vendredi 30 avril 2010

L’exposition universelle de Shanghai

C’est aujourd’hui le 1er mai que s’ouvre l’exposition universelle de Shanghai.

Depuis l’expo67, je suis devenu un amateur de ces expositions et j’ai pu visiter celles de Séville et de Hanovre. Sans parti pris, je crois que celle de Montréal fut fortement supérieure à ces dernières qui étaient très intéressantes.

Je pars aujourd’hui pour Shanghai afin de voir et de vivre son exposition qui promet d’être spectaculaire, surtout au point de vue architecture. Cela m’intéresse particulièrement.

La montée de la Chine et de son influence commerciale grandissante dans le monde font en sorte que l’exposition de Shanghai devrait être exceptionnelle. En effet, tous les pays ont fait un effort particulier pour bien montrer leurs atouts aux Chinois et plaire aux dirigeants du régime.

Je n’écrirai pas de texte politique pour les prochaines semaines mais je compte bien, si possible, écrire sur cette exposition internationale et universelle.

À bientôt.

Claude Dupras

dimanche 25 avril 2010

Le Québec de Maxime Bernier

Maxime Bernier, député conservateur de Beauce, n’y va pas avec le dos de la cuillère. Il n’hésite pas à dire les choses comme il les voit nonobstant le fait qu’il sait que ses avancés créeront des vagues négatives contre lui. Il est courageux, sincère et a le mérite, contrairement à d’autres politiciens, de vouloir parler des choses essentielles pour notre société.

Il soutient : « plusieurs personnes à travers le pays perçoivent les Québécois comme un groupe d’enfants gâtés qui ne sont jamais satisfaits et en redemandent toujours plus ». Sur ce point, il a raison. Lorsqu’on lit sur internet et dans les journaux les commentaires de Canadiens d’autres provinces ou encore si on les écoute sur des lignes ouvertes de radio, on se rend vite compte que ce sentiment existe.

Oui, le Québec est combatif dans ses demandes au gouvernement fédéral, mais il le fait à l’intérieur de la constitution canadienne et de son interprétation de celle-ci. Le Québec n’est pas la seule province qui agit ainsi puisqu’à plusieurs occasions dans le passé, les provinces se sont regroupées pour batailler ensemble les positions unilatérales du gouvernement canadien qui lui aussi interprète la constitution en sa faveur. Les ex-PM québécois Duplessis, Lesage, Johnson, Lévesque et Charest ont provoqué des conférences fédérales-provinciales pour persuader le fédéral de leurs arguments. La liste de leurs gains est longue. Depuis sa venue au pouvoir, Charest a créé le « conseil de la fédération » qui unit les premiers ministres des provinces dans leurs négociations avec le gouvernement fédéral.

Il est clair que les individus qui croient que seul le Québec demande, se trompent. À mon avis, ils sont endoctrinés par des animateurs de radio de droite qui pullulent dans les autres provinces et qui n’hésitent jamais à cogner sur le Québec. Le référendum sur l’Accord de Charlottetown a été un exemple frappant des conneries dites par ces radiomen du Canada anglais.

Notre pays est une fédération et il est normal que le Québec qui n’est pas une province comme les autres à cause de son histoire, sa culture, sa langue, sa nation quoi !, réagisse vivement et cherche à devenir le plus autonome possible dans tous les domaines qui sont de sa juridiction. Agir autrement serait irresponsable. Que certains citoyens des autres provinces pensent le contraire, tant pis ! Ils ont tort.

Bernier espère que le Québec « cesse de recevoir l’argent du système de la péréquation ». Je l’espère aussi puisque ce jour-là nous serons plus riches et plus indépendants.

Notre fédération est très décentralisée à cause de l’immense superficie du Canada, la plus grande au monde. Les responsabilités des provinces et des territoires sont grandes en matière de dépenses. Les ressources naturelles varient beaucoup d’une province à l’autre, le revenu aussi et la conséquence est une grande disparité entre les capacités fiscales de chacune. La péréquation existe pour assurer à tous les Canadiens, où qu’ils soient, les mêmes services publics, la même protection sociale et les même niveaux d’imposition. Cela fait partie de la constitution canadienne.

Il y a donc des gouvernements qui ont plus de revenus que la moyenne (les provinces riches) et ceux qui en ont moins (les pauvres). Actuellement quatre provinces sont « riches » et contribuent au fonds de la péréquation et six provinces et deux territoires sont « pauvres » et reçoivent des argents. Le Québec est dans le groupe des « pauvres » (pauvre est un mot mal choisi) et il n’y a pas de honte là-dedans. L’Ontario qui a toujours été une province riche, à un moment donné la plus riche, est depuis cette année devenue une province « pauvre » puisque son domaine manufacturier s’effondre devant la Chine.

En fait, le Québec est plus pauvre qu’il devrait l’être et cela n’a rien à voir avec les Québécois actuels. Il faut se rappeler qu’il y a à peine cinquante ans, Montréal était le centre des affaires du Canada, toutes les grandes compagnies y avaient leurs sièges sociaux, l’aéroport de Montréal était le plus important au pays, etc. Mais avec le débat sur la séparation du Québec, plus de 125 sièges sociaux des plus grandes compagnies sont déménagés à Toronto amenant avec eux des dizaines de milliers de personnes d’affaires, riches, bien éduquées et des jeunes diplômés universitaires de langue anglaise. Ce fut un « brain drain » de grande envergure qui a fait un tort immense à notre capacité de production de richesse. De plus, plusieurs grandes industries fermèrent leurs portes pour reprendre leurs activités en Ontario et ailleurs. Le plus bête, c’est que ces gens ont eu peur pour rien.

