jeudi 26 février 2009

Le pétrole sale

Le National Geographic magazine publie dans son édition de mars 2009 (à voir sans faute) un article de fond sur l’exploitation des sables bitumineux d’Athabasca, en Alberta, et le ravage qui en résulte pour l’environnement.

Cet article en fera sourciller plus d’un et j’en suis très heureux, car je combats cette exploitation houillère depuis plus de 10 ans. C’est une honte pour notre pays qui au nom de l’argent, et sans être prêt, a laissé entreprendre un projet si désastreux pour la nature sans avoir tenu compte de ses effets pervers sur le réchauffement climatique.

Ce territoire des sables avec ses 3,512 kilomètres carrés (plus de sept fois la superficie de l’île de Montréal) est immense et l’excavation à ciel ouvert allant jusqu’à 60 mètres de profondeur représente un volume inimaginable de terre. Et dire que cette terre ne contient que 10% à 15% de pétrole. Pour en obtenir un baril, il faut excaver et traiter par lavage à l’eau très chaude quatre tonnes de terre. Actuellement pour produire trois barils de nouveau pétrole, on doit brûler deux barils de pétrole existant dont tous les rejets de gaz à effet de serre vont directement dans l’atmosphère et les autres résidus polluent l’environnement et trouvent en partie leur chemin vers la grande rivière Athabaska et le lac du même nom. C’est pourquoi le nouveau pétrole est qualifié de pétrole sale. On estime la capacité totale de cette réserve à 173,000 millions de barils. C’est la plus grande au monde après celle de l’Arabie Saoudite et elle située dans la partie albertaine de la forêt boréale canadienne.

Les Albertains en ont bien profité. Leur gouvernement a éliminé totalement sa dette, diminué considérablement ses impôts, augmenté les services à la population et vu celle-ci augmenter considérablement. C’est comme un nouveau Klondike. Le PM canadien Stephen Harper qui est Albertain et qui a fait élire ses députés conservateurs dans tous les comtés de sa province, a encouragé cette exploitation du temps du pouvoir de son idole GWBush. Le Québec a aussi profité de l’augmentation de la richesse de l’Alberta car cela a fait croître les paiements de péréquation qu’il reçoit du Canada puisqu’il est qualifié de province canadienne pauvre.

Mais depuis un certain temps les choses ont changé. Le prix du baril de pétrole est passé de 147$ à 35$ et ce dernier prix rend non économique l’exploitation des sables bitumineux. Certaines compagnies pétrolières qui y travaillaient ont fait faillite. Des milliers de travailleurs ont été mis au chômage. La province d’Alberta vient d’annoncer un déficit pour la prochaine année supérieur à plus d’un milliard de $. De plus, le président Barack Obama a juré de combattre le réchauffement climatique, et lors de sa rencontre récente à Ottawa avec le PM Harper s’est entendu avec lui pour que l’exploitation future des sables bitumineux change et que les carbones soient enterrés afin que l’environnement soit protégé. À cette condition, les USA sont intéressés à acheter notre pétrole qui serait alors qualifié de propre.

Je ne suis pas contre l’exploitation des sables bitumineux qui feront de mon pays, le Canada, un des plus riches de la planète. J’ai toujours prétendu qu’il était prématuré d’en commencer l’extraction car nous n’avions pas de système de traitement capable de protéger l’environnement. Ainsi j’ai proposé, il y a longtemps, que l’on construise des centrales nucléaires pour réchauffer l’eau de lavage. Malheureusement, le prix du baril de pétrole a augmenté rapidement et on n’a pas voulu attendre. Ce fut une erreur puisqu’à ce jour un tort immense a été fait à l’environnement comme le démontre clairement l’article du National Geographic magazine. Mais il reste tellement à faire car le projet est incommensurablement gros. Il est temps d’agir de façon responsable. Nous nous devons de poser les actes nécessaires pour assurer la protection de notre environnement même si cela veut dire que nous ne pourrons profiter, à court terme, de l’exploitation des sables bitumineux. Par contre, nos actions profiteront aux générations futures qui, elles, deviendront riches. Il me semble que c’est un bel héritage à léguer à nos enfants.

J’ai été désappointé du commentaire du nouveau chef libéral Michael Ignatieff qui, suite à l’article du magazine, a affirmé n’avoir rien à apprendre du National Geographic magazine. Il a cherché, par ses paroles, à gagner la faveur des Albertains. Il rêve en couleur car il ne réussira pas à cause de l’omniprésence d’Harper dans cette province. En lieu et place, qu’il se tienne debout et s’oppose à la continuation du ravage que font les compagnies pétrolières dans l’Athabaska. Ignatieff se doit de penser à l’intérêt général du Canada et défendre un développement des sables bitumineux qui respecte dorénavant les objectifs du combat contre le réchauffement climatique et la protection de l’environnement.

Je suis fier du président Obama qui réclame dorénavant un pétrole propre. Alors qu’il dit vouloir s’occuper de rendre son charbon propre, c’est à notre PM Harper d’assurer que notre pétrole le soit aussi.

Claude Dupras

lundi 23 février 2009

La dominance asiatique est-elle à nos portes ?

