lundi 27 décembre 2010

La nouvelle année nous réserve-t-elle un tsunami financier ?

Déficit, dette, taxes, qualité de vie, chômage, emplois rémunérateurs, retraite, etc… voilà des sujets qui inquiètent un grand nombre de Québécois en rapport avec leur avenir. Où en sommes-nous par rapport aux provinces canadiennes, aux États américains et aux pays européens ?

Aux États-Unis, la dette fédérale croît à une vitesse vertigineuse et semble impossible à rembourser. Il en est de même au niveau des États.

Les États américains font face à des difficultés incroyables et plusieurs ont tenu le coup durant la crise économique grâce aux milliards $ du programme fédéral de stimulus d’Obama. Mais cette aide se termine. L’heure de vérité arrive. La lente reprise sera-t-elle alors déraillée ?

La Californie aura l’an prochain un déficit de 19 milliards $. Déjà son crédit ne vaut rien. Les frais dans ses universités viennent d’augmenter de 32%.

Pour rencontrer ses obligations budgétaires, l’Arizona vient de vendre son Capitole, l’édifice de la cour Suprême et celui des chambres législatives à des investisseurs et paiera dorénavant un loyer pour l’usage de ses bâtiments gouvernementaux.

Pour balancer leur budget, le New Hampshire pige dans le fonds d’assurance pour contrer la mauvaise pratique médicale, le Colorado veut s’accaparer le surplus de 500 millions $ de l’assurance des travailleurs de l’État, Hawaï a institué une semaine d’école de quatre jours. Les déficits du Rhode Island et de l’Alaska dépassent de beaucoup leur produit intérieur brut (PIB).

Le New Jersey, l’État le plus taxé du pays, a une économie en pleine dépression. Son gouverneur vient de trancher 26 % du budget dont des coupures draconiennes dans les versements aux banlieues, accentuant ainsi leurs problèmes financiers. Malgré cela, le déficit prévu pour l’an prochain sera de 10 milliards $.

En Illinois, l’État dépense deux fois le montant des taxes collectées. Il a des comptes à payer de 5 milliards de $ et n’a pas l’argent pour le faire.

Les engagements pour les pensions dans les États américains se chiffrent à 5,17 trillions $, alors que seulement 1,97 trillions $ sont mis de coté dans ces fonds. C’est un déficit de 3,23 trillions $ à combler au moment où les baby-boomers arrivent et réclament aussi leurs pensions.

Les gouverneurs admettent enfin aujourd’hui : « Nous avons trop dépensé, nos cartes de crédit sont annulées. C’est fini. Ce ne sera pas facile de sortir du trou que nous avons creusé depuis les dix dernières années ».

Selon les analystes financiers de Wall Street, personne ne connait vraiment la profondeur des trous. Ils soulignent le manque de transparence des États en rapport avec le marché des obligations municipales et questionnent leur capacité de rembourser leurs emprunts. Ce marché a toujours eu la réputation d’être sécuritaire pour les petits investisseurs qui y plaçaient leurs économies pour leurs vieux jours. Mais cela a changé. Par exemple, la ville de Harrisburg, capitale de la Pennsylvanie, a dû être sauvée par l’État à cause de son incapacité de rembourser ses dettes. Les analystes estiment que plus de 75 villes importantes tomberont bientôt en défaut et que cela impliquera des centaines de milliards $ d’aide. Mais ils déplorent surtout la diminution de la confiance des investisseurs pour ce marché.

Le grand test pour les États américains sera au printemps quand le programme de stimulus d’Obama de 160 milliards $ prendra fin.

Plusieurs gouverneurs affirment que le problème réside dans la trop grande quantité d’avantages sociaux que l’État donne à ses citoyens. « Il va falloir changer tout ça » disent-ils car, pour eux, l’heure est aux coupures budgétaires.

Les élections américaines de mi-mandat ont démontré qu’un très grand nombre d’Américains actifs ne veut plus payer pour les retraites des autres ni pour le financement d’un système d’assurance santé national. Par contre, ils ne s’opposent pas aux dépenses faramineuses en Irak et en Afghanistan. Comme si l’argent pour les dépenses militaires est différent de l’argent pour le social. De plus, ils ne disent rien lorsqu’Obama feint de vouloir s’engager au Yemen et en Corée du Nord. Ils préfèrent mieux couper l’aide sociale à leurs compatriotes en besoins que de trancher dans le financement des dépenses militaires. Incroyable !

Pendant ce temps là au Canada, on roule notre bosse… sans trop se préoccuper de la dette. Cette dernière comprend : la dette brute (déficits accumulés, avances aux sociétés d’État et à Hydro-Québec, investissements dans les routes et les immobilisations, dettes des municipalités, des réseaux de santé et d’éducation), plus la part du Québec (122,9 milliards $) de la dette du gouvernement fédéral. Un grand total de 285,6 milliards, soit 35,600 $ par Québécois.

