jeudi 26 août 2010

La vérité, toute la vérité…

Marc Bellemare est avocat, ancien ministre de la justice du gouvernement québécois du premier ministre libéral Jean Charest. Il a démissionné pour des raisons peu claires, malgré ce qu’il en dit aujourd’hui. Il a quitté en bon terme, à ce qu’il dit, en assurant le PM de ne pas vouloir faire de vagues.

Il a décidé d’être candidat à la mairie de la ville de Québec. Il a subi une cinglante défaite.

Malgré qu’il ait une bonne profession, il ne semble pas vouloir la pratiquer puisqu’il cherche toujours ailleurs une autre vocation.

Tout à coup, toujours pour des raisons peu claires, il a décidé de répandre des insinuations dévastatrices sur le PM et son parti, le parti libéral du Québec.

Marc Bellemare s’est mis à affirmer des choses importantes en rapport avec la nomination des juges et l’influence occulte des responsables de la caisse du parti libéral sur les décisions gouvernementales. Si ces accusations s’avèreraient vraies, elles pourraient forcer la démission de Jean Charest.

Face à ces accusations intempestives, reprises sans cesse par les médias, Jean Charest a réagi en nommant une Commission d’enquête sur ces allégations et en demandant à un ex-juge de la cour Suprême du Canada, le juge Bastarache, de la présider. C’est dire que Charest a vu l’importance de cette situation et a agi en conséquence.

Dans un premier temps, Bellemare dénonce la Commission comme étant un genre de « family compact » et affirme que tout est arrangé d’avance. Pour moi, ce fut une insulte injustifiée face à l’intégrité de ce juge qui est reconnu partout au Canada comme un homme d’une grande probité et qui a eu une carrière légale brillante et sans reproche. Bellemare affirme qu’il ne témoignera pas devant ce juge pour les raison qu’il évoque. Mais après un certain temps il change d’idée, et il décide de témoigner. Pourquoi, ce changement ?

Les audiences de la Commission ont commencé la semaine dernière et, seul Marc Bellemare a témoigné, à ce jour, et sa comparution n’est pas terminée. Il fait bonne figure. Devant les caméras, il sait comment faire. Il passe bien la rampe et son témoignage est clair, simple, compréhensible. Les images sont bonnes et les téléspectateurs l’aiment. Les sondages indiquent que plus de 65% le croient.

De son côté, le PM Charest, résiste mal à ce spectacle et montre une exaspération compréhensible lors de ses conférences de presse quotidiennes durant lesquelles il nie, in extenso, les déclarations-du-jour de Bellemare. Qui réagirait différemment à sa place surtout que peu de téléspectateurs le croient ? Après une vie politique sans reproche au niveau fédéral durant 14 années, comme député, ministre et chef de parti; et puis une carrière au niveau provincial québécois où il est premier ministre depuis 7 ans, suite à 3 élections générales qu’il a remportées, voilà qu’un de ses anciens ministres vient l’attaquer vicieusement sur la place publique.

J’ai souvent affirmé que la politique de nos jours n’est qu’un commerce d’images et d’illusions. La prestation de Marc Bellemare à ce jour en est une belle démonstration. Il paraît bien et semble dire la vérité. Mais, à la demande du procureur de la commission, il admet n’avoir aucune preuve tangible. Pas de dossiers, pas de documents, pas d’écrits, par d’enregistrements sonores, pas de vidéos, pas de témoins, rien. Cependant, sa mémoire est bonne, a-t-il affirmé. Est-ce suffisant dans un système démocratique ?

Il est important pour chacun de nous d’attendre le déroulement complet de cette cause pour se faire une idée ferme de la véracité des accusations de Bellemare. Nous devons juger de la valeur de ses réponses aux questions des procureurs qui réclameront, entre autres, des preuves. Il faut attendre non seulement la fin de son témoignage mais aussi ceux de toutes les autres personnes qui seront appelées à témoigner, dont le PM Charest, les financiers du parti, le sous-ministre de la justice, et plusieurs autres. C’est facile de réclamer la démission immédiate de Charest, comme vient de le faire un député indépendant de l’Assemblée Nationale, mais ce n’est ni sérieux ni responsable. C’est de la petite politique mesquine.

J’espère aussi que les médias assureront à cette commission un reportage objectif et honnête, sans parti pris. C’est important pour notre bonne compréhension de ce qui est en jeu.

