jeudi 29 mars 2012

Une manifestation étudiante pas comme les autres

La récente manifestation des étudiants et étudiantes universitaires québécois, à Montréal, a été fort réussie. Le cortège imposant par son nombre, plus de 100 000 personnes, a bien démontré comment ses participants sont unis contre la décision du gouvernement du Québec d’augmenter les frais universitaires de 325 $ par année durant les cinq prochaines années pour rattraper quelque peu les frais demandés dans les autres universités canadiennes qui sont de deux à quatre fois ceux du Québec, à une exception près.

Cette augmentation a été motivée par le manifeste « Pour un Québec lucide » publié en 2005 par un groupe de 12 personnages, sous le leadership de l’ex-premier ministre québécois Lucien Bouchard. Inquiet de l’avenir du Québec au sein de l’Amérique du Nord, le groupe a proposé une série de mesures radicales pour rechausser les finances du Québec pour le préparer à faire face à la musique que lui réservent son prévisible déclin démographique et l’active croissance de la concurrence mondiale asiatique.

L’intention était bonne et plusieurs recommandations l’étaient comme celles de réduire la dette québécoise, d’investir dans l’éducation, de promouvoir la maîtrise de plusieurs langues, d’augmenter les taxes sur la consommation, d’établir un revenu minimum garanti et d’aider le secteur privé à grossir. D’autres par contre, étaient fort discutables comme l’augmentation des taux d’électricité et des frais de scolarité. Malheureusement, les propositions n’ont pas reçues l’analyse objective qu’elles méritaient car les proposants ont été victimes de procès d’intentions, une façon de faire déplorable et beaucoup trop répandue au Québec, qui ont détourné l’attention des Québécois de l’importance de réfléchir sur leur avenir. Il s’agissait de notre futur et non de fédéralisme ou de séparatisme car ni l’un ni l’autre ne nous garantient une saine économie québécoise à long terme.

Les manifestations publiques sont importantes puisqu’elles représentent, jusqu’à un certain point, l’opinion d’une frange de la société. Les élus se doivent d’écouter mais ne pas plier simplement pour avoir la paix ou gagner des points de popularité. Un bon exemple est le grand nombre de manifestations en France, l’an dernier, contestant l’augmentation de l’âge des retraites de 60 à 62 ans. Elles ont littéralement bloqué les grandes villes et jusqu’à un certain point le pays, durant des semaines, et devenaient de plus en plus grosses et importantes. Il aurait été facile pour le président Sarkozy d’accepter l’opinion des manifestants pour éviter, un an avant les élections, tous les sentiments négatifs à son égard émis et répétés sur sa personne durant cette période. Mais il ne le pouvait pas, puisque le système de pensions n’aurait pas éventuellement résisté au statu quo. Il a agi comme un homme politique responsable.

L’augmentation des frais de scolarité universitaires n’est pas de la même nature que la solution au problème des pensions. Certes, ces frais sont plus bas qu’ailleurs et c’est en ne considérant que cet aspect que plusieurs politiciens et observateurs concluent qu’il serait normal de les ajuster à ceux des autres. Mais nous ne sommes pas les autres.

Nous sommes un peuple francophone qui va se retrouver dans cinquante ans à 8 millions d’individus dans une mer nord américaine de 1,2 milliards de personnes de langues anglaise et espagnole. C’est très peu ! Si on ajoute le million de francophones canadiens vivants hors Québec, nous serons 0.0075% de la population totale. Une poussière… Je crois que c’est par la compétence que nous survivrons et pourrons prendre notre place dans cet ensemble gigantesque. C’est la raison principale pour laquelle, j’estime que nos universités et nos centres de formation doivent être facilement accessibles à tous.

