mercredi 30 novembre 2011

Bye, Bye… Jean Charest, Pauline Marois !

Rien ne va plus pour les principaux leaders politiques au Québec. Le dernier sondage confirme les précédents et indique que le nouveau parti « Coalition pour l’Avenir du Québec (CAQ) », qui n’existe que depuis quelques jours, remportera la prochaine élection et deviendra le prochain gouvernement. Il démontre aussi que les chefs actuels du Parti Libéral, du Parti Québécois (PQ) et de l’Action Démocratique ne sont plus dans la mire des Québécois. C’est de la folie furieuse !

Nous sommes devant un nouveau coup à la Jack Layton ! Ce socialiste, sensible et humain, avait compris le ras-le-bol des Québécois face à la politique fédérale et avait su, par sa chaude personnalité et son charisme, attirer vers lui : conservateurs, indépendantistes, centristes et même ultras de gauche ou de droite. Ce n’était plus la couleur politique qui comptait mais l’échappatoire parfait qu’offrait Jack-le-confortable. Avec lui, on se sentait bien. Avec les autres, les atomes n’étaient plus crochus.

Le sondage de cette semaine indique que le parti libéral n’a pas repris du poil de la bête suite à la mise sur pied de la commission d’enquête sur la construction. Le PQ a vu son déclin s’accentuer. L’ADQ est près de la disparition. Dans le passé, la baisse de l’un résultait dans la remontée de l’autre. Ce n’est plus le cas. L’importante partie des électeurs sans affiliation politique, celle qui fait la différence à chaque élection, ne veut ni de Jean Charest ni de Pauline Marois. C’est clair, c’est net, c’est simple. Ce dernier sondage est devenu un avertissement sévère et sérieux aux membres de leur parti : vous voulez exercer le pouvoir, changez de chef ! Ce dernier sondage est, pour plusieurs, le verdict final. « Que voulez-vous ! », dirait Jean Chrétien en levant les deux bras.

Il y a quelques mois, je pensais que Jean Charest se sortirait des méandres dans lequel il s’enlisait. Bon politicien, animal politique rare, ses nombreuses victoires électorales et politiques en témoignaient. Il aura été un des bons premiers ministres du Québec. Je sais que plusieurs sursauteront à lire ces lignes, mais on a qu’à évaluer son bilan pour être impressionné par son apport à la politique québécoise et canadienne. Malheureusement, il a fait une grave erreur lorsqu’il a mis sur pied la commission d’enquête. Ce qu’il a proposé, dans un premier temps n’était en fait qu’un colloque ou un genre de symposium sur les problèmes de la construction. Des commissaires sans pouvoir, des témoins sans obligation de témoigner et des sanctions inexistantes. Charest l’a justifiée par un argument : « une véritable commission d'enquête publique contaminerait inévitablement la preuve recueillie par les policiers » sans pouvoir donner un exemple concret. Cette affirmation ne tenait pas la route et a été vite contredite par les meilleurs avocats du Québec en la matière. Il a donné l’impression de vouloir protéger son parti, alors que ce n’était plus une question de « rouge » ou de « bleu » ni de « fédéraliste » ou de « séparatiste ». Il s’agissait de l’intérêt supérieur de la nation. La corruption ne doit pas devenir chez nous, comme dans plusieurs pays du monde, une affaire naturelle.

Pauline Marois a connu une très belle carrière politique et devrait être respectée. Mais, malgré qu’elle ait obtenu, il y a quelques mois, un vote de confiance de 93% au dernier congrès de son parti, 40% des péquistes affirment, aujourd’hui, qu’ils ne voteront pas pour le parti si elle demeure chef. C’est à se demander ce que vaut la démocratie de parti ! Le malheur de Pauline, c’est qu’elle ne passe pas la rampe. Il est clair qu’elle ne mérite pas le sort qui devient le sien. Malheureusement, si elle pense à l’intérêt de son parti, à celui de la cause souverainiste et à celui du Québec, elle ne peut prendre qu’une décision.

La politique est-elle devenue pour les chefs de parti un enfer d’insultes et d’affirmations grotesques et irresponsables? Ceux-ci ne méritent pas de telles attaques. Ils sont sans cesse la cible de sarcasmes et de critiques sévères trop souvent injustifiées. En fait, ils deviennent les victimes du haut niveau de la partisannerie politique québécoise qui est devenue d’une bassesse et d'une immoralité ignobles et qui embrase notre atmosphère politique.

J’ai beaucoup de respect pour les femmes et les hommes qui s’engagent en politique, quelque soit leur parti ou leurs opinions sur la question nationale. Ils ont de grandes responsabilités. C’est un travail difficile, à plein temps. Leur vie personnelle en souffre, leur famille aussi. Ceux qui siègent à Québec sont au front pour la défense de nos droits, de notre langue et de notre culture tout en assurant que notre qualité de vie progresse et demeure au diapason international. Ceux qui sont à Ottawa doivent bien diriger notre pays et veiller particulièrement aux intérêts des francophones. L’histoire du Québec et du Canada nous démontre largement combien les élus québécois ont assuré la survie de notre peuple et son épanouissement. Nous nous devons de les tenir en estime. Cependant, il faut aussi qu’ils se respectent mutuellement. Leurs joutes oratoires des dernières années ont créé un climat malsain qui s’est retourné contre l’ensemble de la députation. Tant que les débats déborderont d’attaques personnelles et d’insinuations mensongères, avec les medias qui les répètent en boucle 24h/24 et 7j/7, nos politiciens ne seront pas respectés et ne cesseront d’être raillés de façon insultante.