La dette du Québec est à 96,3% du produit intérieur brut (PIB). Par rapport à cet index, nous sommes plus endettés que la France (75,7%), les USA (70%), le Canada pris dans son ensemble (69,7%)… Notre dette est la cinquième plus haute du monde industrialisé. Nous sommes la province la plus endettée du Canada. Et dire qu’après le règne de Duplessis, nous étions la moins endettée.

Au Canada, après des années de surplus et depuis la venue des Conservateurs, le gouvernement engendre des déficits de plus en plus gros. Au Québec, le gouvernement fait de même mais affirme avoir le déficit sous contrôle et prévoit que d’ici trois ans la situation financière sera positive (c’est à voir!).

Aux USA, le déficit a dépassé le trillion $. Cependant, le président Obama, les Démocrates et surtout les Républicains jurent que les deux prochaines années seront dédiées à réduire les dépenses (les teapartyers les ont-ils réveillés ?). Quant aux états Américains, c’est le désastre qui s’annonce car les coupures sociales sont à l’horizon.

En Europe, plusieurs Allemands, Français et autres remettent en question l’opportunité de garder l’euro, après les quasi-faillites de la Grèce, de l’Irlande, du Portugal, de l’Italie…

Aux USA, en France, en Allemagne, au Canada et ailleurs, les profits connaissent des rebonds et sont engrangés par les petites et moyennes entreprises. Les grands groupes voient leurs ventes et leurs effectifs gonfler à l’étranger, leurs profits exploser. Les bourses grimpent. Malheureusement, l’emploi en prend un coup et ne suit pas. La petite classe moyenne disparaît et la pauvreté augmente. L’aide sociale devient de plus en plus nécessaire.

Constatant ce qui précède, plusieurs prophètes de malheur prédisent qu’un tsunami financier déferlera sur nos continents. Il amplifierait tout le mal créé par la première crise économique. Je ne veux même pas penser à cette possibilité.

Il est de la responsabilité de chaque citoyen de percevoir la situation économique de son pays. C’est d’autant plus important que le départ des baby-boomers du marché du travail risque de réduire la croissance économique canadienne et d’ajouter énormément aux dépenses gouvernementales en raison de leur vieillissement.

Soyons optimistes et encourageons (au lieu de critiquer sans cesse) nos gouvernements pour qu'ils prennent les moyens nécessaires pour stimuler l'économie et pour réduire leurs dépenses afin d'éliminer les déficits le plus tôt possible. Nous nous devons de vivre selon nos moyens. Ce n’est pas un luxe.

Claude Dupras

mercredi 22 décembre 2010

Meilleurs voeux


Voici les recette du repas de Noël de Manon:
http://claude.dupras.com/menu_du_repas_de_noël_des_dupras.htm

vendredi 17 décembre 2010

Obama et ses promesses électorales

Ce n’est pas une sinécure d’être président des États-Unis d’Amérique. Un candidat à ce poste peut être de bonne foi et être sincère lorsqu’il fait ses promesses électorales, mais rien n’assure qu’il pourra, une fois élu, les réaliser. On le voit bien en suivant le déroulement de la politique américaine actuelle.

Barack Obama a été à ce jour un bon président. Il a travaillé fort sur des sujets de première importance. Durant ses deux premières années au pouvoir, alors qu’il avait un support majoritaire au Congrès, le président Obama a fait adopter des lois importantes pour stopper la crise économique, protéger les banques, le marché et assurer à presque tous les Américains une protection de soins de santé. Cette dernière loi que les Américains ont surnommée Obamacare assure à 35 millions d’individus, une protection vitale qu’ils n’avaient pas. Elle a été votée sans l’appui du parti Républicain. Nous, Canadiens et Européens, ne pouvons comprendre pourquoi un si grand parti politique s’oppose à une protection aussi élémentaire.

Mais, avec le temps, on se rend compte qu’Obama renie les promesses qui lui ont fait gagner son élection présidentielle.

Par exemple, l’Obamacare devait couvrir tous les Américains, or il en restera encore huit millions qui ne le seront pas, l’équivalent de la population du Québec.

Il y a le crédit de taxes temporaire pour dix ans accordé par GWBush. Obama n’a cessé de répéter qu’il l’abolirait. Alors que le 31 décembre prochain était le jour où le crédit devait s’éteindre de sa belle mort, Obama a décidé de l’allonger pour deux autres années dans un compromis politique avec les Républicains qui favorisent les riches du pays. C’est un manque à gagner de 70 milliards $ par année.

