lundi 28 septembre 2009

Polanski : 30 ans après, on oublie tout ?

Le fameux cinéaste Roman Polanski vient de se faire piéger en Suisse, où la police a mis en force un mandat d’arrêt international délivré par la justice américaine contre lui, il y a 30 ans.

La justification du mandat découle d’un procès contre Polanski en 1977, à Los Angeles, où il était accusé d’avoir drogué et violé une petite fille de 13 ans.

Incarcéré puis libéré sous caution après 47 jours, le procès traîna pendant près d’un an lorsque Polanski décida d’acheter un billet « aller simple » vers Paris pour se sauver des USA et du procès. Il donna comme raison, pour avoir échappé au tribunal californien, le fait que le juge cherchait de la publicité personnelle et faisait durer le procès inutilement. De plus, selon lui, le magistrat n’était supposément pas en accord avec une prétendue entente entre son avocat et le procureur américain à l’effet qu’il acceptait de plaider coupable pour détournement de mineure à la condition que les charges pour viol soient abandonnées.

Depuis, il n’est jamais revenu aux USA, même pas pour accepter l’Oscar du meilleur réalisateur pour son film le Pianiste. Français d’origine polonaise, il était protégé en France par son statut, mais lorsqu’il se déplaçait en Europe et dans le monde et découvrait qu’il y avait une possibilité qu’il soit arrêté et extradé, il annulait le voyage, souvent à la dernière minute. J’ai souvent été surpris qu’il ne soit pas arrêté lors de ses déplacements qui étaient largement rapportés dans les mass media.

Aujourd’hui, trois ministres dont deux du gouvernement français, Frédéric Mitterrand de la culture et Bernard Kouchner des affaires extérieures et Radoslaw Sikorski, chef de la diplomatie polonaise, se montrent scandalisés par cette arrestation et réclament la libération de celui qui est, pour eux, « l’un des cinéastes les plus extraordinaires de notre époque ». Kouchner affirme en avoir parlé à son président qui, dit il, « est au même diapason d’émotion que moi ». Il est question que Kouchner parle à la secrétaire d’état américaine Hillary Clinton pour qu’elle obtienne sa libération et que possiblement le président Obama le gracie. Personnellement, je serais surpris que le président français, le président américain et la secrétaire Clinton s’occupent de ce dossier.

Cette attitude des ministres me révolte tout comme celle des membres de la communauté cinématographique française qui monte dans les rideaux, depuis l’arrestation. Si cette petite fille de 13 ans avait été la leur, est-ce qu’après 31 ans, un ou l’autre aurait tout oublié ? Si Polanski n’était pas un personnage VIP, est-ce qu’ils monteraient sur les tréteaux pour demander sa libération ? La justice, qu’elle soit française, polonaise ou américaine n’a-t-elle pas l’obligation de rattraper un fuyard et de continuer les poursuites pour les gestes infâmes dont il est accusé ? Il ne faut pas déplacer le problème.

Si Polanski a fui si longtemps, n’est-ce pas le signe qu’il se savait coupable ? Avec ses millions et sûr de son innocence, Roman Polanski pouvait retenir les services des meilleurs avocats et plaider sa cause en cour, jusqu’à la fin. Non, cet homme important a fui en accusant le juge de perversion, par personnes interposées. Cela ne me semble qu’un faux-fuyant indéfendable.

Je suis triste de ce qui arrive à Polanski car je suis un de ses fans depuis son film Chinatown. J’ai déploré la mort de son épouse Sharon Tate, tuée par le groupe du fou Manson. Depuis, il nous a donné de bons moments avec des films inoubliables. Mais cela ne doit pas influencer notre jugement personnel surtout lorsqu’une telle question de justice est en jeu.

Par ailleurs, les journaux rapportent que la victime de 13 ans, qui aujourd’hui a 43 ans, est prête maintenant à pardonner à Polanski pour ce qu’il lui a fait subir ce jour-là, en 1977. Est-ce que cela veut dire que le procès doit être annulé et que l’accusation ne tient plus ? Je ne crois pas et je ne sais pas si ce nouvel aspect peut aider Polanski en cour, s’il s’y rend, mais il me semble que c’est là, seulement, que cette tragique histoire peut prendre fin.

Claude Dupras

samedi 26 septembre 2009

Une nouvelle ONU

Kadhafi est un dictateur politique parmi les pires. Depuis que GWBush a décidé, pour des raisons qui relèvent des intérêts des compagnies pétrolifères américaines, de lui pardonner ses gestes infâmes passés, voilà qu’il est devenu une vedette internationale courtisée par les présidents de pays, dont Nicolas Sarkozy. Il a pris la parole à l’assemblée générale des Nations Unies où il n’a respecté aucune règle et a agi avec disgrâce. Il a lancé au président de l’assemblée, avec une expression de dédain, le livre de la constitution de l’ONU. Quel triste personnage !

Cependant, son discours a traité de la réforme de l’ONU et a fait tinté une cloche chez plusieurs délégations de pays et chez plusieurs individus dans le monde.

Beaucoup se plaignent que l’ONU, créée après la deuxième guerre mondiale, n’est pas démocratique, ne sert que les grandes puissances et est dépassée. Je crois que c’est vrai. Le monde a changé considérablement depuis 1945, et pour le mieux. N’est-il pas temps de modifier la structure de l’ONU afin qu’elle devienne un véritable parlement international où la voix démocratique de chaque pays sera entendue et respectée ? La tragique situation planétaire actuelle démontre bien que le monde a besoin d’un instrument fort pour la défense de la stabilité et de la paix.

Il me semble illogique qu’un organisme comme l’OTAN se mêle de choses qui doivent normalement relever de l’ONU, comme en Afghanistan.

Le conseil de sécurité devrait devenir le comité exécutif de l’ONU et répondre à l’assemblée générale des pays. Il devrait avoir le pouvoir d’agir au nom du meilleur intérêt de tous les citoyens de la planète.

Évidemment, la représentation des pays à l’ONU devra tenir compte de la grosseur des pays. Un petit pays avec quelques centaines de milliers d’individus, ne pourra avoir le même poids que les grands pays comme les USA, la Chine, l’Inde ou le Brésil. Le parlement européen est une bonne référence pour établir les principes d’une telle représentation.

Utopie ? Peut être, mais j’ai l’impression que l’ONU risque de se disloquer puisqu’elle devient de moins en moins pertinente face à la cacophonie émanant du G8, du G20, de l’OTAN et d’autres organismes ou gouvernements qui cherchent à établir des politiques qui influencent le monde entier. L’importance grandissante de ces voix discordantes montre bien que ce n’est pas en élargissant le conseil de sécurité, comme on le suggère actuellement, que la dégradation de l’ONU s’arrêtera.

Certains diront qu’il est impossible de faire appliquer centralement des lois qui seront respectées par tous les pays. Hippocrate n’a-t-il pas institué la discipline et les règles éthiques à tous les médecins du monde ? Faut-il être toujours défaitiste, accepter que l’ONU meure et que « la loi de la jungle » continue. Depuis 1945, les pays qui sont les plus respectés dans l’arène politique internationale sont ceux qui ont l’arme atomique. Alors que le Japon est la deuxième puissance économique mondiale, après les USA, il a moins de poids politique que le Royaume-Uni, la France ou même l’Inde, le Pakistan et Israël. Est-ce normal ? Non, il faut mettre fin à ce règne du plus fort.