Voilà pourquoi les Québécoises et les Québécois en ont le ras-le-bol. Ils veulent tout changer, tout foutre en l’air, tout recommencer. Ils sont las de ce qu’ils lisent, « tannés » de ce qu’ils entendent. Ils ne savent plus qui croire. Jean Charest et le parti libéral sont foutus. C’est la raison pour laquelle Jean Charest doit partir. Le Parti Québécois est dans le même pétrin avec Pauline Marois. Elle doit partir.

La prochaine élection se tiendra probablement en automne prochain, ou avant. Les partis traditionnels devraient s’y préparer dès maintenant car la compétition sera forte puisque le peuple en a « plein le casque » et que François Legault, le chef de « CAQ », a le vent dans les voiles.

Alors péquistes et libéraux à l’œuvre. Changez de chef. Réorientez vos équipes. Recrutez de bons candidats. Revoyez votre programme politique. Cherchez à démontrer que vous comprenez sincèrement les réactions de la population. Nous avons besoin d’un appel d’air neuf. Nous avons besoin de croire dans nos institutions, nos dirigeants et nos chefs. Soyez crédibles et vous aurez peut être une chance de récupérer votre part et de devenir le prochain gouvernement… minoritaire. Sinon, oubliez ça !

Claude Dupras

lundi 28 novembre 2011

Cacher cette crise que l’on ne veut pas voir !

La crise plane sur nos têtes, aux USA et en Europe. L’Occident risque de prendre feu. Cependant, la vie continue. Les mauvaises nouvelles déboulent. Mais comme elles ne sont faciles à comprendre, on hausse les épaules sans vraiment savoir ce qui risque de nous frapper. Est-ce que ce sera une crise économique qui ne durera que quelques mois ? Ou est-ce une catastrophe qui va remettre en question le capitalisme, violer nos démocraties, briser nos économies et créer un chômage effroyable comme plusieurs experts le prétendent.

Après la Grèce et l’Italie qui sont maintenant dirigés par des banquiers non élus, voilà que l’Espagne vient de se ranger à droite élisant le Parti Populaire qui a promis de mettre de l’ordre dans les affaires économiques de l’État en imposant des mesures impopulaires.

J’ai retrouvé ce matin une caricature sur le blog LIESI qui en dit long quant à la réaction des populations dans l’Union européenne:



D’un côté, le président Sarkozy à qui une large partie des français dit : « Dégage ! » Et de l’autre, le nouveau premier ministre espagnol Mariano Rajoy, chef du Parti populaire, à qui on crie « Olé ! ». Cela me démontre que les Français n’ont pas encore saisi l’importance de la crise qui les menace, qui nous menace tous.

Voici quelques extraits de textes que j’ai trouvés ce matin dans la liste de blogs que je recommande pour lecture à mes lecteurs.

. L’agence de notation Moody ‘s assure que « l’aggravation rapide de la crise de la dette dans la zone euro menace les notes de solvabilité de tous les pays européens ».

. L’agence Prime avise les pays de la zone euro qu’ils devront renoncer partiellement à leur souveraineté pour sauver la monnaie unique. « On en parle déjà, mais pas encore à haute voix… les premiers pas vers un abandon partiel de la souveraineté sont déjà faits ».

. Le Foreign Office du Royaume-Uni se prépare à l’Eurocalypse et a prévenu ses ambassades qu’elles allaient devoir venir en aide à plusieurs dizaines de milliers de Grands Bretons, qui vont se retrouver piégés par les faillites bancaires. Le Trésor a confirmé plus tôt dans le mois qu’un effondrement était en cours. Un ministre d’ajouter : « C’est notre intérêt que les européens essayent de retarder l’inéluctable, cela nous donne plus de temps pour nous préparer ».

. Les services de l’Autorité Financière du Royaume-Uni ont publié une mise en garde aux banques britanniques pour renforcer leurs plans d’urgence en vue de la scission de l’Euro.

. Des analystes de l’UBS ont mis en garde que l’éclatement de l’Euro pourrait, à l’extrême, « réduire le PIB des pays membres de moitié, amener un chômage de masse et mettre en danger les droits de propriété les plus élémentaires ce qui amènerait à des désordres sociaux ».

. « En Europe, les nouvelles sont tellement catastrophiques que la menace d’implosion de l’euro est jugée crédible par de plus en plus d’analystes. Qui de l’euro ou du dollar tiendra le plus longtemps ? On sait seulement que ce sont les agences de notation qui décideront dans quel camp il faudra baisser le pouce, à la manière des César. Des salles de marchés informent que d’aucuns ont converti des montagnes d’euros en dollars… ».

. « Les marchés obligataires se ferment les uns après les autres aux émetteurs souverains des pays de la zone euro, ou s’ils restent ouverts, les conditions de taux sont insupportables dans la durée. Même l’Allemagne, ce mercredi, n’a pas réussi à placer tout son papier. Donc oui, au train où vont les choses, le recours au FMI pour des pays comme l’Italie, l’Espagne, voire même la France, n’est plus du tout irréaliste ».

. Jacques Delors affirme : « Le leadership allemand a été plutôt désastreux avec la valse-hésitation d’Angela Merkel du début de la crise à l’été 2011. Peut-être n’avait-elle pas bien saisi l’importance de l’Europe pour l’Allemagne ? Mais maintenant elle le reconnait elle-même, « si l’euro saute, l’Allemagne trinquera ». Elle a repris l’offensive sur le futur de l’Europe, et sent bien qu’il faut une réforme des traités pour faire passer de nouveaux transferts de souveraineté, et les faire accepter par la cour de Karlsruhe.

