samedi 27 décembre 2008

Israël-Palestine, une nouvelle confrontation

Au moment où j’écris ces lignes, plus de 200 Palestiniens viennent de se faire tuer et trois cents autres sont blessés par des fusées lancées de F-16 et d’hélicoptères de l’aviation israélienne qui entrent par vagues successives sur la bande de Gaza et bombardent, sans crier gare, la population palestinienne. C’est suite à une décision du gouvernement d’Israël que ces attaques inopinées ont été déclenchées. Ce dernier se justifie en invoquant le lancement de quelques roquettes lancées par les Palestiniens.

En riposte, le Hamas, mouvement islamiste et politique palestinien, a entrepris de tirer des centaines de roquettes sur le territoire d’Israël. Ces nouveaux projectiles non guidés entrent en Israël plus profondément que ceux du passé et feront plus mal. Cette nouvelle confrontation met fin aux pourparlers entrepris par GWBush et d’autre pays, en vue d’un accord pour la reconnaissance de deux États : La Palestine et Israël. Au lieu de l’entente de paix promise par le président américain, ce sont des bombes qui tombent sur la tête des Israéliens et des Palestiniens.

Et ce n’est que le début si on se fie aux déclarations intempestives que l’on entend de part de d’autres de ce nouveau conflit. Le ministre israélien de la défense Ehud Barak dévoile que cette attaque aérienne a été préparée de longue date à cause de la possibilité d’attaques nouvelles par les Palestiniens suite à la levée de l’entente sur la suspension des hostilités, acceptée par les deux parties, pour arrêter l’embargo et faciliter les pourparlers de paix. De son côté, le chef du Hamas affirme que rien ne saura les arrêter cette fois. Quant au président palestinien, Mahmoud Abbas, il a démontré encore une fois sa naïveté, son manque de stratégie pour amener son peuple à une résolution de ce conflit qui persiste et son incapacité à réunir les deux entités palestiniennes qui s’opposent, l'une à Gaza, l'autre en Cisjordanie.

Bush et le PM israélien Olmert croyaient qu’en isolant le Hamas et en offrant à Abbas des avantages généreux, leurs gestes augmenteraient la crédibilité de ce dernier auprès de son peuple et lui permettraient de prendre le dessus sur le Hamas. Il n’en fut rien.

Quant à l’accord d’Israël sur la proposition de « deux États », on peut se demander si Olmert était sincère et n’a pas simplement profité de cette idée pour faire croître l’occupation du territoire palestinien par son pays. L’émissaire de paix, Tony Blair, l’ex-PM anglais n’a pu avec le quartet (la Russie, les Nations Unies, l’Union Européenne et les USA) remettre le processus de paix sur les rails. Il me semble que toute cette démarche n’a été qu’un faux-fuyant pour aider Israël à démontrer qu’il n’a pas un partenaire valable chez les Palestiniens pour atteindre une paix réelle dans la région.

Que faire ? Ce ne sont pas, malheureusement, les résolutions adoptées dans le passé par les Nations-Unies qui ont aidé au règlement de ce conflit malgré qu’il n’y ait pas une autre entité politique internationale capable d’établir les conditions nécessaires à une paix durable, à moins que les USA décident enfin d’agir impartialement et de respecter les droits des deux parties. Je me suis toujours opposé à l’approche unilatéraliste des USA au Proche-Orient et dénoncé les discours du PM Canadien Stephen Harper qui copiait littéralement cette politique américaine. C’est la raison principale de l’échec des négociations.

Le nouveau président américain Barack Obama peut être la solution. Il est le seul qui peut prendre une position assez vigoureuse pour persuader Israël. Cependant, ce ne sera pas facile pour lui d’autant plus qu’il a choisi Hillary Clinton comme secrétaire d’état, la même qui, comme sénatrice américaine, a toujours obtenu l’appui massif des juifs de New York pour ses élections. Une autre embûche est le parti Démocrate d’Obama qui est supporté, depuis toujours, par une grande majorité du vote juif aux USA. Alors comment Obama pourra-t-il prendre une initiative de paix et imposer une solution dans une telle situation ? Pourtant, il n’y a que lui qui pourrait obtenir le résultat tant attendu car les pays émergeants et l’Union Européenne ont démontré leur impuissance. Aucun d’entre eux n’aide et ne protège Israël comme les USA et par conséquent aucun n’a son influence dans ce coin du monde.

La sécurité du peuple Israélien exige un pays palestinien voisin stable et viable. Celle du peuple Palestinien exige, quant à elle, un voisin pouvant lui assurer de vivre en liberté et en paix. C’est possible. Alors, Barack Obama, à l’œuvre…

Claude Dupras

vendredi 19 décembre 2008

Les réfugiés, la guerre, la crise

Trois sujets traités aujourd’hui dans les médias ont attiré particulièrement mon attention : les réfugiés haïtiens, les 103 soldats canadiens morts en Afghanistan et la crise politique canadienne.

Les réfugiés haïtiens. Le gouvernement fédéral veut lever le moratoire qui touche les réfugiés Haïtiens arrivés récemment au Canada, sans papier. Ce moratoire qui leur permet de défendre légalement leur cause pour demeurer dans notre pays s’applique aussi aux individus venus d’Irak, d’Afghanistan, du Zimbabwe, du Rwanda, du Congo, etc.

Ce serait un vrai scandale si une telle décision était prise contre ces êtres humains qui ont fui leur pays où ils vivaient dans un état de pauvreté indescriptible et dans des conditions sanitaires mortelles.

Notre gouvernement canadien soutient qu’Haïti a maintenant un gouvernement stable et démocratique et que c’est une raison valable pour lever le moratoire. Ceux qui défendent une telle idée n’ont sûrement pas visité Haïti. Ils auraient découvert un des pays les plus pauvres de la planète, sinon le plus pauvre. Ils auraient constaté le haut degré de corruption qui enivre les dirigeants politiques et la bourgeoisie haïtienne. Ils auraient réalisé le danger que constituent les tueurs de gangs organisés.