Mon ami Mansour, berbère algérien, m’a envoyé une longue missive suite à mon blog sur « Wolfe vs Montcalm ». Il donne un point de vue important partagé par de plus en plus de monde. J’ai voulu en faire part à mes amis internautes. Le voici :

Mon cher ami Claude,

Non seulement tu suis tous les événements géopolitiques du jour, mais tu trouves le moment de nous donner des leçons d'histoire concernant le Canada d'une manière générale et du Québec en particulier.

La France de Louis XIV représentait plus de la moitié de la population de l'Europe et pourtant la petite île d'Angleterre a pu coloniser tout un continent grâce à ses hommes politiques de l'époque. Imagines un peu, si de Gaule avait été au pouvoir en France durant cette période plutôt qu'un roi pompeux qui ne s'intéressait qu'à sa cour et aux états européens du nord de la France, quel aurait été le sort de la culture française à travers tout le continent américain.

Ceci étant dit, il faut reconnaitre tout de même que l'Angleterre avait déjà un siècle d'avance sur le reste de l'Europe en rapport avec le pouvoir de la science et de la technologie aussi bien que l'importance du commerce mondial. Comme tu disais si bien, l'Angleterre avait gagné sa guerre contre la plus grande puissance mondiale de l'époque, la France, en construisant une puissance maritime jamais égalée dans le passé.

Nous voilà au début d'un nouveau millénaire et j'ai l'impression que nous commençons à revoir l'histoire se renouveler, mais cette fois-ci à l'échelle mondiale. Tout comme la France du 17ième et 18ième siècles qui se croyait omnipotente, le monde occidental d'aujourd'hui me semble continuer à croire que sa domination du monde est illimitée alors que deux nations géantes, la Chine et l'Inde construisent inlassablement leurs puissances économiques et militaires de demain. Et pourtant ce danger venant de l'Asie n'est pas inconnu du monde occidental.

Je me souviens de mon père, qui me disait, alors que je n'étais qu'un tout petit garçon, que le monde devrait un jour ou l'autre faire face a la menace asiatique à long terme. Et lui-même n'avait pas imaginé ce danger à long terme. Il se référait tout simplement aux écrits de penseurs arabes du passé qui affirmaient que le monde islamique devrait un jour ou l'autre faire face a l'émergence de l'Asie en général.

En fait, ces penseurs arabes avaient nommé ce fléau "koom jouj oua majouj". Grossièrement, cela se traduit en une invasion d'un peuple de fourmis. Ne trouves-tu pas cette description du monde asiatique assez perspicace. Voilà un continent qui a déjà plus de la moitié de la population mondiale et qui en plus se prépare à dominer le monde de la science et de la technologie de demain. Imagine le nombre d'ingénieurs, de mathématiciens et de scientifiques de tous genres que la Chine et l'Inde produit tous les jours, comparé à la faillite du système éducatif du monde occidental en général. Je n'ai pas les statistiques pour prouver mon point de vue mais je sais que la Chine, a elle seule, doit produire plus d'hommes de science que tout le reste de notre monde culturel. Et la domination de ces pays asiatiques n'a rien à voir avec le montant des ressources allouées à l'éducation. Les ressources investies aux USA, par exemple dans le système éducatif, sont astronomiques comparées a celles consenties par les pays asiatiques. Malgré cela, même aux USA, par exemple, on ne peut expliquer la différence énorme entre les résultats académiques des enfants asiatiques (japonais, vietnamiens, chinois) et les enfants d'origine européenne.

Est-ce que nous n'avons pas en fait affaire à un problème culturel qui dépasse les clivages politiques et les conditions économiques des différents segments de notre société américaine. J'ai toujours voulu croire que les mêmes conditions créaient les mêmes résultats, comme Lavoisier nous demandait de croire. Et pourtant, du moins pour le moment, dans le domaine de l'éducation, les enfants asiatiques réussissent beaucoup mieux que tous les autres enfants aux USA. Et ce qui renforce encore mon point de vue, c'est que dans ce dernier pays et dans tout le reste du monde occidental, les populations qui émigrent de l'Europe de l'est ou de l'Afrique réussissent encore moins bien que le reste de la société. Il faut croire que la différence dans la réussite académique entre les différents segments d'une société dépend particulièrement de la culture différentielle de chacun des segments de cette société hétérogène.

Salutations

Mansour


Est-ce que Mansour exagère? Pas en rapport, du moins, avec le Québec où le décrochage scolaire devient scandaleux et qu’une grande partie de ceux qui sont diplômés ne le sont que par la peau des dents. Par ailleurs, notre gouvernement a fait beaucoup pour nos universités. Par exemple, l’École Polytechnique de Montréal, que je connais bien, est devenue, grâce à ses anciens qui y ont vu, comme Bernard Lamarre, un leader dans le monde pour l’enseignement des sciences de l’ingénierie. Elle s’est donnée, durant les dernières années, tous les moyens matériels pour être à la fine pointe de l’éducation technique professionnelle et cela dans tous les domaines. Mais les jeunes de chez nous qui y accèdent ont-ils la préparation nécessaire pour leur permettre d’aller chercher le maximum qu’une telle école offre et devenir des supers ingénieurs ? J’en doute. Quant au nombre, toujours grandissant, d’asiatiques qui sont à Polytechnique, on me dit qu’ils réussissent fort bien.

