vendredi 16 janvier 2009

OUI, au financement des partis politiques

Le PM canadien Harper est vraiment surprenant. Il y a à peine quelques jours, il a repris sa thèse pour l’abolition du financement des partis politiques canadiens par l’État. C’est la même proposition qui a crée le grand émoi de décembre 2008 lorsque les partis d’opposition à la Chambre des Communes, qui ensemble sont majoritaires, ont formé une coalition pour renverser le gouvernement. Cela a déclenché une crise politique importante et n’eut été de la décision de la gouverneure générale, le gouvernement Harper serait renversé et remplacé.

C’est pour éliminer le favoritisme, le « patronage », et la corruption que le gouvernement québécois de René Lévesque a institué la pratique du financement des partis par l’État. Le résultat est exceptionnel. L’ex-PM Chrétien a fait de même en appliquant une telle loi au niveau fédéral, dans les mois qui ont précédé son départ de la scène politique fédérale.

Comme j’ai expliqué dans un blog précédent, l’abolition immédiate de cette loi créerait un préjudice grave et injuste aux partis de l’opposition qui ont actuellement des problèmes majeurs de financement privé. Une bonne démocratie fonctionne mieux avec une opposition qui est forte et bien organisée.

Certains argumentent que la loi Chrétien est ridicule puisqu’elle favorise les séparatistes. En effet, le Bloc Québécois qui regroupe plus de 60 % des députés québécois et qui a été crée pour promouvoir la souveraineté du Québec et sa séparation du pays, reçoit plus de 4 millions de $ par an pour ses besoins de recherches et de secrétariat. Le parti Vert qui n’a pas de députés reçoit aussi plus de 1,5 millions de $ par an. Sans cela, ces deux partis auraient des problèmes majeurs car leurs sources de financement privé sont limitées.

Je dis que le financement des partis politiques est le prix qu’il faut payer pour avoir une vraie démocratie au Canada. Il est normal et bon que toutes les opinions soient représentées à la Chambre des Communes et que le débat sur la place publique sur les grandes questions soit le plus sérieux possible grâce à l’expression de toutes les tendances. Le parti Vert, par exemple, qui est à la fine pointe du débat sur le réchauffement climatique aurait été moins présent et efficace s’il n’avait pu bénéficier du financement fédéral (le montant est basé sur le nombre de votes obtenus par un parti à la dernière élection).

Si le financement public est éliminé, c’est le lobbysme qui prendra le dessus et il trouvera moyen de financer les partis qui comptent pour eux. On le voit aux USA où le lobbysme est omniprésent et graisse sans cesse les partis et les politiciens pour obtenir leur faveur. Le président élu Obama, qui a pu, grâce à l’obamanie, financer sa campagne sans l’apport des lobbystes, a promis de les mettre à leur place car ils sont devenus une plaie envahissante pour la politique américaine. Au Canada, depuis quelques années, les lobbystes prennent de plus en plus de place comme nous en avons été témoin dans l’affaire Airbus.

Si le PM Harper veut revenir à la case de départ et engager le Canada à nouveau dans ce débat, il fera une erreur qu’il regrettera. Depuis sa venue au pouvoir, il nous a démontré son manque d’imagination en devenant le champion du « copier-coller » des politiques conservatrices de GWBush. Puisqu’il semble ne pas pouvoir faire autrement, j’espère qu’il continuera avec cette façon de procéder en faisant de même avec les politiques d’Obama. Ainsi le Canada reprendra son vrai rôle dans le monde et les Canadiens auront un gouvernement qui les servira mieux.

Claude Dupras

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