Le gouvernement québécois peut trouver ailleurs les fonds nécessaires aux universités. Qu’il cesse d’investir et de dépenser, à gauche et a droite, dans des projets où il n’a pas à se montrer le nez, comme l’amphithéâtre de Québec pour sports professionnels qui va avaler à lui seul 200 millions de nos taxes et impôts. Il est essentiel que notre gouvernement se ressaisisse et impose ses contraintes budgétaires où il peut reduire. Un autre exemple est l’accord France-Québec grâce auquel les étudiants des deux pays étudient dans leurs universités respectives. En France, les frais des facultés équivalentes aux nôtres se situent entre 7 000 et 12 000 euros (9 000 $ et 15 600$) $ alors que plus de 10 000 étudiants français étudient chez nous en 2012 et payent $2 168. Ces derniers profitent de cette entente et on peut comprendre pourquoi le nombre croît d’année en année alors qu’au même moment, seulement un peu plus d’un millier de Québécois, de moins en moins, vont étudier là bas. Le coût net est plus de 90 millions $ de « subventions données par année à la France, qui n’est pas, comme on sait, un pays du tiers monde » a écrit récemment Alain Dubuc de La Presse. L’entente doit être revue.

Les dons des anciens diplômés sont une aussi source de revenus pour nos universités. Malheureusement, nous sommes loin de donner ce que les diplômés des universités canadiennes anglaises et américaines versent à leur alma mater. Nous ne sommes pas très généreux. Pourtant, l’École Polytechnique de Montréal nous donne un bel exemple. Elle est devenue, grâce aux dons de ses anciens et de ses dirigeants ingénieurs, une des meilleures écoles de génie au monde. Grâce à elle et aux facultés de génie de McGill, ETS et Laval, Québec devient le centre du génie conseil du monde. Et cela a débordé sur des écoles d’infographie avancée, de technologies informatiques nouvelles et d’autres spécialités nouvelles. L’épopée polytechnicienne est le modèle parfait dont devraient s’inspirer toutes nos facultés universitaires.

Il est clair que nos universités et nos écoles de formation doivent avoir tous les moyens pour être encouragées à devenir les meilleures au monde avec les professeurs les plus chevronnés. En étant au top, les professeurs étrangers les plus qualifiés voudront y venir. C’est possible et Poly le démontre. C’est par de hautes connaissances et un know how élevé que les Québécois pourront jouer avec les meilleurs du monde. Voilà, à mon avis, la vraie façon de faire grandir notre peuple et notre culture.

Nous, les francophones, non seulement du Québec, devrions être solidaires pour planifier et concentrer tous nos efforts sur la qualité de l’éducation et de la formation de nos jeunes afin qu’ils puissent prendre les premières places dans le monde de demain.

Tout change si vite. L’évolution rapide de la technologie et la complexité grandissante du monde des affaires nous démontrent de plus en plus que nos enfants auront besoin, dans l’avenir, de plus d’un diplôme pour pouvoir aller au bout de leur potentiel. Par exemple, il devient nécessaire pour un ingénieur d’en obtenir un second dans un domaine affilié à sa spécialité ou dans les affaires. C’est comme çà en médecine depuis longtemps. C’est un nouveau must qui se généralise pour les autres professions et métiers.

Voilà pourquoi il nous faut éliminer tout obstacle qui peut empêcher un de nos jeunes d’aller au bout de ses possibilités. L’augmentation des frais de scolarité universitaire en est un et c’est la raison pour laquelle je partage l’opinion des étudiants universitaires dans leur combat.

Que ce serait bon si le Québec de 2062 devenait le centre de la formation de la compétence de l’Amérique ! Un rêve ? Pourtant Polytechnique y est presque, aujourd’hui.

Claude Dupras

11 commentaires:

Michel D. a dit…

Bien aimé cette vision qui mériterait d'infiltrer le cerveau de nos élus ...

Jacques C. a dit…

Excellent point de vue que je partage en tout points.

Pierre C. a dit…

C’est bien beau tout cela, mais c’est quoi le lien que vous faites avec l’indépendance de la patrie ?

