samedi 31 mai 2014

Les femmes de vétérans

Quelle image désolante que celle du ministre canadien des anciens combattants, Julian Fantino, se faufilant dans un corridor du parlement pour éviter volontairement d’écouter la complainte d’une femme d’ancien combattant, Jenifer Migneault, qui finalement a crié pour se faire remarquer par la presse. La télé nous montrait le ministre lui tournant le dos et accélérant le pas pour se sortir de cette situation.

Elle a bien fait. Tout ce qu’elle veut, c’est une rencontre avec le ministre pour lui faire part de la vie qu’est la sienne et celles de milliers d’autres épouses ou conjointes d’anciens combattants face au symptôme de stress post traumatique (SSPT) qui afflige un très grand nombre de nos soldats après leur retour à la vie civile.

Fantino, ancien chef de police de Toronto est député et ministre conservateur en fonction depuis près d’un an. Il est un dur qui n’accorde aucune importance aux relations humaines dans sa fonction.

Cela arrive au même moment où l’ex-lieutenant-général Dallaire démissionne de son poste de sénateur pour consacrer tout son temps notamment à ses recherches sur le SSPT (un mal dont il souffre) et à la lutte contre le phénomène des enfants soldats. Il faut se rappeler que ce vaillant soldat avait crié aux pays du monde entier, dont la France, la Grande-Bretagne et les USA, d’envoyer des troupes supplémentaires pour prévenir le déclenchement des massacres au Rwanda en 1994. Il n’avait pas été entendu et depuis, a toujours dénoncé cette inaction.

Nos soldats sont de jeunes volontaires qui sont déplacés sur différents fronts de guerre au monde. Ainsi le mari de Mme Migneault a fait partie de quatre missions importantes au Golfe, en Irak, en Haïti et en Syrie. Leur retour à la maison n’est pas toujours de tout repos car plusieurs se découvrent un trouble réactionnel découlant d’une blessure opérationnelle. Il vient, généralement, d’un évènement traumatique, qui les a marqués, comme la confrontation avec la mort, la peur de mourir ou lorsque leur intégrité physique ou celle d'un de leurs compagnons d’armes a pu être menacée. Cela a provoqué une peur intense, un sentiment d'impuissance ou un sentiment d'horreur. C’est le SSPT. Pour plusieurs, cela peut être de courte durée, pour d’autres, comme le mari de Mme Migneault, il se chronicise.

On peut facilement imaginer la répercussion sur les membres de la famille, particulièrement l’épouse, aux prises avec, ce qui est en fait, le prix ultime à payer pour le déploiement militaire de leur mari au service de leur patrie.

Le soldat Migneault a dû attendre sept ans avant que son syndrome soit reconnu et, malgré une médication hebdomadaire, les cauchemars continuent, l’anxiété persiste, la honte est pénible, le déni est perceptible, l’humeur est affectée, le suicide guette... La détresse est si présente qu’il ne peut être laissé seul. Les enfants ne comprennent pas, la famille souffre et celle qui encaisse tout, c’est l’épouse ou la conjointe.

Mme Migneault a cherché à confronter le ministre pour revendiquer de l’aide pour ces femmes qui ne sont « pas outillées pour bien accompagner les vétérans ». Dans son cas, ce n’est que lorsqu’elle a atteint le fond du baril et crié à l’aide qu’elle a obtenu une aide psychologique. Elle considère important que le ministre la voit, la rencontre, l’écoute car elle est l’image de toutes celles qui, comme elle, vivent des vies difficiles. Elle veut que le ministre ressente, avec raison, que toutes ces personnes doivent être reconnues comme des aidants naturels et qu’elles soient aidées dès le retour de leur soldat.

J’aime parler avec des vétérans. Je m’en fais un devoir car ces individus ont risqué leur vie afin que nous puissions vivre dans une démocratie saine, prospère et protéger. Dans les derniers mois, j’en ai rencontré deux. Un au Québec, l’autre à Puerto Rico. Je leur ai posé la même question « comment vous aide votre gouvernement ». Dans les deux cas, la réponse fut similaire : « rien, si on n’est pas blessé ». Ces hommes et femmes qui ont été enrôlés durant plusieurs années ne reçoivent pas d’appuis pour leur retour à la vie civile. Pas d’aide psychologique spontanée, pas d’aide pour trouver un emploi, pas de cours d’orientation pour parfaire leur éducation, pas de pension… seul l’hôpital militaire pour vétérans à leur disposition. Cela me semble injuste. Dans les deux pays, la réaction gouvernementale est similaire.