Où sont les Haïtiens du Canada pour défendre la cause de leurs compatriotes qui ont réussi à s’évader de l’enfer de leur pays ? Où est cette diaspora haïtienne qui a trouvé chez nous des emplois, des logements salubres, de bonnes écoles, un accueil chaleureux et même la citoyenneté canadienne. Je n’ai jamais compris pourquoi ils ne s’organisent pas pour aider massivement leur pays. Pourquoi, ne dénoncent-ils pas ce qui s’y passe ? Qu’ils se lèvent aujourd’hui, qu’ils manifestent, qu’ils révèlent fort et haut aux Canadiens et aux Québécois la situation réelle dans laquelle vivent les familles qu’ils ont laissées là-bas ! Qu’ils s’organisent et nous brassent afin que nous réagissions.

Il ne faut pas lever le moratoire envers ces Haïtiens qui arrivent chez nous comme réfugiés. Il nous faut les aider, les recevoir, les intégrer dans notre société. Ils n’ont pas d’autre place où aller. Quiconque d’entre nous pris dans leur situation ferait comme eux.

103 morts en Afghanistan. Oui, nous avons dépassé la centaine et c’est maintenant à un rythme de 25 à 30 par mois que nos soldats se font tuer au sud de ce pays. Quelle bêtise !

De jour en jour, de plus en plus d’observateurs internationaux neutres analysent l’ensemble de ce conflit et concluent que nous nous n’avons pas d’affaire là. Le Canada a suivi les USA pour s’engager avec l’OTAN dans ce conflit qui avait pour but de faire la guerre aux Talibans, les hôtes d’Al-Qaïda. Depuis, les Talibans ont été chassés et se cachent maintenant au Pakistan. Le PM Harper a prolongé deux fois le mandat de nos soldats et justifie leur présence actuelle avec le mot « reconstruction » alors que seulement 10% du budget alloué à cette guerre par notre pays va à l’aide humanitaire en Afghanistan. Il ment. Il jure maintenant qu’il rapatriera notre armée en 2011. L’enverra-t-elle alors au Pakistan ?

A-t-on oublié le rapport, sur l'avenir de l'engagement canadien en Afghanistan, du groupe d’experts présidé par l’ex-ministre libéral John Manley et remis en janvier 2008 au gouvernement Harper ? Celui-ci a découvert que nos soldats étaient mal équipés, en danger et a recommandé de leur fournir des véhicules de terrain capables de résister aux bombes artisanales placées le long des routes par l’ennemi. De plus, il a affirmé qu’il était urgent que des hélicoptères de guerre leur soient fournis immédiatement pour le mouvement des troupes car le transport sur le terrain était trop dangereux. Manley a ajouté que si ces conditions n’étaient pas remplies, le Canada devait se retirer. Le mandat de notre armée a alors été prolongé de deux ans avec la promesse du ministre de la défense Peter Mackay, que le Canada ferait ce qu’il faut.

Un an plus tard, pas d’hélicoptères et nos trois derniers soldats morts se sont fait tués dans leurs véhicules de transport terrestre par une bombe artisanale cachée sous la route.

Nos soldats ont été trompés et nous aussi. Il est temps que cette guerre inutile cesse et que rapatriions notre armée.

La crise politique canadienne. « Pour Stephen Harper, la crise politique qui sévit à Ottawa n'a rien à voir avec ses décisions ou les agissements de ses troupes, mais repose entièrement sur les épaules de l'opposition », voilà ce qu’écrit la presse aujourd’hui. Décidément, le PM Canadien a compris que « toute vérité n’est pas bonne à dire ».

Il y a moins de trois semaines, le PM Harper présentait au parlement un énoncé économique qui n’avait rien à voir avec la crise économique qui nous envahit. Il a voulu alors bousculer les partis d’opposition en les menaçant d’éliminer les subsides à leur parti prévus par la loi canadienne (sans ces subsides, ils ne peuvent survivre dans les circonstances actuelles). De plus, et c’est plus grave, il a menti sur la situation économique réelle du pays en affirmant que le budget de l’année serait excédentaire et que ceux des trois prochaines années seraient balancés. Il nous rassurait en affirmant que le Canada ne serait pas touché profondément par la crise économique puisque les mesures votées lors de la dernière session parlementaire canadienne suffiraient, en grande partie, à faire face à la monstrueuse vague économique qui venait vers nous. Hors, il nous affirme maintenant que l’an prochain le Canada aura un budget déficitaire de 30 milliards de $ et que ceux des trois prochaines années seront semblables.

Une majorité de députés de la Chambre des communes lui a montré qu’elle ne pouvait plus avoir confiance en lui car ses propositions partisanes et ses propos mensongers ont fait déborder le vase.

Harper affirme aujourd’hui que la crise politique est le fait de l’opposition. Mais, pour qui nous prend-il ?

Claude Dupras

mardi 16 décembre 2008

La popularité de Sarkozy

Alors que Nicolas Sarkozy a fait un boulot du tonnerre à la tête de l’union Européenne, il a continué, évidemment, à être le président de la France et a géré son pays avec la même vigueur et la même rigueur qu’il avait démontrées dès son élection de 2007.

Mais les Français ne sont pas heureux de tout cela. Des sondages d’hier montrent qu’ils approuvent son travail pour l’Europe à 56% alors que pour la France, ils ne sont d’accord qu’à moins de 45%.

Les Français ont apprécié sa diplomatie envers ses partenaires européens, son projet ambitieux pour l’Europe, sa réaction européenne face à la crise financière et ses positions pour convaincre ses collègues européens sur les questions de climat et d’environnement.