Mettons de côté les images et les illusions qui émanent de cette commission, pour retrouver la vérité, toute la vérité !

Claude Dupras

vendredi 20 août 2010

Le Canada une vraie république, pourquoi pas ?

Il y aura très bientôt des élections législatives en Australie. Le parti travailliste actuellement au pouvoir est favori pour remporter une nouvelle victoire électorale. Son chef, Mme Julia Gillard occupe, depuis deux mois, le poste de premier ministre et dirigera ses troupes pour chercher à remporter la victoire dans une élection qui s’annonce serrée.

L’intérêt de cette élection pour les Canadiens est grand puisque Mme Gillard propose l’abolition de la monarchie pour son pays. Elle croit qu’il est temps que l’Australie rompe avec la couronne britannique et qu’il devienne une république.

Il y a longtemps qu’un très grand nombre de Canadiens rêvent de cela, dont votre humble serviteur, et espèrent que le Canada devienne une vraie république.

Je sais que plusieurs Canadiens ont une grande affection et beaucoup d’admiration pour la reine Élizabeth II, le chef d’état du Canada. Certains diront que Sa Majesté ne joue aucun rôle politique au Canada. Je rappelle que c’est elle qui promulgue les lois de notre parlement. Plus que ça, elle peut choisir dans certaines circonstances l’individu et le parti qui dirigeront son gouvernement. Il y a près de deux ans, les partis d’opposition se liguèrent pour enlever le pouvoir au parti Conservateur minoritaire et demandèrent à la gouverneure générale, représentante de la reine, de choisir Stéphane Dion, chef du parti libéral du Canada, pour diriger un nouveau gouvernement composé des membres de la nouvelle coalition. Elle refusa et Stephen Harper demeura PM et l’est toujours. Il est certain ce jour-là que la gouverneure générale a consulté la reine et que la décision fut prise au plus haut niveau, en Angleterre.

Ce qui est intéressant dans la proposition de Mme Gillard, c’est qu’elle fixe comme date de la création officielle de la nouvelle république d’Australie le jour de la mort d’Élizabeth II. Elle ne veut pas, avec raison, brusquer cette dernière qui de toute façon vivra probablement encore longtemps puisqu’elle a 84 ans et que la reine-mère est décédée à 101 ans.

Pour le Canada, cela me semble une bonne stratégie et nous devrions la suivre pour créer notre nouvelle république canadienne. Notre gouvernement aura amplement de temps pour réfléchir, consulter et décider de la nature et de la structure de la nouvelle organisation politique de notre pays afin qu’elle corresponde à ce que nous sommes.

Elizabeth II n’est pas dans le cœur de tous les Canadiens. Pour plusieurs, elle n’est pas le vrai chef d’État. Pour la majorité des Québécois en particulier, on peut dire qu’elle n’existe pas, et la reine le sait puisqu’à chaque visite dans notre pays, elle évite de venir au Québec. Ses conseillers craignent qu’elle ne soit pas bien reçue et ne prennent aucune chance. Et c’est comme ça depuis plus de 40 ans.

Certes plusieurs canadiens-anglais, surtout les plus âgés, s’élèveront contre cette idée mais le Canada d’aujourd’hui n’est pas celui de 1952, année du couronnement d’Élizabeth II.

La démographie de notre pays a changé considérablement et de plus en plus de Néo-Canadiens viennent de l’Asie, de l’Afrique, de l’Amérique du Sud et d’Europe. Notre population a plus que doublé. La constitution canadienne qui était à Londres a été rapatriée. Notre pays n’est pas ce qu’il était.

Si, il y a près de 230 ans, les millions de colons anglais de la colonie américaine ont pu mettre de côté leur attachement à la Grande Bretagne pour créer les États-Unis, une république qui est devenue la super puissance du monde, sûrement que les Canadiens anglais peuvent aujourd’hui accepter que le temps est venu de se détacher de la couronne britannique et de créer une vraie république canadienne.

Il est temps pour le Canada de se donner une constitution moderne, représentative et juste qui respecte le passé et assure l’avenir. Le projet pourra être discuté, corrigé, modifié et même soumis au peuple canadien pour ratification par référendum. Ce sera un jour mémorable.

Mettons-nous à l’œuvre tout de suite pour commencer ce long procédé afin d’être prêts à agir au moment propice.

