mercredi 23 novembre 2011

Entre Harper et Québec, rien ne va plus !

Le premier ministre du Canada Stephen Harper est un drôle de politicien. Élu le 2 mai dernier avec 39,6% des suffrages, il qualifie ce pourcentage de majorité alors que c’est une pluralité de députés du Parti Conservateur (PC) à la Chambre des communes qui ont été élus. Il y règne, depuis, en roi et maître. Il se dit mandaté par le peuple canadien pour respecter ses promesses électorales, même celles dont les projets de loi ont été défaits par les parlements précédents.

Dans le passé récent, il est vrai que le PC - il se nommait alors progressiste-conservateur (PPC) - a connu d’énormes difficultés à gagner des sièges au Québec. Harper rencontra le même problème à l’élection de 2006, puisque seulement 10 députés conservateurs québécois furent élus. Ce fut, par contre, suffisant pour lui permettre de prendre le pouvoir avec un gouvernement minoritaire. Le même scénario se répéta à l’élection de 2008. C’est l’élection de 2011 qui fut fatale pour le Québec. Malgré qu’Harper perdit six de ses onze députés québécois, il réussit quand même, grâce à un tour de force politique impensable, à gagner le pouvoir majoritaire dans l’ensemble des provinces hors-Québec. Du jamais vu. Ce jour-là, le Québec s’est retrouvé sur la voie d’évitement.

Le soir de sa victoire, Harper affirma qu’il gouvernerait le Canada dans l’intérêt de tous les Canadiens. Il rassura les Québécois et leur promit de tout faire pour regagner leur faveur. Le Québec, c’est important puisque nous sommes la nation francophone, une des deux du pays, et comptons 25% de la population canadienne. Depuis, il agit autrement et fait l’opposé.

Tout ce que le Québec veut, c’est que sa voix soit entendue dans les débats fédéraux. Mais, que veut Harper ? C’est la question. Alors qu’il fait tout ce qu’il peut pour se renforcer politiquement dans les comtés anglophones ou ethniques du Canada, il néglige totalement ceux du Québec. Il adopte à toute-vapeur des lois qui vont à contre-sens de l’opinion québécoise et impose même le bâillon pour limiter les débats. Pourtant comme chef du pays, sa responsabilité est de gouverner pour tous les Canadiens, qu’ils soient politiquement avec lui ou non.

Les sujets de mésentente sont importants et nombreux: bilinguisme dans la fonction publique, réalisation de projets fédéraux, indépendance du Canada versus la royauté britannique, militarisme, justice, criminalité des jeunes, contrôle des armes à feu, environnement et beaucoup d’autres sujets. Le Québec et Harper sont sur des voies parallèles. Çà n’a pas de bon sens.

La constitution canadienne fait du Canada un pays biculturel et bilingue. Pour certains postes importants comme celui du Vérificateur général, le détenteur de ce poste doit être obligatoirement bilingue. Nonobstant l’opinion québécoise, Harper a nommé une personne unilingue anglaise. Il en est de même pour sa nomination d’un nouveau juge à la cour Suprême. Son argument : ces nominés ont promis d’apprendre la langue française. Comme si c’était aussi simple que de prendre un comprimé pour un rhume.

A notre grande surprise, le premier ministre nous a dévoilé, depuis l’élection, qu’il est un monarchiste. J’ai écrit sur ce sujet dans mes billets précédents et souligné ses multiples décisions visant à ce que la monarchie britannique redevienne un de symboles importants du Canada. Cela n’intéresse pas les Québécois qui n’apprécient pas son engouement pour Élizabeth II et qui croient que le Canada se doit d’être totalement indépendant.

Les nouvelles lois durcissent la justice envers les adolescents. Elles sont rejetées par les professionnels de la santé et par 90% des Québécois, selon un sondage récent. Il en est de même de l’opinion publique d’une majorité des citoyens des autres provinces canadiennes, dont l’Ontario. Malgré cette opposition généralisée, le conservateur Harper insiste pour imposer ces lois à couleur fasciste qui mettent de côté la réhabilitation. Il les a copiées sur celles des conservateurs républicains à la GWBush. Ce qui est encore plus méprisant, c’est que ces lois doivent être appliquées par les provinces qui ont la responsabilité de l’administration des lois pénales. De nouvelles prisons seront nécessaires, des coûts additionnels de toutes sortes seront engendrés et cela sans compensation fédérale. En somme, les provinces n’en veulent pas, mais elles devront payer pour les conséquences de l’idéologie droite de la droite du PC.

