont Montréal a besoin à ce moment de son histoire : un nouveau Camilien Houde qui sait écouter, se faire entendre, agir et se faire aimer.

Le commissaire de l'Unité Permanente anticorruption (UPAC), Robert Lafrenière a été critiqué pour n’avoir pas été favorable à la tenue d'une enquête publique sur l'industrie de la construction. Les partis d’opposition l’ont critiqué sévèrement. Je lui donnais alors raison. Depuis, la Commission Charbonneau dévoile des scandales spectaculaires, mais le gros du travail de recherches, d’écoutes électroniques et d’enquêtes a été fait par l’UPAC qui fait des arrestations. L’analyse du dossier de la ville de Laval l’a bien démontré. Le coût total de la Commission a été établi à 45 millions $ mais elle a le mérite d’être un bon « show » télévisé pour sensibiliser rapidement les Québécois à la corruption qui s’est installée. Nous comprenons maintenant le niveau de pénétration de la mafia dans les affaires municipales et le système de contributions illégales des professionnels et des entreprises aux hommes et partis politiques.

Les relations Québec-Canada ne se sont pas améliorées depuis l’élection du gouvernement du Parti Québécois. Selon ses élus, c’est toujours la faute d’Ottawa qui n’écoute pas, ne le favorise pas et œuvre volontairement contre le Québec. Le but est simple : discréditer le Canada pour favoriser la séparation du Québec. Sur plusieurs dossiers, tel le contrôle des armes, je leur donne raison mais on ne rejette pas un pays tel que le Canada sur la base de tels exemples. C’est le PM Harper et son gouvernement de droite qu’il faut blâmer, pas le système, pas l’institution.

Dès son premier « bonsoir » à la galerie centrale de St-Pierre-de-Rome, j’ai été touché par le pape François. Depuis, il n’a cessé de surprendre et d’impressionner par sa simplicité et ses sentiments réels de charité, au point que les sondages de fin d’année, dans le monde, démontrent qu’il est le pape le plus populaire de tous les temps, dépassant même le bien-aimé Jean Paul II. Quelle sagesse les cardinaux ont montrée le jour où ils l’ont élu ! J’en étais surpris, j’en suis émerveillé. Ce bon pape va changer beaucoup de choses même si nous vivons dans un monde de plus en plus matérialiste.

À sa mort, Hugo Chavez a été applaudi par les Vénézuéliens. Ils le considéraient l’« homme des pauvres » et il les charmait. La pauvreté située à 49% à son arrivée, était de 29% à son décès. Il se servit de son pétrole pour monter un front anti-influence-américaine et organiser des marchés de biens et de services inter-états du sud. Plusieurs partis de gauche furent élus dans ces pays à cause de ses actions. Son disciple et successeur, Nicola Maduro, n’a ni l’autorité ni le talent de Chavez pour diriger le pays et plusieurs observateurs entrevoient, après neuf mois de pouvoir, sa descente aux enfers. Il vient de leur répondre en remportant la majorité des élections municipales mais a perdu les grandes villes telle Caracas. Cette victoire qui vient des derniers soubresauts du Chavezisme ne règle pas les problèmes grandissants du pays qui n’a ni infrastructure de classe mondiale ni un bon système d’aide sociale pour permettre au peuple de sortir de l’abime où il se trouve. Comment croire au futur de Maduro, alors que l’opposition continue à gagner du terrain.

Le parti libéral du Canada a des problèmes depuis l’élection des conservateurs. Il comptait beaucoup sur son congrès de leadership pour se donner un nouveau chef capable de le relancer dans l’opinion publique. Justin Trudeau, fils d’un des plus importants PM que le Canada ait connus, Pierre-Elliot Trudeau, a gagné la course et depuis avril 2013 est le chef du parti. À ce jour, sa cote de popularité est forte et le parti libéral est revenu dans la course pour diriger le pays. Justin est jeune, a du charisme et est Québécois, ce qui est important électoralement car pour gagner l’élection de 2015, le parti libéral doit gagner partout au pays mais c’est le Québec qui peut lui donner le pouvoir national. Justin maintiendra-t-il son image gagnante ? Si oui, son parti revivifié ne viendra-t-il pas simplement diviser les votes opposés au PM Harper, permettant à celui-ci de se faufiler à nouveau au pouvoir ?

L’année qui se termine a confirmé la décélération de la croissance de la Chine après 30 ans à deux chiffres. Elle se contentera en 2014 de 7 à 7,5%, selon les plus pessimistes. Après avoir utilisé près de la moitié des matières premières de la planète, voilà qu’elle semble vouloir digérer et ralentir. Cette situation touchera ses fournisseurs asiatiques et autres mais heureusement pour ces derniers la reprise américaine viendra combler le trou chinois et leur permettra de se rééquilibrer par rapport au grand dragon. Par contre, la Chine après avoir accentué en 2013 sa puissance dans le monde, particulièrement en Afrique et à l’ONU, a mis en place une stratégie visionnaire et politique qui en fera une force de plus en plus redoutable. Dorénavant, pour assurer une croissance durable, elle vise à satisfaire les besoins de consommation de sa population, assainir son système bancaire et se désendetter car elle a trop vécu à crédit. L’euphorie chinoise passera à un autre stage plus pratique, certains disent plus puissant.

Deux géants d’affaires ont fait parler d’eux en 2013. Paul Desmarais et Pierre-Karl Péladeau. Le décès de Paul Desmarais nous a rappelé la grandeur de ce franco-ontarien devenu québécois. Il a été unique en son genre. Parti de rien, il est devenu un des hommes les plus riches et les plus influents du pays. Ah, si seulement le Québec avait un centaine de gars comme lui ! De con côté, Pierre-Karl Péladeau qui avait pris la succession de son père, a réorienté la stratégie de son empire et a transformé, entre autres, Videotron en une des meilleures compagnies de télécommunications au Canada. Elle compte plus de clients satisfaits que toutes les autres. Il a laissé la direction de son entreprise à un subalterne pour devenir président du CA d’Hydro-Québec. On n’a pas fini d’entendre parler de lui.

Au début de 2013, les ingénieurs avaient une très bonne réputation. À la fin de l’année, ce bon sentiment s’est évaporé au point que plusieurs jeunes hésitent maintenant à entrer à Polytechnique pour faire une carrière dans le génie. C’est malheureux, car notre pays a un grand besoin d’ingénieurs. Ça, pour une bande d’ingénieurs véreux, fonctionnaires et à leur compte, qui ont créé et participé à des systèmes mafieux et de corruption. Depuis, le nettoyage des grandes firmes de génie-conseil se fait et il est à espérer qu’elles retomberont sur leurs pieds le plus vite possible, durant la prochaine année, après avoir éliminé la crasse qui les a entachés.

Le président français, François Hollande, a de gros problèmes de popularité. Il les mérite. Après son élection en 2012, il a implanté plusieurs lois tout en imposant, pour réduire le déficit et la dette, des taxes de toutes sortes, dans tous les domaines et qui se sont additionnées à toutes les taxes existantes. Le résultat : les Français sont parmi les plus taxés du monde. Il a fait le contraire de ce qui s’est fait aux USA, au Canada et au Québec, où l’économie a repris du poil de la bête. Au lieu de taxer, Hollande n’a pas eu le courage de couper dans les dépenses afin de laisser le plus d’argent possible dans les poches des Français. Aujourd’hui, ces derniers sont appauvris, se sentent pris au piège et dénoncent leur président. Si les choses ne changent pas rapidement dans les prochains mois, Hollande ne sera que le président d’un mandat manqué.

L’impensable tragédie du Lac Mégantic a révélé le manque de contrôle du gouvernement fédéral sur les transports ferroviaires au Canada. Nous avons été témoins de la force de caractère de ces Québécois touchés par ce sinistre et de la solidarité des Québécois et des Canadiens face à cette population sinistrée et blessée. Le Canada a changé plusieurs lois depuis et devra continuer à le faire afin d’assurer à tous les villages et les villes du pays, traversés par des convois de trains, qu'ils seront le plus protégés possible.

Le PM Harper a agi pour protéger l’économie du pays mais il a aussi continué à « droitiser » le pays au point que cela devient intolérable. Le Canada que nous connaissons ne se ressemblera plus si ce chef politique continue dans le sens où il va. Il est à espérer que les partis d’oppositions le surveillent et le dénoncent au moment opportun afin que la pression publique le fasse reculer.

Enfin, il y a le projet de la charte des valeurs québécoises proposé par le gouvernement du PQ. Jamais, une loi n’a divisé autant les Québécois. Certains péquistes proposent que le ministre Drainville, le responsable de la loi, soit nommé l’homme politique de l’année. Comment un ministre qui propose une loi inutile, qui parle de laïcité et d’égalité des sexes alors qu’elles existent déjà, qui propose le non-respect des droits de la personne et de la religion, peut-il être considéré comme un bon homme politique. Il est à espérer que le prochain comité parlementaire, qui recevra les doléances et les mémoires des Québécois, soit bien organisé et que les opinions de chaque intervenant soient bien pesées et tenues en compte par les membres du comité et éventuellement par le cabinet des ministres.

L’année s’est terminée par le désordre public découlant des problèmes structurels du Pont Champlain enjambant le fleuve St-Laurent et la voie Maritime. Enfin, le gouvernement canadien, qui a réalisé il y a plus de trois ans qu’un nouveau Pont Champlain devait être construit, a proposé en fin d’année sa construction pour 2018. J’espère que le gouvernement analysera la possibilité de ne pas démolir le pont actuel mais de le réparer afin de distribuer tout le trafic sur les deux ponts : les automobilistes sur le nouveau, le transport public et le camionnage sur l’existant. Ainsi Montréal et la Rive-Sud seront bien servis pour longtemps.

De tous ces évènements, quel est l’évènement ou la personne de l’année? Le magazine TIME de New York a fixé son choix sur le pape François. C’est une bonne analyse et je suis entièrement en accord.

Bonne année 2014.

Claude Dupras

lundi 9 décembre 2013

Stephen Harper ne partira pas

Stephen Harper est premier ministre du Canada depuis 9 ans. C’est beaucoup pour un chef conservateur. Surtout durant les années que nous vivons où les politiques conservatrices ne sont pas toujours au goût de la majorité des électeurs. Depuis un certain temps, plusieurs observateurs s’amusent à prédire son départ. Qu’en est-il vraiment ?

Issu de la fusion entre les réformateurs modérés du Bas-Canada et du Haut-Canada en 1854, le Parti Conservateur (PC) devint, de 1942 à 2003, le Parti Progressiste-Conservateur (PPC) en intégrant un parti de l’Ouest. Sa politique était centriste. Puis, suite au regroupement avec le parti Alliance Canadienne (AC), en 2003, le nom redevint Parti Conservateur. Cette union n’en fut pas une d’idées mais de noms seulement et revêtait un caractère opportuniste.

Le Reform Party était un parti populiste créé par Preston Manning dans l’Ouest Canadien. Après ses insuccès lors d’élections fédérales, le Reform voyant son incapacité à gagner des appuis dans l’est du pays changea son nom pour Alliance Canadienne (AC), pensant que son impopularité n’était qu’une question de cosmétique. Suite à d’autres défaites électorales, Stephen Harper devint chef de l’Alliance. Il proposa la fusion avec le PPC du chef Peter Mackay. Plusieurs ex-ministres du PPC telle, Flora Macdonald, et des sénateurs PPC tel, Lowell Murray (il siège encore aujourd’hui comme sénateur progressiste-conservateur), s’opposèrent à cette union dont ils prévoyaient l’issue politique. Mais leurs oppositions furent renversées. Le Parti Conservateur renaquit de ses cendres et Harper le campa carrément à droite.

La conjoncture politique servit bien Harper puisque le parti libéral, alors dirigé par le PM Paul Martin, au pouvoir depuis trop longtemps, fut pris dans un scandale d’envergure nationale, « les commandites ». De plus, Harper promit de baisser la TPS (TVA) de 2%. Le bruit qui en résulta fit en sorte qu’Harper et son parti PC prirent le pouvoir. Harper obtint sa victoire grâce à l’appui de l’Ouest et de certaines régions conservatrices de l’Ontario. Le Québec ne lui donna que 10 députés sur 75.

