vendredi 21 février 2014

Et la main-d’œuvre, on la trouvera où ?

Les affaires roulent au Québec. Les entreprises manufacturières et les entrepreneurs spécialisés n’ont pas trop de difficulté à obtenir de nouveaux contrats. Leur problème est de trouver la main d’œuvre compétente pour les réaliser. Ce n’est pas facile mais après plusieurs mois de recherches, elles réussissent de peine et de misère à mettre la main sur les oiseaux rares. Celles qui ne réussissent pas s’endettent, risquent et se tournent vers la mécanisation et la robotisation qui produisent davantage et réduisent leur besoin en main d’œuvre.

Par contre, l’avenir n’est pas rose, car la disponibilité de main-d’œuvre québécoise spécialisée et qualifiée se rétrécit au moment où de plus en plus de départs pour la retraite s’amorcent. En effet, de nouvelles statistiques indiquent que pour une première fois : « le nombre de Québécois âgés de 15 à 64 ans va diminuer ». De 2000 à 2010, l’augmentation moyenne du nombre de travailleurs de cette catégorie a été de 39 000 alors que depuis, elle diminue et a atteint 11 000 individus en 2013. En 2014, le nombre est négatif et, pour la première fois, notre bassin de main d’œuvre commence à se vider.

Que résultera-t-il de cette pénurie de bons travailleurs pour le Québec et pour nous ? Les entreprises auront de la difficulté à prendre de l’ampleur et à devenir plus importantes, donc moins de nouveaux emplois potentiels. Elles s’arracheront les travailleurs et cette concurrence féroce augmentera les coûts.

Une bonne partie de ce mal vient du fait que notre taux de natalité qui était parmi les plus élevés de notre continent est devenu un des plus bas. La décision de la PM Marois d’augmenter les frais annuels de garderie, ne viendra pas encourager les familles à avoir plus d’enfants puisque leur budget familial, déjà très serré, sera gravement affecté par ces augmentations.

Alors que de plus en plus d’immigrants qualifiés seront requis pour combler la demande, le débat sur la charte des valeurs québécoises rend les néo-Québécois actuels nerveux et malheureux car ils n’aiment pas la tournure qu’il prend. Plusieurs s’expriment et parlent de quitter le Québec pour aller s’installer dans une province plus sympathique à leur religion.

C’est une faute grave de notre part d’avoir créé de tels ressentiments. Nous oublions trop souvent que chaque nouvelle personne venue sur notre territoire a le potentiel de se marier, d’avoir des enfants, de s’acheter une maison, une auto, de se procurer tout ce qui est essentiel au développement d’une famille, etc… Toutes ses activités monétaires ajoutent au développement économique et affectent positivement, avec celles des autres, la croissance du Québec et la qualité de vie de chacun. En en réduisant le nombre, on risque d’affecter directement notre avenir économique. On se tire une balle dans le pied !

Il y a aussi et toujours notre inaptitude à contrer le décrochement scolaire. Je suis témoin, presque quotidiennement de ses méfaits dans de petits villages près de chez moi. J’y trouve de jeunes adolescents, beaux, solides, à l’air intelligent et qui pour une raison ou une autre ont quitté l’école trop jeunes. Sans formation, sans emploi sérieux, sans projet d’avenir, ils m’indiquent par leur air désabusé, leur désappointement et leur méfiance du système. Pourquoi en sont-ils là ? Leurs parents ? Leurs instituteurs ou institutrices. Leur milieu ? Et que faisons-nous pour les récupérer, leur faire reprendre les études, les encourager, les guider ? On me dit qu’ailleurs, en campagne, c’est pareil. Quant à Montréal, les statistiques font peur. Il y a là un grand nombre de talents perdus qui doivent et peuvent être retrouvés par des efforts d’individus qui réalisent la situation et par le gouvernement qui la connaît. Notre économie en a besoin. S’ils sont bien orientés et encouragés, ils ont le potentiel d’apprendre de bons métiers et de combler le manque criant d’électriciens, de plombiers, de ferblantiers, de ferronniers, de plâtriers, etc… tous des métiers bien payés qui sont en manque de personnel compétent.

La pénurie de travailleurs qualifiés ne se retrouve pas seulement dans les entreprises manufacturières et chez les entrepreneurs de construction mais aussi dans des domaines comme le transport, les mines, les écoles et plusieurs autres. La ministre de l’immigration par la loi 71, qu’elle vient de déposer à l’Assemblée Nationale, veut recruter les meilleurs candidats en implantant en ligne un système où des personnes compétentes et intéressées à venir au Québec pourraient faire une « déclaration d’intérêt ». Ainsi une banque de candidatures de personnes qualifiées dans différents domaines de spécialisation pourra être mise sur pied afin que notre gouvernement puisse être en mesure d’inviter les candidats dont il a besoin à soumettre une demande formelle d’immigration. En somme, il s’agit d’aller plus vite pour aider nos entreprises. Si c’est fait sans arrière-pensée et non contre un groupe ou un autre, je crois que c’est une idée pragmatique qui mérite d’être mise en place. 80 000 demandes d’immigration sont actuellement faites parmi lesquelles le Québec en accepte en moyenne 50 000 par an. Qu’il s’organise pour choisir ceux qui répondent d’abord plus précisément aux impératifs du marché et en augmenter le nombre, au fur et à mesure que cela deviendra nécessaire !

Claude Dupras

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