mercredi 23 septembre 2009

La politique du p’tit chien

Le premier ministre du Canada ne cesse de me surprendre. Malheureusement dans le mauvais sens.

Hier, les principaux chefs politiques du monde ont été invités à un sommet d’une journée par le secrétaire national des Nations Unies, Ban Ki-moon, préalablement à l’assemblée générale des Nations Unies, pour discuter particulièrement de leur prise de position respective lors de l’importante conférence mondiale sur le réchauffement climatique à Copenhague, en décembre prochain. On doit y décider de la suite de Kyoto. Les pays de l’Europe, ayant défini une position commune, veulent s’assurer que l’Amérique et les pays émergents s’orientent vers une direction semblable.

Le PM Harper a trouvé moyen de ne pas participer à cette journée importante sauf pour le dîner, qui suivit, des 25 chefs d’États qui y participèrent. Il a donné comme prétexte que le Canada suivra la politique des États-Unis quant à ses prises de positions futures en rapport avec le réchauffement de notre planète. Ce n’est pas beau çà ? Nous sommes devenus le p’tit chien qui suit son maître, les USA.

Je ne rappelle pas qu’un PM du Canada ait agi ainsi, surtout sur une question de première importance pour chaque citoyen canadien, comme l’est la question environnementale. Diefenbaker, Pearson, Trudeau, Mulroney Chrétien et Martin se sont tous, sans exception, tenus debout face au président américain, pour faire valoir l’opinion canadienne. Du débat sur la présence d’armes nucléaires sur le sol canadien à celui de la guerre en Irak, nos PM ont toujours défendu notre position face à notre voisin du sud. Plusieurs de nos ex-PM ont gagné leur point et d’autres se sont fait invectivés par les mass media américains en refusant d’accepter la position de leur président. Mais qu’importe, les Canadiens en sont sortis la tête haute. Cela nous a valu d’avoir un pays unique, qui se respecte et qui était estimé partout sur la planète.

Le PM Harper vient d’annoncer que le Canada aura dorénavant une politique environnementale intégrée avec celle des Américains. Il continue comme du temps qu’il était chef de l’opposition à la Chambre des communes lorsqu’il voulait favoriser l’envoi de nos troupes en Irak à la demande des Américains. Son « modus vivendi » est à Washington. Devenu premier ministre canadien, il a continué sa misérable politique « aplatventriste » alors qu’il a maintes fois imité, souvent dès le lendemain, les politiques de GWBush. C’est à se demander si le PM Stephen Harper a une colonne vertébrale politique.

Pourquoi agit-il ainsi ? Pour moi, en ce qui concerne l’environnement, la raison est simple. Premièrement, le PM Harper ne croit pas au réchauffement de la planète et que s’il existe, il affirme qu’il n’est pas de source humaine. Il a dit, en faisant valoir son argument, que la question du réchauffement climatique était une machination des « socialistes ». Quelle connerie !

Deuxièmement, en tant que député albertain, le PM Harper se retrouve en position de conflit d’intérêts. Sa province, l’Alberta, est la plus polluante (et la plus riche) au Canada à cause de son exploitation des sables bitumineux. Si le PM Harper acceptait d’imposer à sa province les objectifs internationaux actuels et ceux qui se dessinent pour un avenir pas trop lointain, l’Alberta en souffrirait financièrement. Déjà que ses recettes records se sont « volatisées » depuis la baisse des prix du pétrole puisque l’exploitation des gaz bitumineux n’est rentable que si le prix du pétrole est élevé. En fixant des critères réalistes pour protéger l’environnement, l’exploitation des sables bitumineux sera retardée jusqu’au moment où ses exploitants trouveront les méthodes capables de les respecter.

Je ne partage pas l’opinion de nombreux écologistes qui suggèrent de cesser simplement l’exploitation des sables bitumineux. Ce sont les mêmes qui se sont prononcés contre le nucléaire et qui, aujourd’hui, reconnaissent que ce fut une erreur. Les mêmes qui s’opposent à la construction de barrage hydro-électrique. Ils ne sont pas infaillibles. Non, les sables bitumineux sont une richesse extraordinaire qui appartient aux Canadiens tout en étant une réserve mondiale importante de pétrole pour l’avenir. Nous avons cependant la responsabilité d’agir correctement en y soutirant le pétrole.

La réputation du Canada est sur une pente descendante dans le monde. Il suffit de voyager pour le constater. Encore hier, un comité scientifique des Nations Unies pressait le Canada de sortir de sa coquille et de faire d’avantage pour combattre le réchauffement climatique. Le PM Harper et les conservateurs sont directement responsables de cet état de chose. Le nouveau grand débat qui s’annonce sur le réchauffement climatique et qui nous mènera à Copenhague est une belle occasion pour notre gouvernement de se ressaisir. Cette conférence sera le point de mire de la planète. À nous d’y rétablir notre réputation.

C’est beau d’être un idéologue de droite mais on n’a pas le droit de prendre le pouvoir sous de fausses représentations et d’imposer ensuite son idéologie à tout le monde. On a vu ce que cela a donné dans le passé.

Pour bien agir, notre gouvernement n’a qu’à se tenir debout tout en respectant le passé, la réalité canadienne et l’opinion majoritaire des Canadiens.

Claude Dupras

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