Lorsque le député Bernier critique les 40 dernières années, il semble oublier que malgré que le Québec ait perdu, d’un coup, un flanc si important de toute son activité économique et un si grand nombre de décideurs de qualité, les Québécois ont pris la relève et ont démontré une grande capacité entrepreneuriale comme le démontre l’évolution des affaires au Québec. Ce n’est pas l’incitation à entreprendre qui a manqué. Si ceux qui nous ont quitté étaient demeurés au Québec, s’ils avaient cherché à comprendre la société québécoise et à s’y intégrer davantage, ils auraient pu bénéficier de cette montée extraordinaire de l’entrepreneurship chez les Québécois. De notre côté, nous aurions pu profiter de la présence de ces grandes compagnies chez nous pour faire encore de meilleures affaires. Les compagnies et les individus qui sont partis seraient aussi riches qu’ils le sont actuellement, sinon plus, et auraient contribué considérablement à l’enrichissement du Québec. Les Québécois ne seraient peut être pas les plus taxés du Canada. Le Québec ne serait pas le 59ième sur les 60 états (provinces et États américains) de l’Amérique du Nord en rapport avec l’indice de liberté économique établi par l’institut Fraser.

Maxime Bernier dénonce « l’interventionniste du gouvernement du Québec ». Je suis d’accord avec lui. Notre gouvernement ne cesse de donner des subsides aux entreprises, à des individus et à toutes sortes d’organismes alors que nous vivons une période de déficit et de dette galopante. Le ministre semble incapable de dire « non ».

Par exemple, depuis la présentation du dernier budget, où le ministre des finances a annoncé de grosses augmentions de taxes, de tarifs et a promis de réduire les dépenses gouvernementales d’un montant équivalent à 60% du déficit prévu (les payeurs de taxes payant la différence) pour atteindre le déficit zéro, le gouvernement a accordé, comme le listait récemment le Journal de Montréal, plus de 700 millions $ en subventions de toutes sortes.

Encore la semaine dernière, nous apprenions que Québec donnait trois millions de $ sur un budget de quatre millions de $ à l’organisation d’un premier festival des arts du cirque à Montréal, l’été prochain. Personne ne me fera croire que cela est justifié alors que de grandes entreprises de cirque, comme le Cirque du Soleil, auraient pu contribuer ce montant pour le festival. Si Guy Laliberté a pu payer un ticket de 35 millions de $ pour aller dans l’espace 10 jours, sa compagnie peut sûrement contribuer largement aux frais de ce festival. C’est au milieu des affaires d’aider de telles entreprises et organismes, ne serait-ce que pour la publicité qu’il en récolte ou l’esprit civique… mais ça je ne suis pas certain.

Le problème de plusieurs de ces dons, depuis tant d’années, est qu’ils aident à former des organisateurs et non des entrepreneurs. On a une idée, on a besoin de sous, on voit les gouvernements, on obtient les sous et on organise. C’est facile ça mais ce n’est pas ça l’entrepreneurship. Et pendant ce temps-là, le gouvernement fait le beau avec de l’argent qu’il emprunte.

Maxime Bernier a frappé fort avec son discours de Mont-Saint-Grégoire. Le problème est que le contenu sent l’extrême-droite américaine. Un journaliste rapporte qu’il est un admirateur du président Reagan et qu’il a vu dans son bureau le récent livre d’Ann Coulter. Cette dernière est républicaine d’extrême-droite, radicale, insensée et est sympathique aux « teapartyers ». Elle hait Barack Obama. Si Bernier pense suivre cette voie pour entraîner les Québécois et les Québécoises, il se trompe. Jamais nous ne voudrons d’un tel esprit politique rétrograde chez nous. Par contre, s’il réaligne ses propositions au centre-droit, il trouvera beaucoup d’appuis. L’État-Providence est terminé mais cela ne veut pas dire qu’il faut jeter par terre tout ce qu’il a donné à notre population, aux non-instruits, aux pauvres, aux malades et aux plus démunis.

Maxime Bernier est un politicien intelligent qui a beaucoup de charisme. Son éducation, son talent et sa fougue le préparent à bien remplir les postes les plus élevés du gouvernement canadien, peut être même un jour le premier.

Claude Dupras

jeudi 22 avril 2010

Nos Florence Nightingale québécoises sont de plus en plus nécessaires

Dans mon récent blog sur la situation catastrophique de l’urgence à l’hôpital Anna-Laberge de Chateauguay, je soulignais le manque de « bénévoles » dans ce centre hospitalier. Il y en a peut-être mais ce n’était pas visible.

Le hasard a voulu que je sois, cette semaine, au St. Mary’s Hospital de Montréal pour visiter une parente. En entrant à l’hôpital, j’ai aperçu un groupe de bénévoles, reconnaissables à leur sarrau de couleur, qui m’indiquèrent la direction vers la chambre que je cherchais.

La personne malade que je visitais me disait combien elle trouvait réconfortante la visite d’une bénévole. Une d’elles venait la voir presque tous les jours pour « jaser », la distraire, lui offrir des livres, l’aider dans ses déplacements, etc. « Elles me font du bien » m’a-t-elle dit.