. Olivier Sarkozy, le demi frère du Président, et l’un des dirigeants de Carlyle (l'un des plus gros fonds d'investissement du monde), cité par la chaine américaine CNBC, déclare aujourd’hui : « la zone euro est à moins de trois mois de son effondrement, nous sommes tout proches du point de non retour ». Il ajoute en rapport avec la dette : « Le problème de l'Europe est insolvable ».

. Selon le chef de la recherche économique chez Axa "les marchés évaluent le risque d'éclatement de la zone euro entre 50 et 60%".

Et je pourrais continuer à remplir des pages de nouvelles similaires publiées aujourd’hui et dans les derniers jours et qui sont plus sombres les unes que les autres en rapport avec l’Euro, l’Europe, et même les USA et le dollar.

Pendant ce temps, les politiciens français parlent d’autres choses.

Alors que la crise battait son plein, on a vu et entendu durant la récente primaire socialiste française, les candidats éviter de parler de l’économie de la France. Plutôt, ils ont promis de créer 300,000 emplois, d’engager 60 000 nouveaux professeurs, 15 000 nouveaux policiers, ramener la pension à 60 ans, les 35 heures aussi, etc… etc… des dépenses, des dépenses et encore des dépenses. Et comme solution, des taxes, des taxes et encore des taxes. Chacun des candidats démontrait avec fierté la taxe qu’il proposait afin de payer pour ses promesses. C’était totalement irréaliste et je n’ai pas manqué de le souligner dans les billets de mon blog.

Aujourd’hui, le candidat du PS, François Hollande, est en campagne tout comme Eva Joly des Verts-Ecolos, Jean-Luc Mélenchon du Front de Gauche et une brochette de candidats présidentiels. Ils continuent tous à parler de tout et de rien alors qu’ils devraient traiter de la crise et de ses effets négatifs possibles sur la vie des français.

A mon humble avis, leur responsabilité première, à ce moment-çi de la politique française, est d’être solidaire du président Nicolas Sarkozy dans le travail qu’il fait pour protéger la France de la crise et pour corriger la situation en Europe. Ils doivent cesser d’être de petits politicards qui blâment le président de tout alors qu’ils savent très bien que la crise est l’aboutissement des erreurs politiques des dernières décennies, non seulement en France mais dans toute l’Europe, qui ont mené au surendettement dans lequel ils se retrouvent.

Sinon, il est possible que les politiciens français soient obtempérés par les agences de notation ou les banques prêteuses de prendre les grands moyens pour s’en sortir. Elles devront alors imposer obligatoirement des mesures sévères qui seront de toute évidence très impopulaires. Pour ce faire, l’intérêt national exigera peut être l’union de tous les partis politiques pour y travailler et convaincre le peuple français de les accepter. Cela peut aller jusqu’à la formation d’un gouvernement français d’union nationale où tous les partis seraient représentés. Je sais que plusieurs diront que c’est une solution impossible et exagérée pour la France. Je rappelle simplement que d’après tout ce qui se dit et s’écrit sur la crise de l’euro, son ampleur est telle qu’elle va tout bouleverser, même les petits épargnants.

Claude Dupras

mercredi 23 novembre 2011

Entre Harper et Québec, rien ne va plus !

Le premier ministre du Canada Stephen Harper est un drôle de politicien. Élu le 2 mai dernier avec 39,6% des suffrages, il qualifie ce pourcentage de majorité alors que c’est une pluralité de députés du Parti Conservateur (PC) à la Chambre des communes qui ont été élus. Il y règne, depuis, en roi et maître. Il se dit mandaté par le peuple canadien pour respecter ses promesses électorales, même celles dont les projets de loi ont été défaits par les parlements précédents.

Dans le passé récent, il est vrai que le PC - il se nommait alors progressiste-conservateur (PPC) - a connu d’énormes difficultés à gagner des sièges au Québec. Harper rencontra le même problème à l’élection de 2006, puisque seulement 10 députés conservateurs québécois furent élus. Ce fut, par contre, suffisant pour lui permettre de prendre le pouvoir avec un gouvernement minoritaire. Le même scénario se répéta à l’élection de 2008. C’est l’élection de 2011 qui fut fatale pour le Québec. Malgré qu’Harper perdit six de ses onze députés québécois, il réussit quand même, grâce à un tour de force politique impensable, à gagner le pouvoir majoritaire dans l’ensemble des provinces hors-Québec. Du jamais vu. Ce jour-là, le Québec s’est retrouvé sur la voie d’évitement.

Le soir de sa victoire, Harper affirma qu’il gouvernerait le Canada dans l’intérêt de tous les Canadiens. Il rassura les Québécois et leur promit de tout faire pour regagner leur faveur. Le Québec, c’est important puisque nous sommes la nation francophone, une des deux du pays, et comptons 25% de la population canadienne. Depuis, il agit autrement et fait l’opposé.

Tout ce que le Québec veut, c’est que sa voix soit entendue dans les débats fédéraux. Mais, que veut Harper ? C’est la question. Alors qu’il fait tout ce qu’il peut pour se renforcer politiquement dans les comtés anglophones ou ethniques du Canada, il néglige totalement ceux du Québec. Il adopte à toute-vapeur des lois qui vont à contre-sens de l’opinion québécoise et impose même le bâillon pour limiter les débats. Pourtant comme chef du pays, sa responsabilité est de gouverner pour tous les Canadiens, qu’ils soient politiquement avec lui ou non.

Les sujets de mésentente sont importants et nombreux: bilinguisme dans la fonction publique, réalisation de projets fédéraux, indépendance du Canada versus la royauté britannique, militarisme, justice, criminalité des jeunes, contrôle des armes à feu, environnement et beaucoup d’autres sujets. Le Québec et Harper sont sur des voies parallèles. Çà n’a pas de bon sens.

