mardi 30 juin 2009

La Place Ville-Marie a 50 ans


Au début d’avril 1955, la construction du plus grand hôtel de Montréal est entreprise. C’est un complexe hôtelier et de congrès de 21 étages et 1,040 chambres, le plus gros de l’époque. Il est construit par la société de chemin de fer Canadian National Railways, "le CNR" comme on disait dans le temps avec un accent anglais, sur une partie d’une immense tranchée qu’elle a creusée, 35 ans plus tôt, du sud de la rue Cathcarth jusqu’à la gare Centrale, pour le prolongement des voies ferrées du nouveau tunnel sous le Mont-Royal jusqu’à la gare. Cette tranchée est une longue et importante déchirure du tissu urbain et est devenue la honte des Montréalais.

Le CNR a acheté, lors des travaux de la tranchée, plus de terrain que nécessaire, soit 90,000 mètres carrés en plein cœur de la métropole. Dix ans plus tard, le président du CNR fait préparer un plan d’ensemble pour couvrir le trou avec un développement immobilier d’envergure. Le plan comprend même un projet de métro. Suite à la Grande Dépression des années ‘30, le CNR profite d’un programme d’emplois pour construire la nouvelle Gare Centrale et couvrir, dans un premier temps, la grande cour de triage. La guerre vient ralentir ses projets et ce n’est que durant les années ’50 qu’il décide de construire son siège social à proximité de la gare et, peu de temps après, réalise le grand hôtel qui ouvrira ses portes en 1958.

Le CNR, par son président Donald Gordon, annonce que le nom de l’hôtel sera « The Queen Elizabeth ». Les Montréalais francophones, dont je suis, reçoivent cette nouvelle comme une claque en plein visage. Pourquoi donner un nom anglais au plus grand hôtel de la deuxième ville française du monde. Ce nom soulève un tollé de protestations dans tous les milieux francophones et un mouvement se crée pour faire changer la décision de Gordon. Le journal « l’Action Nationale » prend le leadership des protestataires et coordonne la campagne pour influencer la direction du CNR. Le nom suggéré par les leaders canadiens-français et qui fait l’unanimité, est « le Château Maisonneuve ».

Je participe avec des milliers de personnes aux manifestations sur la rue Dorchester devant l’hôtel en construction. Je suis invité par les stations de radio pour donner mes commentaires et je participe à des tables rondes sur le sujet. J’affirme à la radio de CHLP « que toutes les affiches de Montréal sont exclusivement en anglais, sauf pour quelques exceptions et n’est-ce pas le temps de corriger quelque peu la situation ? ». Je me sens émotionnellement touché et cela me motive à donner du temps pour la cause tout comme mes compatriotes qui pensent comme moi. Une pétition de 200,000 signatures, des résolutions de 500 conseils municipaux et d’une quarantaine d’associations favorables au changement de nom pour Château Maisonneuve sont remises au bureau exécutif du CNR.

Tous ces efforts sont inutiles car le CNR refuse de modifier sa décision, sauf pour une particularité. Le nom français de l’hôtel sera « le Reine Elizabeth » et il sera affiché à côté du nom anglais « the Queen Elizabeth ».

Ce brouhaha n’arrête pas le CNR qui pousse pour le développement des terrains restants. Il approche William Zeckendorf, un new-yorkais qui a réussi de grands développements immobiliers dans sa ville et lui offre le projet. Le promoteur voit vite le potentiel de ce site et retient les services de l’architecte new-yorkais chinois Idéo Ming Pei (il sera l’architecte de la pyramide du Louvre à Paris), ceux de son collègue Henry Cobb et de l’urbaniste Vincent Ponte. Leur tâche est de planifier le développement de tous les terrains du CN, au centre-ville et de concevoir l’architecture des bâtiments qui pourront y être incorporés.

Le site est vaste et compact. Selon Ponte, le nouveau centre-ville de Montréal sera viable puisqu’un piéton pourra le traverser en 15 minutes. Il parle de tridimensionnalité et propose de doubler et de tripler certains terrains, qui sont coûteux, en favorisant la construction de niveaux utilisables au-dessus et en dessous du sol. Il se réfère à Leonardo da Vinci qui a fait des sketchs où les piétons et les wagons étaient à des niveaux différents. Il prend comme modèle le Rockefeller center de New-York.

Les trois concepteurs créent la Place Ville-Marie et veulent qu’elle devienne le symbole de Montréal.

J’ai souri en apprenant le choix du nom « Place Ville-Marie ». J’y voyais le résultat de toutes les protestations suscitées par le choix du nom anglais de l’hôtel. Finalement, pensai-je, les mandarins anglais du CNR ont compris.

Zeckendorf a un grand défi car la Place aura 140,000 mètres carrés de bureaux locatifs au moment où il ne s’en construit que 28,000 à Montréal. Heureusement, deux ententes en feront un succès financier : un bail emphytéotique de 99 ans pour les droits aériens du terrain et un bail de location avec la Banque Royale qui accepte d’y déménager son siège social aussi pour 99 ans.

Les 47 étages de la tour cruciforme de la Place sont assis sur une immense galerie de 2,8 kilomètres de long reliée par le premier réseau piétonnier souterrain de Montréal qui rattache la Place Ville-Marie, l’hôtel Reine Élizabeth, le siège social du CNR et la Gare centrale. Le concept de Ponte pour les terrains du CNR est si convaincant qu’il sera retenu par les promoteurs de la Place Bonaventure qui comprendront l’importance de respecter la continuité du caractère spécifique de la ville à étages multiples.

Puis viendra le projet du Centre Eaton, l’élargissement de l’avenue McGill College et tous les bâtiments qui la borderont et qui seront dotés d’un réseau de promenades à plusieurs niveaux. Les stations de métro s’intégreront à ces bâtiments et donneront accès au réseau. Plus tard, le complexe Place Desjardins s’ajoutera à l’axe Place des Arts - Place d’Armes et l’ensemble sera relié par un corridor piétonnier continu. De tous les côtés du centre-ville les nouveaux bâtiments additionneront des kilomètres de voies piétonnières au réseau.

Le rôle du maire Drapeau est déterminant. Grâce à sa ténacité, il dote Montréal d’un métro. Les grands projets qu’il obtient pour la ville insufflent un dynamisme inimaginable pour le centre-ville. Il est le plus grand artisan de la ville intérieure. Avec le président de l’exécutif, il examine chaque nouveau projet, rencontre les promoteurs immobiliers ou les propriétaires de ces futurs projets pour les convaincre de se joindre au réseau. De plus, le plan d’ensemble de la ville de Montréal est incitatif, efficace et favorise la croissance. Par ses règlements particuliers pour la ville intérieure, l’Hôtel de ville en devient le moteur. Ses attributions, par soumissions publiques, de baux emphytéotiques de parcelles importantes de terrain de part et d’autre du tunnel du métro constituent une formule avantageuse autant pour les promoteurs que pour la ville. Ses permissions aux promoteurs d’occuper le domaine public, pour loger les corridors sous les rues, en échange de servitudes pour l’accès du public dans leurs édifices aux heures d’ouverture du métro sont réalistes. Le partenariat et l’interdisciplinarité qu’elle suscite avec l’opérateur du métro et les promoteurs immobiliers débouchent sur des projets multiples et bien réussis.