Malheureusement, il n’y a pas de bénévoles partout et, de nos jours, le nombre diminue. On les trouve dans les hôpitaux « anglais » de Montréal et chez un grand nombre d’hôpitaux francophones dont l’hôpital Sacré-Cœur où le service de bénévoles est particulièrement bien organisé et qui vient de célébrer ses 50 ans. Il y en a aussi à Québec, Rimouski, Sept-îles, dans l’Outaouais, dans les Laurentides, dans les Cantons de l’Est, à l’hôpital Montfort d’Ottawa, etc.

Le Jewish General Hospital de Montréal a un service de bénévoles particulièrement remarquable. On y trouve le plus grand nombre de bénévoles, le double de ce qu’on retrouve ailleurs. Ces bénévoles (hommes et femmes) aident non seulement les patients mais aussi l’hôpital. En plus d’être à l’accueil pour informer les nouveaux patients et les visiteurs, ils oeuvrent aussi aux cliniques externes et à l’urgence. Ils visitent les patients à leur chambre. Ils aident à la pastorale. Ils préparent des sandwichs à la cafétéria, en assurent le service et sont à la caisse. Ils apportent les plateaux aux patients incapables de se déplacer. Ils gèrent le magasin de cadeaux. Et encore… Tous les profits sont remis aux patients sous toutes sortes de formes pouvant assurer leur mieux-être.

Du côté francophone, au Québec, les bénévoles, que l’on appelait jadis « les dames auxiliaires », se recrutent surtout chez les femmes au foyer et les personnes retraitées de plus de 60 ans. D’autres, plus jeunes, temporairement sans emploi, offrent leur service à l’hôpital pour se rendre utiles. De plus, certains hôpitaux font des arrangements avec la faculté de médecine pour permettent à des étudiants en médecine de devenir bénévoles, dans le but non pas de soigner les patients mais plutôt d’apprendre à connaître leur comportement, leurs transes, leurs inquiétudes, leurs angoisses…

Le gouvernement du Québec sait l’importance du travail des bénévoles dans les hôpitaux et le démontre en reconnaissant l’organisation d’un « service de bénévoles ». Il accepte que la chef de ce service soit rémunérée et en assume les frais.

Les syndicats, par contre, s’opposent à ce que les bénévoles exécutent des tâches qui ne sont pas de leur ressort et qui pourraient être dévolues à un employé syndiqué. En somme, ils ne les veulent pas dans leur plate-bande. Généralement, la limite entre un travail bénévole et celui d’un employé syndiqué est maintenant assez bien définie. Par contre, aujourd’hui, avec les budgets limités et les problèmes croissants des hôpitaux, le bon sens prime et les syndicats semblent prêts à accepter qu’un plus grand nombre de bénévoles remplissent un plus grand nombre de tâches.

Parmi les nombreux commentaires que j’ai reçus, plusieurs de mes lecteurs affirment que la situation d’Anna-Laberge est généralisée au Québec. D’autres racontent des histoires d’horreurs dont ils ont été témoins et qui montrent bien que le malheur des patients d’Anna-Laberge se répète à plusieurs endroits. Pour faire la part des choses, j’ai fait ma petite enquête auprès de personnes œuvrant dans les hôpitaux de Montréal et de région, et plusieurs m’assurent que ce n’est pas comme çà dans leur hôpital mais que le service hospitalier n’est pas ce qu’il devrait être.

Anna-Laberge m’a démontré qu’une bonne organisation est essentielle pour assurer le mieux-être des patients. Un nombre suffisant de bénévoles, dont la symbiose avec le personnel infirmier s’est avérée naturelle et mutuellement bénéfique dans le passé, est indispensable pour le bien-être des malades surtout aujourd’hui dans ces temps de grandes difficultés financières et de minimum de personnel dans nos hôpitaux,

L’Association des gestionnaires de ressources bénévoles du Québec devrait faire la promotion du travail de ses membres, en valoriser publiquement le rôle pour en définir l’importance afin qu’un grand nombre de personnes, et beaucoup sont disponibles, réalisent clairement l’apport personnel et important qu’elles pourraient fournir dans un centre hospitalier et soient motivées à joindre les rangs. L’Association devrait œuvrer pour qu’il y ait un tel service dans chaque hôpital québécois.

Notre hôpital doit devenir partie de nos responsabilités. Son directeur général doit comprendre l’importance du service des bénévoles et y accorder sa meilleure attention car le mieux-être des patients en dépend.

Le civisme est une foule de petites choses et le bénévolat est la plus noble d’entre elles.

Claude Dupras


Ps.
1. Florence Nightingale était une infirmière professionnelle anglaise qui a créé la Victoria Order of Nurses. Je crois que ses qualités de dévouement et de générosité, son humanité et la charité qu’elle a toujours démontrée s’appliquent bien aux bénévoles de nos hôpitaux et c’est la raison pour laquelle je n’hésite pas à utiliser ce nom célèbre pour souligner leur valeur.
2. Cette semaine est celle de la reconnaissance envers tous les bénévoles, au Québec. Merci à ceux et à celles qui s’occupent de nos malades et de nos patients.

samedi 17 avril 2010

Anna-Laberge, le sans-cœur

Lettre envoyée aujourd'hui au Premier Ministre du Québec

Monsieur le Premier Ministre Jean Charest,

Je viens de vivre une expérience pénible et impensable dans un hôpital du système de soins de santé du Québec, l’Hôpital Anna-Laberge de Châteauguay.