Par contre, ils craignent qu’un conflit social majeur n’éclate en France en 2009 et génère une paralysie du pays comme en 1995. Cela me surprend puisque toutes les manifestations dans les rue de France depuis l’accession au pouvoir de Sarkozy se sont révélées, contrairement au passé, inefficaces et n’ont pas changé le cours des choses.

De plus, le parti socialiste me semble en plein désarroi. Il vient de nommer avec difficulté Martine Aubry comme premier secrétaire du parti socialiste français, celle-là même qui a fait commettre au gouvernement Jospin sa plus grande erreur, celle des 35 heures. Certes Martine Aubry est intelligente, organisée et travaillante, mais comment les Français, qui commencent à peine à se libérer des chaînes de la « loi des 35 heures », pourront-ils avoir confiance en la nouvelle approche du parti socialiste, qui sera de toute évidence, avec elle, très à gauche et irréaliste.

Cette gauche française est particulièrement dure avec Sarkozy. Elle ne semble pas encore avoir digéré sa dernière défaite électorale à la présidence dans une élection qu’elle aurait dû normalement gagner. Elle ne ménage pas les supporteurs de Sarkozy en les traitant d’aveugles, d’ignorants et de faux amis et traite le président d’incapable, de méprisant… et j’en passe. Impuissante avec ses arguments dépassés, la gauche ne fait appel qu’à la « rue » pour arrêter le président et menace de tout arrêter. Elle, qui ne sait dire « non » lorsqu’elle gouverne, ne comprend pas qu’en période de crise, l’appui au président et au gouvernement soit essentiel. Elle ne comprend pas où se situent ses responsabilités politique et publique et ne fait que de la petite politique. « Manifestons, cassons tout, faisons des grèves, arrêtons le gouvernement, mettons les méchants dirigeants d’entreprises en difficultés, virons le président … » voilà ce qui me semble être le credo des gauchistes français dans cette période de crise économique. On ne peut être plus négatif alors que le contraire est requis car tous les partis de l’Assemblée Nationale devraient collaborer avec le gouvernement.

Heureusement, le président Sarkozy tient bon. Son comportement est impeccable. Il continue ses réformes pour son pays et veut à tout prix arrêter la gangrène qui le mine depuis longtemps. Il écoute, accepte les demandes de consultation, explique, cherche à convaincre et finalement décide. La liste des réformes à ce jour est impressionnante et le président n’arrête pas le tempo. Lorsque des difficultés s’élèvent, il ne se cache pas derrière son premier ministre comme Chirac et certains de ses prédécesseurs le faisaient. Il est au front et mène la charge. Un vrai président ! Que j’aimerais en avoir un semblable au Canada !

Dans la crise économique qui s’abat sur la France, comme ailleurs, il s’avère être un homme qui comprend bien la dimension du défi et qui ne craint pas d’agir rapidement pour soulager le peuple le plus possible. Il anticipe et semble avoir une vision réaliste de l’avenir.

Pourquoi une majorité de Français demeure-t-elle opposée à Sarkozy ? Ce n’est sûrement pas uniquement attribuable au dénigrement constant de la gauche. Il y a sans doute une autre raison. Je la vois dans l’affirmation de plusieurs Français à l’effet que la « France est ingouvernable ». Ils semblent dire qu’ils sont toujours de grands insatisfaits du gouvernement du jour. Ce n’est donc pas à cause de la qualité du président actuel mais parce que c’est comme çà en France. C’est difficile à comprendre.

Claude Dupras

samedi 13 décembre 2008

Un six mois hyperactif

Le mandat de six mois du président français Nicolas Sarkozy à la présidence de l’Union européenne se termine avec succès. Il vient de réussir à persuader les 27 pays-membre à se mettre d’accord sur trois dossiers importants : la crise économique, un nouveau référendum chez les Irlandais et le réchauffement climatique.

Le président Sarkozy est arrivé à la présidence européenne dans un contexte international difficile. Il espérait, selon son habitude, secouer la résistance passive des institutions européennes mais le « non « des Irlandais l’accueillit et faisait craindre le pire. Puis vint l’envahissement de la Géorgie par la Russie juste avant que ne pointe à l’horizon le tsunami économique qui s’abat aujourd’hui sur nous tous. Sans oublier la mésentente grandissante entre les pays européens dans leurs efforts pour contrer le réchauffement climatique. Sarkozy arrivait donc à un très mauvais moment.

Ces situations problématiques majeures l’ont fouetté. Il se rendit à Moscou rencontrer le président russe Dmitri Medvedev et le PM Poutine et leur arracha un cessez-le-feu qu’il fit accepter par le président Géorgien Mikhail Saakachvili en persuadant les USA de peser sur ce dernier.

Quelque temps après, l’Europe ressentit la crise économique. Sarkozy mit alors tout en branle en comptant sur l’intelligence du PM britannique Gordon Brown pour imposer au président GW Bush l’organisation d’un sommet mondial sur la crise. Il fit de même pour l’Europe et accorda un soutien financier aux banques malgré la réticence de la chancelière allemande Angela Merkel. L’Europe politique, dont plusieurs Européens déploraient la presque non-existence, surgit finalement et intervint avant les Américains pour une deuxième fois de suite. Du jamais vu !

De plus, Sarkozy lança l’Union pour la Méditerranée réunissant tous les pays riverains (44) à cette mer pour activer des projets comme la dépollution de la Méditerranée, l’autoroute de la mer et l’énergie solaire. Il fit adopter un pacte sur l’immigration afin que l’Europe contrôle mieux ses frontières extérieures, harmonise l’asile des immigrants, etc.. Il fit accepter des mesures de soutien de prix et de subventions pour permettre la modernisation, la simplification et la rationalisation de l’agriculture en Europe.

