samedi 16 avril 2011

La constitution de Bouteflika, de la foutaise !

Le journal « Le Monde » rapporte aujourd’hui qu’Alain Juppé, ministre français des affaires étrangères, a souligné, suite au colloque sur le "printemps arabe" organisé par son ministère à Paris, que "le grand mouvement d'aspiration populaire à la liberté et à la démocratie, qui touche l'ensemble du Maghreb et au-delà, jusqu'au Golfe persique, concerne aussi l'Algérie bien sûr". Il a de plus qualifié les décisions annoncées vendredi par le président algérien Abdelaziz Bouteflika, dans un grand discours de ce dernier à sa nation, de réformes qui vont « dans la bonne direction ».

Bouteflika dit vouloir les amendements nécessaires à la constitution de 1996 pour « renforcer la démocratie ». Il a enfin parlé. Son discours était attendu depuis le début des manifestations du « printemps arabe » dans son pays qui avaient fait, en janvier dernier, cinq morts et 800 blessés,

Le président algérien veut créer une commission constitutionnelle « à laquelle participeront les courants politiques agissants et des experts en droit constitutionnel". La commission "me fera des propositions dont je m'assurerai de la conformité avec les valeurs fondamentales de notre société, avant de les soumettre à l'approbation du parlement ou à vos suffrages par la voie référendaire", a-t-il expliqué. Donc, c’est Bouteflika qui décidera.

Il veut aussi renforcer les lois électorales et la loi sur les partis afin que les algériens puissent "exercer leur droit dans les meilleures conditions, empreintes de démocratie et de transparence" et pour obtenir une participation "plus efficace de ces partis au processus de renouveau du pays". En fin de trajet, qui décidera ? Bouteflika.

Le président algérien est en fait la marionnette des généraux algériens. Bouteflika a 74 ans et est à la tête du pays depuis 1992, au moment où l’armée a saisi le pouvoir du Front Islamique du Salut (FIS) qui venait de gagner les élections. Il avait alors promis « des réformes globales incluant des réformes politiques". Elles ne sont pas venues. Puis, 200 000 innocents algériens ont été tués par les islamistes et, plusieurs algériens affirment, l’armée. Pour retrouver la paix, Bouteflika a instauré un pardon national pour les coupables. On oublie tout et on recommence !

Pour calmer les esprits qui s’expriment depuis le début des manifestations, Bouteflika a levé l'état d'urgence de février 1992 et a concédé plusieurs choses sur le plan économique et social : augmentations des salaires, plus d’emplois pour les jeunes et un grand nombre de nouveaux logements. Mais, il peine à satisfaire les manifestants qui en veulent de plus en plus, car le besoin est là.

Du côté des partis politiques, on veut maintenir le statu quo. Le Front de libération nationale (FLN) parti de la révolution, le Rassemblement national démocratique (RND) et le Mouvement de la société pour la paix (MSP, islamiste) ne souhaitent pas l'élection d'une assemblée constituante pour définir une nouvelle constitution. Tout ce beau monde veut conserver sa place et ses fioles. Très édifiant !

Vendredi, en réaction au discours du président, une dizaine de militaires ont été tués et plusieurs ont été blessés par un groupe qualifié de « terroriste » qui a attaqué leur poste de surveillance en Kabylie. L'attaque, non confirmée par les sources gouvernementales, aurait fait 14 morts chez les militaires et un parmi les assaillants. La dernière action d'envergure, attribuée cette fois-là aux groupes islamistes armés en Kabylie, remonte à octobre 2010.

C’est parce que Bouteflika commence à s'inquiéter de la réaction de son peuple, qu’il a réagi. Cette peur de la révolte du peuple algérien, qui ressemble à celles de la Tunisie, de l’Egypte et de la Syrie, pousse sur lui et sur tout son régime. Il fait semblant de commencer à vraiment écouter son peuple.

Il me semble évident que sa nouvelle initiative constitutionnelle n'est conçue que pour gagner du temps et gérer la tornade qui souffle à travers tout le monde arabe.

Il faut se rappeler les événements d'octobre 1988, lorsque le président algérien Chadli a aussi fait semblant de répondre aux aspirations de son peuple. Il avait soit disant ouvert le champ politique à qui voulait s'organiser et participer au dialogue politique national. On connaît les résultats désastreux de la démocratisation à la Chadli.

A mon avis, la démocratie ne s'offre jamais. Elle se prend. Elle est toujours acquise par la force des bras et souvent par des rivières de sang. Combien de constitutions nationales ont été promulguées par les chefs politiques en Algérie depuis 1962 ? On peine à les compter tellement elles sont nombreuses. La prochaine constitution de Bouteflika aura exactement les mêmes conséquences à moyen et long terme.

Le grand problème que l'Algérie doit surmonter n'est pas l'établissement d'une démocratie théorique mais plutôt de créer réellement des conditions sur le terrain pour permettre aux algériens de s'organiser pour tout d'abord exprimer clairement leurs revendications fondamentales et se mobiliser pour changer le système politique actuel. Tant que Bouteflika avec ses patrons, les généraux, n’accepteront pas une telle liberté, leurs paroles ne sont que des mots en l’air et de la foutaise.