Claude Dupras

dimanche 15 août 2010

Le capitalisme a sauvé le parti communiste vietnamien

Depuis mon voyage de juin dernier au Vietnam, je suis profondément touché par le sort des Vietnamiens et Vietnamiennes qui réclament la liberté d’expression dans leur pays.

Hier, j’ai pu, finalement, parlé avec Mlle Lê Thi Công Nhân directement de sa résidence de Hanoi. Elle va bien. Elle m’a appris que le jour où je l’ai rencontrée au « Highland café » de Hanoi, alors que je fus témoin de son interpellation par la police secrète du gouvernement communiste de son pays, qu'elle a été effectivement arrêtée et trainée vers la prison où elle a été retenue jusqu’à tard dans la soirée. Depuis, elle a regagné son domicile où elle est assignée obligatoirement pour les trois prochaines années. Les seules sorties qui lui sont permises sont pour l’achat de nourriture et de produits de première nécessité. Elle n’a pas le droit de travailler (elle est avocate) ni de circuler hors de la maison. Nonobstant cette situation déplaisante, elle maintient un bon esprit et espère que sa voix et celle de ses compatriotes qui veulent une démocratie pour le Vietnam soient entendues.

Nous avons parlé durant plus d’une heure et notre conversation sera retransmise sur les ondes de radio Viet Tan dans le pays. C’est une personne intelligente, engagée, persuasive, bien renseignée et surtout convaincue de la nécessité de continuer son travail. Elle est prête à faire le sacrifice de sa vie pour la liberté de son peuple.

Alors que d’autres personnes sont toujours dans les prisons Vietnamiennes, simplement pour avoir réclamé la liberté de parole sur les affaires du pays, les pays occidentaux agissent comme si de rien n’était, sauf pour quelques mots, de temps en temps, pour décrier cette situation comme les propos récents d’Hillary Clinton, secrétaire d’état américain. Malheureusement, une fois dit, c’est « business as usual ».

Le Canada est fortement impliqué au Vietnam. Le premier ministre vietnamien a été accueilli à Toronto lors du dernier G20. Le ministre des affaires étrangères du Canada a visité le Vietnam en juillet dernier. Le nombre d’étudiants Vietnamiens dans nos universités augmente rapidement car le Canada veut devenir pour eux une destination privilégiée d’études internationales. Notre pays aide l’agriculture et appuie la réforme économique. Il collabore à la réduction de la pauvreté et à l’amélioration des conditions de vie en milieu rural. Plus de 550 millions de $ d’aide ont été versés à ce jour par notre pays. Le commerce entre les deux pays croît rapidement et approche les 2 milliards de $ dont plus de 30% d’exportations canadiennes. Au point de vue investissement, le Canada est le cinquième investisseur au monde dans ce pays. De nombreuse négociations et rencontres bilatérales sont en marche dans plusieurs domaines dont le commerce, le juridique, le législatif et le judiciaire incluant la lutte contre la corruption. Nos sociétés privées sont à l’œuvre dans l’agriculture, l’agroalimentaire, la formation, l’industrie forestière, les technologies de l’information et des communications…

Que les choses ont changé depuis quelques décennies, alors que les boycotts se succédèrent ! On se rappelle celui des USA envers les Jeux Olympiques de Moscou pour raisons politiques; celui des pays occidentaux envers l’Afrique du Sud qui pratiquait l’apartheid; celui des USA, du Canada et d’autres versus la Corée du Nord suite à la guerre entre les deux Corée et qui continue; celui du temps du rideau de fer des pays d’Europe de l’est et celui de la Chine de Mao à cause du communisme; celui des USA envers Cuba qui perdure depuis 1959, etc…

Aujourd’hui, la Chine est devenue un collaborateur, un ami, un exemple. Pourtant c’est le même régime politique communiste qu’avant, sauf qu’il s’est ouvert à l’économie de marché. Rappelons-nous que suite aux refus des Soviets d’accorder la liberté économique aux peuples de l’URSS et des pays sous son joug, ces derniers se sont soulevés pour renverser leurs gouvernements, supposément indéracinables, en quelques mois.