Les Canadiens ne sont pas majoritairement de droite, si on en juge par les partis de centre ou de centre-gauche qui dirigent les gouvernements des provinces. Et cela, même en Alberta où se trouve la base nationale du PC. Les séparatistes québécois aiment affirmer que les Québécois ne sont pas semblables aux autres Canadiens qui, disent-il, sont conservateurs. Or, cela ne correspond pas à la réalité. Harper est de droite, mais la grande majorité des Canadiens ne l’est pas.

Le Canada n’est pas la France. Là-bas on vote à gauche, à droite, au centre, à l’extrême droite ou à l’extrême gauche. Les Français votent pour les politiques et non les politiciens. Par exemple, lorsqu’on est de gauche, on vote pour le candidat de gauche aux élections nationales, aux départementales, aux cantonales, aux municipales. Les Canadiennes et Canadiens, plus pragmatiques, ne décident pas ainsi de leurs votes. Ils optent pour le parti, son chef et le candidat de leur comté sur la base du programme électoral en tenant compte des problèmes de l’heure. La valeur des candidats compte. Au Québec, il y a en plus d’autres considérations puisque les agissements d’un lointain passé des conservateurs demeurent dans le subconscient des francophones, telles la pendaison du métis Louis Riel ou les deux crises de conscription obligatoire lors des guerres mondiales. Québec se souvient !

Il faut se rappeler qu’Harper a démissionné comme député réformiste pour promouvoir son programme de droite. Il espère, depuis ce temps, que la droite écrase le centre et la gauche comme ce fut le cas en Grande-Bretagne, aux USA et en Nouvelle-Zélande. C’est comme chef de l’opposition qu’il dévoila sa politique étrangère, lors du débat sur la guerre en Irak et le refus du Canada d’y participer : « Ce gouvernement nous a, pour la première fois dans notre histoire, tenu à l’écart de nos alliés britanniques et américains au moment où ils avaient besoin de nous ».

La politique étrangère du PM Harper surprend : boycottage récent de réunions aux Nations-Unis et au Commonwealth, rejet de l’accord de Kyoto déjà signé par son prédécesseur, etc. Il refuse à chaque occasion de faire la part des choses. Alors que le Canada s’est toujours rangé du côté des plus faibles et de la liberté, le Canada d’aujourd’hui appuie inconditionnellement le gouvernement d’Israël dans la lutte palestino-israélienne. Pour lui, le Canada n’est grand que s’il accepte la coalition impérialiste anglo-saxonne, qu’elle soit sous la dominance de Washington ou de Londres.

Quelle différence avec la politique du Parti Progressiste-Conservateur du PM Brian Mulroney que nous rappelle la mort récente de Nelson Mandela. À ce moment-là, le PM et son ministre des affaires étrangère Joe Clark prirent solidement position à l’ONU en faveur de la position de Nelson Mandela et des noirs sud-africains dans leur bataille contre l’apartheid et les Afrikaners, malgré les appuis des conservateurs anglais et des républicains américains aux blancs. C’est Mulroney qui convaincra Margaret Thatcher et Ronald Reagan de mettre la pédale douce et de modifier leurs points de vue. Je crois que l’on peut affirmer clairement aujourd’hui que si Harper avait été alors PM, il aurait ouvertement appuyé les Afrikaners au nom de la coalition impérialiste anglo-saxonne contre Nelson Mandela.

Harper a vertement critiqué le gouvernement Chrétien de n’avoir pas voulu joindre le Canada à la guerre d’Irak. Par contre, il a engagé le pays dans celle d’Afghanistan, sous commandement américain. Il a ainsi ramené l’identité canadienne à la case de départ en modifiant les pouvoirs du gouvernement canadien principalement : la politique étrangère, la défense et l’armée.

En politique domestique, Harper estime que le vrai problème canadien se situe entre les secteurs privé et public. Il n’aime pas le concept de l’État-providence qui, dit-il, a créé une « classe politique » qui ne fait que réclamer davantage de ressources que le secteur privé peut en fournir. La gauche veut des prêts, des subventions, de meilleures pensions, des subsides… La droite veut des réductions d’impôts. Pour Harper, cela se traduit par moins de gouvernement, donc plus de liberté.

Pour lui, l’obstacle principal est le Québec où il ne voit que étatisme, dirigisme, socialisme et « patronage ». Il s’est opposé à l’entente du Lac Meech et à l’Accord de Charlottetown parce que les deux prévoyaient une forme de statut particulier pour le Québec. Il s’est opposé à la « société distincte » car pour lui ce n’était qu’un chèque en blanc pour davantage d’étatisme. Il était et demeure partisan de la ligne dure à l’égard du Québec et refuse de céder à ce qu’il appelle « le chantage du Québec » sur ces questions.

Le PM Harper débute toujours ses discours en français et cela est apprécié par les Québécois qui comprennent néanmoins qu’il est motivé pour ce faire par des aspects politiques. Le malheur, c’est que ses actions politiques envers le Québec ne suivent pas.

Harper s’oppose à la promotion du bilinguisme au Canada. Il se justifie par le fait que le Québec soit officiellement unilingue français. Il ne tient pas compte du fait que plus de 75% des Québécois sont bilingues. Même s’il dit accepter que le français et le l’anglais ont un statut égal dans toutes les institutions du Parlement et du gouvernement du Canada, il fait tout pour contrevenir indirectement à ces lois, en nommant trop souvent, comme on a vu récemment, des « mandarins » unilingues à des postes qui requièrent la connaissance de la langue française. Même au Parti Conservateur, cette semaine, il n’a pas osé nommer un francophone comme directeur général, alors que le poste était ouvert.

Je reconnais qu’il a changé plusieurs de ses positions rigides de son temps de député. Pour lui, même s’il pense que la langue française n’est pas menacée au Québec, il accepte aujourd’hui que les provinces puissent légiférer sur la langue et la culture. Cependant, il ajoute un bémol. Leurs décisions doivent respecter la charte pour la défense des droits à la liberté d’expression et au choix de la langue.

En rapport avec la séparation du Québec, Harper n’accepte pas qu’elle puisse se faire suite à une déclaration unilatérale d’indépendance du Québec. Pour lui, la sécession requiert un amendement constitutionnel et le consentement unanime des provinces. Il affirme « si le Canada est divisible, le Québec l’est aussi » et exige une question référendaire claire. Je rappelle qu’il s’est opposé à la « Déclaration de Calgary » qui reconnaissait le « caractère unique » de la société québécoise et l’intégration de cette caractéristique dans la constitution canadienne. Il a souventes fois affirmé « qu’il ne fallait pas céder au « bluff » du Québec ».

Harper a toujours œuvré pour que les valeurs de la droite économique, sociale et religieuse deviennent les valeurs dominantes du Canada. Il calque son travail sur les expériences conservatrices de ses héros, Ronald Reagan et Margaret Thatcher. Il veut déréglementer, privatiser, baisser des impôts, réduire la dette et diminuer le rôle de l’État. Il refuse de faire des concessions économiques et sociales aux provinces. Il continue de favoriser le libéralisme économique classique et le conservatisme social. Pour lui, le véritable problème est le relativisme moral et la neutralité morale.

En bon politicien, Harper sait choisir ses batailles afin de ne pas trop diviser les rangs de son parti. Il a dévoilé sa stratégie, il y a plusieurs années : « L’important c’est d’aller dans la bonne direction, même si c’est lentement ».

Tout ça me fait conclure qu’Harper n’est pas prêt à démissionner et à risquer que les rênes du Parti Conservateur tombent dans les mains d’un successeur qui ne poursuivra pas avec persévérance la réalisation du projet de droite qu'il s'est fixé pour le Canada.

Il ne partira pas car il craint de voir détruire en un jour l’œuvre de sa vie politique, comme dirait Kipling.

Claude Dupras

mardi 3 décembre 2013

Un nouveau pont Champlain, pourquoi pas deux ?

L’annonce de la construction d’un nouveau pont Champlain reliant Montréal à la rive-sud, en enjambant le fleuve et la voie maritime du St-Laurent, est une bonne nouvelle. Le pont existant, construit il y a à peine 50 ans, sera démoli. C’est incompréhensible et scandaleux. Comment accepter qu’une œuvre de génie si importante ait été si mal conçue et bâtie. Quelles en sont les raisons et qui est responsable? Allons-nous simplement laisser passer sans savoir où a été l’erreur ? J’espère que non.

Les études de circulation actuelles du ministère du transport démontrent clairement que l’augmentation exponentielle du nombre d’automobiles a créé une congestion quasi-permanente sur le pont Champlain actuel, et les projections futures ne font qu’empirer le problème. Il est clair depuis longtemps qu’il faut un nouveau pont avec une capacité plus grande et que ce n’est pas seulement les poutres décadentes du pont actuel et les réparations qu’elles exigent qui le rendent désuet mais aussi la congestion automobile croissante qui le rend de jour en jour de plus en plus inaccessible.

Nous voulons un nouveau pont solide et efficace. Nous le voulons beau parce qu’il est l’entrée de Montréal où passent les Américains qui viennent visiter le Québec et l’est du Canada. Le gouvernement canadien a compris et c’est pourquoi, il a choisi, pour ce faire, l’architecte danois Poul Ove Jensen, 76 ans, de réputation internationale en construction de ponts. Ce dernier a été le designer, entre autres, de l’imposant pont Stonecutters à Hong Kong. Il travaillera avec le groupe d’ingénieurs britanniques en construction ARUP, 19e au monde, spécialiste de projets en Partenariat-Privé-Public. Cette firme a réalisé dans les années récentes l’autoroute A30 et le pont sur le canal Beauharnois. Je suis surpris que ces architectes et ingénieurs aient obtenu, sans soumission, le contrat de cet important projet sous le nez des firmes québécoises d’ingénierie qui comptent parmi les plus importantes du monde, dont Lavalin, 9e au monde, Genivar, 16e au monde et le groupe américain Aecom, installé à Montréal, 4e au monde.

Les seuls professionnels canadiens de construction impliqués dans le design du projet, seront les architectes de la firme montréalaise Provencher Roy, qui assistera l’architecte Jensen. Même si une très bonne équipe a été rassemblée et qu’elle a réalisé dans le passé d’importants projets, elle n’est pas la seule au monde capable de rendre de tels services. Cette méthodologie de nomination directe par le fédéral est, de nos temps, surprenante et frise l’inacceptable. Le ministre Lebel la justifie par le manque de temps, le pont devant être terminé pour 2018. Pourtant, le ministre fédéral des Transports Strahl disait en 2011 qu’il fallait remplacer le pont Champlain dans 10 ans. Qu’a fait le gouvernement depuis ? Alors que normalement on cherche à élargir la recherche de solutions possibles en mettant en compétition des bureaux d’études et d’architectes et que l’on sait que cette période est longue pourquoi n’a-t-il pas lancé alors un appel international d’offres ? Le fait que le fédéral ait « by-passé » cette étape importante fait en sorte que les architectes, ingénieurs et constructeurs québécois et canadiens n’auront pas eu l’opportunité de présenter leurs propositions et leurs équipes. Pourquoi ?

Ce qui exige beaucoup de temps dans la construction d’un nouveau pont, c’est la décision gouvernementale, le choix du projet, l’accord du public et les approbations des plans et devis par les organismes de règlements et de surveillance environnementale. Ce ne sera pas le cas pour le nouveau pont Champlain puisque nous sommes tous embarqués dans le même bateau ! On n’a pas le choix ! Tout le monde doit mettre l’épaule à la roue et l’urgence dictera la vitesse du design, des approbations et de la construction.

Quant aux difficultés techniques, elles ne sont pas extraordinaires puisqu’on connait bien le fleuve, le courant d’eau, les exigences de la canalisation du Saint-Laurent, les vents, les glaces, les propriétés du sol et les conditions climatiques et sismiques. Même si le projet est important, ce n’est pas un ouvrage de dimensions exceptionnelles qui soulève de nombreuses difficultés de réalisation, si on le compare à d’autres. La détermination du tracé sera vite faite. Les besoins des municipalités riveraines de la rive-sud sont bien connus et celles-ci seront desservies de façon satisfaisante sans qu’il y ait un fort impact sur leur milieu bâti ou projeté. Les options seront peu nombreuses. Tout ça, pour dire que les conditions locales et les contraintes connues ne seront pas des embûches aux architectes et ingénieurs pour déterminer les caractéristiques définitives du projet et leur permettre de produire rapidement les rapports et esquisses d’une proposition finale.