Mercredi, le 7 avril dernier, ma fille ressentit un malaise à la poitrine. Elle appela le 811 pour obtenir une opinion médicale et un conseil pour alléger son indisposition. Suite à la description de ses symptômes, on l’avisa qu’elle avait peut être fait un infarctus et qu’il était absolument nécessaire de la transporter à l’hôpital le plus proche, en l’occurrence Anna-Laberge.

Le service ambulancier fut contacté et l’ambulance arriva dans les minutes suivantes avec deux paramédiques. Ceux-ci prirent vite contrôle de la situation. Ils apportèrent tous leurs instruments dans la maison et l’examinèrent. Leur électrocardiographe ne montra pas d’infarctus mais ils expliquèrent que leur instrument ne faisait pas un examen total du cœur et qu’il fallait d’urgence la transporter à l’hôpital. Ces deux personnes, très dévouées et compétentes, prirent toutes les précautions pour qu’elle ne fasse aucun effort.

L’ambulance arriva à Anna-Laberge à 9h30. Les paramédiques la transportèrent directement dans une salle d’examen pour un électrocardiogramme complet. Puis, ils l’installèrent dans un lit d’hôpital sur roue et le placèrent le long du mur du corridor du département de l’urgence, vis-à-vis l’entrée des ambulanciers, à quelques pas du poste de garde. Personne ne vint la voir pour lui expliquer quoi que ce soit ou pour lui donner le résultat de l’électrocardiogramme. Elle continuait à se sentir malade, avait des nausées, et, par moment, avait peine à respirer. Le temps passait. Tout le long du mur, d’autres patients attendaient dans leur lit installé à la file indienne. Plusieurs étaient, de toute évidence, très mal en point. Personne ne vint les voir. Lorsque j’arrivai à l’hôpital, une vieille patiente me prédit que ma fille en aurait pour 25 heures d’attente avant de voir un médecin. Cela me semblait invraisemblable.

Vers 13h00, comme on ne lui avait pas servi de nourriture, mon épouse se rendit à la cafétéria pour lui acheter une collation.

Vers 20h00, à mon retour, je lui ai demandé si elle avait mangé et encore une fois j’appris que rien ne lui avait été apporté. Je me rendis à la cafétéria que je trouvai fermée. On m’indiqua qu’il y avait à proximité une « machine à sandwichs », je la trouvai remplie de nourriture mais avec une affiche « hors d’usage ». Rien. Un préposé au nettoyage me suggéra de me rendre dans un restaurant de Châteauguay pour trouver de la nourriture à apporter. C’était pour moi invraisemblable que des patients « parkés » dans un corridor, près d’un poste de garde, n’aient reçu aucune nourriture de la journée. Je revins au poste pour expliquer la situation et on m’avisa que la nourriture était seulement sur demande. Et ceux qui ne sont pas en mesure de le demander, comme les vieilles femmes à l’air très faible dans d’autres lits, sans visiteurs, et n’ayant pas la force de se lever, comment peuvent-ils le faire ? Finalement, un aide-malade apporta un sac brun dans lequel ma fille trouva un sandwich, une boisson et un dessert. « Et les autres patients, lui demandai-je ? ». Il haussa les épaules et partit.

Le temps s’écoula. Dans le lit voisin, une jeune femme souffrait de pierres aux reins. Elle subit, tout à coup, une violente crise qui la fit gémir, tortiller, crier, pleurer, vomir... De toute évidence, elle souffrait le martyre. Je ne voulais pas me mêler de tout cela, mais je constatai que le personnel de l’hôpital : gardes, aide-malades, infirmiers, brancardiers, femmes de ménage et autres, passaient près d’elle sans même la regarder. Ils semblaient tous imperméables à sa souffrance. Au bout de trente minutes, n’en pouvant plus, je me rendis au poste de garde et soulignai à une secrétaire le tourment de cette femme. Elle me donna l’impression que je m’occupais de choses qui ne me concernaient pas. Je demeurai calme et répéta que cette personne souffrait énormément et qu’il fallait faire quelque chose pour la soulager immédiatement. Impatiente et comme pour se débarrasser de moi, elle me répondit qu’elle le savait et qu’elle irait la voir. Trente minutes plus tard, elle vint lui demander son nom et repartit aussi vite. Finalement, une autre heure plus tard, un brancardier tira le lit de cette malade, toujours très souffrante, vers une des salles d’examen de l’urgence. Le lendemain, en après-midi, nous l’aperçûmes toujours dans son lit et dans le corridor, mais elle semblait moins souffrir.

Le bruit généré dans le corridor par le va-et-vient du personnel et par les six portes automatiques de l’urgence, pour l’entrée des ambulanciers, qui s’ouvraient et se fermaient sans cesse (même lorsque qu’une personne ne faisait que passer devant), ajouté à l’éclairage puissant de ces corridors, le tout fait en sorte que le malade est non seulement incommodé, à la vue de tout ce beau monde mais il est surtout incapable de se reposer un peu.

Il n’y avait là aucune personne « volontaire », comme j’ai vu dans d’autres hôpitaux, pour parler aux patients, les écouter, les calmer... Je pris donc l’initiative d’aller de lit en lit pour dire quelques mots à chacun afin de les distraire quelque peu. Ils se montrèrent heureux de voir que quelqu’un s’intéressait à eux. Leur physionomie changeait, ils devenaient moins renfrognés et parlaient beaucoup. J’ai même perçu quelques sourires, dont chez une vieille dame unilingue anglaise qui avait mis ses grosses lunettes de soleil à cause de l’éclairage qui l’agressait. Mon geste était petit, mais l’effet fut surprenant.

