mercredi 25 avril 2012

Les Albertains et les Québécois, du pareil au même

L’élection du 23 avril en Alberta, province canadienne, a apporté son panier de surprises et de vérités. Le Parti Progressiste Conservateur (PPC) a été réélu, nonobstant tous les sondages qui plaçaient bon premier son adversaire principal, le Wildrose Alliance. Pour la première fois en Alberta, une femme, Alison Redford, devient premier ministre de cette province riche et importante du Canada. Le parti libéral est déclassé et devient le troisième parti.

Ce sont les progressistes albertains qui ont poussé leur parti au pouvoir avec 52,7% des sièges. Et cela, malgré une campagne intense de la droite de la droite albertaine, très bien financée par les pétrolières qui exploitent les sables bitumineux.

Danielle Smith, cheffe du Wildrose, grande défenseure de ces entreprises a affirmé le plus sérieusement du monde dans un débat public avec les autres chefs de parti, que le réchauffement climatique n’était pas prouvé scientifiquement laissant entendre que c’est une invention des socialistes. C’est le même argument utilisé par les pétrolières et le premier ministre canadien Stephen Harper pour combattre les environnementalistes. Ses mots ont été spontanément couverts d’une vague d’huées des spectateurs. Ils ont réagi comme les Québécois l’auraient fait devant une telle situation. Cet incident et d’autres du même genre ont fait comprendre finalement aux Albertains que Smith et le Wildrose ne représentaient nullement leurs opinions et devenaient inopportuns.

D’ailleurs, Danielle Smith a été qualifiée par plusieurs observateurs "le clone de Stephen Harper, mais avec des talons hauts et une personnalité”. Et c’était mérité puisque certains principaux penseurs et un grand nombre d’organisateurs d’Harper ont aidé Smith et le Wildrose à se préparer et à faire campagne. Pour le premier ministre canadien, qui est demeuré supposément neutre dans cette élection, le PPC est, depuis toujours, trop à gauche. Belle définition pour un parti centre-droit !

Conservatrice sociale, Danielle Smith a défendu durant la campagne les principes de sa position politique. Pro-vie et ne croyant que dans le mariage traditionnel, elle s’opposa, entre autres, à l’avortement, à l’euthanasie, aux mariages gais, à la laïcité, à l’athéisme. Imitant la droite américaine, elle a parlé de Dieu et de la religion comme si elle voulait les imposer à la société. Au lieu de laisser en paix ces sujets déjà bien implantés, elle donna l’impression de vouloir légiférer sur chacun afin de les modifier pour rencontrer sa vision des choses. Libertaire, elle voulait couper les dépenses du gouvernement, assurer plus de liberté individuelle et diminuer la grosseur du gouvernement, mais elle n’a pas su imposer des limites claires et acceptables par la majorité aux actions draconiennes qu’elle voulait prendre. Elle a hésité à reconnaître la séparation de l’Église d’avec l’État comme étant la base de la liberté et de la démocratie.

Quelque peu anti-Québec, elle proposa de revoir la péréquation financière canadienne entre les provinces dites « riches » et celles dites « pauvres » afin de diminuer la charge de l’Alberta et le montant alloué au Québec.

Lorsque ses candidats, très de droite, crurent bon d’intervenir dans la campagne avec des commentaires cruellement bigots, racistes et religieux, Danielle Smith les défendit en affirmant qu’« elle respectait la liberté de parole et de religion ». Sur ce sujet, elle ne suivit pas l’exemple de Stephen Harper qui lui, évite d’agir sur ces sujets parce que politiquement dangereux.

Les perdants agissent comme de vrais teapartyers américains. Ils voient dans le nouveau gouvernement d’Alison Redford une bande de socialistes communisants. Un carton publié par eux, depuis l’élection, démontre bien ce qu’ils pensent du parti progressiste conservateur de l’Alberta.