Le gouvernement du Canada n’est propriétaire au pays que de 5 ponts, soient le Jacques-Cartier, le Champlain, la partie fédérale de l’Honoré-Mercier, l’international de Cornwall et l’international de Sault-Ste-Marie. C’est la raison pour laquelle il défend sa décision de rendre payant le passage sur le nouveau pont Champlain, car il dit vouloir être juste envers les autres provinces qui n’ont pas de telles infrastructures. Oui, le Québec et l’Ontario ont le fleuve, mais l’Ouest a le blé qu’Ottawa finance en partie. Les maires de Montréal et de la Rive-Sud ainsi que la PM Pauline Marois ont réclamé, en unisson, un passage gratuit pour les automobilistes. Ils prétextent qu’un péage sur un pont entraînera le péage sur tous les ponts du fleuve. Je ne crois pas que cet argument soit suffisamment fort pour convaincre le PM Harper puisque le péage sur le nouveau pont de l’autoroute 125 n’a pas entraîné le péage sur tous les ponts de la rive nord. Je crains que la bataille soit perdue d’avance, mais j’encourage les élus à continuer leur campagne de persuasion du PM canadien en utilisant de nouveaux arguments, tel le blé de l’Ouest.

Quant aux estimés de coûts, le ministre Lebel a assuré qu’ils seront respectés. Cela veut dire quoi ? Sur quelle base déterminera-t-il qu’ils le seront ? Si on se fie à l’ordre de grandeur des coûts à ce jour, évalués 3 à 5 milliards, il y aura sûrement des économies car ces chiffres n’ont aucun sens et sont exagérément élevés si on les compare aux coûts de projets similaires dans le monde. Le budget qui fera partie des études préliminaires nous permettra de suivre l’évolution des coûts du projet pour nous assurer qu’ils ne dépasseront pas ceux estimés par les professionnels et acceptés par les ingénieurs du gouvernement.

Le nouveau pont Champlain est un projet d’utilité publique et sa réalisation doit être menée rondement et bien.

Qu’arrivera-t-il du vieux pont Champlain lorsque le nouveau sera ouvert à la circulation? On parle de le démolir. Est-ce une bonne solution ? Nous savons tous que le problème du pont actuel vient des poutres qui sont appuyées sur les piliers profondément ancrés dans le sol du fleuve. Il semble que les piliers soient bon, tout comme la superstructure d’acier au-dessus de la voie maritime. En réalité, si toutes les poutres étaient remplacées, le pont Champlain réparé pourrait être utilisé encore de nombreuses années. Évidemment, si on exécute de tels travaux, le pont sera fermé à la circulation durant une année ou deux. Ce qui est impensable et inacceptable si on n’a pas un nouveau pont. De plus, la capacité-automobile du pont réparé sera toujours insuffisante et le problème de la congestion croissante ne serait pas réglé.

Selon ce qu’on nous dit, le nouveau pont règlera tous les problèmes de circulation pour tous les automobilistes, les camionneurs, le transport en commun. Elle sera fluide. Il sera plus gros, aura plus de voies de circulation dans les deux sens, des voies réservées aux autobus, au covoiturage, une ligne de train léger sur rails dans les deux sens. Tout ça en fera un pont qui coûtera cher.

Mais si on faisait deux ponts. Un pour les automobilistes. Un autre pour le transport en commun, les camions et le métro. Et cela en réparant le pont actuel. Voici un scénario imaginable : On maintient le pont actuel en bonne condition pour la circulation. On bâtit un nouveau pont Champlain plus petit que celui imaginé par le gouvernement et qui sera dédié éventuellement exclusivement aux automobilistes. Une fois terminé et ouvert à la circulation, on ferme le pont existant et on entreprend de le transformer rapidement en un pont dédié éventuellement exclusivement aux autobus, au camionnage et au métro. En remplaçant toutes les poutres et le tablier actuel par de nouveaux éléments qui tiennent compte de la nouvelle utilisation, il deviendra moins large, moins lourd et pourra être assis sur les piliers existants capables de tenir beaucoup plus de poids. Cette transformation pourrait se faire en moins d’un an puisque tout pourra être fabriqué et préparé pour installation pendant la période de construction du nouveau pont.

Je me rappelle le pont Champlain à ses débuts lors de l’expo 67. On y circulait facilement, rapidement. Même le péage manuel ne nous ralentissait pas vraiment. Cinquante ans plus tard, on voit le résultat du « boom » qui a éclaté depuis. Il y a des autos partout. On ne cesse de moderniser les autoroutes, bâtir des ronds points géants, etc.. La Rive sud a explosé. Brossard, Candiac, Laprairie et toutes les autres villes et villages autour ont été développés et on y trouve une quantité inimaginable, depuis quelques années, de maisons de grande qualité, d’édifices à condos, de centres commerciaux, et ça n’arrête pas. On peine même à s’y retrouver. Si le nouveau pont Champlain doit durer 100 ans, comme dit le ministre, que seront la Rive sud et Montréal dans 25, 50 et même 100 ans. Aujourd’hui, par exemple, à Montréal se construisent au moins quatre tours de 40 à 50 étages pour condos au centre-ville. Montréal explose dans toutes les directions.

Il me semble clair qu’ajouter une ou deux voies dans les deux directions pour le pont Champlain ne sera pas suffisant dans 50 ans et encore moins dans 100 ans. La population de la Rive-sud croîtra exceptionnellement rapidement à cause de toutes les familles qui s’y installent.

Un éventuel métro rapide, souterrain et en surface, pourrait permettre aux gens de ce grand territoire d’y circuler rapidement et aussi d’entrer à Montréal. Le métro de Montréal et celui de la Rive-sud pourraient être reliés et le passage serait sur le vieux pont Champlain rénové. Dans un premier temps, une première station reliée au métro de Montréal pourrait être installée à Brossard. Et si on se fie à ce que l’on constate à la station-Longueuil, on comprendra qu’une station-Brossard deviendra très populaire et qu’elle éliminera un très grand nombre d’autos sur le pont nouveau.

Depuis ma jeunesse, j’ai été témoin du développement de Montréal et de ses couronnes nord et sud et c’est pourquoi je pense que le design du nouveau pont Champlain doit tenir compte des études de l’évolution démographique de la région montréalaise et des services à rendre aux citoyens et citoyennes dans le futur.


Claude Dupras

mardi 26 novembre 2013

"The Big Picture"

Il n’est pas facile de nos jours d’être un chef politique. L’opinion publique, façonnée par des informations qui arrivent de directions opposées et souventes fois contradictoires, devient difficilement manipulable. L’électeur a appris à décortiquer tout ce qu’il entend et à faire la part des choses.

On le voit bien en France où le président François Hollande, aux prises avec une crise financière qui touche l’Europe et particulièrement son pays, voit son taux de satisfaction plonger spectaculairement à 20%. Il a promis la croissance mais a empilé un tas de taxes sur la tête de ses compatriotes, qui freinent le développement de l’économie. Malgré tous les beaux discours, les Français y voient clair et le disent.

Il en est de même pour Barack Obama face au problème informatique majeur qui menace la réalisation de l’Obamacare, l’assurance-santé pour tous. L’importance de ce programme, le long débat qu’il a suscité sur des années et les hautes attentes qu’il a générées ont fait en sorte que cet accroc a miné la confiance des Américains envers leur président. Lorsque les républicains l’accusaient de tous les péchés de la terre, Obama demeurait populaire mais suite à la déception que cause la mise en marche de l’Obamacare, sa cote positive s’est évaporée de 51% à 40%.

Au Canada, le PM Harper, souffrant du manque d’appui légendaire du parti conservateur au Québec, a décidé de viser les comtés hors-Québec pour maintenir sa majorité. Contrairement au PM John Diefenbaker, qui avait su rallier les Québécois et faire élire 50 députés, Harper prend sciemment des positions qui sont impopulaires au Québec pour gagner ailleurs au pays. Une approche clairement anti-unité canadienne. C’était sa stratégie! Mais hier, les Canadiens ont jugé cette mesquinerie politique lors de l’élection partielle dans quatre comtés. Partout, le vote conservateur a fondu.

Au Québec, le sondage du CROP du 20 novembre dernier, indique que s’il y avait eu une élection précipitée au Québec, comme le laissait croire la rumeur, le parti libéral serait revenu au pouvoir avec 63 députés contre 45 pour le PQ. Le gouvernement du parti québécois n’est pas arrivé à gagner en popularité malgré ses nombreuses annonces, à saveur électorale, de projets et d’octrois nouveaux et sa proposition de la charte des « valeurs québécoises ». Au contraire, il a reculé.

Les séparatistes québécois ont cherché à lier le chef libéral Philippe Couillard au scandale de la construction du méga-hôpital McGill. Ils l’ont accusé d’avoir mal géré la supposée rébellion de sa député musulmane Fatima Houda-Pépin; d’avoir été traître aux siens, dont l’empire Desmarais, en appuyant la légitimité de la Loi 99 traitant de l’exercice des droits fondamentaux et des prérogatives du peuple québécois et de l’État du Québec; d’être lié à certains ex-députés libéraux de Jean Charest qui « seraient » dans la mire de la commission d’enquête Charbonneau; d’avoir cautionné des mutilations barbares en application de la charia en Arabie Saoudite alors qu’il y travaillait comme conseiller de l’État en médecine; et encore. Faute d’arguments sérieux, ils ont utilisé malicieusement la méthode de « coupable par association sans preuves concrètes ». De la pure invention !

Le résultat du sondage montre bien que les insinuations trompeuses contre Philippe Couillard ne l’ont pas atteint et cela malgré l’omniprésence des médias qui rapportent 24h/24 tout ce qui se dit par et envers la classe politique. En réalité, ce résultat démontre les faiblesses politiques du PM Pauline Marois et du PQ, puisque leur message ne passe pas. J’ai affirmé, dans mes blogs précédents, mon appréciation positive du travail de Pauline Marois. Son problème est le boulet au pied qu’elle traine : la séparation du Québec du Canada.

Ce que les séparatistes refusent de reconnaître, c’est que Philippe Couillard est un homme compétent, cultivé, brillant et a été un bon ministre de la santé. Racé, il sait parler et expliquer ses politiques. Mais surtout, il ne se vautre pas dans de la petite politique et parle franchement aux Québécoises et Québécois.

Oui, il est fédéraliste et il l’affirme hautement car il y voit le meilleur intérêt des Québécois. Oui, il signera l’accord de 1982 pour assurer la pleine participation du Québec dans le Canada. Oui, il est contre l’inutile charte des « valeurs ». Oui, il respecte la laïcité de l’État. Oui, il respecte le droit de religion pour tous. Oui, il respecte les libertés individuelles. Oui, comme tout le monde, il fait des erreurs et le reconnaît, et encore… Ce sont de telles positions claires, nettes et réalistes qui frappent l’imagination et qui rejoignent les gens de chez nous. Pour lui, c’est le « Big Picture » qui compte ! Ce l’est aussi pour les Québécois! Le dernier sondage l’indique à nouveau, et ça c’est sain !

En France, aux USA, au Canada, au Québec et dans les provinces canadiennes, les électeurs ont réagi de façon identique. Ce ne sont pas les beaux discours, les promesses, les accusations non fondées, les insinuations mensongères contre l’adversaire qui les ont influencés. Ce qui compte pour eux, c’est le « Big Picture » qu’est l’intérêt supérieur de la nation. Bravo !

Claude Dupras

jeudi 14 novembre 2013

Quand Pauline Marois charrie !

La première ministre du Québec Pauline Marois a fait un discours retentissant à la clôture du dernier congrès du parti Québécois qui prône la séparation du Québec du Canada.