Vers 21h00, je demandai au poste de garde à quel moment ma fille serait vue et quel était le résultat de l’électrocardiogramme. On me dit qu’il y avait seulement deux médecins de garde et qu’ils devaient traiter tous les patients à tour de rôle, ceux arrivés à la salle d’urgence durant la journée et ceux des lits du corridor. Quant aux nouveaux arrivants en ambulance (au rythme d’au moins 3 à l’heure) ils avaient la priorité si leur cas était grave. Pour m’encourager, probablement, on me dit que son dossier était parmi les prochains. Quant à l’électrocardiogramme, le médecin ne l’avait pas encore vu.

Quatre heures et demie plus tard, à 1h30 le matin du 8 avril, on vint chercher ma fille pour la salle d’examen où elle attendit une autre heure avant qu’une femme médecin n’arrive. Elle déclara l’électrocardiogramme satisfaisant mais ordonna une prise de sang et repartit. Deux heures plus tard, non satisfaite du résultat, elle fixa un rendez-vous pour 9h45 pour une écographie et une autre prise de sang, croyant déceler une pancréatite. Il était 4h00 le matin, plus de 18 heures et 30 minutes après son arrivée. Ma fille était exténuée et enfin libre de partir.

Le matin, elle se pointa à l’heure précise pour son rendez-vous. Après l’éco et la prise de sang, on lui demanda d’attendre quelques moments dans la salle d’attente de l’urgence. Elle y retrouva des dizaines de personnes très fatiguées, sans recours, découragées, affaissées… car plusieurs étaient là depuis la veille et n’avaient pas encore été vues par un des deux médecins.

Ce n’est que six heures plus tard, vers 16h00, que ma fille a vu le médecin qui lui annonça alors qu’elle n’avait pas de pancréatite. La nouvelle prise de sang montra qu’il y avait eu erreur de la part du laboratoire ! Qu’il n’y avait rien d’anormal. Selon lui, le problème était gastrique et il prescrivit deux médicaments.

Au total, ma fille a attendu près de 25 heures à l’Hôpital Anna-Laberge. Ce n’était pas la seule qui a dû subir cette horreur puisque cela correspondait à la prédiction de la patiente rencontrée en arrivant à l’hôpital.

Comme ingénieur, j’ai participé à la construction d’une douzaine d’hôpitaux. J’ai remarqué que le bâtiment de cet hôpital est de bonne qualité. Tous les systèmes thérapeutiques semblent en bonne condition. Les équipements et les accessoires pour les malades sont modernes. En somme, au point vue du matériel, je ne vois rien à vraiment critiquer sauf pour la propreté qui laissait à désirer.

Je ne suis pas non plus prêt à condamner le personnel que j’ai trouvé dévoué bien que débordé et fatigué. On ne peut le blâmer pour la façon déplorable avec laquelle les patients externes de cet hôpital sont traités.

Il y a un manque évident de médecins et d’infirmières dans cet hôpital, du moins à l’urgence. Il y a aussi un problème manifeste de gérance. J’ai l’impression que le directeur général de cet Hôpital Anna-Laberge de Châteauguay est dépassé par les événements et n’est pas à la hauteur de la situation car ces problèmes sont aussi une question d’organisation.

Monsieur le Premier Ministre, vous et vos ministres de la santé avez maintes fois affirmé que tout va mieux dans les urgences au Québec, que le temps d’attente y a considérablement diminué et que vous continuez à travailler pour qu’il soit encore meilleur. Eh bien, ce n’est pas du tout le cas à Anna-Laberge !

Il y a là des Québécois et des Québécoises qui y souffrent inutilement et cela est déplorable et inacceptable dans une société comme celle dans laquelle nous vivons aujourd’hui. N’y-a-t-il pas un code du malade qui dicte que le patient d’un hôpital ne doit pas souffrir ?

Je vous prie, Monsieur le Premier Ministre, d’intervenir personnellement pour régler le cas de l’urgence de cet Hôpital Anna-Laberge de Châteauguay qui fait souffrir les malades qui s’y rendent. Il faudrait que votre action soit dans les plus brefs délais puisque bien des patients supportent des douleurs inutiles au moment même où vous lisez cette lettre.

Merci de votre bonne attention.

Claude Dupras

jeudi 15 avril 2010

Halte, les moteurs !

Ce n’est pas drôle, aujourd’hui, d’être un homme politique. S’il est accusé de trafic d’influence ou de quoi que ce soit d’autre, même sans fondement, il est vite écrasé par une avalanche de nouvelles qui le salissent. Les nombreux médias qui existent de nos jours, pris dans une spirale de surenchère de popularité, n’hésitent pas à dire n’importe quoi pour émettre la nouvelle la plus percutante qu’importe la vérité ou encore, et c’est fort dommageable, les conséquences pour l’épouse, les enfants et la famille de l’individu visé. Ce dernier est vite déclaré coupable par l’opinion publique, même s’il est innocent. Mais où donc est le journalisme professionnel au Québec pour faire la part des choses ?

En ce moment, c’est le premier ministre du Québec, accusé par son ancien ministre de la justice, qui est la victime de ce nouveau mode d’harcèlement. Les sondages indiquent que les allégations de cet ex-ministre libéral, Marc Bellemare, sont crues par 65% de la population devenue cynique. À ce jour, ce dernier a insinué que le PM ne l’écoutait pas lorsqu’il se plaignait des influences de son parti politique en rapport avec les décisions du gouvernement et particulièrement avec la nomination des juges qui était de son ressort.