Claude Dupras

mardi 17 février 2009

Wolfe vs Montcalm : les commentaires

Mon blog sur la bataille des plaines d’Abraham a été bien reçu et a généré de nombreux commentaires. Plusieurs internautes démontrent une profonde connaissance de l’histoire du Québec et j’ai pensé partager avec mes lecteurs leurs propos qui sont instructifs :

1. « … la liberté d'expression… n'existait pas sous le régime français. Et il n'y avait alors pas de système d'éducation digne du nom en dehors des communautés religieuses. 95 % de la population de Montréal aurait été analphabète en 1778 ! »

2. « … je n'ai pas la susceptibilité des Québécois nationalistes ! Les indépendantistes de la SSJB empoisonnent les esprits. Et ils font des accroires au peuple.
Ce n'est pas la défaite qu'il y a lieu de commémorer mais la bataille ! Un évènement incontournable. D'ailleurs, à Trois-Rivières on va tenter de reconstituer celle ayant opposé les Canadiens et les Anglais à l'armée continentale des colonies britanniques. Et les Allemands participent à la commémoration de la Première et de la Deuxième Guerre mondiale côte à côte avec les Français !

What's good for the goose is good for the gander !

Par ailleurs, je crois que les Anglais ont été les moins pires (pardonne l'expression) colonisateurs des siècles passés. Je sais, nous devons être 4½ à partager cet avis au Québec français !

Mais, pas de liberté d'expression sous le régime français. Pas de droit d'association et de représentation. Pas d'élections. Pas de journaux. Pas d'habeas Corpus ! Mais des lettres de cachet !

Et souvenons-nous que l'Angleterre a pendu plus d'Anglais au Haut-Canada que de Canadiens ici au lendemain de 1837-1838 ! Pour beaucoup moins de grabuge là-bas.

Nous avons surtout souffert de notre indifférence envers l'éducation, indifférence tolérée par l'Église au nom de la protection de la foi ! En 1901, l'évêque de Montréal interdit à la ville d'accepter l'offre de 150 000 (?) $ de Carnegie pour une bibliothèque municipale. Plutôt ignorants que protestants ! »

3. « S'agissant de la bataille des Plaines d'Abraham, il faudrait aussi parler de celle trop souvent ignorée de Sainte-Foy, l'année suivante, gagnée par les Français, les Canadiens et leurs alliés Amérindiens. Les Anglais y auraient subi des pertes plus importantes qu'en 1759.

N'ignorons pas comme, on l'a fait trop souvent dans le passé, le coût financier absolument astronomique de la Conquête pour l'Angleterre : au lendemain de la guerre, sa dette atteignait £135 M alors que ses revenus annuels n'avaient encore jamais dépassé £ 15,5 M ! … Tout ça pour se faire dire par ses colonies américaines : « nous ne paierons pas notre part !

Ton texte est excellent et je partage ton point de vue. S'agissant des causes, j'ajouterais l'imbécilité royale qu'a constitué la révocation de l'édit de Nantes. Il en est résulté l'interdiction aux Huguenots d'immigrer ici. Comme ils étaient les Français les plus entreprenants de leur époque .............. L'alliance franco-amérindienne par contre fut un coup génial.

Dans les circonstances, je suis aussi convaincu, comme toi, et ce depuis longtemps, que la Conquête était inévitable »

4. « … si l'histoire nous avait été et était contée de la manière que vous venez de l'écrire et de la décrire, alors, oui, nous, Québécois, de souche ou non, serions bien mieux informés et mieux en mesure de peser le pour ou le contre, lorsque surviennent des prises de position, comme celle qui nous préoccupe dans le moment! Pour ma part, je vous remercie d'avoir pris la peine de décrire la vraie bataille, car c'est la première fois, que je comprends, vraiment, ce qui s'est passé, lors de ce jour fatidique du 13 septembre, qui allait, malheureusement, changer notre monde, pour toujours, et pas pour un avenir meilleur! Sachez …mon indignation et ma colère, en ce qui a trait, à cette reconstitution de la bataille des Plaines D'Abraham, qui me frustre et me blesse énormément, car étant souverainiste, je réalise encore plus, que je n'aurai jamais...mon pays!!! »



En terminant, voici une illustration additionnelle qui démontre bien que c’est la négligence et le manque de vision de la France qui expliquent la perte de son territoire de l’Amérique du Nord, de Gaspé jusqu’à l’embouchure du Mississipi. Les chercheurs de l’U de M écrivent : « À l'intendant Talon qui lui demandait de prendre les moyens pour former au Canada "un grand et puissant Estat", ce qui impliquait l'envoi massif d'immigrants, Colbert répondit, dans une phrase qui allait marquer l'avenir du pays "Il ne serait pas de la prudence [du Roy] de dépeupler son Royaume comme il faudrait faire pour peupler le Canada...". Pourtant, même en décuplant les départs, les effets de l'émigration sur le pays le plus peuplé d'Europe seraient demeurés imperceptibles et le destin de l'Amérique du Nord en aurait probablement été changé... »

Si la France avait peuplé, depuis les tout débuts, son territoire par des centaines de milliers de Français, ce serait aujourd’hui peut être la langue française qui serait la langue mondiale. La bataille des plaines d’Abraham, c’est bien petit par rapport au réel enjeu qui s’est joué en Amérique du Nord du temps des colonies et qui a basculé en faveur de la langue anglaise à cause de la forte immigration britannique et de la puissance qui en a découlé pour l’Angleterre.