Elle a dit « nous aimons tellement les gens qui y vivent, que nous caressons pour eux un très grand rêve. Nous voulons que le Québec soit un pays libre et indépendant ! ». C’est son rêve, je la comprends. Mais beaucoup de Québécois aiment leur Québec sans qu’il soit nécessaire de briser le Canada, le pays de leurs ancêtres.

Elle a continué « si le Québec était un pays, il serait le 18e plus grand du monde… riche en ressources et d’une population parmi les plus scolarisées et les plus créatives du monde ». Mais notre pays le Canada est le 2e plus grand au monde et sa population a toutes ces qualités.

Elle a ajouté en comparant le Québec d’aujourd’hui avec celui de 1995: « Le poids de notre dette est moins élevé. Notre cote de crédit s’est améliorée. Notre solde budgétaire également. Les Québécois sont individuellement plus riches. La pauvreté a reculé aussi. Jamais le Québec n’a compté aussi peu de familles sans emploi ou vivant de l’aide sociale ». Mais c’est la même chose partout au Canada pour chaque Canadien. Elle omet de dire que cela s’est concrétisé alors que le Québec faisait partie du Canada et que Jean Charest était PM du Québec pendant 10 ans. Plusieurs provinces « pauvres » sont devenues des provinces « riches » durant ce temps comme le souligne le système de la péréquation. Elle omet les données de l’OCDE qui estime qu’un Québec indépendant serait le cinquième pays le plus endetté au monde, alors que le Canada est le 14e..

Elle a affirmé : « Si le Québec était un pays, il serait au 19 e rang de l’OCDE au chapitre du produit intérieur brut par habitant ». Actuellement, le Canada est au 9e rang.

Elle a rajouté: « Nous serions 9e quant à la proportion de notre population qui occupe un emploi ». Le Canada est 2e.

Elle a déclaré : « Je suis convaincue que le Québec aurait pas mal plus de moyens s’il était indépendant. Quand Ottawa investit 10 milliards pour l’industrie de l’auto, il y a 2 milliards qui viennent du Québec. Quand Ottawa donne des contrats de 25 milliards pour la construction de navires à Halifax, 5 milliards viennent de chez nous ». Du même souffle, elle refuse de reconnaître les centaines de millions en sous-contrats accordés à des entreprises Québécoises pour ces projets. De plus, elle ne cite pas les projets fédéraux au Québec, comme le sera celui du nouveau pont Champlain estimé à un coût de 3 milliards $ par Ottawa, duquel 2,4 milliards viendront des autres provinces et les centaines de milliards pour les projets passés et nouveaux d’infrastructures où 80% de ces fonds sont venus et continueront de venir des autres provinces. Et les décisions fédérales qui favorisent le Québec comme la concentration de l’industrie de l’avionnerie à Montréal qui crée plus de 70 000 emplois, pourquoi ne les souligne-t-elle pas ? On peut poser la question, si le Québec est indépendant, le domaine de l’avionnerie demeura-t-il à Montréal ?

Elle a lancé : « … de rester dans le Canada est risqué. C’est risqué d’être soumis aux décisions d’Ottawa. C’est risqué de demeurer dans un pays qui évolue dans une direction opposée à la nôtre ». Pourtant, le passé n’indique pas cela. Certes, le Québec et d’autres provinces ne sont pas toujours en accord avec Ottawa. On a vu dans le passé des luttes mémorables entre les PM Duplessis, Lesage, Johnson, Lévesque et Parizeau et le PM canadien sur des sujets de taxation et des sujets constitutionnels. Le Québec a gagné plusieurs de ces débats importants.

La « direction opposée » dont parle Pauline Marois a rapport avec les politiques du gouvernement du PM Stephen Harper sur la question de l’environnement, des armes à feu, des peines de prisons trop sévères, des valeurs immobilières, de l’assurance-emploi, etc… Je lui donne raison sur plusieurs de ces points, malgré que je sois sympathique à la couleur du parti d’Harper. Je ne partage absolument pas plusieurs des opinions et des positions politiques conservatrices de ce dernier. Mais, on ne jette pas un pays à terre à cause d’un gouvernement qui occupe momentanément le pouvoir.

Les Québécois ont à leur crédit une grosse part du mérite de ce qu’est le Canada d’aujourd’hui. Des chefs de notre milieu : Lafontaine, Cartier, Laurier, Saint-Laurent, Trudeau, Mulroney, Chrétien, Martin se sont avérés des leaders exceptionnels qui ont bien dirigé notre pays pour en faire aujourd’hui un modèle sur la scène mondiale. Que le PQ ne cherche pas à nous faire croire avec un discours teinté de négativisme et d’arguments de croques-mitaines, qu’il y va de notre intérêt de casser ce beau pays bâti par des gens de chez nous.

Tous les Québécois élus de tous les partis politiques des deux niveaux du gouvernement, défendent le Québec. Pas de la même façon, c’est évident. Pauline Marois s’est ridiculisée en affirmant qu’« il n’y a que le Parti Québécois qui défend les intérêts du Québec ». Qu’elle continue à travailler avec les autres partis et ses collègues des autres provinces, et elle verra qu’elle peut défendre positivement nos prérogatives.

Elle veut un système de transport léger sur rail sur le pont Champlain. Elle l’obtiendra si elle adopte l’attitude de convaincre au lieu de blâmer. Elle profite de l’indignation de plusieurs qui s’élèvent contre un possible péage sur le pont Champlain pour critiquer encore le fédéral. C’est de la petite politique. Pourquoi n’a-t-elle rien dit lorsque le péage a été imposé sur le pont de la 125 au nord de Montréal. Le seul sur la rive nord.

« Depuis la confédération, combien de temps avons-nous perdu en rondes constitutionnelles, en rencontres fédérales-provinciales, en réunions de fonctionnaires ? » s’est-elle exclamée ! N’est-ce pas une chose normale dans un grand pays comme le Canada ? Les autres pays de l’Occident sont aussi maintes fois engagés dans des débats interminables. Le résultat de toutes ces rondes et réunions a fait du Canada un des pays les plus enviés de la planète. « Si on choisit d’en finir avec la chicane et de nous tourner vers l’avenir, il n’y a aura plus de conflits entre le Canada et le Québec ». Pour elle « en finir » veut dire « séparation ». Si elle pensait coopération au lieu de renonciation et montrait un peu de loyauté au Canada, ce serait peut être mieux pour tout le monde.

Elle veut « en finir avec le multiculturalisme et de choisir le « mieux-vivre-ensemble ». Des mots vides qui ne veulent rien dire et qui ne correspondent pas à la réalité. Le Québec moderne est multiculturel. Depuis plus de cent ans des vagues d’immigrés de toutes races et religions se sont succédées : irlandais, écossais, grecs, italiens, juifs, polonais, lithuaniens, arabes, haïtiens, asiatiques, tamuls, etc… et cela ne s’arrête pas. Nous sommes un pays riche et les pauvres y voient une possibilité pour assurer le bien-être de leur famille. En grande partie tous ces néo-québécois parlent de plus en plus français. Notre défi est d’accueillir et d’intégrer tous ces gens dans notre culture et de montrer suffisamment de créativité pour qu’ensemble nous puissions bâtir notre économie. C’est manquer d’audace et de réalisme que de nier cela.

Un vrai gouvernement québécois doit se dédier à réaliser ces défis importants. Ainsi, nous serons plus fiers de notre coin du monde où la liberté, le respect et la qualité de vie seront au rendez-vous pour tous.

Claude Dupras

dimanche 10 novembre 2013

De vrais partis politiques municipaux au Québec

Le gouvernement de Pauline Marois veut changer le mode de financement des campagnes électorales municipales au Québec. Il y voit là un moyen pour réduire la corruption et réformer les mœurs électorales.

À cette fin, le ministre des Affaires Municipales vient de déposer en chambre un projet transitoire pour corriger, à court terme, cette situation. Un projet de loi permanent viendra plus tard après des consultations sur tous les aspects de cette question. Il propose, dans un premier temps, de diminuer les contributions maximale, d’un électeur aux partis municipaux, de 300 $ à 100 $ durant les années non-électorales et à 200 $ lors de l’année de l’élection. Et, pour compenser la diminution de revenus des partis, il déterminera un financement public à leur être verser, qui devra être payé par les villes, sur une base annuelle.

Si on se rapporte à la dernière élection municipale, il n’y avait qu’un parti municipal sur les rangs, celui de Projet Montréal. Le parti Vision Montréal, endetté jusqu’au cou, a fait une alliance avec l’homme d’affaires Marcel Côté et ils ont créé une équipe du nom de Coalition Montréal. L’équipe de Denis Coderre n’était pas un parti mais un regroupement d’individus dont d’ex-conseillers d’Union-Montréal. Celle de Mélanie Joly était incomplète et composée de nouveaux candidats et candidates.

Le gouvernement devra définir clairement ce qu’est un vrai parti politique. À mon avis, un parti devra avoir une constitution, des membres avec cartes, un conseil d’administration élu par les membres, un président, une commission politique, un bureau de recherches, et autres comités. Il devra tenir des réunions sur une base régulière, une assemblée générale annuelle des membres pour choisir démocratiquement les dirigeants et voter sur les politiques proposées, etc… en somme tout ce que requiert une vraie structure démocratique d’un parti sérieux afin de mériter d’être financé par la ville. Il ne s’agit pas, de toute évidence, d’un parti comme celui du maire déchu de Laval, le PRO des Lavallois.

Qu’arrivera-t-il des autres candidats qui veulent se présenter en équipe ou comme indépendants. Entre les élections, ils ne pourront recevoir de contributions de la ville. Cela les motivera peut-être à joindre un des partis municipaux ou à en créer un nouveau. Une bonne chose. Par contre, chaque conseiller indépendant devrait avoir accès au budget de recherches et tous les conseillers devraient avoir droit à un budget de soutien (informatique…).

« Projet Montréal » est le seul vrai parti politique démocratique de la métropole. Son fondateur et chef, Richard Bergeron quittera son poste suite à une troisième défaite à la mairie. Cette nouvelle m’attriste car je la trouve injuste. Voilà un urbaniste qui aime Montréal et qui a bâti un parti politique sérieux avec une constitution, des membres-militants, un programme politique défini par ses membres et qui prend de plus en plus racine dans le territoire de la ville. Il a doublé le nombre de ses élus et est devenu le parti de l’opposition au conseil de ville. Il a les idées, les membres mais n’a pas pu éviter les images et les illusions créées par ses adversaires qui offraient, en réalité, beaucoup moins que lui.

Je ne partage pas l’argument du maire Coderre qui affirme que la présence de partis politiques dans la vie municipale de Montréal n’est pas justifiée puisque la ville n’est pas un corps législatif mais simplement une administration. Le gouvernement municipal sert tous les gens de la ville. Il se doit d’être près d’eux et comprendre leurs préoccupations. Il est important que leurs doléances, leurs avis et leurs suggestions soient entendus. Et cela, non seulement en période électorale, mais à l’année longue. Un administrateur doit bien connaître les problèmes et les opinions de ses administrés !

La dernière élection a démontré que les Montréalais ne se sentent pas impliqués dans les affaires de leur ville puisque seulement 40% des électeurs éligibles se sont présentés aux bureaux du scrutin. Et cela malgré un battage médiatique sans pareil qui a fait en sorte que les candidats ont eu une présence presque constante sur les ondes de nos appareils électroniques et dans les médias sociaux. Il est temps que ça change !

Seuls des partis politiques bien organisés, constamment présents dans la vie municipale, peuvent motiver les citoyens à se joindre à eux comme membres ou à participer à leurs séances publiques visant à informer et écouter les citoyens qui y sont invités. Si Projet Montréal l’a fait, d’autres peuvent le faire.

Voilà, pourquoi j’aime l’idée du ministre des Affaires Municipales de vouloir financer les partis politiques municipaux. L’« Union des Municipalités du Québec » s’y oppose et cela se comprend car la très grande majorité de ses dirigeants ne sont pas membres de vrais partis politiques municipaux. Ils craignent que la nouvelle loi favorise la création de partis à cause du financement disponible. Si c’est cela, tant mieux, car ce qui compte c’est la présence de ces partis politiques municipaux dans chacune des municipalités du Québec. Ils deviendront des outils de la démocratie municipale et le résultat sera une participation plus grande des Québécois dans les affaires de leurs villes ou villages.