Et, il y a les projets particuliers des représentants et des sénateurs, les fameux earmarks, qu’Obama avait promis, dur comme fer, encore l’an dernier, d’éliminer complètement. Or le Congrès vote actuellement sur un projet qui en contient pour huit milliards $ et Obama ne dit rien.

Puis, il y a l’Afghanistan. Obama avait promis de mettre fin à la guerre. Non seulement il ne l’a pas fait, mais il a augmenté les forces militaires américaines de 35,000 à 95,000 soldats et parle maintenant d’un retrait possible de l’armée américaine dans deux à quatre ans. Le coût annuel se chiffre en centaines de milliards $.

Obama a promis de couper le déficit en deux. Le déficit de 2009, première année d’Obama, a été de 1,42 trillions $ soit le triple de l’année précédente. Il n’est pas surprenant que les Républicains aient des munitions pour blâmer Obama. Cependant, ces derniers oublient volontairement les masses d’argents qui ont dû être dépensées pour contrer la déferlante de la crise économique.

Depuis l’élection de mi-mandat où Obama a trébuché et perdu sa majorité, les Républicains et la droite américaine font la pluie et le beau temps. Avec l’appui des milliers de radiomen de droite et celui des commentateurs du réseau télévisé Fox News, les Républicains persuadent, à coups de démagogie évidente, une partie de plus en plus grande de la population qu’Obama est un dépensier qui ne fait qu’augmenter le déficit et la dette nationale. Malgré que ce soient eux qui avec GWBush et ses deux guerres aient fait doubler la dette nationale, ils réussissent à amener l’opinion publique à placer le blâme sur Obama. D’ailleurs, un récent sondage le démontre clairement puisqu’il place maintenant GWBush en avant d’Obama en rapport avec le taux de satisfaction comme président. C’est invraisemblable.

Au moment d’écrire ces lignes, la dette américaine est de $13,886,724,821,930.00. Soit plus de 44 000 $ par Américain. Elle a augmenté, depuis 2007, de 4,5 milliards par jour. C’est effarant et on se demande bien où vont les USA ? Avec l’Europe qui a de graves problèmes financiers, l’Occident s’approche-t-il d’un précipice ?

Heureusement que les taux d’intérêt sont actuellement bas. Mais cela ne durera pas éternellement. Avec l’accélération de la reprise économique mondiale, les investisseurs institutionnels chercheront à faire des placements plus rentables que ceux de la trésorerie américaine et voudront prendre plus de risques afin d’obtenir un meilleur retour sur leurs investissements. Les taux d’intérêts à long terme augmenteront en conséquence et cela se reflétera par des frais d’emprunts plus élevés qui ajouteront à la dette américaine. Le gouvernement doit donc couper dans les dépenses et augmenter les taxes pour balancer le budget d’ici quelques années, en espérant que le niveau de croissance soit présent.

Voilà pourquoi le président Barack Obama doit se tenir debout devant les Républicains et respecter ses promesses électorales. Il avait raison avec son programme politique. Il peut faire quelques concessions pour atteindre des compromis mais rien qui affecte sérieusement la santé financière de son pays. Il se doit d’être intraitable sur la question du déficit et de la dette et faire les choix qui s’imposent tout en s’assurant que les Américains travaillent, qu’ils sont socialement protégés et que son pays se donne les outils pour faire face aux défis de l’avenir, comme le transport en commun rapide.

Obama doit aussi soutenir l’expansion des investissements gouvernementaux et privés dans la science, la technologie, l’innovation et l’éducation afin que les USA soient toujours les meilleurs du monde dans ces domaines. Par contre, il peut couper radicalement, entre autres, dans les dépenses générées par le complexe militaro-industriel.

L’Asie est sur le point de devenir le plus grand marché de consommateurs de l’Histoire. Les exportateurs américains peuvent devenir les premiers bénéficiaires. Déjà Intel, GE, Proctor & Gamble annoncent que leur croissance vient de l’Asie. C’est au gouvernement américain de mettre en place les conditions, comme le libre-échange entre l’Asie et les USA, pour atteindre ce potentiel. C’est une vraie opportunité pour les USA d’exercer son énergie créatrice et entrepreneuriale et de créer des emplois de haute technicité pour les travailleurs américains. Une économie dynamique et florissante remplit vite les coffres de l’État. Obama le sait et il devra exercer son leadership pour montrer aux Américains que l'avenir peut être rose.

Les Américains aiment les chefs capables de défendre leurs vrais intérêts, de leur expliquer clairement la situation et la voie à suivre. L’ex-président Bill Clinton l’a bien démontré. Obama a-t-il les moyens de faire autrement ? S’il perd la prochaine élection à cause d’une telle attitude, eh bien tant pis, il aura agi dans l’intérêt à long terme de son pays. Mais les odds sont qu’il gagnera à nouveau, s’il en a le courage.