Avec le temps, la ville intérieure de Montréal offre aujourd’hui plus de 30 kilomètres de corridors et est devenue une attraction touristique dont on parle dans le monde entier. Les Montréalais qui subissent des hivers rigoureux, des accumulations de neige énormes, des étés de chaleur de canicule, d’une humidité approchant 100 % HR, profitent bien de leur ville intérieure.

« Ce qui est encore plus extraordinaire pour eux c’est que cet équipement urbain unique a été réalisé sans que Montréal ait eu à investir un dollar pour le réaliser, pour l’entretenir et pour le surveiller ».

Par ailleurs, face à la compétition dynamique des centres commerciaux de banlieue, le réseau sauvera le secteur immobilier commercial du centre-ville qui a pu garder sa vitalité nonobstant les crises économiques.

J’ai suivi de près tout le développement de la ville intérieure. Dès le début, je passais de longues heures avec mon ami Philippe Cardinal, confrère de Poly, engagé comme ingénieur sur le projet de la Place Ville-Marie, à me faire expliquer la planification du projet, son architecture, son évolution et les systèmes incorporés au bâtiment.

Le grand trou de Montréal que j’ai vu si souvent durant ma jeunesse a produit la Place Ville Marie qui est devenue le symbole de Montréal et « le germe de la ville intérieure ».

Nous devons tous de grands MERCIS à Donald Gordon, William Zeckendorf, Jean Drapeau, Ieoh Ming Pei, Henry Cobb et Vincent Ponte pour avoir pensé, financé et réalisé la Place Ville Marie et tout ce qui en a découlé. Ils ont créé l'extraordinaire cœur du Montréal d’aujourd’hui, du Montréal moderne.

Claude Dupras

Ps. Ce texte est extrait, en grande partie, de mon livre qui est affiché sur mon site internet : « Et dire que j’étais là : itinéraire d’un p’tit gars de Verdun ».

lundi 29 juin 2009

La chaise musicale

Encore une fois, les Montréalais sont témoins des tergiversations des candidats pour la prochaine élection de Montréal.

Un député bloquiste-séparatiste au gouvernement fédéral, du nom de Ménard, talonne depuis des mois le maire de Montréal pour devenir candidat de son parti Union Montréal, dans l’est de Montréal, au poste de maire d’un arrondissement et aussi de membre du prochain conseil municipal de Montréal.

Mais, voilà que soudainement est apparue une nouvelle chef et candidate à la mairie pour le parti de l’opposition, Vision Montréal. C’est l’ex-ministre souverainiste Louise Harel. Les sondages montrent que sa candidature a généré du vent dans les voiles du parti et le place maintenant favori pour gagner la prochaine élection. Oh ! la tournure des évènements embête Ménard ! Il veut bien quitter son siège rémunérateur à Ottawa qui lui assure une belle pension, mais il veut le remplacer par un autre poste payant où s’ajoutera une nouvelle pension. Et comme Mme Harel est très populaire dans son patelin de l’est de Montréal, Ménard lui a proposé ses services, nonobstant qu’il ait donné sa parole au maire.

Si c’était un cas unique, je n’écrirais pas cette chronique. Mais c’est la règle au niveau municipal. D’année en année, nous avons vu des dizaines de conseillers élus changer de camp durant leur mandat et, encore plus, d’éventuels candidats sauter au parti adverse juste avant les élections.

Parmi ces innombrables exemples de vire-capots, je ne veux en citer que deux qui démontrent bien cette situation bizarre. Ce n’est pas pour critiquer que je souligne ces faits, mais simplement pour constater!

Le premier exemple est celui de Sammy Forcillo, que j’apprécie beaucoup comme individu. Il est membre de l’exécutif et conseiller municipal de Montréal depuis plus de 30 ans. Il l’a été élu pour le Parti Civique de Montréal puis pour le parti Vision Montréal et maintenant pour Union Montréal. Au moment propice, il a changé de parti.

L’autre exemple est récent. C’est celui de la vice-présidente du parti Vision Montréal qui a invoqué une question de principe pour changer de parti et joindre Union Montréal. Elle dit être fédéraliste et affirme que ses préoccupations politiques nationales ne sont pas conciliables avec celles de Mme Harel qui a toujours été une fervente séparatiste. De plus, l’ex-vice-présidente souligne que cette dernière est devenue chef du parti simplement par le bon vouloir du chef sortant, Benoît Labonté, sans la consultation préalable des membres de l’exécutif du parti. Tout cela est la réalité, mais dans le fond, la vraie raison de ce positionnement nouveau est que cette personne a peu de chance d’être élue dans son arrondissement de l’Ouest de Montréal, puisqu’il est composé de citoyens de nationalités différentes et généralement fédéralistes. Au lieu de demeurer loyale à son parti et d’y travailler pour s’assurer qu’il puisse regrouper des gens de toutes allégeances et être neutre dans le débat national, l’ex-vice-présidente quitte le bateau afin d’améliorer ses chances d’être élue au conseil municipal de Montréal.

Le problème, c’est que les partis municipaux ne sont pas de vrais partis politiques. Ils sont plutôt des endroits de regroupement d’individus qui, certes, aiment Montréal mais qui font de la politique municipale pour des raisons qui n’ont rien à voir avec l’intérêt supérieur de leurs concitoyens ou l’avancement de la ville. Les débats politiques de fond sont rares à l’interne de ces partis. Peu ou pas d’idées d’envergure sont étudiées ou débattues par les membres en rapport avec la planification à long terme de l'organisation ou de l'aménagement des quartiers et des développements économique, culturel ou social, à long terme, de la ville. Le programme politique est élaboré par le candidat à la mairie et dépend de la conjoncture politique au moment de l’élection. En somme, le citoyen moyen n’est pas incité à participer.