À Montréal, cela se traduira par une sensibilité accrue des Montréalais et Montréalaises envers les besoins de leurs concitoyens et l’administration de leur ville. Ce ne sera pas un luxe !

Claude Dupras

samedi 2 novembre 2013

Non à Union-Montréal: une bouffée d'air frais !

La campagne électorale pour l’élection municipale de Montréal du 3 novembre arrive à sa fin. Nous avons eu droit à une longue compétition chaudement disputée par quatre bons candidats. Denis Coderre, Mélanie Joly, Richard Bergeron et Marcel Côté ont fait du bon travail et méritent reconnaissance. Dans l’atmosphère malsaine de corruption qui a enveloppé l’administration montréalaise durant les derniers mandats, il faut reconnaître que ce ne fut pas facile pour eux.

Maintenant, c’est à chaque électeur montréalais de réfléchir à tout ce qu’il a entendu, de peser et soupeser chaque argument, chaque situation et d’évaluer chacun des candidats face à la tâche de maire de Montréal. En ce moment particulier de la vie de Montréal, tous les votes revêtent un caractère d’importance capitale. J’espère qu’un pourcentage-record de Montréalaises et Montréalais iront aux bureaux du scrutin pour bien exprimer leur opinion. Allez, tout le monde aux urnes… Montréal crie au secours !

Ils doivent aussi voter pour les conseillers municipaux. Normalement, en politique municipale, une majorité d’électeurs choisit les conseillers membres de l’équipe de leur candidat préféré à la mairie. Rarement, un conseiller est élu grâce à ses propres mérites mais, presque toujours, à cause de la popularité du chef de son équipe. C’était comme cela du temps des maires Drapeau, Bourque et Tremblay, mais dimanche prochain, il devient primordial que ce soit différent.

La Commission Charbonneau nous a démontré que le parti Union-Montréal a implanté à Montréal un régime de corruption sans pareil, de la tête jusqu’aux petits fonctionnaires. Il a ramassé pour sa caisse électorale des sommes faramineuses de façon illégale. Il a fait grimper honteusement les coûts aux contribuables. Le maire a dû démissionner suite aux incroyables révélations du patronage éhonté, de tricheries, de vol…, et j’en passe, exercés par les principaux dirigeants de son parti qui font face aujourd’hui aux tribunaux de justice.

À mon avis, on ne peut voter pour les conseillers sortant-de-charge issus du parti Union-Montréal passé. Plus d’une vingtaine font partie de l’équipe Denis Coderre et huit autres de celle de Marcel Côté. Ils doivent être tous rejetés. Ils se disent « blanc comme neige » et « accusés par association ». Mais ils veulent nous faire oublier que l’argent sale de leur ancien parti a été utilisé lors d’élections passées pour les faire élire et réélire. Les 23 mai 2013, j’écrivais dans mon blog « que plusieurs conseillers municipaux sortant-de-charge s’allient avec le favori des sondages. Non pas pour des raisons politiques importantes mais simplement pour protéger leur avenir personnel, leur revenu et leur pension future ».

Ces ex-conseillers d’Union-Montréal ont fait leur temps. Qu’ils décampent avec leurs sous pour laisser la place à de nouveaux venus capables de bien diriger Montréal ! Notre belle ville a besoin d’une vraie grande bouffée d’air frais !

Claude Dupras

Ps. Ce blog n’est pas un plaidoyer anti-Denis Coderre ni anti-Marcel Côté. Ni un plaidoyer en faveur de l’un de leurs adversaires. Je ne leur en tiens pas rigueur d’avoir accepté l’appui des ex-conseillers d’Union-Montréal. Ce sont deux individus que je connais et j’ai la conviction que si un ou l’autre est élu qu’il deviendra un très bon maire pour Montréal.

samedi 19 octobre 2013

L'accord de libre-échange Canada - Union Européenne, un espoir sérieux

Encore récemment, il me semblait improbable que le premier ministre canadien Stephen Harper réussisse à négocier une entente de libre-échange avec l’Union Européenne. Et, surtout, avant les USA. J’ai suivi l’évolution des négociations de ce dossier depuis quelques années.

Malgré ma sympathie politique passée pour son parti, j’ai perdu confiance dans le leadership du PM Harper. Trop de ses décisions allaient à l’encontre de l’opinion majoritaire des Québécois et je les ai dénoncées souventes fois dans mon blog. Son reniement de l’accord de Kyoto est le principal exemple.

Mais aujourd’hui, il faut être correct, féliciter le premier ministre et lui crier BRAVO. Il a réussi, après plus de quatre années de négociations difficiles, à s’entendre en principe avec les dirigeants de l’Union Européenne sur un pacte de libre échange Canada-Europe. Le document est signé ! Harper a raison d’en être fier.

Évidemment ce n’est pas encore un fait accompli puisque les provinces et les territoires canadiens doivent maintenant l’approuver tout comme les 28 membres de l’Union Européenne. Le gouvernement du Québec a été le premier à confirmer son accord de principe sur le texte préliminaire. Le document final ne sera connu que plus tard, suite aux vérifications légales et aux nombreuses traductions dans les diverses langues européennes. Cela démontre que quelque soit le parti au pouvoir à Québec, l’économie demeure une priorité qui n’a pas de couleurs. L’approche positive de Pauline Marois mérite d’être soulignée.

Cet accord de libre-échange donnera aux entreprises canadiennes et québécoises un accès préférentiel aux 500 millions de consommateurs européens qui dépensent annuellement plus de 17 trillions $. Au minimum, 80 000 nouveaux emplois en découleront. Le PIB grimpera de 12 milliards$. Le commerce entre les deux parties augmentera de 22 %. En plus, les coûts de produits pour les consommateurs diminueront appréciablement.

On ne connaîtra que plus tard les réels perdants ou gagnants de l’application de l’accord. Aujourd’hui, les journalistes spécialisés, les observateurs avertis et les groupes d’intérêts qui estiment être touchés positivement ou négativement par le contenu de l’accord, nous en donnent un aperçu.

Ainsi, à cause de l’élimination de tarifs douaniers, les Canadiens paieront moins cher, pour les produits de consommation venant d’Europe, comme pour les vêtements, les parfums, les produits domestiques. Ce sera aussi positif pour nos manufacturiers d’automobiles puisqu’on estime qu’ils exporteront 90 000 autos de plus par an. Quant aux producteurs canadiens de viande, ils vendront plus de bœuf, de porc et de bison.

Par contre, certaines entreprises canadiennes et particulièrement québécoises seront concurrencées fortement, tels les producteurs laitiers, les fromagers et autres. Mais dans ces cas, qui soulèvent beaucoup de bruits anti-accord, ce sont les consommateurs qui en profiteront. Par exemple, le fromage qui se vend à des prix très élevés au Québec devra faire place aux excellents fromages français et autres qui apparaîtront dans les épiceries à des prix fortement inférieurs.

Quant aux fromagers canadiens, de hauts fonctionnaires affirment qu’ils seront financièrement compensés pour les effets négatifs sur leurs affaires. Cela pourrait être l’équivalent des subventions que les pays d’Europe accordent actuellement aux producteurs laitiers, fournisseurs des producteurs de fromage.

Les tarifs pour les produits d’agriculture seront fortement diminués, rendant notre blé et nos huiles plus accessibles.

Pour les projets de construction, le marché deviendra ouvert, au Canada comme en Europe, à tous les entrepreneurs canadiens et européens pour des projets excédant 7,8 millions de $, assurant ainsi une plus saine concurrence.

Quant aux achats de matériel, de services d’architecture, d’ingénierie ou autres, ils deviendront accessibles à toutes les entreprises pour des montants excédents certains minima. Cela diminuera les dépenses des corps publics.

Pour les produits de nos forêts, les tarifs diminués rendront plus disponibles notre bois, notre pulpe de bois, notre papier journal.

Pour les produits de la mer, l’obligation que le conditionnement des produits exportés soit fait à Terre-Neuve sera levée et des réductions de tarifs seront appliquées sur les poissons, les produits dérivés de la mer, les crevettes, le homard et les coquilles-St-Jacques rendant le tout plus accessible.

La protection de la propriété intellectuelle est aussi au cœur de l’accord et cela à la demande des Européens. Ces derniers veulent augmenter la durée des brevets de 20 à 22 ans. Ceci affectera à la hausse les prix des produits pharmaceutiques et retardera l’accès aux produits génériques moins chers. Le gouvernement canadien qui a dû faire cette concession propose de compenser les provinces pour les augmentations de coûts. Mais cela ne prendra effet que huit ans après la signature.

Les investisseurs de tous les pays signataires seront traités équitablement et de la même façon que les investisseurs locaux le sont par leurs gouvernements. Des compensations pour des actes, comme l’expropriation illégale d’un investissement par un pays, seront disponibles. L’arbitration de conflits est prévue. L’acquisition d’une entreprise canadienne de moins 1,5 milliards ne nécessitera pas l’intervention d’Investissement-Canada.

Les tarifs douaniers seront éliminés sur les produits manufacturés pour l’aérospatiale, les chemins de fer, la machinerie, les produits électriques et les équipements. De même sur l’aluminium, le nickel, le fer, l’acier… et les télécommunications. Tout cela débouche sur des produits moins chers, des ventes accrues et des emplois additionnels.

Pour assurer la protection de l’environnement, les signataires ont accepté de respecter les lois environnementales sans aucune concession pouvant favoriser les échanges commerciaux ou attirer des investissements nouveaux. C’est à se demander ce qui arrivera aux sables bitumineux !

Pour faciliter les échanges, l’accord prévoit une rationalisation de la réglementation et une diminution des lourdeurs administratives. Un rêve diront plusieurs. Peut-être !

Lorsque nous constatons tous les bienfaits que retireront les consommateurs canadiens de l’accord de libre-échange Canada-Union Européenne, on comprend mieux, maintenant, le nouveau programme politique du Parti Conservateur du Canada « une nouvelle ère pour les consommateurs et les entreprises » présenté par le premier ministre Stephen Harper dans le récent discours inaugural de la nouvelle session parlementaire. C’est la première fois que le PC investit son « capital politique » dans une politique nouvelle, d’envergure et peut être risquée. Un coup de dés ? Non, je ne crois pas car le tout est bien préparé.

Tenant compte des accords existants de libre-échange du Canada avec les USA et le Mexique (Aléna), le Chili, la Colombie, le Costa Rica, l’Honduras, Israël, la Jordanie et le Panama auxquels s’ajoutent maintenant celui avec l’Union Européenne, notre pays devient de plus en plus un partenaire économique sérieux avec les grandes nations du monde. Et ce n’est pas fini, puisqu’il négocie actuellement de tels accords avec 12 autres pays dont l’Inde, le Japon, l’Ukraine, la Corée du sud, le groupe trans-pacifique, etc… Tout cela fait du Canada un pays d’investissement, de compétence et de saine concurrence. Ce qui en découle sont les nouveaux emplois, les opportunités, l’accès au monde dont bénéficient ses citoyens et un avenir plus que prometteur pour ses jeunes. Ce ne sont pas seulement des mots… mais des faits.

Claude Dupras

samedi 12 octobre 2013

La Charte Islamique du Nouveau Monde

J’entretiens, depuis un certain temps, un dialogue politique sur les évènements du jour avec un ami internet, Antoine Théorêt, qui dans sa tendre jeunesse était Verdunois, comme moi. Nous sommes donc issus du même milieu. Il a eu une carrière exceptionnelle de scientiste.

Depuis un mois, nos échanges portent sur la charte des « valeurs québécoises », pour laquelle nous ne partageons pas tout-à-fait la même opinion.

Dans mon dernier message, je lui posais la question suivante : « Tu parles de liberté de la majorité. N’est-elle possible que s’il n’y a pas d’entrave à la liberté individuelle ? ». Voici son intéressante réponse que je publie dans l’espace de mon blog. Je vous invite à la commenter. Merci.

Claude Dupras

La Charte islamique du Nouveau Monde !