Aux USA, la colère des GI américains vient d’avoir raison du secrétaire américain aux anciens combattants qui a dû démissionner et Obama a promis « que son successeur se préoccupera davantage de leur sort ». À quand la démission de Fantino, qui refuse de rencontrer l’épouse d’un ex-soldat qui veut le sensibiliser afin que toutes les femmes qui accompagnent un vétéran qui souffre profondément de son service militaire, soient "outillées" pour les aider ?
Claude Dupras

mercredi 28 mai 2014

D’un Montréalais à l’autre : de Marcel Côté à Xavier Dolan

Marcel Côté est né dans la ville minière de Malartic du nord-ouest québécois. Après ses études élémentaires, secondaires et collégiales, son intérêt porte sur la culture scientifique, la technologie et l’économie. L’Université d’Ottawa l’accueille et il obtient un baccalauréat en sciences physiques. Puis, il s’enrôle à l’Université Carnegie Mellon de Pittsburg où, trois ans plus tard, il termine avec succès une maitrise en sciences économiques.

Avec ce bagage de diplômes, Marcel Côté enseigne aux universités de Sherbrooke et de Montréal et, quelques années plus tard, fonde la société SECOR, conseil en stratégie et management. Avec le temps, la firme couvre le Canada avec des bureaux à Québec, Toronto et Vancouver. Puis, elle s’internationalise en installant des antennes à New York et Paris. Son succès vient du fait qu’il est un brillant économiste dont l’approche conservatrice est recherchée dans le monde. En 1986, il reçoit le titre de Fellow du centre des affaires internationales de l’université d’Harvard.

Sa mort récente lors d’une randonnée cycliste au Québec a bouleversé notre société. Ses concitoyens n’ont cessé de parler de la dimension hors de l’ordinaire de cet homme simple, racé, ouvert et compétent, lui rendant ainsi un hommage grandement mérité. Les parlementaires québécois ont souligné à l’Assemblée Nationale son apport à notre société et le maire de Montréal qui avait confronté Marcel Côté comme candidat-adversaire à la dernière élection municipale et s’en était fait, depuis, un bon ami, a déploré le départ de cet homme brillant, solide en soulignant que Marcel Côté avait collaboré étroitement avec lui et le président du comité exécutif de la ville pour les aider à bien orienter Montréal vers le futur, et cela bénévolement.

Membre de nombreux conseils d’administration, de mouvements d’affaires, de culture, de charité et de sport, il ne refusait jamais d’aider et de participer activement au développement positif de ces groupes que ce soit le YMCA, la fondation du Grand Montréal, l’institut de recherches en politique publique, l’orchestre symphonique de Montréal, les amis de la montagne, Montréal en lumière, Action Canada, la fondation neuro-Canada, la compagnie de danse Marie Chouinard, la table d’action en entreprenariat de Montréal et des dizaines d’autres. Compétent et généreux de son temps et de son argent, il s’est avéré un grand philanthrope, un homme de vision, un bon dirigeant, un excellent conseiller de premiers ministres, un individu qui aimait le genre humain qui possédait un sens naturel de la justice et qui cherchait constamment a améliorer le sort de ses semblables par des dons et par la fondation ou le soutien d’œuvres de toute nature pertinentes à leurs besoins. Toujours sans rechercher le profit et de manière désintéressée.

Il y a quelques mois, je lui ai demandé d’aider le fils d’un ami français qui voulait rejoindre les rangs de la compagnie KPMG, qui avait acheté SECOR, où Marcel Côté agissait toujours comme membre du conseil d’administration. Ce garçon voulait simplement avoir l’opportunité d’être admis à un examen d’entrée pour travailler dans ce groupe important, en Europe. Marcel Côté a accepté et dans un voyage à Paris a fait en sorte qu’il puisse faire valoir ses qualités devant le comité de recrutement de la firme. Malheureusement, le jeune n’a pu démontrer qu’il était à la hauteur de ses attentes. Cette décision m’a démontré, encore une fois, sa dimension humaine et son impartialité.