Claude Dupras

samedi 14 février 2009

Wolfe vs Montcalm

Cette année est le 250ième anniversaire de la bataille des plaines d’Abraham. Ce site est le plus historique du Canada et de l’Amérique du Nord et d’une grande partie du monde.

C’est le 13 septembre 1759, alors que l’Empire anglais domine l’empire français dans sa quête pour la suprématie mondiale, qu’il décide de tenter, pour une quatrième fois, le siège de Québec où se trouve le gouvernement de la Nouvelle-France qui a 225 ans d’existence. Déjà, cette dernière a perdu de grands morceaux de son territoire aux dépens de l’Angleterre, soient : les Grands Lacs, la vallée du Richelieu, celle du lac Champlain, l’Acadie continentale et le territoire de la Baie d’Hudson.

Ces gains sont la conséquence de la guerre en Europe et dans le monde qui perdure entre l’Angleterre et la France qui se battent pour des monopoles très lucratifs : le sucre des Antilles, les esclaves d’Afrique, les soieries et les épices des Indes, les fourrures de la Nouvelle France et le poisson d’Amérique. Les hostilités évoluent en une série de guerres mondiales, chacune des deux puissances européennes s’efforçant d’agrandir son empire aux dépens de l’autre. Ce sont des guerres navales dont l’issue est scellée par la puissance des marines nationales. C’est là, la force de l’Angleterre.

En 1759, les Anglais avec leurs navires et 22,000 hommes sont devant Québec depuis 2 mois à chercher un point d’accostage. C’est le général James Wolfe qui les dirige. Le Marquis de Montcalm est le chef de l’armée française et il n’a pas les forces navales capables de vaincre la flotte anglaise. Mais Québec et les environs sont fortifiés et difficiles d’accès et il a 13,000 soldats pour la protéger.

Finalement, Wolfe trouve un passage à l’anse au Foulon où la falaise a 53 mètres d’hauteur. Montcalm ne l’attend pas à cet endroit. Les soldats anglais débarquent et montent vers la plaine où Wolfe en rassemble 5,100. Montcalm a le choix de les attaquer ou de rester dans la ville fortifiée à attendre un moment plus propice. Il décide l’assaut avec la moitié de son armée. Dès la première charge, Wolfe est tué. Les soldats anglais, bien expérimentés et disciplinés, attaquent sans merci et Montcalm ordonne la retraite vers la ville. Il est alors mortellement blessé et décède le lendemain. Cinq jours plus tard, Québec capitule. L’année suivante, c’est Montréal qui tombe.

L’immense territoire de la Nouvelle France devient alors sous contrôle britannique. Ce fut le point tournant de l’Amérique que l’on connaît aujourd’hui. Alors qu’une très grande partie de l’Amérique aurait pu être française, elle sera anglaise. Les conquérants d’alors imposèrent leur administration, leurs marchands, leur culture, leur langue et leur loi. Les bourgeois français quittèrent avec leurs valeurs pour la France et laissèrent un groupe de 60,000 français pauvres et sans trop d’instruction, qui ne pouvaient aller nulle part, sous la domination anglaise.

Le blâme de cette débâcle revient à mon avis à la France et à ses rois, surtout Louis XIV, qui entreprirent beaucoup de guerres et négligèrent la Nouvelle-France en n’assurant pas l’accroissement de sa population et sa défense. Les chercheurs de l’Université de Montréal confirment ce fait : « L'immigration de l'Ancienne à la Nouvelle-France n'est pas reconnue pour avoir fourni, sous l'Ancien Régime, un grand nombre d'émigrants à ses colonies d'outre-Atlantique. Ainsi, à peine 15 000 Français et Françaises ont fait voile en direction du Canada au XVIIe siècle, et les deux tiers d'entre eux n'ont fait qu'un séjour temporaire dans la colonie avant de retourner définitivement en France ou de mourir au Canada à l'état de célibataire. C'est très peu. Avec une population dépassant à peine le tiers de celle de la France, les îles britanniques auraient envoyé au Nouveau Monde près de 380 000 immigrants durant la même période ». Voilà pourquoi le territoire de la Nouvelle France a été finalement conquis par l’Angleterre. Si ce n’avait pas été en 1759, ce serait arrivé une autre année de toute façon.

Pour marquer cette date historique, le gouvernement canadien veut reconstituer la bataille des Plaine d’Abraham. Il ne semble pas comprendre la sensibilité des Québécois francophones en rapport avec ce jour fatidique de leur histoire. Il tourne le fer dans la plaie en voulant rejouer la confrontation qui a forcé leurs ancêtres à batailler constamment pour survivre et maintenir leur religion, leur culture et leur langue contre des conquérants qui cherchaient à les assimiler. Ce n’est pas seulement la défaite de Montcalm qui a blessé les Québécois mais aussi et surtout le traitement que l’empire anglais leur a fait subir par la suite. Je ne comprends pas pourquoi le gouvernement du Canada ne sait pas cela. Le PM Harper blâme les séparatistes pour l’opposition qui s’élève contre la reprise de la bataille. Il ne saisit pas que ce sont les Québécois de toute tendance qui s’opposent à cette idée. Il n’est vraiment pas connecté sur le Québec.

J’apprends en écrivant ces lignes que la rumeur publique veut que le projet soit annulé. Si c’est vrai, bravo ! Mais je vais le croire lorsque le PM le confirmera. Cependant, le jour est historique et il serait utile d’organiser un grand forum public sur cet évènement afin que tous ses éléments soient bien connus et permettent à notre jeunesse d’apprendre la vraie histoire de leur pays.

