mardi 24 novembre 2009

La politique : l’affaire de tout le monde

Janine Krieber est l’épouse de Stéphane Dion, l’ex-chef du parti libéral du Canada. Elle n’a pas encore digéré la brutalité avec laquelle les membres du parti ont expulsé son mari de la tête du parti. Je la comprends d’avoir encore de la rancœur car plus que quiconque elle le connaît. Dion est un homme de qualité, sincère, honnête politiquement, bien pensant et qui a démontré, comme chef, toute sa sagesse, son leadership et ses profondes connaissances intellectuelles. Des tels hommes politiques sont rares au Canada. Son seul problème est son manque de charisme et çà, dans le jeu politique d’aujourd’hui, c’est fatal.

Le malheur de Mme Kreiber c’est qu’elle a choisi de s’exprimer sur internet, en critiquant sévèrement le nouveau chef Michael Ignatieff et le parti libéral du Canada, dans une rubrique de Facebook. Elle croyait que cette conversation n’était réservée qu’à un groupe limité de ses amis. Il est surprenant qu’une femme comme elle, professeur de sciences politiques, spécialiste en sécurité et en terrorisme, ait cru qu’Internet pouvait vraiment être privé. Surtout Facebook. En entendant cette nouvelle, j’ai pensé dans un premier temps que c’était un canulard. Mais non, La Presse l’a rapporté à la une du journal et elle est bien réelle.

Réalisant son faux pas en apprenant que son message se répandait « at large », Mme Krieber l’a retiré du web et a même fermé son compte Facebook. Mais le mal était fait.

Cette sortie n’aidera pas le parti d’Ignatieff et s’ajoutera aux difficultés actuelles que rencontre cette formation politique où tout ne va pas dans le meilleur des mondes actuellement. Après un départ impressionnant, un refinancement étonnant du parti, un positionnement très favorable dans les sondages, etc… tout laissait croire en la possibilité d’une reprise de pouvoir par les libéraux. Mais voilà que depuis quelques mois, les Canadiens voient Ignatieff sous un autre angle, et ils n’aiment pas. Sa soif du pouvoir et les réactions qui en ont découlé l’ont vite rendu impopulaire.

Peut-il en revenir ? J’en doute fortement. Car malgré les belles qualités de cet homme et ses propositions politiques intéressantes, il a cherché à emberlificoté les électeurs en expliquant les raisons de sa motion de non-confiance éventuelle au parlement. Depuis, son air empêtré ne l’aide pas. Il y a aussi le fait que les Canadiens se surprennent d’apprendre les positions politiques passées d’Ignatieff et réalisent maintenant qu’il était, entre autres, favorable à la participation du Canada à la guerre en Irak et au projet de l’implantation du bouclier antimissile par les Américains. Malgré qu’Ignatieff se soit, depuis qu’il est chef, excusé de ses positions importantes antérieures, les Canadiens restent maintenant méfiants face à ses changements d’idées. Plusieurs se demandent, qui est le vrai Ignatieff ?

De l’autre côté, le gouvernement de Stephen Harper, qui ne mérite absolument pas la confiance des Canadiens pour plusieurs bonnes raisons dont celle de ses politiques environnementales et sa défense de l’exploitation des sables bitumineux albertains, continue à grimper dans les sondages. Le Parti Conservateur s’est tracé une « feuille de route », pour gagner le pouvoir majoritaire, et il la suit à la lettre. Il agit avec une haine implacable envers ses adversaires même si cela frise le non-respect des lois canadiennes. « Tout pour gagner » voilà ce qui semble être le slogan actuel des Conservateurs. Et ça marche…

De plus, Stephen Harper projette de mieux en mieux une bonne image de politicien. Il est calme, actif et donne l’impression d’un homme à l’aise aux commandes du pays. Ses voyages partout au Canada, pour annoncer les projets d’infrastructures générés par le plan gouvernemental pour la relance de l’économie, attirent beaucoup de sympathie. Ses voyages à l’étranger comme celui en Inde et celui en Chine, qui se prépare, lui confèrent l’image d’une politicien de calibre international qui représente bien le Canada. Malgré que la réputation du Canada à l’étranger ait diminué à cause des politiques d’Harper, les Canadiens oublient vite et aiment le voir regagner la ferveur internationale pour leur pays.

Par conséquent, Harper et ses acolytes grimpent dans les sondages partout au Canada, sauf au Québec, au point qu’il semble possible qu’une majorité conservatrice se dessine pour le prochain parlement, sans le Québec. Ce sera un fait très rare dans l’histoire politique de notre pays et placera le Québec dans une position fortement désavantageuse. Plusieurs y voient de la graine à séparation en préparation.

Que faire ? Nos compatriotes anglais aiment dire: « If you can’t fight them, join them ! ». Il est certain que si un plus grand nombre de Québécois étaient actifs dans le PC et y détenaient des positions importantes, ils seraient en mesure d’influencer les stratégies de ce parti.

Je ne préconise pas que mes compatriotes joignent ce parti simplement parce qu’il sera au pouvoir longtemps. Il y a déjà trop de ces individus, politiciens-éphémères, que je qualifie de néoconservateurs, sans principe et qui ne rôdent autour d’Harper et des ministres que pour obtenir des faveurs. J’ai vu cela du temps de Mulroney et cela n’a pas aidé le parti qui a été éventuellement éclaboussé par les agissements de ces individus.

Non, je dis aux jeunes et au moins jeunes qu’il est important de participer activement dans un parti politique. Je leur propose une participation constante et réelle.

Le PC a toujours été un grand parti Canadien. C’est une option importante à chaque élection. Il est important qu’il soit bien représentatif des nations qui composent le pays. Il est essentiel qu’un fort contingent de Québécois et de francophones des autres provinces en deviennent membres actifs. Je vous assure que c’est fort intéressant et engageant, ayant moi-même participé pendant pus de 25 ans dans les rangs de ce parti. C’est la seule façon que l’on peut infléchir les politiques pour qu’elles répondent à nos aspirations.

Je ne fais pas cet appel strictement pour le Parti Conservateur. Il y a aussi les autres grands partis comme le Parti Libéral et le NDP. Mais dans les circonstances actuelles, je crois qu’il serait opportun de joindre les rangs du PC, car il y a là un vide à combler pour les francophones et un potentiel d’avenir important pour celui qui veut œuvrer activement en politique et travailler pour ses semblables.

Claude Dupras

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