Il me semble clair que les Vietnamiens auraient réagi de la même façon, si le parti communiste vietnamien avait suivi la politique de ses frères russes. Ce parti a eu l’intelligence de parer à un tel renversement en décrétant la grande réforme de l’économie du marché. Ce faisant, il a conservé le pouvoir et a attiré l’intérêt des pays occidentaux, comme le Canada, qui voient dans le nouveau Vietnam une place importante pour faire des affaires.

Il devient évident que c’est le capitalisme qui a sauvé les partis communistes de la Chine et du Vietnam.

Pendant ce temps, le peuple vietnamien, très occupé à gagner sa vie, ne critique pas le parti communiste au pouvoir craignant le système de terreur mis en place pour le faire taire, avec des lois arbitraires et imprécises qui briment ses droits humains les plus élémentaires.

Certes, le gouvernement du Canada critique quelque fois le gouvernement communiste Vietnamien, mais ce n’est que du bout des lèvres, beaucoup plus pour satisfaire la très active communauté canado-vietnamienne du Canada que pour régler le problème. Le Canada est plus intéressé à négocier un accord de protection et de promotion de son investissement que de sauver les innocentes personnes qui sont arrêtées pour avoir réclamer la liberté d’expression. Aucune de ses actions d’aide, de support ou d’affaires n’est conditionnelle à ce que les systèmes juridique et judiciaire accusatoire vietnamiens soient modifiés pour assurer la liberté d’expression et le respect des droits de la personne. Et le Canada n’est pas le seul à agir ainsi.

Lê Thi Công Nhân est un bel exemple de ce qu’est la liberté du vietnamien d’aujourd’hui. Plusieurs de ses collègues sont encore en prison et elle risque d’y retourner en persistant à continuer son action pour la démocratie dans son pays.

Il est temps que le Canada fasse sa part pour protéger les Vietnamiens et Vietnamiennes qui veulent s’exprimer publiquement et librement sur les affaires de leur gouvernement et la démocratie. Tout comme il a été un leader pour la chute de l’apartheid, il pourrait devenir un chef de file pour l’implantation d’une vraie démocratie au Vietnam.

Si la pression ne vient pas de l’étranger, la situation perdurera indéfiniment au Vietnam car la « gang » du parti communiste vietnamien est trop forte et emploie des méthodes quasi-staliniennes pour assurer sa main mise exclusive sur le pouvoir.

Claude Dupras

jeudi 12 août 2010

Le parti socialiste français est-il à gauche ?

La question peut surprendre mais à voir évoluer actuellement le parti socialiste français, je crois que l’on peut exprimer un gros doute.

Depuis Guy Mollet, durant les années ’50, il a été intéressant de suivre l’évolution des idées des femmes et des hommes politiques français, particulièrement ceux qui ont été le moteur de leur mouvement respectif.

La surprise est surtout du côté de la gauche. En effet, on réalise que le parti socialiste français (PS) s’éloigne, au fur et à mesure des années, de la cause fondamentale pour laquelle il fut créé. C’est le pouvoir qui l’a changé. L’ayant goûté, ses dirigeants ont depuis glissé à droite simplement pour le garder ou le reprendre.

Aujourd’hui, plus que jamais, le PS se montre conservateur. Il s’oppose à tout changement, à toute adaptation à l’évolution des choses. Un exemple, parmi des dizaines d’autres : le PS s’oppose à l’augmentation de la retraite de 60 à 62 ans (alors qu’ailleurs elle est de 65-67 ans) et encourage tous les mouvements à manifester le 7 septembre prochain dans les rues de toutes les villes de France. Le PS est contre cette mesure et cela malgré que cette dernière vise à maintenir, à protéger et à améliorer la qualité des pensions pour les Français.

La constante inquiétude des dirigeants du PS de rester dans l’opposition fait en sorte que le parti n’a pas de stratégie concrète, ni réaliste, ni globale pour mener les Français et les Françaises vers le nouveau monde dominé, non pas par les mouvements ouvriers ou même les petits ou grands entrepreneurs économiques, mais par la Chine et l’Inde d’un côté et les multinationales de l’autre. Sa stratégie se résume à pratiquer un commerce d’images et d’illusions pour gagner le pouvoir.

Ce qui est inquiétant, c’est l’absence de nouvelles idées proposées par la soi-disant élite intellectuelle de la gauche qui a toujours joué un rôle fondamental dans le passé de cette mouvance politique, à commencer par l'ère des Lumières du 18ième siècle. Cette gauche intellectuelle a-t-elle déserté le PS ? Existe-t-elle encore ? Est-elle submergée par les dirigeants actuels qui priorisent la réussite de l’élection à l’importance des idées ?