Le seul parti, depuis l’ère Drapeau, qui a fait cet exercice démocratique important fut le Rassemblement des Citoyens de Montréal (RCM) qui présenta Jean Doré à la Mairie en 1986. Durant de nombreuses années, le recrutement fut intense et dépassa même les 25,000 membres. Encore plus important, le parti organisa de très nombreuses assises politiques, dans chaque coin de la ville où furent discutées, en long et en large, l’évolution de la ville future et les politiques nécessaires pour atteindre les objectifs énoncés. Les candidats à l’élection municipale furent choisis démocratiquement par les nombreux membres du parti de chaque district. Jean Doré fut élu maire de Montréal et le parti rafla la presque totalité des sièges. Le malheur, c’est que les élus du RCM, une fois au pouvoir, oublièrent l’importance du parti. Le « membership » de ce dernier diminua rapidement et regroupait moins de 5,000 membres à l’élection qui suivit. Encore une fois, des individus avaient utilisé un parti pour se faire élire. Malheureusement, ce parti qui était l’exemple parfait de ce que devait être un parti municipal à Montréal a disparu dans les années qui ont suivi. Depuis, d’ex-élus du RCM sont des devenus des élus actifs d’Union Montréal parce qu’ils ont jugé, il y a quelques années, que la seule façon pour eux d’être réélus était de virer capot et de s’y joindre.

Tout cela n’est pas très édifiant, mais malheureusement c’est comme cela à Montréal.

On se demande pourquoi les Montréalais et les Montréalaises sont si peu intéressés aux élections municipales ? Je crois que la vraie raison c’est qu’ils jugent que leurs candidats sont fades, sans odeur ni couleur; qu’ils ne sont pas des gens engagés, ni convaincus d’une cause, ni renseignés, ni capables d’apporter l’injection nécessaire pour dynamiser la ville. Les électeurs ressentent que ce n’est que le « Me, Myself and I » qui motivent à servir plusieurs de ces candidats.

Tant que le jeu de la chaise musicale continuera… rien ne changera vraiment !

Claude Dupras

dimanche 21 juin 2009

C’est dingue!

L’image la plus révélatrice de toutes celles qui nous sont parvenues d’Iran depuis l’élection présidentielle, fut captée le jour de la prière à la grande mosquée de Téhéran où le Chef Suprême du pays, Ali Khamenei, décida d’aller prêcher le sermon. Devant des dizaines de milliers de fidèles, il s’adressa à tous les Iraniens en leur demandant de cesser les manifestations publiques en rapport avec le résultat électoral. « Je veux ceci, je veux cela …» disait-il, autoritairement.

Mahmoud Ahmadinejad, le président supposément réélu avec une très grosse majorité lors de cette élection à laquelle participa 85% de l’électorat, était accroupi au premier rang de la foule, écoutant béatement. Il était comme un p’tit chien au sol, les yeux levés vers son maître qui énonçait ses volontés. Cette photo démontre bien qui est le patron en Iran, que cette élection ne fut qu’une parodie de la démocratie et que le pays est en fait une dictature théocratique. Ce sont les religieux, les mollahs comme on les appelle en Iran, qui dirigent le pays car, prétextent-ils, le pouvoir politique vient de Dieu.

Pourtant, il y a 10 jours, c’est dans la joie que les Iraniens se sont prononcés en très grand nombre dans cette élection chaudement disputée, nonobstant qu’elle était sans pluralisme politique, durant laquelle le débat fut extraordinairement ouvert et intense. Les observateurs ont ressenti durant cette période qu’un changement profond était pour s’exprimer. Une souveraineté populaire semblait vouloir émaner du processus électoral.

J’ai eu l’impression que le peuple en avait assez des théories de 1960 de l’Ayatollah Khomenei (ne pas confondre avec le Chef Suprême actuel Khamenei) venu de France pour renverser le régime du Shah d’Iran, ainsi que de la constitution qu’il a imposée alors pour créer l’état islamique d’Iran et se faire nommer le Chef Suprême. Cette constitution, toujours en vigueur, définit que le Chef Suprême a la responsabilité des politiques générales de la République islamique d’Iran et est le commandant en chef des forces armées. De plus, elle lui attribue toutes les opérations liées à la sécurité, précise qu’il est le seul qui a le pouvoir de déclarer la guerre et qu’il est aussi responsable du pouvoir judiciaire.

En plus, elle a créé un « Conseil des Gardiens » pour veiller à la compatibilité des lois avec la Constitution et avec l'Islam. Il est composé de douze membres dont six mollahs nommés directement par le Chef Suprême et de six juristes, aussi des mollahs, nommés sur proposition du pouvoir judiciaire qui dépend de qui, pensez-vous ? Eh oui, du Chef Suprême ! Donc, c’est ce dernier qui nomme tous les membres du conseil des Gardiens.

Puis, il y a l’« Assemblée des experts » dont les 86 membres, tous des mollahs, sont élus pour huit ans au suffrage universel. Son rôle est d’élire le Chef Suprême. Elle peut aussi le démettre de ses fonctions mais c’est fortement improbable puisqu’il est nommé à vie et le pouvoir personnel qu’il exerce le rend tout-puissant. Lors de la dernière élection en 2006, l’opposition boycotta le scrutin et traita l’élection d’une farce. Qui choisit les candidats, pensez-vous ? Eh oui, le Chef Suprême… encore lui !

Enfin, il y a « le Conseil de discernement » qui arbitre les litiges entre le parlement et « le Conseil des Gardiens « et peut édicter des solutions. Composé de qui ? De six membres du conseil des Gardiens auxquels s’ajoutent le chef du parlement, le chef des pouvoirs judiciaires, le président de la république et une dizaine de personnalités iraniennes, toutes nommées par le Chef Suprême. Seuls le chef du parlement et le président du pays ne sont pas nommés, en principe, par le Chef Suprême.

Il est clair que le parlement de 290 députés élus et le président, n’ont pas de pouvoir réel. Ils jouent le jeu et ne sont, en somme, que les porte-paroles du Chef Suprême.

Seul un président intelligent, astucieux et avec du caractère comme le fut l’ancien président Mohammad Khatami de 1997 à 2005 ou comme aurait pu l’être Mir-Hossein Mousavi, le candidat perdant de l’élection récente, peut faire la différence et libérer peu à peu l’Iran de l’omniprésence du Chef Suprême et sa constitution afin de vraiment changer les choses.

Je discutais hier avec un ami français de cette structure politique et religieuse de l’Iran et sa réaction m’exprima bien ce qu’est cette mise-en scène démocratique iranienne : C’est dingue !

Claude Dupras

jeudi 18 juin 2009

Sammy Forcillo, jamais !

Le journal La Presse de Montréal, édition du 17 juin, rapporte un autre présumé scandale qui semble toucher, encore une fois, l’administration de Montréal du maire Gérald Tremblay.

Le président de la vieille firme L.M. Sauvé, spécialisée en rénovation de maçonneries anciennes, a décidé de dévoiler à la Sûreté du Québec qu’il était pourchassé par la pègre de Montréal. Il prétend que cette dernière lui réclamait des versements importants d’argent aux noms de deux conseillers municipaux du parti du maire, en rapport avec un contrat pour la rénovation de la toiture de l’hôtel de ville.