Claude Dupras

jeudi 12 février 2009

Khadr, pourquoi Harper est-il si dur ?

Omar Khadr a 21 ans. Il est Canadien. Il est enfermé dans la prison infâme de Guantanamo depuis 6 ans. Il avait 15 ans et était un enfant-soldat lorsqu’il fut capturé dans un village en Afghanistan. Il est accusé d’avoir tué un soldat américain avec une grenade. Il a été torturé. Il nie et affirme ne s’être trouvé qu’au mauvais endroit au mauvais moment. Il n’a pas encore eu son procès qui sera militaire. Son père, décédé, était supposément un partisan de Ben-Laden. C’est Omar qui paye pour lui.

Plusieurs groupes aux Canada réclament son rapatriement et son procès chez nous, selon nos lois. Les trois partis d’opposition à la Chambre des Communes, qui représentent la majorité des députés, sont unanimes et demandent son retour. Le PM Stephen Harper fait la sourde oreille.

Le président américain Barack Obama viendra jeudi prochain à Ottawa faire sa première visite en sol étranger. Il rencontrera notre PM à son bureau. Il est l’antithèse d’Harper. Obama était contre la guerre en Irak, il veut combattre le réchauffement climatique, il va fermer Guantanamo, il veut de bonnes relations avec tous les pays du monde dont ceux du Moyen-Orient, il est d’avant-garde, il veut aider les plus pauvres, il a beaucoup d’idées et il est de centre-gauche. L’insensible Harper a démontré qu’il est loin d’être un tel chef visionnaire.

Harper et Obama parleront des grands problèmes qui nous confrontent : la crise économique et ses conséquences, l’Afghanistan et sa guerre, notre pétrole et son développement, nos frontières et la facilité de passage, le protectionnisme américain et nos entreprises, le changement climatique et l’avenir du monde, etc… Il y en a pour quelques jours de discussion, Obama ne restera que quelques heures. Alors Kahdr sera pour une autre fois.

Mais Harper n’a pas à attendre que la politique américaine en rapport avec Guantanamo s’officialise. Obama a clairement décidé que la prison immonde fermerait et demandé aux pays occidentaux, touchés par le terrorisme, d’accueillir certains de ces prisonniers dans leurs prisons. Le Canada est prié de faire sa part. Le temps est donc venu d’agir.

Omar Kahdr est le seul Canadien emprisonné. C’est évident qu’il devra être le premier à être relogé dans une de nos prisons. Alors pourquoi attendre une journée de plus ? Le plus vite il nous arrive, le plus vite son procès pourra commencer et le plus vite justice sera faite. Harper n’a pas à avoir peur : GWBush n’est plus au pouvoir ! Il peut faire la demande à Obama aujourd’hui même sans crainte d’être réprimandé par son idole ou les conservateurs américains.

Sur ce sujet comme pour tant d’autres, Harper attend et ses décisions l’avilissent, le déshonorent et son image politicienne s’enlaidit. Il est à 16% dans l’opinion publique québécoise, le plus bas score de tout chef conservateur au pouvoir. Et il descend toujours. J’ai déjà prédit qu’il ne dirigerait jamais un gouvernement canadien majoritaire car il ne pourra pas gagner un minimum de 20-25 sièges au Québec. J’ajoute qu’il ne sera pas longtemps chef du Parti Conservateur du Canada s’il continue au même rythme.

L’affaire Khadr est un autre dossier où Harper va à contre-courant. Il semble, encore une fois, penser que lui seul a le pas. Ne peut-il pas imaginer son fils à 15 ans pris dans une telle prison de tortionnaires ? Connaît-il un seul père qui ne serait pas révolté dans une telle situation ?

Il est vraiment un conservateur dur à l’américaine.

Come on Stephen, WAKE UP !

Claude Dupras

mardi 10 février 2009

« Les Canadiens » à l’école

Le gouvernement du Québec a accordé deux octrois de 125,000$ chacun à l’équipe d’hockey sur glace « Les Canadiens de Montréal » pour la préparation de documentation scolaire sur l’équipe devant être enseignée dans les classes élémentaires de nos écoles.

J’ai été surpris de cette initiative. Il me semble que c’est de la publicité sournoise par une équipe de sport professionnelle, qui n’existe que pour faire de l’argent, afin de rejoindre une clientèle future. Cela est indéfendable et scandaleux d'autant plus que c’est financé par le gouvernement du Québec.

Notre gouvernement a vraiment trop d’argent, s’il est prêt à dédier de tels montants à une équipe qui fait des millions de $ de profit par année et qui appartient en plus à un Américain. Elle est la troisième plus riche équipe de la ligue Nationale. Il existe tellement de besoins au Québec qui sont négligés par l’État que c’est une insulte, presqu’un scandale, que l’on voue de l’argent de nos taxes pour faire la publicité des Canadiens. D’autant plus que « les Canadiens » est le seul club professionnel de hockey sur glace au Québec.