Son passage au sommet de la francophonie à Québec fut de courte durée mais ses interventions à l’Assemblée Nationale québécoise nous firent comprendre son amour pour notre nation et son grand respect pour le Canada. Il s’engagea avec notre gouvernement à faciliter le travail des Français au Québec et celui des Québécois en France. Cette entente positive unique bénéficiera grandement aux deux parties dans l’avenir.

À la réunion du Conseil européen de jeudi et vendredi dernier, il mit la cerise sur le gâteau en faisant ressortir et adopter tous les compromis nécessaires à de bonnes ententes pour asseoir l’Europe sur de solides bases.

Tenant compte des inquiétudes de l’Allemagne, de l’Italie et de la Pologne en rapport avec les contraintes du plan climatique sur leur industriels et de la nécessité d’aider les nouveaux pays de l’Europe de l’Est qui sont les plus pauvres de l’UE, tous les membres du CE acceptèrent de répartir les efforts et d’imposer des règles pour atteindre des objectifs pour 2020 touchant la réduction des gaz à effets de serre, l’augmentation des énergies renouvelables et les économies d’énergie. Sarkozy qualifie ces conditions de très « contraignantes » et souligne qu’aucun continent du monde n’en a encore acceptées de pareilles.

Pour faire face à la crise économique, les chefs de pays se sont entendus pour travailler ensemble, au lieu de par pays comme le voulait l’Allemagne. Ils vont y consacrer plus de 200 milliards d’euros soit 1,5% du PIB de l’Union Européenne. Sarkozy a rallié tous les membres sur la nécessité d’agir et de s’entendre pour coordonner la relance de l’économie.

En rapport avec le traité de Lisbonne sur la constitution européenne, rejeté par l’Irlande, qui ne pouvait prendre force de loi puisque tous les pays sans exception doivent l’accepter, Sarkozy a réussi à convaincre Dublin d’organiser un nouveau référendum sur la base de nouvelles propositions pouvant répondre aux inquiétudes exprimées par les Irlandais lors du dernier référendum, soient : le respect de sa législation sur l’avortement, le maintien de son autonomie fiscale, l’assurance que sa neutralité militaire sera maintenue et que son commissaire européen à Bruxelles demeurera en fonction.

Pour atteindre ses fins, Sarkozy n’a pas hésité à agacer (certains disent même irriter) la chancelière allemande, ni critiquer le commissaire européen José Manuel Durao Barroso pour son manque de leadership. Sa grande erreur fut avec les dirigeants chinois qui annulèrent le sommet Chine/Union Européenne suite aux relations de Sarkozy avec le Dalaï Lama, leader religieux des Tibétains.

Malgré ces quelques accrochages, ce six mois de Sarkozy à la tête de l’Europe deviendra pour elle inoubliable et un jalon de son histoire. Selon le blogueur renommé Jean Quatremer, on parlera dans le futur de l’Europe « d’avant et d’après Sarkozy ». Avec lui, le Conseil européen des chefs d’État et de gouvernement a pris l’initiative au détriment de la Commission européenne.

Il est à espérer que les dirigeants qui suivront Sarkozy seront animés de la même détermination pour assurer que l’Europe soit de plus en plus unie et puisse prendre toute sa place sur l’échiquier mondial en devenant la super puissance qu’elle doit être.

Claude Dupras

lundi 8 décembre 2008

Merci Stéphane Dion

Le départ de Stéphane Dion de son poste de chef du parti libéral du Canada me peine. Les Canadiens perdent un homme de qualité, honnête, intellectuel, visionnaire, travaillant, dévoué et sincère. Un homme rare. Il subit le sort de la politique où seule la victoire compte.

Fils d’un grand intellectuel québécois, Dion est venu à la politique à la demande du PM Jean Chrétien alors qu’il était professeur universitaire. Il a fait sa marque dès son arrivée en acceptant la difficile responsabilité d’établir le cadre de la discussion sur l’avenir politique du Canada. Il a produit « la loi sur la clarté » en rapport avec les futures consultations référendaires québécoises sur la séparation du Québec et cela au grand dam des leaders séparatistes de la province.

La première fois que j’ai vu et entendu Stéphane Dion fut lors d’une rencontre-débat télévisée avec Lucien Bouchard, ex-PM du Québec, sur la question de la séparation du Québec. Alors que tous les observateurs prédisaient que Bouchard écraserait son jeune interlocuteur, Stéphane Dion sortit vainqueur de cette confrontation grâce à sa vivacité intellectuelle qui fut brillante.

Devenu ministre de l’environnement au moment où le monde entier se rendit compte de la situation tragique du réchauffement de la planète, Stéphane Dion a mené de main de maître la grande conférence internationale des Nations Unies sur le réchauffement climatique tenue à Montréal. Il a reçu alors les félicitations de tous les pays du monde pour la qualité de la conférence et son leadership en rapport avec les conclusions de la rencontre. Nous avions raison d’être fiers de lui à cette occasion car il généra alors pour le Canada un sentiment très positif dans le monde.

Puis vint la course au leadership du parti libéral du Canada. Contre toutes attentes, Stéphane Dion face à des candidats de haut calibre remporta le titre et devint le chef du parti. Il hérita d’un parti endetté, dans l’opposition et sali par le scandale des commandites. Malgré cela, il entreprit de le rebâtir et de lui donner des politiques qui correspondaient aux problèmes de l’heure. Vite, il comprit que le PM Stephen Harper était un politicien prêt à tout faire pour gagner. Dion attaqua la politique du gouvernement, jour après jour, et vit sa cote de popularité remonter.

