lundi 27 décembre 2010

La nouvelle année nous réserve-t-elle un tsunami financier ?

Déficit, dette, taxes, qualité de vie, chômage, emplois rémunérateurs, retraite, etc… voilà des sujets qui inquiètent un grand nombre de Québécois en rapport avec leur avenir. Où en sommes-nous par rapport aux provinces canadiennes, aux États américains et aux pays européens ?

Aux États-Unis, la dette fédérale croît à une vitesse vertigineuse et semble impossible à rembourser. Il en est de même au niveau des États.

Les États américains font face à des difficultés incroyables et plusieurs ont tenu le coup durant la crise économique grâce aux milliards $ du programme fédéral de stimulus d’Obama. Mais cette aide se termine. L’heure de vérité arrive. La lente reprise sera-t-elle alors déraillée ?

La Californie aura l’an prochain un déficit de 19 milliards $. Déjà son crédit ne vaut rien. Les frais dans ses universités viennent d’augmenter de 32%.

Pour rencontrer ses obligations budgétaires, l’Arizona vient de vendre son Capitole, l’édifice de la cour Suprême et celui des chambres législatives à des investisseurs et paiera dorénavant un loyer pour l’usage de ses bâtiments gouvernementaux.

Pour balancer leur budget, le New Hampshire pige dans le fonds d’assurance pour contrer la mauvaise pratique médicale, le Colorado veut s’accaparer le surplus de 500 millions $ de l’assurance des travailleurs de l’État, Hawaï a institué une semaine d’école de quatre jours. Les déficits du Rhode Island et de l’Alaska dépassent de beaucoup leur produit intérieur brut (PIB).

Le New Jersey, l’État le plus taxé du pays, a une économie en pleine dépression. Son gouverneur vient de trancher 26 % du budget dont des coupures draconiennes dans les versements aux banlieues, accentuant ainsi leurs problèmes financiers. Malgré cela, le déficit prévu pour l’an prochain sera de 10 milliards $.

En Illinois, l’État dépense deux fois le montant des taxes collectées. Il a des comptes à payer de 5 milliards de $ et n’a pas l’argent pour le faire.

Les engagements pour les pensions dans les États américains se chiffrent à 5,17 trillions $, alors que seulement 1,97 trillions $ sont mis de coté dans ces fonds. C’est un déficit de 3,23 trillions $ à combler au moment où les baby-boomers arrivent et réclament aussi leurs pensions.

Les gouverneurs admettent enfin aujourd’hui : « Nous avons trop dépensé, nos cartes de crédit sont annulées. C’est fini. Ce ne sera pas facile de sortir du trou que nous avons creusé depuis les dix dernières années ».

Selon les analystes financiers de Wall Street, personne ne connait vraiment la profondeur des trous. Ils soulignent le manque de transparence des États en rapport avec le marché des obligations municipales et questionnent leur capacité de rembourser leurs emprunts. Ce marché a toujours eu la réputation d’être sécuritaire pour les petits investisseurs qui y plaçaient leurs économies pour leurs vieux jours. Mais cela a changé. Par exemple, la ville de Harrisburg, capitale de la Pennsylvanie, a dû être sauvée par l’État à cause de son incapacité de rembourser ses dettes. Les analystes estiment que plus de 75 villes importantes tomberont bientôt en défaut et que cela impliquera des centaines de milliards $ d’aide. Mais ils déplorent surtout la diminution de la confiance des investisseurs pour ce marché.

Le grand test pour les États américains sera au printemps quand le programme de stimulus d’Obama de 160 milliards $ prendra fin.

Plusieurs gouverneurs affirment que le problème réside dans la trop grande quantité d’avantages sociaux que l’État donne à ses citoyens. « Il va falloir changer tout ça » disent-ils car, pour eux, l’heure est aux coupures budgétaires.

Les élections américaines de mi-mandat ont démontré qu’un très grand nombre d’Américains actifs ne veut plus payer pour les retraites des autres ni pour le financement d’un système d’assurance santé national. Par contre, ils ne s’opposent pas aux dépenses faramineuses en Irak et en Afghanistan. Comme si l’argent pour les dépenses militaires est différent de l’argent pour le social. De plus, ils ne disent rien lorsqu’Obama feint de vouloir s’engager au Yemen et en Corée du Nord. Ils préfèrent mieux couper l’aide sociale à leurs compatriotes en besoins que de trancher dans le financement des dépenses militaires. Incroyable !

Pendant ce temps là au Canada, on roule notre bosse… sans trop se préoccuper de la dette. Cette dernière comprend : la dette brute (déficits accumulés, avances aux sociétés d’État et à Hydro-Québec, investissements dans les routes et les immobilisations, dettes des municipalités, des réseaux de santé et d’éducation), plus la part du Québec (122,9 milliards $) de la dette du gouvernement fédéral. Un grand total de 285,6 milliards, soit 35,600 $ par Québécois.

La dette du Québec est à 96,3% du produit intérieur brut (PIB). Par rapport à cet index, nous sommes plus endettés que la France (75,7%), les USA (70%), le Canada pris dans son ensemble (69,7%)… Notre dette est la cinquième plus haute du monde industrialisé. Nous sommes la province la plus endettée du Canada. Et dire qu’après le règne de Duplessis, nous étions la moins endettée.