Mes fréquents voyages en Alberta du temps de Joe Clark et de Mulroney m’ont fait réaliser que les Albertains réagissent comme les Québécois. D’ailleurs, jadis, le Québec et l’Alberta se sont souventes fois ligués contre la riche Ontario qui dirigeait en fait le Canada grâce à son argent et ses influences. Ensemble, nos chefs politiques ont combattu pour enfin atteindre la situation où le Québec et l’Alberta pèsent autant que l’Ontario et la Colombie Britannique dans la direction du Canada. Aujourd'hui, même si les Québécois n’ont élu que quelques députés conservateurs et qu’Harper agit souventes fois à l’encontre des désirs des Québécois, le Québec maintient sa place et est une atout important et influent de la fédération canadienne.

Le PPC albertain est un parti qui s’apparente depuis toujours à la politique de l’ex-PM Joe Clark, de l’ex-ministre fédéral Jack Horner, des ex-PM albertains Peter Lougheed et Ralph Klein, etc… qui étaient des progressistes. Leur surnom « red tories » démontre bien la nature des politiques qu’ils ont mises en place.

On a ressenti dans cette élection que les Albertains sont fiers de leur province. Ils en parlent comme de vrais patriotes. Ils se sentent d’abord Albertains puis Canadiens. Ils ont démontré qu’ils veulent que leurs politiciens actuels concentrent sur les services gouvernementaux et l’économie. L’élection albertaine a été une belle démonstration de ce que sera la prochaine élection québécoise.

Claude Dupras

3 commentaires:

Liane a dit…

La Pays est si grand, devons-nous le situer dans le Canada quand on en parle? Les Albertains sont fiers de leur province, ils se déclarent albertains et canadiens. Moi je suis de ma ville, québécoise et canadienne. Lorsque je pense à ma nationalité, je suis canadienne, même si j’en ai deux. Il y a plusieurs années, une quarantaine environ, j’ai assisté à une rencontre où déjà on avançait que le Québec était différent, comme s’il ne faisait pas partie du Canada. Ma réflexion, si on veut couper les cheveux en quatre, a été de dire que j’étais de ma ville en premier. Nous avons une femme PM en Alberta, Alison Redford. Je la félicite et lui souhaite bonne chance. Elle devra être assez forte pour surmonter les attaques et les tracasseries qui surviendront certainement à l’avenir. Encore une fois, a-t-on voté pour ou contre? Danielle Smith se croit-elle encore au moyen âge? Après tout ce qu’on a fait pour en arriver où nous en sommes aujourd’hui, même si c’est loin d’être parfait.

Anonyme a dit…

J'ai quitté l'Alberta parce que c'est devenu fous. Dans mes 32 ans en Alberta je n'ait jamais entendu plus qu'une chanson en français sur la radio sauf mitsou bye bye mon cowboy.

En Alberta ma mère était élevé francophone malgré le fait que le gouvernement exigeait l'anglicisation et restreignait l'enseignement du français à seulement une heure par jour (ça c'est avant Trudeau). Les franco-Albertains aiment beaucoup le parti libérale mais au Québec c'est le contraire, les franco-Québécois hait les politiques libéraux mais les anglo-Québécois aiment beaucoup les politiques libéraux.

En Alberta il y a le causecaron.ca , tu devraient lire ça. Étudie aussi le reglement XIV et XVII de l'Ontario et le rapport Durham.

En 2012 c'est évident que ça marche pas pour les francophones hors le Québec. C'est pourquoi que je me suis devenu Québécois, pour habiter mon âme, être qui je suis, avec le minimum de contraints . Je me suis vite rendu compte que je deviendrai de moins en moins un sujet du royaume britannique et de plus en plus un républicain libre. Je suis rendu comme ça parce que j'ai marché dans les souliers des habitants, de mes arrière grand-parents. De mes souliers et je pense avec ma tête.

Anonyme a dit…

c'est gênant pensant que je l'acceptait le statu quo en Alberta pendant que j'était Albertain de souche. C'est gênant que je pensaient qu'il existait seulement une poste au télé en français dans tout le Canada, même si c'était seulement vrai en Alberta.

Et c'est gênant que j'ai soumit mois même à la haine anti-Québécois pour aussi longtemps.

http://www.politiquebec.com/forum/topic35036.html

À travers le Canada...

Les immigrants préférés aux francophones du Québéc