Le sujet des droits individuels versus les droits collectifs est complexe dans un pays de multiculturalisme. Malgré la multitude des points de vue, je suis convaincu que dans une discussion franche et sereine nous trouverions rapidement, en gens raisonnables que je crois que nous sommes, plus de points de convergence que de divergence sur la question de la charte des « valeurs québécoises ». Je vous soumets donc sommairement avec tous les risques que cela comporte mes réflexions sachant que vous y apporterez toutes les nuances requises compte tenu des raccourcis que j’emprunte pour présenter mon opinion sur un sujet délicat qui soulève toutes les passions.

La longue histoire des relations entre le monde chrétien et le monde islamique a toujours été dans l’ensemble trouble et difficile. Aujourd’hui, dans la grande majorité des pays chrétiens, les religions ont conservé leur influence morale mais perdu leur influence politique au nom du principe de la laïcité de l’état tandis que dans la plupart des pays islamiques, il est difficile de dissocier politique, culture et religion.

Or, l’Islam projette à tort ou à raison une image de violence et d’intolérance sans doute à cause de la voix dominante de ses éléments extrémistes, fondamentalistes et fanatiques; leur prosélytisme religieux jette un malaise certain dans nos sociétés occidentales avec leurs valeurs de charia, de lapidation, d’amputation, de tous ces signes de soumission de la femme, de crimes d’honneur, d’attentats suicides, de réseaux terroristes…

Je suis convaincu que les peuples islamiques sont honorables et pacifiques mais qu’ils ont hérité de conditions de vie économiques et politiques très difficiles dont nous sommes en partis responsables en raison de nos interventions colonialistes. Les gens ne viennent pas au monde violents. La violence provient de l’environnement dans lequel les gens évoluent et nait le plus souvent du désespoir, de l’injustice, du sentiment profond d’exclusion. Les pays islamiques vivent depuis des générations dans la tourmente des révolutions et des guerres civiles, religieuses et d’interventions étrangères; l’injustice appelle l’injustice, la violence répond à la violence.

Lorsque je lis ou regarde, soir après soir, des reportages sur la Syrie, l’Irak, l’Égypte, la Palestine…. je suis profondément choqué et sympathise sincèrement avec toutes ces gens qui doivent subir quotidiennement et injustement les terribles conflits de factions rivales. Je suis donc ouvert à l’accueil de tous ces immigrés, réfugiés ou exilés, qui viennent s’établir chez nous pour chercher un avenir meilleur et enrichir notre société. Ce ne sont pas les signes ostentatoires en soi qui sont dérangeants mais les symboles qu’ils véhiculent, même si la majorité de ceux qui les portent le font par conviction sans intention mauvaise ou en toute innocence; Jean-Louis Roux serait bien placé pour en témoigner ! Les croyances religieuses sont des choses personnelles qui relèvent du domaine spirituel et de l’irrationnel.

Cependant, contrairement aux immigrés européens, sud-américains ou asiatiques avec le Dalai Lama faisant figure de superstar internationale, les musulmans, les sikhs et les hindouistes sont plus revendicateurs, visibles et volubiles à manifester leur différence, ce qui rend leur intégration plus problématique. Un article récent du Vancouver Sun propose cette hypothèse et montre qu’il n’y a pas qu’au Québec, contrairement à ce que l’on pense et dit, qu’il existe un certain malaise. Au Canada aussi : http://blogs.vancouversun.com/2013/10/05/interfaith-marriage-in-canada-fewer-approve/

La démocratie et les valeurs de liberté sont fragiles. Je ne crois pas que la très grande majorité de ces immigrants soit foncièrement menaçante et présente un danger potentiel imminent; il n’y a pas de quoi être alarmiste. Toutefois, il y a des motifs raisonnables pour exercer une certaine vigilance, d’expliquer les règles, les limites et la surface de jeu de nos valeurs démocratiques à ces nouveaux québécois comme c’est le cas dans plusieurs pays étrangers; c’est comme les vaccins contre la grippe mieux vaut prévenir que guérir même si les risques d’attraper la grippe sont faibles! Comme le montre présentement la crise budgétaire américaine, il n’a fallu que de quelques fanatiques du Tea Party, comme Ted Cruz et Paul Ryan, pour paralyser l’appareil gouvernemental et fausser le jeu démocratique. La dernière élection en Égypte d’un islamiste issu des « frères musulmans » à la présidence a plongé ce pays au bord de la guerre civile. En Iran, le retour d’un seul homme, Khomeiny, a radicalement bouleversé les mœurs politiques et sociales de ce pays.

Nous avons nous aussi le droit d’affirmer nos valeurs, défendre nos coutumes, nos traditions et définir les limites de notre tolérance sans à avoir à se faire traiter de racisme, de xénophobie ou de féminisme enragé. Les Québécois ne forment pas une race puisque, fruit de notre métissage, il coule doucement dans nos veines une bonne dose de sang indien, irlandais, anglais, italien…. et je ne crois pas que nos traditions catholiques nous aient inculqué le germe de la xénophobie! Par contre, j’admettrais volontiers que nos esprits sont, malheureusement, fortement contaminés dans le présent débat par la partisannerie politique! Il n’est pas question d’ostraciser les musulmans mais plutôt d’ouvrir un dialogue intelligent et respectueux comme l’ont fait ces deux femmes musulmanes à l’émission TLMP et que d’autres voix sages et raisonnables comme celle de messieurs Parizeau, Bouchard et Landry se fassent entendre.

Antoine Théorêt

NB : Je pose à mon tour une question provocatrice. Comment se comparent les mesures proposées par la Charte par rapport aux moyens pris par Duplessis à l’époque pour contrer les communistes et les témoins de Jéhovah ?

mercredi 9 octobre 2013

Le champion des Canadiens-Français est mort

Paul Desmarais est mort hier soir. Un génie des finances et des affaires canadiennes et internationales, un géant vient de nous quitter. C’était avant tout un industriel. Transports, papiers, assurances, pétroles… il s’intéressait à tous ces domaines pour assurer leur développement. Il avait le sens des affaires et cela en a fait le plus riche d’entre-nous. Bravo ! BRAVO !

Il a tout bâti lui-même. Il n’a pas pris la succession de son père et bâti sur sa richesse, ce qui n’est pas mauvais, mais Paul Desmarais laisse à ses descendants, une entreprise la Corporation Power du Canada, qu’il a acquise et développée de ses propres mains.

J’ai eu le privilège de le rencontrer quelques fois dans des circonstances professionnelles, d’affaires et politiques. Toujours, il a été un homme simple, chaleureux, compréhensif, dynamique, convaincu, ouvert et positif. On ne pouvait avoir pour cet homme que de l’admiration.

J’ai apprécié que la première ministre québécois Pauline Marois le qualifie de « bâtisseur ». C’est la vraie description de cet homme unique.

Merci Paul Desmarais pour l’exemple extraordinaire, pour tous les Canadiens-français du pays, qu’est votre vie. Merci d’avoir démontré, entre autres, aux Québécois que rien n’est impossible.

Les médias rapporteront durant les prochains jours, les grands faits sur la vie de Paul Desmarais et son apport à la vie canadienne. J’aimerais y ajouter mon humble blog du 27 février 2012 qui s’intitulait : « Le « gros méchant » Paul Desmarais » que j’ai écrit en réponse à ses critiques les plus acerbes. J’y exprimais mes sentiments devant ce grand bonhomme.

Le voici à nouveau :

lundi 27 février 2012
Le « gros méchant » Paul Desmarais

Ce qui est triste du débat politique, dans notre pays et ailleurs, c’est qu’il dérape souventes fois vers les attaques personnelles. C’est particulièrement vrai au Québec lorsqu’on discute le pour ou le contre de l’indépendance du Québec.

Celui qui est le plus souvent visé est un des hommes les plus riches au Canada, le milliardaire et fédéraliste Paul Desmarais. Aux deux référendums tenus au Québec sur la question nationale, il fut très actif et tira toutes les ficelles possibles pour convaincre les Québécois de voter NON. C’était son droit le plus strict et on ne peut lui reprocher son action comme on ne peut blâmer les tenants du OUI, tel le banquier Claude Béland, ex-président des Caisses Populaires Desjardins. À chacun son opinion et sa liberté d’expression.

Paul Desmarais est un self-made man. Diplômé en commerce de l’université d’Ottawa, il quitte, à 23 ans, son premier emploi à Montréal pour retourner à Sudbury en Ontario, où il est né, pour acheter la petite compagnie d’autobus, de son père, qui est au bord de la faillite. Desmarais s’avère avoir le sens des affaires, être audacieux et capable de saisir les opportunités qui passent. Il sait ouvrir les portes pour obtenir du crédit. Dix ans plus tard, il contrôle la majorité du transport par autobus en Ontario et au Québec.

Sa rencontre avec le financier Jean-Louis Lévesque est déterminante puisque ce dernier qui avait réussi à enlever la commercialisation des bons du trésor du Québec à la finance anglophone, grâce au premier ministre Duplessis, développe une grande confiance dans le jeune Desmarais. Il le démontre lorsque Desmarais repère que la compagnie d’assurance Imperial Life pourrait être achetée. Lévesque croit que ce n’est qu’un rêve puisque « l’establishment anglophone ne la lâchera pas ». Pour Desmarais « ce n’est pas une question de langue, mais une question de cash » et il l’obtiendra grâce à sa ténacité, sa capacité de persuasion et au financement prêté par Lévesque. Ce dernier, au moment de sa retraite, propose de fusionner son holding à celui de Desmarais qui se retrouve à la tête d’une pléiade de compagnies (bateaux, confitures, meubles, assurances, fonds de placements, immeubles …).

En 1968, Power Corporation, dirigée par le célèbre Peter Thompson, est en difficulté. Les erreurs de ce dernier ajoutées à l’économie qui se dégrade mettent en danger ses entreprises. Les pâtes et papiers s’effondrent, le verre est en perte de vitesse, le transport naval et la construction de navires sont handicapés par des grèves, la construction est au ralenti… Thompson négocie un échange d’actions avec la compagnie de Desmarais et les deux deviennent partenaires égaux de Power. Deux ans plus tard, Desmarais achète la part de Thompson.

Grâce au fonds d’investissement de Power, Desmarais acquiert une autre papeterie et crée Abitibi-Bowater. Pour éviter de mettre tous ses œufs dans le même panier, il décide de diversifier Power et achète le quotidien La Presse, trois quotidiens et 10 hebdos. Il vise aussi l’Europe, les USA et l’Asie. Il achète 5% de Paribas. Il devient ami de l’ambassadeur de Chine au Canada et détient 5% de Citic, une immense entreprise chinoise qui œuvre dans l’électricité, l’immobilier, les lignes aériennes, les fabriques d’acier et une mine de fer. Il achète la compagnie Great-West des Américains. Avec Albert Frère, financier belge, il fait des OPA (offre pour achat) d’entreprises en difficultés financières importantes, mais temporaires, et les relancent. Frère et lui détiennent près de 4,5% de Total et en deviennent des administrateurs.

Ce bref aperçu démontre combien de services Paul Desmarais a rendus au Québec et au Canada. Il a créé et sauver des centaines de milliers d’emplois, a su protéger les argents de tous ceux qui ont fait confiance à ses compagnies que ce soit en y investissant ou en payant des primes d’assurances ou de retraites. Personne n’a été trompé.

Cet extraordinaire canadien-français québécois a pris sa retraite, il y a plus de 10 ans, en cédant à ses deux fils la gérance de Power et des intérêts Desmarais. C’est cet homme, attaché à la liberté et à la démocratie, que les indépendantistes-souverainistes-séparatistes dénigrent encore parce qu’il est un fédéraliste, donc leur ennemi.

On traite Desmarais de prédateur ou d’écumeur qui ne pense qu’à un retour sur son argent, alors qu’il a toujours été un bâtisseur. Certes, comme tout bon dirigeant d’entreprise, il se devait d’être préoccupé par la rentabilité de ses entreprises puisque sans elle, elles ne pouvaient survivre. Desmarais s’est assuré qu’elles étaient bien dirigées et qu’elles avaient tout le capital nécessaire pour leur plein épanouissement. Et il a réussi.

