mardi 24 janvier 2012

Le genre de Québec que l'on veut

La politique est un boomerang.

Nous venons d’en avoir une nouvelle démonstration avec la révélation du « scandale du Bloc ». Le parti fédéral Bloc Québécois est accusé d’avoir utilisé des portions de son budget parlementaire pour payer l’important salaire du président de son organisation politique et électorale. Pourtant le Bloc recevait du gouvernement, comme les autres partis reconnus, des millions $ pour ses fins électorales calculés sur la base du nombre de ses électeurs à l’élection générale précédente.

C’est le même Bloc, plus blanc que neige, qui n’a jamais manqué d’attaquer les pécheurs politiques des autres partis. Avec raison.

Lors du fameux « scandale des commandites », nous étions tous en accord avec le Bloc, qui accablait avec des accusations précises le Parti Libéral du Canada d’avoir utilisé malhonnêtement les argents du gouvernement pour ses fins électorales et d’être un parti sale. Suite à l’enquête de ce scandale, nous avons chassé le PLC du pouvoir pour le punir.

Aujourd’hui, c’est Gilles Duceppe, l’ex-chef du Bloc qui a pris cette décision de mal utiliser les fonds, et son parti qui sont au banc des accusés.

Et ça tombe mal !

En effet, une pression grandissante venant d’une myriade d’opposants vise la chef du Parti Québécois (PQ) afin qu’elle quitte son poste et soit remplacée par Duceppe. Ce n’est que le plus récent putsch contre Pauline Marois et il est motivé par le même leitmotiv, soit la faible situation du PQ dans l’opinion publique et son impossibilité de reprendre le pouvoir aux prochaines élections.

Accusé, Duceppe a surpris par sa réaction en annonçant subitement son départ définitif de la politique disant vouloir dédier tout son temps à se défendre contre l’accusation. Son geste laisse croire qu’elle est fondée puisqu’on ne rejette pas ses ambitions politiques pour des riens.

Pauline Marois obtiendra donc à nouveau la confiance de son parti, lors de la rencontre du bureau national du PQ durant le prochain weekend.

C’est par une Une exagérément éclatante, suivie d’une page 3 de même nature, que La Presse a appris le « scandale du Bloc » aux Québécois. À Ottawa, le parti libéral et le NPD ont déclaré vouloir éclaircir cette situation et, si elle est vraie, réclamer le remboursement de près de 1 millions $ de Duceppe et du Bloc.

Dès la publication de la nouvelle, un grand nombre de séparatistes-souverainistes-indépendantistes, parmi ceux dont la plume est la meilleure, ont déclenché des accusations gratuites contre le journaliste, auteur de l’article, et les propriétaires de La Presse. Pour eux, ce n'est qu'un coup monté pour empêcher la venue de Duceppe à la tête du parti Québécois et la reprise du pouvoir par le PQ. En somme, ils s’attaquent au messager et non au message.

Au lieu d’affirmer qu’ils sont choqués par la révélation, qu’elle est inacceptable si elle s’avère fondée et que ce n’est pas le genre de pays qu’ils veulent faire du Québec, ils cherchent à défendre directement ou indirectement la décision de Duceppe, à la qualifier de « pas grave », à la justifier en prétextant que d’autres ont fait pire, à la réduire à un coup monté, etc..

Le « scandale du Bloc » n’a pas l’envergure du « scandale des commandites ». Mais il a la même importance puisqu’il brave ostensiblement les principes moraux. Et, on se demande, après, pourquoi les électeurs en ont « plein le casque » des politiciens.

Non, ce n’est pas acceptable. Tous les partis doivent s’élever contre une telle façon de faire et le dire, à chaque fois. Le cynisme des électeurs est suffisamment élevé contre la gente politique. Il faut que cessent ces attitudes partisanes et ce genre d’argumentation qui faussent la réalité.

Pour renverser ce courant malsain, nous devons nous donner des femmes et des hommes qui comprennent l’importance de cela dans chacun des partis politiques. Ce n’est pas une question de fédéralisme ou de séparatisme. C’est une question qui touche le genre de Québec que l’on veut, qu’il soit dans le Canada ou indépendant.

Claude Dupras

14 commentaires:

Raymond G. a dit…

Bonjour Claude: je ne suis aucunement impliqué en politique et donc, mon opinion n'est pas très éclairée. En ce qui a trait à Gilles Duceppe, il avait un père brillant mais lui-même avait un job très ordinaire (balayeur de plancher) avant d'obtenir le poste au Bloc.
D'autre part, j'ai discuté avec un ancien fonctionnaire qui a travaillé à Ottawa et selon lui l'action du Bloc est nullement illégale, Jean Chrétien et d'autres libéraux l'auraient amplement fait pendant de nombreuses années et ce n'est ni une loi ni un règlement mais simplement une habitude parlemenetaire. Pourquoi les autres partis ne le font pas présentement, c'est difficile à dire.
Le tout devrait se régler assez facilement pour M. Duceppe.

Pierre C. a dit…

Vous êtes dans l'erreur. Le boomerang vient de frapper La Presse ce matin ainsi que tous ceux qui colportent cette thèse...

Denis G. a dit…

Lisez la une du journal Le Devoir et vous verrez que ce n'est pas si simple cette histoire sur Gilles Duceppe (pseudo-scandale pour servir les intérêts de qui ?). Ça fait des années que les sommes sont utilisées pour payer des gens qui font aussi du travail parlementaire et non seulement partisan !!! La Presse a fait une job de bras comme il arrive parfois. Je suis abonné à La Presse depuis des lustres et ce n'est pas la première fois que ce journal dénigre Gilles Duceppe...