La constitution canadienne fait du Canada un pays biculturel et bilingue. Pour certains postes importants comme celui du Vérificateur général, le détenteur de ce poste doit être obligatoirement bilingue. Nonobstant l’opinion québécoise, Harper a nommé une personne unilingue anglaise. Il en est de même pour sa nomination d’un nouveau juge à la cour Suprême. Son argument : ces nominés ont promis d’apprendre la langue française. Comme si c’était aussi simple que de prendre un comprimé pour un rhume.

A notre grande surprise, le premier ministre nous a dévoilé, depuis l’élection, qu’il est un monarchiste. J’ai écrit sur ce sujet dans mes billets précédents et souligné ses multiples décisions visant à ce que la monarchie britannique redevienne un de symboles importants du Canada. Cela n’intéresse pas les Québécois qui n’apprécient pas son engouement pour Élizabeth II et qui croient que le Canada se doit d’être totalement indépendant.

Les nouvelles lois durcissent la justice envers les adolescents. Elles sont rejetées par les professionnels de la santé et par 90% des Québécois, selon un sondage récent. Il en est de même de l’opinion publique d’une majorité des citoyens des autres provinces canadiennes, dont l’Ontario. Malgré cette opposition généralisée, le conservateur Harper insiste pour imposer ces lois à couleur fasciste qui mettent de côté la réhabilitation. Il les a copiées sur celles des conservateurs républicains à la GWBush. Ce qui est encore plus méprisant, c’est que ces lois doivent être appliquées par les provinces qui ont la responsabilité de l’administration des lois pénales. De nouvelles prisons seront nécessaires, des coûts additionnels de toutes sortes seront engendrés et cela sans compensation fédérale. En somme, les provinces n’en veulent pas, mais elles devront payer pour les conséquences de l’idéologie droite de la droite du PC.

Puis, il y a le débat sur le registre des armes à feu mis sur pied par le gouvernement fédéral précédent. Pour répondre aux désirs de la National Rifle Association (NRA) américaine – elle finance largement les politiciens conservateurs - et des cultivateurs de l’ouest canadien, Harper a décidé de l’abolir. Ce registre a coûté des centaines de millions $ à préparer. Le gouvernement du Québec et ses corps policiers croient dans l’importance d’un tel registre et plaident pour son maintien. S’il est aboli, Jean Charest affirme vouloir créer un registre québécois, et demande au fédéral de lui transmettre toutes les données, afin de réduire les coûts. Charest, avec raison, affirme que les Québécois ont payé largement leur part pour la mise sur pied du registre fédéral et qu’ils ont droit à ces données. Harper refuse et avise qu’elles seront détruites. Pour lui, c’est une question d’idéologie.

Avec son militarisme agressif, ses guerres en Afghanistan et en Lybie, ses commandes excessives de nouveaux avions à jet, de destroyers, ses installations de nouvelles bases militaires dans le monde, etc… les dépenses du ministère de la Défense ont grimpé en flèche.. La Canada, le pays de la paix et des casques bleus, est devenu sous Harper un pays guerrier. Encore là, la pensée québécoise est loin d’une telle politique.

Et ça coûte cher. Le pays est en déficit depuis la venue de Harper au pouvoir. Aujourd’hui, il a le culot de blâmer l’Europe pour sa difficulté à respecter ses prévisions budgétaires. Malgré la crise monétaire et la diminution de la croissance qui secouent le monde, nous sommes en meilleure position que la plupart des pays occidentaux. C’est pourquoi, je suis triste de constater que la dette de mon pays grimpe, surtout après les efforts des gouvernements précédents qui l’ont réduite à grands coups de sacrifices par les Canadiens.

Harper a le front de faire dire par son entourage que les Québécois ne sont jamais satisfaits et en demandent toujours plus. Il souligne le montant de 2,2 milliards de $ que le gouvernement fédéral a accepté de remettre au Québec, suite au protocole d'entente sur l'harmonisation des taxes de vente du Canada et du Québec. Dorénavant, le Québec collectera ces taxes et versera au Canada sa part. Les autres provinces qui ont accepté l’entente de l’harmonisation ont déjà reçu leur chèque. Harper réagit comme s’il nous avait fait un cadeau. De plus, il nous met sous le nez son acceptation de construire un nouveau pont Champlain à Montréal dans dix ans. C’est un mirage pour calmer les Montréalais car dans dix ans, Harper ne sera plus au pouvoir. C’est une situation urgente pour les automobilistes. En réalité, la réalisation de ce pont peut se faire en cinq ans. Harper se moque de nous.

En ne tenant pas compte des sensibilités québécoises, Stephen Harper éloigne, de plus en plus, du Canada, les Québécois et les Québécoises car nous ne nous reconnaissons plus dans l’orientation politique de notre pays. Par son attitude, Le PM Harper alimente d’eau le moulin des indépendantistes. On n’a qu’à lire les chroniques et les blogs de sites Internet pour se rendre compte du mal qui est fait à la cause Canada.

L’option indépendantiste n’est pas très populaire de nos jours. Mais la braise séparatiste n’est pas éteinte et, au premier vent fort, le feu peut reprendre de plus belle. Ce jour là, je penserai à Harper !

Claude Dupras

vendredi 18 novembre 2011

Quand les écolos tombent sur la tête…

Le parc de centrales nucléaires de la France fait l’envie de plusieurs pays. Les USA en particulier.