Après le conflit du communisme versus le soi-disant « monde libre », voulons-nous laisser à nos petits-enfants, un monde plus divisé que lors de la deuxième guerre mondiale ? Les nations riches ont-elles seules droit de définir l’avenir de l’humanité ?

Et l’Islam dans tout cela ? Allons-nous continuer à nous lamenter et à craindre les affres du terroriste islamique ? Avons-nous oublié que le mouvement islamique n’existait même pas il y a à peine 50 ans et que jusqu’au 11 septembre 2001, le jour de l’attentat des «Twin towers », il était supporté par toutes les nations occidentales, incluant le Canada et la France.

J’ai connu l’émergence de l’islamisme en Algérie et même à Montréal. En Algérie, cela s’est traduit pas des centaines de milliers de victimes innocentes, tandis qu’à Montréal j’ai été témoin de l’attitude d’individus comme certains de mes employés arabes qui, du jour au lendemain, se sont présentés au travail avec une barbe, une robe et un bonnet et un discours nouveau (souvent agressif) sur le rôle de l’Islam dans la vie de chaque musulman et envers les USA et Israël. Alors que le FLN algérien, le parti au pouvoir, se forçait à éradiquer ce nouveau mouvement extrémiste, nos dirigeants politiques occidentaux (particulièrement les Américains) faisaient tout pour supporter l’élection de leur parti politique, le Front Islamique du Salut (FIS), qui avait l’appui moral et financier des Saoudiens.

Jusqu’à l’attentat de New York, ces islamistes étaient les bienvenus à Washington, Paris, Londres ou Ottawa. Ceux qui recherchaient l’asile politique en obtenaient le droit alors que les Algériens qui étaient menacés dans leur pays par ces mêmes islamistes se voyaient refuser un droit d’asile similaire. Les principaux représentants du FIS avaient plus d’accès aux officiels américains, allemands, anglais ou français que l’ambassadeur officiel du pays.

Comment les individus de ces pays, où l’islamisme a pris racine et gagné le pouvoir, peuvent-ils avoir confiance dans le monde occidental pour organiser le monde politique de demain ? Non, ils ne voient qu’une ONU réorganisée pour obtenir une politique libre des dictats des plus forts. Ils en ont assez d’être menés par ceux qui ont un gourdin à la main.

Une chose devient de plus en plus claire de jour en jour. L’humanité de demain ne sera pas bâtie exclusivement sur la base des valeurs occidentales. La Chine et l’Inde marqueront profondément son avenir immédiat. Mais il nous faut être réalistes et reconnaître que les musulmans, qui sont plus d’un milliard et demi d’individus, les Africains et les latino-américains auront éventuellement un impact majeur sur l’humanité.

Comment gérer cette transformation culturelle de toute l’humanité afin qu’elle soit profitable à tous, si ce n’est que par une ONU transformée.

Claude Dupras

mercredi 23 septembre 2009

La politique du p’tit chien

Le premier ministre du Canada ne cesse de me surprendre. Malheureusement dans le mauvais sens.

Hier, les principaux chefs politiques du monde ont été invités à un sommet d’une journée par le secrétaire national des Nations Unies, Ban Ki-moon, préalablement à l’assemblée générale des Nations Unies, pour discuter particulièrement de leur prise de position respective lors de l’importante conférence mondiale sur le réchauffement climatique à Copenhague, en décembre prochain. On doit y décider de la suite de Kyoto. Les pays de l’Europe, ayant défini une position commune, veulent s’assurer que l’Amérique et les pays émergents s’orientent vers une direction semblable.

Le PM Harper a trouvé moyen de ne pas participer à cette journée importante sauf pour le dîner, qui suivit, des 25 chefs d’États qui y participèrent. Il a donné comme prétexte que le Canada suivra la politique des États-Unis quant à ses prises de positions futures en rapport avec le réchauffement de notre planète. Ce n’est pas beau çà ? Nous sommes devenus le p’tit chien qui suit son maître, les USA.

Je ne rappelle pas qu’un PM du Canada ait agi ainsi, surtout sur une question de première importance pour chaque citoyen canadien, comme l’est la question environnementale. Diefenbaker, Pearson, Trudeau, Mulroney Chrétien et Martin se sont tous, sans exception, tenus debout face au président américain, pour faire valoir l’opinion canadienne. Du débat sur la présence d’armes nucléaires sur le sol canadien à celui de la guerre en Irak, nos PM ont toujours défendu notre position face à notre voisin du sud. Plusieurs de nos ex-PM ont gagné leur point et d’autres se sont fait invectivés par les mass media américains en refusant d’accepter la position de leur président. Mais qu’importe, les Canadiens en sont sortis la tête haute. Cela nous a valu d’avoir un pays unique, qui se respecte et qui était estimé partout sur la planète.

Le PM Harper vient d’annoncer que le Canada aura dorénavant une politique environnementale intégrée avec celle des Américains. Il continue comme du temps qu’il était chef de l’opposition à la Chambre des communes lorsqu’il voulait favoriser l’envoi de nos troupes en Irak à la demande des Américains. Son « modus vivendi » est à Washington. Devenu premier ministre canadien, il a continué sa misérable politique « aplatventriste » alors qu’il a maintes fois imité, souvent dès le lendemain, les politiques de GWBush. C’est à se demander si le PM Stephen Harper a une colonne vertébrale politique.

Pourquoi agit-il ainsi ? Pour moi, en ce qui concerne l’environnement, la raison est simple. Premièrement, le PM Harper ne croit pas au réchauffement de la planète et que s’il existe, il affirme qu’il n’est pas de source humaine. Il a dit, en faisant valoir son argument, que la question du réchauffement climatique était une machination des « socialistes ». Quelle connerie !

Deuxièmement, en tant que député albertain, le PM Harper se retrouve en position de conflit d’intérêts. Sa province, l’Alberta, est la plus polluante (et la plus riche) au Canada à cause de son exploitation des sables bitumineux. Si le PM Harper acceptait d’imposer à sa province les objectifs internationaux actuels et ceux qui se dessinent pour un avenir pas trop lointain, l’Alberta en souffrirait financièrement. Déjà que ses recettes records se sont « volatisées » depuis la baisse des prix du pétrole puisque l’exploitation des gaz bitumineux n’est rentable que si le prix du pétrole est élevé. En fixant des critères réalistes pour protéger l’environnement, l’exploitation des sables bitumineux sera retardée jusqu’au moment où ses exploitants trouveront les méthodes capables de les respecter.