Le PM Harper constatant le danger potentiel de la situation déclencha une élection surprise, deux années et demie avant la fin de son mandat. Dion s’engagea dans cette campagne avec une politique d’avant-garde basée sur la « taxe sur le carbone ». Cette mesure draconienne était conçue pour aider le Canada à faire face à ses responsabilités internationales en rapport avec le réchauffement climatique. Tous les groupes environnementalistes et autres reliés au domaine appuyèrent publiquement Dion. Malheureusement, ce fut une erreur électorale car comme j’écrivais dans un blog précédent « un politicien qui taxe est un politicien qui se fait battre ». Le PM Harper le savait et mit son équipe de publicitaires démagogues à l’œuvre pour dénigrer cette mesure en faisant peur aux Canadiens. Harper reprit l’avantage mais ne gagna finalement qu’une minorité de députés au parlement. Ce qui est ressorti de cette élection, c’est que Dion a eu l’honnêteté et l’audace de proposer aux Canadiens une vraie solution aux graves problèmes climatiques.

Puis vinrent les évènements de la semaine dernière. Le PM Harper fit montre, encore une fois, de politicaillerie en proposant un énoncé économique qui n’avait rien à voir avec le tsunami économique qui atteint maintenant les Canadiens mais réglait ses comptes avec les ennemis de ses politiques d’extrême droite : les partis politiques, les fonctionnaires et les femmes. Dion a vite réagi et a formé avec les partis d’opposition une coalition capable de voter la non-confiance aux conservateurs et de diriger le gouvernement. Malheureusement, la gouverneure générale mit fin à ses espoirs en prorogeant le parlement à la demande du PM Harper.

En sauvant à Harper son poste, la représentante de la reine s’est trompée royalement. La décision de suspendre le parlement a affaibli notre démocratie. Le Canada est un gouvernement responsable avec une démocratie représentative où les Canadiens délèguent à leurs représentants, les députés, la protection de leurs intérêts. Pour ce faire, ces derniers doivent siéger au parlement pour légiférer jusqu’à l’échéance électorale suivante à laquelle les Canadiens jugent de leurs représentants. Le gouvernement responsable protège les Canadiens de l’arbitraire et de la main mise du conseil des ministres sur les décisions politiques. Et pour prendre les décisions importantes comme celles sur les finances de l’état, le gouvernement doit avoir la confiance du parlement. La semaine dernière, Harper en proposant ses mesures d’austérité a perdu la confiance d’une majorité de députés. Il a finassé les règles constitutionnelles plutôt que de se soumettre à un vote démocratique sur leur confiance en lui.

Harper cherche à faire croire que seul le parti qui a obtenu le plus de sièges à l’élection a le pouvoir de diriger le pays. C’est faux. Les autres partis, en cas de non-confiance, peuvent proposer légitimement un autre scénario pour diriger le gouvernement comme a fait la coalition libéral-NDP-bloc. Ce ne fut pas un coup d’état de la coalition, comme le disait Harper et ses porte-paroles, mais un coup de force des conservateurs minoritaires, selon sept professeures en science politique de l'Université de Montréal dans un article au journal Le Devoir et dont je m'inspire de l'argumentation.

La gouverneure générale n’a pas protégé la notion de gouvernement responsable. Si elle avait suivi les conseils de ses constitutionnalistes, Stéphane Dion serait aujourd’hui premier ministre du Canada.

Au lieu d’être à la tête du pays, quelques jours plus tard, Dion est rejeté par son parti suite à un putsch des députés et sénateurs libéraux qui n'ont pas aimé sa déclaration télévisée nationalement qui suivit celle du PM Harper sur l'enjeu de la coalition. La cassette du message de Dion fut non seulement livrée en retard aux postes de télévision mais elle était de pauvre qualité sonore et vidéo. Cette erreur a ébranlé plusieurs leaders du parti libéral qui y ont vu une confirmation du manque de leadership de Dion. C’est une corroboration de ce que j’avance souvent à l’effet que « la politique est un commerce d’images et d’illusions ». Et c’est là la faiblesse de l’intellectuel Stéphane Dion, trop honnête pour s’adapter à ce milieu-là et pour qui c'est le contenu qui compte.

Je trouve triste que nous ne puissions bénéficier des talents d’un homme comme Stéphane Dion pour diriger notre pays. Mais la politique est ainsi faite. Je crois que nous devons être reconnaissants envers lui, espérer qu’il ne quitte pas la politique et accepte de servir dans les rangs du parti libéral où il sera toujours un atout important.

Remercions le pour son apport à la politique canadienne.

Claude Dupras

dimanche 7 décembre 2008

Une drôle d'élection

La campagne électorale québécoise qui se termine le 8 décembre aura été une des moins captivantes et des moins suivies depuis le temps de l’ex PM Duplessis. Cela démontre bien que cette élection n’était pas voulue par les Québécois et les Québécoises. Nous étions satisfaits du gouvernement minoritaire du parti libéral du Québec de PM Jean Charest et nous croyons que c’était par pur opportunisme qu’il déclenchait cette élection, puisque les sondages le favorisaient à ce moment-là.

Mais Charest, voyant le tsunami économique à l’horizon, a voulu une nouvelle élection générale pour que s’en dégage un nouveau gouvernement majoritaire à l’Assemblée Nationale. Je doutais alors de son argumentation mais aujourd’hui je lui donne raison en constatant ce qui se passe. Les nombreuses nouvelles de pertes d’emplois, de fermetures d’usines, de diminution de salaires, de faillites, de baisses de revenus des entreprises, de pertes de petits commerces et autres, s’accumulent à un rythme de plus en plus effarant. L’avenir n’est pas rose. Nous avons donc besoin d’un gouvernement majoritaire afin qu’il puisse prendre les décisions qui s’imposent en toute objectivité et le plus vite possible.

L’intensité de la crise politique à Ottawa a nui considérablement à la campagne électorale québécoise. Pendant 10 jours, les médias et les citoyens se concentrèrent sur les évènements historiques qui se déroulaient sur la colline parlementaire canadienne et la campagne fut reléguée au deuxième plan et… presque oubliée. Perdre 10 des derniers 15 jours de cabale d’une campagne électorale n’est pas bon pour aucun candidat. Est-ce qu’un d’entre eux en a souffert plus qu’un autre, je ne le sais pas mais une chose est certaine : cela n’a pas été bénéfique pour les électeurs qui méritaient d’être le mieux renseignés possible sur l’état du Québec et les propositions pour son avenir.