La Presse a préféré ne pas dévoiler les noms de ces deux individus et c’est tout à son honneur. Cependant l’article, publié à la une, laisse à penser qu’un nouveau scandale important salit davantage la réputation du maire et de ses acolytes.

Or, il s’avère que ces individus ont jugé bon de s’identifier publiquement pour éviter toutes les spéculations qui tourbillonnent dans de telles situations. Je connais bien l’un d’eux, Sammy Forcillo. Je ne veux rien dire de plus sur Sauvé qui semble vouloir justifier sa mauvaise administration de sa firme sur le dos d’autres personnes, mais je ne peux accepter son insinuation à l’effet que Sammy Forcillo, conseiller municipal et membre du comité exécutif de Montréal, soit impliqué dans son histoire.

Je connais bien Sammy Forcillo. Il a été longtemps, sous Jean Drapeau, le conseiller municipal d’un quartier ouvrier de Montréal. Il a toujours été reconnu comme un homme honnête, dédié à ses commettants. En 1986, lorsque je succédai à Drapeau et devint chef du Parti Civique de Montréal, il faisait partie de mon équipe et m’assura sa collaboration entière et sincère. Malheureusement, cette année-là, il perdit son siège de conseiller, battu par le candidat du RCM de Jean Doré. Il en sortit très découragé. Quelque temps après, il me blâma pour sa défaite mais je compris son angoisse et sa détresse. À ma surprise, il quitta le Parti civique, influencé par son mentor Yvon Lamarre. Mais, malgré cette décision qui me faisait mal, je ne lui en ai jamais voulu car j’estimais que Sammy, tout en étant opportuniste, était un homme convaincu qui agissait toujours dans l’intérêt général de Montréal. Je ne l’ai jamais revu depuis, avec regret.

Je me lève aujourd’hui pour défendre Sammy Forcillo, car je suis absolument certain qu’il n’est pas le genre d’homme à être impliqué dans une affaire telle que le relate le Sauvé en question. D’ailleurs, dès que j’ai su que ce dernier l’entraînait dans son histoire, j’en ai déduit que sa déclaration à la police devait être entachée d’exagérations et faite pour des raisons autres que celles qu’il invoquait.

Les soupçons de malhonnêteté envers l’administration Tremblay émergent de la fusion des municipalités. Montréal, sous trente ans de Jean Drapeau, sous huit ans de Jean Doré et huit ans de Pierre Bourque a connu des administrations honnêtes. C’est la fusion qui a impliqué des politiciens de banlieue dans les affaires de la grande ville de Montréal. Plusieurs d’entre eux, aux mœurs douteuses, comme ceux de Ville St-Laurent, ont importé leurs méthodes malhonnêtes dans l’octroi de contrats. De plus, la nouvelle grande ville de Montréal a attiré les entrepreneurs et les professionnels qui œuvraient à Laval, troisième ville du Québec et voisine de Montréal, où, depuis longtemps, il est de notoriété publique que tout n’est pas fait selon les règles de l’art. D’ailleurs, l’origine de plusieurs personnes impliquées dans tous les derniers reportages, sur des présumés scandales qui entachent Montréal, démontrent bien ce que j’avance.

Sammy Forcillo est aujourd’hui pris dans la tourmente journalistique qui déferle sur les administrateurs élus et non-élus de Montréal. À ce jour, aucune preuve de malhonnêteté n’a été faite malgré les accablantes insinuations qui circulent. Il est vrai qu’à la lecture de tous les reportages, nous sommes pris à penser que tout n’est que scandales. Cependant, si on veut être juste avec tout le monde, il faudra attendre les rapports des agences policières qui enquêtent dans six cas différents, la plupart réclamés par le maire, pour savoir vraiment ce qui en est. Il est odieux d’accabler les élus actuels de Montréal sans que l’on sache s’ils sont vraiment coupables de malhonnêteté. Mal administration, peut être mais c’est à voir. Alors soyons patients, la vérité viendra !

Cependant, advienne que pourra, je suis personnellement convaincu que Sammy Forcillo est un honnête homme et qu’il n’est d’aucune façon impliqué dans l’histoire qui fait actuellement la une des médias de Montréal. Il est de l’école politique de Jean Drapeau et d’Yvon Lamarre dans laquelle la probité politique était de rigueur. Il faut lui faire confiance.

Claude Dupras

ps. Certains diront que je m’allonge le cou… non, car ce que j’avance est pour moi clair, net et évident.

lundi 15 juin 2009

Netanyahou entrouvre la porte… à peine

Le nouveau PM Israélien Benyamin Netanyahou vient de faire sa première déclaration importante sur la situation d’Israël et de la Palestine.

Netanyahou n’a pas répondu aux espoirs attendus. Motivé à trouver un équilibre entre ses aspirations à la paix et à celles de la sécurité de son pays, il a dit des mots pour satisfaire quelque peu le président américain Barack Obama et permettre à ce dernier de déclarer qu’un pas en avant venait d’être accompli. Je dirais, un petit pas.

J’ai lu intégralement le texte de son discours. Il a bien expliqué la misère des juifs depuis 2,000 ans qui a aboutit sur l’Holocauste. Ce texte m’a rappelé ma lecture du livre de Marek Halter « Mémoire d’Abraham », un livre généalogique sur le trajet deux fois millénaire de sa famille et qui démontre bien les souffrances, le martyr et la discrimination qu’a subis le peuple juif à travers les âges. Netanyahou rappelle ces injustices sur lesquelles il base son argumentation pour défendre l’existence d’un pays juif, nommé Israël. Il va même jusqu’à dire que si Israël avait existé avant la deuxième guerre, l’holocauste n’aurait pas eu lieu car les juifs de l’Europe auraient eu une patrie où fuir. C’est un argument compréhensible pour lequel j’ai beaucoup de sympathie.

Netanyahou défend la notion d’un état juif, même si, aujourd’hui, un million des habitants d’Israël sont arabes. C’est comme si on disait que le Québec est un état catholique parce que la majorité est catholique. Qu’importe les autres qu’ils soient protestants, musulmans, juifs, bouddhistes… J’ai l’impression que nous serions alors taxés des plus mauvaises épithètes. Pour le Québec ce serait indéfendable. L’est-ce pour Israël ? C’est là la question.

Des millions d’arabes vivant sur le territoire d’Israël, tel que défini par l’ONU en 1948, ont dû fuir leur maison, leur propriété pour trouver refuge dans des camps du côté de la Palestine. Ces arabes veulent revenir chez eux, reprendre leur maison, leur terrain, leur commerce. Netanyahou vient de confirmer officiellement qu’il refuse car cela rendrait les juifs minoritaires en Israël et nuirait au développement futur de leur état. Il dit vouloir les aider à se réinstaller en dehors d’Israël avec l’aide financière internationale. Donc, ce sont les autres pays qui vont payer pour cette injustice flagrante. C’est comme si on expulsait les anglophones du Québec, sans les compenser pour leurs actifs, tout en se disant prêts à les aider à se réinstaller en Ontario avec l’argent des autres gouvernements. Même question !