Claude Dupras

samedi 11 décembre 2010

Au Québec, malgré tout, ça va mieux qu’ailleurs !

La session parlementaire de l’Assemblée Nationale du Québec est enfin ajournée jusqu’au mois de février 2011. Nous allons enfin, pendant plus d’un mois, pouvoir vivre sans entendre constamment les accusations, les allégations, les insinuations et les exagérations qui émanent de chacune des périodes de questions.

Cette guerre politique entre les deux partis nous a fait oublier le travail accompli durant cette session. Surprise, beaucoup a été réalisé. Malheureusement, les medias ne rapportent pas ces réalisations car ils ne recherchent que les situations juteuses pouvant entacher les personnages politiques. Elles se situent au niveau de nouvelles lois : électorales, financement des partis, éthique; des finances publiques, des ententes collectives avec les employés du secteur public, des grands projets d’infrastructure, de construction, des politiques économiques réalistes, etc. Elles ont résulté dans une performance hors pair du Québec si on le compare avec le Canada, les USA et les pays occidentaux. Nonobstant la grave crise économique qui a frappé partout, nous en sortons en tête du peloton et en meilleure position que les provinces canadiennes. Ici, l’emploi a augmenté plus qu’ailleurs, le taux de chômage est le plus bas. Le déficit peut être éliminé d’ici trois ans.

C’est un bilan remarquable et il faut en féliciter le gouvernement et les députés de tous les partis. C’est la démonstration que malgré les invectives « politicailleuses » qu’ils se lancent en public, nos députés travaillent ensemble derrière les rideaux.

Il y a aussi les prestations du PM Charest à l’étranger. Dans le dernier mois seulement, il est allé en France pour signer une entente importante avec le premier ministre François Fillon, sur la mobilité professionnelle et l'intégration des immigrants, qui doit faciliter l'installation des Français au Québec et inversement. Il a aussi convenu avec le président Sarkozy d’inclure dans le futur accord de libre échange Canada-Europe, une clause reconnaissant le droit de chaque état à protéger sa culture. Il a été décoré de la Légion d’Honneur. Puis, il est allé à Cancun, où se tenait la conférence de l’environnement de l’ONU où il a agi comme co-président du sommet des chefs d’états. Il a reçu à cette occasion le prix australien dédié au « leadership sur les changements climatiques », et le PM australien a déclaré qu’il avait été choisi parce que « sous sa direction le Québec est devenu l’état le plus responsable, en rapport avec l’environnement mondial, de l’Amérique du Nord » et qu’une forêt australienne a été nommée en son honneur. Jean Charest est un bon ambassadeur pour le Québec.

Le premier ministre sort de cette période physiquement fatigué mais toujours combattif, digne et respectueux de ses adversaires. Jamais au Québec, un homme politique a subi un tel barrage d’attaques, justifiées ou non, venant de tous les angles. Avec l’accroissement du nombre des medias et la prédominance d’Internet dans la vie de chacun, tout ce qui a été dit de négatif envers Charest a été amplifié sans cesse, dispersé partout et répété interminablement en boucle, que ce soit vrai ou faux.

Depuis avril 2009, je réclame une enquête publique sur les coûts de construction. Jean Charest s’obstine à ne pas vouloir la créer. Il voit la chose d’un autre angle et croit plus efficace de confier à la police le mandat de démasquer la mafia qui s’est emparé de la construction à Montréal. Une escouade spéciale a été créée et un budget exceptionnel lui a été alloué. Plusieurs autres mesures et groupes ont été mis sur pied et aujourd’hui, plus de 500 personnes travaillent sur le dossier. Il me semble que cela ne peut qu’apporter des résultats. Si Charest a peur d’une enquête publique comme le prétend le PQ, il ne semble pas avoir peur de la police. C’est déjà çà. Tant que nous ne connaîtrons pas les résultats concrets des enquêtes policières, nous ne pourrons juger si Charest a eu raison de refuser l’enquête publique.

Ce que je n’ai pas aimé, c’est le langage excessif de ceux qui réclament une enquête. C’est comme s’ils voulaient autre chose. Rarement parlent-ils du mérite d’une enquête publique ou des démérites d’une enquête policière. Salir le personnage Charest semble être l’objectif. Ils l’ont traité de voyou, de menteur, de traître à la nation, de patroneux, de rapetisseur d’un grand peuple, de mauvaise foi, de copinage, de collabo, de radical de la dépendance, d’extrémiste de la servitude, de fou furieux de l’exploitation, de terroriste du capital, de corrompu et encore et encore… Certains ont même écrit, il y a six mois, qu’il serait vite en prison.