Jean Charest a mené une campagne impeccable. Il a bien suivi son plan de match et a su s’adapter à la cadence de cette drôle d’élection. Il a toujours été calme, fort respectueux de ses adversaires et a su proposer des plans, des solutions et des idées innovatrices comme son « plan nord » pour bien expliquer à ses commettants les solutions qu’il proposait et où il voulait les amener. Il n’a pas fait d’erreur. Seul le « débat des chefs » l’a ralenti car sa prestation, selon plusieurs observateurs, n’a pas été aussi impressionnante qu’elle aurait pu l’être. Enfin, il a su, finement, atténuer les critiques en rapport avec l’importante crise des services de santé au Québec en faisant comprendre qu’il avait fait le mieux qu’il pouvait dans les circonstances et ferait encore davantage dans l’avenir.

Le chef d’opposition Mario Dumont, du parti de l’Action Démocratique, a mené une très mauvaise campagne électorale. Les images qui en sont ressorties, jour après jour, étaient surprenantes, désarmantes et négatives. Comme un taureau furieux dans l’arène, Mario fonça sur tout ce qui bougeait, sans réfléchir aux conséquences sur l’électorat. Par contre, Mario a été formidable au « débat des chefs » et de beaucoup le meilleur des trois chefs. Il était beau avec un air intelligent, calme, vite dans ses réparties, clair, précis et énonça des propositions originales pleine de bon sens pour régler les problèmes qui confrontent notre société. Je ne comprends pas pourquoi le « Mario sur le terrain » de la campagne électorale et le « Mario du débat » ont été si différents. J’ai l’impression que si « le Mario du débat » avait pu être aussi celui du terrain, Mario Dumont aurait gagné cette élection. Les médias ont-ils été injustes envers lui et son parti ? Je ne le sais pas mais on peut sûrement se poser la question.

Mon blog du 27 novembre dernier traitait de l'erreur de Pauline Marois, chef du Parti Québécois. Alors qu’au début de la campagne, elle s’était fixée comme stratégie de concentrer sur les problèmes immédiats des électeurs québécois et de placer le sujet de la séparation du Québec sur le « rond du fond », soudainement, au débat, elle s’est mise à en parler. Depuis, elle en met de plus en plus. Nous savons tous qu’elle est une séparatiste convaincue et elle n’avait pas à le rappeler aux partisans du parti Québécois. Elle se devait d’attirer les électeurs du centre du spectre politique québécois en traitant des sujets qui les intéressent. En insistant sur la séparation, elle en a éloigné plus d’un.

De plus, Pauline Marois n’a pas fait une bonne campagne électorale. Trop hargneuse, revêche, insultante, elle n’a cessé de bougonner sur le dos de Jean Charest. « Menteur », « tricheur », elle l’a traité de tous les noms. Les médias aiment ces éclats de voix et les rapportent au lieu de parler de ses propositions politiques. Il en fut de même pour la question de la séparation. Chaque fois qu’elle aborda ce sujet, ses mots et son image furent transmis par les médias, au détriment, encore une fois, des nouvelles politiques qu’elle proposait. Avec la grave crise économique qui s’abat sur nous, elle fut irresponsable d’attirer ailleurs l’attention des électeurs.

Pauline Marois pourra dire merci à Mario Dumont d’avoir livré une campagne électorale si pitoyable. C’est ce qui permettra au Parti Québécois de redevenir l’opposition officielle à l’Assemblée Nationale. Mais elle ne pourra prétendre à une victoire car je crains que le pourcentage de votes en faveur de son parti soit similaire à celui de la dernière élection. Je crains que les péquistes lui réservent un sort semblable à celui de son prédécesseur André Boisclair.

Claude Dupras

vendredi 5 décembre 2008

Un triste personnage

La Gouverneure Générale du Canada, la représentante d’Élizabeth II, a décidé à la demande du premier ministre de proroger la session parlementaire de la Chambre des Communes canadienne où le premier ministre et son gouvernement devaient faire face à un vote de non-confiance qu’ils auraient perdu. Alors que cette session venait tout juste d’être convoquée voilà que les députés sont renvoyés chez eux parce que le PM Stephen Harper ne veut pas faire face à la musique.

J’ai été surpris de la décision de la Gouverneure Générale. Je croyais que son rôle principal, qui justifie sa présence dans notre système démocratique, était d’assurer que le parlement canadien fonctionne et que les députés, d’où qu'ils viennent, soient respectés et leurs droits protégés. C’est à la Chambre des Communes que les représentants élus du peuple canadien se rencontrent et décident. Dans notre système parlementaire, le gouvernement propose mais l’autorisation d’agir vient des députés. Aller contre ce principe, c’est nier la démocratie. Je crois que la Gouverneure Générale du Canada a fait un faux pas historique. Elle a laissé la politicaillerie prendre le dessus sur le bon sens constitutionnel.

Quant au PM Stephen Harper, accolé au mur de la défaite, il a entrepris une campagne de dénigrement contre le Bloc Québécois par des mots et des arguments qui ont amplifié le sentiment anti-Québec dans le Canada anglais. Parallèlement, il a ridiculisé ceux qui croient que le socialisme est une politique saine pour un pays. On a pu constater, encore une fois, le ton méprisant du PM pour les souverainistes et les socialistes et nous avons été surpris de constater que pour chercher à convaincre la population canadienne, il a fait sien le dicton « mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose ». Harper demeure toujours un homme d’extrême droite et, même après avoir été élu le premier ministre de tous les Canadiens, est incapable d’avoir un esprit suffisamment ouvert pour agir dans l’intérêt de tous. Qu’il est petit !