Au Canada, après des années de surplus et depuis la venue des Conservateurs, le gouvernement engendre des déficits de plus en plus gros. Au Québec, le gouvernement fait de même mais affirme avoir le déficit sous contrôle et prévoit que d’ici trois ans la situation financière sera positive (c’est à voir!).

Aux USA, le déficit a dépassé le trillion $. Cependant, le président Obama, les Démocrates et surtout les Républicains jurent que les deux prochaines années seront dédiées à réduire les dépenses (les teapartyers les ont-ils réveillés ?). Quant aux états Américains, c’est le désastre qui s’annonce car les coupures sociales sont à l’horizon.

En Europe, plusieurs Allemands, Français et autres remettent en question l’opportunité de garder l’euro, après les quasi-faillites de la Grèce, de l’Irlande, du Portugal, de l’Italie…

Aux USA, en France, en Allemagne, au Canada et ailleurs, les profits connaissent des rebonds et sont engrangés par les petites et moyennes entreprises. Les grands groupes voient leurs ventes et leurs effectifs gonfler à l’étranger, leurs profits exploser. Les bourses grimpent. Malheureusement, l’emploi en prend un coup et ne suit pas. La petite classe moyenne disparaît et la pauvreté augmente. L’aide sociale devient de plus en plus nécessaire.

Constatant ce qui précède, plusieurs prophètes de malheur prédisent qu’un tsunami financier déferlera sur nos continents. Il amplifierait tout le mal créé par la première crise économique. Je ne veux même pas penser à cette possibilité.

Il est de la responsabilité de chaque citoyen de percevoir la situation économique de son pays. C’est d’autant plus important que le départ des baby-boomers du marché du travail risque de réduire la croissance économique canadienne et d’ajouter énormément aux dépenses gouvernementales en raison de leur vieillissement.

Soyons optimistes et encourageons (au lieu de critiquer sans cesse) nos gouvernements pour qu'ils prennent les moyens nécessaires pour stimuler l'économie et pour réduire leurs dépenses afin d'éliminer les déficits le plus tôt possible. Nous nous devons de vivre selon nos moyens. Ce n’est pas un luxe.

Claude Dupras

3 commentaires:

Renee Houde a dit…

Très bon billet Claude. Vous avez certainement fait beaucoup de recherches pour avoir toutes ces données.

Vous êtes doux en voulant "encourager" les gouvernements à controler leurs dépenses, Je crois que nous devrions employer des compagnies privées pour s'occuper de la gérance de nos fonds et laisser le gouvernment à faire les lois et s'occuper de la paperasse.

Ils se montrent tous irresponsable avec notre argent, et donnent des fonds souvent pour reçevoir de l'appui aux élections. Ce serait une manière efficace pour contrer ce probleme de over spending.

Unknown a dit…

Bon article, M. Dupras, ...une chose dont je ne suis pas d`accord, ce n`est pas au gouvernement de stimuler l`économie. La meilleure façon de stimuler l`économie pour un gouvernement est de balancer leur budget et d`éliminer la dette, c`est pas demain la veille ! Une autre façon de stimuler l`économie pour le gouvernement est de laisser plus d`argent dans les poches des contribuables, et nous, nous ferons bien se qu`on voudra avec NOTRE argent. Mais comme le dit si bien Renée, les gouvernements qui se succède ont tellement besoin de NOTRE argent pour , entre autres, gagner leur élection qu`on devra leur fournir de plus en plus de notre paye.

Je suis bien d`accord aussi qu`on devrait nous laisser gérer nos fonds car on ne peut faire pire que la Caisse et dépôts placements.

Les gouvernements n`ont pas un problème de revenus mais un problème de dépenses.

Claude Dupras a dit…

Bernard Goubert m'écrit:

Ton blog est très intéressant mais je crois sans vouloir être pessimiste que ce tsunami est impossible a éviter et est le juste retour des choses à notre égoïsme des pays dits"développés".
Nous avons dans un premier temps pillé,puis acheter à des prix indécents,les matières premières dont nous avions besoin,sans nous soucier,que cela empêchait les pays producteurs de se développer.

Je parle du pétrole, charbon, café, soie, coton, chocolat, caoutchouc, uranium,
etc.

Par contre, nous mettions des frontières pour empêcher ces " vilains " immigrés de venir profiter de nos richesses,obtenue Grace à notre pillage....
nous sommes maintenant en train de payer la note et encore beaucoup trop riche pour devoir nous plaindre.

Malheureusement aucun gouvernement ose le dire ou prendre les mesures nécessaires pour nous obliger à partager encore plus et ce partage risque de se faire dans la violence à cause de la lâcheté de nos dirigeants.Ils ont raison de laisser ouverte nos frontières pour permettre ce partage et il faudra peut être que nous comprenions l'horreur de l'immigration car celui qui immigre n.est pas un voleur mais quelqu'un qui quitte femme, enfants,parents pour seulement essayer de ne pas les laisser mourir de faim...et on laisse monter la stigmatisation ,du a une poignée d'intégriste belliqueux,pour ralentir cette prise en compte que le partage est nécessaire,obligatoire,et impossible,de gré ou de force ,à éviter.

Voilà,je n'ai pas su publier sur ton blog mais si tu peux tu peux le mettre en ligne.

Toute mon amitié et bonne année mouvementé

Bernard Goubert