Pour justifier cette approche, Netanyahou affirme que cela n’est que juste car des milliers de juifs ont quitté les pays arabes pour venir s’installer en Israël et ont laissé derrière eux leur passé et leurs avoirs. Il oublie de dire que contrairement aux arabes israéliens, une très grande majorité de ces juifs ont pu vendre leurs propriétés avant de partir et aucun ne vit dans un camp de réfugiés.

Pour plaire à Obama, Netanyahou accepte de ne pas construire de nouvelles colonies sur les terres de la Palestine. Mais, il ne va pas assez loin car il veut continuer à développer les colonies déjà implantées sur les terres occupées pour des « raisons de démographie », dit-il. Il affirme que les familles qui y sont implantées, ont droit de grandir. Il laisse Obama sur sa soif !

Puis, il y a Jérusalem. Netanyahou ne veut aucunement céder sur ce sujet et affirme que Jérusalem demeurera totalement partie d’Israël, même la partie arabe occupée où vivent les arabes et qui contient la fameuse grande mosquée si importante pour l’Islam.

En conclusion, il se dit prêt à reconnaître un état palestinien indépendant. C’est la première fois qu’il fait cette affirmation. Mais il exige que le nouvel état palestinien soit démilitarisé, sans droit aérien, etc… ce qui me semble inacceptable pour un pays indépendant.

En somme, le PM d’Israël ouvre la porte aux dirigeants du peuple palestinien et à ceux des pays arabes pour commencer des pourparlers de paix à la condition qu’ils acceptent, au préalable, ses positions en rapport avec les réfugiés, Jérusalem et la démilitarisation du nouvel État Palestinien.

J’ai l’impression que Netanyahou, n’a fait qu’ajouter des obstacles au processus de paix.

Barack Obama, Nicolas Sarkozy et le président de l’Union Européenne, en diplomates, ont accepté publiquement la position de Netanyahou soulignant qu’il reconnaît enfin le droit aux Palestiniens d’avoir leur État indépendant. Mais ce n’est qu’une porte entrouverte qui devra être ouverte à la pleine grandeur par les négociateurs américains. Ces derniers auront un travail difficile pour atteindre leur objectif, soit la création de deux États libres et indépendants vivant en harmonie et en paix, côte à côte, sur leur terre ancestrale.

Mission impossible ? Qui sait… On disait cela lorsque le président américain Carter réunissait Anwar El Sadat, le président égyptien, et Menahem Begin, le PM israélien, pour négocier une paix entre l’Égypte et Israël. Cela a bien fini. Alors tout est possible…

Claude Dupras

samedi 13 juin 2009

Les élections iraniennes

À la grande surprise des observateurs, Mahmoud Ahmadinejad vient d’être réélu président de l’Iran avec un appui de 62,6% des électeurs qui ont voté à 85%, un record de participation. C’est une très grande victoire. Son adversaire principal, le modéré Mirhossein Mousavi conteste le résultat prétextant que des malversations électorales ont eu lieu. Mais la victoire d’Ahmadinejad, aussi surprenante qu’éclatante, est indiscutable. Les Iraniens ont voté clairement pour ses politiques.

La république islamique iranienne vient une fois de plus de nous démontrer que l'Islam n'est pas en contradiction avec ce que nous appelons en Occident : la démocratie politique. Jamais un pays musulman n'a organisé des élections présidentielles aussi démocratiques que l'Iran cette année. Jamais un pays arabe ou musulman ne s’est donné le luxe de permettre à quatre candidats à la présidence de se présenter aux élections. Et cela est confirmé par les mass-médias occidentaux qui ont tous reconnu que la campagne électorale organisée en Iran a été des plus ouvertes.

Le grand vainqueur dans ces élections n’est pas en fait Ahmadinejad mais le peuple iranien qui a été vraiment encouragé à participer librement et qui a répondu en très grand nombre.

Malheureusement, ce n’est pas une vraie élection libre et entièrement démocratique comme nous l’entendons. En effet, les quatre candidats officiels ont dû obtenir l’accord du chef suprême de l’Iran, l’ayatollah Ali Khamenei pour devenir candidats. C’est en fait le Conseil Suprême religieux de l’Iran qui a le pouvoir total. Même élu, le prochain président ne pourra faire adopter ce qu’il veut. C’est le Conseil Suprême qui décide si les décisions du président sont conformes aux enseignements de l’Islam et aux vues des membres du Conseil Suprême. C’est un peu comme au Québec de jadis, où les politiciens devaient s’assurer de l’appui de l’église catholique pour gagner leurs élections et même pour prendre certaines de leurs décisions gouvernementales.

Ahmadinejad, dans son premier mandat, a affirmé des choses surprenantes comme son désir de rayer Israël de la carte du monde et de continuer le développement nucléaire de son pays nonobstant les vues des principaux pays de l’Occident et de l’ONU. Cette affirmation provocatrice est de toute évidence irréaliste, car si jamais l’Iran voulait lancer une bombe nucléaire sur Israël, il en recevrait probablement une sur la tête avant. La conséquence malheureuse de cette bravade est que les dirigeants israéliens l’ont utilisée à leur avantage pour démontrer l’urgence de renforcer davantage leur défense et de justifier leur décision de ne pas régler le problème odieux des Palestiniens.

J’ai bien apprécié la déclaration du président Barack Obama qui s’est prononcé sur ces élections et qui a reconnu qu’elles ont permis aux Iraniens de décider librement de leur avenir. Obama sait ce que représente véritablement Ahmadinejad.

Son comportement durant cette élection et celui de son gouvernement me donnent tout de même, et enfin, un peu d'espoir. Il me semble qu’Obama se positionne pour l’avenir et se prépare à convaincre diplomatiquement les vrais dirigeants de l’Iran, le Conseil Suprême, plutôt que de continuer la même politique d'exclusion et d’agressivité de GWBush. Ahmadinejad est le problème, le Conseil suprême est la solution.

Le président Obama sait qu’une entente avec l’Iran est une des clefs principales de la paix au Moyen-Orient.

Claude Dupras

jeudi 11 juin 2009

Netanyahou, le « pas bon » !

Plusieurs américains, surtout républicains, croient que le président Barak Obama en tendant la main aux 1,5 milliards de musulmans sur la terre repousse du même geste Israël et risque ainsi de briser le lien intime qui existe entre les USA et Israël. Que le peuple palestinien souffre d’une situation intolérable ne semble pas avoir d’importance pour eux !