Les critiques de Charest sont devenus agressifs, l’insultent et manquent de respect pour la position qu’il occupe. On a l’impression qu’ils croient tout ce qui a été dit contre lui, comme si c’était la vérité pure. À moins qu’ils aient un autre objectif. Il y a des exceptions, comme le comédien Louis Morrisset invité à « Tout le monde en parle » qui a posé une question difficile à Charest, aussi invité, et qui n’a pas hésité à ajouter qu’il était son premier ministre et qu’il le respectait. Voilà une façon civilisée de s’opposer à quelqu’un. Par contre, le journaliste de TVA, lors de la récente conférence de presse du PM a agi en effronté et en mal appris envers le PM. Et il n’était pas le seul. C’est une honte de voir certains journalistes qui se doivent d’être neutres, agir ainsi. Ce n’est pas digne du Québec.

Le PQ traite les libéraux de tous les noms et ne cesse de transformer les révélations journalistiques en collusion, corruption, tricheries, favoritisme, etc…. Mais ce que ne dit pas le PQ, c’est qu’il a fait de même. Par exemple, dans ses attaques sur la question des prête-noms pour les contributions à la caisse électorale du parti libéral, le PQ ne dit pas qu’il a aussi été un des grands bénéficiaires de cette méthode de financement lors de la dernière élection et depuis. Autre exemple, en rapport avec les individus nommés aux conseils d’administration de sociétés publiques, le PQ a insinué que le PM Charest a nommé ces personnes parce qu’elles avaient personnellement contribué à la caisse électorale du parti. Depuis, on a appris que le PQ avait agi de la même façon lorsqu’il était au pouvoir. Si c’est mal pour les libéraux, pourquoi ne l’est-ce pas pour les péquistes ?

Le PQ dans son opposition à Charest est sans pitié, j’allais dire sans jugement. Si quelqu’un se lève pour défendre le PM, tout de suite une équipe interne est formée pour faire des recherches afin de trouver des informations pouvant discréditer le défendeur du PM. Le plus récent exemple est le cas de Luc Beauregard qui a créé la plus grande agence en relations publiques au Canada. Beauregard qui connait bien tous les niveaux la politique, a écrit un article, paru dans le journal La Presse, pour défendre Jean Charest. Il fut vite accusé à l’Assemblée Nationale de n’être qu’un libéral qui vit au dépend du gouvernement. C’est un genre de menace que fait le PQ. Le message est simple : ne défendez pas Jean Charest, car on va vous attaquer. Beauregard n’était le premier cas. Mme Marois et ses troupes ont oublié que National a souventes fois été engagé pour des travaux importants par les gouvernements péquistes qui se sont succédés. De toute façon, National n’a que 17% de ses affaires qui viennent du domaine public. Ce qui démontre bien que c’est une grande compagnie de chez nous, réunissant des gens de chez nous qui sont les meilleurs de leur catégorie au Canada et aux services des entreprises et des gouvernements. De quoi être fiers, mais pour les péquistes, Beauregard est une honte.

Quant aux projets de construction actuels et l’envolée des prix, c’est un scandale qui semble évident et il est temps que la vérité soit connue. Malheureusement, ce n’est pas nouveau. Le PQ qui accuse Jean Charest sur cette question a vite oublié le projet de Papiers Gaspésia Ltée.

C’était en Gaspésie, et le PQ cherchait à assurer l’élection de députés dans la péninsule pour l’élection qui était imminente. Le projet fut lancé, financé en majeure partie et sa réalisation organisée par le gouvernement péquiste du PM Bernard Landry.

Le syndicat FTQ avait obtenu le monopole du projet. Ce n’était pas surprenant car il supportait ouvertement le PQ aux élections. Il s’agissait de la rénovation du moulin de la papeterie de Chandler qui devait coûter 500 millions $. Le projet était rendu à 765 millions $, soit une augmentation de 53%. L’ordonnancement n’était pas respecté et la réalisation fortement en retard. Le projet fut arrêté, le moulin n’a jamais été ré-ouvert et les 765 millions $ ont été perdus.

L’ex-juge de la Cour Supérieure Robert Lesage fut appelé a présider une commission d’enquête sur la Gaspésia. Son rapport, déposé en mai 2005, indiquait que les experts avaient démontré clairement le trafic d’influence des syndicats québécois. Ses recommandations touchaient l’intervention de l’État dans la construction d’un projet privé qu’il finance, la gestion des fonds de travailleurs et les lois qui régissent les relations de travail. Il fut clairement établi que la FTQ avait empêché des travailleurs du Bas Saint-Laurent et de la Gaspésie, membres d’autres organisations syndicales, d’y travailler. Leurs droits au travail et de choisir leur organisation syndicale, un droit bien implanté dans la construction, avaient été bafoués. De plus, l’équipe de la réalisation du projet n’avait pu trouver un leader avec suffisamment d’autorité et d’influence morale pour exercer son pouvoir et contrôler les intervenants dont la FTQ qui faisait la pluie et le beau temps, avec la bénédiction du gouvernement du PQ. (voir mon blog du 2 février 2007).