Si on suit le raisonnement des critiques de Desmarais, Arthur Rock, le légendaire investisseur d’Apple était un prédateur-écumeur puisqu’il ne pensait qu’à la rentabilité de ses investissements ! Au contraire, il a été un homme de vision qui a cru dans Steve Jobs et les autres jeunes de Silicon Valley et qui, finalement, a permis à Apple de devenir la plus grande compagnie au monde. Comme Desmarais, il a pris des risques calculés et a gagné tout en permettant une révolution technologique mondiale incomparable.

On insinue que Desmarais planifie d’acheter l’Hydro Québec. C’est le plus ridicule fantasme que j’ai entendu. Jamais, au grand jamais, un premier ministre du Québec ne pourra convaincre les Québécois ou les Québécoises de vendre le fleuron de l’économie de la province. Il faut vraiment manquer d’arguments pour écrire de telles sornettes.

Quant au domaine Sagard des Desmarais, c’est un endroit particulier que seul un homme très riche peut entretenir. Il y a plusieurs Sagard dans le monde, en Écosse, au Royaume-Uni, aux USA, en France, en Suisse, en Belgique, aux Émirats Arabes, etc… et ils appartiennent tous à des hommes ou des femmes riches. C’est dans de tels endroits que ces grands personnages d’affaires aiment inviter leurs amis ou des individus qu’ils veulent apprendre à mieux connaître. Voilà pourquoi, à Sagard, sont invités des Bill Clinton, des GHW Bush, des Nicolas Sarkozy, des Dassault, des Peugeot, des Rothschild, des premiers ministres, des rois, des académiciens, des leaders d’affaires du monde, de Chine, des prix Nobel, des acteurs, des vedettes… en somme des gens qui marquent nos sociétés et qui sont pour la plupart des décideurs. La qualité de ses contacts aide un homme intelligent comme Paul Desmarais à réussir. À plus petite échelle, des ingénieurs-conseils comme moi, ou autres professionnels, avons toujours invité des décideurs à un match de golf, à un week-end, etc… C’est normal en affaires de faire connaître son entreprise, de bien connaître ceux qui décident et de créer des relations de confiance.

Paul Desmarais devrait être un exemple pour les jeunes Québécois. Son immense contribution au développement économique du Québec et du Canada devrait être célébrée hautement au lieu d’être dénigrée.

Je nous souhaite dans l’avenir des centaines de Paul Desmarais.

Claude Dupras

vendredi 4 octobre 2013

Il est temps d'éteindre le feu


« Selon les médias, les agressions verbales et même physiques contre les femmes voilées augmentent depuis l'annonce de la charte sur la laïcité. Désolant, on est en train de créer un monstre ». Voilà le contenu d’un email que je recevais ce matin d’un ami du Saguenay en rapport avec les effets du projet de loi de la charte sur « les valeurs québécoises ». Cet ami qui, lors du dépôt du projet, me disait être incertain face au projet, a compris petit à petit l’importance que la société québécoise soit unie et vive en paix.

Il est clair maintenant, pour la grande majorité des observateurs, que la proposition de la charte par le Parti Québécois à été motivée par des fins politiques.

Il est aussi clair que depuis qu’elle a été déposée, les agressions sous forme d’intolérance, de racisme et de violence contre les femmes voilées, et on ne parle pas de voile intégral mais de voile-foulard-culturel à visage découvert, ont augmenté dramatiquement. Hier, La Presse rapportait les affirmations de la porte-parole des centres de femmes du Québec, Valérie Létourneau, « On a des échos de plusieurs régions du Québec. Des propos haineux, racistes. Des commentaires xénophobes, envers les femmes musulmanes ». En fait, on s’oppose à ces femmes parce qu’elles s’habillent comme elles veulent.

La charte, telle que présentée, est une bourde majeure et doit être corrigée. Et ce n’est pas moi qui le dit, mais les anciens PM du Parti Québécois, Jacques Parizeau et Lucien Bouchard, sans oublier des centaines de péquistes convaincus tels, Yves Beauchemin, les ex-députés bloquistes Jean Dorion et Maria Mourani et une myriade d’artistes qui ont toujours par le passé souligné avec ardeur leur appui à l’indépendance du Québec et au PQ. Ceux qui l’appuient sont les « purs et durs » séparatistes pressés qui croient que c’est « à la tronçonneuse » qu’il faut agir si on veut atteindre, le plus vite possible, l’indépendance du Québec. Ils seront déçus, tout comme la PM Marois, car la dispute publique prend une ampleur qui ne peut qu’être électoralement négative pour PQ.

Par ailleurs, il ne faut pas oublier les opinions des élus des villes de Montréal et de Québec, les dirigeants des grands hôpitaux du Québec, ceux des principales universités et encore… qui ont publiquement affirmé qu’ils profiteraient du droit de soustraire leur milieu de l’application de la loi, si elle était votée. Au total, ceux qui se sont prononcés à ce jour font en sorte qu’une majorité de Québécoises et Québécois ne seraient pas obligés de respecter la loi. Belle affaire ! Devant cette sortie massive possible, voilà maintenant que le gouvernement veut l’empêcher en obligeant l’application de la loi par tous, sans retrait. Cela me semble normal. La loi c’est la loi et si elle ne doit être respectée par tous, elle n’est pas démocratique.

Mais pourquoi le gouvernement a-t-il fait miroiter la possibilité de retrait et change d’idée, aujourd’hui ? Est-ce à cause des sondages récents, qui montrent qu’une majorité d’électeurs approuvent le projet de loi, qu’il décide de jouer la ligne dure ? Je le mets en garde car l’appui indiqué dans les sondages est en grande partie suscité par une crainte infondée chez plusieurs Québécois envers les musulmans. Trop de francophones y voient la possibilité d’un règlement de compte et l’opportunité de les persuader de retourner dans leur pays d’origine. A mon avis, cela n’est pas sain et ne garantit rien de bon pour l’avenir. La loi ne doit ni diviser, ni limiter le droit d’accès à l’emploi, ni affecter la participation politique des individus. On ne bâtit pas ainsi une société multiethnique francophone, solide et progressive.

Le gouvernement utilise à fond l’argument de l’égalité des femmes, comme de la poudre aux yeux, pour justifier sa charte. Les victimes de violence conjugale, les femmes tuées par leur conjoint, les jeunes filles violées, les femmes autochtones, les femmes professionnelles qui veulent faire carrière et avoir des enfants, les femmes seules avec enfants sans revenus raisonnables, les jeunes femmes exploitées sexuellement à Montréal « capitale du sexe », les femmes qui se voient obligées de jeûner pour être belles et plaire aux hommes ; celles qui se font bousculer, cracher au visage parce qu’elles portent le voile ; et encore… sont-elles égales ? Et celles qui ne trouveront pas d’emploi parce qu’elles portent le voile, le seront-elles ? Le gouvernement ne devrait-il pas plutôt, en tout temps, « porter plus d’attention au sort, aux conditions de vie et aux voix de l’ensemble des femmes » au lieu de leur dicter comment elles doivent s’habiller ?

Un compromis doit être trouvé et celui proposé par Jacques Parizeau appuyé par Lucien Bouchard me semble raisonnable. Ils veulent revenir aux recommandations de la Commission d’enquête Bouchard-Taylor sur les « accommodements raisonnables ». Jean Charest, qui devint PM par la suite, a fait l’erreur, pour des raisons électorales, de ne pas appliquer les solutions proposées par la Commission malgré qu’elles découlaient d’un travail sérieux et en profondeur suite à des séances publiques sur tout le territoire québécois.

Aujourd’hui, le temps presse. Ce qui se passe sur le terrain est mauvais, risque de s’envenimer et n’augure rien de bon pour l’avenir du Québec. Il est temps d’éteindre le feu !

Claude Dupras

vendredi 27 septembre 2013

Ne pas soulever la nation, mais la bâtir

Un récent article rappelait les résultats de l’enquête nationale de 2011 sur les ménages en rapport avec la place de la religion dans la vie des Canadiens. La province de Québec compte 12% d’individus qui affirment n’avoir aucune appartenance religieuse, tout de suite avant Terreneuve qui est la plus religieuse avec 6% de non-croyants. La plus athée est la Colombie Britannique avec 44%.

Je ne suis pas surpris de cette statistique en rapport avec le Québec. Encore aujourd’hui, les Québécois, descendants d’occidentaux, élevés surtout dans la religion catholique mais aussi dans le protestantisme et les religions orthodoxes et juives, demeurent croyants même si un grand nombre ne sont plus pratiquants. Cela se manifeste lors de grands évènements. À ces moments-là, l’église devient le point de ralliement pour marquer à nouveau notre foi, prier, se consoler mutuellement et écouter les paroles apaisantes d’un prêtre. On l’a constaté à nouveau récemment à Lac Mégantic suite au terrible accident ferroviaire. Quant aux funérailles de monsieur-et-madame-tout-le-monde, si elles ne sont tenues que rarement à l’église à cause des coûts plus élevés, elles le sont au salon funéraire lors d’une cérémonie à caractère religieux présidée soit par un prêtre, un diacre ou une personne autorisée. Je n’ai été témoin qu’une seule fois où un ami avait demandé de n’avoir aucune cérémonie.

Les nombreux immigrés venus s’installer au Québec depuis de nombreuses années pratiquent pour la plupart une religion. Ceux d’Amérique du sud sont généralement catholiques, ceux d’Arabie sont musulmans ou coptes, ceux d’Asie sont hindouistes, taôistes ou sikhs; ceux de l’Europe de l’est sont orthodoxes… Chacun a son clergé, ses pasteurs, ses imans, ses moines ou même ses gourous. Pour plusieurs, c’est la foi en un Être suprême. Pour d’autres, c’est une manière de vivre ou une réponse aux questions difficiles de l’humanité. Pour les non-croyants, ce n’est que de la superstition.

Malgré les 88% de croyants québécois, l’État du Québec est laïc. Je considère que c’est bien ainsi et peu de personnes questionnent cet état de fait. Cependant, nous croyons en la liberté de religion pour chacun.

La « charte des valeurs québécoises » n’implante pas la laïcité puisqu’elle existe déjà. Elle est proposée par le gouvernement actuel qui soupçonne que les serviteurs de l’État profitent de l’occasion qu’ils ont de rencontrer personnellement le public pour faire une propagande en faveur de la religion dans laquelle ils croient. Il ne tient pas compte que les fonctionnaires ont un devoir de réserve.

Pourquoi présenter une telle proposition à ce moment-ci, alors qu’il n’y a pas vraiment de problème entre les races au Québec ? Pourquoi susciter inutilement à l’extérieur des émotions négatives envers le Québec ? Pour défendre le port du voile intégral ? Mais il n’y a pas une fonctionnaire québécoise qui le porte !

Certes, nous avons connu il y a quelques années, la« crisette » d’Hérouxville, petite municipalité de 1 300 personnes, suite à l’adoption par le conseil de ville d’un règlement stipulant notamment que « la lapidation des femmes et le fait de les brûler vives, de même que l'excision, étaient interdits dans la municipalité ». Il craignait qu’une famille musulmane s’installe dans son patelin. Cette réaction xénophobe a été amplifiée démesurément par certains politiciens qui ont joué sur la perception négative de plusieurs Québécois envers les musulmans pour soulever la nation. Pourtant, c’est l’intolérance qui a été mise en évidence à ce moment-là. Voulons-nous répéter cette hystérie collective ?

Trop de Québécois ne font pas la différence entre l’Islam et le mouvement islamiste. Et on ne peut les blâmer. Ils ont été témoins de l’attentat du 11 septembre 2001 sur les tours du World Center de New York. Et depuis, ça n’arrête pas. Encore aujourd’hui, c’est le brutal acte terroriste au centre commercial en Nairobi au Kenya qui fait les manchettes. Ces islamistes nuisent à la réputation des musulmans monde.

Je connais plusieurs Algériens de Montréal. J’ai signé des documents d’immigration pour quelques uns. Ce sont de bonnes gens, qui sont venues s’implanter chez nous pour y vivre, travailler, élever leurs enfants et assurer l’avenir de chacun. Et, ils réussissent et veulent contribuer et s’intégrer à notre société puisque leurs espérances sont similaires aux nôtres. Nous nous devons de les comprendre car eux aussi sont victimes d’islamistes. Ils sont un groupe parmi toutes les cultures différentes qui sont venues au Québec pour y vivre et qui ont droit à leur chance. Nous nous devons de faire la part des choses et leur assurer notre appui. La discrimination n’a pas sa place.

