La campagne électorale québécoise qui se termine le 8 décembre aura été une des moins captivantes et des moins suivies depuis le temps de l’ex PM Duplessis. Cela démontre bien que cette élection n’était pas voulue par les Québécois et les Québécoises. Nous étions satisfaits du gouvernement minoritaire du parti libéral du Québec de PM Jean Charest et nous croyons que c’était par pur opportunisme qu’il déclenchait cette élection, puisque les sondages le favorisaient à ce moment-là.
Mais Charest, voyant le tsunami économique à l’horizon, a voulu une nouvelle élection générale pour que s’en dégage un nouveau gouvernement majoritaire à l’Assemblée Nationale. Je doutais alors de son argumentation mais aujourd’hui je lui donne raison en constatant ce qui se passe. Les nombreuses nouvelles de pertes d’emplois, de fermetures d’usines, de diminution de salaires, de faillites, de baisses de revenus des entreprises, de pertes de petits commerces et autres, s’accumulent à un rythme de plus en plus effarant. L’avenir n’est pas rose. Nous avons donc besoin d’un gouvernement majoritaire afin qu’il puisse prendre les décisions qui s’imposent en toute objectivité et le plus vite possible.
L’intensité de la crise politique à Ottawa a nui considérablement à la campagne électorale québécoise. Pendant 10 jours, les médias et les citoyens se concentrèrent sur les évènements historiques qui se déroulaient sur la colline parlementaire canadienne et la campagne fut reléguée au deuxième plan et… presque oubliée. Perdre 10 des derniers 15 jours de cabale d’une campagne électorale n’est pas bon pour aucun candidat. Est-ce qu’un d’entre eux en a souffert plus qu’un autre, je ne le sais pas mais une chose est certaine : cela n’a pas été bénéfique pour les électeurs qui méritaient d’être le mieux renseignés possible sur l’état du Québec et les propositions pour son avenir.
Jean Charest a mené une campagne impeccable. Il a bien suivi son plan de match et a su s’adapter à la cadence de cette drôle d’élection. Il a toujours été calme, fort respectueux de ses adversaires et a su proposer des plans, des solutions et des idées innovatrices comme son « plan nord » pour bien expliquer à ses commettants les solutions qu’il proposait et où il voulait les amener. Il n’a pas fait d’erreur. Seul le « débat des chefs » l’a ralenti car sa prestation, selon plusieurs observateurs, n’a pas été aussi impressionnante qu’elle aurait pu l’être. Enfin, il a su, finement, atténuer les critiques en rapport avec l’importante crise des services de santé au Québec en faisant comprendre qu’il avait fait le mieux qu’il pouvait dans les circonstances et ferait encore davantage dans l’avenir.
Le chef d’opposition Mario Dumont, du parti de l’Action Démocratique, a mené une très mauvaise campagne électorale. Les images qui en sont ressorties, jour après jour, étaient surprenantes, désarmantes et négatives. Comme un taureau furieux dans l’arène, Mario fonça sur tout ce qui bougeait, sans réfléchir aux conséquences sur l’électorat. Par contre, Mario a été formidable au « débat des chefs » et de beaucoup le meilleur des trois chefs. Il était beau avec un air intelligent, calme, vite dans ses réparties, clair, précis et énonça des propositions originales pleine de bon sens pour régler les problèmes qui confrontent notre société. Je ne comprends pas pourquoi le « Mario sur le terrain » de la campagne électorale et le « Mario du débat » ont été si différents. J’ai l’impression que si « le Mario du débat » avait pu être aussi celui du terrain, Mario Dumont aurait gagné cette élection. Les médias ont-ils été injustes envers lui et son parti ? Je ne le sais pas mais on peut sûrement se poser la question.
Mon blog du 27 novembre dernier traitait de l'erreur de Pauline Marois, chef du Parti Québécois. Alors qu’au début de la campagne, elle s’était fixée comme stratégie de concentrer sur les problèmes immédiats des électeurs québécois et de placer le sujet de la séparation du Québec sur le « rond du fond », soudainement, au débat, elle s’est mise à en parler. Depuis, elle en met de plus en plus. Nous savons tous qu’elle est une séparatiste convaincue et elle n’avait pas à le rappeler aux partisans du parti Québécois. Elle se devait d’attirer les électeurs du centre du spectre politique québécois en traitant des sujets qui les intéressent. En insistant sur la séparation, elle en a éloigné plus d’un.
De plus, Pauline Marois n’a pas fait une bonne campagne électorale. Trop hargneuse, revêche, insultante, elle n’a cessé de bougonner sur le dos de Jean Charest. « Menteur », « tricheur », elle l’a traité de tous les noms. Les médias aiment ces éclats de voix et les rapportent au lieu de parler de ses propositions politiques. Il en fut de même pour la question de la séparation. Chaque fois qu’elle aborda ce sujet, ses mots et son image furent transmis par les médias, au détriment, encore une fois, des nouvelles politiques qu’elle proposait. Avec la grave crise économique qui s’abat sur nous, elle fut irresponsable d’attirer ailleurs l’attention des électeurs.
Pauline Marois pourra dire merci à Mario Dumont d’avoir livré une campagne électorale si pitoyable. C’est ce qui permettra au Parti Québécois de redevenir l’opposition officielle à l’Assemblée Nationale. Mais elle ne pourra prétendre à une victoire car je crains que le pourcentage de votes en faveur de son parti soit similaire à celui de la dernière élection. Je crains que les péquistes lui réservent un sort semblable à celui de son prédécesseur André Boisclair.
Claude Dupras
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