Il faut se rappeler les deux dernières campagnes électorales américaines : la réélection de GWBush en 2004 et l’élection de Barack Obama en 2008. Ces deux présidents ont cité en exemple la sagesse et la prévoyance de la France d’avoir fait appel en 1978 au nucléaire pour s’alimenter en électricité. Ils promettaient de faire de même. Aujourd’hui, quatre nouvelles usines sont en construction aux États-Unis, ou sur le point de l’être, et 26 autres attendent le financement bloqué à ce jour par le Congrès à cause du débat sur la dette.

En Russie, 26 nouvelles centrales seront en marche d’ici 2020 et le pays construit même des usines nucléaires flottantes pour alimenter ses régions éloignées. L’Angleterre veut faire appel au privé pour s’alimenter davantage en énergie nucléaire afin de rencontrer ses besoins grandissants d’énergie. La Chine en construit 27 actuellement et sa capacité totale dépassera celle de la France. La Corée du Sud projette 12 nouveaux réacteurs nucléaires. Les Émirat Arabes ont choisi la Corée du Sud, au lieu de la France et des Américains, pour construire quatre réacteurs. Même le Japon, après le désastre de Fukushima, construit une nouvelle usine nucléaire.

Le parti socialiste français et le parti Verts-Écolos viennent de signer un accord pour la fermeture de vingt-quatre réacteurs d’ici 14 ans. C’est une vraie révolution périlleuse.

Aujourd’hui, la construction d’une usine énergétique nucléaire est devenue une question de multi-billions de $, d’autant plus que depuis Fukushima les designs seront encore plus sophistiqués. Les 24 usines françaises visées pour fermeture sont presque toutes entièrement payées. Les frais pour le fuel de ces usines sont bas comparés aux usines thermiques alimentées au gaz, au charbon ou au pétrole qui devront les remplacer. Les coûts de fermeture et de démantèlement de ces usines et les coûts de « storage » de leurs déchets nucléaires seront aussi très coûteux. Il y a aussi la production des gaz à effets de serre (GES) générés par les nouvelles usines thermiques qui devra être quantifiée pour déterminer le coût de leur taxe carbone, car elles ne sont pas propres comme le nucléaire pour l’atmosphère. Toutes ces nouvelles dépenses sont en grande partie inutiles et coûteront des milliards d’euros aux Français pendant la décennie où le pays doit rebâtir sa base monétaire. C’est de la folie furieuse car tout ça va augmenter radicalement la dette du pays et les tarifs d’électricité.

Il y a aussi la question de l’indépendance énergétique. Les usines thermiques devront être alimentées par le gaz de Russie. Alors qu’actuellement la France ne dépend pas des autres pour son alimentation électrique, elle risque de subir dans l’avenir des pressions géopolitiques nouvelles qui possiblement pourront limiter sa liberté.

Partout, au monde, les Verts et les Écolos crient la même chose. Ils affirment que la production nucléaire ou fossile peut être remplacée par l’énergie renouvelable. Et cela même si, de plus en plus, la preuve est faite que cette affirmation est irréaliste, en plus d’être économiquement et techniquement non prouvée. Par exemple, une éolienne ne produit que 27% du temps. Le temps de non-production doit être comblé par une autre énergie. Et de plus, partout, personne ne veut d’éoliennes « dans sa cour ».

Les coûts des produits à énergie renouvelable sont très élevés et c’est le consommateur qui doit payer. Le gouvernement peut aider mais dans les circonstances économiques mondiales actuelles, cela devient de plus en plus difficile. De toute façon, il y a une limite à ce que les gouvernements peuvent faire. Par exemple, durant les récentes années, en France et aux USA, les gouvernements se sont engagés, entre autres, dans des programmes d’aide à la fabrication de panneaux photovoltaïques afin de créer de nouvelles usines et de nouveaux emplois. On s’est vite rendu compte que la très grande majorité des panneaux installés étaient d’origine chinoise à cause de leur bas prix. Les manufacturiers français et américains ne pouvaient concurrencer ceux de Chine. Les programmes d’aide ont pris fin. Les usines ont fermé. Les milliers d’emplois que les Verts avaient imaginés ne se sont pas réalisés. Encore hier, en France, la présidente des Verts répétait la même rengaine car c’est en fait son seul argument. Il est inexact.

Les réacteurs français devaient avoir une vie de 30 ans. Avec le temps, l’entretien et l’expérience des opérateurs, elle est fixée maintenant à un minimum de 40 ans. Aux USA, elle est de 60 ans. C’est donc probable que la vie des réacteurs français pourra être allongée à nouveau. Est-ce un danger pour les Français ? C’est la question primordiale qu’ils se posent, avec raison.

Les Verts sont devenus 100% anti-nucléaires. Ils semblent avoir oublié leur but premier, soit la protection de la nature. Ils veulent fermer les 58 usines nucléaires de France et veulent arrêter celle qui est en construction, dite de nouvelle génération EPR et qui a une capacité de près du double de chacune de celles des 24. Pour eux Three Miles Island, Tchernobyl et Fukushima ne doivent pas se répéter. Hollande voulant gagner le vote des Verts-Écolos a accepté d’éliminer, pour 2025, les 24 réacteurs mentionnés précédemment. Pour le moment, il se limite à ça.

L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a été créée pour faire les recommandations au gouvernement sur le sujet. Elle est composée de personnes reconnues pour leur compétence et leur neutralité. À qui les Français doivent-ils se fier en rapport avec la sécurité du parc nucléaire français ? Aux Écolos ou aux politiciens qui n’y connaissent rien ? Aux scientistes, ingénieurs et experts qui y ont dédié leur vie ? La réponse me semble simple.