Montréal va manquer son grand citoyen Marcel Côté.

Au même moment, une bouffée d’air frais nous est venue de Cannes où se déroulait le festival annuel de films.

Un jeune cinéaste montréalais Xavier Dolan devenait, subitement, la coqueluche de la croisette et une vedette montante mondiale. Ce n’était pas son premier festival malgré ses 25 ans. Son nouveau film « Mommy », le cinquième qu’il produisait, est devenu un « hit » au point qu’une ovation de 12 minutes suivit sa projection. Mais ce qui est encore plus révélateur est le niveau de popularité qu’il a acquis. Les journalistes et photographes s’arrachaient non seulement ses commentaires et des « clichés » intéressants mais sollicitaient son autographe, pour eux-mêmes et leurs proches. C’est la vedette de son film, Anne Dorval, qui témoignait de la reconnaissance acquise par le jeune montréalais : « les gens criaient son nom. C’était impressionnant de voir les gens hurler comme s’il s’agissait de Mick Jagger. Les filles pleuraient, je n’ai jamais vu une chose pareille ».

Né à Montréal d’un immigrant égyptien devenu auteur-compositeur-interprète et comédien québécois, Manuel Tadros, et d’une mère, Geneviève Dolan, chargée des admissions dans un collège de la métropole, il est dès l’âge de 4 ans une petite vedette dans les réclames des pharmacies Jean Coutu, puis il double la voix de Ron dans Harry Potter et joue dans la série « Omerta » à sept ans, etc. Il n’aime pas l’école car son attention est ailleurs. Il aime l’action du monde cinématographique.

À 15 ans, son père change de compagne. Xavier Dolan quitte l’école, est désabusé, se pense devant rien mais possède 150 000$ venant de ses cachets de comédien mis de côté par ses parents. Il cure son mal en écrivant le scénario de son premier film « J’ai tué ma mère ». Il le propose à plusieurs producteurs qui le refusent. Finalement, il décide de le faire lui-même… Dans ce travail, il n’a pas le temps d’être indulgent et le démontre par son intransigeance, son impatience et ses crises violentes. Il est exigeant jusqu’à la cruauté. Il sait ce qu’il veut et ne peut se satisfaire de moins. Vivre intensément est son besoin urgent. Réaliste, il réclame vivement la critique. Il fait toutes les « jobs » : acteur, scénariste, producteur, monteur, chef décorateur, costumier, éclairagiste, directeur artistique… En 2009, il se retrouve à Cannes pour la projection de son film. C’est un succès… mitigé. Un premier. Depuis, il a fait un film par an et en plus de Cannes, il est aux Oscars, aux Césars, au festival de films de Toronto, au Mostra de Venise… où il remporte des nominations importantes et des prix.

La bouffée d’air frais n’est pas venue de tout ce branle-bas spectaculaire, mais des propos qu’a tenus Xavier Dolan suite à son récent succès à Cannes dont à l’émission 24/60 de Radio Canada que j’ai eu l’occasion d’écouter. Une phrase m’a particulièrement frappé : « Il n’y a rien comme l’art, en fait, pour imprimer dans l’imaginaire mondial l’existence d’un peuple » démontrant ainsi que l’art est aussi important que la politique et la science dans la société. Quelle vérité, mal comprise par trop de Québécois!

Il dénonce les blogueurs démagogues qui traitent les artistes « de parasites qui vivent aux crochets de l’État et qui font la grande vie à Cannes » et espère que ses succès permettront de faire évoluer les mentalités. Il s’est adressé particulièrement aux gens de sa génération en les encourageant à avoir confiance en eux et à ne pas être pessimistes quant à l’avenir. « Rien n’arrête quelqu’un qui est travaillant, quelqu’un qui espère ».

À l’animatrice de l’émission, Anne Marie Dussault, qui l’interrogea sur les idées politiques de sa génération, il a spontanément répondu : « Ma génération s’est détournée du Parti Québécois, mais pas du projet d’indépendance, qui n’est pas mort ». Je crois qu’il y a beaucoup de vrai dans cette affirmation et ce devrait être un avertissement à tous ceux qui croit que la question nationale est définitivement enterrée.