Puis, il y a le débat sur le registre des armes à feu mis sur pied par le gouvernement fédéral précédent. Pour répondre aux désirs de la National Rifle Association (NRA) américaine – elle finance largement les politiciens conservateurs - et des cultivateurs de l’ouest canadien, Harper a décidé de l’abolir. Ce registre a coûté des centaines de millions $ à préparer. Le gouvernement du Québec et ses corps policiers croient dans l’importance d’un tel registre et plaident pour son maintien. S’il est aboli, Jean Charest affirme vouloir créer un registre québécois, et demande au fédéral de lui transmettre toutes les données, afin de réduire les coûts. Charest, avec raison, affirme que les Québécois ont payé largement leur part pour la mise sur pied du registre fédéral et qu’ils ont droit à ces données. Harper refuse et avise qu’elles seront détruites. Pour lui, c’est une question d’idéologie.

Avec son militarisme agressif, ses guerres en Afghanistan et en Lybie, ses commandes excessives de nouveaux avions à jet, de destroyers, ses installations de nouvelles bases militaires dans le monde, etc… les dépenses du ministère de la Défense ont grimpé en flèche.. La Canada, le pays de la paix et des casques bleus, est devenu sous Harper un pays guerrier. Encore là, la pensée québécoise est loin d’une telle politique.

Et ça coûte cher. Le pays est en déficit depuis la venue de Harper au pouvoir. Aujourd’hui, il a le culot de blâmer l’Europe pour sa difficulté à respecter ses prévisions budgétaires. Malgré la crise monétaire et la diminution de la croissance qui secouent le monde, nous sommes en meilleure position que la plupart des pays occidentaux. C’est pourquoi, je suis triste de constater que la dette de mon pays grimpe, surtout après les efforts des gouvernements précédents qui l’ont réduite à grands coups de sacrifices par les Canadiens.

Harper a le front de faire dire par son entourage que les Québécois ne sont jamais satisfaits et en demandent toujours plus. Il souligne le montant de 2,2 milliards de $ que le gouvernement fédéral a accepté de remettre au Québec, suite au protocole d'entente sur l'harmonisation des taxes de vente du Canada et du Québec. Dorénavant, le Québec collectera ces taxes et versera au Canada sa part. Les autres provinces qui ont accepté l’entente de l’harmonisation ont déjà reçu leur chèque. Harper réagit comme s’il nous avait fait un cadeau. De plus, il nous met sous le nez son acceptation de construire un nouveau pont Champlain à Montréal dans dix ans. C’est un mirage pour calmer les Montréalais car dans dix ans, Harper ne sera plus au pouvoir. C’est une situation urgente pour les automobilistes. En réalité, la réalisation de ce pont peut se faire en cinq ans. Harper se moque de nous.

En ne tenant pas compte des sensibilités québécoises, Stephen Harper éloigne, de plus en plus, du Canada, les Québécois et les Québécoises car nous ne nous reconnaissons plus dans l’orientation politique de notre pays. Par son attitude, Le PM Harper alimente d’eau le moulin des indépendantistes. On n’a qu’à lire les chroniques et les blogs de sites Internet pour se rendre compte du mal qui est fait à la cause Canada.

L’option indépendantiste n’est pas très populaire de nos jours. Mais la braise séparatiste n’est pas éteinte et, au premier vent fort, le feu peut reprendre de plus belle. Ce jour là, je penserai à Harper !

Claude Dupras

8 commentaires:

Maurice H. a dit…

Très bien l’article Entre Harper et le Québec. Toujours émerveillé devant cette écriture prolifique.

Normand P. a dit…

Tout à fait !