Je ne partage pas l’opinion de nombreux écologistes qui suggèrent de cesser simplement l’exploitation des sables bitumineux. Ce sont les mêmes qui se sont prononcés contre le nucléaire et qui, aujourd’hui, reconnaissent que ce fut une erreur. Les mêmes qui s’opposent à la construction de barrage hydro-électrique. Ils ne sont pas infaillibles. Non, les sables bitumineux sont une richesse extraordinaire qui appartient aux Canadiens tout en étant une réserve mondiale importante de pétrole pour l’avenir. Nous avons cependant la responsabilité d’agir correctement en y soutirant le pétrole.

La réputation du Canada est sur une pente descendante dans le monde. Il suffit de voyager pour le constater. Encore hier, un comité scientifique des Nations Unies pressait le Canada de sortir de sa coquille et de faire d’avantage pour combattre le réchauffement climatique. Le PM Harper et les conservateurs sont directement responsables de cet état de chose. Le nouveau grand débat qui s’annonce sur le réchauffement climatique et qui nous mènera à Copenhague est une belle occasion pour notre gouvernement de se ressaisir. Cette conférence sera le point de mire de la planète. À nous d’y rétablir notre réputation.

C’est beau d’être un idéologue de droite mais on n’a pas le droit de prendre le pouvoir sous de fausses représentations et d’imposer ensuite son idéologie à tout le monde. On a vu ce que cela a donné dans le passé.

Pour bien agir, notre gouvernement n’a qu’à se tenir debout tout en respectant le passé, la réalité canadienne et l’opinion majoritaire des Canadiens.

Claude Dupras

La politique du p’tit chien

Le premier ministre du Canada ne cesse de me surprendre. Malheureusement dans le mauvais sens.

Hier, les principaux chefs politiques du monde ont été invités à un sommet d’une journée par le secrétaire national des Nations Unies, Ban Ki-moon, préalablement à l’assemblée générale des Nations Unies, pour discuter particulièrement de leur prise de position respective lors de l’importante conférence mondiale sur le réchauffement climatique à Copenhague, en décembre prochain. On doit y décider de la suite de Kyoto. Les pays de l’Europe, ayant défini une position commune, veulent s’assurer que l’Amérique et les pays émergents s’orientent vers une direction semblable.

Le PM Harper a trouvé moyen de ne pas participer à cette journée importante sauf pour le dîner, qui suivit, des 25 chefs d’États qui y participèrent. Il a donné comme prétexte que le Canada suivra la politique des États-Unis quant à ses prises de positions futures en rapport avec le réchauffement de notre planète. Ce n’est pas beau çà ? Nous sommes devenus le p’tit chien qui suit son maître, les USA.

Je ne rappelle pas qu’un PM du Canada ait agi ainsi, surtout sur une question de première importance pour chaque citoyen canadien, comme l’est la question environnementale. Diefenbaker, Pearson, Trudeau, Mulroney Chrétien et Martin se sont tous, sans exception, tenus debout face au président américain, pour faire valoir l’opinion canadienne. Du débat sur la présence d’armes nucléaires sur le sol canadien à celui de la guerre en Irak, nos PM ont toujours défendu notre position face à notre voisin du sud. Plusieurs de nos ex-PM ont gagné leur point et d’autres se sont fait invectivés par les mass media américains en refusant d’accepter la position de leur président. Mais qu’importe, les Canadiens en sont sortis la tête haute. Cela nous a valu d’avoir un pays unique, qui se respecte et qui était estimé partout sur la planète.

Le PM Harper vient d’annoncer que le Canada aura dorénavant une politique environnementale intégrée avec celle des Américains. Il continue comme du temps qu’il était chef de l’opposition à la Chambre des communes lorsqu’il voulait favoriser l’envoi de nos troupes en Irak à la demande des Américains. Son « modus vivendi » est à Washington. Devenu premier ministre canadien, il a continué sa misérable politique « aplatventriste » alors qu’il a maintes fois imité, souvent dès le lendemain, les politiques de GWBush. C’est à se demander si le PM Stephen Harper a une colonne vertébrale politique.

Pourquoi agit-il ainsi ? Pour moi, en ce qui concerne l’environnement, la raison est simple. Premièrement, le PM Harper ne croit pas au réchauffement de la planète et que s’il existe, il affirme qu’il n’est pas de source humaine. Il a dit, en faisant valoir son argument, que la question du réchauffement climatique était une machination des « socialistes ». Quelle connerie !

Deuxièmement, en tant que député albertain, le PM Harper se retrouve en position de conflit d’intérêts. Sa province, l’Alberta, est la plus polluante (et la plus riche) au Canada à cause de son exploitation des sables bitumineux. Si le PM Harper acceptait d’imposer à sa province les objectifs internationaux actuels et ceux qui se dessinent pour un avenir pas trop lointain, l’Alberta en souffrirait financièrement. Déjà que ses recettes records se sont « volatisées » depuis la baisse des prix du pétrole puisque l’exploitation des gaz bitumineux n’est rentable que si le prix du pétrole est élevé. En fixant des critères réalistes pour protéger l’environnement, l’exploitation des sables bitumineux sera retardée jusqu’au moment où ses exploitants trouveront les méthodes capables de les respecter.

Je ne partage pas l’opinion de nombreux écologistes qui suggèrent de cesser simplement l’exploitation des sables bitumineux. Ce sont les mêmes qui se sont prononcés contre le nucléaire et qui, aujourd’hui, reconnaissent que ce fut une erreur. Les mêmes qui s’opposent à la construction de barrage hydro-électrique. Ils ne sont pas infaillibles. Non, les sables bitumineux sont une richesse extraordinaire qui appartient aux Canadiens tout en étant une réserve mondiale importante de pétrole pour l’avenir. Nous avons cependant la responsabilité d’agir correctement en y soutirant le pétrole.

La réputation du Canada est sur une pente descendante dans le monde. Il suffit de voyager pour le constater. Encore hier, un comité scientifique des Nations Unies pressait le Canada de sortir de sa coquille et de faire d’avantage pour combattre le réchauffement climatique. Le PM Harper et les conservateurs sont directement responsables de cet état de chose. Le nouveau grand débat qui s’annonce sur le réchauffement climatique et qui nous mènera à Copenhague est une belle occasion pour notre gouvernement de se ressaisir. Cette conférence sera le point de mire de la planète. À nous d’y rétablir notre réputation.

C’est beau d’être un idéologue de droite mais on n’a pas le droit de prendre le pouvoir sous de fausses représentations et d’imposer ensuite son idéologie à tout le monde. On a vu ce que cela a donné dans le passé.

Pour bien agir, notre gouvernement n’a qu’à se tenir debout tout en respectant le passé, la réalité canadienne et l’opinion majoritaire des Canadiens.

Claude Dupras

vendredi 18 septembre 2009

Et le parti, monsieur Mulroney ?

Brian Mulroney a été un grand premier ministre du Canada. On fêtait, hier soir, le 25ième anniversaire de son éclatante victoire de 1984 alors que le parti Progressiste Conservateur du Canada (PPC) avait remporté la plus grande majorité parlementaire depuis le début de la confédération canadienne. Son bilan de PM est fort impressionnant et va de l’entente avec les USA pour l’accord sur le libre-échange commercial entre les deux pays à son extraordinaire effort pour régler, une fois pour toutes, la question des relations entre les anglophones et les francophones du pays par l’Accord du lac Meech et l’Accord de Charlottetown. Ce sont les réformistes de l’ouest (Manning, Harper et cie) et les séparatistes du Québec (Parizeau et cie) avec l’aide de l’ex-PM Pierre-Elliot Trudeau qui ont finalement bloqué, lors du référendum, cet accord si important pour l’avenir du Canada.