La droite et la gauche prétendent défendre les intérêts des pauvres mortels mais depuis les trente dernières années, l’espace entre les « have » et les « have-not » ne fait que s’agrandir. Le parti socialiste français qui dit mettre l'homme et les valeurs humaines au-dessus des autres valeurs, propose-il des politiques capables d’arrêter l’élargissement de ce gouffre qui sépare de plus en plus les riches et le reste du monde ? Non !

Le désarroi à gauche est non seulement le fait du PS de France mais aussi celui d’un très grand nombre de mouvements politiques similaires dans les pays qui se réclament démocratiques comme les USA, l'Inde et un grand nombre de pays asiatiques. Il semble que seul l’hémisphère du monde qui continue aujourd’hui à réellement lutter pour la défense des « have not » est l'Amérique latine, qui paradoxalement était l'hémisphère le plus rétrograde durant tout le siècle dernier.

Le monde occidental a-t-il besoin d’une mobilisation globale des travailleurs et des moins nantis pour engager une révolution profonde afin d’éviter une noyade générale ? Combien de salaires additionnels devront être appréciablement réduits, quand ce n’est pas de la moitié comme on a vu encore récemment aux USA et en France, pour sauver, dit-on, les emplois et les entreprises ? Quand allons-nous nous offusquer de cette diminution de la qualité de vie d’un si grand nombre, au lieu de ne hausser que les épaules ? Et, lors de la prochaine crise, les salaires seront-ils à nouveau diminués et réagirons-nous de la même façon ?

N’est-ce pas évident que maintenir le rythme actuel ne pourra pas durer indéfiniment ? Comment faire réaliser aux sociétés occidentales, qui ne se rendent même pas compte de cet état de fait, qu’elles doivent trouver ensemble des solutions à cette évolution dramatique qui en réalité nous guette tous ?

Les civilisations romaine et arabe ont vécu de tels changements et ont finalement disparu. Vivons-nous le début de la disparition de la nôtre ? Je n’en ai aucune idée, mais des analystes qui s’y connaissent en parlent !

Une chose est certaine. Les chefs politiques du G20 n’écoutent pas les revendications qui s’expriment lors des manifestations de masse qui surgissent à chaque réunion de ce groupe important. Plusieurs observateurs, politiciens et policiers déblatèrent contre ces manifestants qui sont là pour exprimer leur profonde inquiétude de l’évolution de notre civilisation. Au lieu de frapper sur ces gens à coups de matraques, souventes fois sans raison comme récemment à Toronto, il serait plus important d’écouter l’expression de leurs craintes, de leurs souffrances et de leurs peurs. Plusieurs parmi ces manifestants semblent comprendre mieux que nos leaders politiques, l’envergure des calamités qui pointent à l’horizon.

Il est temps et important que le parti socialiste français retrouve sa vraie vocation de gauche. Il est facile pour ses ténors de se gargariser constamment avec tous les mots et les sentiments qui riment avec humaniste, mais être un vrai humaniste est le défi et l’outil nécessaire pour changer la tendance de nos sociétés d’aujourd’hui. Le pouvoir est intéressant et utile pour mettre en force ses idées, mais encore faut-il les proposer à l’électorat et les réaliser lorsqu’on l’exerce.

La France a été longtemps le phare pour les mouvances politiques de gauche du monde. Le demeurera-t-elle ? À ce que je constate aujourd’hui, je crois que ce temps est passé.

Claude Dupras

mardi 10 août 2010

La bonne stratégie du parti socialiste français

Voilà un parti, le parti socialiste français, qui, il y a à peine quelques mois, était en plein désarroi. Ses membres principaux, les éléphants et les éléphanteaux, comme on les qualifie, tiraient à hue et à dia dans un manque évident de cohérence, d'organisation et de discipline. En 2008, les membres du parti, désespérés de la situation comico-tragique de leur parti, changèrent de 1er secrétaire lors d’un congrès et choisirent Martine Aubry pour remplacer le démissionnaire François Hollande. Le vote fut très serré et disputé par la perdante Ségolène Royal, l’ex candidate du parti à la présidentielle contre Nicolas Sarkozy.