Mais laissons les fédéralistes du Québec s'écœurer royalement de ce
Canada harpeursien. On l'a vu ces récentes journées, Jean-Marc Fournier,
revenant d'une rencontre avec son homologue fédéral, s'exclamer
publiquement de cet écœurement : « Je ne reconnais pas le Canada que
je connais dans ce genre de décision là. C'est n'est pas un gouvernement du
Canada. C'est un gouvernement du Reform Party » disait-il à propos du
projet de loi C-10. Il est permis de croire que ce n'est que la pointe du
iceberg.

Pendant ce temps, nous les indépendantistes, devons demeurer impassible et
surtout ne se scandaliser de rien. Pourquoi ? Parce qu'inconsciemment les
fédéralistes du Québec attendent de nous que nous montions aux barricades
pour défendre le Québec dans le fédéralisme. Alors que ce que nous voulons
c'est un Québec hors de ce fédéralisme.

Laissons Harpeur faire sa job, il fait les choses à merveille pour nous et
un jour les fédéralistes québécois nous réclamerons à nous de leur tendre
la main pour créer le pays indépendant et souverain du Québec, parce qu'ils
ne se reconnaissent plus à l'intérieur de ce Canada royalement harpeursien.


D'ici là : motus et bouches cousus.

Liane a dit…

Les billets de Claude Dupras sont toujours bien réfléchis et expriment vraiment ce qui se passe en politique. Pour lui, je crois que c'est devenu une passion. Celui-ci concerne Harper, personne arrogante. Dans un commentaire précédent, je disais que nous n’avions pas fini d’en voir avec lui, pensant au Québec. Rien ne m’étonnera de sa part. Ça ne va pas s’améliorer pour les francophones durant son règne. Il se prend pour un pacha; il s’accorde tous les droits, même ceux qu’Élizabeth II n’a pas. Il y aura bien des changement de cadres sur les murs lorsqu’il devra laisser son siège à un autre. On doit patienter si personne ne trouve le moyen de le détrôner. Je veux garder mon Pays tel qu'il est
actuellement, mais je crains que nous devions le tolérer encore pour quelques années. Bon courage.

Andre G. a dit…

Monsieur Dupras

Quand les Québécois vont-ils se mettre dans la tête qu'ils n'ont plus rien
à attendre du Canada ? Dans ma tête, c'est la rupture totale depuis
longtemps ; ce pays m'est devenu aussi étranger que le Zimbabwe. Et parlons
de Radio (assimilation/désinformation) Canada qui lave le cerveau des
Québécois à la journée longue pour les chloroformer ou aseptiser de pair
avec les médias des oligarques (oncle Paul et PKP) pour les empêcher de
prendre conscience que l'indépendance est la seule solution valable pour
notre épanouissement collectif, pour notre langue et notre culture.

S'il n'y a pas, rapidement, un gros éveil des Québécois à cette réalité,
nous sommes un peuple fini surtout avec cette immigration massive qui vise
à nous tibétiser. Selon monsieur Noël, entre 1995 (après le dernier
référendum) et 2008, il est entré au Québec 509 282 immigrés, pensez-y ! Et
lorsque le PQ nous parle de tenir un autre référendum lorsque les
conditions seront favorables ; je me dis que les dirigeants de ce parti ont
des tendances suicidaires ou ils vivent dans l'irréel.

Je me répète encore : la seule solution pour nous en sortir, c'est une
déclaration unilatérale d'indépendance. Depuis le bris de contrat du Canada
en 1982 avec le rapatriement unilatéral de la constitution "canadian" sans
l'accord du Québec, nous n'avons pas de permission à demander à Ottawa pour
déclarer notre indépendance ; nous la prenons c'est tout. Nous avons assez
perdu de notre temps et de notre énergie avec cette question. Si nos
dirigeants politiques ne veulent pas bouger ; que le peuple se lève une
fois pour toute et qu'il se révolte contre ces politiciens fédéralistes,
collabos et les oligarques. Nous n'avons pas d'armée au Québec mais une
guérilla bien organisée peut les faire penser sérieusement que nous nous
battrons jusqu'à la victoire finale et que nous n'abdiquerons pas. VIVE LA
RÉPUBLIQUE LIBRE DU QUÉBEC !!!

Henri M. a dit…

Rabroués comme des enfants d'école !