Globalement, le Canada a bien progressé durant les 10 ans que Mulroney fut PM. Le Québec et Montréal furent particulièrement choyés.

Le PPC dont le nom est en fait composé de termes contradictoires était un vrai parti à la mesure de tous les Canadiens. S’il n’avait pas été souvent populaire au Québec, c’était surtout à cause de ses actes passés, générés par les conservateurs du parti, envers les francophones. Mais le temps changea les choses et les progressistes avaient repris le leadership du parti, depuis plusieurs décennies. Ses chefs John Diefenbaker, Robert Stanfield, Joe Clark et Mulroney avaient réussi, petit à petit, à reprendre du poil de la bête au Québec. L’Association Progressiste Conservatrice Fédérale du Québec (APCFQ) était bien vivante, politiquement et financièrement autonome.

Le malheur c’est qu’après deux victoires électorales majoritaires consécutives, tout changea dramatiquement à cause, particulièrement, de la nouvelle taxe sur les biens et services, la TPS (TVA en France), qu’imposa Mulroney. Malgré que ce fut une de ses meilleures décisions, applaudie par les économistes, puisqu’elle rétablissait le pays sur une base financière solide, elle fut très mal comprise et mal acceptée par les électeurs. Ajouté à la sale campagne négative lors du référendum, menée particulièrement dans l’Ouest Canadien par le Reform Party, où le PPC avait son château-fort, le résultat fut désastreux et le parti chuta dramatiquement dans les sondages pour atteindre 14%. Au lieu de reconnaître la situation précaire du parti et laisser son poste à un autre chef qui pourrait ragaillardir le parti, Mulroney resta au pouvoir. Je ne sais vraiment pas pourquoi car il avait clairement affirmé avant sa première victoire qu’il démissionnerait après deux mandats. Donc, malgré que son retrait de la politique fût imminent, il s’agrippa quand même.

Finalement, au bout légal du mandat, Mulroney annonça son départ et, en désespoir de cause, les membres du parti choisirent pour la première fois une femme comme leur chef, Mme Kim Campbell. Elle s’engagea dans une élection perdue d’avance. Le résultat fut plus que lamentable. De 169 députés à la Chambre des Communes, le parti se retrouva avec deux députés et perdit son statut de parti officiel. Le PPC n’était même pas l’opposition officielle au parlement. Au Québec, l’APCFQ, organisation démocratique, avait été abolie au profit des organisateurs politiques du parti. Évaluant qu’il était impossible de se maintenir au pouvoir, ces derniers, en purs opportunistes, disparurent comme des rats. Voilà l’héritage que laissa Brian Mulroney à son parti. Alors qu’il avait été élu pour diriger et protéger son parti, il ne laissa que des ruines dont le parti ne se relèvera jamais malgré que ce dernier ait bien servi le Canada depuis 1867.

Pendant ce temps, les néoconservateurs réformistes influencés par les politiques du temps du président Reagan et du PM britannique Mme Thatcher, gagnèrent des députés au point que finalement, après quelques élections, ils se retrouvèrent sur les bancs de l’opposition officielle à la Chambre des communes avec Stephen Harper comme chef de l’Alliance Canadienne (un nom nouveau que se donnèrent les réformistes pour masquer la vérité). Le PPC avait alors reprit un peu de force avec 15 députés. Ne pouvant gagner des élections avec son image de parti de droite-extrême droite, les électeurs progressistes refusant de voter pour lui, le pragmatique Harper imagina une fusion avec le PPC, qui accepta, et proposa de changer le nom du parti en celui de Parti Conservateur du Canada (PC). Tout cela au grand déplaisir des ex-conservateurs progressistes comme moi. Harper fut évidemment choisi chef du parti, car les réformistes contrôlaient plus de 80 % des délégués à la convention. Adieu, passé, histoire, PPC, progressistes…

Le Parti conservateur de Harper fait partie du bilan politique de Brian Mulroney. Ce n’est pas son plus beau fleuron puisque d’un coup le parti est revenu 60 ans en arrière. Stephen Harper et ses réformistes peinent à faire élire un gouvernement majoritaire puisque leur philosophie politique ne colle pas à la réalité canadienne, surtout pas celle des Québécois. J’espère qu’ils ne réussiront pas car je crains les changements irrationnels qu’ils nous imposeront.

Mulroney a beau se dire un ex-PM Conservateur, ce n’est que de la frime pour faire oublier ce qui est arrivé à son parti Progressiste-Conservateur. Ce dernier et le PC sont deux partis différents. L’ex-PM Joe Clark élu sous la bannière du PPC refuse depuis de se joindre au parti conservateur d’Harper et il n’est pas le seul. Il y a aussi plusieurs sénateurs importants qui rejettent l’étiquette conservatrice. Hier, lors de sa fête, Mulroney a exprimé à nouveau sa confiance dans le Parti Conservateur d’Harper. Pour moi, cela ne peut se justifier que par ce que je viens d’écrire car la philosophie politique de Mulroney est aux antipodes de celle d’Harper.

J’ai vécu ces années puisque j’ai été, plus de 30 ans, très actif dans le Parti Progressiste-conservateur du Canada. J’ai connu Brian Mulroney très jeune et je me suis lié d’amitié avec lui. Autant je l’ai admiré pour avoir pu gagner deux majorités importantes pour le PPC, autant je déplore la fin de sa carrière politique et ses prises de positions d’aujourd’hui.

J’ai été surpris de la campagne négative qu’il subit depuis plus de 15 ans. Le livre qui a été écrit contre lui avec un titre flamboyant « On the Take » ne comprenait pas de preuve. J’ai eu l’impression que l’auteur voulait se venger de Mulroney.

Je regrette les actions de la Gendarmerie Royale du Canada qui durant plus de 10 ans s’est acharnée à faire des enquêtes sur Mulroney, en affirmant même, par la bouche de son porte-parole, qu’il était un criminel, alors qu’aucune accusation n’a jamais été portée contre lui.

J’ai été choqué pas la chaine anglaise de Radio-Canada qui s’est acharné contre Mulroney en prenant comme base les extraits de ce livre et de fausses informations émanant de la GRC pour présenter des émissions télévisées visant à prouver qu’il fut un homme politique corrompu. Les mass media canadiens et québécois qui enchaînaient leurs reportages sur la base des infos de la CBC agirent aussi de façon irresponsable.

J’ai été étonné d’apprendre ses relations d’affaires, après avoir quitté son poste de PM mais toujours député, avec l’allemand Karlheinz Schreiber et le fait que ce dernier lui ait remis, en argent comptant, un « retainer » pour ses services d’avocats et que Mulroney l’ait accepté. Ce fut une erreur qu’il reconnaît aujourd’hui et qui laisse de lui une très mauvaise image à cause du fait qu’il n’a payé son impôt sur ce montant que six ans plus tard. Nonobstant cela, j’ai l’impression que l’enquête publique sur ce cas tournera en faveur de Mulroney car je le crois foncièrement honnête.

