mercredi 7 novembre 2012

La limite de mandats des maires: un réformette inutile

Çà ne tourne pas rond à Montréal, à Laval et dans certaines villes de la région métropolitaine montréalaise. Les révélations-affirmations de témoins devant la commission Charbonneau laissent entrevoir des problèmes importants de corruption. Les Québécois sont choqués de découvrir que des fonctionnaires hauts gradés ont manqué à leurs obligations professionnelles en trichant pour s’enrichir au dépends des fonds publics. Ils ont raison et il faut trouver les solutions pour mettre fin à ces pratiques et au système mafieux qui les a crées et financées.

La première solution présentée par le gouvernement Marois est de limiter à trois, le nombre de mandats des maires du Québec pour les villes de plus de 5 000 résidents. De toute évidence, c’est une réaction prématurée qui ne tient pas la route et qui est proposée simplement pour des motifs politiques. Ce gouvernement, qui se disait bien préparé à diriger le Québec, est composé de ministres que ne font que lancer des ballons qui éclatent dès qu’ils sont soufflés. Ces propositions ne résistent pas à la moindre contestation et la raison est simple : ce ne sont que des réactions pour montrer que le gouvernement est aux aguets et non des propositions bien réfléchies. Ce n’est pas sérieux.

La réduction des mandats n’assurera pas que les « enveloppes brunes » ne continueront plus de circuler. Ce n’est pas parce que le maire Tremblay en était à son troisième mandat que la corruption s’est implantée. Non, car on découvre petit à petit que ce système de collusion-corruption a commencé vers 1988 alors que Jean Doré était le maire de Montréal. Puis il y a eu le maire Pierre Bourque. Ces maires ont dirigé la ville durant deux mandats chacun et ils ont respecté les devoirs de leur charge. Ils n’étaient pas du genre d’individus pouvant être soudoyés. À Laval, le maire Vaillancourt en est à son cinquième mandat et je ne lui donnerais pas la communion sans confession, mais la réputation de Laval comme ville louche a commencé bien avant lui. Depuis la création de la ville par le ministre des Affaires Municipales Pierre Laporte en 1965, le manque de clarté dans les administrations qui se sont succédées en on fait un endroit suspect où les rumeurs de corruption circulaient sans cesse.

On ne peut démontrer que limiter le nombre de mandats éliminera la corruption. La preuve est faite par Gérald Tremblay. La corruption à la ville de Montréal s’est envolée durant ses deux premiers mandats de 2001 à 2009. Il y a même un témoin important qui a affirmé, sous serment, qu’elle a cessé au niveau des fonctionnaires lors de l’imposition d’un code d’éthique pour eux.

Les partis politiques municipaux sont-ils la source de ce problème puisqu’il favorisent que le pouvoir soit dans les mains de ceux qui dirigent le parti? Je ne le crois pas. Par exemple, Jean Drapeau et son Parti Civique ont dirigé la ville durant 30 ans avec intégrité, probité et honnêteté et ont réalisé des projets extraordinaires dont le métro, l’Expo67 et les JO de 1976. Ils ont créé le Montréal moderne. La ville de Québec est aussi un exemple avec ses maires Jean Pelletier, Jean Paul L’Allier et Gilles Lamontagne qui ont été chacun longtemps au pouvoir. Et là où il n’y en a pas, les échevins votent librement sur chaque projet, selon leur conscience.

Ce n’est pas la durée ni le système qui sont dangereux mais les quelques individus sans morale ni principes qui trop souvent s’intéressent à la politique et viennent gâcher la sauce.

Le vrai problème que j’entrevois, suite à tout ce qui se dit, sera inévitablement le manque d’intérêt de la part de personnes compétentes et capables de diriger notre ville. Voudront-ils accepter de devenir candidat aux élections municipales ?

Y-a-t-il trop d’élus au niveau des conseils municipaux ? Les rémunérations sont-elles suffisantes ? Que faire pour attirer des gens de qualité à ce niveau politique ? Quelle méthodologie de contrôle anti-corruption devrait être installée dans les villes ? Voilà le genre de questions à poser. La limite des mandats n’est qu’un faux-fuyant imaginé par le gouvernement Marois.

Le nombre des mandats d’un maire et sa durée à la tête d’une ville sont la seule responsabilité des électeurs. C’est ça la démocratie. Si Jean Drapeau a été maire durant 30 ans, ce sont les Montréalais et les Montréalaises qui l’ont voulu et décidé. Ce droit, ce privilège et ce pouvoir ne doivent pas être enlevés aux électeurs municipaux québécois.

Au lieu de proposer des « réformettes » insignifiantes qui n’ajoutent rien au bien être des citoyens comme cette question du nombre de mandats des maires, ou des élections québécoises à date fixe ou encore du plafonnement à 100 $ des dons individuels aux partis politiques provinciaux, etc., le gouvernement du Québec devrait dédier tout son temps à s’adresser aux vrais problèmes économiques et sociaux qui confrontent et affectent la population québécoise.

Claude Dupras

2 commentaires:

Liane a dit…

La ténacité de Pauline Marois lui a permis de devenir Première Ministre du Québec, son rêve depuis de longues années, et elle veut prouver qu’elle est en charge de son navire et c’est elle qui prendra les décisions à l’avenir peu importe que ça dérange. Elle veut tout changer ce qu’elle peut sans demander l’avis de quiconque. Exiger que les élections soit fixées à une date déterminée d’avance peut être risqué. Si le nouvel élu ne répond pas aux exigences de son poste, comment faire pour obtenir sa démission? Nous venons d’avoir un bel exemple de l’intégrité de certaines personnes. Nous sommes mieux de nous y habituer, le mandat n’est pas terminer.

Antoine T. a dit…

Voila maintenant que Montréal se cherche maintenant un maire-sauveur a la Régis Labaume
pour lequel j'ai beaucoup de respect mais je prèfèrerais que l'on prenne comme modèle son prédécesseur le maire L'Allier,
un homme plus distingué, plus raffiné, lui aussi efficace mais plus diplomate pour une ville de la taille de Montréal. Les chefs de l'opposition actuelle ne font pas le poid. La question de la durée des mandats des maires est une question complexe; en caricaturent, on pourrait donner des mandats a vie a des Régis Labaume, L'Allier, Drapeau ( ?)....et une enveloppe brune a Tremblay pour qu'il reste chez lui !