Le PM a vite réagi à ces insinuations et a institué une commission d’enquête publique sur la nomination des juges, présidée par un ex-juge de la Cour suprême du Canada. Récemment, il avait demandé au Directeur général des élections de faire enquête sur le financement des partis politiques. Avant cela, il avait ordonné à la police du Québec de créer une opération d’envergure pour enquêter sur de présumés scandales dans le domaine de la construction. Malgré que, dans tous ces cas, le parti libéral du Québec puisse être interrogé, touché et accusé, le PM n’a pas hésité à mettre en place toutes ces enquêtes.

Cela n’a pas calmé la rumeur publique qui a décidé que Jean Charest est coupable. Et les médias en mettent encore plus…

La grande erreur de Jean Charest a été de refuser d’instituer une enquête publique sur la construction. La population a été amenée a réclamer cette enquête et le PM a résisté pour des raisons, dit-il, de gouvernance et de coût. J’ai été parmi les premiers à la suggérer et je la veux toujours car c’est la seule façon de déterminer les vraies raisons des augmentations faramineuses des coûts de la construction. Si Jean Charest avait accepté de la créer, il ne serait pas dans la mire de ceux qui pensent qu’il veut cacher quelque chose et qui font tout pour l’ébranler.

Qu’importe le long passé politique du PM, ses victoires électorales répétées, son service comme élu au gouvernement du Canada et à celui du Québec, Jean Charest est, aujourd’hui, la victime d’insinuations et d’accusations gratuites sur tout et rien. On cherche à le dénigrer afin de le paralyser dans son travail. Les partis d’opposition voient là une chance unique de se remplumer électoralement. La chef du Parti Québécois, n’hésite pas à aller jusqu’à affirmer que ce sont les bailleurs de fonds du parti libéral qui mènent à Québec. Un « gouvernement clandestin » est la dernière trouvaille médiatique qu’a lancée Pauline Marois qui semble oublier qu’elle vit dans un château de verre.

Il est temps que nous nous ressaisissions tous et attendions le résultat des enquêtes. Il y a trop de problèmes importants qui confrontent notre société aujourd’hui pour se laisser distraire ainsi. Halte, les moteurs ! Soyons calmes, ne nous inquiétons pas, la lumière sera faite sur toutes ces affaires et nous saurons qui dit la vérité et connaîtrons les vrais coupables. Quand même, la démocratie n’est pas en péril !

Quant à l’octroi des contrats gouvernementaux, laissez-moi vous raconter un moment de ma vie : j’ai été durant 40 ans dans le génie conseil et le temps où ma firme obtint le plus de contrats directement du gouvernement du Québec fut lorsque René Lévesque était le PM québécois. Il avait institué un système de « roulement » d’octroi de contrats à toutes les firmes professionnelles. Dépendant de l’importance de la firme et de sa compétence, les nouveaux contrats étaient distribués à tour de rôle. Lorsque notre firme obtenait un mandat, alors son nom tombait au bas de la liste. La couleur politique des dirigeants de la firme ne comptait pas, ni les contributions financières au parti. Malheureusement suite son départ, le système a été démonté.

Aujourd’hui, le gouvernement du Québec devrait revenir à ce système de « roulement » qui évite le favoritisme, qui donne une chance égale à tout le monde et protège la réputation des hommes politiques et des partis. C’est une façon de faire qui est juste pour tout Québécois ou toute Québécoise qui a la compétence pour bien servir le gouvernement et qui offre ses services.

Claude Dupras

samedi 10 avril 2010

« Aéroports de Montréal » et ses taxes foncières

La société Aéroports de Montréal (ADM), propriétaire de l’aéroport internationale Pierre-Elliot Trudeau de Montréal, refuse de payer ses taxes foncières à la Ville de Montréal. Elle veut être traitée comme le gouvernement fédéral qui est exempté de taxes foncières. Elle oublie que le gouvernement fédéral compense la ville pour les montants de taxes qu’ils ne paient pas.

roports de Montréal n’est pas le gouvernement fédéral mais une société autonome et indépendante à qui le gouvernement canadien a transféré ses actifs dans les aéroports de Mirabel et de Dorval (maintenant PET). L’ADM en assume la direction et la gestion.

Depuis, Aéroports de Montréal a décidé de changer la vocation des aéroports, de fermer l’aéroport de Mirabel, de moderniser l’ex-aéroport domestique de Dorval (maintenant un arrondissement de Montréal) et d’y ajouter la nouvelle jetée internationale et le complexe des arrivées internationales.

C’est cette société qui a retenu tous les planificateurs et professionnels nécessaires à la réalisation de ce projet important, qui a engagé les entrepreneurs et financé le projet, qui gère tout le complexe aéroportuaire, qui négocie toutes les ententes avec les compagnies aériennes, etc. En un mot, depuis 1986, ADM est entièrement responsable de nos aéroports.

Mirabel fut inauguré en 1975. Ce nouvel aéroport international de Montréal utilisait une superficie de 7 000 hectares pour son opération entourée d’une « zone tampon » de 29,000 hectares de terrain. Il était situé à 48 km du centre-ville de Montréal. Il était devenu le plus vaste site aéroportuaire du monde. Il desservait tous les vols internationaux, de même que certains vols de correspondance à destination des grands centres urbains du Canada. Le gouvernement canadien qui l’a construit voyait alors grand et loin et avait tenu compte des restrictions normales pour le développement d’un aéroport en milieu urbain.