Partis en croisade sur la colline parlementaire de notre cher pays pour
revendiquer les demandes du gouvernement Charest, deux ministres libéraux
provinciaux fédéralistes québécois, soit Mm Fournier et Dutil, ont été
cavalièrement rabroués comme des enfants d'école par le parlement canadien
concernant leurs doléances envers le projet de loi omnibus C-10, visant le
durcissement des peines envers les criminels, et l'abolition du registre
des armes d'épaule.

Une fin de non-recevoir brutale et méprisante, une attitude mesquine et
inacceptable, une arrogance outrancière à l'image de Stephen Harper qui
persiste et signe dans son odyssée vers la conquête de l'espace canadian au
mépris des intérêts légitimes d'un Québec dont il semble avoir oublié
l'existence.

Néanmoins, malgré ce constat de violations constantes de nos droits de la
part du gouvernement Harper, malgré une sourde oreille arrogante de la part
du cavalier bien en selle sur le ROC, Pauline Marois, la chef du parti qui
est censé nous faire monter sur la selle de notre indépendance, se
contente, à l'exemple de nos vaillants chevaliers fédéralistes Dutil et
Fournier, de maintenir le cap sur un plan de gouvernance orienté sur une
quête de récupération de nos leviers politiques auprès de ce même
gouvernement qui, rappelons-le, se retrouve au début d'un mandat
majoritaire.

Inutile d'être prophète pour prédire, sans risque de se tromper, que le
PQ-Marois, en adoptant une stratégie aussi aplaventriste, se verra servir
la même médecine, sinon plus acrimonieuse en raison de son allégeance
souverainiste, que les ministres libéraux !

Les culs de sac frustrants auxquels se sont butés et se butent encore les
intervenants devant l'inflexibilité des gouvernements fédéraux depuis des
décennies, face à leurs récriminations, démontrent sans l'ombre d'un doute
une profonde lacune au niveau de notre autonomie en matière de pouvoirs
politiques.

En conséquence, il m'apparaît urgent qu'un coup de barre soit donné par le
mouvement indépendantiste, citoyens et partis politiques, dans le but de se
réapproprier les mécanismes nécessaires qui leur permettront de faire
avancer la société québécoise vers sa pleine autonomie.

Dans le cas contraire, les Québécois sont condamnés à perpétuité à frapper
le mur de la mesquinerie et de la roublardise et à se faire rabrouer
implacablement comme des enfants d'école !

Réjean P. a dit…

Le soi-disant débat entre les gouvernements Charest et Harper n'est que de
la poudre aux yeux. Harper et Charest agissent exactement de la même façon
et très certainement après s'être concertés et entendus. C'est blanc
bonnet, bonnet blanc.

Deux gouvernements minoritaires dans les faits, ils sont sourds aux
exigences de leurs peuples. Ils imposent une immigration anglo-trope et non
nécessaire. Ils imposent des décisions opposées aux exigences québécoises
ainsi que le ballon à la démocratie parlementaire, ce qui s'apparente plus
à de la dictature.

Les deux agissent à l'encontre du Québec qui est le plus en danger, mais
forcé de rester dans le Canada malgré les évidentes anglicisation et
appauvrissement de la Nation canadienne-Française.

Ils sont identiques et complices, principalement des misères des québécois.
Parce que, quant au « Rest Of Canada », ils ont moins à perdre que Nous ici
au Québec.

Excusez-moi, mais je ne peux sympathiser avec des gens qui souhaitent la
disparition de ma Nation qui a tant travaillé à bâtir un Québec français,
qu'on s'acharne à tenter détruire aujourd'hui, comme on veut voir
disparaître les canadiens-Français du ROC.

Un Québec indépendant du canada accueillera avec plaisir les
canadien-Français venu d'ailleurs et les immigrés prêt à s'y intégrer, pas
n'importe qui comme maintenant.

Souhaitons seulement que les manoeuvres de ces deux sous-fifres étasuniens
éveillent la conscience nationale des Québécois.

Ghisbus a dit…

Qu'il continue comme cela,il va nous aider à faire l'indépendance du Québec

Chantal Mau. a dit…

Tant d'efforts d'unification pour en arriver là, quel gâchis. Monsieur Harper doit être un descendant de la perfide Albion...