Les séparatistes ou souverainistes québécois ont démontré dans le passé qu’ils sont de vrais démocrates. Je ne suis pas séparatiste mais il faut quand même reconnaître, en plus, que leur présence au gouvernement du Québec a été, dans certains cas, positive comme en fait foi, entre autres, leur loi 101 pour protéger et faire la promotion de la langue française. Également, sans les socialistes canadiens comme T.C. Douglas, alors PM de la Saskatchewan, nous n’aurions pas le système d’assurance-maladie au Canada et serions pris dans un système de santé à l’américaine. Notre pays est unique et le fruit du travail, de la conviction et de la persévérance d’un grand nombre d’anciens leaders canadiens dont des nationalistes et des socialistes.

La phobie d’Harper contre les socialistes s’est clairement démontrée lorsqu’il a affirmé, il y a quelques années, que « le réchauffement climatique est un problème inventé par les socialistes ». Et il était sérieux et est toujours contre Kyoto.

Je n’ai jamais cru à la sincérité d’Harper envers le Québec. Pour moi, sa motion de « reconnaissance de la nation québécoise » sonnait faux et je l’ai écrit souventes fois dans le passé tout en en faisant la preuve. Il vient de confirmer à nouveau mon appréhension en mettant à jour devant tous les Canadiens sa profonde antipathie et son incompréhension du fait français au Canada. En agissant de façon si irresponsable, il a démoli une grosse partie du goodwill francophone bâti par ses prédécesseurs dans le pays.

Avec le temps, Stephen Harper s’avère être un bien triste personnage.

Claude Dupras

mercredi 3 décembre 2008

La meilleure solution: la démission de Stephen Harper

Ça va mal ! Hier, à la « période de questions » à la Chambre des Communes nous avons pu constater l’atmosphère surchauffée, survoltée et irréelle qui règne au parlement canadien. C’est la pire journée des temps modernes dans cette enceinte où notre destinée se forge. Ce n’est sûrement pas bon pour l’unité de notre pays.

Le premier ministre Stephen Harper, blâmé par une majorité des éditoriaux des journaux du pays pour sa petitesse politique qui a engendré la crise qui déchire les Canadiens, a perdu la confiance d’une majorité de députés de la Chambre. S’il veut continuer, il doit demander un vote de confiance.

Harper sait qu’il sera défait par ce vote et hier, durant la « période de questions », il a lancé des insinuations aussi grotesques que ridicules. Faisant allusion à l’entente signée par le parti libéral et le NDP et cautionnée par le Bloc pour former un nouveau gouvernement, il a affirmé que « le parti libéral a fait la pire erreur de son histoire » en acceptant d’être appuyé par les séparatistes Québécois. Si c’est la pire erreur des libéraux, alors comment qualifier l’accord fait par Harper avec les mêmes séparatistes en 2006 alors qu’il était dans l’opposition et cherchait à prendre le pouvoir sans élection en renversant le parti libéral en Chambre. Exactement la même situation. Était-ce alors la pire erreur de l’histoire des conservateurs ? Et que dire des nombreux votes du Bloc, lors du dernier parlement, qui ont permis à Harper de garder le pouvoir alors que son parti était minoritaire et que le parti libéral et le NDP lui avaient enlevé leur confiance. Est-ce que les séparatistes, qu’ils qualifient de méchants aujourd’hui, étaient alors de bons séparatistes ? Ses paroles d’hier, dites d’une voix haute au trémolo exagérément tremblotant sont en fait un danger pour la brisure du pays.

Le PM Harper agit de façon irresponsable et va à l’encontre de tout ce qu’il a dit dans le passé en rapport avec le respect des décisions des députés canadiens. C’est lui qui ne cessait de répéter au gouvernement de l’ex PM Martin que la Chambre des Communes est souveraine et qu’il fallait respecter ses décisions. Aujourd’hui, cela ne compte plus. Il a créé de toute pièce cette crise en voulant éliminer ses adversaires.

Jamais je n’ai entendu des réparties aussi incendiaires pour l’unité canadienne de la part d’anciens chefs du parti progressiste-conservateur du Canada que celles qu’a lancés Harper hier. Diefenbaker, Stanfield, Clark et Mulroney ont toujours bien pesé leurs mots et pensé à l’intérêt supérieur du pays avant de parler. Ils n’ont jamais crié des diatribes aussi déshonorantes et irrévérencieuses à leurs adversaires et aux partis d’opposition que celles qu’Harper fait.

Pour cacher sa bêtise, Harper est prêt à tout. Que le Canada brûle ! Seul son pouvoir personnel compte. Il vient de lancer une campagne publicitaire agressive, fausse et démagogique, dans les médias; son parti prépare une manifestation devant Rideau Hall, la résidence de la Gouverneure générale, comme si l’interprétation de la constitution pouvait être influencée par une démonstration publique; il salit, dans l’opinion canadienne, les députés du Bloc Québécois, et par conséquent le Québec, en insinuant envers eux les pires choses comme en disant que l’entente est un « deal avec le diable » et encore plus. Qu’Harper ne soit pas d’accord avec l’orientation politique du Bloc Québécois est compréhensible mais qu’il questionne le droit des députés du Bloc de s’associer avec d’autres partis ou de voter contre lui n’est pas acceptable ! Ils sont égaux devant la loi et représentent autant les gens de leur comté que les députés conservateurs. Leur vote est aussi bon que ceux des autres députés, quels qu’ils soient.

Harper est désespéré et efface d’un coup ses gains politiques passés au Québec. De plus, il nuit considérablement à sa crédibilité future et par conséquent à ses chances de gagner éventuellement l’électorat québécois. Je crois qu’il ne sera jamais majoritaire à la Chambre des Communes car il n’aura plus jamais le Québec avec lui.