J’aime les Canadiens depuis ma tendre jeunesse. Ils ont toujours fait partie de ma vie. Cet engagement a été ancré chez moi par les performances spectaculaires et uniques, entre autres, de Maurice Richard, Bill Durnan, Doug Harvey, Jean Béliveau et Boom Boom Geoffrion. Comme pour un très grand nombre de mes contemporains, je n’ai pas eu besoin de l’école pour m’enseigner tout ce que je sais sur « les Canadiens ». Pour mon grand-père et mon père, ce fut celles d’Aurèle Joliat et d’Howie Morenz qui en ont fait des amateurs du club et mes descendants ont développés le même attachement à cause de celles de Guy Lafleur, Patrick Roy, Serge Savard et tant d’autres.

Pour marquer le centenaire du club, je viens de publier sur mon site internet la reproduction intégrale du livre de l’ancien journaliste sportif Charles Mayer sur les premières quarante années du club. C’est un document qui relate la création du club, son développement, ses difficultés et ses succès. Mais c’est surtout, et cela est important, une démonstration que c’est le Canada qui a été le créateur du jeu d’hockey sur glace. Pas les autres pays nordiques, mais le Canada. On retrouve dans le livre l’évolution du jeu depuis ses tous débuts, les nombreux changements aux règlements imaginés par les Canadiens de plusieurs générations, qui ont fait que le hockey sur glace d’aujourd’hui soit devenu un jeu international.

Les représentants du club défendent la décision du gouvernement de financer cette opération publicitaire du Canadien en affirmant « que le club ne vend pas de produits » et que l’opération ne leur rapporte rien malgré qu’ils y aient investi des sommes appréciables. Ce n’est pas sérieux, et difficile à croire, quand on sait que tous les jeunes, et même plusieurs adultes, jeunes et plus âgés (comme le soussigné), achètent, entre autres, des tuques aux couleurs tricolores pour $35 ou des chandails aux couleurs du club à plus de $100, alors qu’ils valent en réalité le dixième de cette valeur.

Les documents préparés par « Les Canadiens » n’ont rien d’un matériel supposément pédagogique. C’est une ingérence injustifiable dans le programme scolaire. Alors que les écoles manquent d’argent, on offre de la publicité déguisée en documents scolaires pour combler les vrais besoins de nos écoles. Le privé et ses intérêts n’ont pas leur place dans nos écoles comme le dit la loi québécoise qui interdit « toute forme de publicité destinée aux enfants de moins de 13 ans ».

Où est le PM Jean Charest pour mettre à l’ordre sa ministre qui non seulement a accepté de financer cette opération mais qui continue à en faire la publicité sur la place publique. Il est temps qu’il arrête cette méprisable politique car bientôt les autres clubs professionnels comme « l’Impact » au soccer ou « les Alouettes » au football voudront faire de même et obtenir des octrois similaires.

Claude Dupras

vendredi 6 février 2009

Slumdog Millionnaire

Hier, j’ai vu le film “Slumdog Millionnaire”.

Fameux, merveilleux, inoubliable ! À revoir plus d’une fois. Un grand film à ne pas manquer qui fera sûrement des vagues lors de la présentation des Oscars.

C’est l’adaptation britannique d’un roman de Vikas Swarup « Les fabuleuses aventures d'un Indien malchanceux qui devient milliardaire ». Je ne connais pas l’œuvre originale mais j’ai le sentiment que le producteur Danny Boy a su en préserver l’esprit. On peut dire que le thème est : l’argent, l’argent, l’argent et ce qui en découle…

C’est l’histoire d’un jeune Indien Jamal Malik, 18 ans, orphelin des bidonvilles de Mumbai (jadis Bombay) qui est devenu une vedette de la télévision dans son pays puisqu’il est sur le point de gagner le gros lot de 20 millions de rupies à l’émission, version indienne, de "Who wants to be a millionnaire".

Lorsque l’émission approche de sa fin et doit être suspendue et remise au lendemain pour la question finale, la police intervient pour arrêter Jamal car elle le soupçonne de tricherie. Les policiers ne peuvent comprendre comment celui qui a été un gamin des rues de Mumbai puisse connaître toutes les réponses aux questions. Jamal est désespéré, il décrit sa vie avec son frère et antagoniste, où ils ont grandi, leurs aventures sur la route, leurs rencontres avec de chefs de gangs vicieux, leurs luttes pour survivre... Il parle de son amie Latika, une petite fille de rues comme lui, qu’il a perdue de vue.

Chaque chapitre de son histoire correspond à une des réponses aux questions de l’émission de télévision. Le soir de la dernière, plus de 60 millions de spectateurs suivent anxieusement l’émission. Ce qui est surprenant, c’est qu’on arrive à se demander si Jamal veut vraiment gagner.

Cette histoire se situe dans l’Inde d’aujourd’hui mais on sera surpris des images de ce pays immense si différent des nôtres et toujours comme il était dans le passé. Les castes, les coutumes, la vie de tous les jours, les couleurs, les foules, la misère, sont si bien montrés que ce film en plus d’avoir un récit captivant est un documentaire fort coloré de fresques humaines spectaculaires peignant la vie de tous les jours d’une société comprenant des millions d’Indous.

Je recommande à mes lecteurs de ne pas manquer ce film hors de l’ordinaire.

Claude Dupras

jeudi 5 février 2009

Sarkozy et le Québec : Bien faire et laisser braire

Jean Charest, le PM du Québec, vient de recevoir la décoration de commandeur de la Légion d’Honneur française. C’est le président Nicolas Sarkozy qui a décidé de lui accorder ce grand honneur. On se rappellera que l’ex-PM québécois Lucien Bouchard avait reçu la même décoration des mains de Jacques Chirac. L’honneur fait à Charest est mérité et rejaillit sur tous les Québécois.