Quant au rêve d’obtenir la Palme d’or de Cannes, Dolan a démontré sa sensibilité en affirmant qu’il ne l’espérait pas « pour satisfaire son ego mais plutôt mais pour nous tous (Québécois) comme image, comme métaphore de notre identité, pour qu’on nous reconnaisse ».

Québécois dans l’âme, il déclare : « J’ai suivi le Québec qui nous suivait. On a senti la vague d’amour, de la part des cinéphiles et de tout le monde. Nous avons senti leur soutien et leur amitié ».

Xavier Dolan ressentait le besoin de retourner aux études avant le succès qu’il a connu à Cannes. Mais il veut maintenant surtout ne pas pénaliser son film « Mommy » en assurant, de façon ordonnée, sa distribution dans le monde. Il semble ne pas se formaliser de sa nouvelle célébrité, malgré qu’il ait reçu des offres concrètes de grands studios américains.

Quel plaisir de suivre l’évolution de ce jeune homme ! Quel style ! Quelle bonheur de l’entendre expliquer ses points de vue dans un langage châtié, en français ou en anglais ! Quel magnifique personnage!

Montréal a perdu un grand Montréalais en Marcel Côté mais en a gagné un nouveau, différent mais aussi de grande qualité, en la personne de Xavier Dolan.

Claude Dupras

dimanche 18 mai 2014

PKP versus les frères Desmarais

De toute évidence, le milliardaire Pierre-Karl Péladeau (PKP), nouveau député péquiste du comté de Saint-Jérôme, sera candidat à la chefferie du Parti Québécois (PQ) pour remplacer la chef démissionnaire Pauline Marois. À l’écouter, depuis son élection du 7 avril dernier, lors d’interviews à la radio où il prend le temps d’expliquer d’où il vient et où il veut aller, on peut déduire que sa candidature est certaine. Il reconnaît que la politique est pour lui un nouveau monde et qu’il doit faire son apprentissage de député en apprenant de ses commettants comment devenir un bon député pour son comté. Il avoue peu connaître le travail de parlementaire d’un député à l’Assemblée Nationale et veut passer beaucoup de temps pour se familiariser le plus possible avec tous les rouages du gouvernement du Québec. Enfin, il veut porter la plus grande attention au Parti Québécois où il n’a pas d’assise. Il veut comprendre « ses statuts lourds », sa structure, ses membres, ses dirigeants, son financement et ses possibilités. En somme, il veut adapter sa culture personnelle, sa vie professionnelle, son travail de leader d’entreprises à son rôle de parlementaire afin de pouvoir démontrer aux membres du parti qu’il sera prêt à diriger le PQ.

Depuis son poing levé, qui a marqué son entrée en politique, il a déclaré haut et clair qu’il n’était là que pour faire un pays du Québec. Il n’a pas changé d’idée. Certes, il fut un temps durant la campagne où il a cherché à calmer les esprits des « antiréférendistes » en affirmant qu’il voulait, s’il était élu, s’occuper surtout de l’aspect économique dans un nouveau gouvernement Marois. Mais, depuis la défaite magistrale du PQ aux mains du PM Couillard et de son parti libéral, PKP est vite revenu à sa position initiale et confirme haut et bas, sur toutes les tribunes, qu’il veut l’indépendance totale du Québec afin que ses compatriotes francophones aient en mains tous les moyens pour faire du Québec un pays solide, riche et à eux.

Pour lui, le PQ doit changer sa stratégie et cesser, comme dans le passé, de créer des illusions, d’élection en élection, dont le but était de faire croire aux Québécois par des mots ou des slogans que la séparation du Québec de l’ensemble canadien n’était pas pour demain puisque le parti voulait d’abord soit diriger « un bon gouvernement », soit créer des « conditions gagnantes », soit appliquer une « gouvernance souverainiste », etc…

PKP est plus pressé et crie Vivement le pays ! Il espère diriger une campagne électorale dont le thème sera clairement « l’indépendance ». En somme, j’estime qu’il veut une élection référendaire en bonne et due forme durant laquelle il proposera un tel programme politique. Et, advenant une victoire par majorité parlementaire du PQ, son gouvernement engagera la séparation du Québec du Canada. Le moins que l’on puisse dire est que son approche a le mérite d’être franche, honnête et ouverte. PKP estime que c’est le meilleur chemin et, pour l’atteindre, il croit en la nécessité d’en parler tous les jours, partout et à chaque occasion qui s’offre pour définir les avantages d’un Québec libre tout en citant les désavantages du fédéralisme à la sauce canadienne.