A mon avis, le PQ en met trop et ne fait pas la part des choses. Certes, beaucoup de questions sont à poser et il faut à tout prix trouver la clef à ce qui se passe dans la construction. Mais la désinformation qu’il répand n’aide pas. Elle fait basculer l’opinion publique non seulement contre le parti au pouvoir mais contre tous les hommes et femmes politiques. Cela est inacceptable. Y a-t-il un homme ou une femme qui a une famille, une bonne entreprise, un bon métier ou est professionnel qui voudra être candidat à la prochaine élection ? Je crains que non.

On a les politiciens que l’on mérite… c’est donc vrai !

Claude Dupras

mercredi 8 décembre 2010

Assange et Goliath

On dit que l’australien Julian Assange est le fondateur de Wikileaks, le site internet qui depuis un bon moment sème la terreur dans les gouvernements et les entreprises. Mais en réalité, il semble que Wikileaks ait pris son origine vers « 2006 et ait été fondé par des dissidents chinois, des journalistes, des mathématiciens et de nouvelles compagnies informatiques ».

Julian Assange en est l’âme dirigeante depuis 2007. Le site n’accepte que des informations politiques, diplomatiques, historiques et d’éthique mais exclut tout matériel qui a déjà été publié. C’est un site idéal pour dissidents. Le site à un bureau de conseillers techniques et politiques venant de différents pays dans le monde. Il ne faut pas penser que tout est rose parmi ces conseillers car, souventes fois, il y a désaccord sur la stratégie à suivre. Mais, en général, l’opinion d’Assange prime et il a perdu plusieurs conseillers à cause de telles situations.

Wikileaks est une organisation de charité selon la loi allemande. Des dons peuvent être faits à la fondation. Ils sont remis à Wikileaks en remboursement de dépenses confirmées payées. Seules les dépenses pour des équipements informatiques, de voyages et de services internet sont remboursés par la fondation. On parle d’un budget de 200,000 euros par an. Aucun salaire ni rémunération ne sont payés payé directement ou indirectement. Assange et ses collaborateurs font un travail volontaire. Les serveurs de Wikileaks sont principalement en Suède à cause de la protection qu’assure la constitution suédoise à de telles opérations, d’autres de relais sont dans le monde. Mais il a des problèmes avec ces derniers qui sont en France et aux USA. Amazon vient de le sortir de son réseau. Assange contemple maintenant de s’installer définitivement dans la neutre Suisse à l’abri de tous les politiciens qui cherchent à lui faire cesser ses opérations.

L’objectif de Wikileaks est de dénoncer les systèmes politiques oppressifs dans le monde ainsi que les agissements, contraires à l’éthique, des dirigeants et des fonctionnaires des pays. Des informateurs anonymes soumettent à Wikileaks des milliers de documents normalement identifiés « secret » et non disponibles. Les informations qu’il reçoit sont vérifiées par un comité spécial avant d’être reconnues comme valables pour publication. Wikileaks établit une stratégie pour leur dévoilement au monde entier. Chaque opération a l’effet d’une bombe dans le milieu touché par les révélations.

Wikileaks a été le récipiendaire de prix de mérite pour son travail passé. En 2008, le prix « new media » du Magazine Economist, en 2009, le prix « UK media award » d’Amnistie international et récemment, en novembre 2010, le journal américain New York Daily News le qualifiait de « site internet capable de changer totalement les nouvelles ». De plus, une coalition de journaux importants, américains, français et autres, appuie financièrement Wikileaks.

Actuellement, après avoir démontré que des soldats américains avaient tué des citoyens et des journalistes en Irak, Wikileaks dévoile 250,000 documents, au goute à goutte, sur les relations diplomatiques des USA avec les pays du monde et principalement avec ses alliés des guerres d’Irak et d’Afghanistan. Il y a là un parallèle entre « les papiers du Pentagon » qui étaient légalement protégés et qui avaient été révélés par Daniel Ellsberg en 1971 du temps du président Nixon. Aujourd’hui, ce même Ellsberg rejette les critiques de Wikileaks et affirme que « la vie d’aucun soldat ou informateur n’a été mise en danger suite aux informations relâchées par Wikileaks ».