Il y en a qui diront qu’il n’y a pas de fumée sans feu. Peut-être mais dans le cas de Mulroney, je veux souligner que malgré toutes les enquêtes faites depuis tant d’années sur sa personne, aucune preuve criminelle n’a jamais été produite contre lui. Quand même !

Assez, c’est assez ! Il est temps qu’on le lâche et qu’on le laisse lécher ses blessures, comme il dit. Il a bien servi le pays comme Premier Ministre. Il a été un grand chef d’État, fier et courageux puisqu’il a prôné des politiques même impopulaires mais nécessaires pour notre pays. Il mérite notre respect et notre reconnaissance.

Il a ses fautes et j’en ai soulignées dans ce texte. Qui n’en a pas ?

Claude Dupras

mercredi 16 septembre 2009

Le bonheur national brut

À son arrivée à la présidence française, Nicolas Sarkozy créa une Commission sur « la mesure de la performance économique et du progrès social ». En somme, le président voulait savoir comment établir la performance de la société française, hors le PIB (produit intérieur brut) qui mesure annuellement la production d’un pays et indique son niveau de croissance, ou de récession. En fait, Sarkozy recherche des instruments plus justes pour mieux comprendre les enjeux.

La Commission composée de 25 experts internationaux et présidé par l’Américain et Prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz, incluait aussi un autre lauréat du prix Nobel, l’Indien Amartya Sen. Après 18 mois d’études, la commission a remis son rapport au président français, lundi dernier, à la Sorbonne. Elle arrive à la conclusion qu’« un seul chiffre (le PIB) ne peut pas, à lui seul tout synthétiser ».

Par exemple, le PIB place parmi les pays les plus riches, les USA premier, la France 5ième et le Canada 11ième. Par contre, l’IDH (indice de développement humain) calculé à partir de l’espérance de vie, du taux d’alphabétisation et du PIB par habitant de chaque pays, place le Canada 4ième, la France 10ième et les USA 12ième parmi les pays les mieux développés.

La crise économique actuelle a mis en évidence que « le PIB ne donnait pas la température de la maladie de nos économies ». Par exemple, les USA dépensent 15 % de leur PIB pour la santé, un record mondial, mais il y a 45 millions d’Américains qui n’ont pas de protection sociale. Le prix du carbone n’est pas vraiment $15 la tonne, comme le dit le marché, c’est beaucoup plus si on veut contrer le réchauffement climatique. Stiglitz conclut que « la confiance au marché nous aveugle ».

L'économiste affirme que « le PIB a été créé pour calculer l’activité des marchés, malheureusement, il a été utilisé davantage pour étalonner la mesure du bien-être ou de la qualité de vie ». Or, la performance d’une société doit s’évaluer aussi par des « mesures subjectives comme l’environnement, la sécurité personnelle ou économique, l’habitat, etc.».

Pour lui, nous devons avoir des « indicateurs qui nous permettent de savoir l’état de notre économie et de notre société ». Comment avoir un programme sur les inégalités si on ne les mesure pas ?

La Commission a résumé, à douze, les pistes qu’il faut suivre pour mieux mesurer les performances économiques et le bien-être social de nos sociétés. Elles sont : les revenus et la consommation, la perception des « ménages », le patrimoine, la répartition des revenus, les activités non-marchandes, le bien-être, les inégalités, la qualité de vie, les ressources, le capital humain et social et l’environnement. En somme, les gouvernements devraient « mesurer aussi le bien-être, sinon le bonheur, et pas seulement la production aux prix des marchés ».

Au PIB on pourrait ajouter « le BNB, le bonheur national brut », écrit en plaisantant un éditorialiste français.

En sachant mettre l’accent sur la richesse humaine plutôt que sur la seule croissance des biens, les gouvernements seraient alors en mesure d’infléchir leurs politiques pour mieux aider leur population.

Le président Sarkozy a été impressionné par la thèse du rapport de la Commission au point qu’il y voit un point tournant de la politique mondiale. Il projette d’en devenir le « porte-parole » dans le monde afin de persuader les organisations mondiales à modifier leur système statistique. De son côté, l’économiste Joseph Stiglitz s’est montré heureux de constater, qu’enfin, un « gouvernement de poids » comme la France donnera de la prestance aux propositions des membres de sa Commission.

Cela rejoint l’argumentaire de mon récent blog « la taxe carbone » à l’effet que la France, en l’adoptant, se donnera la capacité de devenir le leader recherché pour la faire adopter par les grands pays du monde.

Le président Sarkozy démontre de plus en plus ses qualités, hors de l’ordinaire, de chef de nation responsable.

« C’est en mettant davantage l’accent sur la mesure du bien-être sous toutes ses dimensions que sur le seul prisme de la production économique que l’on changera les comportements » conclut le président français ».

Claude Dupras

vendredi 11 septembre 2009

Les « vigilantes » américains de retour ?

Quelle saloperie que cette campagne républicaine contre le projet de loi sur l’assurance- santé proposé par le président américain Barack Obama ! Depuis son élection, le parti républicain s’oppose systématiquement à tout ce que propose Obama. Les stratèges de ce parti veulent démontrer que, même majoritaire, Obama ne sait comment gérer le pays et est incapable de faire approuver les lois qu’il propose pour répondre à ses promesses électorales, puisque, disent-ils, il n’a pas les qualités nécessaires pour négocier avec l’opposition afin d’atteindre ses objectifs. Quelle hypocrisie ! Quel manque de responsabilité !

Que l’enjeu soit de faire accéder 45 millions d’Américains au régime d’assurance-santé ou en rapport avec la crise économique, l’éducation, le budget, l’environnement et autres sujets d’importance pour l’avenir américain, cela n’a aucune importance pour les Républicains ! Seul le pouvoir compte pour eux. À défaut d’avoir un chef de la trempe et de l’intellect d’Obama, ils ont choisi de nier à ce dernier tout succès, de le salir et de lui faire une obstruction systématique. On a même vu un représentant républicain se lever, tout énervé, au congrès américain, réuni pour la récente adresse d’Obama à la nation, et traiter le président de menteur. Le lendemain, il a retiré cette insulte, en s’excusant.

Même la campagne électorale présidentielle, qui a vu Obama porté au pouvoir, n'a pas été aussi imbibée de racisme et de démagogie politique que ce qu’on observe aux USA depuis le début du débat sur la réforme de l'assurance-santé et l'expansion des soins à tous les Américains.

Malgré qu’Obama ait été élu légitimement avec une grande majorité, il demeure un noir pour beaucoup d’Américains et cela malgré qu’il ne soit pas tout noir puisque sa mère était blanche. À lire et à écouter tout ce qui se dit aujourd’hui chez nos voisins du sud, on a vraiment l’impression que l’Amérique est au bord d'une véritable guerre civile. La virulence verbale de la part de l'extrême-droite américaine en particulier et aussi de la grande majorité du parti républicain d'aujourd'hui est fort surprenante et révoltante.