Les péquistes accepteront-ils son approche ? Si oui, ce sera un changement fondamental dans leur stratégie. Ce sera le jour du grand risque, le jour du casino. Pour eux, ce sera tout ou rien et pour longtemps.

Aujourd’hui, ce que je décris précédemment semble invraisemblable. En effet, les deux derniers sondages placent le PQ et son option séparatiste au plus bas niveau d’estime populaire depuis son arrivée sur la scène politique québécoise. Si ce portrait négatif momentané dure, le rêve de PKP s’évaporera.

Par contre, pour moi, on ne peut rejeter si vite du revers de la main tous les sondages de la dernière décennie dans lesquels on découvrait, sur une base relativement constante, que le pourcentage des Québécois favorables à la séparation du Québec variait entre 35% et 40%. Le vote cumulé du PQ et du parti Québec Solidaire (QS), aussi parti séparatiste, à l’élection du 7 avril dernier, approche cette fourchette. De plus, il ne faut pas oublier que le chef de la Coalition Avenir Québec (CAQ) est un ancien ministre séparatiste et que lors du dernier référendum, ce parti sous le nom de l’Action Démocratique du Québec (ADQ) s’était prononcé pour le OUI à la séparation. J’estime que la base pro-séparation n’a pas vraiment changé mais s’est déplacée. C’est sur cette base que mise PKP pour lancer sa marche vers l’indépendance.

La dernière campagne électorale a démontré que PKP n’est pas un orateur à l’éloquence puissante et directe. Son image télévisuelle laisse à désirer. À la radio, même s’il est sympathique, il montre des faiblesses et de la partisannerie dans son argumentation. Et comme la politique électorale est un commerce d’images et d’illusions, PKP aura beaucoup à faire pour rejoindre le cœur et l’intelligence des Québécois.

Récemment, à la radio, il a émis des arguments qui m’ont surpris. Par exemple : « On ne peut avoir de péage sur le pont Champlain pour les automobilistes puisque les bateaux qui passent en dessous en payent »; « Si le Québec est indépendant, il pourra contrôler les paradis fiscaux »; « Les Desmarais camouflent les résultats de Gesca », « Les Desmarais gèrent mal », « c’est trop facile pour les Desmarais de dire ne pas connaître le futur de leurs journaux régionaux » et « les Desmarais auraient dû prévoir la diminution des revenus publicitaires »…. Il les blâme de n’avoir pas prévu la diminution du lectorat de leurs journaux format papier depuis la venue du numérique.

C’est un discours démagogique et petit envers des Québécois qui connaissent les plus grands succès économiques au Québec, au Canada, et dans le monde, pour la simple raison qu’ils sont des fédéralistes, surtout que le contraire des affirmations de PKP est la vérité.

Blâmer les frères Desmarais de garder confidentiels les résultats financiers de leur entreprise Gesca et du même souffle se dire surpris qu’ils aient tenu, pour une première fois après la mort de leur père, une conférence de presse à la suite de la réunion annuelle des actionnaires de Power Corporation me semble contradictoire. C’est un manque d’élégance !

Ajouter à l’éternel argument des séparatistes vis-à-vis Gesca à l’effet qu’elle est supposément déficitaire et qu’elle a toujours maintenu vivant ses journaux à Montréal, à Québec et dans les régions, simplement pour pouvoir influencer l’opinion publique en faveur du fédéralisme, c’est trop facile surtout lorsqu’on parle de millions de $.

Les Desmarais gèrent mal… vraiment ! À sa réunion, leur compagnie Power Corporation a fait état sur l’ensemble de l’exercice 2013 d’une importante hausse de son bénéfice net attribuable aux détenteurs d’actions de 977 millions $, ou 2,12 $ par action, contre 816 millions $, ou 1,78 $ par action en 2012. Sa filiale Financière Power a vu son bénéfice net grimper à 593 millions $, soit 84 cents par action, comparativement à celui de 277 millions $, ou 39 cents l’action, de la même période en 2012.