Tout en suggérant aux Palestiniens d’abandonner la violence en leur rappelant l’exemple des noirs américains qui ont obtenu des droits égaux par la non-violence et une détermination constante, Obama demande à Israël de cesser d’agrandir illégalement ses colonies construites sur les terres dites occupées et qui appartiennent à la Palestine. De plus, il leur demande de laisser aux Palestiniens la possibilité de travailler et de développer leur société. C’est normal… non ? D’ailleurs, n’est-ce pas ce que nous pensons tous depuis longtemps ?

Si les USA décidaient unilatéralement d’occuper une partie du territoire canadien à sa frontière et d’y construire de nouvelles villes ou villages avec l’intention de les contrôler, jamais nous, les Canadiens, accepterions une telle situation. Alors ?

Le nouveau Premier Ministre d’Israël, Benyamin Netanyahou, a rejeté « subito presto » du revers de la main l’appel du président américain prétextant que GWBush avait accepté le principe de la construction à l’intérieur des territoires déjà occupés. Obama dit et redit « NON » pour deux raisons : Premièrement, pour aider les Palestiniens à sortir de leur détresse, et, deuxièmement, pour être en mesure de former une coalition régionale contre les ambitions de l’Iran de se donner l’arme nucléaire.

Même si Israël a la bombe nucléaire, Netanyahou n’apprécie pas non plus la déclaration d’Obama à l’effet que l’Iran a droit, comme tout pays, à la puissance du nucléaire pour des fins pacifiques.

Obama ne s’est pas arrêté en Israël lors de sa dernière visite. On n’a pas vu cela depuis longtemps de la part d’un président américain. Il voulait sûrement faire comprendre aux Israéliens toute sa détermination pour régler le problème qui empoisonne tout le Moyen-Orient. Les USA ont fait partout la leçon aux pays du monde, il est temps qu’ils la fassent aussi aux dirigeants israéliens.

Si Netanyahou s’enrage comme un enfant gâté, qu’importe ! Vers qui se tournera-t-il ? Est-ce que l’appui à Israël veut dire que les USA doivent approuver automatiquement toutes les actions qu’il mène contre les Palestiniens et qui enrage tout le monde arabe ? Est-ce qu’Israël peut continuer à se moquer des résolutions du conseil de sécurité des Nations-Unies sans que les USA regimbent? Et les droits de la personne, on en fait quoi ?

L’appui inconditionnel des USA à Israël a été contre-productif pour le peuple américain. Les Américains versent des sommes immenses à Israël, lui fournissent des armes sophistiquées, y exercent des échanges commerciaux importants et l’aident de multiples autres façons. Tout est à sens unique, car en retour Israël ne leur apporte rien et ils n’obtiennent que des problèmes et une animosité envers eux qui est généralisée dans les mondes arabe et musulman du Moyen-Orient, de l’Asie et d’ailleurs sur la planète.

Netanyahou a été élu par une frange d’extrémistes juifs de droite et il croit plus important de plaire à ces groupes afin de maintenir son nouveau pouvoir que d’agir dans le vrai intérêt du peuple Israélien, soit de vivre en paix et en harmonie avec ses voisins. Contrairement à ce que tout ce petit monde pense, Israël n’est pas le pilier sur lequel doit se maintenir tout ce qui se passe au Moyen-Orient.

Un nouvel équilibre doit apparaître dans cette région si la paix est pour se pointer le nez afin que cessent, une fois pour toutes, les morts et les blessés chez les femmes et les enfants israéliens et palestiniens. En obtenant la paix, les relations d’Israël avec les USA ne seront pas amoindries, au contraire. De plus, cette paix fera d’Israël une vraie nation puisque sa population cessera de vivre dans la peur d’être attaquée et les parents pourront élever leurs enfants sans crainte qu’ils soient, un jour, appelés à aller sur un front de guerre.

Et que pense le lobby juif américain, si important par l’influence qu’il exerce avec sa puissance électorale et l’appui massif qu’il accorde au parti Démocrate, des actions et des paroles du président Barack Obama ? À ce jour, les échos sont bons. Il semble qu’il appuiera le président dans sa démarche pour trouver enfin une paix juste, équitable et vraie entre Israël et la Palestine ainsi qu’avec tous les autres pays arabes qui ne reconnaissent pas encore officiellement l’État d’Israël. Je crois qu’il comprend qu’une telle entente entre Israël et la Palestine améliorera la sécurité non seulement au Moyen Orient mais aussi aux USA et ailleurs dans le monde. En tout cas, on ne peut qu’admirer le courage politique d’Obama de se tenir debout devant un lobby qui peut vraiment affecter sa popularité.

Le seul problème est le PM Netanyahou. Il vient d’affirmer qu’il est prêt à laisser les Palestiniens gouverner leur territoire sans reconnaître qu’ils forment un pays. Son argument est simpliste : les Palestiniens sont incapables de diriger un pays indépendant et ne pourront, par conséquence, respecter les ententes d’un accord avec Israël. Il est évident qu’il invente, au fur et à mesure, des arguments pour nuire aux négociations dès qu’elles s’annoncent possibles afin de justifier ses positions politiques draconiennes envers le peuple palestinien, Il ne fait que de la « potilique ». Il veut faire oublier que c’est l’armée israélienne qui a détruit les bâtiments gouvernementaux palestiniens du temps d’Arafat et récemment dans Gaza, a tué et même assassiné des leaders politiques palestiniens et des chefs militaires, etc… Son pays a tout fait pour désorganiser la Palestine et aujourd’hui, Netanyahou vient plaider pour chercher à prouver que les Palestiniens ne sont pas en mesure de gouverner.

On ne pouvait trouver pire PM pour Israël au moment où Barak Obama est président des USA. Si Netanyahou était de la trempe des ex-PM israéliens Yitzhak Rabin et Menahem Begin, nous serions probablement témoins d’une grande entente de paix au Moyen-Orient. Avec Netanyahou, c’est loin d’être certain si on se fie à tous ses discours des dernières années.

Dans les jours prochains, Netanyahou s’apprête à faire une déclaration officielle en réponse aux demandes du président américain. Il est coincé entre les USA qui aident énormément son pays et ses électeurs qui lui donnent le pouvoir. S’il advenait qu’il se montre ouvert et accepte, avec des conditions raisonnables, la position d’Obama, il faudra examiner ses mots à la loupe pour découvrir où se cache l’anguille. À mon avis, on peut difficilement lui faire confiance. J’espère qu’Obama contournera ce PM à la Sharon, le dur des durs, afin d’atteindre l’objectif qu’un très grand nombre d’israéliens attendent.