Par exemple, en Louisiane où deux tiers de la population (depuis l’ouragan Katrina) sont blancs et où 22% des citoyens (surtout des noirs) n’ont pas d’assurance-santé, je lisais récemment dans le NY Times que la mention du seul nom Obama fait sauter les fusibles chez les blancs. Même les cajuns (fils de nos Acadiens exportés) qui étaient dans le passé voués au parti démocrate se détournent vers le parti républicain.

Depuis le lancement de son intention de réformer le système de santé de son pays, Obama est accusé d'être tout d'abord un usurpateur de la présidence prétendant qu'il n'est pas réellement un citoyen américain. Ensuite, on l'accuse tout d'abord d'être un socialiste, comme si c’était un gros péché, et même mieux encore de fasciste et encore plus, de communiste. Maintenant la droite américaine, qu'elle soit de l'extrême phalange chrétienne ou même de républicains relativement logiques comme le sénateur Mc Cain, est déterminée à empêcher Obama de mettre en œuvre son programme de réforme du système de la santé. Ce qui est tragique c’est que cette campagne de désinformation et de « salissage » porte ses fruits puisque la popularité d’Obama baisse sensiblement dans les sondages.

Mais le réel et grand danger dans cette stratégie politique agressive est que le parti républicain américain semble encourager une véritable révolte, même si elle mène vers la violence. Quand on nous montre, à la télévision, la violence verbale exprimée par les participants aux réunions dites « town hall », ou encore des individus se promener avec des armes de guerre au milieu d'un débat sur la santé, nous pouvons nous demander jusqu’où tout cela mènera et si l’extrême-droite appuyée inconsciemment par le parti républicain américain n'a pas adopté la stratégie des chemises noires et des chemises grises en Italie et en Allemagne avant la prise de pouvoir des fascistes dans ces deux pays juste avant la 2ième guerre mondiale.

Si le parti républicain ne met pas ses culottes et ne cesse d’alimenter avec des ragots cette folie politique et ne dénonce l’extrême-droite, je me demande combien de temps nous allons encore attendre avant de voir des organisations « vigilantes » pousser comme des champignons à travers les USA.

Claude Dupras

lundi 7 septembre 2009

La taxe carbone

Le 11 juin 2008, j’écrivais un blog intitulé la « taxe verte ». C’est aujourd’hui, la « taxe carbone ». J’étais alors en faveur et je le suis toujours. Le gouvernement français veut appliquer une telle taxe dès la rentrée parlementaire et un tollé s’élève du côté de l’opposition contre cette nouvelle taxe. Malgré qu’’elle soit demandée et expliquée par les écologistes comme un moyen efficace pour réduire les émissions de CO2 , qu’elle ait prouvé son efficacité en Suède, au Danemark, au Royaume-Uni, en Finlande, en Norvège, en Nouvelle-Zélande ou à Costa Rica où elle est appliquée depuis plusieurs années, le parti socialiste français, avec Ségolène Royal en tête, et les autres partis de gauche, sauf les écolos, ont décidé de combattre cette mesure écologique. Ils élèvent le spectre de la peur de nouvelles taxes, déjà très hautes en France.

Est-ce simplement une opposition pour faire de l’opposition, ou est-ce que cette position est réaliste et honnête ? La question est difficile à répondre.

La taxe carbone est à mon avis mal nommée à cause du mot « taxe » qui la rend hostile aux contribuables. Son but est d’influencer Monsieur, Madame tout-le-monde et les entreprises à diminuer leur consommation d’énergie générée par le pétrole, le gaz et le charbon afin de réduire la production de gaz à effets de serre néfastes pour le climat de notre planète. Le principe est de rendre le coût de l’énergie plus cher, au point qu’elle soit moins consommée et que ses utilisateurs se voient obligés de modérer leur consommation et de chercher des solutions alternatives moins coûteuses et moins polluantes.

Ça marche, et l’exemple est la France où le prix de l’essence est actuellement le double de celui du Canada. Le résultat est que les Français roulent dans de petites voitures qui font beaucoup plus de km au litre que les grosses voitures canadiennes. Au double du prix à la pompe, je suis certain que les Canadiens remplaceraient vite leur automobile énergivore pour une à l’appétit moins grand et moins polluant. D’ailleurs, on a vu leurs réactions dans ce sens, l’an dernier, lors de la flambée des prix du pétrole.

Même si la France s’engage dans le sillon de la taxe carbone, le résultat ne changera presque rien au niveau de l’émission mondiale des GES puisque les gros pollueurs comme les USA, l’Inde, la Chine, la Russie et le Canada ne participent pas à cet effort et refusent l’idée de taxer pour motiver. Les dirigeants politiques de ces pays, surtout motivés par l’intérêt politique ou personnel, veulent protéger leurs entreprises, créatrices d’emplois, contre les augmentations importantes de taxes mais surtout s’assurer que leurs électeurs ne se révoltent pas suite à des augmentations radicales des coûts d’énergie. Ils ont appris qu’ « un politicien qui taxe est un politicien qui se fait battre » et c’est pourquoi ils craignent la taxe carbone, comme la peste.

Nous, les Canadiens, avons vécu un tel débat lors de notre dernière élection générale alors que le chef de l’opposition libérale fit de la taxe carbone le principal objet de sa plateforme électorale. Stéphane Dion savait de quoi il parlait. Il avait présidé avec brio la conférence universelle des Nations Unies à Montréal sur le réchauffement climatique et avait su rallier les délégués à des positions importantes et difficiles. Il connaissait tous les aspects de cette idée déjà implantée ailleurs et qui a fait ses preuves. Il a, contre l’avis des stratèges du parti, engagé ses troupes dans ce combat et proposé la taxe carbone en assurant les électeurs que tous les argents collectés par cette taxe seraient intégralement redistribués à ceux qui en souffriraient. En somme, le gouvernement ne bénéficierait d’aucune nouvelle entrée fiscale pour son budget.

Son adversaire, le Premier ministre Stephen Harper, député de l’Alberta, la province la plus polluante du Canada à cause de sa mauvaise exploitation des sables bitumineux, s’est évidemment opposé à cette idée de Dion et l’a accusé de vouloir taxer sur tout et partout. Il a ainsi fait oublier sa propre politique sur l'environnement qui était et est toujours déplorée par les grands écologistes du monde. Ce qui fut plus grave c’est que notre PM, pour défendre sa province et gagner ses élections, a réussi à réduire le débat sur cette question cruciale, à une question de taxe. Il a démontré alors qu’il était irresponsable.

Dion perdit son pari et le parti libéral obtint son plus bas score électoral depuis des décennies. Certes, il y avait d’autres sujets qui n’aidaient pas Dion, mais c’est la taxe carbone qui créa la crainte profonde chez les électeurs et les détourna du parti libéral.

Nicolas Sarkozy, le président français qui a montré beaucoup de courage dans le passé en prenant des décisions impopulaires et difficiles, affirme que la taxe carbone sera instaurée bientôt en France.

