mercredi 13 janvier 2010

Le savon de Charest à Harper : une erreur

Autant je ne suis pas en accord avec les politiques environnementales du PM canadien Stephen Harper, autant je suis en désaccord avec le « savon » qu’a repassé hier, en public, le PM québécois Jean Charest au premier ministre du Canada. J’ai trouvé cette scène télévisée disgracieuse et injustifiée.

Cette confrontation a eu lieu hier lors de la rencontre conjointe des premiers ministres avec la presse qui suivait une cérémonie officielle où les deux gouvernements annonçaient un premier projet conjoint de production de méthane à partir de déchets organiques, visant à réduire les gaz à effets de serre.

À son retour de Copenhague, le PM Harper avait sermonné le PM Charest, et le PM d’Ontario, pour n’avoir pas accepté le principe que le Canada à l’étranger ne parle que d’une voix. Le PM Charest a cru bon revenir sur le différent, entre lui et Harper, qui a éclaté au grand jour lors de la conférence internationale sur le climat. Dans une réponse à une question d’un journaliste, il a martelé à nouveau son désaccord et répété avec force et avec un ton teinté d’agressivité que le Québec a droit d’exprimer ses positions où il le veut. Face à l’éclat de Charest, Harper a maintenu son sang froid et n’a pas bronché.

Les Québécois et les autres Canadiens sont au courant des positions de chacun et se rappellent les suites de Copenhague. Il ne servait à rien hier de reprendre ce débat puisque cela ne change rien. De plus, ce n’était pas l’endroit pour le faire. D’abord, le projet est destiné à réduire les GES. Il est financé presqu’également par les deux gouvernements et ce n’est que le premier de plusieurs (on en prévoit près d’une quarantaine d’autres). Il est situé dans un comté qui au provincial est détenu par les Libéraux et au fédéral par les Conservateurs. Ce qui est remarquable, c’est que le député conservateur l’a remporté, à la surprise générale, lors d’une récente élection partielle alors que les politiques du PM Harper étaient connues. Donc les électeurs québécois de ce comté ont voté pour Harper nonobstant ou à cause de ses positions environnementales. Qui sait ?

Charest n’avait pas à ressasser tout cela. Il est important que le PM du Québec maintienne de bonnes relations avec le PM du Canada. Ce dernier est un politicien tout-puissant. Un genre de dictateur démocratique. Il décide de tout, seul. Actuellement, le PM Harper est minoritaire au parlement et a besoin de l’opposition pour faire voter ses projets de lois. Mais le jour où il sera majoritaire, et ce jour n’est peut être pas loin, il fera ce qu’il voudra car son caucus le suit fidèlement. C’était ainsi sous Trudeau, Mulroney, Chrétien et les autres.

Ce pouvoir du PM du Canada lui permet d’acquiescer, à son gré, aux demandes nombreuses qui lui parviennent des provinces, des entreprises et de la population. Il peut prendre des décisions importantes pour le Québec comme l’a fait l’ex-PM canadien Paul Martin, et c’était une première canadienne, lorsque ce dernier a accepté que le Québec soit libre de dépenser à sa guise les argents fédéraux dédiés à la santé. Charest a pris l’argent et a opté pour des baisses d’impôts aux particuliers. J’ai toujours pensé que Martin avait alors fait un grand pas politique en rapport avec le droit de dépenser du gouvernement fédéral, qui lui est conféré par la constitution. Ce droit est l’instrument d’influence du gouvernement fédéral dans les affaires qui relèvent des provinces et le PM Martin a été le premier a accepté que l’argent prévu pour le programme de santé canadien puisse être dépensé autrement au Québec. C’est un bel exemple du pouvoir discrétionnaire du PM du Canada. Ce jour-là, Martin a rendu une grande faveur aux Québécois.

En brusquant publiquement le PM canadien, Charest a fait une erreur de tactique. Ce fut un geste inutile. Il se peut que les Québécois dont le sentiment nationaliste est à fleur de peau soient heureux du « show » de Charest, mais il nuira éventuellement au Québec. De son côté, le PM Harper eu une réaction parfaite en affirmant : « même si les gouvernements sont en désaccord de temps en temps, on ne cesse jamais de travailler ensemble ». Ma réaction à cette affirmation fut: " Oh yea ! ". Belle déclaration pour la galerie mais malheureusement la politique ne fonctionne pas ainsi. À mon avis, Harper n’est plus motivé pour aider Charest et les projets qu’il acceptera de financer dans l’avenir au Québec, le seront s’ils sont à l’avantage de son parti ou du Canada. L’erreur de Charest risque de nous coûter cher!

Claude Dupras

1 commentaire:

Québec de Droite a dit…

Un excellent exposé, j'en ai fais une copie sur mon blog.

Bravo, continu !

QuébecDroite