Claude Dupras

dimanche 13 novembre 2011

Le Québec se dirige vers un gouvernement m…

J’aime bien sortir ma boule de cristal, m’assoir carrément devant elle, seul, dans un endroit absent de bruit, la frotter légèrement avec mon mouchoir blanc et l’orienter vers les questions qui m’interrogent. Je suis particulièrement curieux, ces jours-ci, de savoir ce que sera le résultat de la prochaine campagne électorale au Québec.

Mais avant de procéder à cette séance, et de vous révéler le fond de la pensée de ma boule, laissez-moi vous relater les évènements qui m’ont amené aujourd’hui à la questionner.

Premier ministre du Québec depuis 2003, Jean Charest a gagné son troisième mandat de cinq ans, le 8 décembre 2008, en faisant élire une majorité de députés libéraux à l’Assemblée Nationale du Québec. Cependant, la tradition veut qu’une nouvelle élection soit décrétée aux quatre ans. Donc, on peut penser que la prochaine se tiendra vers décembre 2012.

Cette date explique la raison pour laquelle le PM Charest a retardé la mise sur pied d’une commission d’enquête sur la construction. Après avoir réussi sa stratégie, il vient de confirmer que son gouvernement a finalement décidé de créer la commission et de lui accorder tous les pouvoirs que confère la loi sur les commissions d’enquête. Il a nommé la juge France Charbonneau, recommandée par le juge-en-chef, pour la présider. Elle sera appuyée par deux autres commissaires. Ces excellentes nominations garantissent la neutralité de cette importante commission et j’en suis fort heureux puisque je l’ai réclamée dans le billet de mon blog intitulé « Rien ne va plus », il y a déjà 30 mois.

Préparer une commission d’enquête d’envergure n’est pas une mince tâche. On estime que le premier témoin ne pourra être entendu avant un an, soit au début 2013. Comme il est vraisemblable que la prochaine élection soit décrétée avant, j’en conclus que Jean Charest a bien joué pour son parti libéral. Il savait que de telles commissions publiques peuvent exposer les manèges des partis politiques et voulait protéger le sien de retombées possiblement négatives. On saura tout, mais après l’élection.

Charest fera campagne sur les nombreuses réalisations de son gouvernement et rejettera toutes insinuations d’agissements suspects des membres de son parti prétextant qu’elles seront analysées par la commission et qu’on ne peut préjuger de ses conclusions. Il rappellera, avec preuves à l’appui, qu’il a tout fait pour répondre aux problèmes qui jaillissaient du milieu de la construction. Il citera les nombreuses lois adoptées à cet effet par le parlement, la création de l’unité permanente anticorruption (UPAC) et le rapport Duchesneau sur la collusion au sein de la construction.

Suite à la crise 2008, Charest, toujours avec raison, affirmera que le Québec a mieux fait que les autres provinces canadiennes et cela grâce à sa vision qui lui a fait lancer, à temps, d’immenses projets d’infrastructures partout au Québec : hôpitaux universitaires, autoroutes, ponts, bâtiments des toutes sortes, etc… ainsi que son encouragement au privé à investir avec confiance, ce qui s’est fait. Et ça continue avec le Plan Nord …

Mais ce ne sera pas facile pour le parti libéral, car il a seulement, en début de campagne, 25% d’appuis dans la population. Ils viennent surtout d’un nombre restreint de « purs et durs » libéraux francophones, dont les hommes d’affaires et les chefs d’entreprises, et du support indéfectible des anglophones, des juifs et des néo-québécois.

De son côté, le Parti Québécois, l’opposition officielle, vit des heures difficiles. Il est dans les limbes politiques et ne réussit qu’à attirer vers lui à peine 20% de l’électorat. Tous les jours, il perd de ses ardents supporteurs, les « purs et durs » séparatistes, qui n’aiment pas la chef Pauline Marois. Ils dénoncent sa politique de « gouvernance souverainiste » qui ne prône pas clairement l’indépendance du Québec. Ils ne cessent de déblatérer partout contre elle : dans les blogs, les sites internets et les autres médias.

Puis, il y a le parti de droite, l’Action démocratique du Québec (ADQ). Il végète depuis que son chef-fondateur l’a quitté pour une nouvelle carrière hors-politique. Ses 13% d’appuis n’augurent rien de bon si une campagne électorale est vitement déclenchée. Le nouveau mouvement de droite Réseau-Québec n’a pas su susciter suffisamment de ferveur pour changer les choses. Malgré que le vote centre droit soit majoritaire au Québec, l’ADQ n’en bénéficie pas.

Il y a aussi le petit parti socialiste et indépendantiste Québec Solidaire, qui bataille pour augmenter sa présence à l’Assemblée Nationale. Son problème est que ses dirigeants, dont Ahmid Khadir, n’aiment personne. Ils honnissent les gens de la droite, les grandes corporations, les hommes et femmes d’affaires, les petits marchands, les péquistes, les libéraux, les fédéralistes, le système capitaliste, etc… et à les entendre ils ont toujours raison et tout le monde est voleur, trompeur, tricheur. De vrais marxistes-léninistes. En réalité, ils leurrent les pauvres gens en racontant des histoires de bonhomme sept heures.

Enfin, François Legault, ex-ministre péquiste et hommes d’affaires – il a créé Air Transat – trône, depuis plusieurs mois, en haut des sondages. Le mouvement, « Coalition pour l’avenir du Québec » (CAQ), qu’il a lancé a pris son envol dès le début. Il s’est adressé aux vrais problèmes et proposé des solutions draconiennes pour les résoudre. Legault l’a transformé en parti politique. Plusieurs de ses amis le voient PM et comparent sa montée dans les sondages à celle de Jack Layton pour le NPD le 2 mai dernier. Ils en concluent une victoire similaire. Aujourd’hui, le CAQ est considéré comme le gagnant de la prochaine élection et Legault comme le prochain premier ministre.