Me semble que c’est de cela qu’on devrait d’abord parler.

Est-ce que parler le norvégien empêche la petite Norvège avec ses 4 millions de citoyens - la moitié moins que le Québec - d’être parmi les pays les plus prospères du monde.

Cesser d’être une province pauvre pour devenir un pays riche, voilà le véritable défi. Le reste c’est juste de la parlotte.

Jonathan R. a dit…

Des solutions, on en a ! Alors écoutez les étudiants ! Mais on n'a pas de
vitrine médiatique...

1) abolition du programme de prêts et bourses. Les dépenses administratives
engendré par tout ce fouillis permettraient la gratuité scolaire. Les
étudiants qui travaillent recevrait un crédit d'impôt additionnel, ceux qui
ne travaille pas : l'assistance sociale. Si l'étudiant échoue ses cours, il
perd le droit à l'assistance sociale.
2) Réforme des impôts sur les entreprises, on en perçoit moins que dans le
reste du Canada, et on les subventionne 87% plus que l'Ontario ! Le nouveau
budget prévoit un investissement ADDITIONNEL de 1,3G$ pour assurer la
réussite des entreprises privées.
3) 10 paliers d’imposition, 1.3G$ de plus annuellement, réduisant les
impôts pour 87% de la population et une hausse de 2,3% du taux d’imposition
pour les 13% restants.
4) 8G$ de minerait extrait au Québec, on perçoit juste 10% ? les autres 30%
sont retourné en déductions fiscales pour les minières ? Le ministre a dit
40$/100$ mais où est cet argent ?
5) Fini les primes de départ, fini les bonis dans le système publique. Si
tu veux ta job, travaille pour, sinon tu vas être viré.
6) Un ordre professionnel pour la politique. Si tu te fais prendre dans un
scandale, c'est fini la pension et plus le droit de travailler dans tout
plateau politique, de la commission scolaire à député
7) Devoir rembourser les études si l’on quitte le Québec avant 10 ans au
pro rata du temps travaillé ici
8) offrir l'université gratuite et verser une redevance de 1,50$ par crédit
universitaire (réussi ou non) chaque année par tranche de revenus de 25
000$. Si tu va faire un cours en histoire et que tu n'as pas de job, t'es
pas pris avec 40 000$ de dette. Mais si tu pogne un emploi de recteur avec
un salaire astronomique, tu va remboursé l'université qui t'as permis ça.
Une "flat taxe" sur les revenus en fonction des années d'études. Ça
encouragerait aussi l'éducation continue, si tu retournes faire un
certificat, t'es pas pris avec des dettes... tu rembourses l'état lorsque
tu te trouves un meilleur emploi.
9) Compression de 10% des budget des universités. Les Cégeps ont survécu a
beaucoup pire comme coupure...
10) Couper 1/2 cadre dans les université. La masse de salaires des
enseignants ne cessent de diminuer alors que les cadres augment.
11) Répondre de ses décisions. Si tu prends une mauvaise décision, tu perds
ton emploi. Y aurais pas une grosse dépense inutile qui vous viendrait en
tête ?
12) Les universités québécoises dispose en moyenne de 3000$/tête d'étudiant
(en dépenses globales) de plus que les université de l'Ontario. Le système
universitaire n'est pas sous-financé. Où va l'argent de l'éducation ?
13) Cesser les détournements de fonds. Encore aujourd'hui on apprend que
l'argent pour la francisation est détourné, avant ça, c'était le transfert
fédéral des bourses, pi avant ça....

Je pourrais continuer... Des solutions, il y en a ! On ne nous écoute pas
quand on dit notre avis.

Le gouvernement ne veut capituler, car ces mesures nuiraient à ses amis qui
contribuent à son parti politique.

Comment-ce fait-il que la supposée démocratie est au service des intérêts
privés au lieu de servir le peuple ?