J’ai grandi dans un milieu fortement multiculturel. Ma famille et celles de nos voisins francophones sont demeurées, malgré cela, canadiennes-françaises « pure-laine ». Pour nous, les plus jeunes, ce fut positif de vivre avec des anglophones. En plus d’être devenus parfaits bilingues dès notre très jeune âge, leur esprit cartésien a laissé des traces positives sur notre formation, notre personnalité.

L’identité du Québec est principalement sa langue. Elle est protégée par la loi 101. D’où qu’ils viennent, de quelques langues qu’ils parlent, quelque soit leur culture, les nouveaux immigrés deviendront avec le temps des Québécois parlants-français. Peut être pas les parents, mais leurs descendants sûrement puisqu’ils devront obligatoirement fréquenter l’école française dès le niveau élémentaire. Tout comme ce fut le cas pour les anglophones dont 70% parlent le français, aujourd’hui. Et, avec le temps, le score sera encore plus haut. Cela démontre bien l’importance de la loi 101 et la raison pour laquelle nous devons veiller à ce qu’elle soit protégée et toujours respectée.

Les néoquébécois sont là et de nouveaux viendront, à moins que l’on change toutes les lois… ce qui n’arrivera pas. Nous nous devons d’accepter cette évidence et réaliser le potentiel extraordinaire que cette diversité nous apporte. Dans un premier temps, libérons-nous de la peur instinctive face aux immigrants qui hante plusieurs d’entre-nous. Devenons plus conciliants. Cela ne changera rien pour nous, ni en nous, puisque nous serons toujours ce que nous sommes !

La langue majoritaire sera toujours le français. Notre identité demeurera intacte. On ne se fera pas de mal en nous ouvrant aux autres. Au contraire. Nous comprendrons mieux ce qu’est le monde et ses habitants et les avantages que leurs cultures peuvent apporter aux connaissances des membres de notre société.

Les immigrants vivent la fracture avec leur pays d’origine. C’est difficile pour eux même s’ils l’ont quitté volontairement. Mais avec le temps, et on a de multiples exemples du passé qui nous le démontrent, ils se joindront de plus en plus à nos activités culturelles, sociales, sportives…. Certes, il y aura des problèmes et des conflits… mais ces différends seront réglés. Pour juger de ce potentiel, on n’a qu’à écouter à la télé des jeunes de familles chinoises, coréennes, haïtiennes et d’autres qui parlent le français avec un bel accent québécois. Ce sont des exemples d’intégration et une démonstration claire des effets de la loi 101.

Face à la réalité, notre gouvernement devrait renseigner les Québécois et les préparer à l’avenir. Qu’il ait confiance en l’intelligence de notre peuple ! Nous comprenons que tout change rapidement et que nous devons bien saisir l’opportunité, ouvrir nos esprits, être généreux, oublier nos préjugés, raffermir notre culture et s’assurer que les néo-québécois participent au développement culturel et économique de notre société francophone. Voilà un objectif positif.

Je souhaite que mon gouvernement mette l’accent sur les vrais défis de demain et bâtisse notre coin de pays au lieu de semer une zizanie qui ne crée que des conflits.

Claude Dupras

lundi 16 septembre 2013

Pourquoi une charte ?

Le débat actuel sur « la charte des valeurs québécoises » me rappelle ma jeunesse.

Né à St-Henri dans un pauvre quartier ouvrier, mes parents s’installent, deux ans plus tard, à Verdun, banlieue de Montréal, sur le bord du fleuve Saint-Laurent, où ils pratiquent leur métier de barbier et de coiffeuse. Nous vivons dans le quartier no 4, composé d’une population à 70% anglophone. Nous sommes des Canadiens-français « pure laine ». Oups ! Non, pas tout à fait puisque mon arrière-grand-mère paternelle (Élizabeth Carey) était irlandaise et mon arrière-grand-père maternel (Peter Heyer) était allemand. Nous vivons en français et nous sommes de forts pratiquants catholiques.

Nos voisins sont des canadiens-français, des anglais, des irlandais, des écossais, des polonais, des lituaniens, des juifs, des italiens et d’autres. Chacun parle, chez lui, sa langue et le fait que nous sommes devenus bilingues anglais nous permet de nous comprendre, de nous apprécier mutuellement, de travailler et de vivre ensemble. La vie n’est pas facile à cause de l’économie et de la guerre. Mais tous les pères de familles travaillent dur pour apporter à la maison les argents nécessaires aux besoins minimums de leur famille. Pauvres, peu éduqués, ils rencontrent difficilement « les deux bouts », ils sont d’humbles ouvriers qui œuvrent dans les usines de St-Henri et de l’ouest de Montréal comme la Canadian Tube and Steel, la Dominion Engineering et la Dominion Bridge. Ils partent tôt le matin et reviennent après 18h, fatigués souvent exténués. Tous les jours sauf le dimanche, toute l’année.

Malgré ces difficultés, tout le monde semble heureux. Ah ! il y a des conflits, mais surtout entre les jeunes de mon âge. On nous traite de « frenchies » ou de « french pea soup » et nous, on répond par « têtes carrées » ou « johnny cake ». À chacun ses insultes… Au hockey, par exemple, ce sont les français contre les anglais et ça joue dur. Mais dans le fond, nous nous aimons bien. La clientèle du « Manning and Beauty Parlor and Barber Shop» de mes parents est majoritairement non-francophone. Les affaires sont bonnes.

Il n’y a pas de problème de religion. Catholiques, protestants et juifs vivent côte à côte. Chacun pratique la sienne sans déranger l’autre. Que de fois, ai-je vu les protestants sur leur balcon regarder passer la procession élaborée de la Fête-Dieu dans leur rue alors que nous nous époumonons à chanter plus fort pour les impressionner « Sancta mater, ora pro nobis, Sancta… ». Ils sont respectueux, tout comme mes parents le sont envers leur religion même si on nous enseigne qu’ils sont dans l’erreur et « qu’ils n’iront pas au ciel ». Durant toutes ces années, je n’ai jamais entendu dire qu’un catholique soit devenu protestant et qu’un protestant soit viré catholique. On est ce qu’on est !

Depuis, des immigrés d’Asie, du Moyen-Orient, d’Afrique, d’Amérique du Sud, d’Amérique centrale et des Caraïbes sont venus au Québec. Nos gouvernements les ont invités par une publicité visant à leur démontrer les avantages de vivre dans notre milieu. Cela fait notre affaire puisque le nombre additionnel d'individus ajoute à la force de notre économie. Ils sont là bien implantés, travaillant et élevant leurs familles. Ils sont devenus Canadiens et Québécois avec les mêmes droits et privilèges que nous.

Mais ces nouveaux venus sont différents des Occidentaux qui ont découvert et créé le Québec et le Canada. Ils pratiquent des religions que nous connaissons mal, entres autres l’Islam et le Sikhisme. Ils sont pratiquants et obéissent aux règles et obligations de leur religion respective, tout comme nos ancêtres et nous jadis aux préceptes catholiques. Pour plusieurs Québécois, ces coutumes étrangères sont choquantes et c’est pourquoi notre gouvernement a décidé d’agir, afin de mettre tout ce beau monde au pas grâce à une « charte des valeurs québécoises ».

Depuis la révélation du projet devant régir le port des signes religieux ostentatoires des fonctionnaires ayant affaire avec le public, un tourbillon de « pour » et « contre » s’est formé et la tempête ne cesse de croître.

Le « pour » affirme que la charte est équitable et raisonnable, qu’il est bon que l’État soit neutre, que c’est une bonne façon de protéger l’identité du Québec, que le gouvernement cherche à solidariser la société, que cela rendra les femmes plus égales aux hommes, que c’est acceptable parce que personne n’impose à quiconque de travailler dans la fonction publique, que pas de voile signifie égalité pour les femmes, que la neutralité de l’État face aux religions est une garantie de la protection des droits civiques en tant que société égalitaire, que la charte proposée n’est aucunement inspirée des valeurs du nationalisme ethnique contrairement à ce qu’a affirmé une député bloquiste, expulsée subito presto de son parti.

Le « contre » soutient que la charte est un projet simpliste qui ouvre la porte à l’arbitraire et à d’interminables conflits, qu’elle risque d’éliminer l’accès des femmes à des postes importants de la fonction publique, qu’elle est inutile et xénophobe, qu’elle divise notre société, que le PQ ne l’a proposée que pour gagner de votes à la prochaine élection, que c’est scandaleux d’allouer 1,9 millions $ pour en faire la promotion, qu’il en coûtera des millions $ additionnels pour la défendre contre les protestations juridiques qui fuseront de toute part, que le Québec a invité des musulmans francophones et compétents à venir au Québec et qu’il les trahit avec cette charte, que c’est une mascarade qui révèle le côté noir du nationalisme québécois…

On donne toujours l’exemple du voile musulman pour bâtir l’argumentation « pour » ou « contre » la charte Marois. Mais je rappelle qu’elle touche aussi d’autres religions comme le Sikhisme. Cette dernière « est monothéiste et a été fondée au XVe siècle au nord de l’Inde. Ses adeptes croient en un seul Dieu Suprême. Pour eux, il n'y a pas de péché originel puisque la vie émane d'une Source Pure, le Seigneur de Vérité demeure en elle. Ils ne reconnaissent pas le système de castes en Inde, car le sikhisme s'est créé sur une égalité de droits pour tous. De même, ils ne croient pas en l'adoration des idoles. Cette religion correspond à une manière d'être, de rendre service à l'humanité et d'engendrer tolérance et fraternité vis-à-vis de tous. Le Salut peut être atteint si le sikh gagne honnêtement sa vie et mène une existence normale. Le Sikhisme n'accepte pas le pessimisme. Il préconise l'optimisme et l'espoir ». Il exige qu’un Sikh porte obligatoirement le turban qui est une partie importante de sa culture. Il représente l’honneur, le respect de sa personne, son courage, sa spiritualité et sa piété. Il sert à couvrir ses longs cheveux qu’il ne coupe pas. S’il devait l’enlever on découvrirait un fonctionnaire barbu aux cheveux très longs.

En 1990, la Cour Suprême du Canada a décidé que l’officier Baltej Singh Dhillon de la Police Montée pouvait garder son turban sur la tête en toutes occasions. Et nous au Québec, on veut forcer ces individus de qualité à se découvrir s’il veulent être employés du Québec !

Il y a aussi l’illogisme apparent de maintenir en place des signes religieux catholiques pour des raisons historiques, tels le crucifix à l’Assemblée Nationale et la croix du Mont-Royal. Il en ira de même sûrement pour le drapeau du Québec. « De couleur blanche, la croix renvoie au catholicisme. Centrée et droite, elle est typique des anciens royaumes d’Europe occidentale… Le bleu symbolisait à l'origine la Vierge Marie », dixit Wikipedia. Je suis en accord avec le gouvernement pour protéger l’histoire ainsi représentée, mais cette position pourra-t-elle être comprise comme juste par ceux à qui on demande de se dépouiller de leurs signes religieux ?

Le débat sur la charte est mal engagé. On dit que cette proposition a été présentée par le gouvernement pour gagner des votes. Je crains que la PM Marois soit déçue car la bisbille a pris trop d’envergure et affectera inévitablement les résultats escomptés. De plus, si c’est vrai, c’est un coup bas. C’est pire que la corruption la plus sale car c’est jouer avec les plus bas instincts de l’homme, la haine de l’autre, pour se faire élire.

Je comprends tous les arguments des uns et des autres. J’en partage plusieurs, des deux côtés. Mais ce qui me semble plus primordial c’est la question des libertés individuelles de chaque individu vivant au Québec. Cela inclut, évidemment, la liberté de religion. Ce sont des acquis de longue date qui nous sont garantis par les chartes des droits de la personne du Canada et du Québec. Je ne peux comprendre et accepter que le gouvernement du Québec les brime par une loi. J’espère qu’il retirera son projet.

Claude Dupras