Jean Charest réussira-t-il son pari ? Question difficile… C’est là que j’ai décidé de consulter ma boule de cristal. Et j’ai été surpris !

Avec une clarté inhabituelle, j’ai appris la démission de Jean Charest. Ses tergiversations pour accorder un plein mandat à la commission Charbonneau ont eu raison de lui. Pour aider son parti, Jean Charest a dû laisser sa place à un autre aspirant en espérant que celui-ci, un homme nouveau, saura raviver la flamme libérale. Quant à lui, il entreprend une belle carrière d’avocat dans une grande étude légale de la métropole.

Pauline Marois, incapable de démontrer aux péquistes sa capacité de gagner l’élection, a quitté son poste devant la crise au PQ qui s’est amplifiée. Après 9 ans d’opposition, ses « éléphants », comme on dit en France, ont faim. Ils ont choisi un nouveau chef qui a fait l’erreur d’axer sa campagne en grande partie sur l’indépendance du Québec. Sa campagne n’a pas levé.

Le QS a piétiné sur place.

L’ADQ a finalement rejoint le CAQ. Le début de la campagne a été fracassant, mais au fur et à mesure de son déroulement, François Legault a perdu des points de sondage à cause de son manque de charisme. Il n’a pas réussi à toucher profondément les électeurs. Il n’a pas su expliquer clairement son programme politique. Ses amis ont finalement compris qu’il n’est pas un Jack Layton car il a démontré qu’il n’avait ni son expérience, ni sa sensibilité, ni son humanisme. Malgré qu’il soit un bon homme, il n’a pas passé la rampe !

Le parti libéral a été réélu minoritaire, le CAQ et le PQ ont partagé les autres comtés sauf ceux du QS qui a gagné un deuxième comté à Montréal et deux ex-députés péquistes réélus sous la bannière péquiste-indépendant.

Et là, ma boule de cristal s’est embrouillée.

Claude Dupras

samedi 5 novembre 2011

Après la Grèce, l’Italie… la France ?

Le G20 vient de se terminer à Cannes. Alors que les leaders des plus riches pays du monde avaient planifié avec leurs gouvernements de discuter de six thèmes importants : la croissance et les emplois; la réforme monétaire internationale; le développement et le commerce; la régulation financière; l’agriculture, l’énergie et le climat; la corruption et la dimension sociale de la mondialisation; ils ont, malheureusement, dû mettre de côté un grande partie de leurs débats sur ces sujets afin d’enchainer des discussions sur la crise grecque. Heureusement, tous les documents préparés depuis des mois par les hauts fonctionnaires de chaque pays sur chaque thème demeurent.

Les pays au G 20 ont décidé de « dynamiser la croissance, créer des emplois et assurer la stabilité financière ». Particulièrement, la Chine s'est montré d’accord pour « ralentir l’accumulation de ses réserves de change », ce qui signifie stimuler sa demande intérieure et apprécier sa devise.

La tragédie grecque a surpris tout le monde. Lorsque les décisions pour la survie économique de la Grèce (sa dette est 165% du PIB) et la stabilité de la zone euro furent prises par l’Union Européenne (EU) le 26 octobre dernier, le premier ministre (PM) grec George Papandréou s’est montré satisfait, mais, dès son retour dans son pays, il a annoncé, à la surprise de tous, qu’il soumettrait l’accord de Bruxelles à un référendum. Je fus étonné et désappointé de cette décision car, de toute évidence, elle mettait en danger l’accord et son rejet risquait grandement de bousculer les économies européennes et les marchés mondiaux. J’espérais que les partis minoritaires grecs contesteraient la décision du PM. Le lendemain, les bourses mondiales dégringolèrent de 5-7% et quelques jours plus tard, des membres du parti socialiste de Papandréou le quittèrent et l’opposition se leva.

À première vue, Papandréou semblait avoir agi comme un politicien irresponsable. Il a plié devant les multiples manifestations des grecs – il faut les comprendre puisqu’ils endurent depuis deux ans de durs sacrifices imposés par des régimes d’austérité à répétition – et s’est comporté comme un petit politicien qui veut demeurer au pouvoir en annonçant qu’un référendum serait tenu pour l’approbation de l’accord. Unilatéralement, il mettait ainsi la Grèce et l’Europe en péril. Au lieu d’être un vrai chef d’État avec une majorité parlementaire, il a cherché à jouer au plus fin afin de sauver sa peau politique. Heureusement, plusieurs députés de son parti, dont son ministre des finances, ont résisté et la droite grecque a finalement compris que l’accord sauverait la Grèce et qu’elle se devait de le supporter. De retour au G20, Papandréou a subi la sous la pression de Nicolas Sarkozy, d’Angela Merkel et des autres chefs d’État. Il a retiré sa proposition de référendum prétextant que ce n’était qu’une stratégie de sa part pour amener la droite à l’appuyer. Si c’est vrai, c’est génial, mais cela reste à prouver. Il a demandé la formation d’une grande coalition de parlementaires pour voter l’accord et a obtenu tard hier soir, encore à la surprise générale, un vote de confiance au parlement. Il faut reconnaître qu’il est un politicien habile.

Tout ce débat met en relief la réalité politique et surtout économique de l’Europe. C’est l’Allemagne et la France qui en sont le cœur. La riche Allemagne et la moins riche France ont su s’entendre et reprendre son leadership.