Les Canadiens de l’ouest du pays sont choqués devant la tournure des évènements, eux qui ont voté à plus de 70% pour le parti conservateur. Ils sont d’autant plus révoltés que ce sont leurs provinces, les plus riches du Canada, qui financent en grande partie le système de péréquation pour le partage des richesses entre les provinces canadiennes. Si la coalition prend le pouvoir, je comprendrai leur frustration car le coup sera dur. Avec le temps, ils blâmeront le vrai responsable de cette débâcle, Stephen Harper, mais ce ne sera pas facile.

Je vois cinq solutions à cette crise :

1. La coalition négocie avec le PM Harper un programme de relance économique pour le pays et oublie ses plans de prendre en charge le gouvernement.
2. Le gouvernement du PM reconnaît qu’il n’a plus la confiance de la Chambre des Communes et démissionne. La gouverneure générale demande au chef de l’opposition de former le prochain gouvernement.
3. La gouverneure générale refuse la prorogation de la Chambre et le vote de confiance du 8 décembre a lieu tel que prévu.
4. La gouverneure générale accepte la prorogation et fixe la fin janvier pour la nouvelle session. Le gouvernement conservateur propose alors son programme de relance et les députés votent. Si le gouvernement est défait, le PM remet sa démission à la gouverneure générale et elle décide soit de demander à la coalition de former le gouvernement soit le déclenchement d’une nouvelle élection.
5. Le PM Stephen Harper démissionne immédiatement et un nouveau PM est choisi parmi la députation conservatrice. La coalition accepte le changement.

Je crois que la cinquième solution est la meilleure. Stephen Harper a perdu la confiance de la Chambre des Communes et son successeur peut la regagner. Le parti conservateur a gagné l’élection générale d’il y a deux mois et mérite de gouverner. Les Canadiens de l’Ouest méritent de voir leurs opinions respectées. Mais avant tout, les Canadiens ont besoin d’un plan important de relance économique et ce n’est pas le moment d’ébranler le pays et de perdre du temps précieux à débattre autre chose.

Claude Dupras

mardi 2 décembre 2008

OUI, à la coalition

Les partis d’opposition à Ottawa, ébranlés profondément par l’énoncé économique du gouvernement conservateur du PM Harper, ont, en l’espace d’une semaine, décidé de créer un front uni pour renverser le gouvernement minoritaire conservateur. Les chefs des partis d’opposition, Stéphane Dion du parti Libéral du Canada, Jack Layton du parti NDP canadien et Gilles Duceppe du Bloc Québécois, ont signé, devant la presse, un document certifiant leur accord pour renverser le parti au pouvoir et le remplacer par un nouveau gouvernement sous la direction de Dion avec un cabinet de ministres composé de 18 libéraux et 6 néo-démocrates. Le Bloc Québécois, a assuré son appui à la coalition pour une période minimale de 18 mois. Du jamais vu au Canada !

Comment se fait-il qu’un mois et demi à peine après la dernière élection fédérale, lors de laquelle le parti conservateur à fait élire le plus grand nombre de députés pour former un gouvernement minoritaire, nous en soyons rendus-là ? C’est une question de confiance. En effet, tous les députés des partis de l’opposition à la Chambre des communes ont perdu subitement confiance dans l’honnêteté intellectuelle du PM Stephen Harper et dans ses capacités de faire face à l’importante crise économique mondiale qui affecte davantage, jour après jour, le Canada. Son énoncé économique était entaché de mesquineries teintées de l’idéologie d’extrême droite de l’ex-Reform party. Alors qu’ailleurs, dans le monde, tous les pays ajoutent des sommes importantes à leurs institutions pour redynamiser leur économie respective, Harper proposa, dans un premier temps, de couper de 15 milliards les dépenses gouvernementales tout en réglant, entre autres, ses vieux comptes avec les partis d’opposition, en les menaçant de faillite en leur enlevant leurs subsides, en suspendant le droit de grève des fonctionnaires et en abolissant la loi pour l’équité salariale des femmes.

J’étais devant ma télé à écouter le ministre des finances Flaherty lorsqu’il formula son énoncé économique. J’ai bondi d’incrédulité devant ce que j’entendais. C’était inouï. J’ai vite compris qu’Harper venait de souder ensemble, contre lui, tous les députés de l’opposition. Quelle bêtise ! Pourquoi ? Alors que le PM avait la responsabilité d’agir en grand homme d’État devant le tsunami économique qui vient vers nous, il a joué un petit jeu politique.

La nouvelle coalition est sérieuse. C’est un mur infranchissable. Le PM Harper fera tout pour la contrer. Son parti, dépensera dans les prochains jours, une fortune pour « spinner » une interprétation fausse de la situation. Il utilisera désespérément les millions de $ de la caisse électorale de son parti pour entreprendre une propagande mensongère pour « démoniser » les membres de la coalition. Il saisira l’internet, Facebook, Twitter et tous les autres programmes du genre pour dénigrer la coalition. Il fera organiser par des groupes supposément neutres de grandes réunions publiques pour défendre le Canada, c’est-à-dire son pouvoir personnel sur la politique canadienne. Ce sera une campagne très impressionnante mais Stephen Harper ne réussira pas à cacher la vérité qu’il n’est plus digne d’être Premier ministre du Canada.

Harper a renié le mandat que les Canadiens lui ont donné et la conséquence est qu’une majorité sérieuse de députés révoltés de la Chambre des Communes s’est créée pour lui enlever le pouvoir.

La nouvelle coalition propose d’implanter rapidement un plan d’envergure de 30 milliards de $ pour relancer l’économie de notre pays et aider les plus faibles.

J’ai la conviction personnelle que Stéphane Dion fera un très bon PM si l’opportunité se présente.

Claude Dupras