Jusque-là tout allait bien. Mais le président Sarkozy aime parler et prêcher. Il n’a pu se retenir et a fait un discours sur la politique canadienne et québécoise. Il a fait, sans les mentionner, le procès des souverainistes-séparatistes du Québec et a laissé entendre qu’il les classait dans la même catégorie que des mouvements séparatistes du monde qui utilisent la peur, la division et la violence pour atteindre leur but.

Avec l’expérience que nous avons vécue au Québec suite aux deux référendums sur l’indépendance, on peut affirmer, hautement et clairement, que les indépendantistes québécois n’utilisent pas ces méthodes pour atteindre leur objectif. Au contraire, ils sont de vrais démocrates et c’est par des arguments sérieux qu’ils ont voulu persuader leurs compatriotes du bien-fondé de leur option politique. De plus, ils ont démontré leur sens démocratique en acceptant, sans mot dire, le vote majoritaire des deux référendums. Au deuxième, il fut particulièrement difficile pour eux de se soumettre puisqu’ils l’ont perdu par moins de 70,000 votes obtenant 49,5% des votes. On ne peut que reconnaître le respect de la démocratie des séparatistes québécois. Il les honore.

Lorsque Sarkozy les attaque indirectement, il ne dépeint pas la réalité.

Je regrette ces sorties du président français sur le Québec et le Canada. Même si je le respecte beaucoup et admire son travail en France et sur la scène mondiale, je reconnais qu’il erre lorsqu’il traite de la situation politique chez nous.

Autant je n’ai pas aimé le président Charles De Gaule, venu au Québec se mêler d’affaires qui ne le regardait pas en clamant « Vive le Québec libre », autant je regrette la déclaration du président Sarkozy qui a défendu le fédéralisme chez nous à partir de son palais de l’Élysée.

Je suis fédéraliste et j’ai oeuvré ardemment dans les deux référendums pour le NON, mais je suis avant tout un Québécois et un Canadien et je défendrai toujours le principe que les Québécois et les Canadiens des autres provinces ont le droit de décider de leur sort dans le calme et la sérénité sans l’intervention de forces extérieures. Nous sommes un peuple fier, démocrate et intelligent. Nous connaissons bien l’histoire passée de notre coin du monde et la situation politique actuelle. Nous avons une vision réaliste du potentiel de notre avenir et c’est à nous de décider ce qu’il sera.

Les péquistes, avec l’ex-ministre Louise Beaudoin et les bloquistes, avec leur chef fédéral Gilles Duceppe en tête, se sont révoltés publiquement contre les déclarations de Sarkozy. Pourtant ce sont les mêmes individus qui, avec leurs prédécesseurs, applaudissaient le général de Gaulle lors de sa déclaration à l’hôtel de ville de Montréal en 1967 et les premiers ministres et ministres français tels, Pierre Messner, Michel Rocard, Philippe Séguin et Ségolène Royal qui, lors de passage au Québec, tenaient des propos similaires à ceux de Sarkozy mais favorables à la cause séparatiste. Ces personnages politiques, malgré la consigne de leur gouvernement de « ni indifférence, ni ingérence… », trouvaient toujours moyen de signifier leur sympathie à l’indépendance du Québec en jouant avec les mots pour « bipasser » la consigne de leur pays.

Quand les remarques extérieures favorisent leur option, pas de problème, mais si elles sont contre, eh bien là, alors, c’est un scandale. On peut être pour ou contre l’ingérence d’étrangers dans nos affaires mais on ne pas être pour quand ça aide la cause, ou contre si cela nuit à la cause. Cela ne fait ni sérieux ni honnête.

De même, les insultes et l’agressivité envers le président français sont inutiles et désobligeantes. Le traiter d’« ignorant », de « pas de classe », d’« indigne » et d’autres insinuations malveillantes, c’est s’abaisser et prolonger inutilement le débat. Aussi, les attaques contre Paul Desmarais, comme quoi Sarkozy ne fait que répéter ce qu’il lui souffle à l’oreille, sont de la pure invention et dénigrent le plus grand homme d’affaires francophone que notre pays ait produit. Nous devrions tous être très fiers de ses succès. J’aimerais bien qu’il y en ait des centaines comme lui.

Ceux qui attaquent Sarkozy sont les mêmes qui ont interféré dans la dernière élection présidentielle en France en prenant ouvertement parti pour Ségolène Royal. On voit bien, aujourd’hui, combien ils se sont trompés puisque même son parti, le parti socialiste, la rejette. Si elle avait été présidente, on peut s’imaginer ce qui serait advenu pour remplacer toutes les actions vigoureuses, intelligentes, réalistes, innovatrices et spectaculaires de Sarkozy, en France, en Europe et dans le monde.

La meilleure position dans un tel cas est de réaffirmer que ce sont les Québécois seuls qui décideront de leur avenir et concernant les personnages de l’extérieur qui prennent positions sur le sujet, il faut simplement continuer à bien faire et à les laisser braire.

Claude Dupras

mardi 3 février 2009

Vous voulez des députés, faites des bébés !

C’est le propos lancé par un député conservateur québécois, qui est le porte-parole officiel du Parti Conservateur du Canada à la société Radio-Canada. C’était son commentaire face aux craintes exprimées par les milieux québécois en rapport avec l’ajout de députés à la Chambre des Communes canadienne.