A-t-il raison de proposer cette contribution fiscale pour combattre l’émission de CO2 même si son effet ne modifiera qu'à peine un iota la production mondiale des GES? Tenant compte que les autres grands pays ne bougent pas sur cette question, nous pouvons nous demander s’il est raisonnable que les Français, en pleine crise économique, soient appelés à payer cette taxe carbone même si le président assure que l’intégralité du revenu qu’elle générera sera affectée aux entreprises, aux particuliers, aux ruraux et aux plus défavorisés. Les Français hésitent car, dans le passé, ils se rappellent que les revenus d’autres nouvelles taxes furent attribués à des fins autres que celles pour lesquelles elles furent adoptées. Il est normal qu’ils soient méfiants.

Par contre, la France est un leader dans le monde. Si elle ne bouge pas, pourquoi les autres pays bougeraient-ils ? Et puis, il y a l’importante conférence de l’ONU à Copenhague où des décisions importantes doivent être prises pour la suite de l’accord de Kyoto sur le réchauffement climatique. La France peut y être un grand joueur.

Je crois Nicolas Sarkozy lorsqu’il assure que la taxe carbone sera fiscalement neutre. C’est un homme politique très réaliste, électoralement parlant. Son parti UMP est bien sorti des récentes élections européennes. Mais le parti écologiste a aussi fait bonne figure en dépassant le parti socialiste. À l’horizon, il y a les élections régionales françaises en 2010 et la prochaine élection présidentielle en 2012. Le président Sarkozy ne peut oublier la dimension électorale en prenant ses décisions politiques. Pour gagner la faveur publique lors de ces scrutins, il se doit de respecter ses positions avancées. Il n’a pas vraiment le choix.

La Planète n’a pas non plus le choix et a besoin de leadership. La France, un des pays les moins polluants de la planète, peut devenir le leader recherché. Sarkozy a démontré, dans le passé, sa capacité de persuasion. En prenant son pays comme exemple, il sera à même de démontrer, aux représentants des citoyens du monde réunis à Copenhague, le niveau de courage requis et la façon d’agir pour contrer le danger qui menace notre planète.

Je crois que les Canadiens seront impressionnés par une telle politique adoptée en France. Ils comprendront davantage que c’est la démagogie qui a fait foi de programme politique pour le parti conservateur lors de la dernière élection nationale. L’adoption de la taxe carbone en France affectera, jusqu’à un certain point, le débat lors de la prochaine élection canadienne. Il en sera de même ailleurs.

Claude Dupras

jeudi 3 septembre 2009

Louise Beaudoin, so what ?

Les journaux rapportent que l’ex-ministre péquiste Louise Beaudoin va supporter Louise Harel, ex-ministre PQ, pour son élection à la mairie de Montréal. Quelle nouvelle ! S’il faut qu’à chaque fois qu’un ou une ancien ministre PQ annonce son appui à Mme Harel, les média en fassent un plat, on n’a pas fini d’avoir des nouvelles « plates ». Il est certain que la très vaste majorité des ex-collègues ministres de Mme Harel vont la supporter. Il est aussi évident que les séparatistes feront de même en appuyant Mme Harel. Ils ne manqueront sûrement pas l’opportunité de voter pour une dure et pure péquiste à la tête de l’Hôtel de ville.

Il est aussi certain que les francophones « fédéralistes à tout prix » iront voter pour Gérald Tremblay. Et il en est de même pour les anglophones qui se rendront aux urnes non pas pour voter pour Tremblay mais pour chercher à éviter qu’une séparatiste s’empare de l’hôtel de ville. What’s new ?

Ces deux blocs de votes, les séparatistes d’un bord et les fédéralistes à tout prix de l’autre devraient être de poids égal et leur influence respective sera ainsi amenuisée. Louise Harel aura beau présenter des anglophones de façade l’appuyant, cela ne passera pas la rampe. De même, le maire Tremblay jouera un jeu similaire et soulignera l’appui de quelques souverainistes reconnus, mais il n’aura pas plus d’effet que son adversaire.

La décision sera donc celle des Montréalais et Montréalaises qui sont neutres et qui votent soit pour le parti Québécois soit pour le parti Libéral ou un autre, sur la base de l’enjeu de chaque élection. Et, aussi, elle sera celle des néo-Montréalais (es) qui sont de plus en plus nombreux. Normalement, ceux-ci ne se laissent pas influencer par le débat politique sur le statut du Québec, qui n’en finit plus. Ils se sont installés chez nous, loin de leur pays d’origine, pour toutes sortes de raisons. Pas très riches à leur arrivée, ils réussissent, par le travail et la persévérance, à bien élever et éduquer leurs enfants et cherchent à créer pour leur famille un milieu respectable et prometteur pour l’avenir. Jusqu’à un certain point, je crois que ces derniers sont la clef de la prochaine élection municipale de Montréal.

Il y a aussi, deux autres candidats. M. Richard Bergeron, chef de Projet Montréal et Louise O’Sullivan. Bergeron est un homme de qualité, racé, courageux, de principes qui propose des idées qui sont, souventes fois, des réponses sérieuses aux grands problèmes de notre ville. Malheureusement, à cause des circonstances actuelles qui braquent les réflecteurs sur le maire Tremblay et Mme Harel, M. Bergeron ne récoltera pas le nombre de votes qu’il mérite. Quant à Mme O’Sullivan, ex-membre du comité exécutif de la ville, sous le maire Tremblay, elle n’a aucune chance.

À la fin du règne de Jean Drapeau, on entendait plus souvent qu’autrement, le mot « dictature » lorsque l’on se référait à l’hôtel de ville. Dieu sait pourtant que Drapeau était loin d’un tel comportement. Aujourd’hui, alors que l’on a répondu au changement de structure municipale en créant une politique municipale de proximité, on se plaint à nouveau et on veut tout bousculer, tout bousiller, pour chercher à revenir à la formule passée. La solution n’est pas là.

Nous avons maintenant des arrondissements. Ce fut une erreur qui a été initié par le maire Jean Doré et qui a pris son envol avec la venue de la fusion et de la « défusion » des municipalités de l’île de Montréal. Je me suis opposé, depuis le tout début, à ce genre de réorganisation pour notre milieu municipal car j’estimais que nous avions la Communauté Urbaine de Montréal qui fonctionnait bien, malgré qu’il y avait place pour amélioration, et qui intégrait toutes les municipalités en rapport avec les grands besoins municipaux qui touchent notre île. Montréal a obtenu l’Expo67 et les Jeux Olympiques de 1976 et les a bien réussis. Elle a fait sa marque dans le monde et n’a pas eu besoin des fusions pour le faire !

Malheureusement, les politiciens ont agi différemment et nous ont donné la structure des arrondissements. Plusieurs personnes, aujourd’hui, veulent la défaire et revenir en arrière. Quant à moi, je dis « Non ». Assez, c’est assez !