Où sont rendus nos projets de société ? On nous vend l'éducation comme un
produit de luxe. On s'éloigne dangereusement des valeurs québécoises qui
ont permis la révolution tranquille, la place de la femme dans la société,
à la sécurité du travailleur, à la liberté d'expression, à la place de la
famille dans la société...

P. Michel de G. a dit…

Ton appui aux étudiants, raisonnement incomplet : même la gratuité n’amènerait pas le but que tu désires, donc…

Pas d’accord pantoute :
• S’ils sont tellement cassés ces braves, pourquoi risquent-ils de perdre leur chance de travailler cet été en plus de retarder leur session?
• Qui penses-tu fait vraiment la grève : les enfants mineurs du CÉGEP; les gens de socio et sciences pos, de sexo. et de psycho, pas les ingénieurs, avocats ou médecins
• Qui sont à 75$/mois les plus grands utilisateurs de téléphones intelligents? Et de cafés rue St-Denis?
• Toutes proportions gardées, on a, nous, nettement plus payé pour notre éducation et on n’est pas morts
• J’ai un neveu, de Joliette PQ, que sa famille n’a jamais aidé : à 23 ans il est candidat au doctorat en physique à l’Université de Toronto!!
• Qui veut peut, mais c’est plus simple de brailler et de se faire appuyer par les syndicats et artistes, éternels revanchards.
• Tu peux publier, si tu veux

Claude Dupras a dit…

Michel

Je ne te donne pas totalement tort. Mais il ne faut pas que ce soit des montants trop élevés qui viennent décourager les moins nantis et c’est vers cela que je vois le gouvernement se diriger pour régler ses problèmes financiers. Nous devons nous assurer que tous les jeunes aient accès facile à l’Université. Il y en a qui ont du cœur au ventre, par contre il y en a d’autres qui ont des personnalités plus timides et qui peuvent aussi éventuellement devenir de grands hommes. S’il y en a parmi ces jeunes qui ne veulent pas travailler et réussir, alors ce sera leur problème. Ce serait triste de perdre une Steve Jobs…

P. Michel de G. a dit…

Je n’ai jamais, au contraire, voulu oublier les moins nantis, mais c’est l’universalité en toutes matières qui nous ruine !! Je l’ai connu de près avec les histoires d’assurance santé dans les années ’70. Un peu tanné aussi des lologues et de la gogauche Plateau !! Ingénieurs, technologues, scientifiques, etc. j’en suis. Mais ethnologue des inuits, il y en a plus que d’inuits !!
 
Quant à Jobs, il n’a pas voulu terminer ses cours, à ma connaissanc

Andrée B. a dit…

Bonjour, eh ben, pour une fois je suis d' accord avec vous. Vous avez écrit un texte non partisan félicitations. Je l' ai fait parvenir à mes amies.
Bonne journée

Liane a dit…

Les gouvernements sont tous pareils. Ils tiennent à leurs voyages, ou petites ou grandes réceptions, nécessaires ou pas; alors, il faut bien agir en conséquence pour trouver l’argent pour ces dépenses. Augmenter les frais de scolarité n’a aucun sens, même si le jeune travaille tout l’été, il ne peut pas trouver toute la somme nécessaire pour couvrir tous les frais et où trouver le temps de récupérer un peu pour entreprendre les études à venir. Papa ou maman qui travaillent aussi regardent dans leur bas de laine et empruntent parfois sur leur retraite. Ou je me trompe ou les « choeufs » mettent les sujets en question dans une boîte et tirent au hasard et cette fois-ci c’est tomber sur les frais de scolarité. J’avoue que c’est tirer par les cheveux mais je ne crois pas que ce soit bien réfléchi.

JeanL L. a dit…

Dans ce cas, je dois te faire savoir que je suis plutôt d’accord avec notre ami Michel.

Amitiés,

ouedkniss a dit…

Excellent point de vue que je partage en tout points.