Pierre C. a dit…

Vous jouez sur deux tableaux et vous le savez. À la fin de cette journée, il est évident que les journalistes de La Presse ont publié leur article sans vérifier les règles d'utilisation des fonds mis à la disposition des formations politiques auprès des Communes. Celles-ci sont même disponibles sur Internet(24h sur 24). Un vrai boomerang et surtout, une vraie saloperie!

Claude Dupras a dit…

Je respecte votre opinion, mais je vous suggère d'attendre le débat à Ottawa sur le sujet. Vous trouvez normal que des fonds dédiés au travail des parlementaires soient dépensés pour l'organisation du parti polltique de ce parlementaire. Moi non ! Je remarque que vous n'avez pas répondu à ma question en rapport avec la décision personnelle de Gilles Duceppe. J'ai toujours donné Duceppe en exemple. Voilà pourquoi je suis vraiment surpris. Je n'ttaque jamais le messager, je me contente de discuter du message.

Pierre F. a dit…

Monsieur Duras, votre commentaire n’apporte rien de nouveau pour une saga drôlement exagéré.

Margo D. a dit…

Qu'est-ce qui vous arrive?  Je ne vous reconnais pas dans ce blog.  Vous condamnez sans attendre la suite.  Ai-je mal lu ou mal interprété?

Jean L. a dit…

Je viens de lire ton dernier blog et je pense que c’est un de tes meilleurs.

Maurice H. a dit…

C’est très bien l’article sur le Bloc. En fait, comme on dit, les politiciens , c’est comme les couches. Il faut les changer souvent et ce pour la même raison. 

Anfré G. a dit…

Vous êtes en retard dans les nouvelles puisque tout ce que vous avancez dans votre texte a été dénié dans le journal le Devoir d'avant- hier. D'un autre côté, vos propos ont un sens positif puisque je prends conscience de quel côté, vous êtes politiquement branché ; ils deviennent de plus en plus rares, au Québec, les gens comme vous et j'en pleurerai pas. Comme on dit en anglais "no future" !

Michel L. a dit…

"Dans une opération d'une rare brutalité digne des coups les plus fumants réussis par le grand magnat de la presse William Randolph Hearst aux États-Unis au début du siècle dernier, Duceppe est passé de vie à trépas.
En effet, samedi matin, La Presse frappait un grand coup. Le tiers supérieur de sa première page lui était consacré, avec une photo bien léchée, mais "vacharde" à souhait, et un texte faisant état d'une "utilisation douteuse des fonds publics". Fatal à souhait.

La manœuvre est tellement grosse qu'elle mérite qu'on s'y arrête. Sur la photo, Duceppe apparaît renfrogné et buté. Ses yeux sont exorbités et ses lèvres pincées. La tête rentrée dans les épaules, il a l'air furieux.
Le message de la photo est clair, c'est un sale type. Quant au texte, il est formulé pour démolir Duceppe dans l'opinion publique sans exposer son auteur ni La Presse au risque d'une poursuite judiciaire." Richard Le Hir

En vous lisant, Claude Dupras, je me suis dit : « Desmarais peut dormir tranquille. Voilà une bonne relève pour Denis Lessard ou Vincent Marissal.
»

Gilles J. a dit…

:"Dès la publication de la nouvelle, un grand nombre de séparatistes-souverainistes-indépendantistes, parmi ceux dont la plume est la meilleure mais la plus virulente et la plus partisane, ont déclenché des accusations gratuites contre le journaliste, auteur de l'article, et les propriétaires de La Presse ".

Mon commentaire : Ce que vous écrivez est tout à fait vrai. Imaginez un instant qu'un "pépin" du genre aurait touché Legault ou Khadir ou Charest.
On aurait, ici, magnifié le courage des journalistes.

Moi, je suis un vrai bloquiste. Je suis devenu souverainiste quand Meech a coulé. Je fus de ceux qui ont cru "au retour du Québec dans l'honneur et l'enthousiasme".

Pour dire la vérité, à lire ce qui s'écrit ici, parfois, j'en suis à me demander si, effectivement, Legault n'a pas raison ? Je voterai péquiste, quoiqu'il advienne, pcq c'est le seul parti à avoir un chance minime de prendre le pouvoir.

J'achève d'intervenir sur ce forum. C'est vraiment décourageant ! Ça traduit le cul-de-sac du mouvement souverainiste ! Toujours à la recherche du chef idéal, de la formule idéale....dans la suspicion, parfois, "maladive".

Michel D. a dit…

Pauvre M. Dupras... De combien votre chèque de paie a été majoré - Par Gesca/Desmarais - pour que vous réussissiez à mettre ce papier torchon sur Vigile.. ?

Vous savez très bien que Gilles Duceppe était l'homme à abattre par votre clan, car il menaçait une prise de pouvoir majoritaire devant votre nouveau pantin potentiel : François Legault, et votre pantin actuel : J. J.
Charest.

Vous clamez haut et fort que Pauline Marois a le champ libre, car c'est ce que souhaitent ceux qui vous dictent vos textes... Pauline, vous la voulez là, vous la souhaitez là, car elle devient une proie facile, pour ne pas dire docile et malléable, par vos dictateurs, elle est déjà dans votre engrenage.

Ne perdez pas votre temps sur Vigile, ici tous vous connaissent, et savent que vous avez l'Empire et L'Union Jack tatoués au coeur...

Transmettez nos salutations l'Oncle Paul !

Richard L. a dit…

Tu aurais mieux fait d'envoyer ce texte à La Presse where it belongs.