lundi 3 septembre 2018

La gestion de l'offre, oui ou non ?


Une question dont on ne peut parler en période électorale est bien celle du système de la Gestion de l’offre qui a été mis-en-place pour protéger les revenus des producteurs de lait, de poulet, de dindon et d’œufs. On vient de le constater clairement suite à la position du président Trump qui cherche à l’abolir via ses négociations de l’Alena et à la vive réaction de nos chefs politiques au Québec comme au Canada.
Il n’y a pas un parti ou un politicien qui osera donner une opinion autre que favorable à cette politique nationale, s’il veut se faire élire, car le lobby des producteurs est trop fort et un grand nombre de comtés électoraux en bénéficie. Le seul qui a bravé par principe et sans crainte est le député conservateur de la Beauce, Maxime Bernier, et il en a payé les frais puisqu’il n’a pu devenir chef de son parti dû à la révolte des cultivateurs conservateurs québécois et autres qui l’ont opposé subtilement durant la course au leadership.  
Le Canada est le seul pays au monde (depuis 7 ans) qui maintient une politique de gestion de l’offre pour protéger ses producteurs et le Québec qui produit 44% des quotas canadiens est évidemment le plus grand défenseur de cette politique.
Nos gouvernements favorisent cette méthode puisqu’elle est un mécanisme qui assure les revenus aux producteurs sans qu’ils aient l’obligation d’accorder des subventions comme aux USA et dans d’autres pays du monde. De plus, elle contribue à la richesse de plusieurs de nos villages québécois où œuvrent 7 000 producteurs à haut revenu. Cela n’est pas un argument négligeable au point de vue de la qualité de vie de ces villageois.
Les pénalisés, ce sont nous qui payons. Sans gestion de l’offre, les prix aux consommateurs seraient de beaucoup moins élevés. Par exemple, le lait se vend aux USA 1,12 $CDN le litre alors qu’il est 1,50 $CDN le litre chez nous. On peut comprendre aussi que les gens à faible revenu sont grandement défavorisés par ce système de contrôle des prix par les producteurs.
Avec la gestion de l’offre, les supers fromages français nous étaient inaccessibles. Mais les Européens ont décelé une faille dans le système en rapport avec l’exportation de leurs fromages au Canada. Elle a été reconnue et maintenant nous pouvons déguster les fromages français puisque l’importation de 16 000 tonnes a été autorisée. Sur le champ, Ottawa a annoncé une subvention de 4 milliards aux producteurs canadiens de fromage pour compenser la baisse de leurs ventes.
L’importation d’une certaine quantité de produits agricoles de producteurs étrangers est acceptée mais pour protéger les hauts prix générés par la gestion de l’offre, de fortes pénalités douanières s’appliquent. Ces surtaxes varient de 150% pour le dindon à 300% pour le beurre, le fromage et le yogourt. Ce sont ces pourcentages très élevés que dénonce le président américain Trump pour attaquer le Canada si durement ces jours-ci.
L’argument principal des producteurs canadiens est que la gestion de l’offre assure un revenu décent aux agriculteurs et qu’ils sont essentiels, par la qualité de leur production, à la qualité de vie des Canadiens.
La méthode de la gestion de l’offre est-elle défendable ? Une telle ingérence déloyale des gouvernements canadiens dans un secteur économique de la première importance doit-il être maintenue alors que tous les pays du monde l’ont rejetée ? Est-ce raisonnable de tolérer qu’un tel monopole aille à l’encontre du libre-échange mondial ? Est-ce acceptable que ce système défavorise les moins nantis de notre société pour les produits essentiels à leur vie ? Est-ce qu’un système de subventions gouvernementales ne serait pas finalement plus équitable que la gestion de l’offre ?
Avec les prix des produits des grandes épiceries qui grimpent à une vitesse vertigineuse, n’est-il pas temps que l’on cherche à les stabiliser ?

Claude Dupras

1 commentaire:

Unknown a dit…

Gestion de l'offre. De nouveau domination de la majorité (silencieuse) par une minorité bruyante et plus ou moins efficace. Pourquoi le producteur moyen tenterait-il de s'améliorer puisque son revenu de base est assuré. En principe je suis contre toute aide permanente à la production de quelque bien ou service.