Les révélations font régulièrement la Une des journaux et des autres médias. Elles font mal. Elles soulignent des renseignements qui ont toujours été inconnus des médias internationaux. Elles révèlent le travail du secrétariat d’état américain et ses stratégies. Ce n’est pas toujours beau et presque toujours embarrassant pour la diplomatie américaine. D’ailleurs, Hillary Clinton ne cesse de s’excuser, au nom de son pays, auprès des chefs des autres pays, des révélations qui sont faites quotidiennement. Elle s’applique à démoniser Julian Assange et le qualifier de terroriste dangereux. Elle défend à tous les fonctionnaires américains d’accéder à Wikileaks. Elle l’accuse d’espionnage et veut le poursuivre. Le gouvernement d’Obama annonce qu’il veut le faire arrêter. Un proche conseiller du PM canadien Stephen Harper a même exprimé l’idée qu’Assange soit assassiné. Ailleurs, dans d’autres pays, Assange et les membres de son bureau de conseillers sont harassés par les douaniers lorsqu’ils arrivent aux frontières.

Julian Assange a accepté, la semaine dernière, de rencontrer les policiers Londoniens pour s’expliquer en rapport avec des accusations de viol portées contre lui par la Suède qui demande son extradition. Il a été arrêté en se rendant à cette rencontre et est retenu en détention préventive depuis, pour quelques jours à ce que dit la police. Assange nie ces accusations et parle de relations sexuelles consenties par sa partenaire.

Ces actions anti-Assange sont devenues plus systématiques depuis qu’il a annoncé que Wikileaks avait en main des documents internes d’une des plus grandes banques américaines et qu’il les dévoilerait bientôt. Ces papiers démontreraient l’irresponsabilité de cette institution bancaire dans l’engrenage qui a mené à la crise économique qui ébranle toujours le monde occidental. J’ai l’impression que les dirigeants de cette banque craignent comme la peste les révélations d’Assange et qu’ils font tout ce qui est possible, dans l'ombre, pour le faire arrêter. Ils font pression sur les gouvernements, coupent les dons monétaires à son site via Pay-Pal, etc.. Ils ont encore plus peur d’Assange que des gouvernements.

Que penser de tout cela ? C’est la question que je me pose depuis plusieurs jours. Julian Assange doit-il être arrêté, jugé et emprisonné ? Wikileaks doit-il être fermé ?

Est-ce lui le coupable ou sont-ce les personnes qui lui transmettent les documents ? Comme ce jeune militaire américain qui a copié les 250,000 documents des archives secrètes américaines qu’il avait à sa disposition de par son travail ? Dans ce dernier cas, je blâme le gouvernement américain de n’avoir pas suffisamment de contrôles sécuritaires pour empêcher qu’un jeune employé puisse copier des documents secrets et les transmettre à l’extérieur du gouvernement. Je blâme aussi ce jeune employé qui a renié son serment d’office de toujours garder secret son travail et les documents auxquels il avait accès.

Julian Assange est de prime abord pour la liberté d’information. Il est devenu le champion dans ce domaine. Il agit comme un vrai démocrate.

Aux USA, les medias peuvent « publier des informations confidentielles qui touchent l’armée ou la sécurité nationale, si ces informations n’ont pas été sollicitées ». Après les « Papier du Pentagon », la Cour Suprême américaine a statué que « seule une presse libre et non contrainte peut efficacement exposer la déception dans un gouvernement ». Voilà, à mon avis, ce qui justifie les actions de Julian Assange. Comme a dit le sénateur américain Paul : « Si dans notre société la vérité devient une trahison, cela voudra dire que l’on a de gros problèmes ».

Nous, qui sommes intéressés par les affaires politiques des pays du monde, avons le droit d’être bien informés. Ces politiques, même éloignées, peuvent influencer notre vie car leur répercussion peut revenir jusqu’à nous. Nous sommes des démocrates et chacun d’entre nous doit être en mesure de pouvoir décider intelligemment de l’avenir de notre pays.

Nous avons appris, suite aux dévoilements des documents de Wikileaks, qu’on nous a servi dans le passé des informations tronquées. En démocratie, le peuple est souverain. Il doit être bien renseigné afin de pouvoir porter un jugement sain sur les débats du jour. Si le peuple est manipulé par les politiciens, il ne prendra pas nécessairement la bonne décision puisqu’elle aura été prise sur la base d’informations soufflées par les politiciens. Cela est inacceptable. Wikileaks renforce notre démocratie !

En conclusion, il me semble logique que nous défendions des sites comme Wikileaks qui sont dédiés à bien nous informer sur la base de vraies documents.

Julian Assange doit être libéré dès que le cas d’agression sexuelle en Suède soit réglé. Il serait regrettable pour nous tous qu’il soit emprisonné ou tué pour protéger des informations que nous devons connaître.

Assange doit se battre contre les USA et contre l’Europe. C’est un combat inégal. C’est Assange contre Goliath. J’espère qu’il fera comme David et trouvera le moyen de gagner.