Après le congrès, les supporteurs de Royal et la candidate continuèrent à harceler Aubry et à se plaindre, avec raison, d’irrégularités lors de la votation. Mais, peu à peu, une accalmie s’installa, conséquence des élections régionales qui étaient à l’horizon. Ségolène Royal se rangea. Le parti socialiste remporta ce scrutin haut la main en gagnant 22 des 25 régions alors que la droite subissait son plus grand revers depuis la Ve République. Les électeurs en très grande majorité exprimèrent ce jour-là leur désapprobation profonde de l’administration Sarkozy. Ce fut un vote contre Sarkozy plutôt qu’un vote pour Aubry et son parti. Comme ailleurs dans le monde, les électeurs votèrent surtout contre que pour quelque chose.

Martine Aubry, politicienne de grande expérience, a compris et depuis, elle ne fait que s’opposer à tout ce que le gouvernement français propose. Les socialistes votent non à presque tout, comme le font les républicains américains avec le président Barack Obama. C’est la politique du « non ». De plus, les représentants socialistes exploitent chaque mauvaise nouvelle visant Sarkozy ou son parti et, dès qu’elle se pointe, ils font tout pour la transformer en scandale, cherchant à émouvoir les Français et les Françaises pour atteindre leur objectif de troubler l’image du président. Et çà marche !

Le parti au pouvoir accuse le parti socialiste de ne rien proposer. Martine Aubry juge que ce n’est pas le temps car les médias sont concentrés sur tout ce qui se dit contre Sarkozy. Si le parti socialiste promet quoi que ce soit, ce sera examiné à la loupe par la droite et il y a risque que le débat dévie contre les propositions socialistes. Il vaut mieux ne rien proposer et se limiter à critiquer sans cesse. C’est la bonne stratégie à ce moment-ci pour le parti socialiste français. La descente de Sarkozy aux enfers des sondages le démontre bien. De plus, cette stratégie sert bien Aubry puisqu’elle a réussi à unir son parti et à éteindre tous les échos négatifs qui résonnaient et qui minaient son parti dans l’opinion publique, dans un passé encore récent.

Cependant, les « spins » sur chaque pseudo-scandale sont tellement exagérés qu’ils deviennent démagogiques. Que les politiciens français s’abaissent à utiliser à un tel point la démagogie comme arme politique est surprenant ! Que les socialistes démontrent une haine profonde de Sarkozy et ne visent qu’à le salir au lieu de discuter sérieusement de ses politiques ne fait pas sérieux ! Que ses adversaires le traitent de tous les noms et ne montrent aucun respect pour lui - n’est-il pas président de la France – cela diminuent l’importance de la politique dans l’opinion publique ! Qu’ils disent non à tout, est peut être bon électoralement mais ne correspond pas à ce que doit faire un parti d’opposition. C’est là le drame de la politique de nos jours. Et on est surpris que les citoyens s’intéressent de moins en moins à la gouvernance de leur pays.

Il reste plus de deux années avant la prochaine élection présidentielle. Rien n’est gagné pour les socialistes, loin de là. Surtout quand on sait qu’ « une semaine est une éternité en politique ».

Le parti socialiste organise une élection primaire et invite tous les gens de la gauche, quelque soit leur parti, à y participer et à voter pour le prochain candidat de gauche à la présidentielle. Belle idée ! Mais il y a un hic, puisque les candidats susceptibles d’être mis en nomination par le parti socialiste ont décidé de se rallier à l’un d’eux pour présenter un candidat unique afin d’éviter la dissension dans le parti et maintenir le pouvoir entre leurs mains. Donc les autres candidats, incluant ceux du parti socialiste qui ne sont pas dans le troupeau des éléphants, partent avec un désavantage insurmontable puisque ces derniers veulent piper les dés avant le jeu. Cela n’aidera sûrement pas l’image qui sortira de la primaire. Que le parti socialiste laisse la liberté à chaque candidat de se présenter et que le meilleur gagne. Une élection primaire c’est bon si on laisse tous les candidats libres de faire et de dire ce qu’ils veulent. C’est de la vraie démocratie. Et, celui qui gagne est généralement le meilleur politiquement. Obama en est la preuve.