Le péage pour les automobilistes qui sera établi pour le pont Champlain tiendra compte des montants payés par les compagnies maritimes pour les bateaux passant sous le pont. Il n’y a aura pas de double imposition.

Les USA, l’Union européenne, le Canada combattent les paradis fiscaux. Prétendre que le Québec indépendant fera mieux que l’ensemble de ces pays est une chimère, une illusion utopique.

Affirmer que les Desmarais n’ont pas prévu les conséquences du numérique…vraiment ! Gesca a lancé La Presse + pour tenir compte de la présence grandissante du numérique qui menace partout dans le monde le journal papier. À ce jour, près de 500 000 personnes par jour ouvrent ce site pour obtenir les dernières nouvelles et présentations. C’est un « hit »! De plus, les Desmarais investissent actuellement plusieurs centaines de millions de $ pour rénover les bureaux de La Presse près de la Place D’armes à Montréal pour tenir compte des nouveaux besoins. Ils étudient les conséquences pour leurs journaux régionaux et cherchent à déterminer les solutions et les moyens pour les convertir à la tablette numérique.

Si PKP veut scorer des points, il devra trouver une discours qui colle à la réalité et capable d’aider les gens sur le terrain.

Claude Dupras

lundi 12 mai 2014

Les politiciens, les routes, les ponts

La Commission d’enquête sur l’octroi et la gestion des contrats publics dans l’industrie de la construction, la commission Charbonneau, a mis en évidence cette semaine l’ex-ministre péquiste Guy Chevrette qui a été longtemps ministre de différents ministères du gouvernement du Québec, dont celui du Transport. Il a été accusé, au début des séances publiques que tient la Commission, par un organisateur politique d’avoir reçu un montant de 100 000$ pour la construction d’une route, la 125 nord, au coût de 23 millions de $ dans son comté.

Chevrette a défendu férocement sa probité, son intégrité et a tout nié en rapport avec le présumé montant reçu. On ne pouvait s’attendre à autre chose. Mais ce qui a été plus révélateur, c’est son affirmation à l’effet que « le choix de la réalisation de grand projets routiers au Québec est politique ».

La 125 nord est une route (de qualité autoroute), en pleine forêt et montagnes, longue de plus de 40 de km. Depuis son ouverture au public, elle est très peu fréquentée. Je l’ai parcourue hier pour vérifier la véracité de cette affirmation et je n’ai croisé que trois automobiles qui venaient en sens contraire et des dizaines de cyclistes. J’ai compris pourquoi elle a le surnom « de la plus belle route cycliste au Québec ». C’est Chevrette qui a décidé de la construire supposément, dit-il, « pour des raisons de développement touristique de sa région de Lanaudière ». Les spécialistes du ministère du Transport, responsables de l’analyse des besoins routiers au Québec, sont venus témoigner à la Commission pour affirmer qu’ils n’étaient pas en accord avec la construction de cette nouvelle route 125 nord puisqu’ils ne pouvaient en démontrer la nécessité.

Pour justifier son raisonnement, Chevrette a donné cinq exemples de cas similaires de routes construites durant les dernières années, dont l’autoroute qui mène de la ville de Québec au Saguenay et l’autoroute 55 qui s’étend de la frontière canado-américaine (route de Boston) à la transcanadienne. Je connais ces deux autoroutes. Elles sont somptueuses et se déroulent dans un décor naturel de toute beauté. Mais elles sont peu achalandées et leur réalisation a coûté très cher.

Il me semble clair que les projets mentionnés plus haut font la preuve que la réalisation de grands projets routiers doit être basée sur des études de circulation sérieuses et qu’aucun projet de cette nature ne peut être accepté par les élus sans la recommandation des hauts fonctionnaires experts du ministère. Ce n’est pas à un député-ministre, qui ne s’y connaît pas en la matière, de décider et d’imposer une telle dépense à l’ensemble des Québécois, pour accroître sa popularité locale.

Le Québec fait face à des déficits importants et à un surendettement qui dépasse ses moyens. Cela est dû au laisser-aller politicien des dernières années durant lesquelles la manne a été distribuée aux Québécois qui en demandaient toujours davantage. Malheureusement, elle n’était pas providentielle ni miraculeuse mais générée par nos emprunts. Et aujourd’hui, le nouveau gouvernement Couillard se voit obligé de proposer de prendre des bouchées doubles de coupures budgétaires pour resolidifier d’urgence les finances du Québec. Ça va faire mal !

