mardi 21 mai 2013

Hollande, la crise, l’avenir

Je viens de terminer la lecture du long texte de l’allocution du président français François Hollande à sa conférence de presse semi-annuelle. C’est un document intéressant qui fait état de ce que le président à réaliser et veut faire.

Il a résumé sa première année avec une mer de mots, démontrant, en fait, que sa promesse de croissance est devenue une austérité sévère. La conséquence : la France souffre. Son économie stagne. Elle perd des parts du marché mondial. Plusieurs de ses importantes entreprises réduisent leur production ou ferment tout simplement. Son chômage est record. Sa productivité ne s’améliore pas. L’innovation n’est pas au rendez-vous. Le moral des Français est bas. La misère s’installe. La France est en récession. « Moi, président » s’avère être un homme de grands discours mais de peu d’actes productifs. Un chef en chute libre et déjugé par les Français. Un irréaliste.

Pourtant la France est forte de son peuple. C’est le pays du TGV, d’Airbus, du nucléaire, du Concorde, le pays de Pasteur, de Braille, des frères Lumière, de Michelin et, depuis toujours, d’inventeurs et d’innovateurs de toutes sortes qui par leur intelligence et leur travail ont contribué à changer le monde. C’est un pays d’individus racés, forts, travaillants et compétents. C’est le pays de l’excellence : mode, restauration, vin, architecture, de la qualité de vie... des droits de l’homme. C’est un des premiers pays de tourisme. Et je pourrais continuer pour démontrer qu’il n’a rien à envier aux autres, au contraire.

La France est la deuxième économie de l’Europe, après l’Allemagne. Par rapport à cette dernière, les statistiques indiquent que tous travailleurs confondus, le nombre d’heures travaillées en France est supérieur, la France est plus productive, les salaires augmentent plus vite, la consommation est moins taxée, l’impôt sur les sociétés est similaire, le taux de naissances est fortement supérieur, la politique familiale est beaucoup plus généreuse, l’assurance-maladie est pour tous, l’indemnisation du chômage est plus élevée, l’âge du départ à la retraite est plus bas de 5 ans, les propriétaires sont plus nombreux, le nombre des pauvres est plus bas, et encore…

Mais là où l’Allemagne gagne des points sur la France c’est sur sa croissance qui est supérieure, son déficit public qui est moindre, sa compétitivité qui est au rendez-vous, son exportation qui est plus forte, son coût de la main d’œuvre qui est légèrement plus bas et les moyens alloués à l’accompagnement et au suivi des demandeurs d’emploi qui sont plus importants. Tout ça débouche sur un taux de chômage de beaucoup inférieur à celui de la France.

Pour l’an II, Hollande dit vouloir viser particulièrement ces problèmes et propose, à nouveau, beaucoup d’idées. Le président a élaboré les priorités de son gouvernement dans un projet qu’il qualifie de « l’offensive » (vive les créateurs d’images). Mais, ce dernier ne résiste pas à la critique de plusieurs, dont l’Allemagne, puisqu’il ne s’attaque pas vraiment aux maux de son pays: chômage des jeunes, assouplissement du marché du travail, réduction du train de vie de l'État et notamment du nombre de fonctionnaires, refonte des systèmes sociaux jugés trop généreux et report de l'âge de la retraite. Le président n’arrive pas à frapper le clou sur la tête.

De plus, il n’aborde pas « the big picture » comme diraient les américains.

L’Europe vit sa crise économique depuis 4 ans. Certains blâment cette crise sur l’euro. Ils oublient que la construction de la zone euro fut plus politique qu’économique et qu’avec une structure institutionnelle insuffisamment forte, l’Europe n’a pu réagir effectivement dès le début de la crise. Aussi, depuis son existence, elle ne génère pas de croissance.

Son problème réside, à mon avis, dans la gouvernance de l’Europe qui n’est pas suffisamment centralisée pour être forte comme elle devrait l’être.

La France a été à la base de la création de l’entente européenne. Elle est le deuxième pays en importance de la zone euro et un des rôles importants de son président est d’assurer la force de l’Europe puisqu’il y va de l’intérêt de son propre pays. Au lieu de gêner l’Allemagne en la blâmant pour ses propres déboires, la France devrait plutôt la convaincre de renforcir, avec elle, l’Europe en persuadant tous les États composants à s’unir davantage pour mieux travailler ensemble et être en mesure de s’entraider afin d’enrayer les crises économiques futures.

Pour combattre la crise, les USA ont stimulé leur économie en y investissant massivement dès le début. De son côté, l’Europe, n’ayant d’autres choix que le sérieux budgétaire, a joué la carte de l’austérité. Alors que les USA en sont sortis, les grecs, les espagnols, les portugais, les italiens et même les français ont souffert et souffrent énormément du fléchissement de l’activité économique de leur pays. Contrairement aux Européens, les Américains ont géré la valeur externe de leur dollar, ont planifié le contrôle de leur économie et ont utilisé les budgets fédéraux pour ce faire. L’Europe n’a pu agir ainsi car ni ses richesses, ni ses dettes ne sont regroupées. En plus, elle ne peut taxer.