Il y a aussi Sarkozy et son organisation électorale. C’est à ne pas minimiser. Il a toujours démontré qu’il est fort comme candidat et sait bien faire. Je ne donnerais pas cher pour lui si l’élection était tenue actuellement. Mais ce n’est pas le cas. À ce jour, le président Sarkozy a fait un très grand nombre de réformes, que plusieurs ont déjà oubliées. Il va en faire d’autres encore plus importantes durant les prochains mois. À la fin de son mandat, son bilan sera impressionnant.

De son côté, le parti socialiste devra, un jour, proposer quelque chose. Ce sera le moment de vérité. Il a, dans le passé, mis en place la pension à 60 ans (elle était à 65 ans) et les 35 heures. Propositions alléchantes, mais combien irréalistes et nuisibles à la France comme le temps l’a démontré. Dans le contexte de la crise économique actuelle qui affecte profondément toute l’Europe et particulièrement la France, le parti socialiste se doit d’être responsable et de proposer des mesures politiques nécessaires au redressement de la situation financière du pays. Ce sont des actions qui ne sont pas toujours populaires chez l’électorat. Le fera-t-il ? J’en doute car les éléphants ont faim.

Claude Dupras

lundi 2 août 2010

Conrad Black est libre

Il aura fallu la Cour Suprême des USA pour libérer le montréalais Conrad Black. En prison depuis 28 mois, où il avait été condamné à 6 ans d’emprisonnement, la plus haute cour américaine a finalement jugé, à l’unanimité, qu’il pouvait être relâché sous caution suite à l’argumentaire de ses avocats qui démontrait que la clause « services honnêtes » avait été mal interprétée par le juge qui l’avait condamné. Il devra donc revenir en cour pour la révision de son cas, mais, entretemps, il est libre.

Conrad Black est un « self-made man ». Je l’ai connu à ses débuts alors qu’il venait d’acheter le journal anglais de Sherbrooke. C’est un homme qui toujours aimé l’écriture. Parti de ce petit quotidien, il est devenu un baron de la presse mondiale et un milliardaire. Il fut nommé lord à la chambre haute anglaise.

A ce que je lis, il semble que son passage dans la prison de Coleman en Floride aura été pour lui une leçon profitable. Lui qui logeait toujours dans de grands hôtels cinq étoiles, la surnommait, en se moquant, le « Grand Hotel Ritz Coleman-les-bains, Floride, E.-U. d'A. »,

De sa cellule, il écrivait une chronique régulière dans un des journaux qu’il a créés, le National Post du Canada, sur son expérience et ses constatations. Cette chronique est devenue la plus populaire du journal et était suivie par des milliers de Canadiens, dont votre humble serviteur. Homme intelligent, bien éduqué, à l’esprit clair, Conrad Black a vite compris les grandes injustices créées dans les prisons américaines et les dénonçait, sans ménager la chèvre ou le chou. Sa dernière chronique du 30 juillet, sa première depuis sa remise en liberté, intitulée « my prison education » est un plaidoyer sérieux pour la réforme de l’ensemble du complexe pénitencier américain. C’est à lire à http://fullcomment.nationalpost.com/2010/07/31/conrad-black-my-prison-education/.

De plus, en prison, il a enseigné à des prisonniers pour leur permettre de passer leur secondaire. Ils ont réussi avec fierté. A son départ de la prison, c’est en ligne que les prisonniers reconnaissants sont venus le saluer une dernière fois.

Ceux qui le connaissent bien affirment qu’il est un homme changé. Je le crois, si j’en juge par un récent email que j’ai reçu de lui, de sa cellule. Conrad Black est un homme d’une vaste expérience. Personnellement, je crois qu’il devrait oublier les affaires et dédier sa vie au meilleur être de ses concitoyens. Je sais qu’il veut s’occuper, entre autres, de faire changer le système pénitencier américain. C’est un grand, noble et important projet. Mais j’aimerais aussi qu’il s’occupe à aider les jeunes Canadiens, particulièrement les jeunes Québécois et Québécoises, à mieux réussir dans les affaires. Homme d’une grande culture, il possède des qualités de pédagogue évidentes. Lui, mieux que n’importe qui d’autre, me semble bien placé pour guider les jeunes de chez nous à réaliser de grandes choses pour notre pays. Plus nos jeunes réussiront, meilleure sera notre société.

Bonne chance Conrad Black !

Claude Dupras