La seule lueur d’espoir que je vois est Shimon Peres, président d’Israël, qui normalement n’a pas, de par son rôle, à s’occuper des affaires du gouvernement mais qui trépigne sûrement d’impatience devant la résistance de Netanyahou. Je le vois intervenir en coulisses et probablement sur la place publique pour qu’une entente se fasse. N’est-il pas un prix Nobel de la paix ?

Claude Dupras

lundi 8 juin 2009

Et l'Europe, on en fait quoi ?

C’était hier, les élections pour tous les députés au parlement européen. En France, seulement 40% des électeurs ont voté, alors que dans tous les autres pays membres de l’Union Européenne le score est à 41,5%. C’est pitoyable et un affront à la démocratie qui m’a fait penser au mot d’ordre de voter « blanc » aux élections présidentielles. Alors que le parlement européen a de plus en plus de responsabilités, les Européens votent de moins en moins. Hier, le pourcentage était plus bas qu’à la dernière élection et celui de cette année-là était encore plus bas que la précédente.

J’ai suivi de près la campagne électorale française et j’ai constaté que les électeurs ne montrent pas d’intérêt pour l’Europe parce qu’ils la connaissent peu. J’ai même détecté un sentiment anti-européen chez plusieurs. Malheureusement pour eux, la période électorale ne fut pas un moment pour apprendre. Au contraire elle fut une non-campagne, presqu’une farce. Elle s’est terminée sur le plateau de France 2, la veille du jour de l’élection, où le spectacle offert par les représentants des partis fut déplorable, dégradant et insignifiant. Des bouffons n’auraient pas mieux fait.

Alors qu’on espérait de cette émission télévisée qu’elle éveille les électeurs et les encourage à aller voter, ce fut pour eux une douche froide qui les a éloignés davantage des bureaux de votation. Les participants s’invectivaient, palabraient tous en même temps, ne parlaient pas de l’Europe, pratiquaient l’antisarkozysme à plein, ne montraient aucun respect pour le poste de président de la France pas plus qu’entre eux d’ailleurs. Seuls deux ou trois étaient calmes, dont Xavier Bertrand président de l’UMP et la socialiste Martine Aubry qui, malgré son attitude, trouva quand même le moyen de traiter le président Sarkozy de menteur. Le tout culmina sur des échanges de bas niveau, de ruelle, entre François Bayrou, chef du Mouvement Démocrate, et Daniel Cohn-Bendit, leader du groupe Europe Écologie. Peut-on vraiment être surpris que les jeunes français ne s’intéressent pas à la politique lorsqu’ils voient leurs ainés agir de la sorte à la télé, en couleurs et en HD ?

Le grand gagnant fut l’UMP, le parti sarkozien, avec 28%. La surprise fut la montée d’Europe Écologie qui arriva à égalité avec le parti socialiste à 16 % alors que le Modem chuta à 8,5%. Comme ces élections sont à la proportionnelle et à un tour de votation, les partis obtiennent chacun le nombre de députés européens en proportion de l’appui qu’ils ont gagné. Ainsi toutes les opinions sont représentées au parlement européen. C’est un système juste et équitable qui m’a rappelé l’élection des Progressistes-Conservateurs que j’organisai au Québec du temps de Robert Stanfield. Nous avions obtenu plus de 28% des suffrages mais fait élire que deux députés avec une pluralité de votes. Avec un système proportionnel, notre nombre aurait été de 21 députés et les Québécois qui avaient voté « bleu » auraient été représentés au parlement canadien. Mais ça c’est une autre histoire…

Le jour de l’élection, au marché du dimanche de mon village, j’ai rencontré, séparément, trois amis français qui venaient de voter. Je savais qu’ils étaient de bons socialistes. À ma grande surprise, les trois m’avouèrent la même chose, ils venaient de voter pour Europe Écologie. « Pourquoi ne pas avoir supporté votre parti, le parti socialiste ? » leur demandai-je. Leur réponse, fut presque similaire, « c’est un parti en déroute qui va s’effondrer et l’écologie est de prime importance en ce moment, surtout pour l’ensemble de l’Europe » en me précisant « mais nous sommes toujours socialistes ». Le soir, à l’annonce des résultats, je me suis rendu compte qu’ils n’étaient pas les seuls à penser ainsi.

La défaite importante du parti socialiste m’a remémoré la surprise que j’avais ressentie lors de l’élection de Martine Aubry comme premier secrétaire du parti socialiste. Je ne comprenais pas alors cette décision. La femme des 35 heures qui ont fait si mal à la France, revenait à la tête des affaires de son parti après avoir été la cause de la baisse en popularité du gouvernement Jospin, coûté à ce dernier la présidence et relégué le parti socialiste profondément dans l’opposition. Les Français n’ont pas oublié cette erreur magistrale et ne veulent pas de Martine Aubry. Hier soir, le parti s’est englué encore plus. Ce ne peut être plus clair. Elle doit démissionner et être remplacée immédiatement. Non pas par un autre membre de la vieille garde, « les éléphants » comme on les appelle, mais par un des nombreux brillants jeunes députés socialistes qui œuvrent dans ce parti. Il me semble que c’est la seule façon que la direction de ce parti puisse vraiment se rajeunir, se réorganiser et proposer des idées qui correspondent aux besoins des Français d’aujourd’hui. Contrairement aux « éléphants », ces nouveaux dirigeants seront écoutés et deviendront des pédagogues crédibles pour bien expliquer les nouvelles politiques socialistes aux Français.

Le parlement européen devient de plus en plus important car il participe davantage aux décisions de l’UE. Il vote des lois en codécision (avant il n’agissait que sur une base consultative seulement) avec le conseil de l’UE (composé des chefs de gouvernement ou des ministres), accorde ou retire sa confiance à la Commission (composée d’un commissaire par État-Membre), adopte le budget et contrôle son usage. Dans les domaines de l’environnement, du transport, de l’immigration clandestine, le parlement a le pouvoir d’agir. Il peut recevoir des pétitions d’européens. Il a un pouvoir de contrôle en politique étrangère et dans le domaine de la coopération policière et judiciaire. Le parlement est la base démocratique de l’UE et ses députés sont élus tous les 5 ans. Il est fort important. Que les Français, tout comme la majorité des Européens, ne s’intéressent pas davantage à ce corps politique qui touche de si près leur vie, me renverse. Par exemple, il vient d’adopter la politique climatique la plus audacieuse du monde.

Il est à espérer dans l’intérêt de tous, incluant les Nord-Américains, que les Français se réveillent, acceptent que le parlement européen soit aussi leur parlement et qu’ils s’en occupent.