Le lieutenant du Québec du PM Harper, chef du parti Conservateur du Canada, le député Christian Paradis, a ajouté que l’essentiel de la révision de la représentation au parlement est protégé pour le Québec puisque la province aura le même nombre de députés après la révision, soit 75.

La population du Canada change et croît. Sa croissance n’est pas uniforme à travers le pays mais dépend du choix de l’endroit que choisissent les Néo-Canadiens pour vivre. Il y a aussi un bon nombre de Canadiens qui déménagent dans une autre province en vue d’améliorer leur sort. Ainsi quelques provinces, dont l’Ontario, l’Alberta et la Colombie Britannique ont connu, durant les dernières années, un boom de nouveaux venus qui a fait en sorte que la représentation à la Chambre n’est plus proportionnelle à la population de chaque province.

La loi constitutionnelle canadienne de 1867 écrit par les Pères de la Confédération proposait une représentation égale à la Chambre des communes, tout en garantissant que chaque province ait son mot à dire dans les affaires courantes du nouveau pays. Depuis, pour assurer cet objectif, le Québec et les petites provinces ont vu leur pourcentage de députés devenir plus élevé que la moyenne. C’est une représentation équitable plutôt que proportionnelle.

Aujourd’hui, nous sommes devant le projet de loi C-56 présenté par les conservateurs au parlement qui vise à rétablir la représentation proportionnelle suivant la population pour l’Ontario, la Colombie-Britannique et l’Alberta à la Chambre des communes, tout en protégeant le nombre de sièges des provinces plus petites.

Le Québec maintiendrait le même nombre de députés. L’Ontario aurait 21 députés de plus, l’Alberta cinq additionnels et la Colombie-Britannique gagnerait sept députés. Le nombre total de députés passerait de 308 à 341. Le pourcentage du nombre de députés Québécois qui est de 24.3% diminuerait à 21,9%. Le poids politique du Québec à la Chambre des Communes s’amenuiserait donc. Depuis le début de la Confédération, il diminue graduellement. Et dire qu’il a déjà été plus de 50%.

Le PM du Québec, Jean Charest s’oppose à ce changement et de partout au Québec on ressent une inquiétude grandissante. Les députés fédéraux du Bloc Québécois s’opposent évidemment. De toute façon, ils refusent de reconnaître que nous vivons dans une fédération et sont contre tout et rien, si ça touche le Québec, puisqu’ils sont séparatistes, comme disait leur chef-fondateur Lucien Bouchard. C’est pourquoi leur opposition au bill C-56 n’a pas l’effet que la cause mérite.

La représentation équitable est le meilleur moyen de veiller à ce que soient soutenues les opinions de toute la population canadienne. Pour le Québec, c’est doublement important puisqu’il est le foyer de la culture française au Canada et doit pouvoir maintenir une force au niveau fédéral pour être en mesure d’assurer l’épanouissement de la langue et de la culture française partout au pays.

Les accords de Charlottetown de 1980, acceptés par tous les premiers ministres Canadiens et leurs assemblées législatives, prévoyaient :

« Le remaniement fondé sur le recensement de 1996 et tous ceux qui suivront devraient être régis par les dispositions constitutionnelles suivantes :
a) le Québec aura la garantie de ne pas avoir moins de 25 p. 100 des sièges à la Chambre des communes
»

Malheureusement, le référendum tenu sur ce changement constitutionnel fut défait par une majorité de Canadiens. Parmi ces derniers, l’on retrouve les anciens réformistes dont le PM d’aujourd’hui Stephen Harper et les souverainistes-séparatistes dont les leaders actuels du Parti Québécois et du Bloc Québécois.

À 25%, le passé nous indique qu’aucun parti national ne peut obtenir une majorité parlementaire s’il ne peut gagner un minimum de 20 à 25 des sièges du Québec. La dernière élection fédérale démontre bien qu’avec 33 députés additionnels (hors Québec), le PM Harper aurait obtenu sa majorité. Avec ce que l’on sait maintenant, on peut s’imaginer combien le Québec serait devenu une province comme les autres, sous la botte d’Harper et on comprend mieux pourquoi il pousse pour que la loi change.

À 25%, le poids politique du Québec compte et l’assure du pouvoir nécessaire pour se protéger. Comme le nombre de sièges des petites provinces est protégé par la Constitution, il est impératif que le poids politique du Québec le soit aussi.

Harper défend la représentation égale des citoyens au parlement. C’est un principe qui, à première vue, a l’air raisonnable. Mais dans un système électoral britannique, l’est-il ? La réponse se trouve dans les résultats de la dernière élection générale canadienne où le PC n’a obtenu que 36,7% des votes et qu’une minorité des députés. Pourtant, il est le gouvernement et engage tous les Canadiens avec ses politiques alors que la majorité des députés est dans l’opposition. Si nous avions un gouvernement proportionnel, ce serait différent. Je ne dis pas que ce serait plus efficace, mais principe pour principe, ce serait plus représentatif.

Par leurs propos insignifiants, les députés québécois du parti conservateur du Canada ont démontré qu’ils ne sont pas à la hauteur de leur responsabilité comme représentants du Québec. Ils ne sont que les perroquets des visées politiques de leur chef.

Claude Dupras