Le bâtiment de l’aéroport de Mirabel était moderne, beau, bien pensé et fonctionnel. Un vrai succès architectural reconnu par les plus grands experts. Les passagers avaient peu de distance à couvrir pour se rendre ou revenir du quai d’embarquement. Dans une surface restreinte, les passagers étaient bien servis et en grand nombre. J’aimais bien voyager par cet aéroport.

Mais un groupe de pisses-vinaigres d’une pseudo-élite montréalaise appuyé par la Chambre de Commerce de Montréal, qui pensait plus à ses membres qu’à l’intérêt général des Québécois, estimait que le site de Mirabel était trop éloigné de Montréal (ils n’avaient sûrement pas été à Paris, à Rome…) et se mit à le discréditer et à combattre pour obtenir sa fermeture et sa relocalisation à proximité de l’aéroport domestique à Dorval, situé sur l’île de Montréal. À ce moment-là, en 1986, j’étais candidat à la mairie de Montréal en tant que chef du Parti civique de Montréal. Je m’opposai au changement proposé pour les raisons suivantes : Mirabel était un aéroport exceptionnel ; le territoire pour son expansion future assurait que personne ne serait gêné, à moyen et à long terme du bruit généré par l’arrivée et le départ des avions ; l’aéroport pouvait fonctionner 24h sur 24 et accepter toutes les possibilités d’arrivée et de départ ; les possibilités d’écrasement d’un avion en milieu urbain étaient minimes ; le transfert de l’aéroport domestique de Dorval vers Mirabel était nécessaire (bruit et danger) et ses vastes terrains pouvaient être re-zonés pour fins domiciliaires et générer d’importantes taxes foncières à la ville ; si cette dernière solution n’était pas acceptée, un train rapide construit à prix raisonnable, aurait pu relié les deux aéroports puisque l’emprise de terrain d’un ancien train était disponible.

Mon adversaire, Jean Doré qui ne pensait pas plus loin que son nez, traita ma position de farfelue, expression reproduite, à la légère, à la une du journal La Presse. Ce n’est pas très bon pour une campagne électorale… Pourtant, 65% des Montréalais et Montréalaises s’opposaient, dans un sondage scientifique, à la relocalisation de Mirabel. Depuis le temps m’a donné raison.

Aujourd’hui, à tous les jours, après les 2 milliards $ dépensés pour la relocalisation des aéroports à Dorval, des centaines d’avions traversent la ville de Montréal, en mode d’atterrissement, d’est en ouest et créent des bruits qui affectent la paix, surtout la nuit, de centaines de milliers de citoyens et citoyennes de Montréal qui vivent dans l’empreinte de cette trajectoire. Et cela, malgré la promesse des autorités d’Aéroports de Montréal, qui pour répondre à l’argument du bruit, avaient promis qu’aucun avion ne partirait avant 7h et ne serait autorisé à arriver après onze heures. La réalité d’aujourd’hui est que les avions quittent à 5h30 et arrivent jusqu’à minuit et demi, et même plus tard.

Ma position tenait compte aussi du fait qu’une menace d’écrasement d’un de ces appareils dans le milieu urbain de la métropole devenait possible. Imaginons un tel accident aujourd’hui. Nous crierions tous notre désespoir, notre peine et nous aurions raison de pointer du doigt ceux qui ont contribué au déménagement de Mirabel car ils seraient les vrais responsables de ce drame humain.

Je n’aimerais pas vivre dans ce secteur.

Il y a quelques jours, je suis arrivé d’Atlanta à l’aéroport Trudeau à bord d’un petit avion régional (les compagnies américaines qui desservent Montréal, nous traitent malheureusement maintenant ainsi). On débarqua tous les passagers sur le tarmac, via l’escalier escamotable de l’avion, d’où nous rentrâmes à pied dans l’aéroport. Pourtant, en arrivant nous avions constaté que peu d’avions étaient à l’aéroport et la disponibilité de plusieurs quais de débarquement (j’ai vécu la même expérience en plein hiver à – 25°C). Je comprends que cela peut être acceptable dans les Caraïbes où il fait chaud ou en Afrique où il fait encore plus chaud, mais à Montréal, une grande ville où il fait normalement frais ou froid, je n’accepte pas que les voyageurs soient ainsi traités. Et pour ajouter à cette frustration, le plan du nouvel aéroport oblige les passagers à marcher un bon vingt minutes (dans sa partie la plus longue) avant d’atteindre le centre de contrôle des passeports. Le nouvel aéroport P. E. Trudeau est un assemblage d’espaces incohérents. Lorsqu’on le compare avec celui de Mirabel où avec les nouveaux aérodromes du monde, c’est à rendre triste.

Montréal devait, avec Mirabel, renforcer sa position comme point d’entrée aéroportuaire de l’Amérique pour les voyageurs provenant de l’Europe, des pays scandinaves, de la Russie, de l’Afrique et de l’Arabie. Les « chialâges » et les querelles de nos « élites » d’affaires et politiques ont donné une excuse parfaite à nos gouvernements pour retarder la construction des liens autoroutiers et ferroviaires prévus pour Mirabel. Toronto a alors profité de nos hésitations pour nous ravir ce titre de « point d’entrée » que Montréal détenait depuis de longues années. Il faut souligner qu’aujourd’hui, même avec la centralisation des aéroports à Montréal, nous n’avons pas encore les liens précités. C’est une vraie honte !