Claude Dupras

samedi 6 juin 2009

La mesure de Louise Harel

C’est une grosse nouvelle pour Montréal. Louise Harel, ex-membre du Rassemblement pour l’Indépendance Nationale, ex-députée d’Hochelaga pour le Parti Québécois durant 27 années, ex-ministre péquiste durant près de 9 ans qui, il y a à peine quelques mois, prenait sa retraite de la politique vient de décider de se lancer dans l’arène politique municipale en tant que candidate à la mairie.

Elle est devenue, en un tour de main, chef du parti Vision Montréal grâce à Benoit Labonté, chef démissionnaire, qui lui lègue la direction du parti. De plus, Labonté renonce à sa décision d’être candidat à la mairie et fera équipe avec Louise Harel qui lui a promis la présidence du comité exécutif, si elle gagne.

Ma première réaction à cette importante annonce fut positive puisque nous aurons enfin une vraie compétition pour la mairie de Montréal et que ce fait favorisera l’augmentation du taux d’électeurs qui se situe normalement en bas 40%. Je crois que plus de participation génère plus de démocratie et résulte dans une meilleure administration.

Louise Harel connaît bien tous les rouages de la politique québécoise. Elle a été, particulièrement, ministre des affaires municipales et ministre responsable de la Métropole. Elle est donc familière avec les lois, la gestion et les problèmes de Montréal. Louise Harel fut une politicienne compétente, intègre, sérieuse, têtue, autoritaire et aimée par les gens de son comté.

Je l’ai rencontrée la première fois lors de l’inauguration des travaux de construction du centre de recherches CRIQ à Montréal, où elle représentait le PM René Lévesque. Malgré que je fusse alors partisan d’un autre parti politique, ma firme avait obtenu ce mandat de génie conseil grâce aux nouvelles politiques mises en place par René Lévesque, par lesquelles il n’y avait plus de favoritisme dans le choix des professionnels. À ma grande surprise, le système établi m’avait permis d’être choisi. J’eus l’opportunité d’échanger quelques mots avec Louise Harel qui me demanda qui je représentais. Lorsque je lui annonçai que j’étais l’ingénieur du projet, elle s’empressa de me féliciter. Il était clair qu’elle ne savait absolument pas qui étaient les professionnels du projet. Quelle différence avec le passé, où les ministres et députés étaient toujours impliqués dans ce genre de décision et avaient leurs favoris. Nous vivions un temps nouveau et Louise Harel en était fière. C’est ce dont Montréal a besoin aujourd’hui, soit un système par lequel toutes les firmes ou entreprises ont une chance égale de décrocher un contrat de la ville sans connivence ni favoritisme.

J’ai aussi vu Louise Harel en action à Québec. Là, elle était toujours très sérieuse, bien préparée et constante dans ses idées. Aux comités de l’assemblée nationale, elle ne laissait rien passer, parlait très franchement et défendait bien ses dossiers ou son point de vue. Cependant, il y avait trop souvent un aspect désagréable à son approche. Ses remarques devenaient parfois acerbes, déplacées et moqueuses envers les députés des autres partis. Elle n’était pas la seule à agir ainsi mais Louise Harel démontrait davantage un fanatisme politique teinté par son option politique qui était l’indépendance du Québec, et qui était inutile au débat.

Louise Harel est une femme têtue et l’a démontré clairement lorsqu’en tant que ministre des affaires municipales elle a proposé la fusion d’un très grand nombre de municipalités au Québec, dont celles de la région de Montréal. Avant ce jour, Montréal allait bien et faisait de grandes choses. Il y avait certes des débats intenses au niveau de la Communauté Urbaine de Montréal. Mais cette dissension venait du fait que Montréal était majoritaire à la CUM et que les municipalités environnantes plus petites ne voulaient pas contribuer leur juste part au fardeau fiscal de la CUM malgré qu’elles bénéficiaient des avantages. Au lieu de s’attaquer à régler ces conflits, Louise Harel a décidé d’abolir la CUM et de fusionner les villes de l’île de Montréal en une grande ville.

Partout au Québec, où les fusions proposées faisaient disparaître des villes, leurs citoyens se levèrent et demandèrent au ministre Harel de tenir des référendums dans leurs municipalités respectives avant de voter le nouveau projet de loi à l’Assemblée Nationale. Louise Harel refusa. Les conseils de ces villes organisèrent alors eux-mêmes les référendums. Partout des majorités allant de 75% à 90% se prononcèrent contre la fusion. Autoritaire, Louise Harel refusa de reconnaître ces résultats. Elle fit adopter la loi et les fusions eurent lieu. Ce fut le début de dépenses incroyables, de mésententes, d’insatisfaction généralisée, etc..

Dans mon blog récent « un maire à notre mesure » j’ai énuméré les qualités que je crois nécessaires au prochain maire de Montréal. Plusieurs sont bien comblées par Louise Harel. Mais certaines ne le sont pas, dont celle de favoriser la consultation des citoyens. Louise Harel a démontré dans le passé qu’elle n’écoute pas et refuse la consultation populaire. Pour elle, si élue, elle va mener. C’est une façon de faire que je ne partage pas car si, par exemple, elle avait respectée les décisions des référendums sur les fusions, nous ne serions pas pris dans le merdier où nous sommes aujourd’hui.

Je ne diminue aucunement la responsabilité du PM actuel Jean Charest dans le mélimélo actuel de la Ville de Montréal car il a, lui aussi, contribué grandement à tous nos problèmes actuels en voulant, par la suite, régler les problèmes découlant des fusions en permettant les dé-fusions.

Ce sera une élection dont le résultat sera serré. Pour gagner, Louise Harel devra pouvoir faire taire les bruits que sa candidature génère déjà et qui semblent créer un début de polarisation de l’opinion publique. Il ne faut pas que cette élection soit une affaire de fédéralistes contre séparatistes, anglophones contre francophones, riches contre pauvres, etc… L’intérêt supérieur de Montréal demande que le prochain maire soit le maire de tous les Montréalais et de toutes les Montréalaises.

Louise Harel, pour être élue, devra convaincre les électeurs montréalais qu’elle va mettre de côté ses penchants politiques nationaux pour se dédier exclusivement à faire de Montréal une ville où il fait bon vivre pour tous les Montréalais et Montréalaises. En est-elle capable ?

Quant au maire Gérald Tremblay et son parti, ils ont maintenant devant eux une opposition valable. Malheureusement, Tremblay arrive en campagne électorale entaché d’éclaboussures qu’il dit ne pas mériter. Il est vrai qu’il a toujours été reconnu comme un homme d’une honnêteté et d’une intégrité totales. Il a travaillé ardemment pour la ville, mais, pour remporter la victoire, il devra démontrer, sans aucun doute, à la population montréalaise qu’il est la victime innocente des scandales qui l’affectent et comment il va mettre de l’ordre dans son équipe pour l’avenir.

Je leur souhaite bonne chance.

Claude Dupras