Claude Dupras

3 commentaires:

Mme Hargas a dit…

IL NOUS PRENDS POUR DES IMBECILLES PAR CONTRE IL A PEUR IL CHERCHE DES MENSONGES POUR CE CACHER RIEN D'AUTRES

Mansour a dit…

Cher ami,
J'ai lu avec attention la pretendu autocritique d'Alain Juppe et tout ce que je peux te dire c'est que cela me rappelle un peu le fameux proverbe francais: " chachez moi ce sceint que je ne saurais voire".
Depuis de Gaule en passant par Miterand sans oublier tous les autres leaders francais ont tous considere l'algerie par exemple de la meme maniere que cuba de fidel castro avait ete a ce jour par les usa. Comment peut on croire aujourd'hui a la sincerite du mea culpa du ministre des affaires etrangeres francais en revoyant tout simplement le comportement de la france vis a vis de l'algerie depuis 1956 a ce jour. Comment peut on effacer les declarations officielles francaises qui affirmaient que la nation francais s'etendait de Dunquerke a Tamanrasset durant la periode de Gouverneur general francais en algerie, Jaqcuqes Soustelle
en 1956 si ma memoire ne me trompe pas. Comment ensuite croire aux declarations officielles du genral de GAule qui voulait une algerie associee a la france en 1960. Et comment apres avoir signe les accords d'evian en 1962 etablissant la vision d'association entre la france et l'algerie nouvelle, le gouvernement de de gaule n'a rien trouve de mieux a faire qu'encourager le maroc a envahir l'algerie pour destabiliser la nouvelle republique algerienne en 1963. Et comment juste apres l'independance officielle de l'algerie la france s'est embarquee dans une strategie d'etouffement de l'algerie nouvelle. Dans les accords d'evian la france s'etait engagee a maintenir l'aide francaise au systeme de l'education de l'algerie. Mais le general de Gaule a subitement et contrairement a ses angagements precedents retire plus de 30,000 enseigants francais qui etaient encore sur place en algerie, tout simplement pour empecher l'algerie de preparer sa premiere annee scolaire. Mieux encore la france a tout d'un coup transfere ces cooperants au maroc juste pour punir la nouvelle republique algerienne. Et pour au moins creer un semblant d'etat normal dans ce secteur vital de l'algerie, Benbella avait demande a l'egypte de nous envoyer des milliers d'enseigants souvent non qualifies ou meme illetres. Voila comment de gaule a resussi a nous lancer dans un effort d'arabiser a outrannce le systeme educatif algerien qui nous coute tres cher a ce jour.De Gaule a ete meme plus loin en tout d'un coup mettant des limites a l'emigration algerienne en france, malgre les accords d'evian. Mieux encore de Gaule une fois de plus donne tous les avantages que l'algerie avait de droit dans le domaine de l'emigration au maroc tout simplement pour enrager le premier regime politique algerien. En 1963 l'algerie qui etait a ses debuts de construction de ses moyens de defense, surtout avec l'aggression marocaine, etait totalement dependante des armes francaises. Mais de GAule, tout en renforcant son aide militaire au maroc avait subitement impose un veritable embargo sur l'armement francais en algerie. Et parallelement a cela, de gaule avait aussi renegue ses angagements d'evian concernant les exportations algeriennes de vin, qui representaient alors plus de 30% de toutes les exportations algeriennes.
...voir suite partie 2

Mansour (partie 2) a dit…

Suite partie 2:

Plutot que de sincerement developper une cooperation economique, politique et culturelle la france du general de Gaule avait visiblement choisi une strategie d'ostracisme de la nouvelle algerie, tout simplement a cause du fait que la france de l'epoque refusait tout simplement d' accepter la liberation du peuple algerien. Face a toutes ces aggressions francaises l'algerie n'avait aucun autre choix que de chercher une alliance avec le bloc sovietique de l'epoque pour au moins avoir la capacite de faire face aux aggressions militaires marocaines et leurs revendications territoriales. L'algerie avait donc ete obligee a pratiquement brader son vin pour commencer une cooperation militaire avec la russie et le reste du monde socialiste.Et c'est ainsi que la france avait reussi a non seulement pousser l'algerie nouvelle aller dans une evolution qui etait totalement contraire a sa culture mais a denoncer la nouvelle l'algerie a travers tout le monde occidental, y compris les usa, qui etaient au depart tres favorables avec les nationalistes algeirens.
Qui a cree et supporter tous les regimes dictatoriels a travers tout le monde arabe de l'atlantique au golf persique sinon la france, l'angleterre et aussi les usa depuis pratiquement la creation de la maison des Seoudis. Qui a cree les regimes dictatoriels en tunisie ou au maroc et surtout a travers tous les emirats du golf sinon les gens importants du monde occidental comme Alain Juppe lui meme.
Pour finir ce message je voudrais tout simplement te dire que je suis trop vieux pour croire aux autocritiques des hommes politiques occidentaux qui ne font en fait que s'adapter aux conditions politiques nouvelles pour continuer a proteger tous leurs interets strategiques economiques et politiques qui n'ont pas du tout change depuis le debut de l'aire coloniale et imperialiste du 19me siecle.