Du côté du gouvernement fédéral, la situation financière se présente mieux. Le gouvernement conservateur du PM Stephen Harper a vite reconnu le danger qui l'affrontait. Il a eu le courage de prendre les grands moyens et de réduire appréciablement les dépenses gouvernementales. Au point que l’an prochain, le Canada aura un surplus budgétaire et sera en mesure de commencer à rembourser sa dette et de diminuer les impôts des Canadiens.

Cela n’a pas été réalisé facilement. Plusieurs restrictions budgétaires ont été critiquées vivement lorsqu’elles se sont faites sentir, dont certaines avec raison, comme celles qui affectent l’émancipation de la langue française au pays. Je ne suis pas un grand « fan » du PM Harper. Je le trouve insensible face aux demandes du Québec et considère que cette attitude nuit à l’unité canadienne. Mais il faut reconnaître qu’il a réussi à mettre les finances du Canada en ordre et qu’aujourd’hui cela est à notre avantage. Lorsque nous nous comparons aux USA, à la France, à la Grande Bretagne, à l'Italie, à l'Espagne, à la Grèce et à très grand nombre d’autres pays, nous pouvons dire à Harper : Bravo!

La question du jour dans la région métropolitaine de Montréal est la construction d’un nouveau pont pour remplacer l’important pont Champlain tombé en désuétude. Infrastructure fédérale, Harper a décidé qu’elle sera payée grâce aux revenus d’un système électronique intelligent de péage pour chaque véhicule traversant le pont, ce qui ne nécessitera aucun arrêt et n’alourdira pas la circulation.

Devant cette proposition, la voix des utilisateurs s’est aussitôt élevée et la complainte a été reprise fortement par tous les politiciens québécois dont les commettants sont touchés par cette décision. En chœur, ils critiquent vertement la décision du gouvernement d’Ottawa et réclament la gratuité pour le passage sur le pont. Pourtant, on parle d’un investissement qui dépasse quelques milliards de $.

Les deux derniers ponts construits à Laval et à Beauharnois sont à péage, avec le même genre de système, et personne n’a vraiment critiqué ces décisions. Le grand pont de la Confédération dans les maritimes est payant. Partout au monde de nouveaux ponts et des autoroutes sont payants. En Écosse, par exemple, c’est payant et on peut payer le passage, contrôlé électroniquement, dans tout dépanneur si on n’est pas abonné.

Si nous voulons un gouvernement qui vit selon ses moyens, on ne peut ajouter cette dépense, comme d’autres, à celles de l’état fédéral. Certains disent que les autres ponts qui traversent le fleuve aux extrémités de l’île de Montréal seront surchargés d’automobiles puisqu’ils seront sans péage. C’est un argument gratuit qui n’est pas prouvé et pour lequel certains experts disent le contraire. D’autres estiment que le fardeau monétaire annuel du péage pour les propriétaires de véhicules qui quotidiennement entrent et sortent de Montréal sera trop fort. Ils oublient qu’il y a à peine quelques années, nous n’avions pas de charges d’internet et de cellulaire et qu’aujourd’hui presque tout le monde paye de 60 à 100$ par mois pour ces services. Nous nous sommes adaptés. C’est ce qu’on appelle le progrès.

Nous aurons besoin de plus en plus de rénover nos grandes infrastructures et d’en construire de nouvelles dans le futur et les usagers devront les payer. Notre population est vieillissante, nos besoins sociaux et autres grandissants et pour rencontrer leurs obligations nos gouvernements devront en avoir les moyens. On ne peut continuellement s’endetter et laisser cette charge pesante aux générations futures.

Que les politiciens locaux cessent de ne penser qu’à leur niveau de popularité et à leur réélection ! Qu’ils laissent la fonction publique faire son boulot ! Qu’ils réalisent la difficile situation financière dans laquelle nous sommes plongés et qu’ils agissent avec responsabilité !

Le Québec et le Canada doivent être financièrement solides pour faire face aux besoins de demain de leurs populations et aux défis d’avenir. Le seul vrai moyen est que chacun fasse sa part, tous les jours.

Claude Dupras