Il met aussi en évidence la force de Nicolas Sarkozy et la faiblesse de François Hollande, le candidat présidentiel du parti socialiste. Dès l’annonce du référendum, ce dernier a applaudi cette décision la qualifiant de démocratique, sans tenir compte qu’elle mettait l’Europe, dont la France, en péril. De plus, il déclarait que Sarkozy avait été lent à réagir et aurait dû régler le problème grec il y a déjà plusieurs mois. Il faut vraiment ne rien comprendre pour affirmer de telles sottises. Et hier, suite au G20, Hollande a qualifié le rôle de Sarkozy d’« animateur » et non d’« acteur principal ». Français, Européens et ô combien de citoyens du monde, comme votre humble serviteur, ont été témoins du travail intense du duo Merkel / Sarkozy pour trouver des solutions aux problèmes que suscitaient la mauvaise situation financière de la Grèce. Il faut vraiment être gonflé pour diminuer ainsi ces chefs européens.

Maintenant que le problème de la Grèce semble sur une bonne voie, voilà que surgit l’Italie qui devient le nouveau maillon faible de l’Europe. On serait porté à penser qu’il est similaire à celui d’Athènes. Mais non. L’Italie est un pays riche, exportateur, avec une population nombreuse dont un très grand nombre de riches. Il est la troisième économie de la zone euro et un des premiers fondateurs de l’Europe. Sa dette (120% du PIB) est grandissante et malheureusement les agences de notations viennent de le dégrader au point que les taux d’intérêts pour ses emprunts avec un terme de 10 ans ont été fixés à plus de 6%. C’est le vrai problème de l’Italie car sans le paiement des intérêts et du remboursement de cette dette, son économie ne serait pas déficitaire. Une façon de l’éliminer complètement, serait d’imposer une taxe de 12 % sur les grandes fortunes. Mais cela ne se fera pas car le courage politique pour ce faire n’existe pas.

Au G20, le premier ministre Berlusconi a proposé un programme d’austérité pour son pays et a accepté que le FMI le contrôle suite à son implantation. Malheureusement, ce programme est incomplet et non réaliste, selon les observateurs-expert. Berlusconi doit retourner à sa table de travail. Il a aussi des problèmes politiques puisqu’il n’est plus majoritaire au parlement italien. Il est possible qu’il soit remplacé. Un tel changement de direction donnera aux Italiens un chef qui veut sérieusement travailler, main dans la main, avec l’EU et le FMI pour redonner une bonne santé financière à son pays. La question aujourd’hui est : « Berlusconi qui est aussi un fin politicien sera-t-il remplacé ? ».

Et puis, il y a la France. Qu’arrivera-t-il ? Contrairement à l’Italie, son budget serait toujours déficitaire même si sa dette (85% du PIB) n’existait pas. Ses charges sociales et autres sont très généreuses en comparaison avec ses voisins. Mais par rapport à l’Italie, sa cote financière est bonne. Lorsqu’elle emprunte auprès des banques et des investisseurs institutionnels, son taux d’intérêt à 10 ans est maintenant de 3,004 % (une hausse de 50 « points de base » sur un mois) soit 1,2% plus haut que l’Allemagne. Peut-on en conclure que la crise des dettes publiques, après s’être propagée en Grèce et en Italie, va rejoindre la France ? Si oui, cela pourrait devenir difficilement supportable pour les Français. Dans ce cas, le nouveau Fonds Européen de Stabilité Financière (FESF) pourrait la servir car il lève des fonds à des taux d'intérêts très bas, inférieurs à ceux que peuvent obtenir les pays de l’EU, grâce à la notation excellente "triple A" dont il bénéficie. Il reverse ensuite cet argent aux États en difficulté sous forme de prêts à taux bonifiés, comme pour la Grèce, l’Irlande…

Lors de la dernière période de forte croissance des années 1998-99, le PM Lionel Jospin avait dépensé la nouvelle manne pour financer toutes sortes de nouveaux projets proposés par le noyau des « purs et durs » de son parti et les syndicats, au lieu de l’attribuer au remboursement de la dette. Il en a subi les conséquences à l’élection présidentielle qui suivit. Le parti socialiste d’aujourd’hui fait la même erreur. Durant la récente primaire socialiste, on n’a entendu que des promesses de nouveaux programmes et de leur financement par de nouvelles taxes, de toutes sortes. Les candidats ont volontairement évité de parler de la crise européenne qui était en pleine évolution. Ils voulaient obtenir des votes par des promesses alléchantes et non aborder la dure réalité. Une chose est certaine, le programme du parti socialiste, qu’ils ont tous accepté, et les promesses additionnelles faites par Hollande sont malvenus, dans le contexte économique actuel.

Suite à l’évaluation par son ministre des finances que la croissance économique de la France pour 2011 ne sera que de 1%, au lieu du 1,5% prévu, le premier ministre François Fillon doit annoncer dans les prochains jours un plan additionnel de rigueur (austérité) pour compenser le manque à gagner, sans toutefois nuire aux efforts de croissance.

Je crois que de plus en plus de Français et de Françaises comprennent que la France, comme la majorité des pays de l’EU, doit entreprendre une cure d’amaigrissement et que les prochains budgets doivent être balancés. Au Canada et aux USA, c’est déjà engagé. Depuis trop longtemps, nous vivons tous au-dessus de nos moyens ! Ce ne sera pas facile mais un meilleur avenir pour nous et nos descendants passe par là.

Lors du G20, on a compris que c’est la condition sine qua non pour obtenir les contributions des pays émergents au FESF. Aide toi et le ciel t’aidera !

Claude Dupras