Les liens financiers serrés entre les USA et l’Europe font en sorte que l’économie américaine sera affectée si la crise économique européenne continue de s’aggraver. Les Américains craignent aussi que des crises sociales en découlent et que la stabilité politique de certains pays soit alors en danger. Ils veulent éviter cela à tout prix. Si la zone euro perdait un membre comme la Grèce, ils croient que ce serait difficile pour l’Europe mais qu’elle pourrait s’en sortir. Mais si c’est un pays plus important comme l’Italie ou l’Espagne, ce serait un choc qui pourrait s’avérer fatal. En somme, l’Europe est aussi forte que son maillon faible.

La situation actuelle démontre l’inefficacité de la politique économique européenne et découle du manque d’intégration de la politique des pays européens. Malheureusement, une intégration réelle n’est pas pour demain. Et, c’est là que réside un des vrais défis des pays de l’Europe et du président français s’ils veulent assurer un avenir stable à leur propre pays.

À court terme, comme solution, certains économistes américains proposent une union bancaire USA-Europe et l’imposition d’une taxe commune pour garnir une cagnotte assurant un appui financier important au moment où un pays devient en détresse. En somme, les pays occidentaux se protègeraient mutuellement et éviteraient de possibles remous sociaux importants issus de la souffrance de leur peuple. Tout comme lors des deux guerres mondiales. C’est une idée pratique qui mérite d’être bien analysée par la France qui pourrait en devenir la promotrice. Voilà, à mon avis, un autre vrai défi pour François Hollande.

En résumé, un des rôles primordiaux du président français dans la crise actuelle est de bien gérer son pays et de trouver les incitations capables de le relancer économiquement en encourageant les entrepreneurs de croissance. Mais plus important encore, pour le long terme, c’est de travailler avec les autres gouvernements européens pour produire des réformes fortes, significatives et communes afin que l’Europe unie soit capable de bien contrôler son avenir.

Claude Dupras

3 commentaires:

JCP a dit…

Europe : La faillite de l’Idée fédérale.

"L’union Européenne tue les peuples" (Jacques sapir)

Enfermé dans la double matrices, politique et économique, de l’Union européenne, ayant renoncé à sa souveraineté, la France s’enfonce et se décompose sous nos yeux. La solution, à gauche comme à droite : encore plus de fédéralisme.

En ce temps grave et incertains où la nation est atteinte. Quelques notes pour faire surgir une nouvelle doctrine politique qui transcende la gauche et la droite : le patriotisme (JCP)

.....

Union nationale = union pour sauver le système !

L’Union pour Maintenir nos Places n’est pas la solution pour l’Europe en déclin, ni pour la France en pleine décadence. C’est d’un sursaut que nous avons besoin, et celui-ci ne passe ni par l’union illusoire, ni par le consensus émollient.

http://www.bvoltaire.fr/christianva...

...

Publiée le 2 avril 2013

Bernard Chalumeau est spécialiste en droit constitutionnel et international. (...) Comment l’Union Européenne contraint-elle les États ? Comment les différents traités européens nous ont asservis aux banques ? Voir le petit exposé ci après.

http://www.youtube.com/watch?v=zTYY...

(B Chalumeau, un ami de Vigile.net)

http://www.comite-valmy.org/spip.ph...

...

Cette Tiers-mondialisation atteint maintenant les pays du Nord, (...)
...

Les États membres de l’Union européenne, par exemple, ont peu à peu été dépouillés (i) de leur souveraineté monétaire au profit des banquiers privés et d’institutions non-démocratiques (comme la BCE), de leur souveraineté économique au profit de multinationales ...

http://www.vigile.net/L-Oligarchie-...

...

Mélanchon, la solution, à la faillete de l’idée fédérale : plus de fédéralisme.

Mélenchon, pour reprendre un mot de Marx, ne fait que mettre des claques à une grand-mère. En effet, compte tenu des dépouillements de souveraineté prévus dans les traités européens, les institutions nationales ne sont plus responsables de grand-chose.

http://www.bvoltaire.fr/adrienabauz...

....

Faire la VIème République ou reconstruire l’État ?
Donc, c’est bien de la privation de la souveraineté que souffre notre système politique. Tout s’enchaîne ensuite

(...)

. En un mot, il faut rétablir l’État. Cette tâche est à la fois bien plus vaste et bien plus simple... « la première chose à faire est de déclarer nul et non avenue les divers amendements constitutionnels ainsi que les lois limitant le pouvoir du Peuple et de ses représentants » que l’on n’aurait pas eu besoin de tout ce pathos sur la « refondation » de l’Europe.

(...)

http://russeurope.hypotheses.org/1149

...

JCP a dit…

Le déclin de la France commence en 1973.

La " loi Pompidou, Giscard, Rothschild" votée en 1973 empêcherait l’État de battre monnaie. En renonçant à ce pouvoir régalien, l’État français cédait ainsi le levier le plus important de sa souveraineté.

Une analyse fine des conséquences de cette loi :

Entretien réalisé par Kontre Kulture, avec Pierre-Yves Rougeyron, auteur du livre Enquête sur la loi du 3 janvier 1973, aux éditions Jardin des livres.

http://www.egaliteetreconciliation....


Liane a dit…

Il s'agit de Hollande, qui est maintenant au pouvoir. C'est donc lui qui n'a pas su s'organiser pour faire mieux. Il a manqué à ses obligations. Tout est toujours beau le jour des élections et on s'aperçoit ensuite qu'il n'est pas celui qui pouvait faire des miracles. Et la France s'enlise et c'est dommage. Il faut réagir et vite.