Claude Dupras

dimanche 5 décembre 2010

Des « red tories » à la droite sociale

Il y a beaucoup de mouvement actuellement au Québec pour reclasser les opinions politiques dans des cases rigides, comme le font les Français. On parle de plus en plus de la gauche, de la droite, du centre, du centre-gauche, du centre-droite, d’extrême... Ce sont des mots avec lesquels une majorité de Québécois et Québécoises actuels ne sont pas très familiers.

Depuis la révolution tranquille qui a suivi l’ère du vieux conservatisme canadien-français, la droite du temps, on peut affirmer que celle-ci n’est plus vraiment structurée au Québec.

Cependant, il y a toujours eu des gens de chez nous, et il y en a de plus en plus, qui s’identifient aux valeurs des conservateurs américains (je ne parle pas des teapartyers), défendent leurs politiques de droite et aimeraient qu’elles soient appliquées sur notre territoire. Mais ils veulent plus que la droite.

Même si nous ressentons tous, jusqu’à un certain point, le besoin de revaloriser le passé, de retrouver nos traditions que la révolution tranquille a enlevées à notre société, cela ne devrait pas se faire avec des solutions autoritaires imposées par un nouveau gouvernement de droite. Après la « révolution tranquille » étatique des années ’60, nous n’avons pas besoin d’une nouvelle révolution qui ne serait pas tranquille. Ce qu’il faut, c’est trouver des solutions pratiques aux problèmes contemporains.

L’ex-Parti Progressiste Conservateur du Canada (PPC) et ses chefs depuis l’ex-PM John Diefenbaker en passant par Robert Stanfield, l’ex-PM Joe Clark et l’ex-PM Brian Mulroney ont toujours défendu les préoccupations conservatrices traditionnelles mais avec des idées sociales pour les questions économiques. Les « red tories », les conservateurs sociaux comme on les nommait en français, épousaient cette politique et ils étaient alors majoritaires dans le parti. J’étais l’un d’eux.

Lorsque le PPC, affaibli politiquement, s’est joint au Parti de l’Alliance Canadienne, un parti de conservateurs de la droite dure, plusieurs membres du PPC n’ont pas suivi. On se rappellera Joe Clark, l’ex-ministre Flora Macdonald, le Sénateur Lowell Murray et plusieurs autres qui se sont élevés contre la décision du chef du PPC, Peter Mackay, de fusionner leur formation politique avec celle des « alliancistes ». Ce que nous craignions est arrivé. Le nouveau Parti Conservateur (PC) sous la gouverne de Stephen Harper a été majoritairement noyauté par des « purs et durs » et pratique depuis une politique conservatrice beaucoup trop à droite et loin de la vision d’une majorité de Canadiens et de Canadiennes. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Harper n’a pu à ce jour obtenir une majorité à la Chambre des Communes et n’a le support que de 35-40% des Canadiens.

Au Québec, les partis politiques qui ont gouverné depuis Maurice Duplessis ont été libéral (centre-droit), péquiste (centre-gauche) et Union Nationale de Daniel Johnson (centre-droit). Notre société est le résultat de la valse que les Québécois ont dansée tour à tour avec ces formations.

La crise économique a changé beaucoup de choses. On ressent, aujourd’hui, encore plus de désespoir dans notre société. Aux pauvres, s’ajoute la classe moyenne modeste qui s’appauvrit et qui crie de plus en plus : « à l’aide ». On ne peut simplement pas l’oublier pour des raisons idéologiques.

Cette nouvelle droite s’exprime au Québec via le député conservateur fédéral Maxime Bernier, le réseau Liberté-Québec et les Adéquistes. Plusieurs d’entre-eux la définissent comme une pensée magique qui viendra guérir tous les maux, effacer les déficits, réduire la dette, impliquer l’entreprise privée dans tout et créer un nouveau mode de gouvernance. Ce n’est pas si simple, mais je reconnais que la nouvelle droite peut donner un coup de barre sérieux et positif à la direction de notre société pour nous faire voir les choses de façon différente.

Ces hommes et femmes politiques qui prônent la nouvelle droite comprennent que l’intérêt de la collectivité est plus que l’ensemble des intérêts personnels ou de groupes et que leurs actions politiques devront respecter la liberté des individus d’où vient la pensée, l’initiative, la création, le sens d’entreprise… car ils savent que ces derniers doivent être motivés de contribuer à la société.

La nouvelle droite devra aussi promouvoir un volet social important et sérieux pour répondre aux besoins de la population et l’incorporer dans son programme. Ainsi, elle deviendra « la droite sociale » et elle trouvera un plus grand nombre de sympathisants. Ce sera comme un nouveau parti progressiste conservateur au Québec.

Claude Dupras