Ce qu’il faut faire, c’est consolider notre structure, assurer une meilleure coordination entre la ville-centre et les arrondissements, unifier les responsabilités de certains services communs à plusieurs arrondissements (comme le déneigement), rendre la structure des arrondissements plus simple, moins onéreuse et plus accessible. Nous nous devons de participer de près à ce travail et à la vie de notre arrondissement afin que les politiciens, qui s’en chargeront, sachent que nous les avons à l’œil. Certains arrondissements, comme Outremont, sont un bel exemple de ce que j’avance. Les citoyens sont présents, actifs et s’occupent de la chose publique. Ils ont pu, par leur surveillance, mettre à jour une administration de pauvre qualité, malhonnête et la remplacer. Je ne dis pas que nous ne devrions pas unir l’arrondissement Ville-Marie à la ville Centre, mais j’affirme qu’il ne faut pas généraliser. Les arrondissements fonctionnent à Paris, pourquoi pas à Montréal ! À nous de nous assurer qu’il en est ainsi.

J’invite tous mes amis et mes concitoyens à mettre de côté leurs réflexes partisans et à juger les candidats à la mairie et les membres de leur parti, qui briguent leurs suffrages dans tous les coins de la ville, sur la base de leur valeur personnelle, leur expérience, leur équipe et le contenu de leur programme politique. Les temps sont trop difficiles et la crise économique trop importante pour que l’on s’abaisse à faire de la petite politique, de la « potilique » comme j’aime à dire.

Montréal est une ville qui mérite d’être au haut de l’échelle de comparaison avec les autres grandes villes du monde. Il en va de notre qualité de vie, de nos emplois et de l’avenir de nos enfants. L’évolution rapide de la technologie et les investissements gigantesques qui sont requis, pour maintenir nos infrastructures en bon état et les améliorer, nécessitent que nous devenions des citoyens intéressés aux affaires municipales. Non seulement durant une période électorale, mais, et surtout, entre les élections.

Choisissons le meilleur candidat à chaque poste, nonobstant son parti. Nous aurons ainsi partout les meilleurs administrateurs possibles. Que le parti qui en a le plus gagne ! Si par la suite, certains élus ne répondent pas à nos aspirations, nous pourrons les identifier et régler leur cas à la prochaine élection.

Je ne fais qu’une exception : les vire-capots. Ces renégats qui ne savent où planter leur tente ne méritent pas notre appui. Ils ont démontré qu’ils n’ont ni parole, ni principe, ni courage. Nous n’avons pas besoin de tels individus sans colonne vertébrale pour prendre soin de nos affaires. Comme on disait dans le bon vieux temps : « Dehors, les chiens pas de médaille ! ».

Claude Dupras

mardi 1 septembre 2009

Gérald Tremblay : oui ou non ?

Il y a à peine un an, les sondages indiquaient que le maire de Montréal, Gérald Tremblay, serait réélu haut la main avec un appui qui dépasserait les 70%. Les Montréalais et les Montréalaises le voyaient comme un bon maire. D’ailleurs, plusieurs chroniqueurs se plaisaient à le décrire, en se référant à lui dans leurs textes, comme « le bon maire Tremblay ».

Je le connais depuis longtemps. Pas intimement, mais assez pour avoir pensé durant tout ce temps qu’il était un homme compétent et foncièrement honnête. Alors qu’il était ministre du gouvernement du Québec, il a été impressionnant et a su faire sa marque en dirigeant bien le ministère de l’industrie, du commerce et de la technologie. Sa réputation était sans tache.

Suite à la fusion des municipalités de l’île de Montréal en une grande ville, un parti politique s’est construit autour de Tremblay et il a réussi a déloger l’ex-maire Pierre Bourque pour prendre la direction de la nouvelle grande ville. Ce sont surtout les électeurs des petites villes fusionnées de force à Montréal, qui lui permirent d’obtenir une majorité sur son adversaire. Par contre, Bourque, promoteur de l’idée « une île, une ville », recueillit une majorité d’électeurs de l’ancien territoire de la Ville de Montréal qui étaient très satisfaits de ses services.

Durant son premier mandat, Tremblay a bien dirigé la ville et à l’élection qui suivit, quatre ans plus tard, il remporta une majorité partout, incluant l’ancien Montréal.

Mais voilà que depuis quelques mois, des scandales (ou pseudos scandales puisqu’à ce jour, rien n’a été prouvé définitivement) très médiatisés sont venus bousculer l’opinion publique et favoriser la montée du parti de l’opposition, Vision Montréal, qui a réussi un coup de maître en recrutant comme candidat à la mairie, Louise Harel ex-ministre des Affaires municipales du gouvernement du Québec. Ces faits récents ont changé l’allure des sondages et, depuis, plusieurs conseillers municipaux sortant-de-charge ou des candidats qui s’étaient déjà annoncés pour l’élection de novembre prochain s’amusent à jouer, sans gêne, à « la chaise musicale » et renient, à la fois, leur parti, leurs collègues, leurs principes, leurs engagements passés et leurs opinions même récentes pour changer de bord, pensant et espérant choisir celui pour être élus. Ceux-ci ne méritent que le grand vent des sondages ne devienne qu’une petite pluie !

Le maire Tremblay vient de présenter au public montréalais les membres de son équipe. C’est en général, une très bonne équipe. Comment réagiront les électeurs ? Normalement, un maire qui a des réalisations importantes à son crédit, comme le maire Tremblay, est réélu. Mais voilà que l’intégrité du maire et son honnêteté sont mises en question à cause de la qualité du travail et des décisions des gens qu’il a mis en place et qui font partie de son équipe au plus haut niveau. À ces accusations, Tremblay rappelle que dès qu’il a été mis au courant des insinuations de scandales, il a agi en demandant aux autorités supérieures et en mettant en place au niveau municipal les enquêtes nécessaires pour établir la vérité. Est-ce suffisant pour que les électeurs le croient et ne tiennent pas compte de ces reproches ?

Mme Harel est reconnue comme honnête et une députée qui a bien servi, durant de longues années les Québécois à l’Assemblée Nationale. Cependant à la fin de sa carrière, elle a imposé les fusions de municipalités partout au Québec, dont celle de Montréal. Et cela, malgré tous les référendums organisés dans toutes les municipalités visées où les électeurs ont voté fortement contre les fusions. Ce n’était pas un signe de grand respect pour l’opinion démocratique des électeurs. De plus, cette folie des fusions et celle des dé-fusions qui ont suivi a coûté des centaines de millions de dollars en taxes additionnelles aux contribuables frustrés. Un des résultats, parmi les plus tristes, est que Montréal est devenue une ville désorganisée.

Comme le maire Tremblay, Louise Harel a une bonne équipe dont plusieurs renégats venant d’autres partis municipaux. Aussi, tout comme le maire, elle présentera un programme politique sérieux, important et à point.

Malheureusement la décision des électeurs ne portera pas sur la force des partis ou sur ce qu’ils proposent. L’ultime question, qui décidera de la prochaine administration municipale montréalaise, sera : « le maire Tremblay est-il honnête ou non ou simplement naïf ? ». S’il on le juge honnête, il gagnera. Si, par contre, on le juge malhonnête ou naïf, Louise Harel deviendra la première mairesse de Montréal.

Claude Dupras