La société Aéroports de Montréal ne veut pas payer ses taxes prétextant qu’elle doit être traitée comme un gouvernement et que son endettement l’en empêche. C’est ridicule et insultant pour les Montréalais et les Montréalaises qui ont subi cette gigantesque tromperie et pour leur ville qui pourrait récolter les taxes foncières d’habitations construites sur le site de Dorval si l’ensemble des installations aéroportuaires avait été centralisé à Mirabel. Que les taxes soient payées ! Et vite, car assez c’est assez !

Claude Dupras

vendredi 2 avril 2010

Bye, Bye Jean Charest !

Un politicien qui taxe est un politicien qui se fait battre. J’ai appris ce dicton populaire dans ma jeunesse et j’ai pu, depuis, le vérifier souventes fois. C’est bête, mais c’est comme ça.

Le budget du Québec que vient de présenter le gouvernement libéral de Jean Charest m’a choqué car il est simpliste et manque d’imagination. Tout-à-coup, il semble que le Québec soit en plein désarroi financier et le remède, c’est d’imposer des taxes, des taxes et encore des taxes. Pourtant, il n’y a pas très longtemps, c’est le même gouvernement qui nous assurait que le problème du déficit n’était pas si important puisque par rapport au PIB, la dette accumulée avait diminué depuis la venue au pouvoir des libéraux et qu’elle serait éventuellement remboursée en grande partie par le Fonds des Générations. Et c’est vrai !

Influencé par le groupe des « lucides » et par une série d’économistes, qui sont venus à tour de rôle sur la place publique faire leur petit numéro de peur, le PM Jean Charest a décidé tout-à-coup de nous engager dans le grand saut de l’élimination du déficit et de la réduction de la dette, comme si rien n’était fait. Il est rare de voir un politicien faire sciemment une telle bêtise électorale. Ça prend un « courage politique » hors de l’ordinaire. Si le Québec est si mal-en-point et l’avenir financier de notre province vraiment menacé, Jean Charest mérite notre admiration pour prendre enfin le taureau par les cornes afin de maîtriser la situation, tout en mettant en péril les chances de réélection de son parti.

Ces nouvelles taxes sont prématurées. Pour les faire accepter, le premier ministre promet que le gouvernement fera un effort pour couper dans les dépenses et deviendra plus économe et efficace. C’est ce que d’innombrables observateurs, dont votre humble serviteur, réclament depuis longtemps. Le ministre des finances évalue que ces actions gouvernementales résulteront dans des économies qui représenteront 60% des argents nécessaires pour effacer le déficit, le reste venant des nouvelles taxes. Peu de personnes y croient. Pour montrer sa bonne foi, que le premier ministre entreprenne d’amincir le gouvernement et, qu’ensuite, vienne en faire la preuve aux Québécois et Québécoises. À ce moment-là, nous serons davantage prêts, en toute connaissance de cause, à fournir l’effort collectif requis pour compléter la tâche tout en protégeant les plus démunis, les ainés et les jeunes.

Les dépenses gouvernementales augmentent d’année en année. C’est inévitable, comme nous le démontrent les coûts pour la santé. Mais les revenus aussi grimpent. Le malheur, c’est que durant les dernières années, le gouvernement du Québec s’est engagé dans une orgie de dépenses invraisemblables et souventes fois dans des domaines où il n’avait pas à intervenir. Il nous a donné l’image de ne refuser aucune demande d’octroi pour des activités de toutes sortes et aucune demande d’aide financière pour des projets qu’il justifiait en les qualifiant de créateurs d’emplois et d’ajouts à la croissance (même si cela était souventes fois fortement discutable). L’argent n’était pas un problème…

Notre gouvernement a fait le contraire de ce que chacun d’entre-nous fait dans ses affaires personnelles ou dans ses entreprises. Si nous avons des problèmes financiers, nous nous assurons de vivre selon nos moyens. Au contraire, le gouvernement de Jean Charest a autorisé, entre autres, la réalisation d’innombrables bâtiments et d’infrastructures de toutes sortes, que ce soit dans le domaine public, sportif, culturel, social ou autre, dont il finance la très grande partie et qu’il aurait pu remettre, en partie, à plus tard. Une chose certaine, ce fut bon pour l’économie du moment mais pas pour celle de l’avenir, mais surtout bon pour le parti libéral qui s’est maintenu au pouvoir d’élection en élection. Où était, à ce moment-là, le courage politique de faire ce qui devait être fait pour assurer la bonne santé financière future de notre gouvernement québécois ?

J’ai toujours admiré la brillante et longue carrière politique de Jean Charest. Récemment ses nombreux voyages à l’étranger et l’audace inhabituelle et surprenante qu’il vient de démontrer en présentant ce budget injuste, qui fera si mal au Québécois moyen, me laissent croire qu’il s’en va. Je ne serais pas surpris de le voir bientôt quitter la politique. Il a donné ce qu’il avait à donner à sa province et a généralement bien fait. Relativement jeune, il a le droit de viser une brillante carrière d’avocat qui l’attend sûrement dans une des grandes études légales de Montréal où il gagnera très bien sa vie. Serait-ce cette possibilité qui explique son « courage politique » actuel, étant donné qu’il n’aura pas à faire face à nouveau à l’électorat?

Claude Dupras